500 personnes à l`enterrement du terroriste de Copenhague

Transcription

500 personnes à l`enterrement du terroriste de Copenhague
Ces journalistes qui portent la kippa
et parcourent l’Europe
Avec la montée de l’antisémitisme, des
journalistes portant une kippa parcourent
les rues de l’Europe pour faire connaître
les réalités de l’antisémitisme
JTA – L’envoi d’un homme portant une kippa – avec une caméra vidéo cachée
pour informer sur l’antisémitisme qui sévit dans les rues de l’Europe, en
particulier dans les quartiers musulmans, est rapidement devenu un nouvel
exercice journalistique.
Tout d’abord, en janvier, un journaliste portant une kippa a parcouru la
ville suédoise fortement islamisée de Malmö ; il a été agressé et injurié.
Puis, en février, un journaliste juif orthodoxe marchait dans les rues de
Paris ; il a été insulté et intimidé, comme on le voit dans une vidéo. (Une
expérience similaire d’un homme musulman à Milan en février, où il portait
une « tenue musulmane traditionnelle » et tenait un exemplaire du Coran, lui
a également valu des commentaires discriminatoires de la part de passants.)
Pour confirmer ou infirmer ces exemples, le tabloïd britannique Daily Mail a
déployé toute une batterie de journalistes portant une kippa dans plusieurs
pays européens. Les résultats ont été mitigés.
La pire expérience d’antisémitisme rapportée par un porteur de kippa s’est
produite en Angleterre.
Jonathan Kalmus, qui écrit pour le journal britannique juif du Jewish
Chronicle, a subi crachats et cris dans les rues de Manchester et de
Bradford, deux villes de taille moyenne avec une importante population
musulmane.
Le Premier ministre britannique David Cameron, le chef du parti travailliste
Ed Miliband, un porte-parole du Conseil représentatif des Juifs britanniques,
et le représentant parlementaire travailliste de Manchester ont tous réagi
dans le Daily Mail au reportage de Kalmus.
Cameron s’est exclamé : « Il n’y a aucune excuse à l’antisémitisme choquant
que ce reportage révèle » et Miliband a déclaré : « Nous avons besoin de
renouveler notre vigilance et de nous assurer que chaque famille de chaque
religion puisse vivre en sécurité dans notre pays. »
D’autres journalistes du Daily Mail ont rencontré peu – ou pas –
d’antisémitisme dans d’autres villes comme Berlin, Rome et Stockholm.
Cependant, la rencontre la plus intéressante a eu lieu à Copenhague, la
dernière ville européenne à avoir subi une attaque terroriste islamiste.
Le cinéaste primé israélo-danois, Omar Shargawi, a mis une kippa pour
parcourir des quartiers de la ville, y compris Mjølnerparken, un quartier
difficile où a grandi le récent tireur de Copenhague.
Il a recueilli plusieurs commentaires positifs, mais aussi entendu certains
autres désagréables par leur antisémisme.
Tout cela pose la question : l’antisémitisme est-il grave en Europe au point
que les Juifs se sentent vraiment mal à l’aise de porter une kippa en public
dans certains endroits ?
Est-ce seulement le cas depuis la guerre de l’été dernier à Gaza, qui a
déclenché une vague de sentiments anti-israéliens et antisémites dans le
monde ? Ou bien ces journalistes vont-ils délibérément dans des quartiers a
forte densité de musulmans et d’immigrés pour obtenir une réaction qui aurait
aussi pu se produire il y a 10 ans ?
Sur son blog dans le Forward, Anne Cohen dit ne pas être pas impressionnée
par la vidéo du journaliste orthodoxe à Paris:
« Sa vidéo est une expérience de choc et d’effroi. Elle ne nous apprend rien.
Les Juifs ont une histoire longue et lourde avec l’Etat français qui est plus
complexe que ce qui peut être expliqué dans ce billet de blog », a écrit
Cohen.
« Mais je pense que c’est intéressant de souligner qu’un journaliste se
promenant avec une kippa dans un quartier fortement islamisé n’est pas
nécessairement représentatif de la réaction du Français moyen envers les
Juifs », poursuit-elle.
« Ne vous méprenez pas. Les Juifs, comme n’importe qui, devrait pouvoir
marcher partout où ils veulent sans que des insultes soient lancées contre
eux. Est-ce mal ? Oui. Est-ce dérangeant ? Très. Est-ce surprenant ? Pas
vraiment. »
« La vidéo elle-même ne fait aucune distinction entre les quartiers, ce qui
est quelque peu problématique dans une vidéo intitulée « 10 heures de marche
à Paris en tant que Juif ». Paris est une grande ville, avec de nombreuses
tensions internes. Y jeter un journaliste vêtu d’une kippa n’en fait pas une
vidéo instructive », conclut-elle.
Le correspondant anglais du Daily Mail a tenté de répondre directement à ce
genre de critiques.
« Personne ne peut m’accuser de cibler les quartiers musulmans pour provoquer
une réaction. Il s’agissait du centre d’une ville anglaise ordinaire, et je
vaquais à mes propres occupations », a déclaré Kalmus.
« Personne ne peut m’accuser de porter quelque chose de provocant ou
politique. Une personne juive ou toute personne marchant pacifiquement
n’importe où dans une rue britannique, sans parler d’un centre-ville, devrait
être la bienvenue. »
Il poursuit : « Il est tout à fait compréhensible que toute personne ne
ressentant pas la menace ne puisse pas réaliser l’ampleur de l’antisémitisme,
à quel point il est devenu banal et comment il affecte quotidiennement les
Juifs dans notre pays. »
Kalmus explique que le nombre d’attaques antisémites commises en Angleterre a
été, en 2014, de 37 % plus important (1 168 au total) qu’en France (selon les
données du Jewish Community Security Trust).
Bien sûr, il est difficile de comprendre tout cela depuis la lointaine
métropole qu’est New York, un endroit où Cohen dit à juste titre que « même
les non-Juifs sont une sorte de Juifs ».
Cependant, l’idée de « no-go zones » [zones interdites] pour les Juifs en
Europe a récemment été évoquée par les médias.
Des commentateurs du Fox News l’ont suggéré après l’attaque contre Charlie
Hebdo en janvier, faisant de fausses déclarations selon lesquelles « la
charia » régnerait dans ces zones « en dehors du contrôle du gouvernement ».
Le New York Times avait alors mis en évidence l’erreur et Fox News avait été
forcé de s’excuser pour ses « erreurs regrettables ». (La maire de Paris,
Anne Hidalgo, n’a pas été impressionnée par les excuses et a menacé de
poursuivre Fox News.)
Peut-être la solution à l’ensemble de ce débat, c’est tout simplement une
« kippa magique », c’est-à-dire invisible…
© JTA- TIMES OF ISRAEL
Un rapport salue les efforts de
Tsahal pour éviter les pertes civiles
à Gaza
L’armée israélienne est allée bien au-delà
de ses obligations légales, selon un groupe
d’experts américains
WASHINGTON – L’armée israélienne est allée bien au-delà de son obligation
légale lors de son opération l’été dernier à Gaza dans le but d’éviter les
pertes civiles, selon le rapport d’un groupe d’anciens responsables
militaires américains et d’experts juridiques.
Le rapport de Gaza Conflict Task Force, qui a été rendu public mercredi, a
été commandé par le Jewish Institute for National Security Affairs (Institut
Juif pour les Affaires de sécurité nationale), ou JINSA.
Le groupe de travail a qualifié le conflit de « guerre hybride : où des
acteurs non étatiques équipés d’armes avancées opéraient dans des zones
urbaines densément peuplées, sans tenir compte de la sécurité des civils et
en tirant parti des efforts de son ennemi de se conformer à la loi ».
Le rapport fait l’éloge de l’armée israélienne pour ses efforts visant à
limiter les pertes civiles, tels que : alerter la population dans une zone
ciblée par des appels téléphoniques, des tracts et des explosions à faible
impact, mais a également souligné que les Etats-Unis et Israël devraient
étudier le conflit afin de trouver un équilibre entre la protection des
victimes civiles et la réalisation des objectifs de la mission.
Michael
travail
Israël,
Nations
Makovsky, le directeur général de JINSA, a déclaré que le groupe de
a rédigé le rapport après avoir effectué une mission d’enquête en
où ils ont rencontré des responsables israéliens, palestiniens et des
Unies, et après avoir analysé une recherche primaire et secondaire.
JINSA est une organisation à but non lucratif basée à Washington, qui plaide
pour une relation militaire américaine forte avec Israël.
Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé Israël de crimes de
guerre et de violations des lois de la guerre commis au cours de son
opération Bordure protectrice contre le Hamas à Gaza.
Ciné-Club : « COURS SANS TE RETOURNER
»
Srulik, Juif Polonais de 8 ans et demi, fuit le ghetto
de Varsovie, où il vit avec ses parents et son frère,
après la perte de sa famille. Commence alors pour lui un
long périple pour échapper aux soldats qui le
recherchent. Pour survivre, Srulik doit tout oublier de
son ancienne vie. Mais peut-on oublier son propre nom ?
Ciné-Club : « COURS SANS TE RETOURNER
»
Srulik, Juif Polonais de 8 ans et demi, fuit le ghetto
de Varsovie, où il vit avec ses parents et son frère,
après la perte de sa famille. Commence alors pour lui un
long périple pour échapper aux soldats qui le
recherchent. Pour survivre, Srulik doit tout oublier de
son ancienne vie. Mais peut-on oublier son propre nom ?
Sur les hauteurs du Kenya, une
communauté juive résiste
Les autodidactes juifs de Kasuku, qui
prient en mélangeant l’hebreu et le kikuya,
luttent pour garder leur identité
Kasuku, Kenya – A un jet de pierres de l’équateur, près du lieu où les
hippopotames jouent dans le lac Naivasha, le vent hurle dans la vallée du
Grand Rift sur les montagnes du Kenya.
Dans les collines – à plus de 2 000 mètres au-dessus du niveau des mers et à
des kilomètres des routes pavées – se dresse une synagogue construite avec
des bâches en plastique.
Les murs sont faits de bois dégrossi, tout comme les bancs. La porte est un
vieux châle, et le sol, comme dans toutes les maisons environnantes, n’est
que poussière.
Dehors, quelqu’un a peint une étoile juive et les mots « Beit Midrash » en
bleu sur le plastique près de la porte.
Les 60 membres de la communauté juive Kasuku Gathundia, dispersés à travers
ces montagnes du Kenya, vivent comme des fermiers au cours de la semaine
grâce à l’élevage de vaches et la récolte de maïs.
Samedi matin, ils tirent un vieux houmash – un exemplaire relié de la Torah –
d’un sac de toile et lisent la parasha hebdomadaire, en partie en hébreu, en
partie dans la langue tribale locale, le Kikuya.
« La synagogue est petite, mais c’est un lieu de shechinah, affirme Yehuda
Kimani, en utilisant ce mot hébreu qui désigne la présence de Dieu ». Ce
Kimani de 26 ans est le chef passionné de la communauté juive de Kasuku, il
consacre sa vie à établir un lien entre ses rares membres et le reste du
monde juif.
Les Juifs africains ne sont pas un phénomène nouveau sur le continent.
Les Juifs Abayudaya ougandais sont passés d’un avant-poste isolé du judaïsme
à une communauté juive vibrante. Presque tous les Shabbat, ils reçoivent des
hôtes venus du monde entier, et présentent même la meilleure indication d’une
société juive saine et croissante : ils se divisent en synagogues
concurrentes.
Mais depuis 15 ans, un autre groupe d’agriculteurs africains lutte
tranquillement pour bâtir une vie juive au Kenya.
La communauté juive Kasuku est située près de la ville de Naharuru, à
l’intérieur du pays. Les montagnes où ils vivent forment un côté de la vallée
du Grand Rift africain. Sur l’autoroute, vous pouvez sentir le vide obstinant
de la vallée du Rift, juste au-delà du bord du tarmac, comme si le monde
était sur le point de s’échouer à vos pieds.
Le début de
l’histoire de la
communauté juive
de Kasuku n’est
pas bien clair.
Yossef Ben
Avraham Njogu,
patriarche de la
communauté et
père de Yehuda
Kimani, explique
que Kasuku est
aussi le siège de
l’importante
congrégation
juive messianique
kenyane.
Dans les années 1990, certains Juifs messianiques ont décidé qu’il était
temps de réaliser la prophétie et de s’installer en Israël. Ainsi, les
dirigeants de l’église messianique ont contacté l’ambassade d’Israël à
Nairobi et entamé le processus d’alyah en Terre sainte.
Njogu raconte que l’ambassade d’Israël et des représentants de la
Congrégation hébraïque de Nairobi (la capitale du Kenya) abritée dans une
synagogue vieille de 100 ans, constituée essentiellement d’expatriés, sont
venus visiter l’église messianique de Kasuku en 1998 pour voir si les rumeurs
sur une population juive locale étaient exactes. Cependant, ni l’ambassade ni
la congrégation de Nairobi n’ont de souvenir de cette réunion.
« Ils sont venus et ont
observé, ils se sont
rendu compte qu’ils
pratiquaient le
messianisme et non le
judaïsme, explique Njogu,
qui fut l’un des leaders
de l’église messianique.
Certains d’entre nous ont
commencé à s’interroger :
si ce n’est pas du
judaïsme, alors qu’est le
judaïsme ? »
Lui et d’autres membres de l’église se sont rendus dans la capitale, ont
participé à des services de la Congrégation hébraïque de Nairobi et ont
emprunté des livres de culte.
« Nous avons commencé à comprendre la différence entre le messianisme et le
judaïsme, et certains d’entre nous ont choisi de se tourner vers le
judaïsme », dit Njogu, assis dans son salon orné d’un drapeau israélien et
d’un grand alphabet hébraïque.
Mais la plupart des membres de l’église messianique n’étaient pas d’accord.
Donc, Njogu et un autre ancien de l’église, Avraham Ndungu Mbugua, ont pris
leurs distances et ont commencé à étudier le judaïsme en profondeur – y
compris l’observation du Shabbat et des autres fêtes – dans des livres sur le
judaïsme photocopiés à la bibliothèque.
Quelques autres familles ont quitté la congrégation messianique et rejoint le
petit groupe de familles qui étudiaient le judaïsme.
En 2002, le leader ougandais Abayudaya JJ Keki a visité Nairobi et rencontré
certains des membres de ce groupe local de Juifs kenyans autodidactes.
« C’était la première fois que nous entendions parler de l’existence de Juifs
en Ouganda, explique Njogu. C’était très intéressant pour nous, parce que
nous ignorions que d’autres Africains s’intéressaient au judaïsme. »
Les dirigeants d’Abayudaya ont visité Kasuku, à quatre heures de route de
Nairobi, en 2004. Ils ont invité dix des enfants kenyans à étudier à l’école
juive en Ouganda. En 2006, le rabbin Gershom Sizomu a converti la majorité de
la communauté juive du Kenya avec l’aide du Beit Din du Mouvement
conservateur américain.
Maintenant, les Juifs Kasuku sont considérés comme des membres à part entière
de la communauté juive d’Abayudaya et du Mouvement conservateur mondial.
Cependant, alors que la communauté juive ougandaise augmentait
considérablement au cours de la dernière décennie grâce à un soutien
international, la communauté juive kenyane avait du mal à croître en raison
de l’extrême pauvreté et de l’isolement.
Alors que la communauté de Kasuku bénéficiait d’une certaine reconnaissance,
elle n’entretenait aucun lien avec la Congrégation hébraïque de Nairobi, ni
avec l’ambassade d’Israël.
« L’ambassade a pleinement connaissance de leur existence, mais il n’existe
pas beaucoup de contacts, déclare le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères Emmanuel Nahshon. J’ignore si cette communauté est juive ou non,
et l’ambassade d’Israël n’est certainement pas le bon organisme pour
déterminer si une personne est juive ou non, ce n’est pas notre travail. »
« Personne dans la communauté n’a de souvenir de cette réunion [entre
l’église messianique et de la Congrégation hébraïque de Nairobi], déclare
Ashley Myers, le Secrétaire honoraire de la Congrégation. »
Myers remarque que les années précédentes, ils avaient parfois des invités
africains qui venaient assister à des services de Shabbat, mais il n’est pas
sûr qu’il s’agissait des membres de la communauté Kasuku.
« La communauté orthodoxe ne les considère pas comme Juifs, nous n’avons pas
plus à faire avec eux qu’avec tout musulman ou chrétien », ajoute Myers.
Manger casher à Kasuku
La lutte pour pratiquer le judaïsme dans le Kenya rural est un combat
quotidien contre l’isolement et la pauvreté. C’est seulement lorsqu’on est
confronté à ce genre d’isolement que les objets nécessaires aux rituels juifs
deviennent précieux. Des livres, bien sûr, mais aussi des mezuzot, des
rouleaux de la Torah, des tefilines ou du vin casher.
« Quand arrivent les
Haggim [fêtes], nous ne
disposons pas de ce
qu’il faut – le vin, la
Matsa, un loulav, un
Etrog etc., déplore
Avraham, l’un des
anciens qui a rompu avec
Njogu. Nous avons
entendu parler du
loulav, mais nous ne
savons pas ce que
c’est. »
Kaningi souligne que même certains objets, comme un os pour le Seder de
Pessah, sont impossibles à obtenir parce qu’ils n’ont pas de boucher casher.
Les voisins sont également sceptiques à propos de cette « nouvelle »
religion.
« Ils nous demandent : ‘A quel point êtes-vous juif ? Pouvez-vous respecter
toutes ces lois ?’, relate Kaningi. C’est comme s’ils se moquaient de vous,
ils ne comprennent pas ce que cela signifie, de sorte qu’il peut être
difficile d’interagir avec eux. Quand ils ont des fêtes le samedi et vous ne
pouvez pas y aller, ils ne comprennent pas et pensent que vous ne voulez pas
y participer. Les écoles n’acceptent pas que vous manquiez quelque chose le
samedi. »
Un autre problème est la circoncision. Au Kenya, la circoncision est un rite
pratiqué habituellement à la puberté, pendant les vacances d’été, après la 8e
année.
Le ministère de la Santé du Kenya refuse de permettre à la communauté juive
de circoncire les garçons à huit jours, alléguant que c’est une coutume
barbare. Cela signifie que la communauté doit se rendre en Ouganda pour le
rituel, et doit attendre que la mère et le bébé soient assez solides pour
entreprendre le voyage difficile.
La communauté ougandaise d’Abayudaya est à 12 heures de route en bus de
Kasuku, ainsi, les enfants doivent choisir entre recevoir une éducation juive
et rester à la maison.
En outre, la communauté ougandaise est située dans les basses terres
tropicales. Les enfants kenyans, qui ont grandi dans les montagnes sans
moustiques, n’ont aucune défense naturelle contre les moustiques et sont
souvent affaiblis par le paludisme, obligeant certains à rentrer chez eux.
Lorsque les enfants grandissent, il y a aussi la question de trouver un bon
shiddukh [partenaire] juif.
La communauté planifie la construction d’une synagogue. Ils doivent lever 10
000 dollars pour la construction, mais disposent déjà de la terre et du plan
d’un architecte associé à Koulanou, une organisation à but non lucratif de
New York qui aide les communautés juives isolées dans le monde entier.
Yehuda Kimani, le fils
aîné des 13 enfants de
Njogu, est le plus
grand défenseur de la
communauté. Il fait
des études de
tourisme. Quand il
sera diplômé l’an
prochain, il espère
commencer à organiser
des safaris « juifs »
pour les touristes
internationaux,
combinant un safari
traditionnel avec un
Shabbat à Kasuku, afin de fournir une source durable de revenus à la
communauté.
Le frère de Kimani Samson est actuellement en Ouganda dans la yeshiva de
Rabbi Sizomu et étudie pour devenir un chef spirituel pour la communauté
kenyane. Sa sœur Hadassah vit aussi en Ouganda.
Visite de la Terre promise
Le désir originel de déménager en Israël, qui a conduit la communauté Kasuku
sur la voie du judaïsme, a disparu. Partiellement en raison du fait que, la
communauté s’étant convertie sous le Beit Din conservateur, sa conversion
n’est pas reconnue en Israël.
« Lorsque nous suivions le processus de conversion, nous ne connaissions pas
tous ces types du judaïsme, explique Kangini. Nous pensions que c’était un
Etat avec un seul Dieu, nous ne savions pas qu’il y avait tant de courants,
nous pensions que tout était judaïsme. »
La communauté ne veut pas s’installer en Israël parce qu’ils savent que, la
terre étant très chère, ils ne pourront continuer à vivre de l’agriculture.
Mais Njogu espère que la communauté pourra se rendre en Israël pour un court
pèlerinage, car cela les aidera à grandir spirituellement.
« Bien que nous serons refusés à l’aliya, nous pensons toujours que c’est
notre terre, que c’est une promesse faite aux Juifs. Nous pouvons attendre
jusqu’à ce que chaque Juif ait le droit de gagner la Terre promise, c’est
notre espoir. »
« L’étranger résidant parmi vous »
Le service de Shabbat du vendredi soir est célébré à la maison, parce que la
synagogue est trop éloignée et certains rechignent à marcher dans
l’obscurité.
Le gouvernement a installé l’électricité dans la région il y a quelques mois,
mais actuellement, personne dans le village n’a assez d’argent pour payer le
branchement. La nuit, les gens utilisent des lampes à pétrole et le ciel est
si plein d’étoiles qu’il semble illuminé.
Shabbat matin, la
communauté des villages
environnants se réunit
dans la synagogue en
plastique. De nombreux
enfants de Njogu, de
Sarah, la plus jeune,
âgée de 6 ans, à Yehuda,
prennent d’assaut les
deux premières rangées,
et s’assoient dans un
silence parfait pendant
toute la durée du
service. Ils chantent
les mêmes airs que les
Abayudaya ougandais, émaillant leurs paroles de mots hébreux glanés dans des
visites à Rabbi Sizomu ou dans des échanges avec des touristes juifs.
Comme il n’y a pas de four, la femme de Njogu, Ruth, fait une hallah frite
croustillante pour le Shabbat sur une pâte huileuse, appelée ndazi.
Ils prononcent le Kiddouch pour tous les fidèles dans la pièce du milieu de
leur maison en bois aux planchers en terre battue. Ils ont décoré les lattes
de bois des murs avec des affiches et des motifs israéliens laissés par des
visiteurs juifs, et utilisent des boîtes en carton aplaties pour fournir une
isolation contre le vent persistant.
J’ai visité Kasuku en janvier lors du chabbat de la Paracha Bo, la section de
la Torah qui détaille les dernières plaies avant que les Juifs ne soient
libérés de l’esclavage en Egypte. Un membre de la communauté a lu en Kikuyu,
mais Njogu a attiré leur attention sur un verset spécifique au cours de son
sermon.
« Si un étranger en séjour chez toi veut faire la Pâque de l’Eternel, tout
mâle de sa maison devra être circoncis ; alors il s’approchera pour la faire,
et il sera comme l’indigène ; mais aucun incirconcis n’en mangera. » (Exode
ch 12 : 48-49)
Ce verset devrait résonner profondément dans l’âme de chacun dans la
communauté, dit Njogu.
« Cela signifie que tout étranger en dehors d’Israël peut devenir juif.
Hachem [Dieu] a ouvert une porte, et nous avons utilisé cette porte pour
devenir ce que nous sommes aujourd’hui. »
© Melanie Lidman – TIMES OF ISRAEL
Juifs de France: partir ou rester ?
Les milieux les plus conscients du destin juif sont secoués par un dilemme
existentiel profond quant à l’avenir et la continuité de la vie juive en
France. C’est un phénomène social d’ampleur réelle qui fascine les médias et
suscite angoisse, voire panique, pour certains milieux juifs, sermonnage
grandiloquent pour l’environnement. On pense en général à la dimension de la
sécurité comme facteur déterminant. Il est très réel, effectivement: si la
France entière est sous la menace des islamistes français, les Juifs le sont
plus particulièrement et sans aucun prétexte: ni caricaturistes, ni « à cause
de Gaza » – ce que nous avions dit depuis 15 ans à l’opinion (qui nous avait
accusé de racisme) – mais par pure haine religieuse, dont le retour cyclique
dans l’histoire de l’islam est avéré par les historiens dignes de ce nom.
Face à cette haine délirante, toutes les armées du monde ne pourront pas
protéger des civils paisibles sous peine d’une militarisation étouffante de
leur existence. De fait, le dispositif de vigilance armée adopté par le
pouvoir s’est vu maintenu. La question est de savoir ce qui se passera quand
il cessera. Le caractère endémique de l’antijudaïsme dans le monde musulman
ne cessera pas alors – et encore plus avec la prochaine guerre au Moyen
Orient. Il se trouvera toujours dans la communauté musulmane française –
malgré les efforts qu’elle pourra faire – des milieux activistes dormants
pour s’en prendre aux Juifs comme tels. Je crois que les musulmans français
ne se sont pas rendu compte de la situation, à voir les réactions de Dalil
Boubakeur à la suite des remarques de Roger Cukierman, qui n’a fait
qu’énoncer des évidences sociologiques et policières. Et je dirais plus, la
convocation des deux représentants par l’Elysée est encore plus inquiétante
quant à la capacité de ce gouvernement de régler avec force la situation. Le
projet pour l’islam qu’il a rendu public est de ce point de vue pathétique en
matière de compréhension de la situation. C’est l’effet « pas d’amalgame »
porté à l’extrême! De ce point de vue là, il n’y a pas eu de changement de
politique, si ce n’est la militarisation de la politique sécuritaire mais
rien quant au fond du problème.
D’AUTRES CRITÈRES QUE LE SÉCURITAIRE
Cependant, le critère sécuritaire ne doit pas être le seul. Il faut laisser
ouverte la possibilité que la situation sur ce plan là puisse changer. Le
critère de la décision doit se hausser pour les individus au dessus du destin
individuel, si tant est qu’être juif a un sens et une valeur. Il y a des
raisons bien plus profondes qui posent la question du départ.
Pour le comprendre, il faut savoir que l’identité juive qui est la nôtre
s’est forgée en France au lendemain de la guerre. Elle n’avait jamais existé
auparavant et pour cause. Les Juifs étaient censés n’être que des individus
de confession israélite. Or, sous Vichy, ils devinrent en droit et en
pratique un « peuple étranger ». Revenir dans la citoyenneté n’était plus
possible sans assumer cette réalité devenue évidente: le caractère collectif
du destin juif. Au même moment se créait Israël qui donnait à ce destin une
forme constructive et affirmative à laquelle les Juifs français
s’identifièrent de plus en plus, seule conclusion réaliste de la leçon du XX°
siècle.
C’est ce système existentiel qui est devenu aujourd’hui (depuis les années
1990) impossible en France. Un fait morphologique l’explique: la venue d’une
puissante immigration du monde arabo-musulman qui, si elle ne suit pas la
voie de l’assimilation, met en danger le modèle français et la place des
Juifs en son sein. Le fantasme d’une « communauté de l’immigration » a déjà
rendu possible l’accusation de communautarisme et d’infidélité à la
République lancée aux Juifs depuis le début des années 1990, dépouillant la
reconstruction juive d’après guerre de sa légitimité sociale, de sorte que
l’on peut dire que l’identité communautaire n’est plus portée par la société.
Un fait idéologique de première importance s’y ajoute: l’antisionisme
ambiant, vieux de plus de 20 ans, qui met en demeure les Juifs de se
désolidariser d’Israël, au point que certains peuvent comparer l’aliya au
départ pour le djihad. La « mémoire de la Shoah », c’est à dire la
reconnaissance d’un destin juif collectif, certes, mais mort, s’est
substituée à la reconnaissance d’Israël, si ce n’est comme annexe humanitaire
de la Shoah. L’inimitié envers Israël de l’Union Européenne, très souvent
sous la houlette de la France, illustre parfaitement les limites de la
reconnaissance du peuple juif post-Shoah. Le vote de la reconnaissance de
l’Etat de Palestine » par une assemblée nationale debout et sous les
applaudissements est une scène historique qui marque définitivement la fin
d’une époque. L’assemblée a voté pour un Etat destiné à devenir le substitut
d’Israël, jetant le destin collectif juif dans une impasse mortelle, 70 ans
après Vichy! Un contrat profond est ainsi rompu.
SE FAIRE HARA-KIRI POUR ASSURER SA CONTINUITÉ?
Mais le plus terrible est ailleurs, à l’interne : il a là aussi l’aspect
d’une impasse. Comme les Juifs n’ont absolument aucun intérêt à ce que se
constituât en France une « communauté » musulmane plutôt qu’une intégration
des musulmans dans la citoyenneté; comme ils ont tout intérêt à ce que
l’Etat-nation français reprenne des forces (si son appartenance à l’Union
Européenne le rend possible) pour assurer leur sécurité (c’est la simulation
de cela qui se joue actuellement avec l' »union nationale » façon Valls), ils
seront les premiers à devoir se sacrifier, à renoncer à l’identité
communautaire pour que la condition soit égale pour tous et pour donner
l’exemple aux musulmans[1]. Ils sont donc, par la force des choses, conduits
à se « faire hara-kiri » pour assurer leur continuité.
En tel cas, un principe fondamental de la résurgence juive d’après guerre et
d’après la liquidation du monde sépharade, sera mis en question, ruinant le
sens et la valeur morale d’une continuité diasporique en un temps où il
existe un Etat d’Israël, sapant sa légitimité aux yeux mêmes du destin juif
cette fois-ci, sauf à opter pour la terrible régression historique que
constitue aujourd’hui la voie de l’ultra-orthodoxie, à savoir quitter la
scène de l’histoire et l’assomption de toute responsabilité envers soi et le
peuple juif.
Se désintéresser et se dissocier du peuple juif, de son existence aujourd’hui
et demain, c’est se vouer inéluctablement soi même et chaque individu autant
que le peuple à la catastrophe. C’est le principe inamovible de toute
stratégie d’existence juive. S’il n’est pas tenable dans la réalité où l’on
se trouve, il faut alors choisir le départ pour l’assumer sous d’autres cieux
plus propices.
[1] IL FAUT, AU PASSAGE, PRÉCISER QUE, PAR LE BIAIS DE LA NOTION DE
« COMMUNAUTÉ », LA QUESTION D’UNE COMMUNAUTARISATION DE LA POPULATION
MUSULMANE N’EST EN AUCUNE FAÇON COMPARABLE À CE QUE J’AI APPELÉ « L’IDENTITÉ
COMMUNAUTAIRE » JUIVE. LES JUIFS NE SONT PAS DES IMMIGRÉS MAIS DE TRÈS
ANCIENS CITOYENS, LEUR RELIGION S’EST RÉFORMÉE DEPUIS 1807 POUR ENTRER DANS
L’ETAT, LEUR IDENTITÉ EST ADOSSÉE À LA CENTRALITÉ DE L’ETAT ET DE LA CULTURE
FRANÇAISE, LEUR DESTIN COLLECTIF N’A PAS RESSURGI EN FRANCE DE LEUR FAIT MAIS
DU FAIT DE L’ETAT VICHYSSOIS, ET, QUOI QU’IL EN SOIT ILS COMPTENT DANS LEURS
RANGS ENVIRON 400 000 PERSONNES ET PAS PLUSIEURS MILLIONS, QUI, DE SURCROÎT,
SE TROUVENT ÊTRE AUSSI DES DOUBLE-CITOYENS ACTIFS DE LEURS PAYS D’ORIGINE.
Des soldats autistes donnent à
l’armée une nouvelle image de leur
maladie
L’unité 9 900 de Tsahal, qui déchiffre les images
satellites, utilisent les capacités des autistes
pour décoder les images
Pour faire face au travail de Sisyphe de déchiffrage des images satellites,
l’unité 9 900 de Tsahal a commencé à employer des soldats volontaires
atteints d’autisme qui se sont montrés capables de décoder ces images. Pour
les deux ex-agents du Mossad qui ont initié le programme, c’est une
innovation de type « gagnant-gagnant ».
L’idée est née sur une pelouse. Environ deux douzaines d’hommes d’âge moyen
étaient venus en février 2011 réconforter Dror et Yehudit Rotenberg, qui
avaient perdu un mois auparavant leur fils, le sergent Nadav Rotenberg, à la
bordure de Gaza. Les hommes se connaissaient tous bien – ils avaient servi
avec Dror dans l’unité de reconnaissance Paratrooper Brigade dans les années
1970, mais ne s’étaient pas vus depuis des dizaines d’années.
Plutôt que de ressasser de vieilles histoires de guerre, ils ont chacun parlé
de leurs vies. Certains d’entre eux occupaient les mêmes emplois dans les
mêmes kibboutz dans lesquels ils avaient toujours vécu.
L’un était professeur, un autre faisait de la prospection pétrolière en
Sibérie. Et un de ces messieurs vivait aux États-Unis. Il avait deux fils, de
16 et 14 ans ; le plus âgé était sourd et les deux souffraient d’autisme
depuis leur naissance. Il a raconté à quel point il avait été difficile de
réaliser, quand son enfant avait deux ans, qu’il ne serait jamais exactement
comme les autres.
Il a dit que ses fils approchaient l’âge adulte et que l’un des défis les
plus redoutables de la famille était l’horizon étroit et sombre que les
diplômés du secondaire atteints d’autisme devaient affronter.
Alors que leurs pairs rejoignaient l’université ou l’armée, les adolescents
atteints d’autisme rentraient à la maison. Son ancien officier T. se souvient
qu’il a appelé ce phénomène « la sanglante 21 ».
T., aux yeux bleus ombragés par des sourcils couleur sable, a partagé une
relation étroite avec le père qui avait, en 1974, été son opérateur radio.
Les deux ne s’étaient pas vus depuis.
Mais T., qui enseignait le yoga et faisait office de guide pour des voyages
en solo dans le désert, après avoir pris sa retraite après plus de 20 ans sur
le terrain comme agent du Mossad, a été immédiatement frappé par le désespoir
de son ami. Selon lui, c’est à ce moment précis qu’il a pris conscience que
travailler avec de jeunes autistes était sa vocation.
« Tout ce que j’avais accompli jusqu’à présent me préparait à cela », affirme
T., décrivant, entre autres, la capacité de s’attaquer à un problème
complexe, de séparer rapidement le bon grain de l’ivraie et de se concentrer
intensément sur les éléments critiques.
« J’ai appris que lorsque quelque chose est vraiment, vraiment important,
alors il n’y a rien qui puisse vous empêcher de le faire. Et le ‘truc’, c’est
juste de comprendre ce qui est vraiment, vraiment important. »
Dans son cas, c’était l’intégration d’adolescents et de jeunes autistes dans
l’une des fonctions déterminantes de la Direction du renseignement militaire
de Tsahal : l’interprétation de photographie aérienne.
« J’ai appris que lorsque quelque chose est vraiment, vraiment important,
alors il n’y a rien qui puisse vous empêcher de le faire. Et le ‘truc’,
c’est juste de comprendre ce qui est vraiment, vraiment important. »
L’armée a à sa disposition, entre autres des drones de reconnaissance, cinq
satellites militaires en orbite autour de la planète. Les satellites de
surveillance fournissent en temps réel à Tel Aviv des images 3D, la nuit et à
travers toute sorte de la couverture nuageuse.
L’unité de renseignement militaire 9 900 est chargée d’interpréter les
images. Le travail peut être sans fin. Il nécessite en effet de longues
heures de concentration et une constante attention portée aux détails.
L’unité, comme d’autres unités du renseignement militaire, peut choisir ses
éléments en sélectionnant, parmi le peloton de tête des étudiants, ceux qui
ont l’intelligence spatiale nécessaire et la perception visuelle requise pour
la tâche.
Pourtant, le commandant de l’unité avait confié à T. qu’il souffrait d’une
pénurie de déchiffreurs. Les soldats qu’il recueillait, généralement issus
des meilleures écoles et présentant les meilleures notes, voulaient monter
rapidement et prendre des postes de commandement. T. s’est souvenu avoir
entendu cette phrase : « Je vis avec un manque constant de main-d’œuvre. »
Et d’ajouter : ce n’est pas demain que l’on pourra remplacer le déchiffreur
humain par un logiciel.
Pour T. et une autre ancienne du Mossad, L., une mère d’une jeune adulte
autiste issue du secteur technologique des services secrets, la situation
difficile de l’unité 9 900 incitait à trouver « une situation gagnant-gagnant
».
Début 2012, alors que T. était à la recherche des forces relatives des
personnes diagnostiquées autistes, il reçoit un appel de Tamir Pardo, le
nouveau chef du Mossad. « Il a dit : ‘J’ai entendu qu’il y a un gars qui
s’appelle T. qui traite cette question, c’est vous ? Écoutez, je crois à
ceci. Si vous avez besoin d’aide, tournez-vous vers moi.’ »
Quelques semaines plus tard, T. demande à Pardo s’il pouvait lui prêter «
quelques-uns des hommes liés aux aspects technologiques du problème ».
Et quelques jours plus tard, L. appelle.
Elle avait rejoint le Mossad après son service dans le programme d’élite
Talpiot et, en tant que physicienne, avait monté dans la chaîne de commande
de la technologie.
Mais comme beaucoup de parents désabusés, elle s’inquiétait pour son fils
autiste : sera-il capable de vivre de façon autonome ? Aura-t-il un métier
pour subvenir à ses besoins ?
Approchant de l’âge de la retraite, elle déclare que, si elle était au
courant de certains des talents communs chez les personnes autistes « du
point de vue d’une mère », c’est Pardo qui lui a suggéré que, peut-être, les
personnes autistes auraient un talent pour l’interprétation des images
visuelles, et en particulier des images satellite.
Mais il s’avère que ce n’est pas aussi simple que cela.
Certains peuvent jeter un oeil à la skyline de Rome depuis un hélicoptère
puis la recréer parfaitement sur le papier et d’autres sont en mesure de voir
le nombre irrationnel de Pi comme une image plutôt que comme une séquence
sans fin et de réciter des dizaines de milliers de chiffres consécutifs de
mémoire avec une relative facilité. Ce sont des savants, et ils sont
extrêmement rares.
Le docteur Yoram Bonneh, maître de conférences à l’Université de Haïfa, au
département de biologie humaine, a conduit plusieurs études – y compris une
étude qui fut financée par le ministère de la Défense – consacrée à la
perception visuelle de personnes considérées comme autistes.
Ce sont des savants, et ils sont extrêmement rares.
Il a découvert qu’ils ont souvent une perception visuelle « différente »
plutôt que catégoriquement meilleure, comme il le raconte dans un entretien
téléphonique.
Selon lui, ils semblent s’approcher des images visuelles complexes «
objectivement », débarrassées des « concepts sur la façon dont les choses
sont censées être ».
Souvent, les gens interprètent ce qu’ils voient, ajoute-t-il, en suivant un
récit que le cerveau a mis au point, mais la majorité des personnes atteintes
d’autisme a tendance à se concentrer « sur les données brutes ».
Il suggère l’image d’un échiquier. Ceux qui sont investis dans le jeu, axés
sur la stratégie et les déplacements tactiques et leurs répercussions « sont
aveugles » aux détails de la carte.
Ceux qui regardent le jeu plus objectivement sont plus susceptibles de
remarquer une légère aberration dans l’alignement des pièces ou une tache sur
l’un des pions.
Pour l’unité 9 900, c’était plus que suffisant. Le commandant de l’unité
d’élite, au courant de certaines des recherches dans le domaine, dit qu’il
serait heureux de coopérer, et pas par bonne conscience sociale.
Le plan était le suivant : sécuriser le financement, trouver un appui
universitaire, dénicher les candidats appropriés, construire un programme
avec l’armée qui enseigne aux candidats les compétences de déchiffrement
nécessaires (d’abord dans un cadre civil confortable, puis dans l’unité),
équiper les bénévoles et soldats avec les outils nécessaires pour leur
permettre d’intégrer non seulement le tumulte d’une unité militaire, mais
aussi, plus tard, dans la population active au sens large.
Et enfin, s’assurer que la formation initiale et, plus tard, le service,
soient accompagnés par une équipe de thérapeutes formés et par des officiers
orientés vers le social.
T. a rencontré le professeur
universitaire Ono. Son choix
situé dans le centre du pays
professions de la santé, qui
physiothérapie.
Dudi Schwartz, le recteur du Collège
s’est porté sur cet institut parce qu’il est
et qu’il dispose d’un département bien coté des
comprend l’ergothérapie, l’orthophonie et la
Autour d’une tasse de café et sans signer un seul document, ils sont parvenus
à un accord aux termes duquel T. fournirait jusqu’à la moitié des fonds et le
collège fournirait l’autre moitié.
Lorsque, quelques mois plus tard, le partenaire américain de T., le vieil
opérateur radio, fera marche arrière sur son engagement financier, le collège
acceptera de payer la totalité de la facture jusqu’à ce que d’autres
contributeurs puissent être trouvés.
Un comité de pilotage, composé de professionnels du ministère de l’Education,
a aidé à localiser les candidats appropriés.
L’armée a obtenu toutes les autorisations nécessaires pour assurer le premier
cours – puisque des ordinateurs de l’armée sont utilisés sur un campus civil
– et a nommé le lieutenant M., un agent de réserve, pour commander les 12
recrues civiles.
Rotem Rosen, l’ergothérapeute du programme, décrit le côté thérapeutique de
la formation, qui a été conçue par Efrat Selanikyo, le metteur en scène
professionnel de Roim Rachok (Looking Far).
Rosen, qui s’exprime depuis le bureau principal de l’unité, a déclaré que
l’accent était mis sur les activités quotidiennes, comme prendre le bus ou se
rendre au siège du renseignement militaire à Tel-Aviv.
Le père de l’un des soldats qui sert aujourd’hui est aussi un ancien pilote
d’avion de chasse F-16. Il affirme qu’il a suivi son fils en voiture, à son
insu, lors de ses premiers jours de trajet jusqu’au cours, et qu’il l’a aidé
le premier jour lorsque le transfert de bus ne fonctionnait pas comme prévu,
mais que, depuis, l’autonomie de son fils s’est considérablement améliorée.
En outre, le personnel a travaillé sur la communication et les compétences
sociales. L’armée, comme chacun sait, même dans celle, réputée laxiste,
d’Israël, insiste sur la hiérarchie, et les bénévoles, qui avaient tous été
exemptés de l’armée avant la genèse du projet, avaient besoin d’aide pour
comprendre comment s’adresse à un officier.
« En règle générale, l’accent est davantage mis sur le résultat et moins sur
la manière », affirme Rosen. Elle note que, même quand un individu a
soigneusement pensé à ce qu’il aimerait transmettre, cela peut être difficile
d’organiser sa pensée et de l’exprimer de manière optimale et respectueuse
des conventions.
Elle a travaillé avec le premier groupe de 12 volontaires lorsqu’ils étaient
au Ono Academic College et a ensuite déménagé avec eux à l’unité, en octobre
2013.
La transition ne fut pas tout de suite facile. Une fois que les volontaires
avaient terminé le premier cours classifié, dans l’unité de l’armée, ils ont
eu le choix entre quitter l’armée ou devenir soldats.
S’ils décidaient de s’engager – un processus que le commandant du programme
dans l’unité, la lieutenante Batchen, a décrit comme le spectacle le plus
émouvant auquel elle avait assisté durant « les 23 années de ma vie » – ils
recevaient une formation supplémentaire et étaient ensuite dispersés entre
les bureaux opérationnels, qui sont répartis par régions et pays.
Leur travail y est individuel, chaque soldat est affecté à son propre écran,
mais le service lui-même est entièrement intégré, conscrits réguliers et
soldats autistes servant côte à côte.
L’altérité de ces nouvelles recrues peut être, pour les soldats qui sont
presque tous encore adolescents, « très, très effrayante » dit-elle, notant
que pour le premier groupe de soldats, « la situation sociale est très
complexe au début ».
Avec le temps les différences se sont fondues en une familiarité et, dans la
plupart des cas, de l’affection, a déclaré la lieutenante Batchen, qui a
reporté de deux ans le début de ses études à l’Institut israélien de
technologie Technion pour superviser le programme.
Elle dit avoir travaillé sans relâche avec les officiers, pour leur
acclimatation aux soldats du programme Roim Rachok. Il y a, par exemple, ceux
qui sont extrêmement sensibles à la lueur de certaines lumières ou, disons,
au ronronnement de la climatisation ; d’autres ont besoin d’exercices de
gymnastique périodiques afin de rester à l’aise en travaillant dans les
salles de l’unité.
Chen Eden, thérapeute du programme, se souvient d’un cas où un
Rachok fut incapable de suivre les instructions données par un
un bureau opérationnel. Elle a suggéré de diviser le projet en
plus petites, avec des échéances plus immédiates. Elle affirme
soldat de Roim
officier sur
des tâches
que l’officier
considère aujourd’hui ce soldat comme son meilleur déchiffreur.
La lieutenante Batchen affirme qu’il y a des participants du programme qui
sont « parmi les meilleurs déchiffreurs que je n’ai jamais vus », et il y a
ceux qui « sont dans la norme. Il est difficile pour moi de dire que le
déchiffreur autiste est le déchiffreur idéal. »
Elle explique que certains sont particulièrement soucieux des détails et que,
« pris dans leur ensemble, ce qui est difficile, parce que tous sont
différents, leur motivation signifie qu’ils s’assoient et travaillent à un
rythme que tous les décrypteurs ne pourraient pas suivre ».
« Ils travaillent à un rythme que tous les décrypteurs ne pourraient pas
suivre »
Les soldats eux-mêmes semblaient très à l’aise au collège – où il y a
actuellement un cours qui vise à intégrer un groupe de 12 garçons dans les
départements d’assurance de qualité des logiciels et de traitement des
données big data du renseignement militaire -, et naturellement moins,
d’après le renseignement militaire, avec leurs commandants dans la pièce.
Au collège, le groupe de garçons – l’autisme est beaucoup plus répandu chez
les hommes – a choisi, au moyen d’un vote, de parler en anglais à l’auteur de
ces lignes. Certains parlaient parfaitement. Et il semblait que tout le monde
parlait avec une candeur inhabituelle. L’un deux, interrogé sur sa motivation
à rejoindre l’armée, a déclaré qu’il y avait « neuf patriotes et trois
opportunistes, y compris moi, dans la pièce ».
Fait intéressant, ils ont tous mentionné le soulagement de vivre hors du
placard proverbiale. « J’avais l’habitude d’avoir à essayer de passer un
examen tout le temps », a déclaré un volontaire. « Ici, c’est différent. Nous
sommes tous autistes ».
Un autre, a dit avoir « tellement l’habitude de faire comme si que je ne
savais pas comment cela serait ». Il a trouvé que le groupe était « plus
réceptif à des bizarreries » que tout ce à quoi il avait déjà participé.
A la base du renseignement militaire, deux soldats, appelés de leurs bureaux
opérationnels pour une courte conversation, étaient mal à l’aise. Ils ont
parlé avec hésitation, mais aussi, semblait-il, avec candeur. L’un d’eux, un
résident de Maccabim-Reut près de Modiin, dit avoir rejoint l’armée « pour
rendre mes parents heureux ».
Mais le soldat, le caporal Guy, a rempilé pour une année supplémentaire, ditil, parce que « je savais qu’ils avaient besoin de moi ».
L’autre soldat, le caporal Nadav, de Haïfa, déclare qu’il se sent apprécié au
bureau opérationnel et fier d’être « en mesure de se faire des amis ».
Lors d’une soirée organisée pour les parents et les adolescents qui
envisagent d’intégrer le programme Roim Rachok, le caporal Nadav a parlé
devant une salle comble.
Il a mentionné que le programme avait gagné un prix pour son travail au sein
du renseignement militaire et a vivement encouragé les bénévoles potentiels à
rejoindre le programme. Il a parlé avec difficulté et son intervention a été
brève, mais il a dit plus tard que, quand il a rejoint le programme, l’idée
qu’il puisse prendre la parole devant une salle remplie d’adultes aurait été
absurde. « C’est le jour et la nuit. »
« C’est le jour et la nuit. »
Le père du caporal Guy, l’ancien pilote de F-16, a plus tard offert un point
de vue personnel.
Il a raconté que lui et sa femme avaient essayé d’avoir des enfants pendant
plus d’une décennie.
Ils ont subi une série de fausses couches. En tant qu’officier supérieur, sa
hiérarchie a accepté de le muter à Fort Worth, au Texas, pour un emploi avec
la société américaine General Dynamics qui a construit le F-16, afin que lui
et sa femme puissent suivre un processus de maternité de substitution, ce qui
à l’époque était illégal en Israël.
Le jour de l’an 1992, la mère porteuse a donné naissance à des jumeaux. A la
maison, ses amis des forces de l’air ont organisé une fête. « C’était très
joyeux », se remémore-t-il à l’extérieur d’un café situé près du monastère de
Latrun.
Mais petit à petit, sa femme et lui-même se sont rendus compte que quelque
chose n’allait pas.
Les garçons aimaient faire des travaux répétitifs et évitaient de regarder
les personnes dans les yeux. Le diagnostic – que l’un des deux jumeaux ne
parlerait que peu et qu’il aurait des difficultés et que l’autre, celui qui
finira par s’engager dans l’armée, était à l’autre bout du spectre de
l’autisme – « fut comme un grand coup de marteau [sur la tête] ».
A l’âge de 5 ans, l’enfant, qui est plus tard devenu un volontaire à l’armée,
a appris tout seul à lire et l’arithmétique avant même d’apprendre à parler.
Il est allé à l’école normalement mais n’avait pas vraiment d’amis. Il
passait le plus clair de son temps avec son ordinateur et n’a jamais vraiment
créer de lien avec son frère.
A l’âge de 18 ans, quand les jeunes de son âge s’engageaient dans l’armée, il
était encore très infantile raconte son père, incapable de prendre des
décisions et d’exprimer sa volonté.
Après des années d’école en plus, ses parents l’on envoyé dans une
institution spécialisée pour les jeunes adultes légèrement handicapés où il a
acquis les capacités à accomplir les tâches les plus simples de la vie
courante.
Son fils n’a pas aimé cette année, mais il a quand même fini son année
d’apprentissage et est rentré à la maison. Mais il n’était toujours pas prêt
à entrer dans le monde des adultes.
C’est à cette époque-là que L. l’a appelé et lui a annoncé que le programme
Roim Rachok était lancé et que les candidatures étaient ouvertes.
Pour lui, cette opportunité qui se présentait pour que son fils puisse servir
dans l’armée était importante. « Pendant des années, un parent qui a un
enfant ayant des besoins spéciaux, même s’il sait que ce n’est pas possible,
souhaite qu’il soit comme les autres : qu’il se marie, qu’il ait des enfants,
et oui, qu’il serve à l’armée. Cela était important pour moi. »
Ce service militaire a permis à leur fils d’évoluer, à un tel point que
l’inquiétude parentale, qui s’amplifiait au fil des années, s’est atténuée.
« Vous vous demandez constamment qu’est-ce qui se passera dans 10, 20, 30
ans, précise-t-il. Vous cherchez constamment des solutions et cherchez
constamment des manières de sécuriser leur futur. Parce qu’au final, leur
espérance de vie est normale et quand nous ne serons plus là, quelqu’un devra
prendre soin d’eux. »
© Mitch Ginsburg – TIMES OF ISRAEL
Suites de l’affaire Sagnol : pauvre
LICRA ! Jusqu’où descendra-t-elle ?
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) a eu un
passé respectable. Quand elle fut fondée dans les années 30 elle s’appelait
Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme (LICA). C’était un temps où la
droite extrême française défilait dans les rues en criant « à bas les
métèques ! » « Mort aux Juifs ! ». Son combat avait alors un sens, une
utilité et un adversaire clairement désigné.
Puis, l’époque ayant changée et la lutte contre l’antisémitisme lui
paraissant un objectif trop réducteur, la LICA se débaptisa pour se
rebaptiser LICRA.
C’est qu’il fallait prendre en compte la stigmatisation, réelle ou supposée,
des Arabes et des Noirs vivant sur notre territoire. Dans cette logique, qui
sacrifiait à l’air du temps, lutter contre l’antisémitisme pouvait éloigner
la LICRA les populations souffrantes qu’elle voulait protéger et consoler.
Or il se trouve que l’antisémitisme est de nouveau, et férocement, de retour
en France. Précisément chez ceux pour lesquels la LICRA a rajouté un « R » à
son précédent sigle. C’est en effet dans les banlieues que la haine des Juifs
se porte le mieux. Pauvre LICRA ! Que peut-elle faire ? La dignité voudrait
qu’elle ait le courage de reprendre son ancien nom de Ligue Internationale
Contre l’Antisémitisme. Mais du courage elle n’en a pas. Elle a décidé
d’emprunter un tout autre chemin.
Par tradition, par fidélité à ses origines, peut-être, la LICRA est, pour
l’essentiel, dirigée et animée par des Juifs. Ce qui n’est ni bien ni mal. Et
en tout cas pas honteux. Mais tout se passe comme si la LICRA supportait mal
l’étoile jaune qu’elle s’était elle-même cousue sur la poitrine. C’est
pourquoi elle fait tout ce qu’elle peut pour s’en débarrasser ou en tout cas
pour la dissimuler.
Pour ce faire elle chausse de gros sabots qui écrasent aveuglement
l’intelligence et le bon sens. Ainsi elle a rompu avec fracas le partenariat
qui la liait aux Girondins de Bordeaux. Au motif que l’entraîneur du club,
Willy Sagnol, a déclaré que « les joueurs africains n’étaient pas chers et
couraient vite » et que les joueurs nordiques étaient « habiles et
intelligents ». Pour ceux que ça intéresse un peu, et qui ne crient pas au
racisme chaque matin quand ils se rasent (pardon mesdames), ils peuvent
consulter l’Indice de Développement Humain établi par l’ONU et regarder les
résultats comparés de l’Afrique Noire et de l’Europe du Nord…
L’affaire a fait grand bruit d’autant plus que le PS, jamais en retard d’une
idiotie, a réclamé des sanctions contre M. Sagnol. Au même moment que la
LICRA rompait avec Bordeaux, elle nouait des liens très tendres avec la
municipalité de Vaulx-en-Velin. Un partenariat avec un budget de 150 000
euros pour combattre « les discriminations, le racisme et l’antisémitisme ».
Noble tâche ! Or il se trouve que l’adjoint chargé de la citoyenneté (et donc
de la lutte contre la discrimination) dans cette mairie de gauche est un
certain Ahmed Chekhab.
Il y a quelques mois il eut son heure de notoriété quand furent révélées ses
saillies vulgairement et grossièrement anti-juives. Cambadélis gronda un peu
: « ce n’est pas bien ». La maire de la ville, Mme Geoffroy, tempéra en
assurant qu’Ahmed Chekhab « était jeune et ne savait pas… » Il fut néanmoins
sanctionné. On le priva de son poste d’adjoint aux sports. Et il fut nommé
adjoint à la citoyenneté et donc chargé de lutter contre les discriminations
! Un douloureux chemin de croix pour le malheureux Ahmed Chekhab. Et qui sait
si arrivé au Golgotha on ne l’obligera pas à mettre une kippa en guise de
couronne d’épines ? Mais toute rédemption a son prix…
Invité à commenter cet intéressant partenariat, M. Benguigui, patron de la
LICRA locale, s’est félicité de cette belle avancée. Il a reconnu que son
organisation aurait pu attaquer Ahmed Chekhab en justice pour ses propos.
Mais, a t-il dit, cette démarche n’a pas été jugée opportune. Un charitable
souci d’apaisement sans doute. Car – qui sait ? – on ne sait quelles émeutes
anti-juives auraient pu éclater à Vaulx-en-Velin. Au passage M. Benguigui a
déploré qu’il n’y ait plus qu’une dizaine de familles juives dans la ville
alors que dans le temps il y en avait 200. Si la LICRA ignore les raisons de
cet exode nous pouvons la renseigner. C’est parce qu’à Vaulx-en-Velin il y a
des centaines d’Ahmed Chekhab que l’ex-LICA caresse dans le sens du poil.
Benoit Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de
publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico
Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l’auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay),
L’affiche rouge (Denoël), ou encore de L’homme que vous aimez haïr
(Grasset) qui dénonce l’ « anti-sarkozysme primaire » ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du
jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Benoit Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le
gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles
E-books.
Il est également l’auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L’affiche
rouge (Denoël), ou encore de L’homme que vous aimez haïr (Grasset) qui
dénonce l’ « anti-sarkozysme primaire » ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L’Événement du jeudi, Le
Matin de Paris ou Globe.
Comment vont fonctionner les actions
de groupes contre les discriminations
Ce texte, annoncé par Christiane Taubira, concernerait
les discriminations du handicap, hommes-femmes, ou liées
à des faits de racisme et d’antisémitisme dans le
travail, les transports l’accès au logement et à la
fonction publique.
Conformément aux souhaits du président de la République François Hollande et
du premier ministre Manuel Valls, la Chancellerie peaufine un texte
permettant pour des associations de constituer une action de groupe en
matière de discrimination. Invitée d’RTL ce mercredi matin, la garde des
Sceaux Christiane Taubira a confirmé son intention d’introduire ce dispositif
dans sa réforme «Justice du 21e siècle», consacrée à la justice au quotidien,
qui vise à faciliter les procédures et les formalités judidicaires en France.
«C’est absolument indispensable parce que la haine, le racisme et les
discriminations affaiblissent les victimes», a-t-elle plaidé en indiquant que
ce projet de loi serait présenté en conseil des ministres d’ici la fin du
semestre et au parlement dans le courant de l’année.
«Lorsqu’il y a des discriminations à l’emploi, à une inscription
universitaire ou une discrimination au logement, la personne est affaiblie
psychologiquement, affectivement mais aussi matériellement», a tenu à
rappeler la ministre, qui est la cible de nombreuses attaques racistes depuis
sa nomination. Pour justifier la nécessité de ces actions de groupes, déjà
autorisées pour les consommateurs dans le cadre de la loi Hamon, Christiane
Taubira a expliqué qu’il était parfois difficile d’apporter individuellement
la preuve d’une discrimination. «Donc permettre aux personnes de se
regrouper, de faire en sorte que sur une série de discriminations, il soit
plus manifeste, qu’il y a bien une action délibérée, cela va permettre
effectivement de réparer le préjudice vis-à-vis des victimes (…) et de mettre
en lumière certaines pratiques».
Inciter les victimes à se défendre
Ces actions de groupe concerneraient les discriminations homme-femme, du
handicap ou liées à des faits de racisme et d’antisémitisme dans le travail,
les transports l’accès au logement et à la fonction publique. Dans un premier
temps, l’ambition est de «créer un socle procédural commun à toutes les
actions de groupe dont le cadre soit assez souple et sécurisé pour lutter
notamment contre toutes les discriminations», affirme-t-on du côté du
ministère de la justice en précisant que «rien n’est encore encore arbitré»
et qu’il s’agit «d’une première rédaction». Pour éviter la multiplication des
contentieux en tout genre, la Chancellerie envisage de l’ouvrir – au même
titre que les autres actions de groupe – avant tout aux associations agréées
d’utilité publique ou régulièrement déclarées depuis au moins cinq ans. Leur
objet statutaire doit comporter la défense d’intérêts auquel il a été porté
atteinte. Pour permettre les actions de groupe dans le monde du travail, les
syndicats pourraient également en bénéficier. Il reste notamment à déterminer
si la réparation sera possible autant à titre collectif qu’individuel.
Le droit concernant les discriminations existe déjà en matière civile. Une
victime d’un dommage lié à la faute d’une personne physique ou moral peut
déjà aller devant la justice et obtenir la reconnaissance de son préjudice et
de sa réparation. «Nous ne changeons pas le fond du droit», fait-on remarquer
à la Chancellerie «Mais la preuve dans ce type d’action est très difficile à
apporter. Permettre aux victimes de se regrouper peut inciter ces dernières à
se défendre, là où elles n’auraient pas osé le faire à titre individuel. De
plus cela peut faciliter la recherche de la preuve et aider le magistrat à
apprécier une faute par le caractère systématique et répété d’un
comportement. Pris isolément, un acte de discrimination peut souvent paraître
comme dérisoire. Lorsqu’il se manifeste à l’égard de plusieurs, il peut être
davantage caractérisé». Cette procédure existe déjà en matière de
consommation, de concurrence et pourrait être à l’avenir élargie aux domaines
de l’environnement et de la santé.
© Le Figaro –
Caroline Piquet
En Israël, la gauche redécouvre le
sionisme
Promouvoir un « Etat juif et démocratique »
Isaac Herzog a une tête de comptable. On cherche en vain une émotion ou une
aspérité sur le visage du chef du Parti travailliste israélien. Mince, les
cheveux coiffés comme un collégien de bonne famille, il porte des lunettes
rectangulaires à la monture transparente. Lorsqu’il parle, il n’occupe pas
l’espace. Sa voix légèrement nasillarde contraste avec celle de baryton dont
sait jouer le premier ministre, Benyamin Nétanyahou. A ses côtés, Tzipi Livni
ne prête pas une attention soutenue à la salle d’immigrés français qui leur
fait face, en ce 8 mars à Tel Aviv. Chic dans son ensemble noir et ses
souliers dorés, elle compulse son portable comme si elle guettait une
information de la plus haute importance.
Mais cette information ne tombera que le 17 mars. On saura alors, au soir de
l’élection législative, si l’alliance entre le chef du Parti travailliste et
celle qui était encore ministre de la justice en décembre 2014 a une chance
réelle de clore l’ère Nétanyahou. Et de contester la domination idéologique
de la droite depuis vingt ans.
Les deux leaders ont lié leur destin sous une étiquette commune : l’Union
sioniste. Ils veulent offrir une alternative au bloc entre le Likoud, la
formation du premier ministre, et les composantes de la droite radicale et
religieuse. Mme Livni sauve ainsi son petit parti du risque de ne pas
franchir la barre nécessaire (3,25 %) pour entrer à la Knesset (le Parlement
israélien). M.Herzog, lui, ne concourt pas sous les couleurs de la formation
travailliste, qui provoque un rejet puissant chez de nombreux Israéliens.
Promouvoir un « État juif et démocratique »
Mais derrière ces calculs de boutique apparaît une autre ambition, justifiant
le nom de leur alliance : le centre gauche prétend en finir avec ses
complexes et se réapproprier le patriotisme, l’histoire d’Israël et les
sources du judaïsme. « Israël est en danger, et ce n’est pas à cause des
ennemis à nos frontières, expliquait dimanche M. Herzog. Nous avons perdu
notre vision, notre aspiration. Il ne s’agit pas de se définir contre des
ennemis, mais de savoir où nous voulons aller. » Lui et Mme Livni se
revendiquent sionistes, dans le sens où ils veulent promouvoir « un Etat juif
et démocratique ».
A l’origine des élections anticipées se trouve le renvoi par M. Nétanyahou de
deux ministres, Tzipi Livni et le centriste Yaïr Lapid. La confrontation
finale entre eux et le chef du gouvernement concerna un projet de loi très
controversé, fin novembre 2014, définissant Israël comme un Etat juif. Ce
projet risquait de rompre, selon eux, l’égalité des droits entre citoyens,
d’accroître les discriminations contre la minorité arabe et de compromettre
la nature démocratique du régime. Au cours d’une campagne sans thème central,
secouée par des scandales à mèche courte, le sionisme a fait ainsi un
étonnant retour sémantique.
Insistant sur la question du logement et du coût de la vie, le centre gauche
prétend dénoncer la dérive idéologique de la droite, sans s’exposer aux
accusations de naïveté en matière de sécurité nationale
Il n’est plus question de sionisme sacrificiel, qu’incarna à sa façon Joseph
Trumpeldor (1880-1920). Soldat émérite et militant acharné, il fut tué au
combat. On lui attribue ces mots ultimes : « Ça ne fait rien. Il est bon de
mourir pour son pays. » L’objectif exposé à la fin du XIXe siècle – une terre
pour un peuple éparpillé et persécuté – a été rempli en 1948 avec la création
d’Israël. Aujourd’hui, le sionisme est un mot-valise. Chacun en invente le
contenu, religieux, territorial ou social. Cette nouvelle jeunesse de
l’expression sert aussi à disqualifier l’adversaire. L’infamie ultime, dans
la politique israélienne, consiste à traiter un concurrent
d’« antisioniste ». « Ce phénomène, explique l’historien Zeev Sternhell, est
dû au fait que la droite a réussi à identifier le sionisme avec deux
éléments : la conquête de la terre, c’est-à-dire la colonisation en
Cisjordanie, et la supériorité juive en Israël même, qui renvoie à la
législation sur l’Etat juif. »
Insistant sur la question du logement et du coût de la vie, le centre gauche
prétend dénoncer la dérive idéologique de la droite, sans s’exposer aux
accusations de naïveté en matière de sécurité nationale, qui la poursuivent
depuis les accords d’Oslo avec les Palestiniens, en 1993. Pour cela, elle se
contente de généralités sur le conflit, au lieu de dessiner une voie pour la
reprise des discussions politiques avec Ramallah. L’Union sioniste fait le
pari que les électeurs préfèrent le déni aux vérités douloureuses, en ce qui
concerne la question palestinienne. Elle lie donc d’abord le sionisme à la
justice sociale.
Scepticisme
Dans l’enceinte quasi déserte de la Knesset, fin janvier, l’étoile montante
des travaillistes, Stav Shaffir, a improvisé un discours sur ce thème, en
réponse à une apostrophe de Naftali Bennett, le leader extrémiste du Foyer
juif. « Ne nous faites pas la leçon au sujet du sionisme, a expliqué
l’ancienne vedette du mouvement social de 2011. Le vrai sionisme veut dire
répartir le budget équitablement entre les citoyens du pays. Le vrai
sionisme, c’est prendre soin des pauvres. Le vrai sionisme, c’est la
solidarité, pas seulement au combat mais dans la vie de tous les jours. » Le
retentissement fut fort sur les réseaux sociaux.
Les critiques contre la dérive du Likoud, qui serait un dévoiement du projet
sioniste originel, ne sont pas seulement l’apanage de la gauche. Ministre à
plusieurs reprises, aujourd’hui président du Conseil israélien pour les
relations étrangères, Dan Meridor est une figure historique de l’aile modérée
du parti. Il a refusé, en décembre, de figurer sur la liste pour les
élections. Pas question de servir de « détergent », a-t-il alors expliqué.
Dan Meridor est en deuil de l’ancien Likoud, celui qui était suffisamment
fort pour préserver son étanchéité avec l’extrême droite. « Le Likoud a
changé de visage, explique-t-il. C’était un mouvement national et libéral,
c’est-à-dire démocratique. Il ne reste plus que le nationalisme. » Mais
l’ancien ministre observe avec scepticisme l’Union sioniste. « Il y a sans
doute un mécanisme d’autodéfense dans le fait de se surnommer ainsi. Mais on
ne peut choisir entre être fort et être juste. S’ils croient qu’il leur
suffit de se concentrer sur les questions sociales, ils perdront. »
©
Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) – Le Monde