500 personnes à l`enterrement du terroriste de Copenhague
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500 personnes à l`enterrement du terroriste de Copenhague
Ces journalistes qui portent la kippa et parcourent l’Europe Avec la montée de l’antisémitisme, des journalistes portant une kippa parcourent les rues de l’Europe pour faire connaître les réalités de l’antisémitisme JTA – L’envoi d’un homme portant une kippa – avec une caméra vidéo cachée pour informer sur l’antisémitisme qui sévit dans les rues de l’Europe, en particulier dans les quartiers musulmans, est rapidement devenu un nouvel exercice journalistique. Tout d’abord, en janvier, un journaliste portant une kippa a parcouru la ville suédoise fortement islamisée de Malmö ; il a été agressé et injurié. Puis, en février, un journaliste juif orthodoxe marchait dans les rues de Paris ; il a été insulté et intimidé, comme on le voit dans une vidéo. (Une expérience similaire d’un homme musulman à Milan en février, où il portait une « tenue musulmane traditionnelle » et tenait un exemplaire du Coran, lui a également valu des commentaires discriminatoires de la part de passants.) Pour confirmer ou infirmer ces exemples, le tabloïd britannique Daily Mail a déployé toute une batterie de journalistes portant une kippa dans plusieurs pays européens. Les résultats ont été mitigés. La pire expérience d’antisémitisme rapportée par un porteur de kippa s’est produite en Angleterre. Jonathan Kalmus, qui écrit pour le journal britannique juif du Jewish Chronicle, a subi crachats et cris dans les rues de Manchester et de Bradford, deux villes de taille moyenne avec une importante population musulmane. Le Premier ministre britannique David Cameron, le chef du parti travailliste Ed Miliband, un porte-parole du Conseil représentatif des Juifs britanniques, et le représentant parlementaire travailliste de Manchester ont tous réagi dans le Daily Mail au reportage de Kalmus. Cameron s’est exclamé : « Il n’y a aucune excuse à l’antisémitisme choquant que ce reportage révèle » et Miliband a déclaré : « Nous avons besoin de renouveler notre vigilance et de nous assurer que chaque famille de chaque religion puisse vivre en sécurité dans notre pays. » D’autres journalistes du Daily Mail ont rencontré peu – ou pas – d’antisémitisme dans d’autres villes comme Berlin, Rome et Stockholm. Cependant, la rencontre la plus intéressante a eu lieu à Copenhague, la dernière ville européenne à avoir subi une attaque terroriste islamiste. Le cinéaste primé israélo-danois, Omar Shargawi, a mis une kippa pour parcourir des quartiers de la ville, y compris Mjølnerparken, un quartier difficile où a grandi le récent tireur de Copenhague. Il a recueilli plusieurs commentaires positifs, mais aussi entendu certains autres désagréables par leur antisémisme. Tout cela pose la question : l’antisémitisme est-il grave en Europe au point que les Juifs se sentent vraiment mal à l’aise de porter une kippa en public dans certains endroits ? Est-ce seulement le cas depuis la guerre de l’été dernier à Gaza, qui a déclenché une vague de sentiments anti-israéliens et antisémites dans le monde ? Ou bien ces journalistes vont-ils délibérément dans des quartiers a forte densité de musulmans et d’immigrés pour obtenir une réaction qui aurait aussi pu se produire il y a 10 ans ? Sur son blog dans le Forward, Anne Cohen dit ne pas être pas impressionnée par la vidéo du journaliste orthodoxe à Paris: « Sa vidéo est une expérience de choc et d’effroi. Elle ne nous apprend rien. Les Juifs ont une histoire longue et lourde avec l’Etat français qui est plus complexe que ce qui peut être expliqué dans ce billet de blog », a écrit Cohen. « Mais je pense que c’est intéressant de souligner qu’un journaliste se promenant avec une kippa dans un quartier fortement islamisé n’est pas nécessairement représentatif de la réaction du Français moyen envers les Juifs », poursuit-elle. « Ne vous méprenez pas. Les Juifs, comme n’importe qui, devrait pouvoir marcher partout où ils veulent sans que des insultes soient lancées contre eux. Est-ce mal ? Oui. Est-ce dérangeant ? Très. Est-ce surprenant ? Pas vraiment. » « La vidéo elle-même ne fait aucune distinction entre les quartiers, ce qui est quelque peu problématique dans une vidéo intitulée « 10 heures de marche à Paris en tant que Juif ». Paris est une grande ville, avec de nombreuses tensions internes. Y jeter un journaliste vêtu d’une kippa n’en fait pas une vidéo instructive », conclut-elle. Le correspondant anglais du Daily Mail a tenté de répondre directement à ce genre de critiques. « Personne ne peut m’accuser de cibler les quartiers musulmans pour provoquer une réaction. Il s’agissait du centre d’une ville anglaise ordinaire, et je vaquais à mes propres occupations », a déclaré Kalmus. « Personne ne peut m’accuser de porter quelque chose de provocant ou politique. Une personne juive ou toute personne marchant pacifiquement n’importe où dans une rue britannique, sans parler d’un centre-ville, devrait être la bienvenue. » Il poursuit : « Il est tout à fait compréhensible que toute personne ne ressentant pas la menace ne puisse pas réaliser l’ampleur de l’antisémitisme, à quel point il est devenu banal et comment il affecte quotidiennement les Juifs dans notre pays. » Kalmus explique que le nombre d’attaques antisémites commises en Angleterre a été, en 2014, de 37 % plus important (1 168 au total) qu’en France (selon les données du Jewish Community Security Trust). Bien sûr, il est difficile de comprendre tout cela depuis la lointaine métropole qu’est New York, un endroit où Cohen dit à juste titre que « même les non-Juifs sont une sorte de Juifs ». Cependant, l’idée de « no-go zones » [zones interdites] pour les Juifs en Europe a récemment été évoquée par les médias. Des commentateurs du Fox News l’ont suggéré après l’attaque contre Charlie Hebdo en janvier, faisant de fausses déclarations selon lesquelles « la charia » régnerait dans ces zones « en dehors du contrôle du gouvernement ». Le New York Times avait alors mis en évidence l’erreur et Fox News avait été forcé de s’excuser pour ses « erreurs regrettables ». (La maire de Paris, Anne Hidalgo, n’a pas été impressionnée par les excuses et a menacé de poursuivre Fox News.) Peut-être la solution à l’ensemble de ce débat, c’est tout simplement une « kippa magique », c’est-à-dire invisible… © JTA- TIMES OF ISRAEL Un rapport salue les efforts de Tsahal pour éviter les pertes civiles à Gaza L’armée israélienne est allée bien au-delà de ses obligations légales, selon un groupe d’experts américains WASHINGTON – L’armée israélienne est allée bien au-delà de son obligation légale lors de son opération l’été dernier à Gaza dans le but d’éviter les pertes civiles, selon le rapport d’un groupe d’anciens responsables militaires américains et d’experts juridiques. Le rapport de Gaza Conflict Task Force, qui a été rendu public mercredi, a été commandé par le Jewish Institute for National Security Affairs (Institut Juif pour les Affaires de sécurité nationale), ou JINSA. Le groupe de travail a qualifié le conflit de « guerre hybride : où des acteurs non étatiques équipés d’armes avancées opéraient dans des zones urbaines densément peuplées, sans tenir compte de la sécurité des civils et en tirant parti des efforts de son ennemi de se conformer à la loi ». Le rapport fait l’éloge de l’armée israélienne pour ses efforts visant à limiter les pertes civiles, tels que : alerter la population dans une zone ciblée par des appels téléphoniques, des tracts et des explosions à faible impact, mais a également souligné que les Etats-Unis et Israël devraient étudier le conflit afin de trouver un équilibre entre la protection des victimes civiles et la réalisation des objectifs de la mission. Michael travail Israël, Nations Makovsky, le directeur général de JINSA, a déclaré que le groupe de a rédigé le rapport après avoir effectué une mission d’enquête en où ils ont rencontré des responsables israéliens, palestiniens et des Unies, et après avoir analysé une recherche primaire et secondaire. JINSA est une organisation à but non lucratif basée à Washington, qui plaide pour une relation militaire américaine forte avec Israël. Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé Israël de crimes de guerre et de violations des lois de la guerre commis au cours de son opération Bordure protectrice contre le Hamas à Gaza. Ciné-Club : « COURS SANS TE RETOURNER » Srulik, Juif Polonais de 8 ans et demi, fuit le ghetto de Varsovie, où il vit avec ses parents et son frère, après la perte de sa famille. Commence alors pour lui un long périple pour échapper aux soldats qui le recherchent. Pour survivre, Srulik doit tout oublier de son ancienne vie. Mais peut-on oublier son propre nom ? Ciné-Club : « COURS SANS TE RETOURNER » Srulik, Juif Polonais de 8 ans et demi, fuit le ghetto de Varsovie, où il vit avec ses parents et son frère, après la perte de sa famille. Commence alors pour lui un long périple pour échapper aux soldats qui le recherchent. Pour survivre, Srulik doit tout oublier de son ancienne vie. Mais peut-on oublier son propre nom ? Sur les hauteurs du Kenya, une communauté juive résiste Les autodidactes juifs de Kasuku, qui prient en mélangeant l’hebreu et le kikuya, luttent pour garder leur identité Kasuku, Kenya – A un jet de pierres de l’équateur, près du lieu où les hippopotames jouent dans le lac Naivasha, le vent hurle dans la vallée du Grand Rift sur les montagnes du Kenya. Dans les collines – à plus de 2 000 mètres au-dessus du niveau des mers et à des kilomètres des routes pavées – se dresse une synagogue construite avec des bâches en plastique. Les murs sont faits de bois dégrossi, tout comme les bancs. La porte est un vieux châle, et le sol, comme dans toutes les maisons environnantes, n’est que poussière. Dehors, quelqu’un a peint une étoile juive et les mots « Beit Midrash » en bleu sur le plastique près de la porte. Les 60 membres de la communauté juive Kasuku Gathundia, dispersés à travers ces montagnes du Kenya, vivent comme des fermiers au cours de la semaine grâce à l’élevage de vaches et la récolte de maïs. Samedi matin, ils tirent un vieux houmash – un exemplaire relié de la Torah – d’un sac de toile et lisent la parasha hebdomadaire, en partie en hébreu, en partie dans la langue tribale locale, le Kikuya. « La synagogue est petite, mais c’est un lieu de shechinah, affirme Yehuda Kimani, en utilisant ce mot hébreu qui désigne la présence de Dieu ». Ce Kimani de 26 ans est le chef passionné de la communauté juive de Kasuku, il consacre sa vie à établir un lien entre ses rares membres et le reste du monde juif. Les Juifs africains ne sont pas un phénomène nouveau sur le continent. Les Juifs Abayudaya ougandais sont passés d’un avant-poste isolé du judaïsme à une communauté juive vibrante. Presque tous les Shabbat, ils reçoivent des hôtes venus du monde entier, et présentent même la meilleure indication d’une société juive saine et croissante : ils se divisent en synagogues concurrentes. Mais depuis 15 ans, un autre groupe d’agriculteurs africains lutte tranquillement pour bâtir une vie juive au Kenya. La communauté juive Kasuku est située près de la ville de Naharuru, à l’intérieur du pays. Les montagnes où ils vivent forment un côté de la vallée du Grand Rift africain. Sur l’autoroute, vous pouvez sentir le vide obstinant de la vallée du Rift, juste au-delà du bord du tarmac, comme si le monde était sur le point de s’échouer à vos pieds. Le début de l’histoire de la communauté juive de Kasuku n’est pas bien clair. Yossef Ben Avraham Njogu, patriarche de la communauté et père de Yehuda Kimani, explique que Kasuku est aussi le siège de l’importante congrégation juive messianique kenyane. Dans les années 1990, certains Juifs messianiques ont décidé qu’il était temps de réaliser la prophétie et de s’installer en Israël. Ainsi, les dirigeants de l’église messianique ont contacté l’ambassade d’Israël à Nairobi et entamé le processus d’alyah en Terre sainte. Njogu raconte que l’ambassade d’Israël et des représentants de la Congrégation hébraïque de Nairobi (la capitale du Kenya) abritée dans une synagogue vieille de 100 ans, constituée essentiellement d’expatriés, sont venus visiter l’église messianique de Kasuku en 1998 pour voir si les rumeurs sur une population juive locale étaient exactes. Cependant, ni l’ambassade ni la congrégation de Nairobi n’ont de souvenir de cette réunion. « Ils sont venus et ont observé, ils se sont rendu compte qu’ils pratiquaient le messianisme et non le judaïsme, explique Njogu, qui fut l’un des leaders de l’église messianique. Certains d’entre nous ont commencé à s’interroger : si ce n’est pas du judaïsme, alors qu’est le judaïsme ? » Lui et d’autres membres de l’église se sont rendus dans la capitale, ont participé à des services de la Congrégation hébraïque de Nairobi et ont emprunté des livres de culte. « Nous avons commencé à comprendre la différence entre le messianisme et le judaïsme, et certains d’entre nous ont choisi de se tourner vers le judaïsme », dit Njogu, assis dans son salon orné d’un drapeau israélien et d’un grand alphabet hébraïque. Mais la plupart des membres de l’église messianique n’étaient pas d’accord. Donc, Njogu et un autre ancien de l’église, Avraham Ndungu Mbugua, ont pris leurs distances et ont commencé à étudier le judaïsme en profondeur – y compris l’observation du Shabbat et des autres fêtes – dans des livres sur le judaïsme photocopiés à la bibliothèque. Quelques autres familles ont quitté la congrégation messianique et rejoint le petit groupe de familles qui étudiaient le judaïsme. En 2002, le leader ougandais Abayudaya JJ Keki a visité Nairobi et rencontré certains des membres de ce groupe local de Juifs kenyans autodidactes. « C’était la première fois que nous entendions parler de l’existence de Juifs en Ouganda, explique Njogu. C’était très intéressant pour nous, parce que nous ignorions que d’autres Africains s’intéressaient au judaïsme. » Les dirigeants d’Abayudaya ont visité Kasuku, à quatre heures de route de Nairobi, en 2004. Ils ont invité dix des enfants kenyans à étudier à l’école juive en Ouganda. En 2006, le rabbin Gershom Sizomu a converti la majorité de la communauté juive du Kenya avec l’aide du Beit Din du Mouvement conservateur américain. Maintenant, les Juifs Kasuku sont considérés comme des membres à part entière de la communauté juive d’Abayudaya et du Mouvement conservateur mondial. Cependant, alors que la communauté juive ougandaise augmentait considérablement au cours de la dernière décennie grâce à un soutien international, la communauté juive kenyane avait du mal à croître en raison de l’extrême pauvreté et de l’isolement. Alors que la communauté de Kasuku bénéficiait d’une certaine reconnaissance, elle n’entretenait aucun lien avec la Congrégation hébraïque de Nairobi, ni avec l’ambassade d’Israël. « L’ambassade a pleinement connaissance de leur existence, mais il n’existe pas beaucoup de contacts, déclare le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon. J’ignore si cette communauté est juive ou non, et l’ambassade d’Israël n’est certainement pas le bon organisme pour déterminer si une personne est juive ou non, ce n’est pas notre travail. » « Personne dans la communauté n’a de souvenir de cette réunion [entre l’église messianique et de la Congrégation hébraïque de Nairobi], déclare Ashley Myers, le Secrétaire honoraire de la Congrégation. » Myers remarque que les années précédentes, ils avaient parfois des invités africains qui venaient assister à des services de Shabbat, mais il n’est pas sûr qu’il s’agissait des membres de la communauté Kasuku. « La communauté orthodoxe ne les considère pas comme Juifs, nous n’avons pas plus à faire avec eux qu’avec tout musulman ou chrétien », ajoute Myers. Manger casher à Kasuku La lutte pour pratiquer le judaïsme dans le Kenya rural est un combat quotidien contre l’isolement et la pauvreté. C’est seulement lorsqu’on est confronté à ce genre d’isolement que les objets nécessaires aux rituels juifs deviennent précieux. Des livres, bien sûr, mais aussi des mezuzot, des rouleaux de la Torah, des tefilines ou du vin casher. « Quand arrivent les Haggim [fêtes], nous ne disposons pas de ce qu’il faut – le vin, la Matsa, un loulav, un Etrog etc., déplore Avraham, l’un des anciens qui a rompu avec Njogu. Nous avons entendu parler du loulav, mais nous ne savons pas ce que c’est. » Kaningi souligne que même certains objets, comme un os pour le Seder de Pessah, sont impossibles à obtenir parce qu’ils n’ont pas de boucher casher. Les voisins sont également sceptiques à propos de cette « nouvelle » religion. « Ils nous demandent : ‘A quel point êtes-vous juif ? Pouvez-vous respecter toutes ces lois ?’, relate Kaningi. C’est comme s’ils se moquaient de vous, ils ne comprennent pas ce que cela signifie, de sorte qu’il peut être difficile d’interagir avec eux. Quand ils ont des fêtes le samedi et vous ne pouvez pas y aller, ils ne comprennent pas et pensent que vous ne voulez pas y participer. Les écoles n’acceptent pas que vous manquiez quelque chose le samedi. » Un autre problème est la circoncision. Au Kenya, la circoncision est un rite pratiqué habituellement à la puberté, pendant les vacances d’été, après la 8e année. Le ministère de la Santé du Kenya refuse de permettre à la communauté juive de circoncire les garçons à huit jours, alléguant que c’est une coutume barbare. Cela signifie que la communauté doit se rendre en Ouganda pour le rituel, et doit attendre que la mère et le bébé soient assez solides pour entreprendre le voyage difficile. La communauté ougandaise d’Abayudaya est à 12 heures de route en bus de Kasuku, ainsi, les enfants doivent choisir entre recevoir une éducation juive et rester à la maison. En outre, la communauté ougandaise est située dans les basses terres tropicales. Les enfants kenyans, qui ont grandi dans les montagnes sans moustiques, n’ont aucune défense naturelle contre les moustiques et sont souvent affaiblis par le paludisme, obligeant certains à rentrer chez eux. Lorsque les enfants grandissent, il y a aussi la question de trouver un bon shiddukh [partenaire] juif. La communauté planifie la construction d’une synagogue. Ils doivent lever 10 000 dollars pour la construction, mais disposent déjà de la terre et du plan d’un architecte associé à Koulanou, une organisation à but non lucratif de New York qui aide les communautés juives isolées dans le monde entier. Yehuda Kimani, le fils aîné des 13 enfants de Njogu, est le plus grand défenseur de la communauté. Il fait des études de tourisme. Quand il sera diplômé l’an prochain, il espère commencer à organiser des safaris « juifs » pour les touristes internationaux, combinant un safari traditionnel avec un Shabbat à Kasuku, afin de fournir une source durable de revenus à la communauté. Le frère de Kimani Samson est actuellement en Ouganda dans la yeshiva de Rabbi Sizomu et étudie pour devenir un chef spirituel pour la communauté kenyane. Sa sœur Hadassah vit aussi en Ouganda. Visite de la Terre promise Le désir originel de déménager en Israël, qui a conduit la communauté Kasuku sur la voie du judaïsme, a disparu. Partiellement en raison du fait que, la communauté s’étant convertie sous le Beit Din conservateur, sa conversion n’est pas reconnue en Israël. « Lorsque nous suivions le processus de conversion, nous ne connaissions pas tous ces types du judaïsme, explique Kangini. Nous pensions que c’était un Etat avec un seul Dieu, nous ne savions pas qu’il y avait tant de courants, nous pensions que tout était judaïsme. » La communauté ne veut pas s’installer en Israël parce qu’ils savent que, la terre étant très chère, ils ne pourront continuer à vivre de l’agriculture. Mais Njogu espère que la communauté pourra se rendre en Israël pour un court pèlerinage, car cela les aidera à grandir spirituellement. « Bien que nous serons refusés à l’aliya, nous pensons toujours que c’est notre terre, que c’est une promesse faite aux Juifs. Nous pouvons attendre jusqu’à ce que chaque Juif ait le droit de gagner la Terre promise, c’est notre espoir. » « L’étranger résidant parmi vous » Le service de Shabbat du vendredi soir est célébré à la maison, parce que la synagogue est trop éloignée et certains rechignent à marcher dans l’obscurité. Le gouvernement a installé l’électricité dans la région il y a quelques mois, mais actuellement, personne dans le village n’a assez d’argent pour payer le branchement. La nuit, les gens utilisent des lampes à pétrole et le ciel est si plein d’étoiles qu’il semble illuminé. Shabbat matin, la communauté des villages environnants se réunit dans la synagogue en plastique. De nombreux enfants de Njogu, de Sarah, la plus jeune, âgée de 6 ans, à Yehuda, prennent d’assaut les deux premières rangées, et s’assoient dans un silence parfait pendant toute la durée du service. Ils chantent les mêmes airs que les Abayudaya ougandais, émaillant leurs paroles de mots hébreux glanés dans des visites à Rabbi Sizomu ou dans des échanges avec des touristes juifs. Comme il n’y a pas de four, la femme de Njogu, Ruth, fait une hallah frite croustillante pour le Shabbat sur une pâte huileuse, appelée ndazi. Ils prononcent le Kiddouch pour tous les fidèles dans la pièce du milieu de leur maison en bois aux planchers en terre battue. Ils ont décoré les lattes de bois des murs avec des affiches et des motifs israéliens laissés par des visiteurs juifs, et utilisent des boîtes en carton aplaties pour fournir une isolation contre le vent persistant. J’ai visité Kasuku en janvier lors du chabbat de la Paracha Bo, la section de la Torah qui détaille les dernières plaies avant que les Juifs ne soient libérés de l’esclavage en Egypte. Un membre de la communauté a lu en Kikuyu, mais Njogu a attiré leur attention sur un verset spécifique au cours de son sermon. « Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l’Eternel, tout mâle de sa maison devra être circoncis ; alors il s’approchera pour la faire, et il sera comme l’indigène ; mais aucun incirconcis n’en mangera. » (Exode ch 12 : 48-49) Ce verset devrait résonner profondément dans l’âme de chacun dans la communauté, dit Njogu. « Cela signifie que tout étranger en dehors d’Israël peut devenir juif. Hachem [Dieu] a ouvert une porte, et nous avons utilisé cette porte pour devenir ce que nous sommes aujourd’hui. » © Melanie Lidman – TIMES OF ISRAEL Juifs de France: partir ou rester ? Les milieux les plus conscients du destin juif sont secoués par un dilemme existentiel profond quant à l’avenir et la continuité de la vie juive en France. C’est un phénomène social d’ampleur réelle qui fascine les médias et suscite angoisse, voire panique, pour certains milieux juifs, sermonnage grandiloquent pour l’environnement. On pense en général à la dimension de la sécurité comme facteur déterminant. Il est très réel, effectivement: si la France entière est sous la menace des islamistes français, les Juifs le sont plus particulièrement et sans aucun prétexte: ni caricaturistes, ni « à cause de Gaza » – ce que nous avions dit depuis 15 ans à l’opinion (qui nous avait accusé de racisme) – mais par pure haine religieuse, dont le retour cyclique dans l’histoire de l’islam est avéré par les historiens dignes de ce nom. Face à cette haine délirante, toutes les armées du monde ne pourront pas protéger des civils paisibles sous peine d’une militarisation étouffante de leur existence. De fait, le dispositif de vigilance armée adopté par le pouvoir s’est vu maintenu. La question est de savoir ce qui se passera quand il cessera. Le caractère endémique de l’antijudaïsme dans le monde musulman ne cessera pas alors – et encore plus avec la prochaine guerre au Moyen Orient. Il se trouvera toujours dans la communauté musulmane française – malgré les efforts qu’elle pourra faire – des milieux activistes dormants pour s’en prendre aux Juifs comme tels. Je crois que les musulmans français ne se sont pas rendu compte de la situation, à voir les réactions de Dalil Boubakeur à la suite des remarques de Roger Cukierman, qui n’a fait qu’énoncer des évidences sociologiques et policières. Et je dirais plus, la convocation des deux représentants par l’Elysée est encore plus inquiétante quant à la capacité de ce gouvernement de régler avec force la situation. Le projet pour l’islam qu’il a rendu public est de ce point de vue pathétique en matière de compréhension de la situation. C’est l’effet « pas d’amalgame » porté à l’extrême! De ce point de vue là, il n’y a pas eu de changement de politique, si ce n’est la militarisation de la politique sécuritaire mais rien quant au fond du problème. D’AUTRES CRITÈRES QUE LE SÉCURITAIRE Cependant, le critère sécuritaire ne doit pas être le seul. Il faut laisser ouverte la possibilité que la situation sur ce plan là puisse changer. Le critère de la décision doit se hausser pour les individus au dessus du destin individuel, si tant est qu’être juif a un sens et une valeur. Il y a des raisons bien plus profondes qui posent la question du départ. Pour le comprendre, il faut savoir que l’identité juive qui est la nôtre s’est forgée en France au lendemain de la guerre. Elle n’avait jamais existé auparavant et pour cause. Les Juifs étaient censés n’être que des individus de confession israélite. Or, sous Vichy, ils devinrent en droit et en pratique un « peuple étranger ». Revenir dans la citoyenneté n’était plus possible sans assumer cette réalité devenue évidente: le caractère collectif du destin juif. Au même moment se créait Israël qui donnait à ce destin une forme constructive et affirmative à laquelle les Juifs français s’identifièrent de plus en plus, seule conclusion réaliste de la leçon du XX° siècle. C’est ce système existentiel qui est devenu aujourd’hui (depuis les années 1990) impossible en France. Un fait morphologique l’explique: la venue d’une puissante immigration du monde arabo-musulman qui, si elle ne suit pas la voie de l’assimilation, met en danger le modèle français et la place des Juifs en son sein. Le fantasme d’une « communauté de l’immigration » a déjà rendu possible l’accusation de communautarisme et d’infidélité à la République lancée aux Juifs depuis le début des années 1990, dépouillant la reconstruction juive d’après guerre de sa légitimité sociale, de sorte que l’on peut dire que l’identité communautaire n’est plus portée par la société. Un fait idéologique de première importance s’y ajoute: l’antisionisme ambiant, vieux de plus de 20 ans, qui met en demeure les Juifs de se désolidariser d’Israël, au point que certains peuvent comparer l’aliya au départ pour le djihad. La « mémoire de la Shoah », c’est à dire la reconnaissance d’un destin juif collectif, certes, mais mort, s’est substituée à la reconnaissance d’Israël, si ce n’est comme annexe humanitaire de la Shoah. L’inimitié envers Israël de l’Union Européenne, très souvent sous la houlette de la France, illustre parfaitement les limites de la reconnaissance du peuple juif post-Shoah. Le vote de la reconnaissance de l’Etat de Palestine » par une assemblée nationale debout et sous les applaudissements est une scène historique qui marque définitivement la fin d’une époque. L’assemblée a voté pour un Etat destiné à devenir le substitut d’Israël, jetant le destin collectif juif dans une impasse mortelle, 70 ans après Vichy! Un contrat profond est ainsi rompu. SE FAIRE HARA-KIRI POUR ASSURER SA CONTINUITÉ? Mais le plus terrible est ailleurs, à l’interne : il a là aussi l’aspect d’une impasse. Comme les Juifs n’ont absolument aucun intérêt à ce que se constituât en France une « communauté » musulmane plutôt qu’une intégration des musulmans dans la citoyenneté; comme ils ont tout intérêt à ce que l’Etat-nation français reprenne des forces (si son appartenance à l’Union Européenne le rend possible) pour assurer leur sécurité (c’est la simulation de cela qui se joue actuellement avec l' »union nationale » façon Valls), ils seront les premiers à devoir se sacrifier, à renoncer à l’identité communautaire pour que la condition soit égale pour tous et pour donner l’exemple aux musulmans[1]. Ils sont donc, par la force des choses, conduits à se « faire hara-kiri » pour assurer leur continuité. En tel cas, un principe fondamental de la résurgence juive d’après guerre et d’après la liquidation du monde sépharade, sera mis en question, ruinant le sens et la valeur morale d’une continuité diasporique en un temps où il existe un Etat d’Israël, sapant sa légitimité aux yeux mêmes du destin juif cette fois-ci, sauf à opter pour la terrible régression historique que constitue aujourd’hui la voie de l’ultra-orthodoxie, à savoir quitter la scène de l’histoire et l’assomption de toute responsabilité envers soi et le peuple juif. Se désintéresser et se dissocier du peuple juif, de son existence aujourd’hui et demain, c’est se vouer inéluctablement soi même et chaque individu autant que le peuple à la catastrophe. C’est le principe inamovible de toute stratégie d’existence juive. S’il n’est pas tenable dans la réalité où l’on se trouve, il faut alors choisir le départ pour l’assumer sous d’autres cieux plus propices. [1] IL FAUT, AU PASSAGE, PRÉCISER QUE, PAR LE BIAIS DE LA NOTION DE « COMMUNAUTÉ », LA QUESTION D’UNE COMMUNAUTARISATION DE LA POPULATION MUSULMANE N’EST EN AUCUNE FAÇON COMPARABLE À CE QUE J’AI APPELÉ « L’IDENTITÉ COMMUNAUTAIRE » JUIVE. LES JUIFS NE SONT PAS DES IMMIGRÉS MAIS DE TRÈS ANCIENS CITOYENS, LEUR RELIGION S’EST RÉFORMÉE DEPUIS 1807 POUR ENTRER DANS L’ETAT, LEUR IDENTITÉ EST ADOSSÉE À LA CENTRALITÉ DE L’ETAT ET DE LA CULTURE FRANÇAISE, LEUR DESTIN COLLECTIF N’A PAS RESSURGI EN FRANCE DE LEUR FAIT MAIS DU FAIT DE L’ETAT VICHYSSOIS, ET, QUOI QU’IL EN SOIT ILS COMPTENT DANS LEURS RANGS ENVIRON 400 000 PERSONNES ET PAS PLUSIEURS MILLIONS, QUI, DE SURCROÎT, SE TROUVENT ÊTRE AUSSI DES DOUBLE-CITOYENS ACTIFS DE LEURS PAYS D’ORIGINE. Des soldats autistes donnent à l’armée une nouvelle image de leur maladie L’unité 9 900 de Tsahal, qui déchiffre les images satellites, utilisent les capacités des autistes pour décoder les images Pour faire face au travail de Sisyphe de déchiffrage des images satellites, l’unité 9 900 de Tsahal a commencé à employer des soldats volontaires atteints d’autisme qui se sont montrés capables de décoder ces images. Pour les deux ex-agents du Mossad qui ont initié le programme, c’est une innovation de type « gagnant-gagnant ». L’idée est née sur une pelouse. Environ deux douzaines d’hommes d’âge moyen étaient venus en février 2011 réconforter Dror et Yehudit Rotenberg, qui avaient perdu un mois auparavant leur fils, le sergent Nadav Rotenberg, à la bordure de Gaza. Les hommes se connaissaient tous bien – ils avaient servi avec Dror dans l’unité de reconnaissance Paratrooper Brigade dans les années 1970, mais ne s’étaient pas vus depuis des dizaines d’années. Plutôt que de ressasser de vieilles histoires de guerre, ils ont chacun parlé de leurs vies. Certains d’entre eux occupaient les mêmes emplois dans les mêmes kibboutz dans lesquels ils avaient toujours vécu. L’un était professeur, un autre faisait de la prospection pétrolière en Sibérie. Et un de ces messieurs vivait aux États-Unis. Il avait deux fils, de 16 et 14 ans ; le plus âgé était sourd et les deux souffraient d’autisme depuis leur naissance. Il a raconté à quel point il avait été difficile de réaliser, quand son enfant avait deux ans, qu’il ne serait jamais exactement comme les autres. Il a dit que ses fils approchaient l’âge adulte et que l’un des défis les plus redoutables de la famille était l’horizon étroit et sombre que les diplômés du secondaire atteints d’autisme devaient affronter. Alors que leurs pairs rejoignaient l’université ou l’armée, les adolescents atteints d’autisme rentraient à la maison. Son ancien officier T. se souvient qu’il a appelé ce phénomène « la sanglante 21 ». T., aux yeux bleus ombragés par des sourcils couleur sable, a partagé une relation étroite avec le père qui avait, en 1974, été son opérateur radio. Les deux ne s’étaient pas vus depuis. Mais T., qui enseignait le yoga et faisait office de guide pour des voyages en solo dans le désert, après avoir pris sa retraite après plus de 20 ans sur le terrain comme agent du Mossad, a été immédiatement frappé par le désespoir de son ami. Selon lui, c’est à ce moment précis qu’il a pris conscience que travailler avec de jeunes autistes était sa vocation. « Tout ce que j’avais accompli jusqu’à présent me préparait à cela », affirme T., décrivant, entre autres, la capacité de s’attaquer à un problème complexe, de séparer rapidement le bon grain de l’ivraie et de se concentrer intensément sur les éléments critiques. « J’ai appris que lorsque quelque chose est vraiment, vraiment important, alors il n’y a rien qui puisse vous empêcher de le faire. Et le ‘truc’, c’est juste de comprendre ce qui est vraiment, vraiment important. » Dans son cas, c’était l’intégration d’adolescents et de jeunes autistes dans l’une des fonctions déterminantes de la Direction du renseignement militaire de Tsahal : l’interprétation de photographie aérienne. « J’ai appris que lorsque quelque chose est vraiment, vraiment important, alors il n’y a rien qui puisse vous empêcher de le faire. Et le ‘truc’, c’est juste de comprendre ce qui est vraiment, vraiment important. » L’armée a à sa disposition, entre autres des drones de reconnaissance, cinq satellites militaires en orbite autour de la planète. Les satellites de surveillance fournissent en temps réel à Tel Aviv des images 3D, la nuit et à travers toute sorte de la couverture nuageuse. L’unité de renseignement militaire 9 900 est chargée d’interpréter les images. Le travail peut être sans fin. Il nécessite en effet de longues heures de concentration et une constante attention portée aux détails. L’unité, comme d’autres unités du renseignement militaire, peut choisir ses éléments en sélectionnant, parmi le peloton de tête des étudiants, ceux qui ont l’intelligence spatiale nécessaire et la perception visuelle requise pour la tâche. Pourtant, le commandant de l’unité avait confié à T. qu’il souffrait d’une pénurie de déchiffreurs. Les soldats qu’il recueillait, généralement issus des meilleures écoles et présentant les meilleures notes, voulaient monter rapidement et prendre des postes de commandement. T. s’est souvenu avoir entendu cette phrase : « Je vis avec un manque constant de main-d’œuvre. » Et d’ajouter : ce n’est pas demain que l’on pourra remplacer le déchiffreur humain par un logiciel. Pour T. et une autre ancienne du Mossad, L., une mère d’une jeune adulte autiste issue du secteur technologique des services secrets, la situation difficile de l’unité 9 900 incitait à trouver « une situation gagnant-gagnant ». Début 2012, alors que T. était à la recherche des forces relatives des personnes diagnostiquées autistes, il reçoit un appel de Tamir Pardo, le nouveau chef du Mossad. « Il a dit : ‘J’ai entendu qu’il y a un gars qui s’appelle T. qui traite cette question, c’est vous ? Écoutez, je crois à ceci. Si vous avez besoin d’aide, tournez-vous vers moi.’ » Quelques semaines plus tard, T. demande à Pardo s’il pouvait lui prêter « quelques-uns des hommes liés aux aspects technologiques du problème ». Et quelques jours plus tard, L. appelle. Elle avait rejoint le Mossad après son service dans le programme d’élite Talpiot et, en tant que physicienne, avait monté dans la chaîne de commande de la technologie. Mais comme beaucoup de parents désabusés, elle s’inquiétait pour son fils autiste : sera-il capable de vivre de façon autonome ? Aura-t-il un métier pour subvenir à ses besoins ? Approchant de l’âge de la retraite, elle déclare que, si elle était au courant de certains des talents communs chez les personnes autistes « du point de vue d’une mère », c’est Pardo qui lui a suggéré que, peut-être, les personnes autistes auraient un talent pour l’interprétation des images visuelles, et en particulier des images satellite. Mais il s’avère que ce n’est pas aussi simple que cela. Certains peuvent jeter un oeil à la skyline de Rome depuis un hélicoptère puis la recréer parfaitement sur le papier et d’autres sont en mesure de voir le nombre irrationnel de Pi comme une image plutôt que comme une séquence sans fin et de réciter des dizaines de milliers de chiffres consécutifs de mémoire avec une relative facilité. Ce sont des savants, et ils sont extrêmement rares. Le docteur Yoram Bonneh, maître de conférences à l’Université de Haïfa, au département de biologie humaine, a conduit plusieurs études – y compris une étude qui fut financée par le ministère de la Défense – consacrée à la perception visuelle de personnes considérées comme autistes. Ce sont des savants, et ils sont extrêmement rares. Il a découvert qu’ils ont souvent une perception visuelle « différente » plutôt que catégoriquement meilleure, comme il le raconte dans un entretien téléphonique. Selon lui, ils semblent s’approcher des images visuelles complexes « objectivement », débarrassées des « concepts sur la façon dont les choses sont censées être ». Souvent, les gens interprètent ce qu’ils voient, ajoute-t-il, en suivant un récit que le cerveau a mis au point, mais la majorité des personnes atteintes d’autisme a tendance à se concentrer « sur les données brutes ». Il suggère l’image d’un échiquier. Ceux qui sont investis dans le jeu, axés sur la stratégie et les déplacements tactiques et leurs répercussions « sont aveugles » aux détails de la carte. Ceux qui regardent le jeu plus objectivement sont plus susceptibles de remarquer une légère aberration dans l’alignement des pièces ou une tache sur l’un des pions. Pour l’unité 9 900, c’était plus que suffisant. Le commandant de l’unité d’élite, au courant de certaines des recherches dans le domaine, dit qu’il serait heureux de coopérer, et pas par bonne conscience sociale. Le plan était le suivant : sécuriser le financement, trouver un appui universitaire, dénicher les candidats appropriés, construire un programme avec l’armée qui enseigne aux candidats les compétences de déchiffrement nécessaires (d’abord dans un cadre civil confortable, puis dans l’unité), équiper les bénévoles et soldats avec les outils nécessaires pour leur permettre d’intégrer non seulement le tumulte d’une unité militaire, mais aussi, plus tard, dans la population active au sens large. Et enfin, s’assurer que la formation initiale et, plus tard, le service, soient accompagnés par une équipe de thérapeutes formés et par des officiers orientés vers le social. T. a rencontré le professeur universitaire Ono. Son choix situé dans le centre du pays professions de la santé, qui physiothérapie. Dudi Schwartz, le recteur du Collège s’est porté sur cet institut parce qu’il est et qu’il dispose d’un département bien coté des comprend l’ergothérapie, l’orthophonie et la Autour d’une tasse de café et sans signer un seul document, ils sont parvenus à un accord aux termes duquel T. fournirait jusqu’à la moitié des fonds et le collège fournirait l’autre moitié. Lorsque, quelques mois plus tard, le partenaire américain de T., le vieil opérateur radio, fera marche arrière sur son engagement financier, le collège acceptera de payer la totalité de la facture jusqu’à ce que d’autres contributeurs puissent être trouvés. Un comité de pilotage, composé de professionnels du ministère de l’Education, a aidé à localiser les candidats appropriés. L’armée a obtenu toutes les autorisations nécessaires pour assurer le premier cours – puisque des ordinateurs de l’armée sont utilisés sur un campus civil – et a nommé le lieutenant M., un agent de réserve, pour commander les 12 recrues civiles. Rotem Rosen, l’ergothérapeute du programme, décrit le côté thérapeutique de la formation, qui a été conçue par Efrat Selanikyo, le metteur en scène professionnel de Roim Rachok (Looking Far). Rosen, qui s’exprime depuis le bureau principal de l’unité, a déclaré que l’accent était mis sur les activités quotidiennes, comme prendre le bus ou se rendre au siège du renseignement militaire à Tel-Aviv. Le père de l’un des soldats qui sert aujourd’hui est aussi un ancien pilote d’avion de chasse F-16. Il affirme qu’il a suivi son fils en voiture, à son insu, lors de ses premiers jours de trajet jusqu’au cours, et qu’il l’a aidé le premier jour lorsque le transfert de bus ne fonctionnait pas comme prévu, mais que, depuis, l’autonomie de son fils s’est considérablement améliorée. En outre, le personnel a travaillé sur la communication et les compétences sociales. L’armée, comme chacun sait, même dans celle, réputée laxiste, d’Israël, insiste sur la hiérarchie, et les bénévoles, qui avaient tous été exemptés de l’armée avant la genèse du projet, avaient besoin d’aide pour comprendre comment s’adresse à un officier. « En règle générale, l’accent est davantage mis sur le résultat et moins sur la manière », affirme Rosen. Elle note que, même quand un individu a soigneusement pensé à ce qu’il aimerait transmettre, cela peut être difficile d’organiser sa pensée et de l’exprimer de manière optimale et respectueuse des conventions. Elle a travaillé avec le premier groupe de 12 volontaires lorsqu’ils étaient au Ono Academic College et a ensuite déménagé avec eux à l’unité, en octobre 2013. La transition ne fut pas tout de suite facile. Une fois que les volontaires avaient terminé le premier cours classifié, dans l’unité de l’armée, ils ont eu le choix entre quitter l’armée ou devenir soldats. S’ils décidaient de s’engager – un processus que le commandant du programme dans l’unité, la lieutenante Batchen, a décrit comme le spectacle le plus émouvant auquel elle avait assisté durant « les 23 années de ma vie » – ils recevaient une formation supplémentaire et étaient ensuite dispersés entre les bureaux opérationnels, qui sont répartis par régions et pays. Leur travail y est individuel, chaque soldat est affecté à son propre écran, mais le service lui-même est entièrement intégré, conscrits réguliers et soldats autistes servant côte à côte. L’altérité de ces nouvelles recrues peut être, pour les soldats qui sont presque tous encore adolescents, « très, très effrayante » dit-elle, notant que pour le premier groupe de soldats, « la situation sociale est très complexe au début ». Avec le temps les différences se sont fondues en une familiarité et, dans la plupart des cas, de l’affection, a déclaré la lieutenante Batchen, qui a reporté de deux ans le début de ses études à l’Institut israélien de technologie Technion pour superviser le programme. Elle dit avoir travaillé sans relâche avec les officiers, pour leur acclimatation aux soldats du programme Roim Rachok. Il y a, par exemple, ceux qui sont extrêmement sensibles à la lueur de certaines lumières ou, disons, au ronronnement de la climatisation ; d’autres ont besoin d’exercices de gymnastique périodiques afin de rester à l’aise en travaillant dans les salles de l’unité. Chen Eden, thérapeute du programme, se souvient d’un cas où un Rachok fut incapable de suivre les instructions données par un un bureau opérationnel. Elle a suggéré de diviser le projet en plus petites, avec des échéances plus immédiates. Elle affirme soldat de Roim officier sur des tâches que l’officier considère aujourd’hui ce soldat comme son meilleur déchiffreur. La lieutenante Batchen affirme qu’il y a des participants du programme qui sont « parmi les meilleurs déchiffreurs que je n’ai jamais vus », et il y a ceux qui « sont dans la norme. Il est difficile pour moi de dire que le déchiffreur autiste est le déchiffreur idéal. » Elle explique que certains sont particulièrement soucieux des détails et que, « pris dans leur ensemble, ce qui est difficile, parce que tous sont différents, leur motivation signifie qu’ils s’assoient et travaillent à un rythme que tous les décrypteurs ne pourraient pas suivre ». « Ils travaillent à un rythme que tous les décrypteurs ne pourraient pas suivre » Les soldats eux-mêmes semblaient très à l’aise au collège – où il y a actuellement un cours qui vise à intégrer un groupe de 12 garçons dans les départements d’assurance de qualité des logiciels et de traitement des données big data du renseignement militaire -, et naturellement moins, d’après le renseignement militaire, avec leurs commandants dans la pièce. Au collège, le groupe de garçons – l’autisme est beaucoup plus répandu chez les hommes – a choisi, au moyen d’un vote, de parler en anglais à l’auteur de ces lignes. Certains parlaient parfaitement. Et il semblait que tout le monde parlait avec une candeur inhabituelle. L’un deux, interrogé sur sa motivation à rejoindre l’armée, a déclaré qu’il y avait « neuf patriotes et trois opportunistes, y compris moi, dans la pièce ». Fait intéressant, ils ont tous mentionné le soulagement de vivre hors du placard proverbiale. « J’avais l’habitude d’avoir à essayer de passer un examen tout le temps », a déclaré un volontaire. « Ici, c’est différent. Nous sommes tous autistes ». Un autre, a dit avoir « tellement l’habitude de faire comme si que je ne savais pas comment cela serait ». Il a trouvé que le groupe était « plus réceptif à des bizarreries » que tout ce à quoi il avait déjà participé. A la base du renseignement militaire, deux soldats, appelés de leurs bureaux opérationnels pour une courte conversation, étaient mal à l’aise. Ils ont parlé avec hésitation, mais aussi, semblait-il, avec candeur. L’un d’eux, un résident de Maccabim-Reut près de Modiin, dit avoir rejoint l’armée « pour rendre mes parents heureux ». Mais le soldat, le caporal Guy, a rempilé pour une année supplémentaire, ditil, parce que « je savais qu’ils avaient besoin de moi ». L’autre soldat, le caporal Nadav, de Haïfa, déclare qu’il se sent apprécié au bureau opérationnel et fier d’être « en mesure de se faire des amis ». Lors d’une soirée organisée pour les parents et les adolescents qui envisagent d’intégrer le programme Roim Rachok, le caporal Nadav a parlé devant une salle comble. Il a mentionné que le programme avait gagné un prix pour son travail au sein du renseignement militaire et a vivement encouragé les bénévoles potentiels à rejoindre le programme. Il a parlé avec difficulté et son intervention a été brève, mais il a dit plus tard que, quand il a rejoint le programme, l’idée qu’il puisse prendre la parole devant une salle remplie d’adultes aurait été absurde. « C’est le jour et la nuit. » « C’est le jour et la nuit. » Le père du caporal Guy, l’ancien pilote de F-16, a plus tard offert un point de vue personnel. Il a raconté que lui et sa femme avaient essayé d’avoir des enfants pendant plus d’une décennie. Ils ont subi une série de fausses couches. En tant qu’officier supérieur, sa hiérarchie a accepté de le muter à Fort Worth, au Texas, pour un emploi avec la société américaine General Dynamics qui a construit le F-16, afin que lui et sa femme puissent suivre un processus de maternité de substitution, ce qui à l’époque était illégal en Israël. Le jour de l’an 1992, la mère porteuse a donné naissance à des jumeaux. A la maison, ses amis des forces de l’air ont organisé une fête. « C’était très joyeux », se remémore-t-il à l’extérieur d’un café situé près du monastère de Latrun. Mais petit à petit, sa femme et lui-même se sont rendus compte que quelque chose n’allait pas. Les garçons aimaient faire des travaux répétitifs et évitaient de regarder les personnes dans les yeux. Le diagnostic – que l’un des deux jumeaux ne parlerait que peu et qu’il aurait des difficultés et que l’autre, celui qui finira par s’engager dans l’armée, était à l’autre bout du spectre de l’autisme – « fut comme un grand coup de marteau [sur la tête] ». A l’âge de 5 ans, l’enfant, qui est plus tard devenu un volontaire à l’armée, a appris tout seul à lire et l’arithmétique avant même d’apprendre à parler. Il est allé à l’école normalement mais n’avait pas vraiment d’amis. Il passait le plus clair de son temps avec son ordinateur et n’a jamais vraiment créer de lien avec son frère. A l’âge de 18 ans, quand les jeunes de son âge s’engageaient dans l’armée, il était encore très infantile raconte son père, incapable de prendre des décisions et d’exprimer sa volonté. Après des années d’école en plus, ses parents l’on envoyé dans une institution spécialisée pour les jeunes adultes légèrement handicapés où il a acquis les capacités à accomplir les tâches les plus simples de la vie courante. Son fils n’a pas aimé cette année, mais il a quand même fini son année d’apprentissage et est rentré à la maison. Mais il n’était toujours pas prêt à entrer dans le monde des adultes. C’est à cette époque-là que L. l’a appelé et lui a annoncé que le programme Roim Rachok était lancé et que les candidatures étaient ouvertes. Pour lui, cette opportunité qui se présentait pour que son fils puisse servir dans l’armée était importante. « Pendant des années, un parent qui a un enfant ayant des besoins spéciaux, même s’il sait que ce n’est pas possible, souhaite qu’il soit comme les autres : qu’il se marie, qu’il ait des enfants, et oui, qu’il serve à l’armée. Cela était important pour moi. » Ce service militaire a permis à leur fils d’évoluer, à un tel point que l’inquiétude parentale, qui s’amplifiait au fil des années, s’est atténuée. « Vous vous demandez constamment qu’est-ce qui se passera dans 10, 20, 30 ans, précise-t-il. Vous cherchez constamment des solutions et cherchez constamment des manières de sécuriser leur futur. Parce qu’au final, leur espérance de vie est normale et quand nous ne serons plus là, quelqu’un devra prendre soin d’eux. » © Mitch Ginsburg – TIMES OF ISRAEL Suites de l’affaire Sagnol : pauvre LICRA ! Jusqu’où descendra-t-elle ? La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) a eu un passé respectable. Quand elle fut fondée dans les années 30 elle s’appelait Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme (LICA). C’était un temps où la droite extrême française défilait dans les rues en criant « à bas les métèques ! » « Mort aux Juifs ! ». Son combat avait alors un sens, une utilité et un adversaire clairement désigné. Puis, l’époque ayant changée et la lutte contre l’antisémitisme lui paraissant un objectif trop réducteur, la LICA se débaptisa pour se rebaptiser LICRA. C’est qu’il fallait prendre en compte la stigmatisation, réelle ou supposée, des Arabes et des Noirs vivant sur notre territoire. Dans cette logique, qui sacrifiait à l’air du temps, lutter contre l’antisémitisme pouvait éloigner la LICRA les populations souffrantes qu’elle voulait protéger et consoler. Or il se trouve que l’antisémitisme est de nouveau, et férocement, de retour en France. Précisément chez ceux pour lesquels la LICRA a rajouté un « R » à son précédent sigle. C’est en effet dans les banlieues que la haine des Juifs se porte le mieux. Pauvre LICRA ! Que peut-elle faire ? La dignité voudrait qu’elle ait le courage de reprendre son ancien nom de Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme. Mais du courage elle n’en a pas. Elle a décidé d’emprunter un tout autre chemin. Par tradition, par fidélité à ses origines, peut-être, la LICRA est, pour l’essentiel, dirigée et animée par des Juifs. Ce qui n’est ni bien ni mal. Et en tout cas pas honteux. Mais tout se passe comme si la LICRA supportait mal l’étoile jaune qu’elle s’était elle-même cousue sur la poitrine. C’est pourquoi elle fait tout ce qu’elle peut pour s’en débarrasser ou en tout cas pour la dissimuler. Pour ce faire elle chausse de gros sabots qui écrasent aveuglement l’intelligence et le bon sens. Ainsi elle a rompu avec fracas le partenariat qui la liait aux Girondins de Bordeaux. Au motif que l’entraîneur du club, Willy Sagnol, a déclaré que « les joueurs africains n’étaient pas chers et couraient vite » et que les joueurs nordiques étaient « habiles et intelligents ». Pour ceux que ça intéresse un peu, et qui ne crient pas au racisme chaque matin quand ils se rasent (pardon mesdames), ils peuvent consulter l’Indice de Développement Humain établi par l’ONU et regarder les résultats comparés de l’Afrique Noire et de l’Europe du Nord… L’affaire a fait grand bruit d’autant plus que le PS, jamais en retard d’une idiotie, a réclamé des sanctions contre M. Sagnol. Au même moment que la LICRA rompait avec Bordeaux, elle nouait des liens très tendres avec la municipalité de Vaulx-en-Velin. Un partenariat avec un budget de 150 000 euros pour combattre « les discriminations, le racisme et l’antisémitisme ». Noble tâche ! Or il se trouve que l’adjoint chargé de la citoyenneté (et donc de la lutte contre la discrimination) dans cette mairie de gauche est un certain Ahmed Chekhab. Il y a quelques mois il eut son heure de notoriété quand furent révélées ses saillies vulgairement et grossièrement anti-juives. Cambadélis gronda un peu : « ce n’est pas bien ». La maire de la ville, Mme Geoffroy, tempéra en assurant qu’Ahmed Chekhab « était jeune et ne savait pas… » Il fut néanmoins sanctionné. On le priva de son poste d’adjoint aux sports. Et il fut nommé adjoint à la citoyenneté et donc chargé de lutter contre les discriminations ! Un douloureux chemin de croix pour le malheureux Ahmed Chekhab. Et qui sait si arrivé au Golgotha on ne l’obligera pas à mettre une kippa en guise de couronne d’épines ? Mais toute rédemption a son prix… Invité à commenter cet intéressant partenariat, M. Benguigui, patron de la LICRA locale, s’est félicité de cette belle avancée. Il a reconnu que son organisation aurait pu attaquer Ahmed Chekhab en justice pour ses propos. Mais, a t-il dit, cette démarche n’a pas été jugée opportune. Un charitable souci d’apaisement sans doute. Car – qui sait ? – on ne sait quelles émeutes anti-juives auraient pu éclater à Vaulx-en-Velin. Au passage M. Benguigui a déploré qu’il n’y ait plus qu’une dizaine de familles juives dans la ville alors que dans le temps il y en avait 200. Si la LICRA ignore les raisons de cet exode nous pouvons la renseigner. C’est parce qu’à Vaulx-en-Velin il y a des centaines d’Ahmed Chekhab que l’ex-LICA caresse dans le sens du poil. Benoit Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books. Il est également l’auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L’affiche rouge (Denoël), ou encore de L’homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l’ « anti-sarkozysme primaire » ambiant. Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe. Benoit Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books. Il est également l’auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L’affiche rouge (Denoël), ou encore de L’homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l’ « anti-sarkozysme primaire » ambiant. Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe. Comment vont fonctionner les actions de groupes contre les discriminations Ce texte, annoncé par Christiane Taubira, concernerait les discriminations du handicap, hommes-femmes, ou liées à des faits de racisme et d’antisémitisme dans le travail, les transports l’accès au logement et à la fonction publique. Conformément aux souhaits du président de la République François Hollande et du premier ministre Manuel Valls, la Chancellerie peaufine un texte permettant pour des associations de constituer une action de groupe en matière de discrimination. Invitée d’RTL ce mercredi matin, la garde des Sceaux Christiane Taubira a confirmé son intention d’introduire ce dispositif dans sa réforme «Justice du 21e siècle», consacrée à la justice au quotidien, qui vise à faciliter les procédures et les formalités judidicaires en France. «C’est absolument indispensable parce que la haine, le racisme et les discriminations affaiblissent les victimes», a-t-elle plaidé en indiquant que ce projet de loi serait présenté en conseil des ministres d’ici la fin du semestre et au parlement dans le courant de l’année. «Lorsqu’il y a des discriminations à l’emploi, à une inscription universitaire ou une discrimination au logement, la personne est affaiblie psychologiquement, affectivement mais aussi matériellement», a tenu à rappeler la ministre, qui est la cible de nombreuses attaques racistes depuis sa nomination. Pour justifier la nécessité de ces actions de groupes, déjà autorisées pour les consommateurs dans le cadre de la loi Hamon, Christiane Taubira a expliqué qu’il était parfois difficile d’apporter individuellement la preuve d’une discrimination. «Donc permettre aux personnes de se regrouper, de faire en sorte que sur une série de discriminations, il soit plus manifeste, qu’il y a bien une action délibérée, cela va permettre effectivement de réparer le préjudice vis-à-vis des victimes (…) et de mettre en lumière certaines pratiques». Inciter les victimes à se défendre Ces actions de groupe concerneraient les discriminations homme-femme, du handicap ou liées à des faits de racisme et d’antisémitisme dans le travail, les transports l’accès au logement et à la fonction publique. Dans un premier temps, l’ambition est de «créer un socle procédural commun à toutes les actions de groupe dont le cadre soit assez souple et sécurisé pour lutter notamment contre toutes les discriminations», affirme-t-on du côté du ministère de la justice en précisant que «rien n’est encore encore arbitré» et qu’il s’agit «d’une première rédaction». Pour éviter la multiplication des contentieux en tout genre, la Chancellerie envisage de l’ouvrir – au même titre que les autres actions de groupe – avant tout aux associations agréées d’utilité publique ou régulièrement déclarées depuis au moins cinq ans. Leur objet statutaire doit comporter la défense d’intérêts auquel il a été porté atteinte. Pour permettre les actions de groupe dans le monde du travail, les syndicats pourraient également en bénéficier. Il reste notamment à déterminer si la réparation sera possible autant à titre collectif qu’individuel. Le droit concernant les discriminations existe déjà en matière civile. Une victime d’un dommage lié à la faute d’une personne physique ou moral peut déjà aller devant la justice et obtenir la reconnaissance de son préjudice et de sa réparation. «Nous ne changeons pas le fond du droit», fait-on remarquer à la Chancellerie «Mais la preuve dans ce type d’action est très difficile à apporter. Permettre aux victimes de se regrouper peut inciter ces dernières à se défendre, là où elles n’auraient pas osé le faire à titre individuel. De plus cela peut faciliter la recherche de la preuve et aider le magistrat à apprécier une faute par le caractère systématique et répété d’un comportement. Pris isolément, un acte de discrimination peut souvent paraître comme dérisoire. Lorsqu’il se manifeste à l’égard de plusieurs, il peut être davantage caractérisé». Cette procédure existe déjà en matière de consommation, de concurrence et pourrait être à l’avenir élargie aux domaines de l’environnement et de la santé. © Le Figaro – Caroline Piquet En Israël, la gauche redécouvre le sionisme Promouvoir un « Etat juif et démocratique » Isaac Herzog a une tête de comptable. On cherche en vain une émotion ou une aspérité sur le visage du chef du Parti travailliste israélien. Mince, les cheveux coiffés comme un collégien de bonne famille, il porte des lunettes rectangulaires à la monture transparente. Lorsqu’il parle, il n’occupe pas l’espace. Sa voix légèrement nasillarde contraste avec celle de baryton dont sait jouer le premier ministre, Benyamin Nétanyahou. A ses côtés, Tzipi Livni ne prête pas une attention soutenue à la salle d’immigrés français qui leur fait face, en ce 8 mars à Tel Aviv. Chic dans son ensemble noir et ses souliers dorés, elle compulse son portable comme si elle guettait une information de la plus haute importance. Mais cette information ne tombera que le 17 mars. On saura alors, au soir de l’élection législative, si l’alliance entre le chef du Parti travailliste et celle qui était encore ministre de la justice en décembre 2014 a une chance réelle de clore l’ère Nétanyahou. Et de contester la domination idéologique de la droite depuis vingt ans. Les deux leaders ont lié leur destin sous une étiquette commune : l’Union sioniste. Ils veulent offrir une alternative au bloc entre le Likoud, la formation du premier ministre, et les composantes de la droite radicale et religieuse. Mme Livni sauve ainsi son petit parti du risque de ne pas franchir la barre nécessaire (3,25 %) pour entrer à la Knesset (le Parlement israélien). M.Herzog, lui, ne concourt pas sous les couleurs de la formation travailliste, qui provoque un rejet puissant chez de nombreux Israéliens. Promouvoir un « État juif et démocratique » Mais derrière ces calculs de boutique apparaît une autre ambition, justifiant le nom de leur alliance : le centre gauche prétend en finir avec ses complexes et se réapproprier le patriotisme, l’histoire d’Israël et les sources du judaïsme. « Israël est en danger, et ce n’est pas à cause des ennemis à nos frontières, expliquait dimanche M. Herzog. Nous avons perdu notre vision, notre aspiration. Il ne s’agit pas de se définir contre des ennemis, mais de savoir où nous voulons aller. » Lui et Mme Livni se revendiquent sionistes, dans le sens où ils veulent promouvoir « un Etat juif et démocratique ». A l’origine des élections anticipées se trouve le renvoi par M. Nétanyahou de deux ministres, Tzipi Livni et le centriste Yaïr Lapid. La confrontation finale entre eux et le chef du gouvernement concerna un projet de loi très controversé, fin novembre 2014, définissant Israël comme un Etat juif. Ce projet risquait de rompre, selon eux, l’égalité des droits entre citoyens, d’accroître les discriminations contre la minorité arabe et de compromettre la nature démocratique du régime. Au cours d’une campagne sans thème central, secouée par des scandales à mèche courte, le sionisme a fait ainsi un étonnant retour sémantique. Insistant sur la question du logement et du coût de la vie, le centre gauche prétend dénoncer la dérive idéologique de la droite, sans s’exposer aux accusations de naïveté en matière de sécurité nationale Il n’est plus question de sionisme sacrificiel, qu’incarna à sa façon Joseph Trumpeldor (1880-1920). Soldat émérite et militant acharné, il fut tué au combat. On lui attribue ces mots ultimes : « Ça ne fait rien. Il est bon de mourir pour son pays. » L’objectif exposé à la fin du XIXe siècle – une terre pour un peuple éparpillé et persécuté – a été rempli en 1948 avec la création d’Israël. Aujourd’hui, le sionisme est un mot-valise. Chacun en invente le contenu, religieux, territorial ou social. Cette nouvelle jeunesse de l’expression sert aussi à disqualifier l’adversaire. L’infamie ultime, dans la politique israélienne, consiste à traiter un concurrent d’« antisioniste ». « Ce phénomène, explique l’historien Zeev Sternhell, est dû au fait que la droite a réussi à identifier le sionisme avec deux éléments : la conquête de la terre, c’est-à-dire la colonisation en Cisjordanie, et la supériorité juive en Israël même, qui renvoie à la législation sur l’Etat juif. » Insistant sur la question du logement et du coût de la vie, le centre gauche prétend dénoncer la dérive idéologique de la droite, sans s’exposer aux accusations de naïveté en matière de sécurité nationale, qui la poursuivent depuis les accords d’Oslo avec les Palestiniens, en 1993. Pour cela, elle se contente de généralités sur le conflit, au lieu de dessiner une voie pour la reprise des discussions politiques avec Ramallah. L’Union sioniste fait le pari que les électeurs préfèrent le déni aux vérités douloureuses, en ce qui concerne la question palestinienne. Elle lie donc d’abord le sionisme à la justice sociale. Scepticisme Dans l’enceinte quasi déserte de la Knesset, fin janvier, l’étoile montante des travaillistes, Stav Shaffir, a improvisé un discours sur ce thème, en réponse à une apostrophe de Naftali Bennett, le leader extrémiste du Foyer juif. « Ne nous faites pas la leçon au sujet du sionisme, a expliqué l’ancienne vedette du mouvement social de 2011. Le vrai sionisme veut dire répartir le budget équitablement entre les citoyens du pays. Le vrai sionisme, c’est prendre soin des pauvres. Le vrai sionisme, c’est la solidarité, pas seulement au combat mais dans la vie de tous les jours. » Le retentissement fut fort sur les réseaux sociaux. Les critiques contre la dérive du Likoud, qui serait un dévoiement du projet sioniste originel, ne sont pas seulement l’apanage de la gauche. Ministre à plusieurs reprises, aujourd’hui président du Conseil israélien pour les relations étrangères, Dan Meridor est une figure historique de l’aile modérée du parti. Il a refusé, en décembre, de figurer sur la liste pour les élections. Pas question de servir de « détergent », a-t-il alors expliqué. Dan Meridor est en deuil de l’ancien Likoud, celui qui était suffisamment fort pour préserver son étanchéité avec l’extrême droite. « Le Likoud a changé de visage, explique-t-il. C’était un mouvement national et libéral, c’est-à-dire démocratique. Il ne reste plus que le nationalisme. » Mais l’ancien ministre observe avec scepticisme l’Union sioniste. « Il y a sans doute un mécanisme d’autodéfense dans le fait de se surnommer ainsi. Mais on ne peut choisir entre être fort et être juste. S’ils croient qu’il leur suffit de se concentrer sur les questions sociales, ils perdront. » © Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) – Le Monde