sally nyolo - Mad Minute Music
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sally nyolo - Mad Minute Music
SALLY NYOLO « La Nuit à Fébé » RCA VICTOR / SONY MUSIC Sortie nouvel album le 30 mai 2011 Chanteuse, multi-instrumentiste, auteur-compositeur, productrice, ex-Zap Mama à l’époque de l’apogée du groupe (1993-95), prix ‘Découverte RFI’ 1997 la ‘francamer’ (franco-camerounaise) er Sally Nyolo publie son 6eme album solo, son 1 pour une ‘major’. Très ancrée dans les traditions polyphoniques et polyrythmiques du Cameroun (bikutsi, assiko…) à partir desquelles elle s’autorise d’audacieuses élaborations, nourrie de multiples influences, sa musique ‘sciencée’ comme elle aime dire, transversale et traversière, qui jongle entre eton (sa langue natale), français, et parfois anglais, donne un sens à l’appelation ‘world music’ : sa musique est un monde. "World Music", "musique du monde" ?… si ces mots tant galvaudés peuvent avoir encore, parfois, un sens profond, bien éloigné des simplistes étiquettes commerciales, Sally Nyolo en est la plus authentique incarnation. Le "pape de la world music" lui-même, Peter Gabriel, ne s'y était pas trompé : il fut parmi les premiers à s'en apercevoir, publiant sous son label (RealWorld) le premier essai de la belle : un cd de quatre titres devenu un "collector" dans l'histoire de la "world". C'était en 1994. Auparavant, cette jeune "Francamer" (franco-camerounaise) délurée, en marge de ses études de droit, avait su s'imposer dans le rude métier de choriste, avec les artistes les plus divers : Nicole Croisille, Higelin, Sixun, Touré Kunda, Princess Erika, bla-bla-bla… "Être choriste, c'est ce qui m'a inoculé la passion de la musique. Quand on est choriste, on a sa place comme un instrument dans un orchestre, on doit respecter un spectre, une gamme, une langue ; il faut aller au plus près, au plus vrai, être le plus juste et sincère possible, n'être plus qu'une voix dans la musique. C'est aussi de là qu'est né mon amour de la langue française." Choriste muée en soliste, Sally fait une fulgurante irruption (1993-95) dans le fameux choeur féminin "afro-européen" Zap Mama. C'est l'apogée du groupe, pour lequel elle compose plusieurs succès, dont le fameux "Les Mamas des Mamas". La France, son pays d'adoption, ne va plus tarder à la reconnaître : en 1997, peu après la sortie de son premier album "Tribu" un jury présidé par Manu Katché lui décerne le prestigieux prix "Découvertes" de RFI (Radio France Internationale). L'album que vous avez entre les mains est son premier pour une "major", et le sixième en quinze ans de cette artiste du contraste : multiple et entière, spontanée quoiqu'ultra-perfectionniste, poétesse autant que musicienne, chanteuse amoureuse des instruments de musique, progressiste passionnée par son héritage ancestral. Sally Nyolo est arrivée en France (en Yvelines) à douze ans - "l'âge du passage", dit-elle - suivant un père fonctionnaire nommé à l'ambassade du Cameroun. Contrairement à la plupart des jeunes immigrés africains, grâce à ses liens très forts avec sa mère, elle n'a jamais oublié un mot de sa langue maternelle, l'éton, l'une des variantes du groupe fang-béti. Au fil de ses albums, elle jongle _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ MAD MINUTE MUSIC _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5/7 rue Paul Bert – 93400 Saint-Ouen – FRANCE tél : +33 (0)1 40 10 25 55 / fax : +33 (0)1 40 10 17 37 / www.madminutemusic.com harmonieusement entre éton et français - et dans une moindre mesure l'anglais, seconde langue du Cameroun. Comme toutes les langues bantoues, l'éton est une langue à tons - autrement dit elle se chante autant qu'elle se parle et chaque syllabe peut avoir un sens différent suivant la hauteur du son. Quant au français des chansons de Sally, il est en même temps celui de Voltaire, celui de la banlieue parisienne et surtout cet autre, incomparablement plus chantant, qu'on entend dans les faubourgs de Yaoundé… "Garder ses langues natales, c'est éviter de perdre son enfance, sa racine." De fait il y a dans toute l'oeuvre de Sally Nyolo, quelle que soit sa complexité polyphonique et polyrythmique, une inépuisable fraicheur qui n'a cessé de se renouveler au fil des dernières années, après la naissance de ses deux enfants. En témoigne la charmante comptine "La Nuit à Fébé", où son xylophone accompagne la voix enfantine de son fiston Zaïone - à qui elle avait dédié l'un de ses albums précédents. Le Mont Fébé, c'est la plus majestueuse et la plus bucolique des sept collines de Yaoundé. Sally y a installé parmi les chants d'oiseaux son propre studio, baptisé Tsogo d'après le nom de sa mère. C'est évidemment là qu'ont été enregistrées les maquettes de cet album, dans un environnement où voisinent l'ambiance urbaine la plus turbulente et un paysage sylvestre évocateur de sa prime enfance… Soleïnie (son premier prénom = "fille du soleil") est née à Eyen-Meyong, minuscule village du CentreSud du Cameroun. Depuis quelques années, elle y revient régulièrement - son père y a pris sa retraite. Dans cette région de la Lékié, proche des rives sauvages du fleuve Sanaga, la forêt primaire (de plus en plus menacée par la déforestation industrielle) se dresse juste derrière la maison, ouvrant ses yeux à la réalité du monde, étrange et mystérieuse, aussi attirante que terrifiante. Sally est d'emblée "vaccinée" : elle saura toujours se débrouiller, car plus attirée que terrifiée par la complexité de la nature et de la société. C'est la leçon que transmet "Mama Say", belle berceuse très douce mais aussi ferme et grave, adressée à l'enfant qui vient d'ouvrir les yeux, pour lui donner confiance en la vie. Sally Nyolo prend racine dans ce monde en perdition où l'humanité vit encore en symbiose avec une nature presque vierge, en osmose avec l'univers animal et végétal. Telle est la vie des Béti, ce peuple auquel Sally a dédié ses deux premiers albums, "Tribu" et "Béti", et que l'anthropologue-romancier Laburthe-Tolra a surnommé "les Seigneurs de la Forêt". Peuple multiple dont l'immense culture poético-musicale est colportée de village en village par le "MVET". Ce nom est celui de leur grandiose épopée, comparable à l'Odyssée, chantée par des bardes qui comme Homère s'accompagnent d'un magnifique instrument à cordes : le mvet, harpe-cithare faite de raphia et de calebasses. Sally Nyolo est l'une des rares femmes à avoir appris à en jouer - elle l'a même enseigné à sa copine et concitoyenne Princess Erika. Sally joue dans cet album d'un autre instrument chéri des Béti : le xylophone, qu'ils ont baptisé “mendjang” et qu’ils appellent également "balafon", d'après le nom que lui donnent les voisins mandingues d'Afrique de l'Ouest, même si le leur est bien différent par la façon de l'accorder et d'en jouer. C'est ce son du bois, de la forêt, qui domine cet album. Chez les Béti, en brousse on utilise encore dans les villages le "tam-tam" (le tambour de bois) en guise de téléphone, et même les guitaristes restent fascinés par ce son mat et brut. Ils ont appris à l'imiter en bricolant leurs guitares électriques, comme le fit pour le piano le compositeur américain John Cage. Ainsi est née la "guitare-balafon" dont le regretté Messi Martin fut l'inventeur patenté, et qui est devenue l'instrument moderne du bikutsi, danse et musique traditionnelle des femmes Béti dont Sally est la meilleure héritière. Ce style "tradimoderne" comme on dit là-bas, popularisé dans les années 1990 par les Têtes Brulées de Yaoundé, est ici incarné par l'un de ses meilleurs virtuoses actuels : le guitariste Lina Show, qu'avait révélé le précédent cd produit par Sally, "Studio Cameroon". On le retrouve en un tandem idéal avec le jeune prodige sénégalais Hervé Samb. Avec son rythme trépidant en 6/8 (ou parfois décalé en 9/8) le bikutsi ("frappons la terre de nos pieds") donne à cet album, comme à tous les précédents de Sally, une énergie et un swing irrésistibles. Mieux, le bikutsi croise ici une autre musique de danse, cousine, voisine et encore plus frénétique : l' "assiko" des bals-poussière et des bars interlopes de Yaoundé. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ MAD MINUTE MUSIC _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5/7 rue Paul Bert – 93400 Saint-Ouen – FRANCE tél : +33 (0)1 40 10 25 55 / fax : +33 (0)1 40 10 17 37 / www.madminutemusic.com Pour donner unité, continuité et dynamique à ce disque foisonnant et si joyeusement polyrythmique, il fallait bien trouver un vrai moteur. Autrement dit un batteur à la hauteur. Sally a simplement choisi le meilleur de tous : pas un camerounais, mais l'Ivoirien Paco Séry. Rien d'étonnant, puisqu'il y a vingt ans déjà elle chantait parfois avec son groupe Sixun. En vérité, la raison est sans doute plus profonde. A quelque deux mille kms de distance, il existe une surprenante parenté entre le bikutsi des Béti et le ziglibity des Bété - peuple auquel appartient Paco Séry. Dès les deux premières chansons ("Vengeance", chanté par l'excellent ambianceur assiko Robert Ngwé Parfait ; puis "Love") les rimes françaises épousent gracieusement et vigoureusement les rythmes camerounais. Dans "Vengeance" - "Est-ce que le piment ne pique que dans l'oeil d'autrui?" Sally dénonce la loi du talion "oeil pour oeil, dent pour dent". "Love" est un hymne à l'amour digne de celui d'Edith Piaf, mais bien différent : "Jusqu'à ce que nos corps se dissolvent / Comme des morceaux de guimauve / Dans le ventre des grands fauves / Il faut que nos coeurs se disent "love" / Jusqu'à ce que les dieux innovent"… Chez Sally Nyolo, chez les Béti en général, mots et musique se lovent en un même tourbillon. Naguère les villageoises Béti formaient un cercle, une ronde. Au milieu, chacune à son tour venait danser, chanter et trépigner devant les autres, dénonçant les méfaits d'une société dominée par les hommes. C'est la matrice du bikutsi, parodie de danse guerrière et virile, une sorte de musicothérapie féminine dont on retrouve les traces dans les chansons de Sally Nyolo. Ainsi dans "Ombomo", évocation ironique du mariage forcé, qui était parfois programmé avant même la naissance de la promise! De même dans "Owé" (qui en Béti veut dire "oui") Sally chante une foi qui n'est pas celle d'une religion particulière : "Croyante, je le suis viscéralement en tant que femme africaine : la foi, nous la portons en nous pour tout le monde!" L'envers de cette vision idéale de la femme, on le trouve dans le désopilant et sarcastique "Miss Silicone" : un pamphlet au vitriol contre les méfaits de la chirurgie esthétique et les artifices dévastateurs des cosmétiques à base de cortisone utilisés par nombre de femmes (et d'hommes aussi) pour "faire produit", c'est à dire pour se blanchir. "Lola, j'te préférais quand tu t'appelais Sandra / Miss Silicone Valley, t'es plus c'que t'étais", chante Sally en duo avec son ami Guizmo, chanteur du groupe Tryo, pour lequel elle s'est mise à composer. Seule chanson en anglais, "Stolen by Night" est une belle ballade que Sally avait composée pour un spectacle de son compatriote romancier Blaise N'Djéhoya et du saxophoniste africain-américain David Murray en hommage au génial écrivain afro-russe Pouchkine. Le même thème du métissage (au sens grec de métis) se retrouve sublimé dans "Toi & moi", que l'on peut entendre comme un hymne à la différence et à la rencontre, et où elle fait jouer un violoncelle et une flûte traversière sur une étonnante rythmique afrobeat/reggae/salsa. "Comment mêler de l'huile à l'eau, comment unir le froid le chaud…c'est difficile, mais toi tu l'as fait en venant jusqu'à moi, et moi je l'ai fait en allant jusqu'à toi…nous, on l'a fait!" "On l'a fait", sous-entendu : le PONT. Ce mot revient régulièrement, comme un leitmotiv dans une conversation avec Sally Nyolo. Elle conçoit sa vie et sa musique comme une passerelle entre les continents, les cultures, les générations, les langues, les sexes. Sans doute est-elle profondément Béti, car dans l'épopée ancestrale du MVET, revient sans cesse cette idée héroïque de traversée. Venu de très loin, du Nord, d'on ne sait d'où, de l'Egypte ancienne disent certains, son peuple migrateur s'est heurté à un obstacle naturel réputé infranchissable : ce fleuve Sanaga au bord duquel est née Sally Nyolo. Ses ancêtres ont réussi à le traverser grâce à l'aide de leurs propres ancêtres immortels - thème central du MVET qui entre autres versions parle même d' "oiseaux de fer"… En écoutant la musique transversale et traversière de Sally Nyolo, plutôt qu'à d'improbables avions préhistoriques, on pense aux extraordinaires ponts de lianes qui franchissent les rivières africaines, inspirés des toiles d'araignées, merveilles d'architecture éphémère, gracieux, naturels, transparents, incroyablement efficaces et qui ressemblent tant à des portées musicales! On pense aussi, en écoutant "L'ère du verseau", à l'art du piroguier : Sally a pêché le rythme et les sons singuliers de cette chanson dans celui de la pagaie, qui est aussi celui du rêve, et les paroles de son ami Phil Will ont fait le reste : "J'ai fait pour la planète / Des plans sur la comète / Du passé dépassé / J'ai inversé le tracé / Laisser faire l'éphémère / De l'eau à l'air…"` _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ MAD MINUTE MUSIC _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5/7 rue Paul Bert – 93400 Saint-Ouen – FRANCE tél : +33 (0)1 40 10 25 55 / fax : +33 (0)1 40 10 17 37 / www.madminutemusic.com Qui d'autre qu'une vraie fille de la forêt, qu'une vraie fille des "Seigneurs de la Forêt", pourrait avoir enregistré un tel disque ? Le choc y est violent, mais aussi réconfortant et revivifiant, entre nature et culture, entre musiques d'un autre temps et de notre temps. Le voyage s'achève comme un rêve parmi les Bokué, une communauté de "Pygmées" avec laquelle Sally Nyolo entretient une vieille amitié. Les racines du Nord Cameroun sont aussi présentes dans “Ngoulaï”, merveilleux chant en falsetto fragilement posé sur les cordes d'un arc musical préhistorique, qui par bonheur existe encore, par ci par là, comme les ponts de lianes. Gérald Arnaud, co-auteur de l'encyclopédie "Musiques de toutes les Afriques" (Ed. Fayard) Contact promo : Agnès Thomas – tél: 01 53 26 93 85 – 06 08 64 58 39 / [email protected] _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ MAD MINUTE MUSIC _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 5/7 rue Paul Bert – 93400 Saint-Ouen – FRANCE tél : +33 (0)1 40 10 25 55 / fax : +33 (0)1 40 10 17 37 / www.madminutemusic.com
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