Savants et philosophes des Lumières - Histoire

Transcription

Chapitre 2 – L’Europe des Lumières (XVIIIe siècle)
Savants et philosophes des Lumières
• Carl von Linné (1707-1778)
Médecin et savant, il crée une méthode pour analyser et classer les
espèces animales et végétales.
• David Hume (1711-1776)
Philosophe et historien, il affirme que les vérités scientifiques doivent
être fondées sur l’expérience.
• Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
Écrivain et philosophe, il défend l’éducation et l’égalité entre les êtres
humains.
• Denis Diderot (1713-1784)
Écrivain
et
philosophe,
il
codirige
l’Encyclopédie
et
défend
le
gouvernement du peuple.
• Emmanuel Kant (1724-1804)
Philosophe, il affirme que la raison est le meilleur moyen de penser
librement.
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• Cesare Beccaria (1738-1794)
Philosophe, juriste et économiste, il prône la justice, l’égalité et
s’oppose à la peine de mort.
Biographie
Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794)
et Marie-Anne Paulze (1758-1836)
• 1770 :
Antoine-Laurent Lavoisier est fermier général (collecteur d’impôts),
puis responsable des Poudreries nationales (1775).
• 1771 :
Mariage avec Marie‑Anne Paulze. Ensemble, ils mènent d’importantes
recherches scientifiques qui en font les fondateurs de la chimie
moderne. Ils étudient aussi la biologie ou encore la météorologie.
• 1794 :
Mort d’Antoine-Laurent, guillotiné. Marie‑Anne parvient à sauver ses
travaux et à les publier.
Doc 4 p. 39
Les états de la matière et la composition de l’air
Solidité, liquidité et gazeux sont trois états différents de la
même
matière,
trois
modifications
particulières,
qui
dépendent
uniquement du degré de chaleur auquel elles sont exposées. [...]
L’atmosphère est composée de fluides gazeux, tels l’air vital, le
gaz azote et l’eau. [...] L’air que nous respirons n’est composé que d’un
quart d’air respirable. C’est l’air déphlogistiqué qui entretient la vie et
1
participe à la combustion et à l’inflammation. Les trois quarts forment
un air méphitique et nuisible .
2
3
n D’après Antoine-Laurent Lavoisier,
Mémoires de physique et de chimie, 1774-1785.
1. L’oxygène.
2. Toxique.
3. Le gaz azote.
Doc 5 p. 39
La méthode expérimentale
Pour celui qui commence à se livrer à l’étude des sciences
physiques, [...] les idées ne doivent être qu’une conséquence, une suite
immédiate d’une expérience ou d’une observation. [...] Le seul moyen
de prévenir les erreurs de jugement consiste à mettre notre
raisonnement continuellement à l’épreuve de l’expérience.
n Antoine-Laurent Lavoisier,
Traité élémentaire de chimie, 1789.
Doc 2 p. 40
Montesquieu : la séparation des pouvoirs
Montesquieu critique la monarchie absolue et l’arbitraire des
1
souverains.
Il y a dans chaque État trois sortes de pouvoirs : la puissance
législative , la puissance exécutrice et la puissance de juger. Il n’y a
2
3
point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la
puissance législative et de l’exécutrice, car on peut craindre que le
monarque
ne
fasse
des
lois
tyranniques
pour
les
exécuter
tyranniquement ; et son pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens
est arbitraire.
n Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748.
1. Qui ne dépend pas de la loi ou de la justice, mais d’une volonté.
2. Pouvoir de faire les lois.
3. Pouvoir de faire appliquer les lois et de gouverner.
Doc 3 p. 41
Rousseau : l’éducation
Rousseau présente l’éducation comme le seul moyen de faire
progresser l’humanité.
On façonne les plantes par la culture et les hommes par
l’éducation. [...] Le chef-d’œuvre d’une bonne éducation est de former
un homme raisonnable. [...] Et il faut former le corps en même temps
que la raison d’un élève. [...] Forcé d’apprendre par lui-même, ce dernier
apprend à user de sa raison et non de celle d’autrui.
n Rousseau, Émile ou De l’éducation, 1762.
Doc 4 p. 41
Voltaire : la tolérance universelle
Voltaire dénonce le fanatisme et l’intolérance.
Chapitre VI – Le droit humain ne peut être fondé que sur ce
grand principe universel : « Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on
te fît ». [...]
Chapitre XXII – Je vais plus loin ; je vous dis qu’il faut regarder
tous les hommes comme nos frères. Quoi ! mon frère le Turc ? mon
frère le Chinois ? le Juif ? le Siamois ? Oui, [...] et il est bien cruel de
1
persécuter ceux qui ne pensent pas comme nous.
n Voltaire, Traité sur la tolérance, 1763.
1. Habitant du Siam, un pays d’Asie.
Doc 5 p. 41
Diderot : le pouvoir et la liberté
Diderot réfléchit sur le pouvoir du peuple et du souverain.
Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux
autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu a le droit
d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. [...] Le prince tient de ses
sujets l’autorité qu’il a sur eux et cette autorité est bornée par les lois
de la nature et de l’État. Le prince ne peut donc pas disposer de son
pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation.
n Diderot, « Autorité politique »,
article de l’Encyclopédie, 1765.
Doc 6 p. 41
Kant : la raison
Kant définit le rôle du philosophe des Lumières comme celui
d’un guide chargé de faire sortir l’humanité de l’ignorance et de lui
apprendre la raison.
[Ose penser !] Aie le courage de te servir de ta raison. Voilà la
devise des Lumières. [...] Or, pour répandre ces lumières, il n’est rien
requis d’autre que la liberté. [...] L’usage public de notre raison doit
toujours être libre et lui seul peut amener les lumières parmi les
hommes.
n Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, 1784.
Doc 2 p. 42
Diderot critique la censure de l’Encyclopédie
par le roi de France
Diderot écrit à Catherine II. Au XVIIIe siècle, les gens instruits
correspondent activement. Les lettres sont lues entre amis, ce qui
permet à tous de connaître les dernières nouvelles et les débats en
cours.
J’ai travaillé près de trente ans à cet ouvrage. De toutes les
persécutions qu’on peut imaginer, il n’en est aucune que je n’aie
essuyée. J’ai été exposé à la perte de l’honneur, de la fortune et de la
liberté. [...] L’ouvrage a été proscrit et ma personne menacée [...]. Nous
1
avons eu pour ennemis déclarés la cour, les grands , les militaires, les
2
prêtres, la police, les magistrats [...].
n Diderot, Mémoires pour Catherine II, P. Vernière,
éditions Garnier, Paris, 1966.
1. Interdit.
2. Membres importants de la cour du roi.
Biographie
Sophie d’Anhalt-Zerbst,
dite Catherine II « la Grande » (1729-1796)
• 1762 :
Début du règne personnel.
• 1765 :
Achat de la bibliothèque de Diderot.
• 1773-1774 :
Visite de Diderot à Saint-Pétersbourg. Édit de tolérance religieuse.
• 1775 :
Réformes pour moderniser le pays, mais renforcement du caractère
absolu de la monarchie russe.
• 1778 :
Achat de la bibliothèque de Voltaire.
Doc 2 p. 44
Une souveraine qui s’inspire des Lumières
Il faut que les lois veillent à la sûreté de chaque citoyen et
l’égalité de tous les citoyens consiste à ce qu’ils soient tous soumis
aux mêmes lois. [...]
Nous devons contribuer de tout notre pouvoir au bien-être des
hommes, autant que la saine raison le permet. Par conséquent, nous
devons éviter de rendre les gens serfs .
1
n Instruction de Sa Majesté impériale Catherine II
pour le nouveau code de lois, 1767.
1. Paysans non libres.
Doc 4 p. 45
Une souveraine qui affirme son pouvoir absolu
Le monarque de Russie est souverain. […]
Il n’y a qu’un pouvoir unique, résidant en sa personne. […] Le
souverain est la source de tout pouvoir politique et civil. Les autres
pouvoirs dépendent de ce pouvoir suprême. […]
Mais nous devons contribuer de tout notre pouvoir au bien-être
des Hommes, autant que la saine Raison le permet.
n Instruction de Sa Majesté impériale Catherine II
pour le nouveau code de lois, 1767.
Doc 5 p. 45
Développer le pays par l’éducation
Nous, Catherine II, par la grâce de Dieu, impératrice et autocrate
1
de toutes les Russies, faisons savoir à tous :
Assister les indigents et augmenter le nombre de gens utiles à
2
la société, sont des devoirs essentiels des souverains, qui s’occupent
du bonheur de leurs sujets. [...]
Nous approuvons le projet de fondation d’une maison des
enfants trouvés dans la ville de Moscou. [...] De 7 jusqu’à 11 ans, ils
apprendront à lire et la religion. [...] Jusqu’à 14 ans, leurs leçons doivent
être consacrées à l’écriture et à l’arithmétique. Parvenus à cet âge, on
doit les appliquer à un métier. Il faut également s’employer à fortifier
et conserver la santé, premier objet d’une éducation conforme à la
nature et à la raison.
n Plans et statuts des différents établissements ordonnés
par Sa Majesté impériale Catherine II pour l’éducation
de la jeunesse et l’utilité générale de son empire, 1775.
1. Monarque absolu et incontesté.
2. Personnes très pauvres.
Doc 1 p. 46
Rousseau contre la société d’ordres
Jusqu’ici je n’ai point distingué les états, les rangs, les fortunes
[…] parce que l’homme est le même dans tous les états ; que le riche
n’a pas l’estomac plus grand que le pauvre et ne digère pas mieux que
lui ; que le maître n’a pas les bras plus longs ni plus forts que ceux de
son esclave ; qu’un grand n’est pas plus grand qu’un homme du peuple.
1
[…]
Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet
ordre est sujet à des révolutions inévitables […]. Nous approchons de
l’état de crise et du siècle des révolutions. […] Tout ce qu’ont fait les
hommes, les hommes peuvent le détruire : il n’y a de caractères
ineffaçables que ceux qu’imprime la nature, et la nature ne fait ni
princes, ni riches, ni grands seigneurs.
n Rousseau, Émile ou De l’éducation, 1762.
1. Noble.
Doc 2 p. 46
Un Anglais observe la situation en France
Le 17 octobre 1787
Toute la compagnie semblait imbue de cette opinion que l’on
1
est à la veille de quelque grande révolution dans le gouvernement,
que tout l’indique : […] sur le trône, un prince dont les dispositions
2
3
sont excellentes, mais à qui font défaut les ressources d’esprit qui lui
permettraient de gouverner par lui-même dans un tel moment ; […] une
grande fermentation parmi les hommes de tous les rangs qui aspirent
4
à du nouveau sans savoir quoi désirer, ni quoi espérer ; en outre, un
levain actif de liberté qui s’accroît chaque jour depuis la révolution
5
d’Amérique ; voilà une réunion de circonstances qui ne manquera pas
de provoquer avant peu un mouvement […].
n Arthur Young, Voyages en France, 1792.
1. D’accord avec.
2. Louis XVI, depuis 1774.
3. Qualités.
4. Agitation.
5. Mouvement.
Doc 5 p. 47
L’impact de la révolution américaine en France
L’Amérique nous a donné [un] exemple. L’acte qui a déclaré son
indépendance est une exposition simple et sublime de ces droits si
1
sacrés et si longtemps oubliés […].
Le spectacle d’un grand peuple où les droits de l’homme sont
respectés, est utile à tous les autres, malgré la différence des climats,
des mœurs, et des constitutions. Il apprend que ses droits sont partout
les mêmes […]. La liberté de presse est établie en Amérique. […] Le
spectacle de l’égalité qui règne dans les États-Unis et qui en assure la
paix et la prospérité, peut aussi être utile à l’Europe.
Nous n’y croyons plus à la vérité, que la nature ait divisé la race
humaine en trois ou quatre ordres […] et qu’un de ces ordres y soit
2
aussi condamné à travailler beaucoup et à peu manger.
n Nicolas de Condorcet, De l’influence de la révolution
d’Amérique sur l’Europe, 1786.
1. La Déclaration d’indépendance de 1776.
2. Le tiers état.
Biographie p. 48
Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799)
• 1759 :
Devient le professeur de musique des filles de Louis XV. Il exerce
ensuite de nombreux métiers (agent secret du roi, financier ou encore
marchand d’armes pour la révolution américaine).
• 1775 :
Le Barbier de Séville
• 1778 :
La Folle journée ou le Mariage de Figaro
Doc 1 p. 48
Le monologue de Figaro
Figaro s’adresse à haute voix à son maître, le comte Almaviva,
qui profite de sa position pour tenter de séduire Suzanne, la fiancée
de Figaro.
Non, Monsieur le comte, vous ne l’aurez pas… Vous ne l’aurez
pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand
génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier !
Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine
de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! Tandis
que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer
plus de science et de calculs pour subsister seulement qu’on n’en a mis
depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes. [...]
Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ! Fils de je ne sais pas
qui ; volé par des bandits ; élevé dans leurs mœurs , je m’en dégoûte
1
et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! […]
Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et comme il n’est
pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un
sou, j’écris sur la valeur de l’argent : aussitôt je vois, du fond d’un
fiacre, baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je
laissai l’espérance et la liberté . [...]
2
On me dit [...] qu’il s’est établi dans Madrid un système de liberté
sur la vente des productions, qui s’étend même à celles de la presse ;
et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du
culte, ni de la politique, ni de la morale, [...] je puis tout imprimer
librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. [...]
n Pierre Augustin Caron de Beaumarchais,
La Folle Journée ou le Mariage de Figaro,
acte V, scène III, 1778.
1. Selon leurs habitudes.
2. Il est emprisonné.
Mémo art
Présentation de l’œuvre
• 1778 (création), 1784 (première représentation).
• Comédie en 5 actes qui dénonce les travers de la société et des
êtres humains par le rire.
• La pièce raconte comment le valet Figaro lutte contre son maître,
le comte Almaviva, pour réussir à se marier avec la servante Suzanne,
que ce dernier convoite.
• Un monologue est un discours théâtral dans lequel un seul
personnage se trouve sur scène et se parle à lui-même ou à un absent.
Art et histoire
• Dans cette pièce, Beaumarchais porte un regard très critique sur la
société du XVIIIe siècle et ses inégalités. Le valet Figaro dénonce à
la fois les privilèges de la noblesse et l’absence de liberté,
notamment d’expression.
• Son œuvre est d’abord censurée en 1781 et Beaumarchais est
emprisonné. Grâce au soutien de la reine Marie-Antoinette, il réussit
cependant à la faire jouer en 1784 et connaît un immense succès en
France et à l’étranger.
Leçon
L’Europe des Lumières (XVIIIe siècle)
Ø Comment les idées des Lumières remettent-elles en cause les
sociétés au XVIIIe siècle ?
A De nouvelles connaissances
1. D’importants progrès scientifiques
• Aux
XVIIe et XVIIIe siècles, les découvertes se multiplient :
démonstration de la gravité en physique par l’Anglais Newton,
développement de la botanique par le Français Buffon et le Suédois
Linné, création de la chimie moderne par les Français Lavoisier, etc.
• Le
monde est de mieux en mieux connu grâce à des voyages plus
nombreux qu’auparavant, comme ceux de l’Anglais James Cook, qui
explore le Pacifique entre 1768 et 1779.
2. Un nouvel esprit
• Ces
savants fondent leurs recherches sur l’expérience et la raison.
Ils utilisent le doute pour émettre des hypothèses puis forment des
conclusions grâce à l’observation et l’analyse.
• Désormais,
sont
les
on considère que le raisonnement et l’expérimentation
seuls
moyens
d’établir
des
vérités
scientifiques
incontestables.
B La « révolution » des Lumières
1. Qui sont les philosophes des Lumières ?
• En Europe, des penseurs décident d’utiliser les mêmes méthodes que
les sciences pour analyser les systèmes politiques, la religion ou
encore la société dans laquelle ils vivent. Ces philosophes souhaitent
penser librement et faire progresser l’humanité.
• Les penseurs s’élèvent contre la monarchie absolue. Ils revendiquent
davantage de liberté, demandent la séparation des pouvoirs et
dénoncent les privilèges de la société d’ordres au nom de l’égalité.
Enfin, ils condamnent le fanatisme religieux et la superstition. Ils
souhaitent la diffusion de la tolérance.
2. Des idées qui circulent
• En
France, les idées des Lumières se diffusent par les livres, les
articles et la presse. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert permet
notamment de diffuser ces idées et le savoir scientifique de l’époque.
Les cafés et les salons deviennent des lieux privilégiés de rencontres
et de débat. Les académies favorisent également la diffusion des
Lumières dans toute l’Europe.
• Ces
idées circulent d’autant mieux que toutes les personnes
instruites parlent alors une même langue, le français. Cependant, cette
diffusion reste limitée aux élites européennes éduquées.
C Gouverner selon les principes des Lumières ?
1. Des souverains éclairés
• À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreux souverains
sont gagnés par les idées des Lumières et veulent moderniser leurs
pays : c’est le despotisme éclairé. La plupart entretiennent une
correspondance suivie avec des philosophes et les protègent. Ainsi,
Voltaire est un temps l’hôte de Frédéric II, roi de Prusse. Catherine II,
tsarine de Russie, reçoit Diderot.
• D’autres
souverains, comme Joseph II d’Autriche tentent de mener
des réformes politiques, administratives et religieuses inspirées des
Lumières (tolérance religieuse, réforme de l’impôt payable par tous…).
2. Le refus de certaines idées
• Cependant,
pouvoirs politiques et religieux acceptent mal certaines
critiques des Lumières qui remettent en cause leur autorité. Ils
condamnent et censurent certains ouvrages, obligeant parfois les
philosophes à se réfugier à l’étranger.
• Dans
certains pays comme la France, les critiques sociales et
politiques des Lumières provoquent une contestation grandissante du
système monarchique et de la société d’ordres, notamment dans les
années 1780.
Vocabulaire
• Académie
Association qui réunit savants, artistes et gens de lettres.
• Censure
Contrôle des textes par une autorité qui décide s’ils peuvent ou non
être publiés.
• Despotisme éclairé
Régime
politique
dirigé
par
un
souverain
autoritaire,
mais
qui
s’inspire des idées des philosophes des Lumières pour réformer son
pays.
• Salon
Lieu de réunion, souvent tenu par les femmes de la haute société,
où les élites cultivées se retrouvent pour échanger, débattre et se
distraire.
• Société d’ordres
Société divisée en trois ordres. Clergé et noblesse (environ 3 % de la
population) concentrent richesse et pouvoir et bénéficient de privilèges
(ils paient notamment moins d’impôts). Les autres Français constituent
le tiers état.
Doc 2 p. 54
TORTURE : Lorsque le chevalier de La Barre, […] jeune homme
de beaucoup d’esprit et d’une grande espérance, […] fut convaincu
1
d’avoir chanté des chansons impies et même d’avoir passé devant une
2
procession de capucins
3
sans avoir ôté son chapeau, les juges
d’Abbeville ordonnèrent non seulement qu’on lui arrachât la langue,
qu’on lui coupât la main et qu’on brulât son corps à petit feu ; mais ils
l’appliquèrent encore à la torture pour savoir précisément combien de
chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues
passer, le chapeau sur la tête.
[…] Les nations étrangères jugent de la France par les
spectacles, par les romans, par les jolis vers [...]. Elles ne savent pas
qu’il n’y a point au fond de nation plus cruelle que la française.
Les Russes passaient pour des barbares en 1700, une impératrice
vient de donner à ce vaste État des lois [...]. La plus remarquable est
la tolérance universelle, la seconde est l’abolition de la torture. La
justice et l’humanité ont conduit sa plume ; elle a tout réformé.
n Voltaire, article « Torture »,
Dictionnaire philosophique portatif, 1769.
1. Reconnu coupable.
2. Hostiles à la religion.
3. Ordre religieux.
Doc 3 p. 55
L’importance de l’éducation
Émilie de Breteuil, marquise du Châtelet (1706-1749), est une
scientifique et femme de lettres des Lumières. On lui doit notamment
la traduction en français des ouvrages de Newton et plusieurs
ouvrages de mathématiques et de physique.
J’ai toujours pensé que le devoir le plus sacré des hommes était
de donner à leurs enfants une éducation. [...] Je veux donc, mon cher
fils, mettre à profit l’aurore de votre raison pour tâcher de vous
1
garantir de l’ignorance, qui n’est encore que trop commune chez les
gens de votre rang et qui est toujours un défaut de plus et un mérite
de moins. [...] L’étude de la physique paraît faite pour l’homme, car elle
roule sur les choses qui nous entourent. [...] Son secours permet de
2
faire de grands progrès dans l’étude de la nature, elle est la clé de
toutes les découvertes et s’il y a encore plusieurs choses inexplicables
en physique, c’est qu’on ne s’est pas encore assez appliqué à les
rechercher et qu’on est peut-être pas allé assez loin dans cette
science.
n Émilie du Châtelet, avant-propos
à ses Institutions de physique, 1740.
1. Son jeune âge.
2. Étudie.

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