Libre critique – mars 2007

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Libre critique – mars 2007
LIBRE-CRITIQUE.COM
MARS 2007
Critique de spectateur sur libr-critique.com du 21 03 2007 :
Je n’ai pas encore acheté le livre mais j’ai vu la pièce aux Ulis au mois de janvier. Un
choc ! Le sentiment d’une parole nécessaire. J’ai compris quelque chose de
l’essence du théâtre, je me suis cru revenu au temps de l’agora grecque : un texte
qui parle à la Cité, de la Cité.
Hector
Critique du livre Hérodiade sur libr-critique.com du 17 03 2007:
Présentation éditeur :
L’histoire se passe en Popolskie, c’est-à-dire n’importe où : parce qu’un deal mettant
en jeu des organes humains ne se passe pas tout à fait comme prévue, une tête doit
tomber dans la bonne ville de K.
Une tête, oui; mais laquelle ?
Et surtout : qui sera le bourreau ?
Une hérodiade, ce pourrait être un drame burlesque, une comédie désespérée, un
polar un peu foireux. Un enchaînement malheureux de circonstances, de grands
désirs et de petites lâchetés qui aboutirait à un meurtre. Hérodiade est un conte
moderne qui interroge, dans une langue éclatée et fiévreuse, la question de l’être
humain dans un monde marchand.
Laurent Contamin écrit pour le théâtre (Dédicace, Sténopé, Lisolo), la radio (prix
“Nouveau talent SACD” en 2005). Il publie des nouvelles (Brèches). Il est également
metteur en scène et comédien. Hérodiade, écrite en 2002 grâce à une bourse “En
Quête d’Auteurs” (Beaumarchais/AFAA) est sa sixième portée à la scène.
Premières impressions:
Quand on parle de littérature contemporaine, on aurait tendance à oublier, qu’elle
n’est pas seulement dans la poésie, ou bien la fiction, mais que le théâtre lui-même
en est le lieu, une forme de mise en scène. Le texte de Laurent Contamin s’inscrit
parfaitement dans la recherche moderne et critique des littératures qui nous
intéressent. Toutefois, il s’agit de théâtre.
Le théâtre est souvent minoré dans le milieu poétique. Et pour cause, car ce qui est
pensé comme théâtre n’est pas de l’ordre de la création, mais de la reprise
théâtralisée des textes poétiques, comme cela peut apparaître souvent lors de
créations de lecture par des institutions ou des associations, tel par exemple il n’y a
pas si longtemps, lors des Escales hivernales organisées par l’association Les
escales des lettres (Nord/Pas-de-Calais) qui au lieu de faire lire Chloé Delaume,
Lucien Suel ou Charles Pennequin, a fait lire leur texte par Pierre Arditi. Certes si le
résultat séduit le chaland, permet un coup médiatique pour ce type d’association,
reste que cela s’apparente surtout à une dénaturation des textes, tant on sait que
l’écriture poétique est liée à la voix du texte. Imaginez un texte de Pennequin lu avec
la suave voix d’Arditi…
Mais cette appréciation théâtrale a tendance à faire oublier qu’il y a une vraie
création contemporaine liée à la scène, et qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui a
traversé le siècle.
Valère Novarina, qui vient d’entrer à la comédie française en est l’un des signes
vivants, de même que Bernard-Marie Koltès, qui loin d’être un auteur classique,
déployait certains de ses textes dans une langue exigeante, langue hantée par cet
innommable effroyable apparaissant par le noir, le nègre, la nuit, le néant, peu loin
parfois de cet impossible bataillien, tel que l’expliquait déjà Bernard Desportes en
1993 dans son essai sur Koltès.
Laurent Contamin appartient bien à cette descendance, croisant une langue tout à la
fois théâtrale et liée à la ritournelle parfois, à l’idiotie, au leïtmotiv politique. Son
théâtre, éminemment politique, s’il s’inscrit ainsi dans la modernité critique, c’est qu’il
est lié, comme l’explique Urszula Mikos en préface, à une généalogie théâtrale qui
prend ses racines au XIXème siècle, notamment chez Juliusz Slowacki, qui pose la
question “de la disparition de l’humain dans la société-ogre qu’il a créé mais qui le
dépasse, la réréliction des esprits ou des âmes”. Toutefois, le travail d’écriture de
Laurent Contamin, s’il est dans cette ligne généalogique, n’en répète pas les traits
romantiques d’écriture, mais tout à l’inverse, réinvestit cet héritage dans une langue
qui interroge ce que peut être l’identité des hommes aliénés.
Au théâtre, nous le savons, ce qui fait corps, ce ne sont pas d’abord et avant tout les
éléments qui contextualisent les paroles, mais ce sont les paroles elles-mêmes.
Ainsi, Laurent Contamin crée ses personnages à partir des mots qu’il place dans leur
bouche. Bribes de langues médiatiques, bribes idiotes et sans profondeur, souvent
phrases de rien qui tout en étant dites, n’énoncent rien d’autre que la difficulté d’être,
de dire, de s’ouvrir à l’autre. Banalité écrasante alors de certains dialogues, qui ne
trahissent aucunement une faiblesse d’écriture, mais qui tout au contraire donne
avec insistance l’impossibilité pour la vie de trouver accès à une expression la
déterminant authentiquement.
En bref, car il ne s’agit ici que de présenter rapidement ce nouveau livre publié par
les éditions Ragage, une pièce de théâtre à découvrir, avant peut-être de la voir sur
scène.
/PB/