UN JOLI DESSIN.rtf
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UN JOLI DESSIN J ’ai corrigé tout un ensemble de mauvais traits. Ce croquis était vilain. Ma gomme est usée. Il faudra que j’en achète une neuve. Un artiste doit avoir de bons outils. Le trait s'affirme, se noirci. Je me dirige sur un sentier fiable. J’esquisse timidement. Mon geste est sûr, mais le crayon effleure à peine le papier. Je le touche et laisse le crayon glisser au fur et a mesure. J’avais commencé cette ébauche en pointillés. De petits points à peine visibles. On distingue que j’ai hésité. Il faut recouvrir cette faible entreprise. Je lie chaque point d’un trait d’un seul et ce, en un mouvement ; comme j’aurai jeté un mégot… le fil du dessin commence à avancer de manière plus fluide que je n’aurai pu le préparer. Je ne regarde plus le modèle ni mon crobar, mon esprit s’est échappé et mes mains sont hors de contrôle. On est en train de le gagner à la vue de la fille. En entrant dans cette pièce j’ai eu la présence d'esprit de laisser mon téléphone allumé pour pouvoir contacter le service d'urgence de réanimation. J’avais des doutes quant à ma capacité à soulever un crayon et représenter autre chose qu'un petit cœur tremblant avec une flèche, représenté d’un trait toujours tremblant. Finalement, je n’ai pas eu à passer par cette étape. Son regard malicieux ne m'impressionne plus, puisque c’est moi qui l'ai représenté sur ma feuille. Je lai capturé. Voila le dessin va être terminé. J’ajoute de la couleur, tout vacille. J’envoie bouler toute la discipline. Il faudra que je détruise mon œuvre. Si elle la voit elle ne se reconnaitra pas… - Alors, est-ce un beau dessin ? Oui, je crois. Mais ses yeux se tournent vers moi ; tu as fini? Effectivement. Je ne bouge plus. Me voila trahi. Non, enfin peut être, non, il faut que je gomme, oui c’est ça, gommer bien sûr, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt. Souf, prête moi ta gomme sil te plait. Et d’un brusque sentiment de déception et de paranoïa en montée glaciale, j'efface, j'efface, je gomme, tout apeuré par l'option qu'elle approche pour regarder les traces qui restent. J’empoigne un tube de peinture noire et barbouille le tout. Il ne reste plus rien de ce que j’avais pris soin de concevoir. Pour qui? Pour quoi? Il y a des secrets que l'on garde toujours au fond du cœur. Je n'emporte pas mon papelard, il ne vaut plus rien. Je me réinsère dans Noel, moi, l'être humain que j'étais avant d'entamer cette tentative de portrait. Timidement je m'échappe du cours de dessin comme une souris fuis la tapette, mais une fois dans la rue je suis pris de peur que le fromage revienne à la surface, dans un rêve érotique… bon sang de bonsoir !! Nom de dieu ! Putain, elle est derrière moi !... elle m'a appelé par mon prénom, merde ! Merde, merde !! « - J'ai vu ce que tu as fais, à l’ envers, mais c'était ressemblant… - J'comprends pas… ? - Tu m'as mis un air de fille coquine. Je l'ai vu aux yeux que tu as dessinés. Pourquoi tu as tout recouvert? - J'en sais foutre rien. Et je ne comprends pas ce que tu me dis. Comment as-tu pu voir mon dessin? - Le miroir derrière toi… » Eh merde, je suis fais comme un rat, elle va me trouver chelou maintenant. « - Tu reviens la semaine prochaine? J’aimerai que tu sois là… - D'accord. » Et je m'engouffrais seul dans la nuit d'hiver. Je regagnais la maison. Je jette ma clope. Merde ça y est, je repense au dessin, à la fille… comment s'appelle-t-elle déjà? Si je l'avais su, je m’en serai souvenu. Je ne l'aurai pas si vite tatoué sur moi, c’est évident. J’y retourne la semaine prochaine comme ça j'aurai le temps de lui écrire un poème. Noel, neuf années se sont écoulées depuis… L’atelier est devenu un cinéma tu ne la retrouveras plus à présent… R’in n'a foutre je n’aime pas les modèles je préfère… imaginer. NOËL, LE 5 DECEMBRE 2012