Nosferatu Herzog (fiche)
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Nosferatu Herzog (fiche)
PLAN[S] LIBRE [S] Ciné-Club de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Saint-Etienne "L'expression de la pensée est le problème fondamental du cinéma" Alexandre Astruc THEMA 10-11 : RÊVES DÉSERTS EXILS T NOSFERATU FANTÔME DE LA NUIT (Nosferatu Phantom der Nacht) de Werner HERZOG All. 1979 / 107 mn couleurs JEUDI 20 OCTOBRE / 20H 20h : Repérage par Alain Renaud, / 20h15 : Projection du film. 22h : A bâtons rompus avec le public : Alain Renaud Pierre-Albert PerrillatCharlaz, Mehdi Baouzzi, Pierre-Marie Rouxel, les étudiants de l'Ecole d'architecture Le film est un remake du célèbre Nosferatu chef-d'oeuvre du cinéma expressionniste (présenté l'an dernier dans Eloge de l'ombre) réalisé en 1922 par FriedrichWilhelm Murnau (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) d'après Dracula, le non moins célèbre roman publié en 1897 par l'Irlandais Bram Stocker. Employé dans une étude de notaire de Wismar, le jeune Jonathan Harker se voit confier la mission de se rendre en Transylvanie afin de signer la vente au comte Dracula d’une vieille demeure de la ville. Triste de quitter Lucy, sa belle et jeune épouse, il chevauche vers le château du comte. En route, villageois et roms l’avertissent du danger qui l’attend dans ces terres maudites : le comte Dracula est un vampire rejeté par la mort, s'abreuvant inlassablement du sang des vivants qui l'approchent. Faisant fi de ces avertissements, Jonathan se rend au château du comte où il tombe sous son emprise maléfique. Fasciné par une photographie de Lucy que Jonathan lui a montrée imprudemment, Dracula vogue alors vers la ville de Wismar pour en faire sa créature, accompagné de rats grouillants dans des cercueils au fond de la cale du navire. Le bateau accoste, l'épidémie de peste semble inéluctable, Lucy se sait une morte en sursis ... FICHE TECHNIQUE Réalisation Werner Herzog Scénario Werner Herzog, d'après le roman Dracula de Bram Stocker (1897) Photographie Jörg Schmidt- Reitwein Musique Popol Vuh Production : Gaumont Acteurs principaux Klaus Kinski, Isabelle Adjani, Bruno Ganz, Roland Topor, Jacques Dufilho.. PÈRES ET REPÈRES En hommage au film de F.W. Murnau, à ses yeux oeuvre référente du cinéma allemand, Herzog conçoit son Nosferatu comme le chaînon manquant entre l'expressionnisme du cinéma des origines et le cinéma allemand contemporain. Pour autant, en réalisant Nosferatu, le cinéaste ne fait pas seulement que traverser pour son compte l'"écran démoniaque" des années 1920 ; ennemi farouche du "cinéma-vérité", il s'inscrit spirituellement et stylistiquement dans l'esthétique des "chants de la terre" chers à l'Allemagne romantique, du Sturm und Drang goethéen à l'opéra wagnérien en passant par le Gothic Revival anglais et le Jugendstil viennois (ainsi, avec ses longs cheveux noirs, ses robes aux délicats motifs végétaux et sa pâleur lunaire, Lucy évoque-t-elle les tableaux de Gustav Klimt). Mais les forces d'expression qui tendent paroxystiquement son cinéma quand elles ne poussent pas son auteur - à l'instar de son acteur fétiche Klaus Kinski - au bord du délire si ce n'est de la folie (cf. le tournage à hauts risques de Fitzcaraldo), procèdent au fond de cet ordre intensif et irrationnel d'esthétique qui , en totale opposition à la "belle apparence" classique, anime le romantisme allemand du XIXè siècle, mouvement poétique protéiforme dont les oeuvres du peintre Caspar David Friedrich et sa "tragédie du paysage" (dircctement convoqué dans Fata Morgana) impriment aux images nocturnes de Nosferatu leur indicible, secrète et inquiétante étrangeté. Les s(p)ectateurs d'Herzog savent l'importance absolue dans son cinéma des expéditions limites (y compris subjectives comme dans Kaspar Hauser), des paysages démesurés aux profondeurs chtoniennes (cf. son dernier film sur la grotte Chauvet) : dès Aguirre, la colère de Dieu (1972) ou Fitzcaraldo (1982), le cinéaste écrase ses héros sous le poids tellurique des montagnes, les perd dans d'immenses forêts primitives, confronte leur fragile et orgueilleuse petitesse aux tumultes des fleuves sauvages. Pour Nosferatu il tournera à nouveau dans des sites grandioses et angoissants : montagnes de Bohème, plages de la mer du nord, désert mexicain, ramenant des images hallucinantes, baignées de lumières bleues et pourpres. Ses espaces sont immenses et profonds, leur dimension symbolique et spirituelle portée au paroxysme par la musique mystérieuse du groupe Popol Vuh. Ainsi la manière dont le cinéaste filme le voyage initiatique de Jonathan Harker vers le château de Dracula confère à son Nosferatu une puissance esthétique sans égale si ce n'est quelques séquences du Dracula réalisé par Francis Ford Coppola. ITINÉRAIRE D'UN "VAGABOND GÉNIAL" Né à Munich en 1942, de son vrai nom, Werner H. Stipetic, il passe sa petite enfance dans un village bavarois, et son adolescence de "vagabond génial" à Munich où il poursuit des études d'histoire et de littérature. En 1963, il crée sa maison de production, la Werner Herzog Film produktion et réalise des courts métrages. En 1968, il réalise son premier long métrage : Signes de vie (Lebenszeichen) qui remporte l'Ours d'argent au Festival de Berlin. Ses trois films suivants (Les nains aussi ont commencé petits, Fata Morgana et Aguirre, la colère de Dieu) présentés à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes lui gagnent la reconnaissance internationale comme représentant du Nouveau cinéma allemand (Völker Schloendorf, Wim Wenders, Rainer Werner Fassbinder) pendant de la Nouvelle Vague française. Dans une oeuvre prolifique, on retiendra entre autres films majeurs, L'énigme de Kaspar Hauser (1974) prix spécial du jury à Cannes en 1975, Coeur de verre (1976), Woyzeck (1979), Leçons de ténèbres (1992), son dernier film en date célébrant en 3D les ombres et lumières de l'art pariétal : La Grotte des Rêves perdus (2011).
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