Fiabilité clinique du test musculaire manuel. Trapèze moyen et

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Fiabilité clinique du test musculaire manuel. Trapèze moyen et
Fiabilité clinique du test musculaire manuel. Trapèze moyen et
muscles moyens fessiers.
FRESE E , BROWN M , NORTON BJ
Résumé :
Les objectifs de cette étude étaient de développer un protocole pour examiner la fiabilité du test
musculaire manuel dans un contexte clinique et d'utiliser ce protocole pour évaluer la fiabilité interexaminateurs lors du test manuel de la force du trapèze moyen et des muscles moyen fessier. Cent
dix patients avec divers diagnostics ont participé en tant que sujets, et 11 kinésithérapeutes ont
participé comme examinateurs dans cette étude. Les résultats ont montré que la fiabilité interexaminateurs pour le trapèze moyen, à droite et à gauche, et les muscles du moyen fessier était
faible. Le pourcentage des thérapeutes obtenant un même résultat ou jusqu'à un tiers des résultats
varie de 50% à 60% pour les quatre muscles. Cette étude montre que l'utilisation des tests
musculaires manuels pour effectuer des évaluations cliniques précises de l'état du patient est d'une
valeur douteuse.
Mots clefs :
Test musculaire manuel, muscle hypotonique, physiothérapie.
Le test musculaire manuel est un important outil clinique utilisé par les kinésithérapeutes
pour déterminer la force musculaire des patients. Le test musculaire est né aux Etats-Unis dans les
années 1900 lors d'une étude sur la fonction musculaire chez des patients atteints de poliomyélite.
Malgré le changement de rôle du test musculaire manuel avec la fin de la dernière épidémie de
poliomyélite dans le pays, cela reste un important outil clinique pour évaluer les causes musculaires
des dysfonctions dans les mouvements. Le test musculaire est considéré comme étant un pré-requis
essentiel pour les planning de programme de traitement et de modifications. Les résultats du test
musculaire manuel sont également utilisés pour faire des jugements cliniques sur les progrès ou la
détérioration de l'état des patients, comme pour évaluer l'efficacité d'un traitement particulier.
L'étude sur la fiabilité des tests musculaires manuels effectués par les examinateurs est nécessaire si
ces tests doivent être utilisés. La fiabilité du test musculaire manuel dans un contexte clinique a à
peine été étudiée. LILIENFELD et al ont trouvé que des scores entre Zero et Normal ont été assignés
par 12 à 39 examinateurs dans quatre essais différents pour être d'un même niveau, bien que la
méthode de test ait été contrôlée parce que les examinateurs ont été formés par le même
instructeur.(1) IDDINGS et al ont également constaté que le test musculaire manuel a été fiable parmi
10 examinateurs dont les évaluations étaient dans une même catégorie de résultats dans 90,6 % des
essais.(2) Tous les sujets dans ces deux études avaient le diagnostic de poliomyélite, et les
examinateurs étaient fortement qualifiés dans le test musculaire manuel.
La fiabilité des tests musculaires manuels a été bien plus difficile à réaliser pour des
évaluations plus grandes que le groupe JUSTE à cause du jugement subjectif des examinateurs
concernant l'intensité de la résistance appliquée durant le test. Un des problèmes le plus important
dans le test musculaire manuel est la variable "système de référence" pour faire une évaluation. De
tels jugements subjectifs incluent la détermination ce qui est la force musculaire normale pour un
individu donné selon son âge et sa taille, en plus des forces relatives au testeur et au patient.(3)
(1)
LILIENFELD AM, JACOBS M, WILLIS M : A study of the reproducibility of muscle testing and certain others aspects of muscle scoring.
Phys Ther Rev 34 : 279-289, 1954
(2)
IDDINGS DM, SMITH LK, SPENCER WA : Muscle testing : Part 2. Reliability in clinical use. Phys Ther Rev 41 : 249-256, 1961
(3)
MOLNAR GE, ALEXANDER J, GRUTFIELD N : Reliability of quantitative strength measurements in children. Arch Phys Med Rehabil 60 :
218-221
EDITORIAL : The accuracy of the manual muscle test. Arch Phys Med Rehabil 35 : 515-517, 1954
Beaucoup d'autres facteurs influencent la reproductibilité du test musculaire manuel. La
méthode de test peut varier selon les thérapeutes (ex.: KENDALL et McCREARY(4) vs DANIELS et
WORTHILGHAM(5)), tant parce que la formation des médecins peut différer de l'un à l'autre que parce
que les kinésithérapeutes ont tendance à développer leurs propres techniques et standards pour
classifier la force musculaire. Les autres variables qui influencent l'exactitude du test musculaire sont
1) le point et la direction d'application de la force, 2) l'ampleur de la force de résistance, 3) la vitesse
de l'application de la force de résistance, 4) la durée de la contraction, 5) le degré de coopération du
patient, 6) la fatigue, 7) des influences distrayantes diverses, 8) le type d'instruction donné, 9) le ton
de la voix du thérapeute, et 10) la quantité d'interactions entre le thérapeute et le patient.(6)
BEASLEY a essayé d'augmenter l'objectivité dans le test musculaire manuel en développant
une échelle standardisée de normes pour la force musculaire.(7) En utilisant un myodynagraphe
électronique, BEASLEY a trouvé une divergence entre le pourcentage de force Normale assignée dans
un test musculaire manuel et le pourcentage de force trouvée par une mesure quantitative.(7) La
force musculaire du groupe BON, d'habitude évaluée à 75 % de Normal dans le système de test
musculaire manuel(4), avait seulement 43 % de la valeur Normal à l'échelle standardisée de BEASLEY.
Le groupe JUSTE avait une évaluation de seulement 9 % de Normal, plutôt que 50 % de Normal
d'habitude assigné. Le groupe PAUVRE, d'habitude évalué à 25 % de Normal à l'échelle manuelle,
avait une évaluation de seulement 2,6 % de Normal à l'échelle standardisée. Les écarts-types ont
montrés un chevauchement considérable dans le pourcentage des scores Normal du groupe JUSTE,
indiquant une faible différence avec ces derniers, gamme de résultats dans laquelle le test
musculaire manuel est censé être plus précis.(7)
Les objets de cette étude ont été de développer un protocole pour examiner la fiabilité du
test de la force musculaire manuelle dans le département de physiothérapie et pour utiliser ce
protocole dans l'évaluation de la fiabilité inter examinateurs pour le test manuel des muscles trapèze
moyen et du moyen fessier. Nous avons choisi les deux muscles indiqués 1) parce que nous avons
voulu examiner les muscles des membres inférieurs et supérieurs et 2) parce que les muscles
sélectionnés sont difficiles à tester en raison de la stabilisation requise par les autres groupes
musculaires durant le test. En plus, les deux muscles choisis pour l'étude se révèlent fréquemment
faibles chez les patients. L'hypothèse était qu'un groupe de kinésithérapeutes travaillant ensemble
dans le département de la physiothérapie démontrerait la fiabilité inter-examinateurs dans le test
des muscles trapèze moyen et moyen fessier.
METHODOLOGIE
Sujets :
Cent dix patients ont participé à cette étude, envoyés pour une thérapie physique à l'Hôpital
Universitaire St. Louis. Les patients avaient des troubles variés au niveau des muscles squelettiques
BECHTOL CO : Grip test : the use of the dynamometer with adjustable hand spacing. J Bone Joint Surg [Am] 36 : 820-824
NICHOLAS JA, SAPEGA A, KRAUS H, et al : Factors influencing manual muscle tests in physical therapy. J Bone Joint Surg [Am] 60 : 186190
(4)
KENDALL FP, McCREARY EK : Muscles : testing and Function, ed 3. Baltimore, MD, Williams & Wilkins, 1983
(5)
(6)
DANIELS L, WORTHINGHAM C : Muscle testing : Techniques of Manual Examination, ed 4, Philadelphia, PA, W B Saunders Co, 1980
EDITORIAL : The accuracy of the manual muscle test. Arch Phys Med Rehabil 35 : 515-517, 1954
SMIDT GL, ROGERS MW : Factors contributing to the regulation and clinical assessment of muscular strength. Phys Ther 62 : 12831290, 1982
WILLIAMS M : Manual muscle testing : Development and current use. Phys Ther Rev 36 : 797-805, 1956
WINTZ MN : Variations in current manual muscle testing. Phys Ther Rev 39 : 466-475, 1959
JOHANNSON CA, KENT BE, SHEPARD KF : Relationship between verbal command volume and magnitude of muscle contraction. Phys
Ther 63 : 1260-1265, 1983
WESTERS BM : Factors influencing strength testing and exercise prescription. Physiotherapy 68 : 42-44, 1982
GONNELLA C, HARMON G, JACOBS M : The role of the physical therapist in the gamma globulin poliomyelitis prevention study. Phys
Ther Rev 33 : 337-345, 1953
TROMBLY CA : Occupational Therapy for Physical Dysfunction, ed 2. Baltimore. MO, Williams & Wilkins, 1982, pp 173-229
(7)
BEASLEY WC : Quantitative muscle testing : Principles and applications to research and clinical services. Arch Phys Med Rehabil 42 :
398-425, 1961
et au niveau neurologique, incluant les douleurs au bas du dos, les maladies communes
dégénératives, les douleurs cervicales, les blessures par balles, la chondromalacie, la polyarthrite
rhumatoïde, et la maladie des tissus conjonctifs. Les patients ont dû exposer un ensemble suffisant
de mouvements pour permettre aux parties du corps de se placer dans la position de test et sans
avoir de douleur dans le mouvement, ou sans que la douleur n'interfère avec le test musculaire. Le
groupe testé est constitué de 50 femmes et 60 hommes, âgés de 15 à 76 ans, avec une moyenne
d'âge de 41 ans (± 15 ans).
Examinateurs :
Onze kinésithérapeutes du personnel de l'hôpital universitaire de St. Louis ont servi comme
examinateurs. Tous les examinateurs étaient diplômés de programmes universitaires accrédités.
Sept étaient diplômés de la même université, deux autres d'une autre université, et les deux derniers
sont diplômés de deux autres écoles. Le nombre moyen des années d'expérience des membres de ce
groupe d'examinateurs était 2,3 ans (± 1,2). Huit des thérapeutes ont préféré la technique de test
musculaire de KENDALL et McCREARY(4), 2 ont préféré celle de DANIELS et WORTHINGHAM(5) et 1
utilise les deux.
Chaque thérapeute a reçu une feuille de travail avec 10 espaces pour 10 patients différents.
À côté de chaque espace était inscrit le nom du thérapeute avec qui l'examinateur avait été
aléatoirement mis par pair et ce, pour chaque patient en particulier. Le nom des thérapeutes
diffèrent dans chaque espace, ce qui implique que chaque examinateur fait la paire avec un seul
thérapeute parmi l'ensemble des 10 présents. Chaque thérapeute reçoit également une seconde
feuille de travail avec 10 espaces destinés à enregistrer les cotations musculaires du patient d'un
autre thérapeute quand son nom apparaît dans la liste de ce thérapeute pour ce patient. Chaque
examinateur a alors choisi 10 patient pour les inclure dans cette étude. Un appendice donne
l'échelle d'évaluation du test musculaire et les définitions que tous les thérapeutes utilisent.
Procédures de test :
Le test musculaire manuel a été exécuté pendant la session de traitement quotidien du
patient. On a permis une période de repos d'au moins trois minutes entre les tests des deux
examinateurs et les deux thérapeutes ont gardé leurs résultats confidentiels. Les examinateurs ont
utilisé un test "de rupture" et pour le test du muscle moyen fessier, la hanche du patient a été placée
la plus en extension possible.
Séquence de test :
La séquence de test a impliqué les étapes suivantes :
1. L'examinateur a d'abord identifié un patient approprié pour l'étude.
2. L'examinateur a exécuté le test bilatéral des muscles trapèze moyen et moyen fessier. Le
côté et le muscle qui devaient d'abord être testés ont été assignés aléatoirement avant le
début de la phase de test. L'examinateur a utilisé sa technique de test musculaire habituelle
pour déterminer la réponse appropriée, et il a répété ce test plusieurs fois, si nécessaire,
pour trouver la réponse. Il a alors enregistré les résultats dans l'espace approprié sur sa
feuille de travail.
3. Un second thérapeute, qui a été désigné de manière randomisée pour faire la paire avec lui
pour ce patient, a alors exécuté des tests sur les mêmes deux muscles, dans le même ordre,
mais en utilisant sa propre technique de test. Le second thérapeute a également répété le
test plusieurs fois, si nécessaire, pour déterminer une réponse. Il a alors enregistré ce
résultat sur sa feuille de travail.
Analyse des données :
Le coefficient pondéré Kappa de Cohen(8) a été utilisé comme index d'accord pour la fiabilité
inter-examinateurs. Cet indice montre le rapport entre le nombre de désaccords et de désaccords.
Une matrice (Tab. 1) a été conçu pour les résultats obtenus dans l'étude et a donné les niveaux de
ratio de désaccord assignés à chaque cellule. Chaque cellule de la matrice représente un résultat
pour chaque examinateur. Par exemple, la cellule pour Normal-Normal a une valeur pondérée de
1,0, la cellule Bon-Normal était de 0,7, et la cellule pour Minimum-Normal était de 0,0.
Tableau 1
Matrice pondérée des scores originaux*
Résultats du test musculaire de
Résultats du test musculaire de l'examinateur 2
l'examinateur 1
PP
P+
FF
F+
GG
G+
NP1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1
P
0,9 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2
+
P
0,8 0,9 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3
F0,7 0,8 0,9 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4
F
0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5
+
F
0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6
G0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0,9 0,8 0,7
G
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0,9 0,8
+
G
0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0,9
N0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
N
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
* Onze réponses possible s'étalant de P- à N.
N
0,0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
1,0
Pour déterminer si l'élimination des maximum et des minimum améliorerait le coefficient de
fiabilité, nous avons compressé le score original dans une échelle à cinq points. Les maximums et les
minimums se sont vus assigner le même résultat dans la même catégorie (ex.: Maximum-Juste et
Minimum-Juste sont devenus Juste), et une nouvelle matrice a été désignée pour ces résultats.
Les résultats des tests musculaires de chaque patient que le Thérapeute 1 a examiné ont été
comparé avec chacun de ceux que les 10 autres thérapeutes avec qui il a été appareillée ont trouvé.
Un coefficient de fiabilité inter-examinateur a été calculé pour le thérapeute 1. Cette procédure a
été répétée pour chaque thérapeute afin qu'un coefficient de fiabilité inter-examinateurs soit calculé
pour tous les 11 examinateurs. Ce faisant, nous avons voulu déterminer si l'un ou l'autre thérapeute
en particulier a semblé être moins fiable que les 10 autres et si l'école dans laquelle le thérapeute a
terminé ses études ou ses années d'expérience était un des facteurs affectant la fiabilité.
Résultats :
Le tableau 2 récapitule les pourcentages du nombre total de sujets sur lesquels les
examinateurs ont été d'accord, en plus des pourcentages concernant les différents niveaux
d'inégalité (c'est-à-dire une partie des résultats qui étaient mis à part). Le pourcentage de sujets sur
qui la même catégorie a été obtenue par deux examinateurs s'est étendu de 28 % à 45 % pour les
quatre muscles, et pour 89 % à 92 % des sujets nous avons trouvé un accord complet ou un accord
dans une même catégorie.
Le pourcentage des patients qui ont été notés JUSTE plus ou par un ou les deux examinateurs
mentionnés ci-dessus était de 88 % pour le muscle Trapèze moyen droit, 90 % pour le muscle
Trapèze moyen gauche, 91% pour le muscle Moyen fessier droit, et 95% pour le Moyen fessier
gauche. Un ou les deux examinateurs ont assigné à la catégorie Normal 50 % des tests sur le muscle
(8)
COHEN J : Weighted Kappa : Nominal scale agreement and provision for scaled disagreement or partial credit. Psychol Bull 70 : 213220, 1968
Trapèze moyen droit, 44% des tests sur le muscle Trapèze moyen gauche, 67% des tests sur le muscle
Moyen fessier droit, et 70% des tests sur le muscle Moyen fessier gauche.
Tableau 2
Pourcentage d'accord concernant les résultats des sujets a
Catégories de résultats
Muscles b
RMT
LMT
RGM
LGM
n
%
n
%
n
%
n
%
Même catégorie
31
28
32
29
52
47
50
45
1/3 des résultats mis à part
24
22
27
25
11
10
17
15
2/3 des résultats mis à part
19
17
23
21
24
22
15
14
L'entièreté des résultats mis à part
25
23
15
14
14
13
16
15
1 1/3 des résultats mis à part
6
5
8
7
4
4
7
6
1 2/3 des résultats mis à part
5
5
4
4
1
1
5
5
Avec une catégorie mise à part
68
62
65
60
49
45
48
44
La même catégorie ou dans une catégorie 99
90
97
89 101 92
98
89
partielle
a
Chaque catégorie a été divisée en trois avec l'utilisation de maxima et des minima ; donc, on a
considéré la différence entre 2 et 2 + comme valant 1/3, la différence entre 2- et 2+ était de 2/3,
et la différence entre 2 et 3 vaut 1.
b
RMT-droit Trapèze moyen, LMT-gauche Trapèze moyen, RGM-droit Moyen fessier, LGM-gauche
Moyen fessier.
Le tableau 3 donne les coefficients de fiabilité inter-examinateurs à la fois pour les résultats
originaux des tests musculaires que pour les résultats compressés. La fiabilité des scores originaux
était basse, s'étendant de 0,11 à 0,58. La compression des résultats ne change pas de façon
appréciable le coefficient de fiabilité inter-examinateurs (0,26 - 0,42). Même pour les catégories endessous de JUSTE, nous avons trouvé une faible fiabilité inter-examinateurs.
Tableau 3
Fiabilité inter-examinateurs des résultats originaux et compressés
Conditions
Muscles a
N
RMT
LMT
RGM
LGM
Kw b
Kw
Kw
Kw
Original
110
0,58
0,29
0,25
0,11
Compressé
110
0,26
0,26
0,30
0,42
a
RMT-droit Trapèze moyen, LMT-gauche Trapèze moyen, RGM-droit Moyen fessier, LGM-gauche
Moyen fessier.
b
Kw = Coefficient Kappa pondéré.
Le tableau 4 récapitule les résultats de la comparaison de chacun des examinateurs avec
chaque autre examinateur pour chaque test. Les coefficients de fiabilité s'étalent de 0,04 à 0,66 sans
qu'aucun modèle de haute fiabilité ne soit établie par n'importe quel thérapeute. Ceux des
thérapeutes qui avaient une expérience plus clinique n'ont pas montré de niveau de fiabilité plus
grand que ceux ayant obtenu un diplôme plus récemment. L'école dont le thérapeute a obtenu le
diplôme ne semble pas affecter la fiabilité parce que ceux des thérapeutes qui ont terminé leurs
études à la même université n'ont pas montré une fiabilité plus grande que les thérapeutes qui ont
terminé leurs études dans des écoles différentes. Le thérapeute 3 a montré des coefficients de
fiabilité bas sur l'ensemble des quatre tests (0,08 - 0,19).
Tableau 4
Fiabilité inter-examinateurs parmi les thérapeutes
Muscles a
Thérapeutes
RMT LMT RGM
Kw b
Kw
Kw
1
0,22 0,15 0,31
2
0,21 0,52 0,34
3
0,19 0,16 0,08
4
0,06 0,33 0,52
5
0,42 0,25 0,48
6
0,28 0,30 0,26
7
0,42 0,63 0,50
8
0,15 0,47 0,66
9
0,37 0,46 0,25
10
0,14 0,28 0,56
11
0,62 0,04 0,20
a
RMT-droit Trapèze moyen, LMT-gauche Trapèze moyen,
droit Moyen fessier, LGM-gauche Moyen fessier.
b
Kw = Coefficient Kappa pondéré.
LGM
Kw
0,58
0,55
0,13
0,44
0,38
0,34
0,29
0,37
0,29
0,49
0,11
RGM-
DISCUSSION
En utilisant les coefficients pondérés Cohen de Kappa, nous avons trouvé que la fiabilité
inter-examinateur pour tester manuellement la force des muscles Trapèze moyen et Moyen fessier
dans un cadre clinique était pauvre. Cependant, quand les résultats ont été exprimés en
pourcentages d'accord, ils étaient semblables aux découvertes de LILIENFELD et al(1) et IDDINGS et
al(2) qui ont rapporté une bonne fiabilité dans un groupe constitué d'examinateurs expérimentés
(plus expérimentés que ceux de notre étude). Les résultats (28% - 47% d'accord) n'ont pas été en
accord avec ceux de WILLIAMS(9), qui a constaté que deux examinateurs ont été complètement
d'accord entre 60% et 75% du temps. Les examinateurs de notre étude ont été plus souvent en
accords sur les tests du muscle fessier que sur le Trapèze moyen pour des raisons que nous ne
pouvons pas déterminer. Nous avons également montré une faible fiabilité dans les catégories audessous de JUSTE, ce qui est en accord avec la découverte de BEASLEY sur les faibles différenciations
dans les catégories au-dessous de JUSTE.
La compression des résultats en éliminant les minima et les maxima n'a pas sensiblement
changé les coefficients de fiabilité inter-examinateurs. Le coefficient pour le muscle Trapèze moyen
droit a diminué, probablement à cause de l'intervalle qui s'est élargi entre les catégories avec
maxima et les minima quand ils ont été compressés (ex.: JUSTE-plus / BON-moins a été changée à
JUSTE-bon).
La distribution des résultats pourrait avoir affecté le coefficient d'accord ou de fiabilité.
Parce que la majorité des résultats des sujets était JUSTE-plus ou supérieure pour tous les muscles
(88 % - 95 %), les résultats n'ont pas été bien distribués à travers toutes les valeurs musculaires
possibles. Cette distribution biaisée pourrait avoir réduit faussement l'ampleur du coefficient de
Kappa. Une gamme plus large de résultats devrait améliorer les chances de démontrer une mesure
(9)
WILLIAMS M : Manual muscle testing : Development and current use. Phys Ther Rev 36 : 797-805, 1956
précise d'accord. Parce que nous avons établi comme critère que la douleur ne devait pas interférer
avec le test musculaire, certains faiblesse des patients peuvent avoir été exclus de l'étude.
Un problème procédural qui pourrait avoir affecté nos résultats était la difficulté de
positionner certains des patients pour un test particulier. Différents thérapeutes ont ajusté la
procédure différemment pour résoudre le problème.
L'âge des patients n'a pas semblé être un facteur dans les faibles coefficients de fiabilité
inter-examinateurs parce que les résultats du plus jeune et du plus vieux sujets dans cette étude
n'étaient pas suffisamment éloignés l'un de l'autre, à part pour ceux des sujets qui étaient dans la
tranche d'âge moyenne.
Obtenir la fiabilité dans une catégorie, comme dans cette étude, pose des questions sur les
valeurs cliniques, particulièrement en considérant les différences entre FAIBLE et JUSTE, ou JUSTE et
BON, et à contrario la différence entre BON et NORMAL. L'intervalle entre chacune de ces paires est
une catégorie, bien que les jugements subjectifs des thérapeutes en fonction des patients puissent
avoir été tout à fait différents. L'exactitude des évaluations des progrès ou des faiblesses des
patients, donc, serait douteuse malgré la fiabilité dans une catégorie.
Le test musculaire manuel est un peu coûteux, relativement rapide, et est une méthode
commode pour évaluer la force musculaire d'un patient. Au vu des résultats de cette étude,
cependant, les kinésithérapeutes devraient envisager de compléter leurs résultats des tests
musculaires manuels avec des tests isocinétiques, avec un dynamomètre ou un tensiomètre.
GRIFFIN et al ont comparé les résultats de tests musculaires manuels avec des tests isocinétiques
pour les muscles extenseurs de la nuque chez des patients avec des maladies neuromusculaires et
ont trouvé qu'un manque d'amélioration de la force ou une diminution de la force a été démontré
tant par les tests musculaires manuels que par les tests isocinétiques.(10) Cependant, ils ont
également trouvé que chez les patients avec un score lors du test musculaire manuel entre 9 et 10
(NORMAL minimum - NORMAL), le test isocinétique a révélé des déficits ou des améliorations de
force musculaire non détectables avec les méthodes de test musculaire manuel. Ils ont conclu que le
test isocinétique ajoute des informations de valeur quand les patients ont des résultats de tests
musculaires manuels dans la catégorie NORMAL. BOHANNAN a trouvé une corrélation de fiabilité
significative entre les scores des tests musculaires manuels et ceux des tests par dynamomètre sur
des muscles extenseurs de nuque, qui ont indiqué que les deux méthodes de tests mesurent la force
musculaire de la même façon.(11) Cependant, il a trouvé une différence significative entre les
pourcentages théoriques des scores des tests musculaires manuels et ceux calculés à partir des
scores des tests avec un dynamomètre, ce qui a indiqué que les pourcentages théoriques basés sur
les résultats des test musculaires manuels ont probablement surestimé la force musculaire d'un
patient. Des résultats supplémentaires de tests musculaires manuels avec des tests isocinétiques, à
l'aide d'un dynamomètre ou d'un tensiomètre diminueraient la subjectivité dans l'évaluation
d'incapacité d'un patient.
Il serait nécessaire d'aller plus loin dans les études dans ce domaine, chaque thérapeute
étant appareillé plus que deux fois avec un autre thérapeute. Une étude potentielle pourrait
incorporer plusieurs sessions de formation continue au personnel avant le début des tests pour aider
à standardiser aussi bien que possible les techniques de tests musculaires parmi les membres du
personnel. La fiabilité pourrait alors être réévaluée pour déterminer si n'importe quelle amélioration
pouvait être notée. GARRAWAY et al a pu augmenter la proportion d'examens pour l'évaluation de
mouvements, ce qui inclus la fonction motrice, dans lesquels l'accord total a été atteint pour 41 % à
68 % après les définitions de standardisation, discussion et interprétation des instructions par les
examinateurs et par la pratique.(12)
(10)
GRIFFIN JW, McCLURE MH, BERTORINI TE : Sequential isocinetic and manual muscle testing in patients with neuromuscular disease.
Phys Ther 66 : 32-35, 1986
(11)
BOHANNAN RW : Manual muscle test scores and dynamometer test scores of knee extension strength. Arch Phys Med Rehabil 67 :
390-392, 1986
(12)
GARRAWAY WM, AKHTAR AJ, GORE SM, et al : Observer variation in the clinical assessment of stroke. Age Ageing 5 : 233-240, 1976
CONCLUSIONS
Les résultats de cette étude ne soutiennent pas l'hypothèse de recherche selon laquelle le
groupe de kinésithérapeutes peut exécuter des tests musculaires manuels de façon fiable dans une
situation clinique. Les résultats démontrent que les thérapeutes sont fiables au sein d'une
catégorie ; cependant, le degré de reproductibilité ne peut pas être adéquat pour faire des
jugements cliniques. Des résultats de tests musculaires complémentaires par test isocinétique,
dynamomètre, ou tensiomètre ont été suggérés.
Le développement d'une méthode standardisée de test musculaire est nécessaire pour que
différents examinateurs puissent obtenir des résultats comparables dans une situation clinique. La
standardisation de la résistance fournie dans les catégories BON et NORMAL pour que le jugement
subjectif soit minimisé est un domaine dans laquelle des études plus approfondies sont nécessaires.
Remerciements :
Nous remercions l'équipe des kinésithérapeutes de l'hôpital universitaire St. Louis pour leur
coopération et Carolyn Heriza pour ses conseils dans le planning de cette étude.
