AUTORISATION D`EXPLOITER LE FONCIER : de nouvelles règles
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AUTORISATION D`EXPLOITER LE FONCIER : de nouvelles règles
AUTORISATION D’EXPLOITER LE FONCIER : de nouvelles règles régionales à connaitre En application des dispositions de la loi d'Avenir du 13 octobre 2014, le contrôle des structures est désormais régionalisé. Le Schéma Directeur Régional des Exploitations Agricole (SDREA), établi par un arrêté préfectoral du 28 juin 2016, est applicable depuis le 1er juillet dernier et se substitue aux quatre schémas départementaux. Des nouveautés importantes à connaitre, car le SDREA marque l'entrée en vigueur de nouvelles orientations, d’un nouveau seuil de contrôle, et de nouvelles priorités, pour la délivrance des autorisations préalables d'exploiter en matière d'installation, agrandissement ou réunion d'exploitations. Par ailleurs, les modalités de demande d'autorisation sont modifiées. UNE CONSTRUCTION ENCADREE Le cadre national de la loi a fortement contraint la construction du schéma régional des structures. Un des principaux reproches de notre région d’élevage est un contrôle à minima des prises de participation sociétaire. La boîte à outils se retrouve aussi très amoindrie : l’encadrement des possibilités de refus d’autorisation d’exploiter, l’autorisation conditionnelle notamment pour l’installation n’est plus possible. Aussi les responsables professionnels de la FRSEA, des JA et des Chambres d’agriculture, malgré ce contexte national contraint, ont multiplié les réunions sur 2015 et 2016 pour construire ensemble des propositions. Les objectifs des responsables, comme Patrick Fauvel de la FRSEA, Laurent Kerlir pour les Chambres d’agriculture et Freddy Faucheux pour les JA, ont été de conserver une gestion concertée du foncier par les membres de la CDOA, de réduire les iniquités constatées sur les expériences des SDDS. Les propositions d’ordre de priorité, et de croisement de critères économiques, avec des critères de distance, de taux d’activité en sont notamment le fruit. DES ORIENTATIONS GUIDES Le SDREA vise à conserver le nombre d'actifs agricoles, développer les exploitations viables et maintenir l'élevage. Patrick FAUVEL, responsable du groupe foncier de la FRSEA Bretagne ajoute que « nous avons insisté pour que le SDREA accorde une orientation importante à la restructuration et à l’aménagement parcellaire, pour le maintien de l’élevage en Bretagne, et la préservation du foncier agricole». Le SDREA vise aussi à favoriser l'installation et la transmission des exploitations. A ce sujet Hervé LE SAINT, membre du groupe foncier de la FRSEA et en charge des dossiers foncier à la FDSEA du Finistère, remarque que « la loi d’avenir a fait passer l’installation d’une priorité absolue, à une priorité principale, car on doit pouvoir effectivement, sur une même opération foncière, et selon les cas, installer et restructurer ou conforter les exploitations voisines, mais le rôle des membres de la CDOA est encadré par le SDREA, laissant peu de place à des marges d’appréciation ». Enfin, le SDREA entend promouvoir des systèmes plus économes en intrants, encourager l'agriculture biologique, et concourir à la qualité de l'eau. UN SEUIL DE SURFACE ABAISSE Le SDREA réduit à vingt hectares en polyculture élevage (contre 45 à 50 ha auparavant, suivant les départements), le seuil de surface pour le contrôle des installations, agrandissements ou réunions d'exploitations, au-delà de ce seuil. Des équivalences de surfaces sont établies pour les élevages hors-sol et les cultures spécialisées. Patrick FAUVEL explique qu’ « il y a eu une quasi unanimité de la profession pour considérer que l’abaissement du seuil de contrôle était nécessaire, voire équitable, pour contrôler au mieux l’utilisation du foncier agricole». UN ORDRE DE PRIORITES POUR DEPARTAGER L'ordre des priorités du SDREA est le paramètre essentiel pour départager les demandeurs concurrents et délivrer des autorisations d'exploiter. Dans l'ordre, le SDREA prévoit les priorités suivantes: - 1 Préserver de graves atteintes, les exploitations des preneurs en place; - 2 Favoriser la restructuration du parcellaire par l'octroi de parcelles de proximité ou de liaison; - 3 Favoriser la réinstallation d’agriculteur ayant perdu plus de 2/3 de leur exploitation, sans en être les initiateurs - 4 Permettre d'une part l'installation du conjoint poursuivant l'exploitation, d'autre part l'installation des agriculteurs, y compris progressive, exerçant à titre exclusif ou principal; - 5 Favoriser des exploitants afin de respecter leurs obligations en zones de captages d'eau soumises à contraintes environnementales (ZSCE); -6 Compenser des surfaces d'exploitations perdues; -7 Attribuer des parcelles enclavées; - 8 Consolider des exploitations pour assurer leur viabilité; - 9 Autoriser les agrandissements ou réunions d'exploitations; - 10 Autoriser enfin les autres cas d'installation. S’agissant de la priorité 4 sur l’installation, Damien Blanchard, responsable foncier des Jeunes Agriculteurs de Bretagne, tient à rappeler que « tous les jeunes doivent anticiper leurs projets. Il faut prendre contact avec le Point Accueil Installation au moins un an avant de s’installer, afin d’avoir le temps de bien réfléchir à son projet, de réaliser les formations et accompagnements et de réaliser toutes les démarches nécessaires comme celles des autorisations d’exploiter ». UN UTILE INDICATEUR DE DIMENSION ECONOMIQUE Au sein de ces 10 priorités, des sous priorités sont établies, pour départager les demandeurs concernés. Parmi les critères retenus, pour départager les demandes, le SDREA a établi un indicateur de dimension économique (IDE) pour comparer les exploitations, en tenant compte du nombre d'actifs. Les exploitations sont évaluées d'après un indicateur économique standard, par productions. L'exploitation viable est en outre définie selon cet indicateur, ainsi que les agrandissements excessifs. Hervé LE SAINT juge que « cet indicateur de dimension économique est utile, car auparavant seule la dimension foncière et les coefficients de pondération, appliqués aux productions hors sol ou aux cultures spécialisées (légumières notamment), réglaient les ordres de priorités, créant des incompréhensions entre productions et ainsi des inégalités pour accéder au foncier » et Patrick FAUVEL d’ajouter « mais la dimension économique ne pouvait être le seul élément pour départager des candidats concernés par un même ordre de priorité, ainsi d’autres critères seront pris en compte tels le maintien de l’élevage assuré par le demandeur, le caractère exclusif de son activité agricole, la distance d’éloignement de son siège d’exploitation, la confortation du plan d’épandage des exploitants non assujettis au traitement et même le maintien de l’exploitation cédée en mode biologique ». UNE CLAUSE DE REVOYURE DANS UN AN « Le SDREA est tout neuf, fruit de nombreuses réunions avec l’administration, les chambres d’agriculture, les syndicats agricoles, les propriétaires fonciers, dans un délai contraint et dans le cadre d’une loi rigide. Chacun a émis des craintes, des oppositions, sur telles ou telles dispositions, dans un cadre où tout est écrit», conclut Patrick FAUVEL, aussi ajoute t-il, « nous avons demandé à ce que dans un an nous nous revoyons, pour faire l’inventaire des problèmes soulevés dans son application et du nombre d’installations pour vérifier la cohérence du dispositif ». LA PROCEDURE A SUIVRE POUR UNE DEMANDE D’EXPLOITER Chacun peut consulter le SDREA sur le site internet de la Direction régionale de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt : www.draaf.bretagne-agriculture.gouv.fr sous la rubrique « productions et filières/exploitations/contrôle des structures, lequel renvoi sur chaque site des préfectures de Bretagne. Le nouveau formulaire de demande d'autorisation d'exploiter est disponible sur tous ces sites. Les décisions sont à présent de la compétence du préfet de région, mais les demandes seront toujours adressées à la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) concernée, qui les instruira. La CDOA, pourra être consultée, en amont de la décision préfectorale régionale, dans le cas des situations pouvant donner lieu à refus d'exploiter (candidatures concurrentes, preneur en place prioritaire, baisse du nombre d'actifs). Des candidatures concurrentes peuvent être déposées jusqu'à une date indiquée dans la publicité réglementaire réalisée, sur le site Internet de chaque préfecture départementale, à la rubrique « publicité foncière réglementaire », et en mairie. Cette date limite pour le dépôt des candidatures concurrentes est fixée à la date de dépôt du premier dossier complet + 60 jours. « Ainsi, désormais, il est important que chacun se rende régulièrement sur le site de sa préfecture à la page dédiée au contrôle des structures, pour prendre connaissance des mouvements foncier, sur sa commune » rappelle Hervé LE SAINT. Pour, lui cela est important car « le délai de concurrence est court et les dossiers ne sont évoqués en CDOA que s’il y concurrence, car logiquement si pas de concurrence pas de possibilité de refus ! ». Dominique MOLINA, FRSEA, service juridique FDSEA du Finistère