Séquence 4 texte 4 : Une charogne
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Séquence 4 texte 4 : Une charogne
Séquence 4 texte 4 : Une charogne Baudelaire est un poète du XIXème siècle. Il est connu pour avoir fondé sans le vouloir un mouvement littéraire : le symbolisme. Les Fleurs du Mal est un recueil de poème publié en 1857. Le poème du Parfum Exotique est dans la partie Spleen et Idéal du recueil. La Charogne est une œuvre qui a connu une censure car le thème évoque est tabou dans la mesure où l’esthétique est associé à ce thème. Baudelaire veut choquer le lecteur et donner une image de modernité à la poésie. « Tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de l’or ». Il y a une volonté de créer la beauté à partir de l’horreur. Et c’est précisément ce poème qui reflète la volonté présente d’où le titre les Fleurs du Mal. I- Une déclaration d’amour a) La présence d’un couple b) Une promenade d’amour II- Une description macabre a) Une évocation réaliste de la charogne b) Un registre épique III- Les leçons du poème a) Une réflexion sur le temps qui passe b) Un décalage par rapport à la construction classique c) L’art comme puissance de transformation Ia) La présence d’un couple est marqué par les pronoms personnels « nous » et « on ». Ici, la femme aimée est vu d’une façon très positive : « Etoile de mes yeux, soleil de ma nature », il y a la métaphore de la femme dans « Etoile de mes yeux » et cet alexandrin est coupé par une césure « Ô » vocatif est un moyen de valoriser la femme, de même pour « reine des graces » « Ô ma beauté », de même, vocatif avec le pronom possessif « ma » pour valoriser la beauté. « mon ange » et « ma passion », possessif présent. b) Contexte bucolique de la promenade, une histoire d’amour qui se fait dans la nature : « Au détour d’un sentier », lieu bucolique « grande nature » mise en avant de cette Nature qui est presque personnifié. Cette personnification se fait à travers le verbe « regardait » v.13. Il y a aussi l’idée de fleur « eau courante », « sous l’herbe et la floraison grasse ». Ainsi que l’évocation des rochers : « Rochers » v.33 Le tout est agrémenté avec un beau temps : « Soleil rayonnant » et « Beau matin d’été si doux », hyperbole avec « si » pour mettre en avant l’atmosphère estival. IIa) L’utilisation du passé simple permet d’interrompre la promenade pour provoquer un effet de surprise chez le lecteur, surprise qu’est la description à l’imparfait. La Charogne est ensuite reprise par plusieurs synonymes : « pourriture » v9, « carcasse superbe » v13 « carcasse superbe » est une oxymore annonçant le projet de Baudelaire Il y a ensuite la notion du squelette : « ordure » v37, « infection » v38 diérèse qui rime avec une autre diérèse « passion ». Cette rime fonctionne comme un oxymore. Il insiste aussi sur le processus de décomposition « bataillon de larve », expression associée à « un épais liquide ». Aux images s’ajoutent les odeurs « suait le poison » v6, « exalaisons » v8 (terme utilisé pour le parfum) et « ventre putride ». Cette description réaliste a pour effet sur la femme aimée : « vous crûtes vous évanouir » v16 b) Le registre épique est présent à travers * « bataillon de guerre », bataillon est un terme de guerre, ici c’est l’épopée du processus de décompostion et l’hyperbole « noire » permet de montrer la quantité de larve dans ce bataillon * les verbes d’actions : « bourdonnaire », « coulait », « descendait », « montait », « s’élançait » * Mise en mouvement : - comparaison « comme une vague » v21 - « vivait en se multiplaint » v23 idée rappelant le nombre - « ce monde rendait une musique étrange » v25 le son est aussi présent Par sa réalité, cette charogne devient presqu’une vision. IIIa) Les trois dernières strophes rappellent la poésie baroque avec des thématiques comme le memento more ou le carpe diem : « Et pourtant vous serez semblable à cette ordure ». Comme dans la fin des poésies de Ronsard, il fait des prédictions dans « vous mangera » où il utilise un futur de certitude qui rappelle la mort proche par l’association de « vous » avec « sensation grave ». Il fait des réflexions sur la condition humaine proche des classiques. b) Baudelaire varie entre les alexandrins utilisés pour des sujets grave et sérieux et les octosyllabes pour des sujets plus légers. De plus, on ne s’attend pas à ce qu’une image érotique soit liée à la mort « sur un lit … une femme lubrique », « ventre ouverts », « façon nonchalante et cynique », « carcasse superbe » oxymore avec une allitération en -sIl y a aussi la rime entre « passion » et « infection » qui parodie les déclarations d’amour ainsi que la poésie classique. c) « faire de l’or avec de la boue ». Ici l’or est « l’essence divine » et la boue est « la vermine ». Dans la dernière strophe il y a une rime entre ces deux termes. Il y a aussi un double sens dans « amour décomposé » qui peut aussi dire amour passé, ici la charogne. Le poète utilise aussi « j’ai gardé », l’utilisation de « je » et du passé composé mointre que même mort, l’auteur restera vivant dans ses œuvres, les lois du temps ne s’appliquent pas sur lui. Le champ lexical de la création artistique est aussi présent « : « forme », « ébauche », « la toile », « artiste » et « souvenir». Le « souvenir » étant lié à la réminiscence, le « rêve » et le fait qu’il « a gardé », ce qui lui permet d’atteindre l’Idéal. Ce poème fonctionne comme un apologue de la création poétique dans la mesure où trouve un récit amoureux interrompu par la rencontre d’une charogne accompagnée d’une vision de la création poétique qui est celle de la poésie comme une fleur rare qui fait naître une nouvelle forme de beauté. Le poète est donc un alchimiste qui transforme le laid en beau ce qui va constituer un nouveau tournant dans l’art poétique en France. Ce poème a également une dimension parodique par sa reprise des thèmes propres à Ronsard détournés par Baudelaire qui est plus cruelle avec la femme et ne lui donne aucune forme de salut.
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