télécharger le fichier pdf
Transcription
télécharger le fichier pdf
collector Texte et photos Josué Chevrel RennSport. En 1991, cela fait bientôt vingt ans que les inconditionnels de performance attendent la relève de la mythique 2.7 RS de 1973. Ils seront servis… SPORT en héritage Le alon de Genève, mars 1991. Les puristes parmi les amateurs de Porsche sont aux anges… Si le “Carrera” a été porté par toute la génération des 911 “à soufflets”, et continue de l’être sur la toute nouvelle 964, c’est surtout le come-back du RS qui les interpelle autant qu’il les emballe. Ç’aurait pu n’être qu’un petit coup marketing pour doper les ventes d’un nouveau modèle qui avait du mal à trouver sa place. Mais non, ou pas tout à fait. Si Porsche n’a évidemment rien contre le fait de dynamiser les ventes de sa 911, elle l’envisage d’abord par la reconquête de titres sportifs avec la 964. L’époque s’y prête plutôt bien, c’est celle du renouveau des courses de GT et de leur nouvelle catégorie N/GT dédiée aux voitures de série simplement dotées des équipements de sécurité. Il fallait donc une série de mille exemplaires d’une 964 particulièrement performante mais toujours homologable pour la route. Ce sera la Carrera RS… S Street Cup Depuis 1990, la Carrera Cup allemande fait courir des 964 C2 dépouillées, allégées, rigidifiées et adaptées à l’usage piste avec des suspensions raides, des freins de Turbo, un embrayage compétition débarrassé du bi-masse, 265 ch et seulement 1 120 kg. Terrible, mais impossible à homologuer en l’état. Cela étant, elle a le mérite d’avoir éprouvé quelques solutions techniques. 80 Speedster #003 Speedster #003 81 collector 7 De GT polyvalente, la 964 Carrera passe au statut de sportive radicale sous la griffe RS. Toute notion de confort est jetée aux oubliettes, mais quelle efficacité ! 1 Les baquets Recaro, même garnis de cuir, ne pèsent que 4,5 kg chacun ! Contre plus de 25 kg pour les sièges électriques de la Carrera 2… 2 Dix chevaux gagnés, entre autres choses, par modification de l’électronique. Le volant moteur allégé favorise les montées en régime mais implique un ralenti chaotique, surtout à froid ! En aval, la boîte Getrag G50/10 dispose de 2 premiers 1 rapports plus longs que la G50/03 de la Carrera 2. Et un auto3 bloquant à 20 % ! 4 82 Speedster #003 3 Carrera 2 ou RS ? Les nuances sont subtiles !.. 4 A l’avant, les jantes spéciales en 7,5x17” sont chaussées en 205/50. Les roues arrière pointent à 9x17” pour porter du 255/40. 5 Plus de vérin, une simple tige d’alu, comme sur les RS de 1973 ! 6 Vous pouvez toujours chercher les vide-poches, les accoudoirs, les vitres électriques ou même les poignées. Autant de sacrifices sur l’autel de l’allégement. La génération 964 inaugure en 1990 un bloc moteur tout alu, référencé M64/01, de 3 600 cm3 tout ronds. Ou plutôt bien carrés ! La faible course de 76,4 mm favorise largement les envolées dans hauts régimes, et l’alésage de 100 mm génère un couple conséquent, aidé en cela par l’architecture “flat” et les deux soupapes par cylindre. La RS ne remet rien en cause fondamentalement, mais elle améliore encore la donne via une injection Bosch Motronic spécifique qui ne sirote que le SP98, des inserts céramique dans la culasse pour extraire les calories de l’échappement, un usinage particulier des cylindres, en cône, pour compenser les déformations à haute température, et un volant moteur allégé de 7 kg. Alors évidemment, si la RS prend les tours avec une aisance incroyable, elle vous le fait payer au ralenti, surtout à froid, d’une instabilité assez gênante en manœuvres lentes. Mais le résultat est là : avec seulement 226 kg sur la balance, le M64/03 de la Carrera RS affiche au bas mot 260 ch à 6 100 tr/mn et 325 Nm à 4 800 tr/mn (contre 250 ch et 310 Nm pour une Carrera 2). Alors évidemment, la RS est un niveau au-dessus de la Carrera 2 dont elle dérive. Avec un 0-100 km/h abattu en 5’’3, elle colle quatre centièmes à sa petite sœur et n’en concède que six à la Turbo. Ce qui ne s’explique pas seulement par le travail, aussi pointu soit-il, sur les entrailles du 3.6… 2 5 6 7 La suspension de la RS, en plus d’être abaissée de 40 mm, est particulièrement rigide. C’est pour cela notamment que les soudures de la caisse ont été multipliées aux endroits stratégiques, pour renforcer la coque autoporteuse. Le carrossage des trains roulants est réglé selon des spécificités piste. 8 Plus de strapontins ! Et sous la moquette, plus fine que sur une C2, ne cherchez pas d’insonorisants non plus… 9-10 Pas de harnais en série mais des ceintures assorties aux sangles d’ouverture des portes et au cuir des baquets. Leichtbau Comme toutes les voitures de sa génération, la 964 a pris de l’embonpoint. Si la RS doit composer avec un surpoids structurel, elle fait le ménage dans le superflu. Et autant dire que la 911 en a accumulé, du superflu, avec les années. Exit donc tout le confort que peut recéler l’habitacle : accoudoirs et vide-poches sur les contre-portes, insonorisants, climatisation, dégivrage arrière, radio, direction assistée, plafonniers, verrouillage central, sièges arrière… Les poignées sont aussi remplacées par de simples sangles, les vitres électriques par de basiques manivelles, les sièges de 25 kg chacun par des baquets Recaro dérivés du Pole Position à coque composite pour à peine 4,5 kg… La cure passe également par des “détails” aussi radicaux que des vitres latérales et une lunette taillées dans du verre plus fin, un capot avant en alu qui abandonne le vérin pour une 8 9 simple tige du même matériau, des antibrouillards remplacés par de simples habillages translucides (souvent remplacés comme ici par des écopes de Cup dédiées aux freins), des jantes de 17” spécifiques en alliage de magnésium pour un gain d’une dizaine de kilos, et la partie centrale du bouclier arrière, commune aux Turbo S, reconnaissable à ses “cornes” d’éclairage de plaque. Les ingénieurs sont même allés jusqu’à supprimer les protections inférieures du châssis en PVC, quitte à réduire la garantie anticorrosion à trois ans (au lieu de dix). Mais les efforts ont payé ! Ce sont 130 kg de gras qu’elle a laissés au bloc opératoire, pour n’en afficher au final que 1 230 ! A la conduite, la différence est évidente. La RS monte dans les tours avec hargne et vigueur, son flat six flatte les oreilles autant qu’il expédie le séant de son pilote. Emmenée à bon rythme sur du routier, elle réclame toutes les attentions et un minimum de poigne pour ne pas imposer 10 Speedster #003 83 collector RS & dérivés Si la RS de base, couramment appelée Light, a représenté le plus gros des ventes avec 2 282 unités, Porsche a réitéré sur la 964 la déclinaison Touring initiée en 1973. Au programme donc, un habitacle très proche, sinon identique à celui de la Carrera 2. Au sacrifice d’une centaine de kilos, elle en conservait tout (à l’exception des sièges arrière), des insonorisants aux panneaux de portes complets, en passant par tout l’équipement de confort, clim’ comprise. Et même des sièges électriques de Turbo ! Mais le public ne s’y est pas trompé, la RS n’avait d’intérêt qu’en Light. Il ne se vendra en tout et pour tout que 76 Touring à travers le monde. A l’extrême opposé, Porsche a développé la N/GT, une micro-série prête à courir dans le championnat éponyme, simplement gréée en série de l’équipement de sécurité obligatoire, à savoir l’arceau soudé Matter, deux baquets Recaro carbone/tissu avec le harnais Schroth 6 points, le coupe-circuit dans l’habitacle, le boîtier électronique déplacé derrière le conducteur, deux extincteurs, etc. Il s’en écoulera 290. Le marché américain lui, privé de RS en 1992 pour cause de normes antipollution incompatibles avec le M64/03, accueillera l’année suivante sa RS spécifique mue par le M64/01 de la Carrera 2 (250 ch) et reconnaissable à son aileron de Turbo S. Malheureusement, elle sera aussi copieusement équipée, donc aussi lourde qu’une C2, et ne sera rien de plus qu’une espèce de série spéciale. Elle convaincra malgré tout 701 acquéreurs. 1993 voit arriver une dernière déclinaison de la 964 Carrera RS : la 3.8. C’est un peu la RS Turbo look. Elle en reprend le châssis et la carrosserie pour loger des voies élargies, donner la possibilité d’exploiter les 300 ch du M64/04 (le 3.8 extrapolé du 3.6) et d’aller chatouiller de plus grosses catégories en endurance. Elle conservera le train arrière étroit associé à des jantes en trois parties qui rempliront les ailes et assureront les appuis. C’est en réalité la RSR qui remplira ce rôle en compétition. 90 exemplaires seront produits, dont 58 RSR. 1 3 5 6 1 Les rétros de 968 Cup et de Turbo rejoindront le reste de la gamme pour le millésime 92. 2 Les antibrouillards étaient remplacés par de simples plexi translucides. Beaucoup les ont encore remplacés par des écopes de Cup. 3 Lorsque les suspensions sont raides, il faut soulager un peu les contraintes sur la caisse… 4 A l’avant, étriers quatre pistons et disques de 322 mm de Turbo. Derrière, des freins de Cup, tout simplement ! 2 4 d’elle-même les trajectoires au gré des irrégularités du revêtement, autant qu’elle nécessite une bonne dose de finesse dans le dosage des gaz. Et dans celui des freins, copieusement dimensionnés eu égard au poids de l’engin, puisque extraits, pour l’avant, des trains de la bien plus lourde Turbo et constitués d’étriers 4 pistons sur des disques rainurés de 322 mm… Derrière, ce sont ni plus ni moins des freins de Cup. Des freins d’homme sur une voiture d’homme ! La discrète La RS n’est pas de cette race qui joue les m’as-tu-vu. Certes, elle osait des couleurs du même tonneau que celles de la RS de 1973. Pour preuve, le Ferrari Gelb (ça ne s’invente pas !) optionnel de notre modèle d’un jour, référencé 10L92, qui côtoyait des Peppermint Green, des Rubystone Red ou des Maritime Blue parmi huit teintes de série et dix en option. Mais audelà de cela, ni aileron queue de canard ni marquages latéraux ostentatoires, si ce n’est sur le marché français pour lequel l’importateur Sonauto avait prévu l’option stickers “Carrera RS” sur les bas de caisse. Mais vous remarquerez que ce modèle importé d’Allemagne s’en passe à merveille… Les rétroviseurs issus de la 968 Cup sont ni plus ni moins ceux qui équiperont le reste de la gamme à partir de ce millésime ‘92, et rien d’autre ne vient finalement attirer l’attention sur l’exclusivité du modèle que le monogramme de capot moteur. Peut-être les plus avertis aurontils repéré, outre le bouclier arrière déjà évoqué, les 40 mm perdus sur la hauteur de caisse. Parce que la RS est équipée en Bilstein et se dote de barres antiroulis de 24 et 18 mm de diamètre, réglables pour moduler la tendance au sur/sous-virage. Les signes distinctifs sont finalement plus nombreux dans l’intimité de l’habitacle, puisque les séquelles du “dégraissage” y sont flagrantes. Les tatouages y sont aussi présents, sur la moquette qui remplace les strapontins, ou sur le volant plus petit que celui de la Carrera de base. Les ceintures osent la couleur pour se coordonner autant que faire se peut au cuir des coussins de sièges, tantôt bleu-gris, tantôt roses… C’est une spécificité, au même titre que le coupe-circuit ou la barre antirapprochement dans un compartiment avant dépouillé. Dans son dossier de presse daté de septembre 1990, Porsche présentait sa Carrera RS comme la synthèse entre les productions de la marque et l’héritage sportif. Bien résumé ! 5 L’habitacle de la RS fait dans le rudimentaire. Tout le confort est passé à la trappe : plus de radio, plus de clim’, plus de direction assistée, plus de verrouillage centralisé. Le poids est l’ennemi du bien ! 6 Au début des années 90, Porsche n’est pas au mieux de sa forme et la nouvelle 911 a beaucoup de mal à trouver sa place. D’où la nécessité de redonner à la petite dernière une vraie image sportive qui s’était émoussée. 7 Plus d’essuie-glace arrière. C’est anecdotique mais ça traduit le soin des ingénieurs de Weissach à traquer le moindre gramme. Le genre de détail qui, cumulé à d’autres, joue en faveur de l’efficacité. La partie centrale du bouclier est spécifique et plus légère. Elle équipera aussi la Turbo S Leichtbau. 8 Le volant, plus petit que sur la Carrera 2, est tatoué RS. 9 Coupe-circuit réglementaire à l’avant. 10 Poignée de frein alu gravée Porsche. 11 Les garnitures sont simplifiées au maximum sous le capot avant en aluminium. Le réservoir est apparent, comme une bonne partie de la coque. 7 Un grand merci à Serge Heitz pour avoir mis à notre disposition cette Carrera 3.6 RS. Heitz Automobile Consulting est spécialisé dans la Porsche en général, et dans les modèles rares en particulier. N’hésitez pas à prendre contact pour toute recherche spécifique au 0810 356 911, ou à consulter ses offres sur www.sergeheitz.fr 8 9 10 11 Avec 10 ch de plus pour 130 kg de moins et les gros freins de la Turbo, la 964 Carrera RS est l’arme ultime sur circuit, pour peu que son pilote ait des bras… et un gros cœur ! 84 Speedster #003 Speedster #003 85
Documents pareils
télécharger le fichier pdf
de le noyer à trop pomper sur la pédale d’accélérateur. Une fois chaud, évitez de descendre en dessous de 3000 tr/mn où il est
terriblement creux, et privilégiez les hauts
régimes qui favorisent sa...