Les Chartreux - Institution des Chartreux
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Les Chartreux - Institution des Chartreux
n°30 . Juin 2004 Philippe BARBARIN, cardinal archevêque de Lyon • Youssef BECHARA, archevêque maronite d’Antélias au Liban • Marcel BOZONNET, administrateur de la Comédie française • Colloque CHARLES PEGUY • Christine CROZAT, plasticienne • Don DELILLO, écrivain • Marie DESPLECHIN, écrivain • Soeur EMMANUELLE, religieuse • Denis GUEDJ, écrivain • Pierre GUINARD, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Aleksandar HEMON, écrivain • Yves HENRI, sculpteur • Francesca ISIDORI, productrice et critique littéraire à France Culture • Yves JOCTEUR MONTROZIER, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Festival LA CHAIR ET DIEU • Yannick LAURENT, comédien • Jean-Claude LEMAGNY, conservateur à Festival la LES (soirée Cocteau) • SUBSISTANCES, artistique • historienne d’art Inge • A L’INSTITUTION DES CHARTREUX EN 2003-2004 Bibliothèque nationale • INTRANQUILLES LES NOUVELLES laboratoire de création LINDER GAILLARD, Colum MCCANN, écrivain • Antoine MOUTON, écrivain • Amos OZ, écrivain • Jean-Luc PARANT, poète et plasticien • Bernard PLESSY, essayiste • Denis PODALYDES, acteur • Raphaëlle REROLLE, journaliste au Les Chartreux Monde • Olivier REY, metteur en scène • Jacqueline SALMON, photographe • Didier SANDRE, acteur • Soeur SARA, religieuse • Christian SCHIARETTI, metteur en scène, directeur du Théâtre National Populaire • THEATRE DES CELESTINS, théâtre de Lyon • Jean-René VALETTE, universitaire • et des Subsistances • Marc WEITZMANN, écrivain et journaliste aux Inrockuptibles. Les Chartreux VILLA GILLET, unité de recherches contemporaines • Guy WALTER, écrivain, directeur de la Villa Gillet n°30 Actualités Sommaire p 5 >15 Culture • Les élèves ont la parole ! • OULICO ? • Que serait l’Institution des Chartreux sans le théâtre ? • Des soirées « théâtre » • Les secrets de la bibliothèque des Missionnaires (b.M.) • L’atelier patrimoine Chartreuse du Lys Saint Esprit • En partenariat avec la Villa Gillet, notre 4ème café littéraire : Amos Oz • Le cercle des poètes retrouvés • « Le cri de la louve » • Les activités du CDI • Un professeur - une passion : Aux 4 coins (+ 2) de l’Hexagone • « Au nord tes parents » p 16 >20 Histoire • Un cardinal aux Chartreux • L’orgue aux Chartreux p 21 >25 Association des Anciens Elèves • Entretien avec… Charles André (promo 1947) • Monseigneur Gabriel Matagrin (1919-2004) p 26 >55 Actualités Institution des Chartreux 58, rue Pierre Dupont 69283 Lyon Cedex 01 Tél : 04 72 00 75 50 Fax : 04 72 07 02 10 e-mail : [email protected] Pour plus d’informations, consultez notre site internet : www.leschartreux.com Directeur de la publication : Jean-Bernard Plessy Rédacteur en chef : Patrice Moret Photographies : Jean-Noël Durand-Bourat – Directeurs de division et professeurs – Photos Georges • In memoriam : Père Jean Mey (1920-2004) • Dans le sillage du Père Couturier • De chantiers en chantiers • « La chair et Dieu » dans Polyeucte • Les DPECF et DECF au cinéma • Remise des diplômes du DESCF • Trois jours en pèlerinage au Puy-en-Velay • Coup de théâtre en 4ème • L’expérience théâtrale vue par des élèves de 4ème F • Voyage aux Etats-Unis • Le bonbon plaisir • Le nouvel an chinois en maternelle • Un conte : « Cadabra » • « On a toujours besoin d’un plus petit que soi » • Astronomie au programme ? • Voyage en Angleterre • Les Chartreux - Sainte Famille ouvert sur le monde • Ajouter des années à la vie ou de la vie aux années ? • Résultats aux examens 2003 : DECF et DESCF • Calendrier 2003-2004 et rentrée 2004 • Carnet Editorial Jean-Bernard Plessy, Supérieur de l’Institution des Chartreux De l’émerveillement à la contemplation Entre la fin du jour et le début de l’après-midi, au-dessus du Groënland. Nous avons quitté la France vers midi, et nous sommes encore à 1000 km de New York. L’énorme Airbus A340 s’est majestueusement dressé vers le ciel, il y a quelques heures. Il emmène vers le Nouveau Monde vingt-huit de « nos petits, les sixièmes bilingues lyonnais », avec leurs professeurs organisateurs de l’échange américain. Quinze jours pour pratiquer la langue anglaise qu’ils parlent déjà assez bien. Mais justement, ces enfants m’interrogent. Ils sont pour le moment assis sagement à leur place ; cela ne va pas durer. Dans quelques instants, les va-et-vient vont commencer, pris qu’ils sont d’un irrépressible besoin de comparer leur portable, leur numérique ou leur game-boy et autres gadgets électroniques sans lesquels l’enfant du siècle ne peut plus se déplacer ! Je contemple par le hublot les plaques gelées et désertiques qui ne sont ni tout à fait la terre, ni tout à fait l’Océan. J’appelle un ou deux élèves depuis ma place à contempler ce spectacle insolite. En vain ! C’est plutôt moi qu’ils regardent d’un air étrange et bienveillant ! Les voilà qui retournent à l’étude comparative de leur portable. Qui d’eux ou moi est l’enfant ? Est-il naïf d’écrire en d’aussi simples termes que je demeure à chaque fois émerveillé de la grâce avec laquelle cet énorme avion s’arrache à l’attraction terrestre pour nous déposer, six heures avant l’horaire qui fut le nôtre, ailleurs, loin ailleurs ! Davantage, est-il convenable de faire part d’un étonnement déçu : ils n’ont pas prêté attention au Groënland qui était sous nos yeux, et qui jamais ne pourra être pour nous un spectacle banal. Comment pourraisje leur en vouloir cependant, eux qui sans cesse nous étonnent par leur dextérité, leur rapidité d’esprit, leur aisance à entrer dans ce monde de plus en plus technique et difficile ? En fait cet épisode me renvoie à une réflexion plus large sur la vertu philosophique de l’étonnement. Au commencement, à l’âge où l’homme est un enfant, il y a l’émerveillement, dont il ne se départit jamais totalement d’ailleurs, parce que ce regard nouveau et enchanté sur les choses qui caractérise le temps des découvertes premières, se mûrit, s’affirme dans l’étonnement. L’étonnement, c’est cette attitude socratique qui marque le début du questionnement philosophique, qui en est même la condition première. Le réel n’est peut-être pas comme nous le voyons. Les choses auraient pu être autrement qu’elles ne sont. Rien ne tombe sous le sens. Sans même que nous y prêtions attention, cette vertu de l’étonnement guide notre recherche intellectuelle au quotidien. Il y a un lien naturel entre l’émerveillement de l’enfant et l’étonnement de l’adulte. C’est cette disposition providentielle, donnée par grâce par le Créateur, qui, seule, qualifie notre présence au monde. Résister à l’enthousiasme qui peut nous gagner à chaque instant devant la beauté du monde, retenir l’esprit quand il ne demande qu’à s’étonner que les choses soient ainsi et qu’il désire en chercher les causes, c’est subir l’existence, c’est peut-être même une façon d’y renoncer. Je ne doute pas un seul instant que nos petits sixièmes sauront s’étonner de mille choses, mais le monde dans lequel ils sont nés il y a un peu plus de dix ans ne les aide pas à s’émerveiller. Peutêtre parce qu’il est un monde désenchanté. Peut-être parce qu’il se met en devoir de créer, de recréer lui-même un émerveillement virtuel. La télévision fait beaucoup de mal à l’enfance, en ce qu’elle la coupe de ce rapport spontané à la nature, au réel qui s’offre aux sens. Elle lui substitue un sensationnel vulgaire et idiot, qui cherche à capter l’attention de l’enfant, sans faire appel à son émerveillement. Elle ne le peut pas, puisqu’elle n’offre pas le beau. Alors elle le choque, par la violence, par la surprise d’images qui ne sont pas pour les enfants, comme on dit, si tant est qu’il y en ait pour les adultes. Seulement voilà une préoccupation pour le professeur ou l’éducateur. J’entends souvent des enseignants évoquer la passivité de leurs élèves, l’absence de curiosité : mais comment peut-on s’étonner quand on n’a pas su ou pas pu s’émerveiller ? Plus inquiétant encore : l’émerveillement engendre l’étonnement, l’étonnement la contemplation. Le Sage et le Mystique ont une âme d’enfant. Aristote dit de l’acte de contemplation qu’il procure le bonheur suprême. Vision eudémoniste des choses, a-t-on dit. Peut-être. Mais pour le Philosophe, la contemplation de la Vérité par l’âme est de l’ordre du divin. Elle est le fait d’une sagesse qui renonce au sensible et qui s’attache à l’activité la plus parfaite : plus qu’une admiration esthétique, une participation intime de l’âme à l’essence même du Vrai, du Beau, du Bon, etc. Le sillon est tracé pour la mystique chrétienne, qui fera à son tour de la contemplation de l’Absolu, c’est-à-dire de Dieu, l’idéal et le sommet de toute vie chrétienne. Le moine est un contemplatif qui puise sa joie, son « enthousiasme » dans cette activité hautement spirituelle. Mais l’expérience esthétique, comme l’expérience spirituelle, sont interdites à quiconque n’a pas fait ce chemin de croissance. Là encore, le monde de ce temps ne favorise pas l’inspiration métaphysique pas plus que les vocations contemplatives. De l’émerveillement à la contemplation : c’est peut-être bien l’enjeu éducatif majeur pour notre temps, même et surtout si notre siècle lui tourne le dos. Former des veilleurs, susciter l’émerveillement du cœur, l’étonnement de l’esprit, le désir de contemplation de l’âme : peut-on penser autrement la mission de l’Enseignement Catholique ? Culture Les élèves ont la parole ! Alain Gérente, directeur des affaires culturelles Ou écrivent… Ils vont vous dire ce qu’ils vivent, ce qu’ils découvrent, leurs joies, leurs plaisirs, leur bonheur. Cette année a été riche en événements, en rencontres, en visites. Mais notre fierté, c’est lorsqu’un élève nous dit que pour la première fois, il est allé à l’Opéra ou dans un vrai théâtre ou qu’il a vu des œuvres qui l’étonnent. Passons, éveillons, échangeons ! OULICO ? (ouvroir de littérature contemporaine) Camille Martin-Peyre, élève de 2nde 3 5 Je sais bien qui vous êtes. Vous n’avez peut-être jamais lu par vous-même et vous souhaiteriez vous y mettre. Vous ne savez pas quoi lire. Vous en avez plus qu’assez des Harry Potter et autre Marc Lévy. Vous aimeriez élargir votre bibliothèque ou, tout simplement, comme moi, vous souhaitez juste passer un moment agréable, avec des gens agréables, autour de livres, dans un endroit agréable (que demander de plus ?). Je propose une solution, à vous, pauvres âmes en mal de lecture…et cette solution tient en trois syllabes : OULICO. Des précisions ? OUvroir de LIttérature COntemporaine. L’OULICO, c’est, plus simplement, un petit groupe de gens qui débattent, discutent, s’amusent autour de livres récents, plus ou moins connus, plus ou moins polémiques, mais qui créent toujours le dialogue, et qui parfois même déclenchent les passions. C’est la découverte d’une littérature à laquelle on ne pense pas toujours, mais qui, une fois apprivoisée, s’avère bien plus riche qu’elle ne le paraissait de prime abord. En entrant dans le cercle de l’OULICO, en début de septembre dernier, je croyais connaître la littérature contemporaine. Les quelques mois qui ont passé depuis ont suffi à me démontrer le contraire. La littérature que je connaissais n’était que la modeste partie émergée de l’iceberg, celle qu’on voit, parce que les médias, la pub et les grands diffuseurs ont envie qu’on la voit (« business is business »). Ce que j’appelais littérature contemporaine, c’était les livres « Coup de Cœur » et « Best-seller» de la FNAC. A présent j’ai découvert une littérature peut-être moins placée sous les feux de la rampe, mais qui bien souvent s’avère plus intéressante. Mauvignier, Nothomb, Sijie, Blanc, Roubaud, AutinGrenier, Sachar... Parmi ces noms jetés en vrac, certains que vous connaissez, des « airs connus », et puis d’autres un peu moins… Parmi ces noms, les auteurs de petites merveilles, de textes qui vous remuent les tripes (lisez certaines nouvelles de Pierre Autin-Grenier, comme Toute une vie bien ratée), qui vous emmènent ailleurs, dans l’espace ou dans le temps (Extrême-Fiction d’Emmanuel Blanc ou Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sinjie), des textes qui ont défilé devant nos yeux sans jamais se ressembler, des romans pour la jeunesse comme Le Passage de Louis Sachar, à la poésie contemporaine, en passant par la célébrissime Amélie Nothomb et ses Stupeurs et tremblements… Et ce n’est pas tout ! Car non seulement participer à l’OULICO, c’est partir à la découverte de nouveaux mondes, de nouvelles expériences, de nouveaux styles, mais c’est en plus de tout cela avoir le privilège, pour quelques heures durant, d’avoir pour soi « LA » salle des Chartreux, la seule et l’unique : la bibliothèque des Missionnaires. Et rien que pour cela, cela vaut le coup d’être « oulikien » ! En bref, l’OULICO, ce sont des élèves de seconde et de première, réunis dans la bibliothèque des Missionnaires à peu près tous les mois et demi, qui lisent, s’amusent et débattent ensemble. Bientôt, l’OULICO, ce sera aussi des rencontres avec des auteurs, puisque Jean-Luc Parant qui expose actuellement au MAC a accepté de venir nous rencontrer pour parler de son œuvre poétique et plastique. En fait, l’OULICO c’est un peu l’auberge espagnole. Chacun de vous y trouvera sa place, dans le partage, la découverte, la bonne humeur, et la lecture. Alors, rejoignez nous vite ! Que serait l’Institution des Chartreux sans le théâtre ? Clara Loubier, élève de 1ère L Christophe Januel, élève de 2nde 4 Certainement pas la même ! L’institution est un lieu privilégié pour s’ouvrir à la culture. En effet, de l’école primaire aux classes préparatoires, chaque élève est invité à participer à des troupes de théâtre et à devenir acteur de la vie culturelle des Chartreux. Dès le CE2, et jusqu’au CM2, Anne Kravz-Tarnawsky initie les jeunes enfants aux joies du théâtre. C’est pour eux un moment de détente et de travail (de deux heures). L’écoute a, dans le cours, une place primordiale. Ils travaillent sur Les Contes de notre temps d’après Jean de la Fontaine et seront sur scène à la fin de l’année. Au collège, les élèves sont répartis par groupes. Tout d’abord, la troupe de Mme Merle, qui s’occupe des élèves de 6ème et 5ème, travaillant sur la ConversationSinfonietta de Jean Tardieu, tout en étudiant l’aspect technique qu’exige la pièce. Au groupe de Mme Merle s’ajoute celui de Mlle Fillardet qui se prépare à entrer en scène. Maintenant, le temps manque pour les échauffements et toute l’attention se porte sur la pièce, 6 Culture L’Eau de vie, d’Olivier Py. Mlle Fillardet souhaite également organiser des « samedis heureux », dans le but de rendre les répétitions plus agréables. Mlle Rascle s’occupe du petit groupe de 4ème et 3ème. La pièce qu’ils ont choisi de jouer est difficile, Les Bâtisseurs d’empire ou le Schmurtz de Boris Vian, et le travail n’a pas été de tout repos. Ils ont dû discuter ensemble de la pièce, l’interpréter, pour pouvoir enfin la jouer. Nous ne pouvions pas oublier les Théâtreux des Chartreux qui continuent l'option théâtre. Etroitement liées, les deux troupes, celle des élèves de seconde et celle des élèves de première et terminale, travaillent le mercredi après-midi. Les élèves de seconde interpréteront Les Généreux d’Abdelkader Alloula à la fin du troisième trimestre. Le déroulement des séances est assez rigoureux : échauffement, italienne, répétition… Ils ne s’arrêtent jamais ! Mais faire du théâtre aux Chartreux implique aussi d’aller voir des pièces. Presque toutes les troupes se sont rendues au TJA, au TNP, au Théâtre de la Croix-Rousse, ou bien encore aux Célestins. Ils ont aussi incité leurs camarades, des professeurs et des parents à les accompagner. Le théâtre n’a pas d’âge… 7 Des soirées « théâtre » Alexandre Kemlin et Clément Nourrisson, élèves internes de 1ère S2 A la rentrée 2003, nombre d’entre nous, élèves des Chartreux, ont été agréablement surpris par les améliorations apportés à notre quotidien… Le domaine culturel, essentiel à notre épanouissement personnel, a tout particulièrement été favorisé ! Tous les élèves, et même les internes de l’Institution, pour leur plus grand bonheur, peuvent désormais assister à des représentations théâtrales de nature diverse. Ces sorties théâtrales organisées et encadrées par le directeur des affaires culturelles, M. Alain Gérente, ont un franc succès, notamment auprès des élèves de la série littéraire, des élèves de première, mais aussi des collégiens parmi lesquels se distinguent déjà des « rats » de bibliothèque. Nous ne pouvons parler des soirées théâtre sans évoquer leur convivialité. En effet, la bonne humeur et la camaraderie nous amènent à débattre sur l’objet réel de notre présence : notre commune passion pour le théâtre. Elle est différemment interprétée selon la personnalité de chacun, grâce aux diverses possibilités de compréhension qu’offre la représentation théâtrale. Cette initiative de la direction des affaires culturelles de l’Institution des Chartreux répond en tout cas à une véritable attente des élèves dans ce domaine. « Follow the scene, carry the dream ». Les secrets de la bibliothèque des Missionnaires (b.M.) Floriane Locatelli, élève de 2nde 1 En septembre dernier, la mise en place d’un atelier d’entretien du patrimoine de la bibliothèque des Missionnaires fut proposée à la classe de 2nde 1. Je me portai aussitôt volontaire avec enthousiasme. Pendant quatre années, j’avais tourné chaque soir la poignée de la porte de cette pièce dans l’espoir de la trouver ouverte, et la fascination éprouvée lors de ma première visite ne retombe pas ! Je venais de trouver un moyen « légal » d’accéder au sanctuaire. A mon grand étonnement, je n’étais pas le seul énergumène bibliophile. Une dizaine de mains se levèrent, la troupe des petits bibliothécaires était créée. Notre première réunion ne fut que découverte et émerveillement. Une semaine plus tard, la visite du conservateur du fonds ancien de la Bibliothèque de Lyon fut riche en conseils. Soulevant un nuage de poussière, nous nous attaquions, enfin, à notre première travée. Depuis, dépoussiérant avec précaution les parchemins, entretenant les cuirs, nous nous familiarisons peu à peu avec ces austères livres anciens. Coiffe, entre-nerf, ex-libris, incunables, reliures aux armes, papiers dominotés : ces termes ésotériques ne nous impressionnent plus. Cependant, les imposantes travées éveillent toujours en nous un respect admiratif. Nous travaillons actuellement à la préparation d’une exposition qui mettra en valeur les curiosités de la bibliothèque des Missionnaires. En ouvrant les portes de ce lieu fermé, c’est une approche bibliophile de l’objet textuel que nous souhaitons transmettre. Nous vous invitons par conséquent à venir découvrir le patrimoine livresque de l’Institution. L’atelier-patrimoine Chartreuse du Lys Saint Esprit Caroline Joannin, élève de 1ère L Vous qui êtes élèves, parents d’élèves ou professeurs aux Chartreux, vous êtes vous déjà interrogés sur ce qui fait la beauté et la valeur des lieux que vous fréquentez chaque jour ? Quelles origines, quels sens ont les bâtiments des Chartreux ? Ainsi, dans le cadre d’un atelier-patrimoine, nous allons tenter de répondre à ces questions. Sur proposition de M. Gérente et de notre professeur M. Bouteille, et avec l’aide de M. d’Ussel, nous avons 8 Culture donc commencé à dresser le plan de l’ancienne Chartreuse du Lys-Saint Esprit, et à retracer son évolution jusqu’à l’actuelle Institution des Chartreux. Il nous a fallu rapidement admettre notre incapacité à venir à bout d’une telle entreprise. Aussi, nous nous sommes fixé un nouvel objectif plus accessible, mais non des moindres : réaliser un montage qui présente – principalement sous forme de photos – les parties subsistantes de l’ancienne Chartreuse dans l’actuel établissement, ainsi que la signification et l’usage qu’elles ont et ont eu. Nous espérons pouvoir présenter ce travail à la fin de l’année. Enfin, un voyage à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon ou à la Grande Chartreuse est prévu au mois de juin pour confronter notre monastère à d’autres réalités cartusiennes. Que reste-t-il du bâtiment des domestiques ou vignerons de la Chartreuse du Lys St Esprit dans le bâtiment U de l'Institution des Chartreux ? (plan de 1791) 9 En partenariat avec la Villa Gillet, notre 4ème café littéraire Amos Oz, vue par Stéphanie Jansen, élève de TL Amos Oz. Un de ces noms qui jouent la musique que j’aime. Inévitable, la référence au magicien de L. Frank Baum se fait. Mais dans Oz, moi j’entends surtout « ose ». Et j’entends la musique d’un pays que j’aime, Israël. Alors forcément, quand en plus de cette magie du nom, je trouve le Connaître une femme de celui qui m’apparaîtra quelques jours plus tard dans la salle Hyvrier bondée, je ne résiste pas à l’insomnie qui m’appelle et je me lance à corps perdu dans le monde déchiré par le silence d’Amos Oz. Et vlan ! La claque. Joël Raviv ne vit pas, il espère. Il espère qu’un jour la Vie le prendra au cou, l’étouffera et lui dira « Je suis là ». Il court après sa vie, la recherchant tantôt avec fureur tantôt avec langueur, dans la retraite qu’il vient de prendre. Il travaillait pour les services secrets israéliens, jusqu’au jour où sa femme est morte, tuée par un accident brutal. Noga, sa fille, fait figure de fantôme qui, à l’image des jeunes que j’ai pu croiser en Israël, se nourrit de poésie kibboutzique, véritable ode à la jeunesse de cœur dans le socialisme juif. Elle a 17 ans. Elle est épileptique, tourmentée et passionnée. Déchirée aussi. Déchirée par le secret qui étouffe sa vie, celui d’un père absent, tout comme lui-même est déchiré par le silence qui a fini par faire de sa vie une parenthèse. Il est quatre heures du matin. Je referme le livre du magicien, et ça y est, je sais. Moi aussi je dors. L’insomnie n’est qu’un pénible leurre, assurément je dors. Depuis cette nuit d’angoisse presque métaphysique, moi aussi j’attends. Jusqu’au jour où je rencontre Rami Rimon, Frouma Issarov, Herbert Ségal et les autres qui vivent Ailleurs peut-être, et qui s’empressent de répandre sur mon angoisse un réconfortant voile de poésie marquée par le soleil brûlant et le vent qui emporte tout du désert du Golan ; une poésie qui chante. A tel point que moi aussi, je battrais bien la mesure, mais j’apprends que ceux qui le font expriment une sensibilité musicale factice et animale. Alors non. Et puis Noga Harcih me dit qu’il faut vivre cette vie qui m’habite. C’est peutêtre bien parce qu’elle aussi veut se sentir vivante qu’elle décide de faire de cet enfant qu’elle porte, à 17 ans, un homme, défrayant ainsi la médisance qui écrit Ailleurs peut-être. Ailleurs peut-être, la paix. Mais pas à Metsoudat-Ram. Chez Noga Harich, « la mélopée lancinante qui vient heurter nos fenêtres », c’est le chant des soldats et des mitrailleuses du Golan. Ailleurs peut-être, Amos Oz aurait pris la voix d’un de ses personnages, mais ici, à Metsoudat-Ram, il est le Mal qui ronge la société aux rouages trop bien huilés d’un kibboutz quelque part entre les collines d’Israël et les cèdres du Liban, la médisance. Celle-là même qui se délecte des larmes d’un père, des cauchemars d’un enfant et de la douleur du deuil d’une mère. Ailleurs peut-être, ceux qui savent « regarder droit dans les yeux du destin sans baisser le regard» seront sauvés. Mais ici, ils meurent. « Solitaire, elle est morte, et vous, dont la vie est vide, qui ne savez qu’être .Vous marchez sans bruit, empruntant ses pas ». Et vos pas suivent le chemin qui indique « Ailleurs ». Mais seulement un ailleurs peut-être, alors, lorsque Amos Oz vous quitte, c’est sur le chemin, et il vous enjoint de prendre des forces, de retenir votre souffle et de rêver cet ailleurs, pour s’en faire un horizon de plus en plus proche. En clair, sortez, osez quitter le peut-être d’une autoroute et partez sur les chemins parallèles qui vous mèneront… ailleurs. Le cercle des poètes retrouvés Frédéric Ducarme, élève de 1ère L « Donnons aux jeunes talents l’occasion de s’exprimer ! En leur accordant un espace d’expression, bien sûr ! » C’est dans ce but que l’atelier d’écriture des Chartreux a vu le jour pour la première fois cette année, avec la bénédiction de notre supérieur le Père Plessy et du directeur des affaires culturelles. J'étais en train de discuter littérature dans le bureau de M. Gérente lorsque l’idée d’un atelier d’écriture aux Chartreux germa dans nos esprits échauffés. Je venais d’évoquer l’atelier du théâtre de la Croix-Rousse (avec Thierry Renard de « l’Espace Pandora »), auquel j’avais apporté ma petite contribution. Une telle bonne idée ne pouvant continuer d’être absente des activités culturelles de la Maison impunément, Alain Gérente me désigna d’office - c’est sa manière de faire (et sans souci de mon accord) - animateur de l’animation. Cet atelier se tient un jeudi sur deux depuis le 10 avril 2003, de 17 à 18 heures, à la bibliothèque des Missionnaires, lieu chargé 10 Culture d’ans, de livres et de littérature… A l’issue de cet atelier, les meilleurs textes seront regroupés dans un livret édité et déposé… dans la bibliothèque des Missionnaires (b.M.). Mayeul Fournier, élève de 2nde 6 Frédéric Ducarme, élève de 1ère L Les jours se meurent La joie trépasse Des durs labeurs Ma vie se passe. Ambiance étrange d’une vieille gare en banlieue, d’une ville tentaculaire. Atmosphère étouffante au beau milieu de la nuit. La nuit n’en est d’ailleurs pas une : la voûte céleste est d’une couleur énigmatique, oscillant entre un rose sombre et un mauve surnaturel. Inquiétant. Au sol, la lumière blafarde des vieux réverbères projette des ombres étonnantes, presque vivantes, donnant l’impression désagréable de n’être pas seul. Ces lieux ont encore l’air d’être habités par quelque fantôme tapi dans l’obscurité. Sordide. Tout ici n’est que vétusté, rongé par la rouille. De vieilles carcasses de wagons saturées de graffitis tiennent encore debout par miracle et semblent ridées par 1’oxydation cramoisie et rugueuse qui écaille leur antique couleur réduite à l’état de traces. On ne sent aucune odeur et pourtant l’air lourd semble être empli de quelque chose d’étrange et d’étouffant, d’indéfinissable. Partout, la nature semble reprendre ses droits : de mauvaises herbes poussent entre les rails désaffectés et les ronces rampent le long des wagons. Le sol, parsemé d’immondices, est lui aussi d’une couleur impossible qui reluit parfois sous l’éclat éteint des ampoules fatiguées. Le lieu est désert et semble pourtant grouiller de vie entre les plaques de tôle et de bois méconnaissables. Cimetière des trains. 11 Une goutte d’espoir Il pleut. Il pleut. Quelle heure est-il ? Mon esprit dort Je suis tranquille C’est un trésor. Il pleut. Je me languis Je suis rec1u Ma belle vie Elle est perdue. Il pleut. C’est une pluie De l’intérieur Mon cœur ne rit Qu’après les pleurs. Il pleut. Vienne la pluie De mon sommeil Un espoir luit Mon arc-en-ciel. Il pleut... « Le cri de la louve » Jean Boutan et Lucie Vieillard, élèves de 2nde 6 Les élèves de 2nde 6 et 2 se sont rendus du 10 au 16 mars 2004 en Campanie… Montez le Vésuve ! A son pied s’exhument Herculanum, Pompéi, Ophontis et Pouzzoles. Plus loin sur le golfe de Naples, c’est le volcan de la solfatare, c’est le château aragonais de Baïes, c’est la sibylle de Cumes. Vers le Sud, Paestum et un morceau de grande Grèce, ces mêmes routes arpentées par Pline l’Ancien, Goethe et Napoléon. Début mars 2004, nous sommes venus et nous avons vu : la Méditerranée dormait sous notre hôtel, la nourriture était bonne - surtout les desserts. Ainsi la louve romaine nous a bien nourris. En 79 cependant, d’autres louves offraient elles aussi leurs mamelles à tous venants, ne vous déplaise… Revenons alors à Pompéi et écoutons, au hasard des rues, le chant douloureux des louves au clair de lune. Pompéi était, dans l’Antiquité, une cité de riche villégiature et un grand carrefour commercial. Elle se devait donc d’assouvir les besoins de ses habitants et visiteurs. C’est ainsi qu’aux nombreux « thermopolium » (lieu de restauration) et aux « cauponae » s’ajoutaient des établissements où l’on pouvait rencontrer des prostituées : les lupanars, également réputés pour leurs célèbres fresques érotiques qui attisaient l’imagination des clients. Le lupanar tire son appellation de la complainte de la louve, que reproduisaient les prostituées afin d’attirer le promeneur solitaire, d’où leur surnom de « lupae », les louves. Les murs du lupanar sont ornés de peintures érotiques très fines, qui décrivent les prestations offertes par les prostituées. Ainsi, on peut voir Priape qui, devant un figuier, tient les testicules d’un double phallus, ou encore les différentes étreintes possibles qu’Ovide a commentées dans son Ars Amatoria. Nombre de clients étaient étrangers et ne parlaient pas le latin. Ces fresques représentaient la manière idéale de commander un service. Désormais, elles sont conservées, pour une grande partie, dans le musée archéologique de Naples, dans la fameuse « pièce secrète », où sont également entreposés les accessoires indissociables au lupanar. Elles sont les reliques du principal talon d’Achille des Romains : le plaisir. Il était grand temps que le Vésuve se réveille ! Montez le Vésuve ! En bas, le soleil brille sur une ville dont le nostalgique délabrement est celui d’une capitale qui a perdu sa couronne, mais non pas l’auréole ; « Voir Naples et… Fort bien, merci, j’en viens », écrit Tristan Corbière. Nous revenons, de la poussière antique sur nos pieds. 12 Culture Les activités du CDI Bérengère Duréault, professeur - documentaliste 13 Quantité d’activités se déroulent au CDI : l’initiation à la recherche en 6ème, les IDD (itinéraires de découvertes) en 5ème et en 4ème, un soupçon d’ECJS (éducation civique, juridique et sociale) en classe de 2nde et les TPE (travaux personnels encadrés) en 1ère et en Terminale. En dehors de toutes ces activités, les documentalistes, avec le soutien du directeur des affaires culturelles et l’aide de plusieurs professeurs, organisent un certain nombre d’animations autour du livre et de la lecture. Tout d’abord, une « boîte à suggestions » et des thèmes définis par les programmes et l’actualité (partenariat avec la villa Gillet, année de la Chine…) permettent d’enrichir les collections. En 6ème, plusieurs PAC (projets d’action culturelle) organisés par des professeurs, avec le soutien technique des documentalistes, ont le livre pour thème ou pour support. Deux classes ont lancé un « défi-lecture » à une classe de l’Institution Chartreux - Sainte Famille de Saint Etienne. Ils ont lu en équipe une cinquantaine de livres, ont posé des questions aux autres lecteurs, ont corrigé les réponses de leurs camarades… Les livres proposés sont des romans, des documentaires et des bandes dessinées qui permettent de découvrir un large échantillon de la littérature de jeunesse actuelle. Les trois classes se rencontreront en juin 2004 pour une journée de jeux et de découvertes autour des livres étudiés pendant l’année. Cette rencontre se déroulera à Saint Etienne. Une classe travaille, avec l’aide de l’informatique, à la construction d’un livre. Une autre classe, avec le support de la revue Cosinus, découvre divers aspects des sciences. Une dernière classe travaille sur l’objet « livre », de l’écriture au produit fini que l’on trouve en librairie. Ils ont également découvert la bibliothèque des Missionnaires, le musée de l’imprimerie… et s’ apprêtent à recevoir Marie Desplechin. En 5ème, une quinzaine d’élèves se rassemblent toutes les cinq semaines en deux clubs de lecteurs pour parler entre eux de ce qu’ils ont lu, de ce qui leur a plu ou déplu dans tel ou tel livre… Les échanges sont parfois mouvementés. On parle des dernières acquisitions du CDI, des livres de la bibliothèque municipale, des nouveautés et des grands classiques. A partir de ces échanges, les élèves vont décerner leur coup de cœur de l’année et vont choisir un certain nombre de livres qui seront achetés par le CDI. Les élèves de ces clubs choisiront un livre pour le « défi-lecture » des élèves de 6ème de l’an prochain. Des élèves de 5ème, 4ème et 3ème se retrouvent avec des élèves d’autres établissements toutes les six semaines à la librairie A Pleine Page pour lire des romans de l’année 2003, sélectionnés par les libraires et les documentalistes. Les discussions sont très animées et permettent de décerner le Prix Mezzanine. En 2002-2003, le 1er Prix Mezzanine a été atribué à Omakayas de Louise Erdrich (édité à l’École des loisirs). Cette année encore, la compétition sera rude entre la dizaine de titres retenus. Le Prix est décerné dans le courant du mois de juin 2004. Un concours de la nouvelle policière a été par ailleurs proposé aux élèves de 4ème et de 3ème. Le thème : « Le Père Plessy, a disparu ». Un jury composé d’élèves, de parents d’élèves, de professeurs, et présidé par le Père Plessy décernera un 1er prix de la nouvelle policière au mois de mai 2004. Le manuscrit gagnant sera illustré par un artiste et édité. Deux classes de 3ème forment une bibliothèque tournante. Les élèves doivent, en équipe, présenter une quinzaine de livres. Après cette présentation, ils déterminent leur livre favori. En 2002-2003, deux livres se sont distingués très largement : Et si c’était vrai… de Marc Lévy et Les Fourmis de Bernard Werber. Au cours de la Semaine de la Presse et des Médias dans l’Ecole, des élèves des deux classes de 3ème ont rencontré Françoise Verger et son mari pour découvrir le métier de journaliste. Plusieurs projets trouvent leur place dans le cadre du lycée, dont l’OULICO (ouvroir de littérature contemporaine). Ses membres se rassemblent une fois par mois à la bibliothèque des Missionnaires pour explorer la littérature contemporaine. Ils rencontreront en juin 2004 Jean-Luc Parant, poète, et Antoine Mouton pour son premier livre au nord tes parents. Une dizaine d’élèves de 2nde ont entrepris de nettoyer et de mettre en valeur les livres de la bibliothèque des Missionnaires. Ils préparent une exposition sur l’histoire du livre et les différentes parties qui le composent. Grâce à leur travail, leur engagement et leur persévérance, la bibliothèque est aujourd’hui utilisée pour un nombre croissant de projets et de rencontres diverses. Dernière nouvelle : c'est Aurélie de Foresta qui est la lauréate du prix de la nouvelle policière, par 8 voix sur 16 dès le premier tour. Un professeur – une passion Aux 4 coins (+2) de l’Hexagone Exposition de photographies de Gonzague de Sallmard du 22 avril au 28 mai 2004 Alain Gérente, directeur des affaires culturelles « Un professeur - une passion. » Une France tranquille… Mais étrangement peu animée ! On y cherche en vain une présence : des enfants au bord d’une plage, à peine suggérés, un pêcheur qui nous tourne le dos. 14 Culture Toutefois, des 4 (+2) coins de l’Hexagone surgit une France assez inquiétante : trop calme, vide, avec des ciels lourds de menaces, ou au contraire trop pleine, avec des couleurs saturées, tentante ! C’est aussi une France de la ruralité : avec ses châteaux, ses pigeonniers, ses chevaux, une France qui passe et que l’objectif fixe avant sa disparition. C’est surtout une France mythique, rêvée, voire idéalisée. Les photographies deviennent des tableaux, c’est la ronde des provinces : « Le petit chemin qui sent la noisette… » Gonzague de Sallmard enseigne les sciences économiques et sociales à l’Institution des Chartreux et dans un autre établissement scolaire de Lyon. Avant d’être professeur, il a eu une carrière dans la banque et, lorsqu’il était dans la Drôme, a représenté le journal Ouest France. C’est à ce titre qu’il a collaboré à un ouvrage, La Drôme, en l’illustrant par ses photographies. Par ailleurs, l’exposition actuellement à la b.M (bibliothèque des Missionnaires de la Maison des Chartreux) a été montrée au Conseil Général de la Drôme. Merci à Gonzague de Sallmard d’inaugurer cette série. 15 «au nord tes parents» d'Antoine Mouton Nous empruntons à une revue amie un article de Jules de Saint Polycarpe, consacré au premier ouvrage d’un de nos anciens, sorti des Chartreux en 19971998, «au nord tes parents» d’Antoine Mouton, né en 1981. Il rencontrera nos élèves fervents de littérature à la b.M. en juin Le premier ouvrage d’Antoine Mouton au nord tes parents publié à La dragonne, même si la plaquette est mince (39 pages qui se lisent en moins d’une heure) bouleverse par la densité – le dru des mots, mais aussi par la saturation – le narrateur ne s’égare jamais dans l’anecdote. Et pourtant, nous sommes dans un topos bien connu de la littérature du siècle passé : le road-movie. Un trio (le père, le mère et leur fils) roule vers le nord dans une voiture-domicile. Mais quel est ce nord, pourquoi cette destination mystérieuse ? Le fils, en une sorte de monologue intérieur, s’adresse à la mère disparue et reconstitue l’errance sur le ton de la profération, voire de l’imprécation, toujours dans la ferveur douloureuse. Peu ou pas de ponctuation, ce qui autorise un montage « cut », une mise en page verticale proche du verset qui, lorsqu’il se répand, devient poème en prose. Souvent le texte déborde, explose, coule, envahit : ébranlement assuré pour le lecteur. C’est un très beau texte, touchant, une incantation adressée à une mère. Histoire Un cardinal aux Chartreux Bruno Martin, supérieur de la Maison des Chartreux Vers le milieu de 1802 on apprit qu’en application des dispositions du Concordat solennellement ratifié à Pâques de cette même année, le Premier Consul Bonaparte avait désigné pour le siège archiépiscopal de Lyon son propre oncle – le demi-frère de sa mère, Joseph Fesch. Celui-ci, à trente-sept ans, commençait une troisième vie : archidiacre d’Ajaccio avant la tourmente révolutionnaire, il avait ensuite quitté l’état ecclésiastique pour suivre la fortune de son neveu, au moment des guerres d’Italie. En 1802, déjà retiré de ses fonctions de fournisseur aux armées, il vivait en riche amateur, collectionneur de tableaux, en compagnie de sa sœur, dans un hôtel particulier qu’il s’était fait construire à Paris, rue du Mont Blanc (l’actuel quartier de la gare Saint-Lazare). C’est là qu’était venu le chercher la nomination du Premier Consul. Une retraite sous la direction du Supérieur de Saint-Sulpice, M. Emery, le réconcilia avec l’Eglise et l’ancra fortement dans ses nouveaux devoirs : Joseph Fesch ne songerait plus désormais qu’au bien de son diocèse. Cela ne signifiait pas renoncer à tout. Joseph Fesch gardait son luxueux hôtel de la rue du Mont Blanc comme pied-à-terre parisien ; et en attendant son départ pour Lyon, il faisait préparer, chez les meilleurs faiseurs, tout ce dont il avait besoin pour son train de maison : linge, vaisselle – quinze douzaines d’assiettes de Sèvres – plus orfèvrerie et argenterie, fournies par Ravrio ou Biennais. Sans compter les bagages ordinaires, ce sont 38 énormes caisses d’ustensiles divers qui furent convoyées à Lyon, le 14 frimaire an XI (4 décembre 1802). Mais où allait loger le nouvel archevêque ? Les anciens bâtiments de l’archevêché, attenants à la Primatiale, avaient été vendus comme bien national en 1794 ; la municipalité en louait une partie aux nouveaux propriétaires pour abriter le Tribunal Correctionnel, et le reste était dans un tel état de délabrement que lorsque Mgr de Mérinville était venu assurer l’administration du diocèse en attendant l’arrivée de Joseph Fesch, il avait fallu le loger place Bellecour, à l’Hôtel de l’Europe. Le préfet, M. Bureau de Puzy, avait entre temps fait le nécessaire pour meubler au mieux les pièces dévastées ; un inventaire du temps mentionne « un bureau à cylindre en bois acajou », « 48 fauteuils en noyer vernis bronze » et « un lit à la polonaise à cintre droit avec ornements et étoiles dorées ». Cependant, lorsque dans la nuit du 4 au 5 décembre 1802 Mgr Fesch fit son entrée dans son archevêché, l’amour-propre du prélat ne pouvait que souffrir de la médiocrité des locaux qui lui étaient attribués, et dont il n’était que locataire. Des quais alors encore fangeux de la Saône, Mgr Fesch 16 Culture 17 jeta-t-il déjà un regard en direction de l’imposant bâtiment des ci-devant Chartreux ? C’est probable. Mais le projet devait mettre encore longtemps avant d’aboutir. D’abord, parce que de rapides honneurs enlevèrent trop vite l’archevêque à ses diocésains. Deux mois après son arrivée, il recevait la barrette de cardinal ; le Premier Consul l’appelait à être son ambassadeur auprès du Saint-Siège, en attendant, après les négociations du Sacre, de devenir également Grand-Aumônier de la nouvelle Cour impériale. C’est dire qu’on ne revit plus le cardinal à Lyon que pour de très brefs séjours. Et pourtant, à Paris ou à Rome, l’achat des Chartreux continuait à le préoccuper. Dès août 1805, il fit acheter par son vicaire général, M. Courbon, une cellule et ses dépendances ; il revint à la charge en décembre, se disant prêt à acheter « la maison carrée et la vigne des Chartreux ». En février 1806, le cardinal précisait ses vues, toujours à l’adresse du même correspondant : « Mon projet est vaste. C’est une maison de missions intérieures, avec un séminaire ou noviciat…Dans cette maison, on établirait en outre une retraite de prêtres qui voudraient y finir leurs jours dans l’étude des Saintes Ecritures et de la Tradition et qui se décideraient à s’occuper uniquement des sciences ecclésiastiques. Nous n’avons plus ni Bénédictins, ni cloîtres, et où en sera l’Eglise de France, si l’on néglige les études susdites ?…A cet effet, non seulement la maison carrée, mais encore tout le cloître doit nous appartenir, avec les enclos et dépendances des anciens Chartreux. J’ai beaucoup de courage, ayez-en autant et allez de l’avant. Je crois vous en avoir assez dit. J’attends de vous les résultats. » Le cardinal ne disposait pas encore des locaux, mais il avait déjà l’homme : un prêtre de Bordeaux, M. Rauzan, venu prêcher à la Primatiale, et que M. Courbon avait sollicité pour être l’âme d’une première fondation, qui prit le nom de Un cardinal et son domestique (gravure, début XIXe) Missionnaires de France. Ce premier groupe de quelques prêtres s’établit dans le long bâtiment de deux étages qui abrite, au rez-de-chaussée, l’ancien réfectoire des moines et la salle capitulaire (chapelle des retraites). C’est que la « maison carrée » était alors louée à une certaine demoiselle Reynaud, qui y tenait… un pensionnat de jeunes filles, voisinage dont se plaignaient fort nos pieux missionnaires. La fondation de M. Rauzan n’eut d’ailleurs qu’une existence éphémère, puisque le décret impérial de 1809 interdisant toutes les congrégations religieuses la supprima. Mais le cardinal n’avait pas renoncé ; le 15 octobre 1810, il achetait enfin au sieur François Perret, marchand orfèvre et capucin défroqué, l’ancienne hôtellerie et ses terrasses. Le cardinal avait fait offre à 80 000 francs ; Perret en demandait 100 000, et il les obtint. Dès le lendemain de l’achat, le cardinal enjoignait son secrétaire, M. Allibert, de faire transformer l’ancienne vigne et le verger des Chartreux en jardin à l’anglaise, et de planter de marronniers – déjà – la grande allée le long de l’église. Le zèle de M. Allibert eut à s’exercer aussi à l’intérieur : cheminées de marbre d’Italie, tableaux de prix tirés des vastes collections du cardinal… Lorsque ce dernier, après la dissolution du « Concile » de Paris, fut renvoyé dans son diocèse (mars 1812), la demeure qu’il trouvait était cette fois digne d’un archevêque. Où logeait le cardinal ? Au premier étage, comme on l’a écrit, ou plutôt dans les vastes salons du rez-de-chaussée, où se trouvent les plus belles cheminées, et dont les volumes étaient plus conformes à sa dignité ? Et résida-t-il vraiment tant que cela aux Chartreux ? Entre mars 1812 et septembre 1813, le cardinal Fesch fit plusieurs visites pastorales et tournées de confirmation, dans les Monts du Lyonnais, en Bugey, en Beaujolais ; et sa santé – ou un ordre impérial – le consigna « aux eaux » à Aix-les-Bains, en compagnie de Madame Mère, en juillet – août 1812. Nous ne sommes vraiment sûrs que du séjour qu’il fit dans la maison du 17 juin au 25 août 1813. C’est même dans l’église Saint-Bruno que Son Eminence fit alors une ordination nombreuse, le 2 août 1813, qui fut sans doute la seule. Mais le cardinal était si attaché à une maison qu’il avait achetée de ses deniers, arrangée et meublée à son goût, que sa figure y reste liée, malgré la brièveté du séjour réel. La légende de la maison évoque le cardinal allant et venant sur la terrasse, suivi d’un domestique portant une très visible ombrelle rouge. La scène est très vraisemblable, et moins originale qu’il n’y paraît, ladite ombrelle étant, en ce tempslà, de stricte étiquette pour les cardinaux. Quelques mois plus tard, c’est sans ombrelle et sous un déguisement que le cardinal s’enfuyait de Pradines, menacé par un corps avancé des troupes autrichiennes (11 février 1814). C’en était fini de Lyon, que le cardinal quittait le 27 avril pour le chemin de l’exil, à Rome, jusqu’à sa mort en 1839 – si l’on excepte un bref passage, pendant les Cent-Jours, en mai 1815. Paradoxalement, c’est l’éloignement du cardinal de « sa » maison des Chartreux qui permit au projet qu’il exposait dès 1806 à M. Courbon de prendre corps. D’éphémère résidence cardinalice, l’ancienne chartreuse allait bien devenir une maison de missionnaires et d’éducateurs. Mais il y faudrait encore quelques années. (A suivre) 18 Histoire L’orgue aux Chartreux, une histoire partagée avec amours et délices Alain di Folco, membre de l’association des amis de l’orgue Le grand-orgue du Père Blanchon (1948) Dès 1946, l’abbé Jean Blanchon, qui exerce les fonctions de maître de chapelle et d’organiste, juge nécessaire la restauration et l’agrandissement de l’orgue. Deux devis sont présentés : l’un des établissements Michel-Merklin et Kuhn, l’autre du facteur Edouard Ruche. C’est ce dernier qui sera retenu sur les conseils de M. Adrien Rougier, organiste de SaintPothin. Les modifications sont importantes. Tout d’abord, les claviers passent de 54 notes (do à fa) à 61 notes (do à do) et, comme c’est la mode à l’époque, La console 19 les sommiers du 2ème clavier (Récit) comportent 68 notes, ce qui permet de jouer à l’octave aiguë. Le pédalier, qui n’avait que 27 notes (do à ré), est porté à 32 notes (do à sol). Au premier clavier, le jeu de gambe cède la place à une flûte harmonique (jeu neuf) et la flûte octaviante de 4’ à un prestant. Au second clavier, on aura les flûtes harmoniques de 8’ et de 4’ et un cornet complet : un 2’ et la tierce de 1’3/5 s’ajoutent au nazard existant. Un basson de 16’ complètera le chœur des anches comptant déjà la trompette et le hautbois. Le clavier de pédale s’enrichit d’un second jeu de 16’, le bourdon 16’ du grand-orgue sera transmis en 16’, 8’ et 4’, ainsi que le basson 16’ du récit en 16’, 8’ et 4’ lui aussi. La plus grosse modification sera l’installation de transmissions électropneumatiques pour les sommiers anciens et nouveaux. Ce système permet une quantité de tirasses en 8’ et 4’, d’appels d’anches et mixtures, accouplements Récit/GO en 16’, 8’ et 4’, ainsi que Récit en 16’ et 4’. Pendant 40 ans, l’orgue va assurer un très grand nombre de services : messes des élèves, mariages et concerts de la chorale des Chartreux. Le Père Blanchon, le Père Achard et Maître Chavrier tiennent les claviers de façon régulière. Cependant, le système de commandes adopté lors de l’agrandissement ne donne satisfaction que de façon imparfaite. Sa complexité et la technologie d’époque des matériaux utilisés (membranes, électroaimants, appareils électriques… ) nécessitent des interventions fréquentes du facteur d’orgue. En outre, les deux buffets sont pleins à craquer, la tuyauterie est très difficilement accessible, ce qui oblige le technicien à jouer la femme-serpent et à ôter quelques tuyaux de façade pour accéder à l’endroit défaillant. Le chauffage de la chapelle est souvent trop élevé et la tribune se trouve à une température caniculaire, si l’on a oublié de baisser le thermostat ! Sommiers et membranes en cuir se dessèchent : on a des notes muettes ou qui cornent ! M. Charles Meslé, qui assure l’entretien depuis 1941, est obligé, été comme hiver, de maintenir des bassines Les tuyaux du grand orgue (1er clavier) d’eau dans les buffets pour que l’hygrométrie soit régulière ! Néanmoins, en 1991, lorsque l’Inventaire des orgues de Lyon paraît, l’état de l’orgue de la chapelle des Chartreux est jugé bon. Il est vrai que la présence fréquente du facteur d’orgues à son chevet y contribue. Une reconstruction aurait été utile, mais elle n’est pas évoquée. L’instrument remplit toujours son rôle à l’office, mais les concerts n’existent plus, la chorale s’est essoufflée et seuls « Prélude, fugue et variation » de César Franck ou le « Carillon » de Louis Vierne maintiennent la tradition de l’orgue dans le sanctuaire. L’incendie criminel de 1992 mettra fin à la carrière des premiers orgues des Chartreux. Un buffet sera détruit, quantité de tuyaux brûlés ou fondus, le reste sali et enfumé. MM. Georges Valentin et René Micolle, qui ont en charge l’entretien de l’instrument, débarrassent la tribune « à la pelle ». C’est un bien triste moment, mais l’orgue renaîtra de ses cendres, une fois la chapelle restaurée. Ce sera chose faite en 1994 : près de 2 millions de francs seront nécessaires. Les tuyaux du positif (2ème clavier) Le carnet et la boîte expressive du récit (3ème clavier) 20 Association des Anciens Élèves Entretien avec… Charles André (promo 1947) Rodolphe Voiron, président de l’Association des Anciens Élèves Durant quelles années avez-vous été élève à l'Institution des Chartreux ? En 1942, mon père, fonctionnaire dans l’administration des finances, quittait son poste à Autun pour être nommé à Lyon. Je quittais l’Institution Saint Lazare (Petit Séminaire) à Autun pour l’Institution des Chartreux à Lyon. D’une discipline quasimonacale, je passais à une ambiance faite d’autorité et de liberté. Et de la 4ème à la « rhéto », je fus un élève plus intéressé par les lettres que par les maths… Quels professeurs vous ont le plus marqué ? Parmi les prêtres que j’ai rencontrés aux Chartreux - la majorité du corps professoral était alors composée de prêtres -, deux ont particulièrement influé sur ma vie d’adolescent : le Père Buttin et le Père Chaumette. Le Père Buttin, alors directeur spirituel, sut m’entourer d’une véritable affection, lorsqu’à l’âge de 17 ans, je perdis brutalement mon père. Ce lien très fort qui m’unissait à lui s’exprima tout au long de ma vie (célébration de mon mariage, il y a 53 ans, mariage de mes enfants…), jusqu’à la veille de sa mort où j’étais allé, comme 21 souvent, lui rendre visite avant une réunion du Conseil de l’Association des Anciens Elèves, dont j’étais à l’époque le président. Le Père Chaumette, lui, me fit partager sa passion de la littérature et les secrets de l’écriture. J’étais, en français, un bon élève et j’appréciais les moments où, au milieu du cours, il me demandait, ainsi qu’à deux ou trois autres copains, comédiens en herbe, d’interpréter quelques rôles de Corneille, de Racine ou de Molière. Cela se traduisit d’ailleurs par la création d’une troupe théâtrale qui remporta quelques beaux succès auprès d’un public (familial) facilement enthousiaste ! Après vos études aux Chartreux, qu’avez-vous fait ? Quelques années de droit et de notariat, et le hasard, m’ont conduit au siège du Crédit Agricole du Sud-Est, modeste établissement bancaire alors, où, durant 32 années, j’ai occupé successivement les fonctions de chef de service, directeur d’agence et directeur à la direction générale. Période exaltante d’expansion continue qui a métamorphosé le Crédit Agricole en un établissement au top niveau national et international. On m’a d’ailleurs demandé d’écrire un ouvrage sur les origines et le développement du Crédit Agricole, paru, il y a une dizaine d’années, sous le titre « La Banque des Quatre Saisons ». Après une vie professionnelle bien remplie, comment avez-vous mené une deuxième et une troisième vies bien remplies également ? Pour diverses raisons, j’ai quitté mes fonctions au Crédit Agricole en 1983, 4 ans avant l’âge de la retraite. Je venais d’être élu maire de Messimy, dans le Rhône, et je voulais consacrer les dernières années de ma vie à l’écriture. Maire, je le fus 12 ans et, en 1995, en raison de mon âge (67 ans), j’estimais ne pas devoir briguer un 3ème mandat. A la grande surprise de beaucoup ! Mandat d’élu passionnant que celui de maire d’un village dans l’Ouest lyonnais. Avec quelques maires amis, je fondais en 1988 l’Union des Maires ruraux du Rhône. Et l’écriture ? C’est souvent à l’âge (trop) mûr qu’on réalise ses rêves de jeunesse. Aux Chartreux, j’avais découvert non seulement les richesses de la littérature, mais aussi la passion du théâtre. Vocation de comédien soutenue par le Père Buttin, mais refusée par ma famille. Ayant écrit des textes dits poétiques durant toute ma vie, je décidais, en quittant mes activités professionnelles, de tenter d’être édité. En 1984, un éditeur bruxellois, André de Rache, acceptait le risque, et mon premier recueil de poèmes paraissait : « Poèmes de toutes les couleurs ». Depuis lors, durant ces vingt dernières années, ont été édités six recueils de poèmes, deux essais, un roman, un CD « Poésie et Musique » avec le concours d’un comédien et d’une pianiste remarquables. Enfin, il y a trois ans, j’ai écrit une pièce de théâtre (la première) « Ultime dialogue » qui a été jouée avec succès, durant cinq semaines, dans un théâtre à Genève, et qui doit être jouée sur une scène parisienne. Etrange sentiment de plénitude qui vous envahit lorsqu’on découvre, sur scène, des personnages que l’on a créés et qui vivent une vie que l’on a imaginée ! L’œuvre de création réserve à son auteur une impression d’euphorie singulière. La formation reçue aux Chartreux at-elle influencée votre vie ? Oui, certainement. L’éducation reçue, basée sur une large ouverture d’esprit, le respect de toutes opinions - même et surtout celles qu’on ne partage pas -, la curiosité intellectuelle, l’approfondissement d’une foi vivante et généreuse, a, je crois, discrètement et presque à mon insu, façonné ma personnalité. Que pensez-vous de la jeunesse d’aujourd’hui ? Dans l’ensemble, la jeunesse actuelle a l’ambition, l’enthousiasme, la tête remplie de projets, comme nous en avons connus à notre époque. Certes la communication entre grands-parents et petits-enfants n’est pas toujours très facile, mais il faut y introduire amour et compréhension. Il existe d’évidence une autre jeunesse vis-à-vis de laquelle on est décontenancé et à propos de laquelle on pourrait gloser longuement… 22 Association des Anciens Élèves Monseigneur Gabriel Matagrin (1919–2004) Témoignage d’un ancien Yves Berger (promotion 1947) 23 « Monseigneur Matagrin ? Ah! c’est l’évêque rouge ! ». Que de fois ai-je entendu cette exclamation irréfléchie de certains qui ne l’avaient, la plupart du temps, jamais approché, en tout cas jamais réellement connu. Au moment d’évoquer brièvement sa mémoire, je veux, en évitant une hagiographie complaisante, rappeler la riche personnalité de celui qui revendiquait de n’avoir jamais lutté que pour une révolution spirituelle. C’est à la rentrée de 1945 que le Père Matagrin m’est apparu pour la première fois. Jeune prêtre, ordonné par le Cardinal Gerlier en avril à Fourvière, il venait d’être nommé par lui aux Chartreux alors qu’en fait il avait formé le souhait d’être… vicaire d’une paroisse en milieu rural. Il devait assurer les fonctions de surveillant et de préfet de la division des grands (seconde, rhéto, philo-maths) en équipe avec le Père Permezel - tout en préparant une licence de philosophie aux facultés catholiques. Dans ces fonctions, il avait un contact quotidien avec tous les élèves de la division. Ce contact allait bien évidemment au-delà de la stricte application de la discipline. J’ai le souvenir précis de cette véritable liturgie des rangs qui réglaient nos déplacements à l’intérieur de la maison à la fin des classes et qui s’effectuaient, à cette époque, même pour les grands, dans un silence total difficilement établi. Les récréations et cent autres moments permettaient cependant des échanges qui m’ont permis d’autant plus de l’approcher que je participais déjà, sous sa houlette, à la JEC, et plus tard, en philo, à la conférence Saint Vincent de Paul. Mais, ce n’est qu’au moment où le Père Buttin est devenu supérieur de l’Institution et que le Père Matagrin l’a remplacé comme directeur spirituel que nous l’avons tous mieux découvert. A part quelques exceptions notoires avec le Père Amiet ou le Père Guinand, l’instruction religieuse au collège était assez traditionnelle, ayant à la base l’ouvrage certainement excellent mais un peu ingrat du Chanoine Boulanger. Toutes proportions gardées, l’arrivée du Père Matagrin pourrait évoquer le phénomène évoqué dans le film Le Cercle des poètes disparus. Très vite, en effet, le Père Matagrin nous a fait découvrir le renouveau biblique en nous proposant un réel engagement, sans négliger les réalités économiques et sociales. Il savait exprimer une rude exigence. Je me souviens de notre retraite de fin d’études au Chatelard, malheureusement prêchée par un père jésuite un peu dépassé par les potaches remuants que nous étions alors, qui avait amené le Père Matagrin à nous affronter avec vigueur pour nous ramener à l’ordre. Sorti des Chartreux, alors en fac de droit, j’ai continué à le rencontrer régulièrement, pratiquement jusqu’à son départ de l’institution en 1954. Un bref passage comme surveillant pendant un trimestre m’avait permis de mieux connaître la vie interne des Chartreux et les problèmes qu’une communauté génère obligatoirement. Il m’a demandé assez souvent de participer à l’animation des centres d’études qu’il suscitait pour aider les élèves à réfléchir sur le monde qui les entourait et sur la nécessité d’un engagement chrétien. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai rencontré Georges Babolat, de loin mon cadet, auquel me lie une amitié fidèle depuis cette lointaine époque. Je crois que le Père Matagrin a eu pendant ces dix années aux Chartreux un impact déterminant pour les générations des petits et grands dont il avait la charge en qualité de directeur spirituel. Tous ont en mémoire son sourire accueillant, son attention sympathique, sa voix chaleureuse, sa curiosité intellectuelle insatiable qui l’entraînait en toutes les directions. Les hasards de la vie ont fait qu’au-delà des Chartreux, nous n’avons jamais perdu le contact. En effet, nos chemins, absolument divergents, se sont cependant régulièrement croisés. Il a collaboré à temps plein à la chronique sociale avec Joseph Folliet, dont je suivais les cours à la faculté catholique. Il rencontrait Emma Gounot et Claude Bernardin dont j’étais devenu le confrère, le Père Varillon, Jean Lacroix et tant d’autres dont certains sont devenus des amis. A une époque, j’allais régulièrement au centre de Sacuny Brignais, et souvent, je crapahutais avec des amis étudiants à la tête de groupes de « sauvageons ». Lors de l’un de ces périples, il nous accueillit dans la propriété de sa famille à Saint Laurent de Chamousset, particulièrement attentif à ces jeunes défavorisés. Il savait bien entendu les défenses que j’assurais comme jeune avocat, et je crois qu’il était sensible à l’engagement qui était le nôtre dans une incompréhension dont il avait l’expérience. Bien plus tard, alors que nous escaladions ensemble en direction du Pic Coolidge, Hubert Dubedout, alors député-maire de Grenoble, m’a confié l’estime et l’affection qu’il avait pour son évêque et pour son travail dans le diocèse dont il était témoin. Et puis, un jour, le secrétaire de la mairie de Saint Didier au Mont d’Or m’a appris que Monseigneur Matagrin venait de prendre sa retraite 24 Association des Anciens Élèves 25 chez les sœurs Saint Charles. Après tant d’années, nous nous retrouvions dans cette agréable commune dont j’étais devenu le maire. Il s’agissait d’ailleurs pour lui d’une retraite très particulière, car il déployait une intense activité, donnant des cours à la faculté catholique, des récollections, des conférences, rédigeant articles et rapports, toujours disponible pour de multiples rencontres. A la grande satisfaction du Père Feyeux, curé de la paroisse, il participait activement à ses activités, célébrant bien souvent la messe du Dimanche. A la grande satisfaction du maire de la commune, il participait aussi aux cérémonies traditionnelles et à certaines autres manifestations. J’étais heureux de sa présence et des moments, malheureusement rares, où nous avons pu nous retrouver pour échanger. Ayant pris à mon tour ma retraite, je me suis exilé à temps presque complet en Provence. Et c’est là que j’ai découvert le livre qui venait d’être édité : Gabriel Matagrin, Le Chêne et la futaie, une Église avec les hommes de ce temps. Bien entendu j’ai lu avec grand intérêt cet ouvrage qui apporte des indications précieuses sur les événements de notre temps, notamment sur le Concile de Vatican II, et qui permet de découvrir la vraie personnalité de son auteur. J’ai immédiatement écrit au Père Matagrin pour lui exprimer l’intérêt que j’avais pris à le retrouver ainsi. Je lui ai fait l’affectueux reproche d’avoir été sévère et même injuste à l'égard des Chartreux. Je lui disais que si le collège n’avait sans doute jamais été à l’extrême pointe de l’évolution, il n’en restait pas moins qu’objectivement il fallait le créditer d’un libéralisme assez rare. J’en étais le vivant témoignage car, au moment où je sentais quelquefois le fagot, j’avais toujours reçu un accueil sans réticences. Il m’a répondu que j’étais le premier à réagir à son ouvrage et qu’il était heureux de l’intérêt que je lui manifestais. A propos des Chartreux, tout en me confirmant, en les expliquant, ses réactions, il en atténuait la portée, admettant une partie de mon point de vue. Je crois, en fait, qu’il avait affectivement souffert du désintérêt indiscutable que l’ensemble du collège, professeurs et élèves, avait eu vis-à-vis de l’action du Père Couturier pour lequel, à très juste titre, il avait admiration et grand attachement. Le proverbe chinois dont il se réclame en tête de son ouvrage traduit bien ses intentions : « Il faut prêter moins d’attention au fracas des chênes qu’on abat qu’à la lente et silencieuse montée de la futaie ». Le mieux est de citer un extrait d’une de ses premières lettres pastorales en 1971 : « Je viens de parler d’institutions nouvelles à mettre en place. C’est nécessaire pour que l’Eglise soit davantage présente aux réalités d’aujourd’hui. Mais, je l’ai maintes fois rappelé, l’essentiel est d’un autre ordre ; il s’agit moins de réformer les institutions que de faire surgir des sources. ». Et il répètera « Il faut découvrir les sources qui jaillissent et en faire jaillir de nouvelles ». Tant aux Chartreux qu’en son automne à Saint Didier, il a été ce découvreur inlassable. Actualités In memoriam : Père Jean Mey (1920-2004) Bruno Martin, supérieur de la Maison des Chartreux Lorsque jeune supérieur de la Maison des Chartreux, j’ai pénétré pour la première fois dans la chambre du Père Mey, ce qui m’a le plus frappé ne fut pas l’inextricable entassement de livres et de revues – décor familier de tant de chambres, bureaux des prêtres professeurs de mon enfance, ni même les cordes et le piolet de montagne à côté du crucifix – il y a eu, là aussi, toute une génération de prêtres montagnards. Non. Mais dans un recoin, que le Père Mey voyait de son bureau, un cadre aux photos jaunies. Trois visages de jeunes enfants. Et une coupure de journal : « Sixt (HauteSavoie), 28 août 1930. Quatre enfants d’une colonie scolaire font une chute de soixante mètres. Trois morts. Un blessé. » Les photos étaient, bien sûr, celles des victimes. Louis Vérité, 16 ans. Claude Bouchard, 13 ans. Lucien Desgeorges, 9 ans. Le blessé était Jean Mey. Deux autres photographies, non loin. Un jour de l’été 1943, devant la stèle du pont du Giffre, sur les lieux de l’accident. Un autel de campagne, quelques ecclésiastiques – on reconnaît de dos, camail, rochet, Mgr Bornet. Un jeune prêtre célébrant une de ses toutes premières messes. C’est Jean Mey. Comment marquer avec plus d’évidence la relation qu’il y avait entre le petit garçon, sauvé miraculeusement et, treize ans plus tard, l’aboutissement d’une vocation sacerdotale. Qui pouvait, mieux que Jean Mey, comprendre les paroles des psaumes, lorsqu’elles invitent celui que le Seigneur a arraché « des griffes de la mort, de l’abîme et du gouffre » à chanter sa reconnaissance ? « Que rendrai-je pour tes biens, Dieu qui m’a fait grâce ? J’offrirai devant ta face l’œuvre de tes mains. » Tout est sorti, d’une certaine manière, du ravin du Giffre. Tout s’est joué en ce jour, et la vocation sacerdotale, et la manière dont elle s’est exprimée, comme enseignant, éducateur, infatigable aumônier de camps scouts et de camps de montagne. Mais aussi, comme une inguérissable blessure, capable de tarauder toute une vie – pourquoi eux et pas moi ? Blessure toujours ouverte, sensibilité mise à telle épreuve qu’elle expliquait aussi bien les trésors de compréhension et de délicatesse dont pouvait faire preuve Jean Mey – et que beaucoup ont expérimentés ; mais aussi, et d’expérimentation plus commune, l’originalité, la brusquerie, la rudesse apparente, le mépris souverain pour les conventions mondaines. « Mon saint patron, c’est Jean Baptiste » disait-il parfois pour s’en excuser. Et il rajoutait : « au désert ». Qu’un évènement puisse ainsi marquer toute une vie ! A la fin de cet été, je rendais visite au Père Mey, à un moment où les brumes de la confusion gagnaient de plus en plus son esprit. « Je suis paumé. Je ne sais pas où je suis, etc… ». Puis, tout à trac, la question : « Quel jour est-on ? » J’ai répondu innocemment : « Eh bien , Père Mey, le 28 août ! » - donc la date anniversaire de l’accident. « Ah ! le 28 août ! » - tout à coup, l’espace de quelques secondes, un 26 Actualités 27 éclair de conscience – suivi d’un trouble que j’ai eu beaucoup de mal à dissiper. Soixante treize ans après. Je ne voudrais pas, à mon tour, réduire à cet évènement une vie d’homme. Il faudrait dire la vie d’éducateur du Père Mey – après un bref ministère en paroisse (Lorette, 1943-1945, Notre-Dame à SaintEtienne, 1946-1947), il fut essentiellement enseignant, au Petit Séminaire de Montbrison (1947-1960), puis à l’école cléricale Sainte-Thérèse de Saint-Etienne (1960-1967), puis, et jusqu’à la fin, aux Chartreux, de 1967 aux années 1995-1996 où il donnait encore quelques heures de grec. Il faudrait dire certaines initiatives pédagogiques audacieuses en leur temps, comme cette représentation des « Animaux malades de la peste », qui fit l’étonnement des inspecteurs ; le Père Mey, d’ailleurs, était une de ces figures de prêtre « dynamique » des années 1950, grosse moto, appareil photographique – il faisait d’admirables photos de montagne – puis caméra, camps scouts, alpinisme… Etonnante ouverture « européenne », dirions-nous aujourd’hui, pour un homme de la génération des deux guerres : nombreux voyages en Allemagne – il y avait encore, au jour de sa mort, dans sa valise-chapelle, un missel en allemand. Et de très nombreux contacts personnels entretenus longtemps par une vaste correspondance - cette « paroisse personnelle » que, peu ou prou, tout prêtre et, a fortiori, tout prêtre enseignant crée au fil du temps, anciens élèves, relations diverses… Un conseil à prodiguer, les mariages, les baptêmes – les deuils. L’expérience même du Père Mey le rendait très apte, dans les circonstances tragiques, à apporter le réconfort attendu. Beaucoup peuvent en témoigner. Le Père Mey s’efforçait de soigner sa mémoire par toutes sortes de procédés mnémotechniques parfaitement ahurissants, comme d’associer les verbes déponents au mobilier de sa chambre, et les n° de téléphone à des phrases étranges, sonnant comme un poème surréaliste : « Repiqueuse juive /en soignant/tous tes mecs/les dénomme ». Et la cruauté de la vie lui a arraché, dans ces ultimes années, précisément cette mémoire qu’il craignait tant de perdre, n’en laissant subsister que quelques dérisoires lambeaux, dont je ne saurais dire s’ils étaient rassurants ou attristants : quelques mots d’allemand, une poésie grecque, les réflexes du célébrant – il a célébré très longtemps la messe, grâce à l’aide d’amis très fidèles, d’une manière très correcte, alors que son esprit était déjà très largement embrumé. Il semblerait que dans la détresse et la dérive de ses facultés mentales, le socle de la Foi du Père Mey n’ait jamais vacillé. « Ah, vivement la vie éternelle ! ». Ces paroles-là, lorsqu’il les prononçait, rendaient un son de vérité profonde, comme si même la confusion mentale n’avait pu entamer l’habitus théologal de la Foi. D’ailleurs n’avait-il pas été gracié, une fois pour toutes, le 28 août 1930 ? L’image mémento de l’accident se terminait par cette prière, qui prend un son tout particulier lorsque l’on pense, à l’autre bout de l’histoire, à la fin de vie du Père Mey, et à celle de tant d’autres, comme lui : « Je crois, ô mon Dieu, qu’en souffrant avec résignation, j’achève en moi la Passion du Christ. Je crois que toute créature en ce monde est gémissante et qu’elle attend le jour de la manifestation du Fils de Dieu. Je crois que nous n’avons point ici-bas de demeure stable et que nous en cherchons une autre dans l’avenir. Je crois que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu. » Dans le sillage du Père Couturier Comme l’an dernier à la même époque, c’est-à-dire durant la semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, nous avons accueilli, aux Chartreux, des représentants des autres églises chrétiennes. La cérémonie fut émouvante et empreinte d’authenticité. Nous reproduisons ici, avec son accord, l’homélie prononcée par le Père Antoine Callot de la Communauté orthodoxe de Lyon. Homélie du Père Antoine Callot, prêtre du Patriarcat de Constantinople, lors de la célébration œcuménique du 3 février 2004 à la chapelle de l’Institution des Chartreux Évangile selon saint Jean, chapitre 14, versets 23 à 31 : « Ce passage de l’Evangile de Jean fait partie du discours d’adieu de Jésus à ses disciples. Jésus va les quitter, il part et dit clairement la destination de son voyage : « Je pars vers le Père ». Voilà le point culminant, le couronnement de sa vie terrestre : retourner au Père par sa mort et sa résurrection. Mais l’œuvre de Jésus ne sera vraiment accomplie que par ses disciples lorsque l’Esprit Saint viendra les inonder du feu de sa grâce le jour de la Pentecôte. On peut même dire que cette grande oeuvre du Christ reste indéfiniment inachevée tant qu’il reste, parmi l’humanité, des hommes et des femmes que la grâce du Saint Esprit n’a pas encore transformés, n’a pas encore purifiés au feu de sa divinité, en les rendant brûlants comme le fer qui devient incandescent quand il est plongé dans le feu ; il n’y a pas une seule Pentecôte, mais une infinité de Pentecôtes, car nous sommes tous appelés à recevoir l’Esprit Saint dans notre vie de chrétien, et ceci parfois à de multiples reprises, selon la promesse de Dieu que rapporte le prophète Joël : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair… sur vos fils et vos filles… sur les vieillards et les jeunes gens » (Joël 2, 28). En effet, tous nous sommes appelés à faire ce même voyage : aller vers le Père ; c’est le seul but de la vie humaine : n’en cherchez pas d’autre. Alors Jésus révèle immédiatement à ces disciples la nature de cette brûlure qui rend l’homme lumineux comme le fer incandescent ; cette brûlure, c’est une brûlure d’amour : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole, mon Père l’aimera, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14,23). Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de cette bonne affection humaine que les disciples avaient envers leur Maître, et que nous éprouvons nous aussi envers nos maîtres, ou nos amis, dans nos familles ou dans nos amours de jeunesse, affection toujours menacée par des revers d’indifférence, voire de haine : Jésus va en faire l’expérience amère durant sa Passion qui s’approche. Il s’agit de cet amour dont le Christ aime l’homme, tout homme quel qu’il soit, les bons comme les mauvais, les justes comme les injustes, cet amour qui dépasse infiniment tout amour humain par sa qualité, par sa puissance et par son incomparable beauté. Celui dont le cœur 28 Actualités 29 est rempli d’un tel amour, qui est mu par cet amour, s’approche dans ses pensées, ses actes et toute sa vie de la volonté de Dieu. Un saint moine russe, Siloune, qui vivait au début du 20ème siècle en Grèce, au Mont Athos, et qui avait ressenti en son cœur cet amour du Christ pour toute créature, affirmait que seul l’Esprit Saint pouvait le révéler et le communiquer. Or c’est précisément à cet instant du discours que Jésus livre cette confidence à ses disciples : le Père va leur envoyer le don qui est audessus de tout don, le Donateur lui-même : « Le Consolateur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). La mission de l’Esprit Saint s’articule étroitement sur celle du Christ en l’approfondissant. Esprit de vérité, le Consolateur joue son rôle d’interprète et de conseiller. Jésus a vécu sur terre dans un temps et un espace limités et pourtant, chacune de ses paroles, de ses actes, des événements qu’il a vécus, tout cela a une portée universelle et nous concerne tous, même si nous l’ignorons. C’est pourquoi il revient à l’Esprit Saint de reprendre les paroles de Jésus, ses actes, les événements de sa vie et de les éclairer dans la mémoire des disciples d’abord, puis dans les circonstances personnelles de la vie de chacun de ceux qui prétendent vingt siècles plus tard porter son nom, c’est-àdire se nommer chrétiens. Sans cette mémoire spirituelle, l’Evangile serait incompris, déformé, réduit à une doctrine morale ou à une idéologie. Sans cette inspirateur, les disciples resteraient enfermés dans la connaissance extérieure qu’ils ont du Maître et ceux qui viennent après, nous-mêmes, ne verrions en Christ qu’un personnage du passé, aussi prestigieux soit-il, et serions privés de sa présence vivante. Cet enseignement que l’Esprit Saint nous rappelle n’est pas de ceux qui nourrissent l’intellect et le souvenir qu’on en a, n’est pas de cette mémoire qui fait de nous une tête bien faite, mais plutôt un cœur vivant, ouvert, un cœur de chair et non un cœur de pierre. Cet enseignement, c’est d’abord une expérience, une expérimentation intime qui se passe dans la profondeur de l’homme, de son âme, là où il y a le silence et la paix, loin des chahuts des états d’âme, des continuelles alternatives dans lesquelles nous vivons sans cesse et qui se résument à « j’aime ou je n’aime pas » à propos de tout et de rien. Cela m’amène au troisième thème de ce passage de l’Evangile : la paix. Il y a trois thèmes : l’amour, l’Esprit Saint et la paix. Et, en réalité, les trois ne font qu’un. Que dit Jésus ? « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). Cette paix n’est pas une simple absence de guerre ou de trouble, comme les peuples ou les gens font la paix après une période de tension. La paix que donne le Christ, c’est tout autre chose que les paix fragiles, superficielles et intéressées que le monde élabore. Dans le monde, on fait la paix, le Christ la donne. C’est le don messianique par excellence, Jésus donne sa paix comme le Père donne l’Esprit Saint. C’est une paix que l’on peut découvrir dans la profondeur de notre être, dès que nous laissons tomber nos systèmes de protection, nos sécurités, nos barrières face à la vie. Alors se révèle, dans le silence intérieur , un au-delà situé au fond de nous-mêmes, si souvent transformé en prison. Mais dès que nous lâchons prise, notre être s’ouvre, nous vivons une grande libération. Nos contemporains vivent si souvent enfermés dans un triste isolement, dans l’absurdité de tout, dans la peur, et ils cultivent avec angoisse ou frénésie la révolte ou la résignation, quand ce n’est pas une désespérante déprime. Et là, ils construisent les murs d’une prison qui leur cache la présence bienfaisante de l’Esprit Saint, qui pourrait leur faire connaître la paix du Christ et dont ils ont un tel besoin en même temps que la joie et l’amour. Ainsi, cette prison peut se transformer en maison du Père et du Fils dès qu’on se donne la permission d’appeler avec force l’Esprit Saint qui nous révèle que le Père et le Fils sont un en nous. C’est cela que j’appelle devenir chrétien et que je vous souhaite de découvrir par la grâce de la Sainte Trinité, au cours de votre vie qui débute. Amen. » De chantiers en chantiers Jean-Bernard Plessy, supérieur de l’Institution des Chartreux Chaque année, une partie importante du budget d’investissement de l’Institution est consacrée à des travaux de restauration, d’aménagement ou d’amélioration de l’existant. Collège et lycée bénéficient en outre de subventions non négligeables des collectivités locales (Conseil Général pour l’un, Conseil Régional pour l’autre). Elles sont pourtant loin de couvrir la totalité des frais engagés ; il faut donc d’année en année prévoir et ordonner des dépenses dites d’investissement, afin qu’élèves, professeurs et personnel se sentent toujours mieux accueillis, et trouvent en ces murs un cadre de vie agréable et fonctionnel. La tâche serait sans doute plus simple à réaliser, si les Chartreux n’étaient pas inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques pour les trois-quarts de leur patrimoine foncier. Chaque restauration de bâtiments, de locaux, d’espaces exige d’abord le consentement de l’Architecte des Bâtiments de France, et il y a souvent loin des premiers projets pensés aux réalisations finales. Les visiteurs ou les « Anciens » ont pu constater par eux-mêmes la nature des trois grands chantiers de la Campagne 2003, toujours réalisés durant l’été, pendant l’absence des élèves. Le plus spectaculaire fut sans doute la restauration des cuisines et du self. 30 Actualités Une mise en conformité avec les normes d’hygiène et de sécurité était depuis longtemps nécessaire. Mais outre cet aspect des choses, il fallait également offrir aux élèves et étudiants la possibilité d’un passage plus rapide au self, ainsi qu’une diversification des menus. Aujourd’hui, il y a donc deux chaînes d’accès que choisissent les élèves, en fonction de ce qui leur est proposé. Ce nouvel aménagement de l’espace de restauration sera achevé cet été avec la création d’un réfectoire supplémentaire en sous-sol, dans la cave voûtée de la Maison des Missionnaires. Le projet des architectes donne à penser que ce sera une nouvelle et belle salle de vie commune. Un deuxième chantier qui a donné lieu à beaucoup de commentaires a consisté dans l’aménagement de l’entrée du 58 rue Pierre Dupont. A la demande du Rectorat et de la Préfecture, les établissements accueillant du public, et notamment les établissements scolaires, ont été invités à prendre des mesures de sécurité et de contrôle des entrées. C’est donc ce que nous avons fait en aménageant un espace d’accueil et de contrôle à l’entrée du grand portail. Les deux grilles installées et la présence d’agents de sécurité dissuadent les 31 éventuels visiteurs mal-intentionnés ; les vols ou dégradations s’en trouvent considérablement diminués, et les personnes et les biens jouissent d’une sécurité légitime sur leur lieu de travail. Là encore, l’aménagement de cet espace s’est fait en conformité et dans le respect des exigences imposées par les Monuments Historiques. Aujourd’hui, le visiteur bénéficie entre autres d’un point de vue plus large sur la façade baroque et majestueuse de SaintBruno, l’ensemble donnant plus d’air à l’allée des Marronniers et à l’Institution. Anciens, amis, ne croyez pas que les Chartreux se referment sur eux-mêmes, comme… au temps des moines. Vous serez toujours bien accueillis, mais simplement identifiés. Enfin, le troisième grand chantier n’a pas, pour sa part, bénéficié d’autres subventions que celle qui fut le fruit de la générosité d’un très grand nombre d’entre vous : la grande chapelle, en sa façade, a été totalement restaurée et illuminée la nuit. La réalisation finale est absolument magnifique ; et lorsque la nuit tombe et que la cour du collège devient déserte, l’ensemble porte à la contemplation, élève l’âme et invite au dialogue avec le Maître des lieux. La prochaine campagne de travaux va débuter en juillet 2004 : elle vise plus spécifiquement à la restauration des classes de seconde et de l’escalier d’honneur. Nous ne manquerons pas de vous en faire un compte rendu détaillé. « La chair et Dieu »* dans Polyeucte Jessica Pontieux, étudiante en prépa HEC 3 Dans le cadre des cours concernant l’histoire des idées au XVIIe siècle, les étudiants de prépa HEC 1 et 3, accompagnées de leurs professeurs (Mme Olivier, Mme Petrini-Poli, M. Bréchet) ont assisté le 11 mars 2004 à la représentation de Polyeucte, mise en scène par Michel Béatrix, dans l’église Saint Martin d’Ainay à Lyon : influencé par son ami Néarque, Polyeucte, seigneur arménien sous Décius en l’an 250 se convertit au christianisme. Sa soif d'absolu est telle qu’elle le pousse à enfreindre les lois de la cité en détruisant les idoles païennes. Son beau-père, Félix, avide de pouvoir, regrette déjà d’avoir choisi Polyeucte pour gendre, le condamne pour son acte, et tente de jeter sa fille Pauline dans les bras de son premier amour, Sévère, favori de l’empereur. Plus qu’une frénétique recherche de pouvoirs, cette pièce éponyme de Pierre Corneille est une tragédie chrétienne. Comment mieux donner de la chair à cette pièce, sinon en la jouant dans un lieu de culte chrétien ? L’entrée dans l’église donne par ailleurs immédiatement la tonalité. Aménagée dans un périmètre restreint, la scène invite le spectateur à ne faire qu’un avec les différents personnages, à former un chœur accompagnant la tragédie. Les peintures de Cécile Beaupère et les sculptures céroplastes de Claude Privet nourrissent ce sentiment de communion. Ce qui captive le spectateur attentif tient moins de l’enveloppe corporelle des sujets picturaux que de l’âme qui les anime : les têtes et corps sculptés par l’artiste soulèvent à leur tour les questions existentielles évoquées par Polyeucte. Parachevant cette atmosphère mystérieuse et lourde de symbolique, les liturgies, adaptations des chants grégoriens en français, composés et chantés par le compositeur et organiste français Gineste, ponctuent la tragédie comme un souffle d’air frais, laissant présager la chute funeste et posant les prémisses d’un nouvel ordre religieux : c’est la transition entre la Rome païenne et la Rome chrétienne, incarnée par le baptême de sang de Pauline. * Festival tenu à Lyon en novembre 2003 32 Actualités Les DPECF et DECF au cinéma A l’affiche : « Violence des échanges en milieu tempéré » Bénédicte Richard, étudiante de DPECF 33 Philippe Seignier aborde avec enthousiasme sa première mission de consultant en organisation, dans une importante société américaine implantée à Paris. Il rencontre Eva, une jeune mère célibataire, le matin de son premier jour de travail, alors qu’elle est agressée dans le métro et qu'il a pris sa défense. Il en tombe amoureux. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : un travail prestigieux, une femme qu’il aime et qui l’aime. Très vite, Philippe est confronté à un dilemme : faire son travail en appliquant les théories apprises, mais difficilement adaptables à la réalité du monde du travail et des salaires, et poursuivre sa carrière, ou respecter ses principes et ses idéaux de moralité ? En effet, il est chargé de sélectionner les travailleurs les plus flexibles, les plus efficaces et de licencier les autres. Eva n’est pas convaincue du bien fondé de sa mission, pas plus que lui qui a failli craquer. Cependant, il met ses principes de côté. Eva et lui se séparent. Il se consacre alors corps et âme à son métier et finit par ne plus hésiter à licencier. Philippe est dès lors reconnu par ses collègues de travail. Le film, d’un très grand réalisme, nous a invités à nous poser une question : comment se comporter dans un monde sur lequel on n’a plus de prise ? Car, qui veut travailler dans l’audit perdra peut-être ses illusions… Remise des diplômes du DESCF Vendredi 5 mars 2004, à l’Université catholique de Lyon Allocution d’Aurélie Papillon (DESCF, promotion 2003) « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Les étudiants de la promotion 2003 du DESCF sont heureux d’être ici ce soir en cette fin de parcours universitaire. Nous tenons tout d’abord à remercier l’Institution des Chartreux et particulièrement M. Bréchet de nous avoir suivis tout au long de nos études comptables et financières. Les liens qui existent entre l’Institution des Chartreux et l’ESDES assurent une continuité indispensable entre ces deux établissements. Nous remercions donc les universités catholiques et l’ESDES d’assurer cette cohésion et ce suivi universitaire appréciés des étudiants. Ce diplôme est l’aboutissement de plusieurs années d’études et je dois dire que pour chacun d’entre nous c’est un soulagement d’avoir terminé, bien qu’il reste, pour les plus courageux, trois ans de stage s’ils veulent aller jusqu’à l’expertise comptable. Mais il est certain que nous partons sur de bonnes bases, après une formation comme la nôtre. Nous en profitons donc pour remercier tout le corps professoral de l’Institution des Chartreux et de l’ESDES. Nous tenons de plus à souligner les rapports humains développés entre les étudiants et les enseignants. Ceux-ci ont débuté par le biais de M. Bailly-Masson, responsable de la formation DESCF à l’ESDES, et se sont poursuivis par la création de liens particuliers et le partage de moments enrichissants. Nous ne pouvons pas tous les citer, car la liste est trop longue, nous nous contentons donc de les remercier collectivement. Enfin, nous avons une pensée toute particulière pour ceux qui ont malheureusement échoué cette année. Mais nous ne doutons pas qu’avec tous les efforts consentis, ils réussiront l’année prochaine. Il est vrai que le DESCF est loin d’être un examen facile, puisque le taux de réussite au niveau académique est de 22,41 %. Quoi qu’il en soit, nous espérons tous pouvoir garder des contacts et avoir à l’avenir la possibilité de nous retrouver en tant que collaborateurs, voire plus tard en tant que confrères. » 34 Actualités Trois jours en pèlerinage au Puy-en-Velay Guillaume Gobenceaux, élève de 1ère S1 Jeudi 25 mars 2004, il est 17h00. La sonnerie retentit. Alors qu’une foule d’élèves envahit l’allée des Marronniers, un groupe d’une cinquantaine d’élèves de première se dirige tranquillement vers la chapelle… Cette année, l’Institution nous propose de partir trois jours en pèlerinage au Puy-en-Velay pour découvrir l’idée chrétienne du bonheur. Après un trajet en car à travers la Haute-Loire, nous arrivons vers 2lh au domaine de Chadenac. L’accueil y est chaleureux et la veillée, rythmée par les chants dynamiques, est consacrée aux témoignages des jeunes sœurs de la communauté Saint-Jean. Le lendemain, vendredi, la journée commence par un temps de prière, puis nous réfléchissons en groupe sur les béatitudes de l’Evangile de Saint Mathieu (5, 1-12), véritable chemin de bonheur proposé par Jésus. En milieu de matinée, nous quittons le domaine de Chadenac pour nous rendre à pied au Puy. La marche par les champs et les villages est d’abord l’occasion de discuter, de partager. Puis, les trois derniers kilomètres, l’arrivée magnifique sur la ville, sont parcourus en silence, dans un vrai recueillement. Les quelques marches du parvis de la cathédrale gravies, le Père Planche du Puy nous attend pour poursuivre notre réflexion à propos des béatitudes et du bonheur. L’après-midi, nous sommes accueillis à l’aiguille Saint Michel. Après un exposé original sur les anges 35 gardiens, nous grimpons les 268 marches pour atteindre la chapelle. Puis nous nous rendons à Notre-Dame de France, piédestal naturel sur lequel s’élève la statue de la Grande Madone. Monseigneur Brincard, évêque du Puyen-Velay, anime ensuite un débat captivant au cours duquel nous échangeons sur l’origine du Mal, notre mission en tant que chrétiens… Avant de retourner au domaine de Chadenac, nous découvrons la cathédrale et son histoire, le rayonnement du Puy-en-Velay hier (apparition de la Vierge Marie), aujourd’hui (point de départ pour Saint Jacques de Compostelle) et demain (préparation du Jubilé en 2005). Au domaine, la soirée d’adoration et de réconciliation, avec les sœurs, vient clore cette journée enrichissante que nous avons vécue. Samedi matin, nous quittons tôt Chadenac pour nous rendre à la messe matinale au Puy, célébrée par Monseigneur Brincard. Après la messe, nous apprenons le départ à pied d’un pèlerin pour la ville sainte, Jérusalem. De notre côté, nous retournons aux Chartreux, différents, heureux. Merci pour ces trois jours de réflexion, ces trois jours de partage, ces trois jours de joie et d’allégresse. Sarah Fairbrook élève américaine de 1ère L «Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi » (L’Apocalypse 4, 20). Aujourd’hui, dans notre société en perpétuel mouvement, c’est souvent difficile d’entendre quand Jésus frappe. Mais parfois, les coups deviennent si forts qu’on ne peut pas les ignorer. Alors, il faut choisir : ouvrir la porte et suivre Jésus ou ne pas entendre son appel. Cette année, je me suis trouvée à ce « carrefour ». En arrivant des Etats-Unis, je ne pensais pas que ce séjour d’une année scolaire me donnerait l’occasion de devenir plus proche de Dieu. Cependant, Dieu commençait à me faire comprendre qu’il voulait que je lui « donne » cette année. Par conséquent, lorsque les Chartreux m’ont offert l’opportunité de recevoir le sacrement de la confirmation, à mon avis, c’était Jésus qui frappait à la porte. Dans le cadre de notre préparation à la confirmation, nous devions aller à une retraite au Puy-en-Velay, retraite ouverte aussi à toute la classe de première. D’abord, j’imaginais que personne d’autre, en dehors de ceux qui faisaient leur confirmation, ne s’inscrirait. Qui veut sacrifier un jour supplémentaire de son week-end pour une fonction spirituelle ? Mais au contraire, j’ai été étonnée de voir que beaucoup de mes amis allaient venir aussi. Cela m’a fait réaliser que je ne suis pas seule dans ma foi. J’ai fait cette constatation à plusieurs reprises pendant la retraite. Rassurée, je suis montée dans le bus, prête à commencer une nouvelle aventure. Pendant la retraite, nous avons assisté à des messes, visité des églises. Nous avons eu des temps de prière et de silence. Nous sommes montés en haut d’une colline où se trouve une vieille chapelle datant du premier siècle. Je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi « vieux » que cette chapelle et, en réfléchissant à l’histoire de ce lieu, je pensais encore que je n’étais pas seule dans ma foi. C’est une foi forte, durable et riche en histoire. Tout au long de la retraite, nous nous sommes enrichis. Mais le moment qui m’a le plus touchée, c’est la soirée de prière et de confession. Nous avons commencé la soirée en chantant. Etant donné que je suis américaine et qu’en arrivant je ne parlais pas français, je pensais avoir des problèmes pour chanter et suivre les paroles en même temps. Mais ces chansons, je les reconnaissais ! Elles étaient les mêmes que chez moi. En fait, chaque détail des messes était le même qu’aux Etats-Unis. Cela m’a donné le sens de l’unité de l’Eglise. Aujourd’hui, dans un monde que la religion divise, où des guerres se font au nom de Dieu et de la religion, ici se trouvait l’unité. Des gens étaient réunis par une seule foi, une foi qui traverse les océans, qui casse les barrières, qui veut donner la paix. Non, je n’étais plus une Américaine différente des autres, à ce moment-là, j’étais une chrétienne, c’est tout. Dieu est présent en toute chose et il adore les signes et les métaphores. Comme l’arc-en-ciel qui nous rappelle sa promesse, Dieu nous a donné le signe de sa présence pendant la retraite. En arrivant, nous étions accompagnés par la nuit, le froid et la pluie. De même, nos cœurs étaient couverts par des nuages de péchés, de doutes et de culpabilité. Après réflexion, méditation, confession et prières, Dieu a chassé tous ces troubles. Dieu a enlevé les nuages du ciel et nous sommes repartis en plein jour sous le soleil et le ciel bleu, nos cœurs éclairés de la vérité de Dieu. 36 Actualités ème Coup de théâtre en 4 Mathieu Bazin, Djemmali Bilel, Antoine Montbarbon, élèves de 4ème E Au cours du mois de janvier, les professeurs de français ont eu le projet d’organiser, avec les classes de 4ème, une séquence « théâtre », dans le cadre de leurs cours. Chaque professeur a travaillé sur un passage ou une scène du Malade imaginaire de Molière. M. Yannick Laurent, comédien professionnel, a dirigé cette activité. A cette occasion, les classes ont été divisées en quatre groupes distincts de sept personnes. Tout d’abord, un groupe d’acteurs, mais également un groupe de metteurs en scène, qui secondait Yannick Laurent, ainsi qu’un groupe de costumiers et décorateurs chargés de la scénographie, et enfin, un quatrième groupe : les reporters, qui ont réalisé un travail photographique et journalistique, grâce auquel ce mois théâtral restera gravé dans nos mémoires. 37 La représentation a eu lieu le 30 janvier 2004 aux Chartreux, sous le regard attentif de nos professeurs. Elle s’est déroulée en deux parties. Dans un premier temps, la présentation du travail des reporters et des costumiers, puis, dans un second temps, les élèves ont présenté leurs scènes. D’un avis général, le spectacle a été réussi, même si les metteurs en scène auraient voulu collaborer davantage. Tout porte à croire que d’ici la prochaine édition, en 2005, les petites erreurs seront corrigées. Rendez-vous l’année prochaine ! L’expérience théâtrale vue par des élèves de 4ème F Mayeul Rebaudet Nicolas Laurent Au cours de la dernière séquence de français, nous avons pu faire un travail assez spécial : une mise en scène de théâtre : Le Malade imaginaire (acte II, scène 2), de Molière. Pour cela, il y avait quatre groupes : les reporters, groupe dans lequel j’étais, les costumiers et décorateurs, les acteurs, les metteurs en scène. L’activité de reporter m’a apporté beaucoup d’enrichissement personnel. Elle crée de nombreux contacts. Elle m’a appris à photographier pour faire un reportage, même si la sélection des photos est difficile, à capter les instants magiques pour les faire partager aux autres. Malgré les difficultés, être reporter a été intéressant. L’expérience théâtrale m’a permis de prendre confiance en moi : je suis devenu moins timide, j’ai admis le jugement des autres, je crains moins les moqueries et j’ai moins peur de me tromper. Cela a permis de créer ou de renforcer des liens amicaux, mais aussi de voir nos camarades et les professeurs sous un autre angle. J’ai ainsi découvert de nouveaux amis. Par ailleurs, le changement de cadre est intéressant : il favorise une ambiance chaleureuse et nous donne plus de liberté, une approche du cours de français moins scolaire et plus vivante. Cette expérience a apporté beaucoup de joie et de bonne humeur. Elle aura peut-être révélé de nouveaux talents… Florence Ducarme L’expérience théâtrale que j’ai vécue, moi qui était comédienne, m’a permis de découvrir une autre facette du Malade imaginaire, mais aussi une autre facette du théâtre, qui n’était avant pour moi qu’un nom, Molière, un rideau rouge, des coups de bâton, des coups d’éclat, des éclats de rire. Cela m’a montré la difficulté d’être acteur, car il faut avoir de l’imagination et savoir « rentrer dans la peau du personnage ». Il faut aussi de la patience et de la concentration. Cela m’a aussi permis de m’extérioriser et de travailler en m’amusant. Il y a aussi beaucoup de travail d’équipe, ce qui peut servir dans la vie de tous les jours. Cette expérience a été enrichissante sur le plan scolaire, mais aussi sur le plan amical, en permettant de mieux nous connaître et de renforcer les liens entre camarades. Adrien Deslous-Paoli Je pense que les acteurs ont appris plus de choses que moi, qui étais metteur en scène. J’ai cependant bien aimé cette expérience. Elle m’a donné de l’autonomie. J’ai travaillé seul. J’ai jugé le plus objectivement possible les acteurs. J’ai appris à m’exprimer mieux, à raisonner et à réfléchir sur la manière de faire et de parler dans la pièce. Malheureusement, je n’ai toujours pas réussi à vaincre ma peur de parler devant un grand nombre de personnes. Malgré tout, cette expérience théâtrale m’a beaucoup plu, et j’espère recommencer l’année prochaine. 38 Actualités Voyage aux Etats-Unis nos correspondants, pour leur faire découvrir notre vie en France. Ce voyage nous a fait découvrir beaucoup de choses : un autre style de vie, des habitudes alimentaires différentes et surtout parler anglais ! A l’année prochaine pour le récit de notre prochain projet de classe. Le 18 avril, le rêve de beaucoup d’entre nous a été réalisé : mettre un pied sur la terre ferme d’Amérique. Accompagnés de Mme Lerat, notre professeur principal, de Mme PoncinMusa, de Mlle Pasquier et du Père Plessy, nous nous sommes envolés pour New York. Nous avons là-bas chacun un (ou une) correspondant(e) choisi(e) selon nos goûts, nos habitudes et nos caractères. Le 18 avril précisément, nous sommes montés à bord de la compagnie aérienne Lufthansa. Après une brève halte à Francfort, en Allemagne, nous avons embarqué pour un vol non-stop de 8 heures, direction New York. A peine arrivés, nous avons été pris en charge par notre famille d’accueil où nous avons séjourné quinze jours. Nous sommes allés au collège avec nos correspondants durant deux jours et, le reste du temps, nous avons visité des monuments. Au programme, le weekend : activités multiples en leur compagnie. Hélas le 1er mai au soir, nous avons déjà plié bagages. De retour en France, nous avons repris le rythme de l’école et « absorbé » les six heures de décalage horaire. Nous avons rendu notre journal de bord et présenté des exposés sur les Etats-Unis. Puis, du 15 au 28 mai, nous avons invité à notre tour Le bonbon plaisir Thaïs Abramovici Richard, Anaïs Mousslie, Laura Pettier, élèves de 6ème B 39 Galliane Gobenceaux, Julian Coupas, Damien Saverot, Edouard Carpentier, élèves de 6ème B Les médecins voudraient supprimer les distributeurs de bonbons dans les écoles, mais qu’en pensent les élèves ? Le bonbon plaisir… 9h50 : la sonnerie de la récréation du matin retentit dans l’Institution des Chartreux. Les collégiens se précipitent vers le distributeur de bonbons : les derniers n’auront aucune chance de s’offrir quelques « schtroumpfs » ! Si le distributeur attire tant de monde, c’est d’abord « parce qu’on a faim »*. Les bonbons calment le petit creux du milieu de matinée. Souvent, ils remplacent le petit-déjeuner. « Je mange des bonbons parce que c’est bon », dit une élève de 6ème . « J’achète des bonbons pour partager avec mes amis », dit une autre. Les bonbons servent à se faire plaisir et à faire plaisir aux autres. Le distributeur à l’intérieur de l’école permet d’en acheter plus facilement, sans la surveillance des parents. Faut-il supprimer les distributeurs de bonbons aux Chartreux ? Si les collégiens aiment le distributeur de bonbons, ils sont quand même critiques : « Ça fait grossir » , « C’est trop cher » , « Il n’y a pas beaucoup de choix ». 36% d’entre eux pensent qu’on pourrait les supprimer. Mais comme la majorité est favorable au maintien des distributeurs dans l’école, on peut imaginer différentes solutions pour satisfaire tant les médecins et les adultes que les élèves : proposer à la fois fruits, bonbons et barres énergétiques et afficher sur la machine une mise en garde contre l’abus de friandises pour faire réfléchir ceux qui en achètent plusieurs fois par jour. *Enquête réalisée auprès d’élèves de 6ème des Chartreux Le nouvel an chinois en maternelle Delphine Viso-Valdez, enseignante en grande section de maternelle Les enfants de la classe de grande section de maternelle sont partis à la découverte de la « gastronomie » et des coutumes chinoises, le 22 janvier 2004, jour-même du nouvel an chinois : raviolis chinois, viande de bœuf séchée, pousses de bambou, champignons noirs, gingembre confit et autres friandises ont été dégustés avec plaisir par les enfants. Avec la participation active de Mme Fernandez, la maman de Joachim, nous avions pris connaissance auparavant du mode de vie chinois, comme la calligraphie, l’art de la table, mais également l’école en Chine. Ce matin-là, toute la classe a été transformée pour un moment typiquement chinois : dessins, baguettes en bambou, encens, vêtements de fête et porcelaine chinoise… Aussi, au-delà de l’ouverture sur le monde et de la découverte d’autres cultures, les enfants ont pu, à leur manière, souhaiter la bienvenue à leurs deux camarades, Joachim et François, arrivés de Chine en août et janvier derniers. 40 Actualités Un conte : « Cadabra » « On a toujours besoin d’un plus petit que soi » I (Jean de La Fontaine) Par des élèves de maternelle (petite et moyenne section) l était une fois, une méchante sorcière : Cadabra. Elle jetait des sorts avec sa baguette magique. Dans sa maison, Cadabra prépare une soupe, dans sa marmite. La sorcière a mis des carottes, des petits pois, une souris, les oreilles du chat, la queue du chien et un yaourt. Elle fait cuire sa soupe. Caroline s’est perdue dans la forêt. Elle trouve la maison de Cadabra. Caroline frappe à la porte. Cadabra attrape Caroline et l’attache sur une chaise à côté du tiroir. Caroline ouvre le tiroir et trouve la baguette magique. Caroline prend la baguette magique et jette des sorts à Cadabra. Elle la transforme en éléphant, ensuite en lion, après en kangourou et enfin en souris. Le papa de Caroline trouve la maison de Cadabra, il voit Caroline et il est content. Il détache Caroline. Il jette un dernier sort à Cadabra qui devient gentille. Cadabra ramène Caroline et son papa, sur son balai magique, dans leur maison. 41 Aurélie Le-Saint-Merd, enseignante en petite section de maternelle Stéphanie Genet, enseignante en CM2 Petits élèves de maternelle et élèves de CM2 B se sont retrouvés autour des fables de Jean de la Fontaine, et ont confectionné des masques d’animaux. Ensemble, ils ont participé au défilé de la mi-Carême, organisé par l’école. Sophie Richard, enseignante en grande et moyenne section de maternelle Comme leurs camarades du primaire, les élèves de moyenne et grande section de maternelle ont choisi de mettre à l’honneur les fables de Jean de la Fontaine en choisissant « La cigale et la fourmi ». Ce projet, riche d’apprentissages et centré sur des activités d’expression artistique et langagière, a suscité l’enthousiasme de tous. Grâce aux efforts et au travail fourni par les enfants, chacun selon ses possibilités, ils ont partagé, avec les élèves d’autres classes, leur interprétation d’une fable intemporelle. 42 Actualités Astronomie au programme ? Jean-Noël Terry, professeur de mathématiques au collège Chartreux–Sainte Famille, docteur en astrophysique, membre du CLEA (Comité de Liaison Enseignants-Astronomes) Au XVIe siècle, Gargantua écrivait à son fils Pantagruel : « Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique, je t’en donnai quelque goût quand tu étais encore petit, en l’âge de cinq à six ans ; poursuis le reste, et de l’astronomie, saches-en tous les canons. Laisse-moi l’astrologie divinatrice, et l’art de Lullius, comme abus et vanités. » Rabelais (Pantagruel, chapitre VIII) Jusque dans les années 1960, l’astronomie fut enseignée au lycée sous le nom plus large de cosmographie… quand le professeur de mathématiques en avait le temps ! Aujourd’hui, malgré l’arrivée de l’homme sur la Lune, et l’explosion des découvertes, l’astronomie est quasi absente de l’enseignement officiel ! Ce n’est pas là le moindre des paradoxes quand on sait à quel point les siècles passés se sont passionnés pour l’observation de l’Univers ! En astronomie, l’objet de l’étude est, par définition, hors de portée : il demande donc une analyse rigoureuse des apparences et une solide réflexion. Pas facile non plus de gérer la mondialisation de l’information. C’est pourtant une discipline de choix : ➜ Elle est l’avenir : les générations actuelles verront l’homme marcher sur Mars. 43 ➜ Elle est belle : qu’il s’agisse d’une simple conjonction Lune-Vénus, d’une éclipse ou des images des grands télescopes, elle a un grand pouvoir de séduction, de passion et d’interrogation, surtout sur les plus jeunes. Sous quelle forme proposer l’astronomie… hors programme ? Nous avons pratiqué le club, la classe à dominante astronomie et l’IDD (itinéraire de découvertes). L’IDD est le moins attrayant avec une heure Au planétarium de Saint Etienne hebdomadaire sur une douzaine de semaines, et des élèves qui s’inscrivent souvent par défaut, et parce que c’est obligatoire. L’avantage de la classe à dominante, c’est qu’elle permet d’avoir toute l’année une classe entière, à raison d’une à deux heures par semaine, donc d’impliquer un groupe stable sur une durée suffisamment longue pour mener à bien un projet complet. Mais il faut une équipe pédagogique volontaire (au moins en français, histoire, anglais, mathématiques, technologie) ; Au télescope de l’observatoire de Lyon le responsable de la dominante peut en effet demander à ses collègues de développer avec la classe tel ou tel point dans le cadre de leur discipline. Le plus souple est le club : ceux qui viennent sont vraiment motivés et avides de découvrir, et l’animateur est bénévole. Que faire en astronomie ? Organiser une matière si riche n’est pas chose facile. Quatre fils conducteurs ont été choisis : ➜ L’histoire de l’astronomie ➜ La découverte de l’Univers ➜ Les activités et travaux pratiques ➜ L’actualité Bien entendu il ne s’agit pas d’un enchaînement chronologique des quatre thèmes, mais d’une alternance pour maintenir l’intérêt et suivre l’actualité du ciel. L’histoire de l’astronomie : à partir de l’univers imaginé par les Egyptiens, les Hébreux… nous avons rencontré de riches personnalités, d’Aristarque de Samos à Hubble. Les élèves sont toujours très curieux de la vie des « grands hommes ». La découverte de l’Univers : de la Lune aux galaxies… La partie la plus importante est consacrée au système solaire, le plus intéressant pour cet âge, sans négliger les belles photos des objets lointains si facilement accessibles aujourd’hui : le rêve n’est pas exclu. Après une présentation générale du système solaire, la Lune est digne d’intérêt. Facilement observables, ses phases, ses cratères, son unique face visible sollicitent la réflexion. L’actualité permet aussi de se focaliser sur quelques objets qui font la une : en 2004, Mars en début d’année, Saturne avec la sonde Cassini en fin d’année, le transit de Vénus en juin 2004… Les activités : la ville n’est pas propice à l’observation du ciel nocturne. Mais on essaie quand même de repérer les 44 Actualités principales constellations et planètes visibles au fil des saisons. L’idéal serait de partir observer la nuit, mais cela pose des problèmes d’encadrement, d’organisation et de coût. Il y a des activités plus mathématiques : études du mouvement diurne sur une photo, travail sur le calendrier, sondage « astronomique » (sur 204 personnes interrogées 26 % pensaient que le Soleil tourne autour de la Terre et 20 % confondaient astrologie et astronomie !). Un TP difficile sur la rétrogradation de Mars a même permis de manipuler avec passion calque et rapporteur. Le concret doit avoir sa part : il est aisé de réaliser une maquette 3D de la Grande Ourse, des maquettes en bristol des sondes en voyage (les sites américains ont toujours des pages « for kids » très bien faites…). En 2002 nous nous sommes associés au projet Eratosthène : reprenant l’expérience réalisée en Egypte vers 200 avant JC, les mesures sont mises en commun avec une centaine de classes d’une vingtaine de pays dans le monde, via Internet. Nous avons (re)mesuré ainsi le rayon de la Terre. Les cadrans solaires ont fait l’objet d’un atelier et d’une animation au Crêt des Six Soleils. Côté sorties, outre les spectacles du planétarium de Saint Etienne, nous avons visité l’observatoire de Lyon et nous avons eu le plaisir de rencontrer un astronome professionnel qui s’est prêté au jeu des questions sur sa profession et sur la recherche fondamentale. 45 En conclusion : ces quelques lignes ne sont pas un catalogue à la Prévert, mais montrent la richesse et la variété qui permettent d’apprendre autrement et dans la passion. De la passion, il en faut pour faire partager, contre vents et marées, bien terrestres, les merveilles de l’Univers. Devant la lunette de l’observatoire de Lyon Voyage en Angleterre des élèves de 6ème – 5ème des Chartreux – Sainte Famille Odile Laxton, ancienne professeur d’anglais à l’Institution Chartreux – Sainte Famille C’est près de Bristol que les 47 élèves et leur 4 accompagnatrices ont été hébergés pendant la semaine du 24 avril au 1er mai 2004. Partis le samedi en fin d’après-midi, il leur a fallu passer la nuit en car pour se retrouver au petit matin sur un ferry où le petit-déjeuner fut apprécié. C’est bien réveillés qu’ils sont arrivés à Londres et ont commencé une visite pédestre au pied de Big Ben. La célébration d’une journée commémorative de l’ANZAC (cf. la participation des troupes de Nouvelle-Zélande et d’Australie au conflit de 39/45) ne leur a pas permis de passer près de Downing Street pour rejoindre Trafalgar Square, c’est en car qu’ils ont pu apercevoir les lions encadrant la colonne Nelson. Après avoir longé les maisons du Parlement et Westminster Abbey, ils sont allés jusqu’à Buckingham Palace et ont eu le plaisir de voir défiler les gardes de la Reine en costume… Le piquenique pris sur l’herbe de St James’s Park, ils sont repartis vers Big Ben et ils ont vogué sur la Tamise pour rejoindre le site de La Tour. Là, ils ont visité Tower Bridge et se sont égayés sur la pelouse de la rive opposée au palais érigé par Guillaume le Conquérant. Un après-midi printanier, les Londoniens se prélassaient tout autour. Ils ont même eu la chance de voir se lever le pont pour laisser passer un voilier. Ce fut ensuite l’acheminement vers Bristol et la découverte des familles hôtesses. Pendant quatre jours, les journées se sont partagées entre les cours d’anglais dispensés par des professeurs anglais, le matin, et les après-midis centrés sur des visites : la cathédrale de Wells et son horloge animée, Wookey Hole Caves (grottes creusées par la rivière Axe) et la fabrication du papier (quatre d’entre eux se sont essayés à cet art), les Bains romains de Bath, le parc safari de Longleat. Au retour nous avons passé la journée dans la propriété de Lord et Lady Montagu à Beaulieu où nous avons pu admirer les modèles de voitures allant de la Ford Model T aux voitures de formule 1 et tant d’autres. Il faut bien l’avouer, si le début du séjour fut printanier, cette journée à Beaulieu restera dans nos mémoires comme une vision très « cliché » de l’Angleterre. Que de pluie ! Au-delà du dépaysement culturel, nous retiendrons que les élèves partis très excités par la petite anxiété de l’inconnu ont progressé dans leur attitude au fil des jours, et ils semblent en avoir retiré une expérience enrichissante, tant sur le plan du savoir que sur le plan humain. 46 Actualités Les Chartreux – Sainte Famille ouverts sur le monde… Aujourd’hui : la Slovaquie. Sœur Marie Jean, Responsable de la pastorale à l’Institution Chartreux – Sainte Famille 47 Notre jumelage date de l’année 1992. Des élèves de 4ème, en camp dans le Haut Doubs, ont accueilli un groupe d’enfants slovaques commençant l’apprentissage du français. De bonnes relations s’étant établies entre les deux groupes, le collège Sainte Famille a accepté d’accueillir, en février 1993, ces mêmes jeunes dans le cadre scolaire. Mais d’où viennent-ils exactement ? A la chute du régime communiste en Slovaquie, les Frères des Ecoles Chrétiennes ont décidé de se réimplanter dans le pays qu’ils avaient dû quitter depuis des années. Très vite, ils ont ouvert un établissement à Bratislava, capitale du pays, le Collège Saint Jean de la Salle. Le français faisant partie des langues étudiées, les Frères ont cherché un établissement acceptant de travailler avec eux. La Sainte Famille leur a ouvert ses portes. Au fil des années, un jumelage s’est mis en place. Alternativement, un groupe de Slovaques vient en France pendant une période scolaire et un groupe de Français part en Slovaquie pendant les vacances de Pâques, pour découvrir ce beau pays. Très vite le Collège Saint Jean de la Salle a demandé davantage, à savoir un séjour plus long pour des élèves désireux d’acquérir une meilleure connaissance de notre langue. C’est alors, qu’avec l’aide de familles volontaires, nous avons pu réaliser ce souhait et accueillir deux jeunes de septembre à février pendant plusieurs années scolaires. Voici le témoignage de Katarina : « Je suis étudiante de la Faculté de philosophie. Mon intérêt pour la langue française s’est formé graduellement. La première impulsion m’a été donnée par le séjour de deux semaines au collège de la Sainte Famille à Saint Etienne… J’étais heureuse quand j’ai pu, grâce à l’initiative de Frère Jean, séjourner en France pendant toute une année. J’ai été dans une famille qui m’a très bien accueillie. J’ai eu l’avantage d’être obligée de ne communiquer qu’en français pendant tout le temps… A mon retour, j’ai été fière d’avoir pu représenter notre « gymnasial » (lycée) dans le tournoi olympique de langue française de toute la Slovaquie. Et grâce à mon séjour en France, j’ai obtenu la première place. » Témoignage convaincant quant à l’importance de ces échanges ! Cette année 2004, conformément à la tradition, douze élèves slovaques ont été accueillis dans notre collège et dans les familles, avec Frère Jean, une jeune professeur de français, et Jana qui a fait partie du premier groupe venu en France en 1992 ! D’autres expériences extra-scolaires ont été vécues avec les Slovaques : un camp Slovaques - Français en Slovaquie, un camp - chantier d’intérêt public FrançaisSlovaques en France (ouverture d’un sentier sur un haut lieu de St Etienne - le Guizay une petite plaque apposée par la Mairie en témoigne !), un voyage humanitaire francoslovaque au Burkina-Faso. Un jumelage, somme toute bien vivant et qui ne demande qu’à se développer… Ajouter des années à la vie ou de la vie aux années ? Le Bureau de l’APCR, Association des professeurs de Chartreux retraités La réponse est brutale. Jamais nous n’allongerons notre taille d’un seul pouce ni d’une année notre existence ici-bas. Mais l’âge est déterminé par l’état d’esprit, autant que par l’état civil. Il y a une vie après le travail et la retraite n’est pas une fausse fenêtre (comme certaines de la Maison des Missionnaires !) qui ne donne pas de lumière et ne débouche sur rien. Les contraintes professionnelles éclatées, les cercles relationnels et culturels s’élargissent. Les activités de l’APCR suivent un rythme bimestriel. Des conférences alternent avec les visites sur le terrain, car la culture du retraité moderne est multidimensionnelle. Il s’intéresse aux belles lettres et à son environnement immédiat, aux vieilles pierres et au folklore local. L’attrait pour l’histoire des Chartreux n’écorne pas sa curiosité pour le fonctionnement du Conseil général. Qu’on en juge : • 2 février 2003, participation aux cérémonies de l’Alicoque, fête de l’huile d’olive, à Nyons. • 10 avril 2003, visite de l’Abbaye d’Ainay éclairée par les analyses du Père Breysse et ses références fulgurantes. • 5 juin 2003, visite du Vieux Lyon, commentée avec verve par M. Bruno Delignette de Lyon 2. • 25 septembre 2003, le père Babolat présente son mémoire de maîtrise de DEA sur « La vitalité du diocèse de Lyon pendant la Restauration (1814-1830) ». Les membres de l’APCR sont impressionnés et attendent sa thèse sur «Des prêtres de la Croix de Jésus (1816) aux prêtres de Saint Irénée (1833) ». • 15 novembre 2003, visite de l’Hôtel du Département, accueil par M. Roger-Dalbert, conseiller général. Sous les lambris de la République, il remet la médaille du département au Père Babolat. • 20 novembre 2003, «L’étude épistémologique des sciences mathématiques» de M. Marcel Comby nous permet de mesurer notre inculture. • 24 février 2004, la conférence de M. Bernard Plessy sur « Molière et la bêtise humaine » rassemble une nombreuse assistance. Son dernier ouvrage, «Baudelaire et Lyon. Histoire d’une obsession», vient de sortir en librairie. • 22 avril 2004, M. Delignette nous fait découvrir les trois hôtels de ville de Lyon construits successivement dans la Presqu’île. • 2 juin 2004, visite de l’aéroport de Lyon–Saint-Exupéry. Les archives de l’APCR sont riches des comptes-rendus de ces activités et du texte de la conférence de M. Bernard Plessy. Ces trésors attendent les futurs retraités. En adhérant à l’APCR, ils se persuaderont que « La jeunesse n’est pas une période de la vie mais un état d’esprit… Vous resterez jeune tant que vous serez réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’Infini » (Mac Arthur). 48 Actualités Résultats 2003 DECF (Diplôme d’Études Comptables et Financières) DECF 1ère année Unités de valeur DECF 2ère année Étudiants admis Étudiants Présents Résultats Chartreux Résultats Nationaux des sociétés et 1 Droit et droit fiscal 25 31 80,7 % 26,9 % et gestion 3 Organisation de l’entreprise 14 26 53,9 % 6 Comptabilité approfondie 26 31 83,9 % Unités de valeur Étudiants admis Étudiants Présents Résultats Chartreux Résultats Nationaux 2 Relations juridiques 16 29 55,2 % 28,8 % 30,9 % 4 Gestion financière 13 29 44,8 % 31,8 % 38,9 % 7 Contrôle de gestion 11 29 37,9 % 22,0 % Étudiants ayant obtenu le diplôme du DECF Étudiants admis % Chartreux 21 / 29 72,4 % Académie 182 /567 32,1 % National 18 908 / 60 997 31,0 % DESCF (Diplôme d’Études Supérieures Comptables et Financières) Diplôme préparé en partenariat entre l’Université Catholique - ESDES et l’Institution des Chartreux DESCF Unités de valeur Étudiants ayant obtenu le diplôme du DESCF Étudiants admis Résultats Chartreux Résultats Nationaux Droit et 1 Synthèse Comptabilité 13 / 21 61,9 % 18,5 % ESDES - Chartreux économique 2 Synthèse et comptable 9 / 20 45,0 % 16,1 % 3 Grand Oral 11 / 14 71,4 % 41,6 % 2/2 100,0 % 70,1 % 4 Stage d’initiation 49 Étudiants admis % 14 / 21 66,7 % Académie 102 / 455 22,4 % National 4 589 / 17 855 25,7 % Calendrier 2003/2004 et rentrée 2004 PASTORALE • Entrée en Eglise pour les futurs baptisés : Vendredi 25 juin à 11h • Première Communion : Samedi 5 juin à 16h (6ème) Dimanche 6 juin à 9h30 et 11h15 (école) • Profession de Foi : Samedi 15 mai à 18h Dimanche 16 mai à 9h et 11h • Confirmation : Samedi 12 juin à 10h MESSES DE FIN D’ANNEE • 3ème à post-bac : Vendredi 28 mai à 11h • 6ème : Mardi 15 juin à 8h • 4ème : Jeudi 3 juin à 11h • 5ème : Jeudi 17 juin à 8h • Primaire : Vendredi 25 juin à 11h • Maternelle (célébration) : Samedi 26 juin à 11h MATINEE SPIRITUELLE (4ème) • Vendredi 18 juin de 8h à 12h PRESENTATION DE L’INSTITUTION (maternelle à terminale) • Mercredi 16 juin de 16h à 19h : Accueil des nouveaux élèves et de leurs parents ASSEMBLEE GENERALE DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS ELEVES • Vendredi 25 juin à 18h30 ASSEMBLEE GENERALE DE L’ASSOCIATION DES AMIS DE L’ORGUE • Mercredi 13 octobre à 18h EXAMENS DU BREVET DES COLLEGES • Français et histoire-géographie : Jeudi 24 juin • Mathématiques : Vendredi 25 juin EXAMENS DU BACCALAUREAT • Oraux facultatifs : Musique : 26, 27 et 28 mai Langues : 1er, 2, 3 et 4 juin Théâtre : 4, 7, 8 et 9 juin • Ecrits : Du jeudi 10 juin au mercredi 16 juin • Oraux (épreuves obligatoires) : LR, LV2 et LV3 : du jeudi 17 juin au mercredi 23 juin • Délibérations du 1er tour : Vendredi 2 juillet • Oraux et délibérations du 2ème tour : Mardi 6 juillet et mercredi 7 juillet EXAMENS DU DPECF Du mercredi 1er septembre au lundi 6 septembre EXAMENS DU DECF Du mardi 7 septembre au mercredi 15 septembre EXAMENS DE CAMBRIDGE • FCE (First Certificate in English) : Mardi 15 juin • CAE (Certificate in Advanced English) : Mercredi 16 juin • CPE (Certificate in Proficiency English) : Jeudi 17 juin • BEC (Business English Certificate) Preliminary : Mercredi 2 juin LE THEATRE AUX CHARTREUX • CPGE : Jeudi 3 juin et vendredi 4 juin La Machine infernale de Jean Cocteau • Les Théâtreux (2nde) : En juin Les Généreux d’Abdelkader Alloula • 4ème – 3ème : Fin juin Les Bâtisseurs d’Empire ou le Schmürtz de Boris Vian • 6ème-5ème : Mercredi 23 juin L’Eau de vie d’Olivier Py • 6ème : Lundi 21 juin Conversation-Sinfonietta de Jean Tardieu • Ecole : Mardi 22 juin à 20h Les Fables de notre temps de Thérèse Mercier 50 Calendrier 2003/2004 et rentrée 2004 SEMAINE DE LA SAINT-IRENEE A partir du lundi 28 juin : « Les Chartreux en fête » CONCERT DES ELEVES DE L’ECOLE Lundi 21 juin à 19h FETES A L’ECOLE • Fête de l’italien : Vendredi 18 juin à 20h • Fête de l’école maternelle : Samedi 26 juin, de 9h30 à 13h JOURNEE FAMILIALE (maternelle et primaire) • Dimanche 20 juin, au Château de Montmelas STAGES • Secondes : Du lundi 7 juin au vendredi 11 juin Ou du lundi 14 juin au vendredi 18 juin • BTS C1 et C3 : Du jeudi 27 mai au jeudi 1er juillet • BTS I1 : Du jeudi 27 mai au jeudi 8 juillet DEPARTS DES ELEVES • Ecole : Mardi 29 juin après la classe • 6ème : Mardi 22 juin à 17h • 5ème : Mercredi 23 juin à 12h • 4ème : Lundi 21 juin, à 17h • 3ème : Vendredi 18 juin à 12h • 2nde : Vendredi 4 juin à 12h Stages en entreprise : du 7 au 11 ou du 14 au 18 juin • 1ère : Vendredi 4 juin à 12h • Terminale : Mercredi 2 juin à 12h • HEC 1-3 : Mercredi 23 juin à 12h • BTS C1-C3-I1 : Mercredi 26 mai à 12h • BTS I2 : Vendredi 7 mai à 12h • DPECF - DECF 1 et 2 : Vendredi 18 juin à 12h REVISIONS 51 • DPECF : Lundi 30 août et mardi 31 août • DECF : Du mercredi 1er septembre au lundi 6 septembre RENTRÉE DES CLASSES (année scolaire 2004-2005) • Ecole : Jeudi 2 septembre • 6ème, 4ème et 2nde : Jeudi 2 septembre • 5ème, 3ème et terminale : Vendredi 3 septembre • 1ère : Lundi 6 septembre • BTS et CPGE 2ème année : Jeudi 2 septembre • BTS 1ère année : Mardi 7 septembre • CPGE 1ère année : Jeudi 9 septembre (séjour d’intégration les jeudi 9 septembre et vendredi 10 septembre) • DECF 1ère année : Mardi 14 septembre • DECF 2ème année : Jeudi 23 septembre VACANCES SCOLAIRES 2004-2005 • Toussaint : Du vendredi 22 octobre après les cours au jeudi 4 novembre au matin • Jeudi 11 novembre : jour férié Pas de cours le vendredi 12 novembre Récupération du vendredi matin : samedi 6 novembre, matin Récupération du vendredi après-midi : mercredi 10 novembre après-midi • Noël : Du vendredi 17 décembre après les cours au lundi 3 janvier au matin • Hiver : Du vendredi 11 février après les cours au lundi 28 février au matin •Lundi 28 mars : jour férié • Printemps : Du vendredi 15 avril après les cours au lundi 2 mai au matin • Jeudi 5 mai : jour férié Pas de cours le vendredi 6 mai Récupération du vendredi matin : samedi 18 juin, matin (matinée pédagogique : pas de cours)) Récupération du vendredi après-midi : mercredi 4 mai, aprèsmidi • Lundi 16 mai : jour férié Carnet NAISSANCES MARIAGES Nous avons la joie d'annoncer la venue au Se sont unis ou s’uniront par le mariage : monde de : • Alexandre Bouthier (promo 95) et Céline • Clément, au foyer de Florent et Nathalie Masson, née Nanterme (promo 94), le 3 décembre 2003 ème Demizieux, le 31 janvier 2004 • Guillemette Bertrand (promo 90) et Cyril Garcia, le 24 avril 2004 enfant de Cédric et Fanny • Alexandra Bourgeois (promo 95, ancien Hohn, née Baraillon (ancienne élève), le 3 maître d’externat en 6ème-5ème, puis d’internat décembre 2003 en terminale) et Stéphane Jacobs, le 24 avril • Victoire, 3 • Jules, au foyer d’Emilie Michot (promo 92) et Jérôme Schonfeld (promo 93), le 19 2004 • Gaëlle Hubert (promo prépa 1996), fille de Christiane Hubert, ancien professeur à décembre 2003 • Louis, 2ème enfant de Christophe et Cécile Fillatre, née Conan (promo 90), le 15 janvier l’Institution, et Dominique Etienne, le 24 avril 2004 • Laël, au foyer de Frédéric et Anne-Sophie 2004 • Clothilde, 4 ème enfant de Jean et Carine Mirallié, née Devèze (ancienne prépa HEC), le 19 janvier 2004 • Tiphaine, 3 ème 2004 • Meije, au foyer de Corinne et Emmanuel enfant de Laurent (promo 94) et Florence Dionis du Séjour, née Lestra (promo 94), fille de Jean Lestra, professeur d’histoire-géographie à l’Institution, le 25 janvier 2004 • Augustin, 3 Michel, née Desgaches (promo 94), le 5 mai Isaac (promo 93), le 7 mai 2004 • Marie Boulez (promo 95) et Agusti Llinàs Camps, le 8 mai 2004 • Benjamin Chartier (promo 97) et Yannick Balaÿ, le 8 mai 2004 ème enfant de Raphaël et Raphaëlle Herbinet, née Arnaud (promo 92), le 18 février 2004 Mangon, née Douare (promo 94), le 21 février 2004 • Raphaël, 2 • Gabriel, 2 enfant de Nathalie et Cyrille enfant de Carole et Olivier Antoniotti (promo 88), le 24 mars 2004 • Doris-Line, 2 le 29 mai 2004 • Isabelle Rajot (promo 96) et Raphaël Bertholon (promo 93), le 29 mai 2004 Vincent (promo 92), le 10 mars 2004 ème Matthieu Bodin, le 15 mai 2004 • Grégory Fond (promo 93) et Corinne Cook, • Grégory, au foyer d’Olivier et Emmanuelle ème • Hélène Arthaud (promo 93) et Jean- ème enfant d’Annick et Olivier er Chomono (promo 92), le 1 avril 2004 • Nathalie Vacher (promo 2001) et Lionel Dalibard, le 29 mai 2004 • Frédérique Brandon (ancienne élève) et Thierry Louis, le 5 juin 2004 • Marie-Amélie Arnaud (promo 95) et Christian Kehl, le 12 juin 2004 52 • Séverine Bayet (promo 98) et Fabrice Tardivet, le 12 juin 2004 • Axel Cornudet (ancien élève) et MarieCharlotte Bouvet, le 12 juin 2004 • Nicolas Griffaton (collègien de 86 à 90) et Estelle Wallon, le 12 juin 2004 • Florence Vulliez (promo 95) et Arnaud Bonhomme, le 12 juin 2004 • Sophie Cleyet-Marrel (promo 92) et David Mossaz, le 18 juin 2004 • Sylvain Grenard (promo 94) et Cécile Gergaud, le 19 juin 2004 • Violaine Birot (promo 95) et Jean-Luc Bermon, le 26 juin 2004 • Grégory Boyer-Besseyre (promo 93) et Rachel Bray, le 26 juin 2004 • Valérie Fraysse (promo bac 90 et promo BTS compta 92) et Fabrice Phily, le 10 juillet 2004 • Laurent Monarque (promo 91) et Camille Hacard, le 10 juillet 2004 • Dominique Drouet (promo 95) et Olivier Biot, le 17 juillet 2004 • Raphaëlle Isaac (promo 97) et Florian Castagno, le 17 juillet 2004 • Olivier Facy (promo 97) et Audrey Le Tessier, le 24 juillet 2004 • Valérie Haguet (promo 95) et Laurent Piau, le 24 juillet 2004 DISTINCTION • Raphaël Moreau (promo 62), docteur en pharmacie, a reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite, le 29 janvier 2004 53 DÉCÈS Nous ont quittés : • Denis Audras (promo 40), le 30 octobre 2003 • Monique Lemaire, ancienne enseignante à l’école des Chartreux, le 9 janvier 2004 • La mère de Brigitte Cicéron, enseignante à l’école, le 19 janvier 2004 • La mère d’Elisabeth Bourgeois, professeur de musique, le 28 janvier 2004 • Mgr Gabriel Matagrin, ancien directeur spirituel de l’Institution des Chartreux, le 2 février 2004 • Le Père Jean Mey, ancien professeur de lettres à l’Institution des Chartreux, le 1er mars 2004 • Le père de Victor (7ème A), Arnaud d’Hérouville, le 18 mars 2004 • Le père d’Hugo (6ème G) et Guillaume (2nde 3) Kucera • La mère d’Aude de Lustrac (2nde 5) • Magguy Chavannes, ancien profeseur d'anglais • Pierre Gillier (promo 45) • Gérard Vial (promo 50) • Le Professeur Jacques Féroldi (promo 34), Président d'honneur de l'Association des anciens élèves de l'Institution des Chartreux, le 20 mai 2004 n°30 . Juin 2004 Philippe BARBARIN, cardinal archevêque de Lyon • Youssef BECHARA, archevêque maronite d’Antélias au Liban • Marcel BOZONNET, administrateur de la Comédie française • Colloque CHARLES PEGUY • Christine CROZAT, plasticienne • Don DELILLO, écrivain • Marie DESPLECHIN, écrivain • Soeur EMMANUELLE, religieuse • Denis GUEDJ, écrivain • Pierre GUINARD, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Aleksandar HEMON, écrivain • Yves HENRI, sculpteur • Francesca ISIDORI, productrice et critique littéraire à France Culture • Yves JOCTEUR MONTROZIER, conservateur en chef du fonds ancien à la Bibliothèque municipale de Lyon • Festival LA CHAIR ET DIEU • Yannick LAURENT, comédien • Jean-Claude LEMAGNY, conservateur à Festival la LES (soirée Cocteau) • SUBSISTANCES, artistique • historienne d’art Inge • A L’INSTITUTION DES CHARTREUX EN 2003-2004 Bibliothèque nationale • INTRANQUILLES LES NOUVELLES laboratoire de création LINDER GAILLARD, Colum MCCANN, écrivain • Antoine MOUTON, écrivain • Amos OZ, écrivain • Jean-Luc PARANT, poète et plasticien • Bernard PLESSY, essayiste • Denis PODALYDES, acteur • Raphaëlle REROLLE, journaliste au Les Chartreux Monde • Olivier REY, metteur en scène • Jacqueline SALMON, photographe • Didier SANDRE, acteur • Soeur SARA, religieuse • Christian SCHIARETTI, metteur en scène, directeur du Théâtre National Populaire • THEATRE DES CELESTINS, théâtre de Lyon • Jean-René VALETTE, universitaire • et des Subsistances • Marc WEITZMANN, écrivain et journaliste aux Inrockuptibles. Les Chartreux VILLA GILLET, unité de recherches contemporaines • Guy WALTER, écrivain, directeur de la Villa Gillet n°30 Actualités
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