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Hôpital Cochin (APHP)
Formation des chirurgiens
08.03.10 - 16:54 - HOSPIMEDIA | L’école européenne de chirurgie vient de se doter, à la façon de
l’aéronautique, d’un hall opératoire virtuel et complète ainsi sa panoplie hi-tech d’outil de
formation. Un bouleversement pédagogique avec en point de mire la gestion des risques et
l'interdisciplinarité.
Réalisé en partenariat avec la fondation iLumens, présidée par le Pr Alexandre Mignon (Hôpital Cochin,
AP-HP), la création d’un hall opératoire virtuel constitue le dernier élément du Centre de formation des
équipes du bloc opératoire créé par l’École européenne de chirurgie. Sous l’égide et dans les locaux de
l’Université Paris Descartes présidée par le Pr Axel Khan, cette innovation permet de placer les élèves
chirurgiens dans les conditions d’un bloc opératoire. Depuis longtemps l’aéronautique utilise les
simulateurs de vol pour former ses pilotes. En médecine, la tendance est plus récente, mais les nouvelles
technologies sont de plus en plus utilisées, tant pour la formation initiale que continue des équipes de
soins. L’École européenne de chirurgie présidée par le Pr Guy Vallancien franchit à son tour le pas.
La technologie au service de la pédagogie
"Au lieu de faire sa première ponction lombaire sur un patient, alors que l’on n’est pas encore très
performant, nous pensons, résume le Pr Alexandre Mignon, déplacer le paradigme vers l’apprentissage des
compétences techniques et comportementales sur du mannequin et de la simulation pour limiter les
évènements indésirables". Il s’agit donc en fait d’une pédagogie active qui mobilise toutes les ressources
des nouvelles technologies pour dépasser la simple transmission du savoir et des connaissances et
s’assurer que ces acquisitions sont parfaitement intégrées et utilisées en situation.
Outre le hall chirurgical virtuel, la gamme des moyens utilisés dans le cadre de ce centre de formation est
très vaste, avec notamment des mannequins simulateurs, les simulateurs chirurgicaux, des robots ainsi
que les ressources du e-learning, à distance ou avec un tuteur. Et l’étendue de ces apprentissages
dynamiques couvre tout le champ des interventions nécessaires, de l’induction anesthésique au réveil en
passant par toutes les phases de l’acte opératoire. Avec, bien entendu, en point d’orgue, l’apprentissage
partagé de la "check list" opératoire.
Cette formation est donc active et basée sur la simulation. Mais elle est aussi transdisciplinaire, "en
collaboration médico-chirurgicale intense" insiste le Pr Alexandre Mignon. "Notre originalité, c’est le
mélange des métiers, souligne le Pr Guy Vallancien. Nous avons voulu qu’ils puissent échanger entre eux
pour qu’ils comprennent le stress de l’autre. C’est, en effet, à partir de la compréhension du stress de
l’autre que l’on apprend à travailler ensemble".
Développer la capacité à travailler en équipe
Les promoteurs de cette formation sophistiquée et hi-tech prennent ainsi garde de moduler leur discours
en assurant que leur démarche ne néglige pas pour autant la psychologie, le comportement, la
communication. Ainsi conçu, le bloc opératoire devient, selon les termes du Pr Guy Vallancien, une
"plateforme interventionnelle", prolongeant ainsi le rapprochement avec l’univers de l’aéronautique qui a
depuis intégré la dimension de la gestion des risques.
Un des modules de formation porte du reste sur les accidents chirurgicaux revus à la lumière de ceux de
l’aviation, avec l’intervention d’un pilote chevronné, pour montrer comment un enchaînement d’erreurs
d’organisation peut conduire un avion partant de Detroit à Bruxelles alors qu’il devait atterrir à Francfort.
Pour montrer "tous les aléas et les difficultés du métier", comme l’indique le Pr Guy Vallancien, un avocat
et un chirurgien ayant l'expérience d'un procès interviennent également au cours de la formation. Cette
démarche est aujourd’hui en cours d’application. "Les étudiants sont déjà évalués sur les compétences
médicales, précise le Pr Alexandre Mignon, comme sur leurs comportements, leur capacité à se présenter
correctement au patient, à s’intéresser à leurs collègues, à demander, par exemple, un examen
complémentaire".
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"Nous commençons à former nos équipes dans notre hôpital et notre spécialité, poursuit le Dr Antoine
Tesnière (Département d’anesthésie réanimation, Hôpital Cochin). Dès cette année, c’est-à-dire à la fin du
mois de mai, c’est toute une promotion d’étudiants qui sera formée selon cette technique. Et l’année
prochaine, le projet est d’arriver à implémenter dans tous les programmes pédagogiques de
l’enseignement médical les solutions qui permettent d’avoir une complémentarité avec l’enseignement
médical classique". Pour le Pr Axel Kahn, ce projet est un élément de cohérence pour l’Université Paris
Descartes puisqu’il associe une discipline ancienne, l’anatomie, "dont on voit bien à quel point elle
peut-être moderne", à l’informatique, autre pôle de compétence de cette université. Toutefois, les
promoteurs de ce hall virtuel espèrent compter parmi les projets financés par l’emprunt national pour ne
pas rester ponctuel et se développer dans d’autres universités intéressées en France.
Pierre Rémi
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