Séminaire 13 janvier 2016, UQAM
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Séminaire 13 janvier 2016, UQAM
Séminaire 13 janvier 2016, UQAM Jean Marc Mignon Mes collègues et amis ont déjà largement ratissé, si je puis dire, cette question tout à fait centrale des politiques publiques et programmes pouvant favoriser l’accessibilité au tourisme…et je dois souligner qu’il est très rare, en dehors de nos congrès et forums, que nous ayons ainsi l’occasion de nous retrouver tous sur un même panel. C’est donc un vrai plaisir d’intervenir ici de nouveau. Pour ma part, après les exposés que vous venez d’entendre, je voudrais consacrer les quelques minutes qui me sont données à notre engagement international au sein de l’OMT et en faveur du code mondial d’éthique du tourisme, qui sont autant d’opportunités d’élargir le cadre de notre action et de transmettre nos convictions …et nos propositions éventuelles. 1/ L’OMT tout d’abord. C’est en fait l’histoire d’une coopération très ancienne, puisque notre Organisation – qui s’appelait alors BITS, comme à peu près tout le monde ici doit le savoir – a été l’un des tout premiers organismes à être accepté par l’OMT comme membre affilié, lors de la première Assemblée Générale suivant l’Assemblée constitutive de l’OMT, il y a 40 ans. Notre relation a connu des hauts et des bas, comme cela est inévitable sur une si longue période…mais plus de hauts que de bas…et nous sommes actuellement – et depuis une petite dizaine d’années – dans une période de très bonne coopération. Rappelons tout de même pour la petite histoire que le BITS avait déjà apporté sa part à la rédaction de la Déclaration de Manille, l’un des textes de référence de l’OMT adopté au début des années 80. Puis le BITS participa activement à la préparation du code mondial d’éthique du tourisme, finalement adopté par la 13ème session de l’Assemblée Générale de l’OMT tenue à l’automne 1999 à Santiago du Chili avant de faire l’objet d’une résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptée le 21 décembre 2001. Mais je reviendrai sur le code de façon plus détaillée dans un instant. Alors pourquoi ce partenariat avec l’OMT et quel intérêt y trouvons-nous ? L’OMT est la seule organisation intergouvernementale s’occupant du tourisme de façon exclusive, et le fait qu’elle soit devenue une agence de l’ONU il y a une dizaine d’années n’a fait que renforcer sa position et son crédit. Elle compte actuellement 158 pays…même si on peut regretter l’absence de quelques grands pays….notamment d’Amérique du Nord !!!! et compte plusieurs centaines de membres affiliés, réseaux, grandes entreprises, ONG…parmi 1 lesquels nous nous rangeons. Organisée en commissions géographiques, l’OMT touche à de très nombreuses facettes du tourisme et est incontestablement un très bon lieu de contacts et de diffusion d’idées. C’est pourquoi nous essayons d’y être présents dans ce qui nous parait important – par rapport à nos objectifs prioritaires – et nous associons l’OMT à tous nos grands évènements. On peut d’ailleurs souligner que l’OMT ne nous a jamais fait défaut lors des congrès et forums de ces 10 dernières années et a, la plupart du temps, été représentée par de hauts responsables, directeurs exécutifs ou secrétaires généraux adjoints tels que Taleb Rifai (actuel SG), Marcio Favilla, Frédéric Pierret ou encore Carlos Vogeler qui fut ici pour le sommet sur le tourisme accessible en 2014. Nous n’avons cesse de plaider auprès des responsables de l’OMT la cause et l’utilité des politiques sociales du tourisme, les invitant à mettre cela à leur agenda, et nous avons notamment commencé à suggérer de rapprocher cela de la question des tourismes domestiques. De façon assez étonnante, pendant 30 ans, l’OMT ne s’était guère intéressée qu’au développement du tourisme international, omettant, ou laissant de côté, le développement des tourismes domestiques, pourtant plus importants en volume. Les tensions internationales de tous genres ont finalement convaincu l’OMT qu’il fallait aussi s’intéresser à cette question, les tourismes domestiques étant un élément stabilisateur et étant le biais par lequel de nouvelles couches de population accèdent au tourisme ; et c’est précisément là que nos intérêts se rejoignent et que accès au tourisme et tourisme domestique peuvent procéder d’une dynamique commune. C’est dans cet esprit que nous avons plaidé auprès de l’OMT qui, aujourd’hui, mentionne beaucoup plus souvent le tourisme domestique dans ses interventions et rapports…et même si les statistiques restent imprécises sur ce point. Et, notre dernière idée, sur laquelle nous avons d’ailleurs travaillé ces derniers jours, est de proposer à l’OMT de réaliser en 2017 ou 2018 un séminaire international destiné à ses membres sur le développement des tourismes domestiques, dans lequel nous pourrions naturellement inclure le volet social. Je conclurai ce premier point de mon petit exposé en disant que l’OMT nous témoigne une vraie confiance, puisqu’elle vient de décider de reconnaitre le rôle majeur joué par notre fondateur, Arthur Haulot, qui sera honoré à Madrid, la semaine prochaine, à titre posthume ; l’OMT nous a par ailleurs invité à faire partie cette année du jury décernant les prix »Innovations et Technologies »…et, enfin, elle nous a nommé, par mon intermédiaire, au comité mondial d’éthique du tourisme, pour 4 ans. 2/ Ceci m’amène donc au second point, le code mondial d’éthique du tourisme. Le code se compose de 10 articles, faisant suite à des considérations préliminaires importantes et à un préambule que je veux juste vous citer car vous en déduirez tout de suite la proximité avec notre propre conception du tourisme : 2 « Nous référant notamment aux instruments suivants….affirmons le droit au tourisme et à la liberté des déplacements touristiques, marquons notre volonté de promouvoir un ordre touristique mondial équitable, responsable et durable, au bénéfice de tous les secteurs de la société , dans un contexte d’économie internationale ouverte et libéralisée, et proclamons solennellement à ces fins les principes du Code mondial d’éthique du tourisme ». Je ne vais pas vous détailler ces 10 articles mais je dirais simplement que nous nous retrouvons tout particulièrement dans les articles 2 (le tourisme, vecteur d’épanouissement individuel et collectif), 5 (le tourisme, activité bénéfique pour les pays et communautés d’accueil, et 7 (droit au tourisme), qui cite explicitement « le tourisme social…qui doit être développé avec l’appui des autorités publiques ». Nous savons tous, ici, ce que peuvent être les conséquences tant positives que négatives du développement du tourisme et notre vision du tourisme tend, naturellement, à ce que les impacts négatifs soient gommés ou à tout le moins amenuisés ; notre ambition, même modeste, est de contribuer à ce que les effets positifs du tourisme soient confortés, par la volonté politique, par l’intervention de la société civile, par une prise de conscience plus aigüe de la part des opérateurs de tourisme, par des dispositifs appropriés. C’est d’ailleurs ce que nous nous sommes efforcés d’écrire dans notre Déclaration de Montréal « pour une vision humaniste et sociale du tourisme », que notre secrétaire général, notre ami Yves Godin vous a re-présenté. Et nous-mêmes, opérateurs de tourisme social, acteurs de politiques sociales du tourisme, ne sommes naturellement pas à l’écart de mauvaises pratiques ou d’insuffisances, auxquelles il nous faut remédier. Nous sommes donc convaincus, à l’OITS, que le code mondial d’éthique du tourisme est un outil important de sensibilisation, de diffusion de ce qu’il conviendrait de faire pour avoir un tourisme « meilleur », et que nous devons donc nous en inspirer et le soutenir….et même si, pour le moment en tout cas, il n’a pas la force d’un traité. C’est dans cet esprit que notre comité exécutif a pris l’initiative d’organiser, durant notre dernier Forum européen, en octobre au Portugal, une session particulière sur le code conclue, en présence de Marcio Favilla, directeur exécutif de l’OMT, par une cérémonie de signature d’engagements de l’OITS et de 10 de nos membres principaux, dont le Conseil Québecois du Loisir, ici même, et le SESC Saõ Paulo, au Brésil. Il s’agit donc d’un engagement fort de notre secteur, à côté des Etats qui ont eux-mêmes signé cet engagement, et dont certains sont membres de l’OITS….pour aller sur le chemin « vers un tourisme responsable » pour reprendre les termes mêmes du titre du Code. Le temps me manque pour détailler d’autres engagements importants de l’OITS au niveau international, mais je m’en voudrais cependant de ne pas citer tout ce que nous faisons avec 3 la Commission européenne, d’omettre nos bonnes relations avec l’Alliance coopérative internationale et les secteurs de l’économie sociale et solidaire, avec l’OCDE , avec le réseau européen du tourisme responsable, avec le réseau ou les réseaux du tourisme accessible – et je salue nos amis de Keroul à cet égard. Donc, pour conclure, oui, une grande part de notre engagement consiste à prêcher ce que nous considérons comme étant « la bonne parole » auprès des institutions internationales et de nos partenaires. Comme cela a déjà été dit à plusieurs reprises, nous sommes convaincus que le tourisme doit être accessible à un plus grand nombre, tout en étant de qualité et vertueux, et en s’appuyant sur l’action combinée des acteurs et des pouvoirs publics. D’une certaine façon, nous voulons être la voix de ceux qui n’ont pas voix au chapitre. Je vous remercie pour votre attention. 4
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