discours - Inades

Inades-Formation : 50 ans ce n’est pas rien, mais est-ce suffisant
Son excellence Mgr Kutwa, Archevêque d’Abidjan,
Mesdames, Messieurs, les chefs d’institutions,
Messieurs, les Ministres,
Mesdames, Messieurs, les membres du corps diplomatique,
Mesdames, Messieurs les élus,
Messieurs les chefs traditionnels,
Monsieur, l’Administrateur délégué d’Inades-Formation,
Monsieur, le Président du CA d’Inades-Formation Côte d’Ivoire,
Monsieur, le Directeur général du CERAP,
Rev Sœurs, Rev Pères
Mesdames, Messieurs, Honorables invités,
C’est un grand plaisir et un honneur pour moi de prendre la parole, aujourd’hui, au nom d’InadesFormation, dans la cadre du lancement des manifestations marquant les 50 ans, de la grande famille
INADES, au service de la formation et du développement.
L’action d’Inades-Formation au profit du monde rural Africain est une suite logique de l’action d’INADES
commencée en 1962, avec les cours par correspondance à l’intention des « cadres moyens », les
paysans d’Afrique, et les femmes rurales. Pour étendre cette action au-delà de la Côte d’Ivoire, des relais
furent créés de 1969 à 1971 au Cameroun, au Zaïre (RD Congo), au Burundi, au Rwanda et en
Ethiopie.
Cette extension des activités de formation avait entraîné des conséquences inattendues. En effet, les
cours n’étaient plus uniquement l’œuvre des Jésuites appuyés par quelques collaborateurs religieux ou
laïcs. Il était devenu l’œuvre d’un groupe de personnes de diverses origines – des Africains et des
Européens, des clercs et des laïcs, des chrétiens et des non chrétiens. C’est dans cette dynamique
qu’INADES décide en 1972, de créer Inades-Formation à qui il confie les activités de formation,
principalement les cours.
L’AG constitutive d’Inades-Formation s’est tenue à Yopougon, en 1975. Il s’en est suivi la reconnaissance
officielle comme Association internationale de droit ivoirien, au cours de la même année et en tant
qu’organisation d’utilité publique, par décret présidentiel en 1977. A ce jour, Inades-Formation est
implanté dans dix pays d’Afrique : Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Kenya, Togo, RD
Congo, Rwanda, Tanzanie, Tchad. Inades-Formation fonctionne sous forme de réseau, avec un
rayonnement qui dépasse ces 10 pays, car à partir de ces pays Inades-Formation intervient dans les
autres pays voisins.
Dès sa création, Inades-Formation s’est donné comme mission de :
«Travailler à la promotion sociale et économique des populations, en accordant une importance
toute particulière à leur participation libre et responsable à la transformation de leurs sociétés ».
En d’autres termes, Inades-Formation s’est engagé, depuis sa fondation, à aider les populations
africaines, en particulier, les plus défavorisées, à s’organiser pour prendre en main leur destin, dans le
cadre de la philosophie du développement intégral de tout l’homme et de tout homme. Dans les contextes
des pays africains, les plus pauvres et la très grande majorité des plus défavorisés vivent en milieu rural.
C’est pourquoi Inades-Formation a maintenu, les paysans et les paysannes, comme public cible
prioritaire.
La célébration de ces 50 ans au service de la formation et du développent est une opportunité pour
Inades-Formation de rendre hommage aux pères fondateurs d’INADES, particulièrement, le Père Albert
Hanrion et ses compagnons. Nous rendons hommage aussi au premier PDG d’ Inades-Formation, le
Père Philippe Dubin, le premier Africain, President du Conseil d’ Administration d’ Inades-Formation, M.
Jean Baptiste Améthier et les compagnies des Pères jésuites, qui avait assuré l’implantation d’InadesFormation dans différents pays d’Afrique. Enfin, nous rendons hommage à l’architecte de l’africanisation
d’Inades-Formation, le Père Edouard De Loisy, le seul de ces personnages qui est présent ici parmi nous.
Merci infiniment, Père Edouard pour tout le travail fait pour les paysans Africains.
Des cours par correspondance, hérités d’INADES en 1972, Inades-Formation est aujourd’hui engagé
dans l’accompagnement des projets de développement des paysans pour l’émergence d’un monde rural
prospère et influent. Ainsi, le combat d’Inades-Formation aujourd’hui est d’aider en priorité, le monde
rural à s’organiser pour être l’architecte et le bâtisseur de son devenir économique, social et politique.
Dans cet élan, Inades-Formation reste fidèle à ses valeurs de base - la solidarité agissante avec les plus
défavorisés, particulièrement, avec les paysans et la reconnaissance des capacités de ceux-ci à
comprendre, à s'organiser et à agir.
Aujourd’hui, Inades-Formation est fière de sa contribution à la vulgarisation des techniques culturales et
d’élevage en Afrique et dans le monde à travers les cours d’agriculture. Le passage à l’accompagnement
des initiatives de développement du monde rural, suivant l’évolution du contexte, a permis à InadesFormation d’aider les paysans et paysannes à mieux maîtriser leurs savoir, savoir-faire et savoir-être.
Inades-Formation a soutenu les paysans dans la recherche de réponses adéquates pour faire évoluer
leur milieu, leur vie et acquérir plus de pouvoir dans la société globale.
Le travail d’Inades-Formation a ainsi contribué à faire en sorte que dans les villages et campagnes
africains, il y a des hommes et des femmes debout et qui luttent, malgré l’adversité. Des hommes et des
femmes avec une capacité remarquable d’analyse, de réflexion et de prise d’initiatives individuelles et
collectives. Des hommes et des femmes qui ont recours à leur capital social et relationnel, pour se
constituer en groupements d’entraide et de travail collectif. Des hommes et des femmes qui veulent se
faire entendre. Bref, des hommes et des femmes qui font preuve d’ingéniosité et démontrent leurs
capacités d’adaptation aux changements.
Dans son parcours, ce qui a permis à Inades-Formation de rester une organisation qui compte dans le
monde du développement en Afrique, c’est sa capacité de réflexion et son effort constant d’adaptation
aux mutations permanentes du monde rural et les stratégies changeantes des acteurs.
Ainsi, pour cette célébration des 50 années d’existence, Inades-Formation à l’instar des autres
collaborateurs des Pères Jésuites, souhaite jeter un regard sur son parcours et sur le contexte actuel du
monde rural pour se projeter dans l’avenir.
En effet, dans le contexte actuel, en Afrique, l’ombre de la famine et de la sous-alimentation est
omniprésente. Selon le rapport de la FAO (octobre 2009), la proportion des gens affamés ne fait
qu’augmenter en Afrique subsaharienne depuis 2004, jusqu'à représenter 35% en 2009. Alors, comment
expliquer que l’agriculture familiale, à la base de l’autosuffisance alimentaire des années 60 et 70 en
Afrique, n’arrive plus à nourrir convenablement la population ?
Cette situation s’explique par une diversité de facteurs et principalement par le fait que les petits
exploitants agricoles, responsables de la plus grande partie de la production vivrière, sont confrontés aux
contraintes énormes de tout genre. Il s’agit, par exemple, du déficit de ressources stratégiques
nécessaires (ressources techniques, financières et d'informations), de l’ouverture des marchés locaux qui
expose brutalement les paysans africains à une compétition déloyale avec des produits subventionnés du
Nord, et de l’exclusion des paysans des processus de formulation des politiques les concernant.
De nos jours, l’agriculture familiale est plus que jamais menacée par les Organismes Génétiquement
Modifiés, le contrôle des systèmes semenciers par les multinationales et l’accaparement des terres
agricoles en Afrique pour la production des cultures d’exportation et les agro-carburants.
Cet état de fait fragilise davantage les petits exploitants agricoles et aujourd’hui, de nombreux paysans et
paysannes, n’obtiennent pas de l’agriculture, un revenu assez suffisant pour leur permettre de se loger
décemment, de scolariser leurs enfants, d’accéder aux soins médicaux etc.
Dans ce contexte sombre, on pourrait être amené à se poser la question de savoir s’il reste encore assez
d’espoir pour l’avenir du monde rural africain. A cette question, nous aimerions répondre par l’affirmative
En effet, Inades-Formation crois fermement que l’agriculture familiale a le potentiel d’assurer
l’autosuffisance alimentaire en Afrique et de créer des emplois. La grande diversité des sols et les
conditions géo-climatiques sont des atouts pour le développement de l’agriculture. L’espoir d’InadesFormation se fonde aussi sur le fait qu’il existe en Afrique des Etats et des organisations qui partagent
l’idéal de travailler à corriger la marginalisation du monde rural. En témoigne la déclaration par l’ONU de
l’an 2014 comme l’année internationale de l’agriculture familiale, suite à la campagne menée par ces
organisations, dont Inades-Formation, et soutenue par des Etats. Le thème retenue pour la célébration
de l’Année internationale est : l’Agriculture familiale, nourrir le monde et soigner la planète.
La célébration de ces 50 ans est donc pour nous un appel à réflexion. Nous aurons à réfléchir sur
comment améliorer davantage nos services aux paysans afin qu’ils continuent de relever le défi de nourrir
le monde et soigner la planète. La journée du paysan, que nous prévoyons pour le 6 décembre 2012
sera consacrée effectivement à célébrer les paysans et à réfléchir sur l’avenir de travail d’InadesFormation au service du monde rural Africain. Nous comptons sur votre participation massive à cette
journée. Venez vous joindre à nous pour réfléchir sur les stratégies et moyens de concrétiser davantage
le model de développement basé sur la solidarité envers les plus défavorisés.
Je ne peux terminer mon propos sans humblement, exprimer la gratitude d’Inades-Formation aux
autorités ivoiriennes pour tout le soutien qu’elles nous accordent, confirmant leur attachement à l’idéal de
société que prône Inades-Formation. Nous exprimons aussi, notre reconnaissance à tous les donateurs
au Fonds Africain d’Appui au Monde rural, mis en place par Inades-Formation, depuis 1997, pour
recueillir les dons du public en vue d’assurer la continuité des services qu’elle rend gracieusement au
monde rural.
Un grand merci également à tous les membres associées, les employés et amis d’Inades-Formation pour
leurs contributions à faire vivre depuis 1975 cette importante œuvre sociale, initiée par les Pères Jésuites.
Enfin, merci infiniment, Mesdames et Messieurs, Distingués invités, de nous avoir honorés de votre
présence à cette cérémonie de lancement du cinquantenaire d’INADES.
Je vous remercie
Francis F. Ngang
Secrétaire général
Inades-Formation International