Censure internet au Pakistan En février 2012, Le ministère des
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Censure internet au Pakistan En février 2012, Le ministère des
Censure internet au Pakistan En février 2012, Le ministère des Technologies de l’Information a lancé un appel d’offre pour mettre en place un système de filtrage URL national. La demande, initiée par le Fond National de R&D du Ministère des ICT précisait que le système de filtrage devrait être capable de bloquer des sites internet au niveau du nom de domaine et du sous-domaine, et autoriser le filtrage de fichiers spécifiques, de types de fichiers spécifiques et d’adresses IP. Une pétition d’Access, un groupe de défense des droits, appela les entreprises produisant des technologies de filtrage de réseau à annoncer publiquement qu’elles ne soumettraient pas d’offre. Alors que la pétition gagnait des soutiens parmi les principales entreprises de technologies de l’information, 5 firmes Huawei et ZTE (chinoises), Blue Coat et McAfee (américaines) et Netsweeper (Canadienne) - ont refusé de commenter. Précédemment, l’OpenNet Initiative (ONI) avait, au cours de ses recherches, découvert des preuves de filtrage de contenus blasphématoires et anti-islam et de sites promouvant les droits des Baloutches, des Sindhis et Pachtounes et l’autonomie politique au Pakistan. (Voir rapport ONI : 6 août 2012) Du fait de la circulation de contenus blasphématoires sur des sites importants tels que Facebook, Twitter et YouTube, les autorités Pakistanaises ont, a différentes occasions, bloqué l’intégralité des noms de domaines de ces sites. Alors que les blocages de Twitter et Facebook ont finalement été levés, YouTube a continué d’être bloqué. Les autorités ont également stoppé toute communication au nom de la sécurité intérieure. Lors de la journée nationale du Pakistan en 2012, les autorités ont coupé pendant quatorze heures les communications mobiles au Balouchistan. Quelques mois plus tard, les autorités ont à nouveau coupé les communications dans la région. En avril 2012, un groupe de militants des droits de l’homme a déposé une requête constitutionnelle devant la Haute Cour du Sindh, pour contester la censure abusive de plusieurs sites web, infligée par la Pakistan Telecommunication Authority (PTA). Elle a été dûment examinée par la Haute Cour du Sindh, qui a notifié à la Fédération du Pakistan et ordonné à la PTA de ne plus bloquer aucun site, à moins que cette décision ne soit en accord avec le PTA Act de 1996. Cette loi régit la façon dont le Pakistan Telecommunication Authority exerce son pouvoir sur les réseaux de communication et exige, entre autres, que le PTA agisse de manière équitable et transparente. Le jugement rendu par la Haute Cour remet ainsi en question tout projet de système de filtrage national. Reporters sans frontières avait salué cette décision de justice qui sanctionnait le manque de transparence de blocages effectués par l’autorité des télécommunications pakistanaise. Le 17 Septembre 2012 : l’ancien premier ministre Raja Pervaiz Ashraf avait ordonné le blocage du site Youtube suite à la diffusion de la bande annonce du film jugé blasphématoire “l’Innocence des Musulmans” qui avait provoqué une vague de protestations et de violence dans le monde Musulman. A la demande des gouvernements, Google a bloqué l’accès à la vidéo dans de nombreux pays comme l’Egypte, la Libye, la Malaysie, l’Indonésie, Singapour et l’Inde. Cependant, le blocage a persisté au Pakistan où Google, ne disposant pas d’antennes s’est trouvé dans l’incapacité de retirer la vidéo. Le gouvernement pakistanais a alors décidé de bloquer l’intégralité du site par le biais des fournisseurs d’accès internet locaux. Le 2 mai 2013, des utilisateurs de Twitter ont rapporté que le site Tumblr avait été bloqué dans certaines régions du Pakistan incluant le Balouchistan et le Sindh. Le 28 mai 2013, un tribunal de Peshawar a ordonné aux autorités de bloquer les pages Facebook diffusant des contenus blasphématoires. Une division bench (juridiction administrative) composée du Chief Justice Dost Muhammad Khan et Justice Qaiser Rashid of de la Haute Cour de Pershawar a demandé qu’une réponse soit formulée par le Ministère des affaires religieuses, le Ministère de l’information et de la diffusion, les agences de renseignement et l’Autorité Pakistanaise des télécommunications (PTA) suite à une requête déposée par l’avocat Arif Jan. Le tribunal a ordonné à au PTA de bloquer les pages dans les 3 jours et aux autorités concernées de lui soumettre leurs réponses dans les 20 jours. Jan a expliqué aux journalistes que son refus de partager les liens lors de l’audience publique était motivé par sa crainte que cela ne provoque des protestations et aide les partis politiques et religieux à gagner des points parmi la population. (La liberté en ligne au Pakistan est toujours sujette à l’examen minutieux d’un tribunal.) Le 8 juin 2013, le nouveau gouvernement du premier ministre Nawaz Sharif a décidé de mettre en place un système de filtrage du net avant de retirer l’interdiction de YouTube au Pakistan. Il a déclaré que la suppression de l’interdiction de YouTube et la réouverture du site assorti d’un filtrage des contenus blasphématoires et pornographiques faisait partie de ses priorités. Bien que le Secrétaire des technologies de l’information, Zafar Iqbal ait critiqué le PTA pour ne pas avoir mis en place un système de filtrage permettant la réouverture de YouTube, le nouveau ministre de la Technologie de l’information et des télécommunications, Anusha Rahman a rejeté l’argument en soutenant que le ministère aurait pu agir ces 9 derniers mois. “Le PTA est simplement un organe de mise en oeuvre des politiques. Notre ministère est responsable de l’élaboration de ces dernières. C’est donc notre travail d’assurer aussi vite que possible la réouverture de YouTube ainsi que la mise en place d’un système de contrôle des contenus choquants ou offensants. Je vais immédiatement commencer à travailler sur le sujet après présentation du projet aux différents représentants du ministère lundi” (citation du quotidien The News.) Le ministère a affirmé que le gouvernement ferait tout pour assurer qu’un système de filtrage du net approprié soit mis en place pour permettre la réouverture de YouTube. “Nous allons piocher dans les caisses si besoin et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ré autoriser YouTube au Pakistan sans compromettre nos valeurs éthiques”, a t-elle affirmé, ajoutant qu’elle demanderai également à Google de retirer les contenus offensants du site ou du moins d’empêcher leur accès au Pakistan. “S’ils maintiennent leur position, nous pouvons bloquer Google au Pakistan puisqu’il existe de nombreux autres moteurs de recherche sur le net”. Le ministre a assuré que YouTube ne serait pas accessible avant qu’un blocage des contenus jugés offensants soit mis en place. Plus tôt, le Secrétaire d’Etat aux technologies de l’information, Zafar Iqbal avait déclaré à The News que le délai d’attente pour lever l’interdiction de Youtube était causé par l’incapacité du PTA de mettre en place un système de filtrage. Le 28 juin 2013, La Haute Cour de Peshawar, composée du Chief Justice Dost Muhammad Khan et justice Asadullah Khan Chamkani, a convoqué des représentants et des experts techniques du PTA au sujet du blocage de Youtube. La Cour devait examiner une requête appelant à la réouverture du site. Le 27 juin, la Cour a été informée de l’utilisation primordiale de YouTube à des fins académiques et de recherche. Mian Muhibullah Kakakhel a informé la chambre que les étudiants rencontraient d’immenses difficultés pour trouver des contenus utiles à leurs études et lui a demandé d’ordonner aux autorités de filtrer les contenus jugés blasphématoires et de ré ouvrir YouTube. La cour ordonna au PTA de répondre à cette requête dans les 20 jours. Au même moment, des experts techniques ont aussi été convoqués pour aider la cour à déterminer si des contenus non désirés pouvaient être filtrés. La cour a souligné qu’il n’y avait aucune raison que des experts d’autres pays ne puissent pas être chargés de bloquer des contenus blasphématoires avant qu’ils ne soient accessibles au grand public ; tout en soulignant que le PTA manquait d’experts. Selon un rapport de Citizen Lab publié en juin 2013 en coopération avec Bytes for All, des dispositifs de filtrage du web “Netsweeper”, ont été installés sur le réseau de la Compagnie de Télécommunications Pakistanaise (PTCL). Cette entreprise de télécommunications est la plus importante du pays et dirige également le Pakistan Internet Exchange Point. PTCL est le principal fournisseur de télécommunications au Pakistan. Elle offre une connection internet haut débit à plus d’un millions de personnes aux côtés de Transworld Associates (TWA), et comptait pour 60% du marché haut débit en 2012. Ce FAI public a été privatisé en 2006, le gouvernement du Pakistan détenant toujours 62% de l’entreprise. Etisalat International Pakistan, un organe subsidiaire de l’UAE-based Emirates Telecom Compagny corporation détient quant à elle 26% et dirige le management de l’entreprise. Citizen Lab a utilisé le moteur de recherche Shodan (un moteur de recherche qui listes les adresses IP de dispositifs externes connectés à internet) pour trouver des installations Netsweeper dans le pays. Selon le rapport, cette technologie a été mise en place à des fins de filtrage politique et social, incluant des sites traitant des droits de l’homme, des sujets religieux sensibles, et des médias indépendants. Les FAI du pays utilisent également des méthodes de filtrage moins transparentes tel que DNS tampering.2.