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ouest-france.fr - Au Congo, une vraie banque pour les plus pauvres
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mardi 28 avril 2009
Des sociétaires de la banque attendent leur tour
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Dans ce pays africain, particuliers ou petits entrepreneurs sans moyens peuvent compter sur les Mucodec pour leur
ouvrir un compte ou leur prêter de l'argent. Ces agences bancaires ont été créées par le Crédit mutuel français.
En plein quartier de Brazzaville, Potopoto, grouillant de vie, se trouve la petite agence des Mucodec. Aux bruits de la rue s'ajoute
le ronronnement du groupe électrogène indispensable au bon fonctionnement des ordinateurs. Les gens attendent patiemment
devant les bureaux et les guichets pour ouvrir un compte, demander un prêt. Tout se passe dans un calme surprenant. C'est
déjà le signe de l'engagement responsable des sociétaires : sérieux, sagesse, rigueur.
Qu'est-ce donc que cette Mutuelle Congolaise d'Épargne et de Crédit lancée voici quelques décennies par le Crédit mutuel
français ? Tout simplement, une vraie banque. Pour y obtenir un compte, il faut, comme ailleurs, y déposer de l'argent. La
différence avec les autres, et c'est essentiel, est que le dépôt initial reste ici extrêmement faible : 13 000 francs CFA, c'est-à-dire
environ 20 €. Ailleurs, il faut dix ou vingt fois plus... Du coup, les petits acteurs économiques, les particuliers plus pauvres que
riches peuvent avoir accès à cette autre activité financière.
Ce réseau est le plus ancien réseau de crédit du Congo. Il a continué à fonctionner durant la guerre civile. Les prêts sont le plus
souvent modestes, 500 000 francs CFA en moyenne. Il faut souligner que le dépôt total des Mucodec est élevé : 100 milliards de
francs CFA, près de 150 millions d'euros. Les crédits sont instruits par le directeur de caisse puis soumis au comité de crédit
composé de sociétaires élus par l'assemblée générale.
Cette ouverture de compte à faible niveau financier est de plus en plus appréciée. Plus de 200 000 Congolais sont sociétaires
du Crédit mutuel. « Si l'on considère, explique le président Maziézoula, qu'autour d'un compte gravite une dizaine de
personnes, on peut conclure que c'est près de la moitié de la population congolaise qui est concernée par les
Mucodec. » Plus de quarante Caisses existent à travers tout le Congo.
« Le mammouth du microcrédit »
Chaque jour, il arrive des dizaines de nouveaux sociétaires. Actuellement, les Mucodec constituent la première institution
financière du pays, rassemblant 95 % de la microfinance du Congo. On les qualifie même de mammouths du microcrédit. « Nous
sommes une institution financière à part entière et cependant entièrement à part », dit Georges Coudray, le président du
Centre international du Crédit mutuel, fondé voici trente ans.
Mais c'est là aussi qu'existe une différence importante avec les autres organismes. Le Crédit mutuel exige un dépôt préalable.
Ainsi, la personne n'est pas seulement une assistée, elle devient un engagé. Engagé dans un ensemble où chacun est solidaire
des autres. Chacun va recevoir, mais aussi donner. Et plus encore que de l'argent, donner sa confiance et bénéficier de la
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confiance et du soutien des autres. C'est ainsi que se construit une solidarité effective à travers toute une nation. Une solidarité
qui est saluée par les gouvernants. Outre les emplois que créent les Mucodec (plus de 350 salariés), les autorités voient dans
cette organisation, dans ces mécanismes tout simples, dans l'accès à l'économie qu'ils ouvrent au plus grand nombre, un
instrument de développement de première force. « Vous avez tenu bon durant la guerre. Le Congo vous est
reconnaissant », déclare le Ministre de l'Ééconomie et des finances congolais. « Vous êtes une institution d'avenir, je lance
un appel pour que les Mucodec s'implantent partout. »
Comme l'a dit, lors de l'assemblée générale des Mucodec, à Brazzaville, le président Coudray, « cette volonté de bâtir
ensemble est une force considérable, infiniment plus importante que des montages de capitaux. Dans la
responsabilité et la solidarité, il s'agit de faire « l'apprentissage de l'épargne et du crédit » et à travers toute une
pédagogie, il s'agit d'aider les gens à créer, à prévoir et aussi à découvrir que se mettre ensemble crée une force.
Cela prend plus de temps que la simple signature d'un chèque. Mais c'est durable, plus solide, plus bénéfique... C'est
là que se trouvent la vraie richesse, le vrai capital, les vrais fonds propres ».
Preuve du dynamisme de cette organisation devenue totalement africaine, sa modernisation est constante : de nouveaux
équipements au meilleur niveau actuellement connu de technologie et de sécurité offriront plus de services facilitant la vie
quotidienne.
À cela s'ajoutera la création de la banque du Crédit mutuel d'Afrique centrale, à laquelle participera le Crédit mutuel de France
pour consolider l'ensemble de ces réseaux. Cette banque servira d'appui aux autres établissements de microfinance et aidera à
la promotion de très petites entreprises, des PME et des PMI.
Dynamisme encore avec le lancement d'une radio qui sera un lien entre les sociétaires, à la fois instrument pédagogique général
concernant la santé, l'économie et bien d'autres sujets. Preuve de confiance, enfin, puisque le gouvernement congolais confie
aux Mucodec la paye d'environ la moitié de ses fonctionnaires.
Voilà démontrées que les convictions coopératives et mutualistes peuvent barrer la route à la corruption, aux taux usuraires
abusifs et ouvrir plus grands les chemins du développement durable pour l'économie, pour la société et pour les personnes qui
la composent.
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