L`enfant caché - Description des personnages

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L`enfant caché - Description des personnages
L’enfant caché – description des personnages
Les citations entre guillemets sont extraites du roman « Le cinéma de Saül Birnbaum ».
SAÜL BIRNBAUM, ENFANT
L'enfance du petit Saül, fils de restaurateurs, a été marquée par une succession d'arrachements
douloureux qui marqueront la suite de sa vie.
Le jour de l'Anschluss, il a été brutalement séparé de la nièce du nouveau Führer, Hilde à qui le lie
«...une de ces passions enfantines auxquelles l’écoulement du temps confère la saveur douce-amère
d’un fruit autrefois goûté dans un paradis à jamais perdu. »
Puis ce fut la séparation avec sa maman qui, croyant le mettre à l'abri, l'envoya à une famille
d'accueil en Belgique par un Kindertransport, en lui faisant la promesse irréalisable de venir le
chercher bientôt.
« Il se souvient juste d’un petit garçon terrorisé, perdu au milieu de centaines d’enfants, tout aussi
désorientés.... Il se demanda peut-être quelle faute il avait commise pour être ainsi puni. Fût-ce à ce
moment-là qu’il attrapa le virus inexpugnable de la culpabilité ? »
Le repli sur soi que suscitèrent tous ces chocs fut encore accentué par le comportement de sa famille
d'accueil.
« ...on ne communiquait guère chez ces gens-là (...). et on n’exprimait guère ses sentiments. »
Quand les persécutions antisémites commencèrent en Belgique, nouveau choc : il vit caché
pendant deux ans dans une arrière-boutique.
« Isolé, je n'avais plus de jouets, ni de compagnons de jeu. Pas d’accès aux parcs ni aux cours de
récréation (…) Souvent, je tentais de repasser dans ma tête, les images de ces films qui m'avaient
tant fasciné du temps où je découvrais le cinéma dans les salles de quartier. »
Et c'est précisément le cinéma qui permettra à cet enfant complexé, apeuré et introverti, de
s'extérioriser, de s’évader, de se battre et de survivre.
HILDE HITLER, ENFANT
Comme son petit amoureux du jardin d'enfants,
« Hilde non plus ne comprenait rien à ce qui se passait autour d’elle : Saül « le petit Jude » avait
disparu de l’école et elle-même confiée à des précepteurs. »
Nièce du maître nouvellement proclamé de l’Autriche, la jolie petite blonde aux cheveux bouclés
sera élevée à la dure comme tous les enfants allemands. Son corps et son esprit seront formés au
sein des Hitlerjugend. On fera d'elle un modèle de jeune aryenne.
L’enfant caché – Description des personnages
« Mon oncle, je le rencontrais uniquement à l’occasion des fêtes de fin d’année au nid d’aigle de
Berchtesgaden. (...) Dans l’intimité, le Führer, gentil, affable et souriant, tapotait distraitement ma
joue, caressait doucement mes cheveux, me demandait si j'étudiais bien (...). Ces marques
d’affection renforçaient mon admiration pour l’idole des Allemands, demeuré si simple. Mais ce
sont les séances de cinéma qui rendaient le séjour à Berchtesgaden particulièrement attrayant. Oncle
Adolf y avait installé une confortable salle de projection. »
C'est donc auprès du Führer qu'elle aussi sera prise de passion pour le cinéma.
La gentille petite Hilde n'existera plus que dans le souvenir de Saül qui, dans ses moments de
profond chagrin, consulte une photo de classe du jardin d'enfants.
DANIEL ET HELENE SILBERSTAJN
Ce jeune couple de Juifs bruxellois, tous deux aux alentours de la trentaine, sans enfants, n'a pas
hésité à accueillir un petit garçon inconnu fuyant les discriminations antisémites en Autriche.
Ce sont de petits artisans -ils sont fourreurs-, gentils, honnêtes et généreux.
« L’essentiel des conversations tournait autour du travail, du coût de la vie, des
questions de santé, des maigres courses à faire ou du bulletin scolaire. Ils ne parlaient jamais de
littérature ou de politique et n’exprimaient guère leurs sentiments. »
Ils ont beaucoup d'affection pour Saül qu'ils couvent comme le fils qu'ils n'ont pas eu. Mais leur
horizon intellectuel limité ne leur permet pas d'envisager pour lui une autre profession que celle de
petit artisan. Ils décourageront les rêves cinématographiques de Saül, adolescent.
« La tension des années de guerre aura raison du couple Silberstajn. En quête de sensations
nouvelles, ils s’éloignaient l’un de l’autre, dans le mutisme qui leur était habituel. »
JUSTINE VERREKEN
Justine Verreken tient une mercerie dans un faubourg de Bruxelles.
Cette brave Flamande de 48 ans, catholique non pratiquante, a un ami marié qui lui rend
occasionnellement visite. Ni résistante, ni collabo, quasi illettrée, elle n’entend rien à la politique.
« Elle trouvait tout simplement intolérable que l’on puisse faire du mal à des enfants. Était-elle
consciente des risques encourus en me cachant ? Elle pratiquait l’héroïsme comme Monsieur
Jourdain la prose. Elle savait d’instinct que « si tu sauves une vie, tu sauves l’humanité tout
entière».
L’enfant caché – Description des personnages
SAÜL BIRNBAUM, ADULTE
Fils, petit-fils et arrière petit-fils de restaurateurs, Saül Birnbaum (70 ans), faute d'avoir pu faire des
études de cinéma, est devenu propriétaire du « New Altenland Deli » à Manhattan. Sa jeunesse
difficile a développé en lui un humour caustique dont il use comme moyen de défense contre les
agressions de la vie.
Les événements auxquels il a survécu ont développé en lui un sens pratique et un pragmatisme qui
lui permettent de faire face aux situations les plus compliquées.
En réaction aux années pendant lesquelles il été contraint de vivre replié sur lui-même, c'est devenu
un homme en perpétuelle représentation. Son restaurant est devenu la scène de son théâtre
personnel.
C'est là qu'il donne libre cours à son rêve de cinéma auquel, en fait, il n'a pas définitivement
renoncé.
Souffrant toujours du sentiment d'avoir été abandonné par Hilde, par sa maman et par sa famille
d'accueil, « Saül est de ces hommes qui quittent pour ne pas être délaissés. Casanova des cinémas
d’art et d’essai, il virevolte de conquête en conquête. »
Il a porté son affection sur une seule personne, son neveu John, qu'il choie comme un fils.
Plus tard, Saül sera de plus en plus attiré par une femme dont le métier le fascine. Cette attraction a
une autre raison : « À vrai dire, à soixante dix ans, Saül commence à se lasser des amours sans
amour, du désir sans désir. »
A l'issue de longues promenades dans des lieux mythiques de New York, « Saül découvre ce que
peut être une réelle complicité avec une femme... » et il découvre l'amour.
Quand il apprend le passé de Hannah, Saül est saisi d'épouvante. « Il en voulait à Hannah de faire
resurgir dans sa mémoire le meurtre de ses grands-parents, l’assassinat de sa mère, sa propre
enfance dévastée, le monde à feu et à sang. Il devait se préserver en fuyant ce cauchemar. Aussi
assimilé soit-il, comment un Juif pourrait-il demeurer l’amant de la nièce d’Adolf Hitler ? ».
HANNAH MOSKOWIC
Hannah, belle femme de quelque 65 ans, au visage las mais serein, est projectionniste au Cinema
Village.
« J’aime cet emploi. On y manie du rêve tout en pratiquant un métier manuel ».
Les chiffres tatoués sur son avant-bras témoignent d'un passé tragique dont elle refuse de parler
comme si elle se sentait coupable survécu à la Shoah.
Et, un jour, elle craque sous le poids de cette culpabilité mais de manière absolument imprévisible.
Elle révèle à Saül qu'elle est... Hilde Hitler !
« J'ai voulu te cacher qui j'étais, j'ai cru que nous allions pouvoir repartir comme si nous ne nous
étions jamais connus ».
L’enfant caché – Description des personnages
Elle étouffait sous son terrible secret : Sous l'identité d'une jeune Juive assassinée dans un camp de
concentration, elle a été exfiltrée en 1945 vers les États-Unis. Et c'est là qu'elle a découvert les
horreurs commises par le régime mis en place par son oncle bien-aimé !
« Rejeton de la famille Hitler, je me sentais écrasée par le poids de la culpabilité.Mon jeune âge ne
me paraissait pas une excuse acceptable. Comment avais-je pu être aveugle à ce point ? Comment
avais-je pu être complice d’une entreprise aussi hallucinante, folle, sanguinaire ? Quelle honte de
m’être fait passer pour une rescapée d’un tel enfer ! »
Elle espère pouvoir surmonter ces sentiments en rejoignant le jeune État d'Israël.
« Rallier un kibboutz m’aiderait à mériter cette identité juive que j'avais usurpée. Je pensais que
fondre Hilde Hitler dans une collectivité me permettrait de récurer la tache qui me collait à la peau,
d’en finir définitivement avec cette part de moi-même que je m’étais mise à haïr. »
Rentrée à New York, elle pense avoir trouvé la sérénité en pratiquant un métier qui lui permet
d'assouvir sa passion du cinéma.
Mais confrontée à Saül, elle n'arrive plus à garder son masque.
« Mais j'étais trop honteuse de mes mensonges, j'étouffais, je ne pouvais plus me taire,en sachant
bien que je risquais de te reperdre à jamais. »
JOHN BIRNBAUM
Au moment où commence le film, le neveu de Saül a 18 ans. Adoré par son oncle, il se servait de
son charme pour lui tenir tête et n'en faire souvent qu'à la sienne.
Insouciant, il se laissait vivre tout en gagnant largement son écot grâce aux reportages vidéo de
mariages juifs, bar-mitvahs et autres festivités. Il consacrait ses moments de loisir à son passe-temps
favori : papillonner de blondes en brunes et de brunes en rousses, qu'elles soient juives ou
chrétiennes, noires, blanches ou latinos. Avec pour unique credo “Séduction sans discrimination ni
de race, ni de couleur, ni de religion”.
D’un naturel nonchalant, le jeune homme n'accepte de devenir réalisateur de film que pour satisfaire
les rêves de Saül. Il révèle beaucoup de sang-froid et de maîtrise quand commence le tournage de
« La croisade du Rabbin Potowic ». Sans être un créateur de génie, il dispose d’un savoir-faire
technique indiscutable. Et la redoutable star narcissique qu'est Dunkin Heyman « est désarçonnée
par la modestie de John. Il est séduit par sa gentillesse, son flegme, sa candeur,... »
Comment John croirait-il que son film a été sélectionné par le Festival de Cannes, alors qu'il n’avait
même jamais rêvé de faire du cinéma ? Il vit le séjour à Cannes comme « Une parenthèse amusante
dans son existence insouciante de kid new-yorkais choyé par un oncle-gâteau (…) John, profitant
de sa gloire naissante, multiplie les flirts sur les plages et collectionne les photos avec les jolies
filles pour épater les copains de New York. »
Pourtant, on découvrira à quel point les responsabilités prises pendant le tournage du film, ont forgé
la personnalité de John quand, ému par le désarroi de Saül, il décide de prendre en main le destin de
ce dernier et de Hannah.
Et il confirme son énergie et révèle une grande finesse psychologique en retournant la situation dans
les heures qui précèdent la projection du film au Festival.
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ROBERT DE TREVIGNAC
Robert de Trévignac, 68 ans, ancien collaborateur des « Cahiers du cinéma » vit à New York, après
avoir échoué dans sa tentative de devenir scénariste à Hollywood.
Fils d’un secrétaire d’État sous Vichy, ce descendant désargenté d’une grande famille du Tarn,
milita à Paris dans des groupuscules de droite antisémites.
Réduit à devenir une sorte de mercenaire de l'écriture, « il vit de la recherche de titres et de slogans
pour des campagnes publicitaires de films de série B, la réécriture de scénarios boiteux, le
découpage et la rédaction de dialogues pour des films pornos à prétention littéraire »
Au départ, tout l’oppose à Saül : son milieu, ses convictions, la manière dont il a vécu la Seconde
Guerre mondiale. Ils ne semblent avoir en commun que leur grande culture cinématographique.
La relation entre les deux hommes est ambivalente, un mélange d’estime et de méfiance.
Le passé trouble de Robert lui a fermé beaucoup de portes et il cherche à se réhabiliter et à se
racheter.
Dunkin Heyman qui l'a bien connu à Cannes, a finement cerné son profil psychologique :
« Inconsciemment, ce type voudrait être juif. Ce n’est pas un hasard s’il admire tout
particulièrement Proust, Kafka, Kubrick, Gershwin…et moi ! Je me suis persuadé que son cynisme
était une forme de dandysme adopté pour se tailler une place au soleil parisien ! Le temps a nourri
en lui une mauvaise conscience qu’il ne s’avoue sans doute pas ».
Et lorsqu'il lit le projet de scénario écrit par Robert de Trévignac, Saül en est convaincu :
« Dunkin Heyman avait raison quand il prétendait que Robert de Trévignac se sentait frustré de ne
pas être Juif ! » pense Saül. Voilà l’ancien collaborateur de « La table ronde » qui tente de convertir
le monde entier au judaïsme ! »
DUNKIN HEYMAN
Dunkin, 68 ans, fut une grande star du cnéma, célèbre pour se rôles de composition.
Il est désormais moins sollicité et plus disponible qu'il ne le fut dans ses années de gloire.
Acteur intellectuel, il a quitté Los Angeles pour vivre à New York où il monte de temps en temps
sur les planches. Il a quelque peine à faire face aux pensions de divorce, qui pèsent sur lui.
Et c'est, en plus de sa sympathie pour Saül et des pressions exercées par sa maman, l'espoir de
grosses déductions fiscales qui le convainquent d'accepter le rôle principal dans un film qu'il croit
voué à l'échec.
Sous son narcissisme, il révèle néanmoins beaucoup de générosité dans la manière par laquelle il
soutient le jeune John pendant le tournage.
Cette générosité et la vanité l'emporteront en lui lorsqu'il acceptera d'accompagner « La croisade du
Rabbin Potowic » à Cannes, prenant ainsi le risque de réduire les pertes financières escomptées.
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JUDITH HEYMAN
Judith Heyman, maman de Dunkin, est une veuve de 94 ans, qui habite dans une belle séniorie à
proximité du Deli de Saül.
Immigrée aux États-Unis en 1920, elle émaille d'expressions en yiddish l'anglais qu'elle parle avec
un fort accent polonais.
Maman juive type et typique, elle est très fière de son fils mais ne cesse de le tancer. Elle lui
reproche de ne pas lui rendre visite suffisamment souvent et regrette qu'il n'aie pas choisi une
profession plus prestigieuse comme celle de dentiste.
« Il aurait moins de mal à payer les pensions alimentaires de ses ex-épouses ».
Elle s'est fort attachée à Saül et à son restaurant. Elle considère Saül comme un membre de sa
propre famille car la carpe farcie qu'elle mange au Deli a la même saveur que celle qu'elle dégustait
en Pologne,en compagnie de ses parents
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