Histoire des Arts ( Les joueurs de Skat et la Rue de Prague d`Otto Dix)
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Histoire des Arts ( Les joueurs de Skat et la Rue de Prague d`Otto Dix)
OTTO DIX peint les invalides de guerre Profondément bouleversé par son expérience de la guerre, le peintre montre et dénonce les horreurs du conflit. PragerStrasse Ce tableau est une peinture à l’huile sur toile, intégrant des collages, intitulé « Rue de Prague ». Il date d’après–guerre, de Juillet 1920 soit un an après la signature du traité de Versailles. Il montre les fragments d’une scène banale de la vie quotidienne d’après-guerre dans une grande rue de Dresde. Ce tableau est aujourd’hui conservé à la galerie Der Stadt à Stuttgart en Allemagne. Le contexte historique L’Allemagne, à l’image de l’Europe qui se présentait comme « l’avant- garde de l’humanité » (Auguste Comte) est ruinée et dévastée. Née de la défaite après l’armistice du 11 Novembre 1918, la République de Weimar est fragile. Sur le plan politique, elle doit lutter à la fois contre les spartakistes et contre les nationalistes qui l’accusent d’avoir signé trop vite le Traité de Versailles. Sur le plan économique, l’Etat allemand inaugure la « dévaluation de combat » : il dévalue le mark à plusieurs reprises. Cette politique rend impossible le remboursement de la dette à laquelle le traité de Versailles a condamné l’Allemagne. L’effondrement monétaire a des conséquences désastreuses dans le pays : à titre d’exemple, en 1923, le prix d’un KG de pain s’établit à 600 milliards de marks. Le retour des combattants à la vie civile est difficile car s’ils jouissent d’un grand prestige moral, ils portent le poids de la défaite. Handicapés, gueules cassées ont du mal à se réinsérer dans la société Description de l’œuvre Ce tableau est volontairement déstructuré à l’image de l’Allemagne décomposée, mutilée par ces pertes humaines mais aussi par le traité de Versailles (Corridor de Dantzig), une Allemagne en proie au nationalisme, à la xénophobie et à l’antisémitisme. Le décor C’est une scène quotidienne d’après-guerre, en apparence banale. La scène se passe dans une rue marchande animée, la « rue de Prague » à Dresde, ville où a longtemps vécu le peintre. Au premier plan, des personnages sont sur le trottoir. A l’arrière-plan, on remarque des vitrines de magasins : un magasin vend des prothèses et des corsets, un autre des perruques. Les personnages : Certains personnages sont représentés intégralement : Un mendiant mutilé au corps désarticulé et aux yeux vides, mendie pour survivre. Un autre mutilé sur une planche à roulette, bien vêtu, le buste décoré bien droit passe devant lui sans le regarder. Certains personnages, partiellement représentés, coupés par le cadre du tableau, sont identifiables : A droite, une femme aux formes généreuses et vêtue d’une robe rose. Sa proximité ainsi que celle d’un chien, accentue les infirmités des autres personnages Deux bourgeois sont reconnaissables par leurs costumes et leurs accessoires : gant, bouton de manchette, canne. Enfin, une petite fille dessine sur le mur. Elle semble désarticulée ; elle est nu-pieds, visage de profil et œil de face. L’interprétation de l’œuvre Par cette œuvre, Otto Dix dénonce : Les horreurs de la guerre (corps blessés, désarticulés, mutilés). Le peintre suggère un parallèle entre les invalides et les bustes désarticulés des mannequins de la vitrine. Ces hommes ont l’air d’être transformés en machines. Le tableau nous montre aussi les victimes indirectes de la guerre : l’orpheline La violence des contrastes sociaux entre les nantis et les mendiants. Ainsi, la misère des uns est représentée par le trottoir et ses détritus, les bouts de journaux, la petite fille et le mendiant. La richesse des autres est représentée par une robe, une main élégante sur une canne, un gant. Chaque humanité ignore l’autre, les regards ne se croisent pas. Cette scène n’est que la vitrine du monde, un mélange de passants soucieux d’élégance et de personnes à jamais handicapées dont on voudrait oublier l’existence. L’horreur semble devenue un spectacle banal et quotidien de la rue. L’antisémitisme : près du cul-de-jatte au buste monté sur une planche à roulettes, Otto Dix a collé un tract ou une affichette, qui porte en titre « Juden Raus » ce qui signifie « dehors les juifs ». Les juifs sont considérés comme responsables des malheurs de l’Allemagne, selon les nationalistes. (naissance du parti nazi en 1920) Conclusion : l’artiste critique, prend position, choque pour dénoncer les horreurs de la guerre. Il choisit de peindre la réalité, la laideur et de montrer les traumatismes liés à la guerre. Il fait apparaitre l’une des racines du nazisme : le rejet de l’autre à cause de son handicap ou de sa « race ». A leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis traiteront OTTO DIX de « dégénéré » et détruiront une partie de ses œuvres. Les joueurs de skat L’œuvre est un tableau à huile sur toile et collage représentant une caricature des « gueules cassées ». Les dimensions sont les suivantes : 110cm x 87cm. Il est conservé à la Galerie nationale de Berlin. Le tableau représente des mutilés au lendemain de la guerre. Leur situation est difficile car ils sortent de la guerre et ils sont encore choqués des évènements ; ils sortent complètement défigurés des champs de bataille, ils ne seront plus reconnaissables et personne ne les verra plus de la même façon. Description de l’œuvre La scène semble se passer dans un café le soir, en 1920 après la Première Guerre Mondiale. Cette grande toile a fait scandale par sa violence insoutenable mais aussi parce qu’elle dénonce l’absurdité de la guerre. La scène se déroule en Allemagne (on aperçoit des journaux allemands à l’arrière-plan). On voit trois "gueules cassées" qui jouent aux cartes. Les joueurs de cartes portent la "Croix de fer" : c’est une décoration qui distinguait les combattants qui avaient eu un comportement héroïque lors du combat. Les trois personnages jouent dans une pièce sombre. On note l’absence de membres inférieurs sur presque tous les personnages, remplacés par des jambes de bois articulées. Les trois joueurs nous montrent leurs jeux. S’ils semblent avoir les cartes en main, le contenu est dévoilé parce « les jeux sont faits ». Ces derniers étaient même truqués puisque l’on remarque deux cartes identiques. Leur destin leur a échappé, il était écrit. Au second plan, on trouve sur la droite un porte manteau. Au-dessus des trois hommes sont affichés des articles de journaux allemands qui font référence au conflit franco-allemand pendant la première Guerre Mondiale. En haut à gauche du tableau, un lampadaire où l’on distingue une tête de mort, éclaire la scène. Le premier personnage, celui de gauche est un homme, on ne peut pas lui donner d’âge tellement sa peau est abîmée. Cet homme est disproportionné, il a une jambe de bois et joue aux cartes avec le pied qui lui reste. Le joueur dont la manche droite est vide, sort de sa manche gauche une main articulée avec laquelle il pose ses cartes sur la table. De son oreille part un tuyau qui lui permet d’entendre la conversation. Il doit avoir perdu l’audition lors de la guerre. Il lui manque une partie de la peau de la tête: il a été scalpé. Le second personnage, au centre, a deux moignons à la place des jambes qu’il a perdues à la guerre. Si l’on regarde son corps on voit qu’il n’est fait que d’os, il n’a pas de peau. Ce personnage a un œil de verre et n’a pas d’oreille. Il n’a pas de bras, et doit poser ses cartes sur un socle pour jouer avec ses dents. On pourrait dire qu’il est plus âgé que le premier personnage à cause de ses cheveux blancs . Le troisième personnage n’a pas de jambe, il est posé sur une sorte de socle en fer. Contrairement aux deux autres personnages il a ses deux mains mais l’une des deux est articulée comme un robot et l’autre est aussi une prothèse. Sur son veston il porte une croix germanique: signe de ralliement des Allemands. L’artiste a réalisé son tableau avec des couleurs peu vives qui tournent toutes autour du verdâtre, noir, et bleu foncé. Ce sont des couleurs sombres qui peuvent mettre le spectateur mal à l’aise. Elles donnent une expression de mort au tableau. Les lignes du tableau sont aussi très confuses : il n’y a pas d’équilibre dans le tableau. L’interprétation de l’œuvre Otto Dix refuse toute récupération dramatique et patriotique des traces de la souffrance militaire. Ces trois "gueules cassées" incarnent les conséquences de la guerre. En l’occurrence celles sur les combattants rescapés mais surtout mutilés. La souffrance n’est pas seulement physique, elle est aussi morale. Ils ont été les témoins de la guerre, ils en souffriront toute leur vie bien que la guerre soit finie et ce n’est pas une simple récompense qui leur fera oublier les années passées sur leur champ de bataille. Otto Dix choisit alors de montrer les soldats comme des pantins ridicules. Dans "Les joueurs de cartes", le décalage entre la banalité de la situation (le jeu) et l’aspect monstrueux des joueurs est frappant (un joueur tient la carte avec son pied). Le fait qu’un autre porte fièrement la croix de fer à sa veste est sans doute une critique du peintre à l’égard d’un nationalisme excessif. Otto Dix dénonce en effet ce comportement de certains anciens combattants qui, au lieu de tirer des leçons de la guerre, ressassent des rancœurs et refusent ainsi le pacifisme. Pour aller plus loin Explorez l’expressionnisme Allemand : rendez-vous sur www.histoiredelart.net, cliquez sur « courants picturaux » puis sur « expressionnisme ». Visitez aussi www.historial.org, cliquez successivement sur « »musée », « collection », « collections thématiques », « Otto Dix »
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