Des sommets gastronomiques vers une cuisine plus accessible
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Des sommets gastronomiques vers une cuisine plus accessible
9 Gruyère La Gruyère / Jeudi 12 février 2015 / www.lagruyere.ch Des sommets gastronomiques vers une cuisine plus accessible Retour à davantage de simplicité pour La Table à Charmey. L’établissement a dû composer avec le départ de son chef étoilé. Mais aussi avec le manque de demande pour faire tourner un tel restaurant gastronomique dans la région. Explications avec le directeur Sébastien Bonvin. YANN GUERCHANIK CHARMEY. Coup de feu au Sapin. Pas seulement en cuisine, mais aussi dans les salles à manger. L’établissement charmeysan change son fusil d’épaule: il a redéfini en profondeur sa stratégie gastronomique. Son restaurant La Table se déleste d’une étoile Michelin pour privilégier une cuisine plus abordable. Ce vendredi, l’hôtel-restaurant se dévoilera dans ses nouveaux atours. Petit retour en arrière. Novembre 2014: le restaurant gastronomique de l’Hôtel Le Sapin décroche une prestigieuse étoile Michelin, non seulement la seule dans le Sud fribourgeois, mais tout bonnement la première de l’histoire de la région (Orlando Grisoni avait remis son établissement en 1994, au moment où l’étoile lui tendait les bras). «Une consécration, se souvient le directeur Sébastien Bonvin. A mon arrivée en 2012, j’avais un challenge: faire de La Table un des meilleurs restaurants du canton. Grâce au chef David Sauvignet, nous avons re- levé le défi. Nous avons été récompensés par un 14 sur 20 au Gault et Millau en 2013 et par un 15 sur 20 l’année d’après. Une note que nous avons maintenue en 2015, à laquelle s’est ajoutée l’étoile.» Janvier 2015: le chef David Sauvignet rend son tablier (La Gruyère du 6 janvier). Une surprise générale à un moment où le restaurant côtoie les sommets? Pas vraiment. ««Il nous a fait part de sa volonté avant de recevoir la distinction, se désolait alors Michel Volet. C’est un énorme regret.» Le président du conseil d’administration de Charmotel S.A. expliquait aussi que le départ n’était pas lié à un changement d’établissement. Le chef a souhaité faire un break, se retirer un temps du monde de la cuisine. Trop relevé pour la région Le restaurant gastronomique charmeysan est distingué pour sa qualité, mais qu’en est-il de la quantité? En d’autres termes, est-ce que les clients suivent, en particulier ceux de la région? «Avec le 15 sur 20 au Gault et Millau, j’étais persuadé que Directeur de l’Hôtel-Restaurant Le Sapin, Sébastien Bonvin en est persuadé: «Les gens ont envie de se retrouver dans une cuisine de proximité sans tous les chichis du service gastro.» RÉGINE GAPANY cela allait exploser, confie Sébastien Bonvin. La demande a certes augmenté, mais elle n’a jamais atteint le niveau que nous espérions en termes de rendement, de retour sur investissement par rapport à tout le travail fourni.» Difficile d’en connaître précisément les rai- Pièce rouge et nouveau chef Petit hôtel, grand restaurant. Avec ses quinze chambres et ses trois appartements, Le Sapin a la particularité d’avoir trois espaces de restauration. Ce vendredi 13 février, ces derniers se présenteront sous un autre visage. «La Table garde son nom, mais la salle sera désormais à disposition pour des séminaires, des banquets ou des repas d’entreprise, expose le directeur Sébastien Bonvin. On y fera également des soirées à thème: la Saint-Valentin, la bénichon, une soirée dégustation de vins et de fromages avec un vigneron local et un affineur, etc.» Le 1828 – la brasserie qui figure la date du bâtiment – va changer de nom. Elle s’appellera désormais La Pièce rouge. «Ce sera une brasserie-rôtisserie qui servira, entre autres, des mets de la région. Il s’agira véritablement d’un restaurant pour les amoureux de viande, pour les “viandards”! Je pense que cela manquait en Gruyère.» La Poya, elle, étoffera son offre. «Cela va vraiment devenir un restaurant italien, qui proposera à tous les publics des mets de haut niveau. On y mangera des pâtes à la truffe, de l’osso buco, du lapin, du risotto, mais aussi nos pizzas connues loin à la ronde. Le tout accompagné d’une belle carte de vins italiens.» Du Charles-de-Gaulle à Charmey Le Sapin fonctionne avec un personnel qui compte entre 16 et 18 membres. «On fait des journées de 300 à 350 couverts, indique le directeur. A la bénichon ou à la désalpe, on passe à quelque 600 couverts.» Pour faire tourner les trois restaurants, Le Sapin a engagé un nouveau chef, le Français Eddy Seys. Originaire de Lille, il a travaillé aussi bien en Russie qu’aux Emirats arabes unis. Sa carrière professionnelle est marquée par dix-sept années dans la marine. Il a notamment cuisiné sur le Charles-de-Gaulle et même dans des sous-marins. YG sons. «A Charmey, on reste tout de même assez décentrés», relève le directeur. Et de compléter: «On a cherché à devenir une destination. On y est parvenus en ce qui concerne les personnes qui viennent à l’hôtel. Les forfaits, par exemple, ont bien fonctionné. Mais il s’est avéré difficile de faire venir les gens de la région, notamment de Bulle. La Table accueillait des Vaudois et des Valaisans bien davantage que des Gruériens.» Le directeur a pourtant multiplié les promotions commerciales. «Par exemple, on a essayé de faire des menus d’affaires à 59 francs à midi, ou même le soir. Malgré nos différentes actions, on n’a pas eu le succès escompté en termes de volume.» Une cuisine tout public L’année passée, la Jogne se dévoilait d’un coup comme une vallée de haute gastronomie: en plus de La Table, La Tour à Châtel-sur-Montsalvens, la Pinte des Mossettes à Cerniat et le Quatre Saisons à l’Hôtel Cailler de Charmey affichent tous un 15 sur 20 dans l’édition 2015 du Gault et Millau Suisse. «Au début, il y a eu un phénomène d’émulation. D’autant qu’avec la couverture médiatique les gens se sont rendu compte de la qualité culinaire qui régnait dans la région. En ce qui nous concerne, on s’est très vite interrogés: quatre adresses de ce niveau sur un rayon de quelques kilomètres, existe-t-il suffisamment de demande?» A cette réflexion s’ajoute alors la volonté du chef de changer d’horizon. «Un déclencheur: en septembre dernier, nous avions pris la décision de réorienter la partie gastronomique dès 2015. Entre-temps, l’étoile est arrivée… Pendant un quart de seconde, cela nous a plongés dans le doute.» Fallait-il saisir l’étoile au bond, profiter de ce nouvel élan? «Les chefs sont des artistes. Quand ils ont changé d’inspiration, c’est trop tard, on ne les retient plus. Et quand un chef part, l’étoile part avec lui.» Surtout, cela ne change rien à l’affaire: la région n’est pas propice à faire fonctionner un gastro à plein régime. La demande n’est pas assez importante pour ce genre de cuisine, conclut la direction du Sapin. L’établissement tourne la page pour écrire un nouveau chapitre. «Il y a beaucoup plus de demande pour des mets de brasserie, de rôtisserie. Les gens ont envie de se retrouver dans une cuisine de proximité sans tous les chichis du service gastro. Ni son prix d’ailleurs. Le terme de “bistronomie” est quelque peu galvaudé aujourd’hui, mais c’est bien de cela qu’il s’agit: proposer quelque chose d’accessible avec les mêmes qualités de produits qu’on utilise dans un restaurant gastronomique.» Sébastien Bonvin jette alors un œil du côté du bar: «J’ai des clients qui viennent tous les jours à l’apéro. Ils sont heureux d’apprendre que l’établissement va ressembler davantage à l’institution qu’ils ont connue. Ces gens-là viennent quotidiennement, mais ils n’ont jamais mangé à La Table.» ■ Le Carnaval de Broc change son rythme Le Carnaval de Broc s’achèvera dimanche soir déjà. ARCH - C. HAYMOZ BROC’TOBERFEST. Grande nouveauté pour la 37e édition du Carnaval de Broc: pour la première fois, les festivités débuteront le jeudi et s’achèveront le dimanche soir déjà. Finis donc les soirées dantesques du lundi et le carnaval des enfants du mardi! «C’est une année test pour nous et nous espérons avoir pris un virage opportun pour notre carnaval, explique Bastien Ecabert, président du comité. La fréquentation était en baisse le lundi soir, le concours de masques n’a pas très bien marché et nous avons écouté la volonté des gens du village en recentrant la fête sur le week-end.» Le calendrier traditionnel est ainsi en partie chamboulé avec l’ouverture des bars Escalador I et II le jeudi soir déjà. Le concours de masques aura lieu quant à lui le vendredi soir (22 h), au milieu de la soirée bavaroise qui verra les Chälly-Buebe (20 h), puis les Autrichiens d’Alpin Vagabunden (23 h), monter sur la scène de l’Hôtel de Ville. Light show nocturne Le carnaval des enfants se déroulera le samedi après-midi (dès 13 h 30), avec la présence de Pif le Clown, de la guggen la Cafetière et des Ecoles musique club. «Nous avons la volonté d’amener davantage de vie dans le village le samedi après-midi», souligne Bastien Ecabert. La soirée se poursuivra avec le cortège aux flambeaux (dès 19 h), agrémenté d’un light show nocturne avec les parapentistes de Gruyère-Parapente partis de la Dent-de-Broc. La journée de dimanche ne connaîtra pas de changement notoire par rapport aux années précédentes, avec le classique cortège (14 h 44) qui verra défiler une trentaine de chars, de guggens et de groupes d’enfants des écoles de Broc, Vaulruz, Sâles et Maules. Cette année, deux invités d’honneur parraineront la manifestation: les créateurs de la version gruérienne du clip Happy et le comité du Marchethon Givisiez, qui récoltera des fonds pour lutter contre la mucoviscidose. Enfin, la mise à mort du prince du carnaval aura lieu à 17 h dans la cour de l’école. A noter que des bus de rapatriement desserviront toute la Gruyère vendredi, samedi et dimanche soir. CD Infos: www.carnaval-de-broc.ch