Bapteme dans la Bible
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Bapteme dans la Bible
VI RENCONTRE LATINO-AMÉRICAINE ET CARIBÉENNES DE SPIRITUALITÉ MONTFORTAINE Pasaje, Équateur – 22-29 juin 2014 Deuxième jour JUGER LE BAPTÊME DANS LA BIBLE L’exposant : Daniel Malazquez, smm Réalise une présentation très riche de l’essentiel des Évangiles au sujet de Jésus et le Baptême et nous invite à revenir à la source, Jésus et son Évangile. Références Thème : LE BAPTÊME. ANDRÉ FEUILLET. Le baptême de Jésus, Revue Biblique, 71 (1964) 321-352. Les quatre évangélistes nous parlent du baptême : Mt 3, 13-17 ; Mc 1, 9 11 ; Lc 3, 21-22 ; Jn 1, 29-33. De ces quatre témoignages le plus primitif est sans doute celui de Marc : Matthieu et Luc présentent cet évènement en fonction des concepts de doctrine les plus développés. Le quatrième évangile ne raconte pas le baptême, mais la proclamation solennelle, faite par le précurseur, de la théophanie baptismale, concorde admirablement avec les données synoptiques, portant cependant très marqué le signe de la théologie de Jean. XAVIER PIKAZA En ce temps-là, Jean se trouvait encore là, avec deux de ses disciples. Et ayant regardé Jésus qui passait, il dit: "Voici l'Agneau de Dieu." Les deux disciples l'entendirent parler, et ils suivirent Jésus. Jésus s'étant retourné, et voyant qu'ils le suivaient, leur dit: "Que cherchez-vous?" Ils lui répondirent: "Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous? Il leur dit: "Venez et vous verrez." Ils allèrent et virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Or c'était environ la dixième heure. Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (ce qui se traduit Christ)." Et il l'amena à Jésus. Jésus, l'ayant regardé dit: "Toi, tu es Simon, fils de Jean; tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit Pierre)." Mais avant d’être le Christ, Jésus fut pour un temps Baptiste, premièrement comme disciple de Jean, après avec son compagnon et, en quelque sens, comme son concurrent, bien qu’avec loyauté, portant jusqu’à la fin ce qui impliquait le chemin du maître. (…) el quatrième évangile (Jn) a conservé quelques données historiques qui sont très importantes pour connaître Jésus et comprendre son œuvre comme disciple, successeur et concurrent de JeanBaptiste. Le quatrième évangile suppose que, durant quelque temps, apparemment après son baptême, mais avant d’avoir reçu la pleine révélation que Mc 1, 10-11 situa après ce baptême (Tu es mon Fils !), Jésus partagea la tâche baptismale de Jean, comme son disciple, entrant même en compétition avec lui. Dans cette ligne, le quatrième évangile suppose que les premiers disciples de Jésus furent aussi disciples du Baptiste, de manière qu’ils parcoururent avec Jésus le chemin qui menait du baptême de Jean à l’annonce du Royaume avec Jésus. Cela suppose que Jésus cherche ses premiers disciples parmi les disciples de Jean de façon que son « école » (ce qui sera après son mouvement du Royaume) commença en étant une « scission » de l’école de Jean, avec qui Il avait collaboré, après avoir été baptisé. Ainsi Jésus s’affrontera avec quelques disciples de Jean. Il s’agissait, sans doute, de dissensions né- cessaires sur le jugement de Dieu et le sens du baptême. Si Jésus n’avait pas été en désaccord, en quelque manière, avec le baptiste il n’aurait pas créé son propre mouvement. Ainsi nous pouvons supposer qu’il y eut une étape de tension et d’éloignement entre le maître (Jean) et le disciple baptiste (Jésus). Á partir de là on déduit quelques conséquences historiques qui sont très importantes pour connaître le développement de la conscience ou, mieux encore, de l’identité et la mission de Jésus, qui n’a pas été de passage avec Jean-Baptiste, mais qu’il fit partie de son école, il reçu son baptême et commença en réalisant une tâche semblable : Être à coté de l’eau de la rivière, en proclamant un baptême de pénitence pour le pardon des péchés. Jésus parait avoir commencé en étant réformateur du baptême de Jean, ce qui apparaît clairement dans le fait qu’il commença aussi à baptiser, d’une manière distincte, pour cela il a maintenu des discussions (directes et indirectes) avec d’autres disciples de Jean, même s’il a reconnu son autorité prophétique, qu’il considérait toujours comme son maître (Prophète de Dieu !) selon la tradition synoptique. Jésus commença en recréant le projet baptiste de Jean, mais après il mit en marche un mouvement propre, qui déjà ne se centre pas dans le baptême pour le pardon des péchés, mais dans l’annonce du Royaume de Dieu. Depuis ce fond on comprend la parole de Mc 1, 14, où on dit que Jésus laissa le Jourdain (terre du baptême), après que Jean fut ‘livré’ (peut-être trahi : paradothênai), en tombant entre les mains d’ Agrippas. Marc suppose ainsi que le message propre de Jésus commença seulement après que Jean eut culminé le sien, en étant emprisonné. « Une des meilleurs énigmes de l’Évangile de Jésus est comment il a pu donner cette inversion depuis le message du Baptiste a celui de Jésus. Peut-être peut-on l’expliquer de cette manière : celui qui espère qu’en ce moment on espère le jugement d’annihilation comme conséquence inexorable de la conduite humaine trompée, peut interpréter chaque instant de l’existence de l’homme et du monde comme une grâce inespérée. Plus encore, dans ce contexte, le simple fait que le soleil se lève et se couche et que la terre soit ferme peuvent être comme des signes de la bonté de Dieu, qui fait briller le soleil de la même manière sur les méchants comme sur les bons et qui offre à tous la possibilité de se convertir. Le fait que la fin du monde, qu’on espère comme quelque chose d’imminent, n’est pas arrivée pourrait confirmer, selon mon opinion, la certitude que Dieu est Totalement-distinct : ce n’est pas une menace pour la vie, comme la hache que se lève contre l’arbre. Dieu consent que la vie soit et que de nouveau elle soit possible, bien que tous les vivants aient mérité la mort. Cela est l’expérience fondamentale de Jésus : la vie a une possibilité. Dieu est bon. Pour cela, c’est un temps de joie (Mc 2, 19). Pour cela, cette génération expérimente ce qu’avaient désiré voir les prophètes et les rois (Lc 10, 23 ss). Pour cela commence déjà le Royaume de dieu ‘au milieu de nous’. (Lc 17, 20) Pour cela il est déjà caché actuellement, comme une semence dans la terre (Mc 4, 26 ss) » (G. Theissen, La fe bíblica, Verbo divino, Estella 2002, 152-153). JOSÉ ARREGI. POURQUOI NOUS BAPTISONS-NOUS ? Et Jean l’introduit dans les humbles et eaux bénites du Jourdain. Et pendant qu’il s’enfonce et surgit dans ces eaux, Jésus se sentit profondément touché, doucement oint dans tout son être. Le ciel s’ouvrit sur la terre, il entrevit l’Esprit planant énergique et aimable sur l’univers, il sentit son être et chacun des êtres entièrement enveloppés dans l’amour de Dieu. Il sortit de l’eau et respira l’air de Dieu à pleins poumons. Il était préparé pour un monde nouveau. Ceci fut l’essentiel dans le baptême de Jésus. Ensuite les choses se compliquèrent beaucoup, nous les compliquons beaucoup. Le baptême s’est rapporté au péché et le péché à la faute et la faute au pardon. Jean baptisait pour le pardon des péchés, raison pour laquelle cela a coûté aux premiers disciples comprendre et accepter le baptême de Jésus : si lui n’avait aucune faute, comment reçut-il le baptême de Jean qui était pour le pardon des péchés ? Je crois que c’est une question mal posée, une question formulée depuis une perspective moraliste, étroite du péché, de la faute et du pardon. Jésus, au contraire, ne se souciait pas de savoir s’il était pécheur et coupable ou pas ou si le baptême était pour le pardon ou non. Jésus ne se moquait pas du péché, mais de la souffrance du peuple ; il ne se moquait pas de la faute, mais du dommage que nous faisons les uns aux autres en le voulant ou non. Jésus ne voyait pas que Dieu n’avait rien à pardonner à personne, comme s’il était un juge arbitraire ou un seigneur offensé. Jésus voyait plutôt que Dieu voulait le renouveler et le libérer entièrement, le cœur et le monde, avec une respiration amoureuse. C’est ce que signifient les eaux du baptême. Mais au 5ème siècle, l’autorité d’Augustin imposa le dogme du péché originel, et unit le baptême avec ce péché originel, et tout s’entremêla encore davantage. Saint Augustin enseigna que tous nous naissons coupables, ennemis de Dieu, condamnés à l’enfer, et que, grâce au baptême, Dieu nous pardonne et nous fait ses fils et filles. Jésus ne croyait pas une telle chose, ni aujourd’hui soit en aucune manière croyable. Non, nous ne naissons pas coupables, mais nous naissons dans un monde plein de limites et de blessures, et ici nous continuons à vivre, incapables de faire le bien que nous voulons et très capables de nous blesser les uns les autres que nous ne voulons pas. PROF. FERNANDO MILLÁN ROMERAL. Redécouverte du Baptême Je vais commencer cette simple réflexion avec la phrase du Cardinal Suenens qui comme vous savez tous, fut un des « personnages » le plus marquant dans les interventions et décisions du Concile Vatican II. Dans une interview on lui demanda quelle avait été la contribution fondamentale du Concile pour l’Église de notre temps et sa réponse fut : Le cœur de Vatican II est la récupération de la conscience du baptême. Cette réponse, un peu surprenante –parce qu’elle pouvait avoir pu se référer au dialogue avec la culture moderne, avec l’homme d’aujourd’hui, la rénovation de la liturgie, etc.- a un fond théologique très profond : si la récupération de la conscience du baptême est réellement le cœur de Vatican II, comme dit le Cardinal Suenens, cela signifie que le baptême, comme sacrement central de notre foi, avec l’Eucharistie, réactive et modifie beaucoup de dimensions et d’aspects de la vie chrétienne. Réellement le Concile comme la théologie préalable et postérieure n’ont rien inventé. Il a fait redécouvrir, en ce qui concerne le baptême, ce qu’il y a de plus sérieux et authentique de ce sacrement ; Nous pouvons dire qu’il a sorti ‘les meilleures essences’ de la vraie tradition chrétienne, dans sens le plus beau de la parole. EMILIO LOPISTAO. Au sujet du baptême. LES PRÉCEDENTS DU BAPTÊME CHRÉTIEN Le baptême que pratiqua l’église apostolique, indépendamment qu’il fut un commandement de Jésus, avait un précédent cérémonial juif. Les ablutions et les lavements cérémoniaux nous les trouvons déjà au début du sacerdoce d’Aaron, préalables au service au tabernacle (Ex 30, 19-21). Postérieurement, au temps de Jésus, enseignés par les traditions rabbiniques, les juifs inclurent ces pratiques à la vie quotidienne comme symbole de propreté et de purification cérémoniale (Mc 7, 15). Dans les foyers juifs il y avait de grandes jarres pour avoir de l’eau en abondance à cause des constantes ablutions et lavements cérémoniaux (Jn 2, 6). C’est-à-dire, les ablutions, bains et lavements cérémoniaux étaient enracinés dans la vie religieuse du peuple juif à l’époque de Jésus. Jusqu’à l’extrême ils ont surestimés la signification purificatoire de l’eau dont Jésus a dû censurer la valeur erronée qui attribuait aux lavements en marge de l’étique.« Ayant rappelé la foule, il leur dit : " Ecoutez-moi tous, et comprenez. Rien de ce qui est hors de l'homme et qui entre dans l'homme ne peut le souiller; mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme." (Mc 7, 5-15) Parce que les ablutions, les baptêmes, les lavements et autres traditions qu’ils gardaient n’avaient pas d’efficacité pour laver l’essentiel : l’intérieur du cœur. Postérieurement, l’auteur de la lettre aux Hébreux, expliquera la signification cérémoniale qu’ils avaient de ces rites (He 9, 9-10). Et ici nous devons réitérer quelques questions au sujet du baptême : « Le baptême a une valeur intrinsèque, quels que soient la forme et le fond, en dehors de sa signification cérémoniale. La validité du baptême réside dans la forme de l’administrer ou dans le fond, c’est-à-dire, dans l’objectif de son administration. Á ce respect répond ce que dit la Didaché (La doctrine des douze apôtres), un écrit chrétien du début du 2ème siècle, au sujet du baptême. « Quant au baptême, voilà comment il faut l’administrer : après avoir enseigné les préceptes antérieurs, vous baptisez dans l’eau vive, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Si ce n’est pas possible en eau vive, vous pouvez en utiliser une autre ; si vous ne pouvez pas le faire avec de l’eau froide, vous pouvez le faire avec de l’eau chaude ; si vous ne pouvez pas le faire d’une manière ou d’une autre, versez trois fois de l’eau sur la tête, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Avant le baptême, il faut savoir qui va l’administrer, et qui va être baptisé, et pour d’autres personnes, si c’est possible jeûner. On fera jeûner le néophyte, un ou deux jours avant » De cet écrit patristique nous pouvons déduire ce qui suit : a) Le baptême, généralement, dans la deuxième génération de l’Église, continuait à se faire par immersion ; b) De préférence, cela se faisait en eau vive (une rivière ?) ; c) Faute d’eau courante, on pouvait utiliser une autre eau (cela implique une forme différente à l’immersion ?) ; d) On pouvait utiliser de l’eau chaude (suivant les latitudes et la saison de l’année) ; e) En dernier recours, on pouvait utiliser l’aspersion ou en mouillant : verser trois fois de l’eau sur la tête du baptisé. C’est-à-dire, l’Église qui a connu en personne quelques uns des apôtres ne croyait pas que la validité du baptême implique dans la forme, mais dans le fond. Pour les chrétiens de la deuxième génération le plus important n’était pas la forme, mais la disposition spirituelle du candidat au baptême. « Par le baptême nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Rm 6, 4) Dans l’analogie exposée par l’apôtre coexistent deux réalités : a) La mort, la sépulture et la résurrection du Christ ; b) Le changement psychologique, spirituel et moral qui s’est produit dans la personne quand il a cru dans les Bonnes Nouvelles (Cela est le thème des chapitres 6-8 de la lettre aux Romains.) Le symbole qui sert de lien de ces deux réalités est l’immersion dans l’eau, le baptême. Mais l’eau du baptême n’a pas produit cette « nouvelle vie » de la personne ‘convertie’, cela l’a précédé au baptême, c’est-à-dire au symbole. Puisque le symbole (le baptême), est postérieur à la réalité (la transformation spirituelle et morale de l’individu), elle a une validité par elle-même sans attendre le symbole. Le symbole vient à dramatiser ce qui déjà est arrivé. Ce même thème, l’Apôtre le traite dans 1 Co 6, 9-11. « Voilà pourtant ce que vous étiez, du moins quelques-uns d'entre vous. » dit saint Paul. Qui étaient les corinthiens avant de se convertir ? Ils forniquaient, étaient efféminés, voleurs, ivrognes, escrocs, etc. ! Et qu’est-ce qui est arrivé pour laisser tout cela ? Dieu leur a pardonné leurs péchés en vertu de leur foi dans le Christ Jésus et de leur repentir.