Les autorités locales européennes contre l`extrémisme violent

Transcription

Les autorités locales européennes contre l`extrémisme violent
Organisée par le Congrès des Pouvoirs Locaux
et Régionaux du Conseil de l’Europe
et le Forum européen pour la sécurité urbaine
Accueillie par les maires d’Aarhus et de Rotterdam
Conférence du 18 novembre 2015 à Aarhus, Danemark
Rapporteur : Mette Reinhardt Jakobsen, journaliste
Note du rapporteur :
Cette conférence a eu lieu au lendemain des attaques terroristes à
Paris, le 13 novembre 2015, au cours desquelles 130 personnes ont
perdu la vie.
Le jour où la conférence s’est tenue, une intervention policière à
Saint-Denis (commune limitrophe du nord de Paris) s’est soldée par
d’autres morts.
Pour cette raison, plusieurs intervenants de France et de Belgique
ont dû annuler leur participation.
Une minute de silence a été observée au début de la conférence.
Enfin, presque tous les intervenants ont exprimé leur chagrin
après les attaques de Paris. Nous n’avons pas inclus dans ce rapport leurs messages de condoléances.
SYNTHÈSE
La conférence « Vers une alliance des villes européennes face à l’extrémisme violent » a eu lieu dans la ville d’Aarhus, Danemark, le 18
novembre 2015. Cette journée de débat et d’échanges d’opinions et
d’expériences a rassemblé près d’une centaine de maires européens
et autres représentants des autorités locales.
Les discussions étaient centrées sur le fait que les autorités locales
sont particulièrement bien placées pour participer activement à la
prévention de la radicalisation, en raison de leur proximité et de leur
connaissance des communautés locales, avec lesquelles elles travaillent au quotidien.
Un certain nombre de municipalités ont présenté des mesures, programmes et outils qu’elles utilisent déjà dans leurs villes, partout en
Europe. Les panels et les participants ont débattu des différentes
approches et notamment de l’équilibre entre prévention et répression ;
comment nouer le dialogue avec des communautés fermées, comment renforcer les capacités des professionnels de première ligne
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et comment les mobiliser ; comment collaborer et coordonner les
efforts à l’échelle régionale, nationale, européenne et même internationale, et comment trouver le courage politique nécessaire pour
poursuivre la lutte contre la radicalisation.
Le besoin de dialogue entre les autorités locales, d’échange d’expériences et de bonnes pratiques est apparu encore plus évident à mesure que la journée de conférence avançait. Cette nécessité a été
exprimée officiellement dans la « Déclaration d’Aarhus », qui souligne
l’importance de reconnaître à l’échelle européenne les initiatives publiques locales. Cette déclaration a été adoptée par la totalité des
participants à la fin de la conférence.
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1. SESSION D’OUVERTURE :
Les autorités locales
européennes contre
l’extrémisme violent
Jacob Bundsgaard, maire d’Aarhus :
Après avoir accueilli les participants au nom des villes d’Aarhus et
de Rotterdam, le maire a affirmé que les attaques terroristes à Paris
montrent à quel point les efforts pour prévenir l’extrémisme violent
sont importants. Cependant, a-t-il souligné, il faut raison garder ; les
communautés urbaines ont une obligation particulière de se concentrer sur le travail de prévention.
En référence au modèle mis en place à Aarhus en 2007, il a rappelé l’importance du dialogue entre la police, les services sociaux et la
société civile. Ce dialogue est nécessaire pour aider les jeunes en
risque de radicalisation à choisir les bonnes solutions, plutôt que de
les critiquer et de les condamner.
Le succès du modèle d’Aarhus tient aussi au large soutien politique,
toutes tendances confondues, qui lui donne sa légitimité ainsi qu’aux
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valeurs fondamentales et démocratiques qu’il défend, notamment
la liberté d’expression et les droits individuels. « Même si ce modèle
est fondé sur une approche compréhensive, la violence extrême est
intolérable et il faut maintenir constamment le respect de la Loi. Il
ne s’agit pas de distribuer des cartes ‘Sortie de prison/Libre’, » a-t-il
déclaré. « Aarhus est déterminée à améliorer son modèle et à apprendre des autres, comme nous le faisons aujourd’hui avec cette
conférence. »
Jean-Claude Frécon, Président du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe :
« Les attaques terroristes par des djihadistes armés à Paris et dans
d’autres villes européennes ont mis en évidence une fois de plus
la nécessité pour les villes d’agir davantage pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme, » a déclaré le président du Congrès. « La
violence ne doit pas l’emporter ; elle est contraire à nos valeurs humaines. Lorsqu’ils ciblent notre jeunesse, ceux qui sortent avec leurs
amis dans des quartiers cosmopolites où les cultures se croisent et
se mélangent, les terroristes attaquent nos droits et nos libertés les
plus fondamentaux. Mais nous ne plions pas et nous défendons les
droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit. »
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C’est au niveau local que la radicalisation peut être le mieux contenue, par des actions de prévention, le dialogue entre les cultures et
les religions, et la réinsertion dans la société des individus qui se sont
radicalisés.
Ce réseau d’autorités locales, parce qu’il connaît particulièrement
bien les populations locales, sera un outil puissant pour combattre la
radicalisation. « Les terroristes ne viennent plus de l’étranger, » a rappelé le président du Congrès. « Ce sont des citoyens européens qui
ont grandi dans nos quartiers. Il revient donc aux autorités locales et
régionales d’agir. » En conclusion, M. Frécon a exprimé l’espoir que
cette conférence soit un point de départ pour mobiliser les autorités
locales partout en Europe contre la radicalisation.
Leen Verbek, Vice-Président du Congrès des Pouvoirs Locaux
et Régionaux du Conseil de l’Europe :
Le Vice-Président du Congrès a affirmé que « la radicalisation croissante est un problème au sein même de nos société. La radicalisation
qui mène à la violence extrême dans nos villes, mais aussi qui mène à
la barbarie au travers des discours de haine dans les médias sociaux
et à la résurgence du fascisme, est une menace pour la démocratie. »
La radicalisation est liée aux défauts de la démocratie, à la perte de
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confiance des citoyens dans les droits de l’homme. La désaffection
envers le politique, la rencontre avec des groupes extrémistes ou
simplement la recherche d’aventure : il n’y pas de profil type des individus qui tombent dans l’extrémisme.
M. Verbeek a exposé les trois axes fondamentaux de l’action du
Congrès pour mettre en place sa stratégie de lutte contre la radicalisation. Il a souligné que l’une des priorités du Congrès est d’établir
des directives pour que les autorités locales et régionales puissent
prendre des mesures anti-radicalisation rationnelles et bien conçues,
et notamment :
»» Informer le public de ces mesures de façon rationnelle
»» Se concentrer sur la prévention car c’est ce qui correspond le
mieux aux compétences des autorités locales
»» Soutenir les mesures de « sortie » pour les individus qui
cherchent à s’éloigner de leur environnement extrémiste
»» Le rôle important de l’école pour renforcer la résilience et la
résistance à la radicalisation
»» Sensibiliser les autorités locales et régionales aux pratiques
existantes.
« Nous devons édifier des sociétés inclusives pour contrer la radicalisation menant à la violence extrême, » a conclu le Vice-Président.
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Guilherme Pinto, Président du Forum européen pour la sécurité urbaine :
« Que veulent-ils ? » « Pourquoi ? » « Que faire ? » Le Président de l’Efus
a rappelé les questions qui se posent après les attaques terroristes récentes. « Nous ne devons pas avoir peur et nous ne devons pas nous
laisser gagner par le sentiment d’insécurité, » a-t-il souligné. Aujourd’hui,
nous avons l’occasion d’approfondir l’idée d’une Europe unie et de renforcer nos politiques étrangères communes ainsi que notre engagement
envers la démocratie et le rôle des villes. « Certains jeunes choisissent le
terrorisme parce qu’il leur manque quelque chose, » a ajouté M. Pinto.
« La meilleure façon d’empêcher d’autres jeunes de suivre le chemin des
fanatiques est de leur expliquer que chez eux, ce n’est pas à l’étranger
mais là où ils vivent. »
Pour ce faire, la mobilisation des maires et des autorités locales est essentielle, car ils sont au plus près de la population. La prévention de la radicalisation complémente la répression, a déclaré le Président de l’Efus, en
présentant le programme LIAISE de formation des praticiens locaux créé
par l’Efus. Réunissant à l’origine 10 villes partenaires de six pays, ce programme a maintenant été élargi à 28 institutions de 12 pays. « La création
d’un tel réseau est basique mais c’est aussi la façon la plus efficace de combattre la radicalisation : en créant des sociétés inclusives, » a-t-il conclu.
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Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam (message vidéo) :
Le maire de Rotterdam s’est félicité de cette initiative d’échange d’expériences et de connaissances dans le domaine de la lutte contre la
radicalisation et a souligné que la meilleure façon de traiter ce problème est de combiner prévention et répression. M. Aboutaleb s’est
réjoui qu’il existe une somme de connaissances disponibles dans
le réseau de l’Efus ainsi que dans le réseau récemment créé à New
York, et a souligné qu’il est aussi important de recueillir des connaissances auprès des villes d’Afrique et du Moyen Orient.
« Un grand nombre d’études et recherches sont menées sur le phénomène de la radicalisation menant à l’extrémisme violent. Tout ce
savoir aboutit sur les bureaux des maires européens. C’est donc à
nous de prendre les décisions nécessaires à partir du travail des
chercheurs, » a déclaré M. Aboutaleb dans un message vidéo enregistré quelques jours avant la conférence.
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2. Les autorités locales
face aux défis de la
radicalisation menant
à l’extrémisme violent
Elizabeth Johnston, Déléguée générale, Forum européen pour
la sécurité urbaine (animatrice) :
Le sujet central de cette première discussion est le rôle des autorités
locales par rapport aux autorités nationales et internationales et à la
société civile, a remarqué Mme Johnston, en se félicitant de voir une
diversité de villes présentes à la conférence. Le thème de la radicalisation est véritablement européen et demande donc une méthodologie véritablement européenne, a-t-elle ajouté.
La déléguée générale de l’Efus a invité les participants au panel à
réfléchir sur quel type de méthodologie pourrait être adopté, en se
posant les questions suivantes : Quel rôle jouez-vous comme élu local ? Comment abordez-vous ce sujet politique compliqué ? Comment parler d’un tel sujet sans être discriminatoire ? Comment assurez-vous la cohésion sociale, le tissu social de votre collectivité ? En
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répondant à ces questions, les maires peuvent identifier les obstacles auxquels ils sont confrontés. En référence à l’intervention précédente du Président du Congrès, Mme Johnston a demandé au panel :
« Comment trouver le courage politique ? ». Un débat s’en est suivi.
Ritva Viljanen, maire adjoint d’Helsinki, Finlande :
Mme Viljanen a expliqué que la Finlande est confrontée à trois types
d’extrémisme : l’extrême-droite violente, inspirée par le néonazisme
et les traditions skinhead ; l’extrême-gauche violente, principalement
les anarchistes, et enfin l’extrémisme violent justifié par la religion et
conséquence des conflits en Syrie et en Iraq.
Plus d’une soixante de jeunes ont quitté la Finlande pour rejoindre
les groupes affiliés à Daech. Pour faire face à ce phénomène, Helsinki
fait partie depuis 2013 du Réseau de Coopération pour la Prévention
de l’Extrémisme violent, qui diffuse des informations au niveau local.
De plus, un département spécial a été créé au sein de la cellule de
Sûreté et de Préparation afin de collecter des informations à l’échelle
internationale. Helsinki est la seule ville finlandaise à avoir ce type
d’organisation centralisée. La ville travaille actuellement à une stratégie locale et un plan opérationnel de prévention, qui seront prêts
au printemps 2016. Notamment, un programme destiné à renfor-
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cer le sentiment d’identité des jeunes musulmans et à contrer leur
sentiment d’exclusion a été mis en place, inspiré par un programme
britannique (Being British Being Muslim, être britannique, être musulman). De même, la coopération entre la police et les travailleurs sociaux commence à donner ses fruits, a expliqué Mme Viljanen.
Bert Bouwmeester, maire de Coevorden, Pays-Bas :
Coevorden est une municipalité néerlandaise de taille moyenne,
avec 36 000 habitants. Le centre d’asile de la municipalité ne pose
pas de problème et les différents groupes de population cohabitent
pacifiquement. Cependant, depuis qu’il a été prévu d’implanter un
deuxième centre d’asile, le maire s’attend à des turbulences dans les
années à venir. Il y a de plus en plus de questions sur la sécurité, notamment depuis les récentes attaques terroristes.
À l’heure actuelle, le parti d’extrême-droite n’a pas de représentation
politique au conseil municipal. Mais la ségrégation sociale identifiée
par le maire pourrait avoir un effet sur les prochaines élections locales. L’Église et l’État sont séparés aux Pays-Bas, mais les autorités
locales ont néanmoins demandé à rencontrer les leaders des mosquées locales pour amorcer un dialogue et une coopération. Jusqu’ici,
leurs requêtes ont été rejetées.
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« Il est probable que l’expérience passée de ces personnes les a amené à penser qu’il n’est pas bon d’être en contact avec les autorités
locales, » a estimé le maire. « Nous sommes bien conscients qu’il faut
faire quelque chose pour éviter des conflits à l’avenir mais comment
? » Le maire a estimé que cette conférence pouvait être une première
étape permettant d’apprendre à partir de l’exemple d’autres villes. La
« boîte à outils » sur le dialogue inter-culturel et inter-religieux qu’il
prépare en tant que rapporteur pour le Congrès du Conseil de l’Europe lui sera utile ainsi qu’à de nombreux autres maires.
Andreas Schönström, maire adjoint de Malmö, Suède :
Ville de 300 000 habitants de 177 nationalités, Malmö a toujours été
fière d’être une communauté inclusive, a affirmé le maire adjoint.
Mais la ville est à pleine capacité depuis l’afflux récent de réfugiés
de Syrie, Iraq et Afghanistan : depuis janvier 2015, environ 10 000
enfants non accompagnés et 11 000 demandeurs d’asile sont arrivés
à Malmö. « Cela crée des problèmes, en particulier l’émergence de
l’extrémisme de droite, » a reconnu M. Schönström. C’est pourquoi
la ville a pris une série de mesures pour améliorer l’accueil des nouveaux arrivants :
»» Création d’une ville socialement durable en renforçant le sys-
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tème suédois de protection sociale grâce aux investissements pour
l’emploi et l’éducation
»» Une coopération étroite avec les communautés religieuses pour
favoriser le dialogue
»» La mise en place d’une task force spéciale rassemblant des représentants des services sociaux, des écoles et de la police, formée
à l’identification des premiers signes de comportement extrémiste
et capable d’agir lorsque de tels signes sont décelés.
Pour réussir, il convient de se préparer soigneusement, a précisé M.
Schönström. Le risque est que certains groupes se sentent stigmatisés s’ils font l’objet d’une attention particulière. De plus, la coopération avec la police est délicate parce qu’elle est sous la responsabilité
de l’État. C’est pourquoi les maires suédois peuvent avant tout mener
des actions de prévention, a conclu le maire suédois.
Mouloud Haddad, maire adjoint de Bagneux, France :
Le maire adjoint a présenté sa ville, située dans la banlieue de Paris,
comme un lieu de solidarité et de diversité culturelle. Après l’attaque
contre Charlie Hebdo en janvier 2015, un événement public a été
organisé au nom du respect mutuel, auquel diverses composantes
de la communauté ont souhaité participer. Ceci n’a débouché sur
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aucune initiative formelle : « La vie quotidienne a repris le dessus, » a
commenté M. Haddad.
Néanmoins, la municipalité a depuis travaillé sur trois approches
pour contrer la radicalisation : la prévention, la protection et la cohésion sociale.
»» La prévention consiste à équilibrer les libertés civiles et individuelles
avec la culture commune : les écoles jouent un rôle clé dans ce domaine.
»» La protection pose la question des autorités locales par rapport
aux autorités nationales. La France dispose de polices municipales
et d’une police nationale et les deux devraient coopérer, notamment parce que la police de proximité est particulièrement bien
placée pour résoudre les conflits locaux, a dit le maire adjoint.
»» La cohésion sociale a trait à la régénération urbaine pour en
finir avec la ghettoïsation préoccupante de certains quartiers.
« Les terroristes veulent tuer, terroriser et diviser. Ils peuvent réussir
les deux premiers mais ils ne réussiront pas à nous diviser, » a conclu
M. Haddad.
Liz Dixon, Councillor (conseiller local), Brent, Royaume-Uni :
Le travail de prévention contre la radicalisation à Brent, un borough
(quartier) de Londres, est devenu prioritaire après les attentats de
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Londres, en 2007. A l’époque, il s’agissait surtout d’un travail mené
dans les écoles pour rassurer et prévenir les comportements extrémistes. Par la suite, en 2011, le Conseil local (local council) a adopté
une stratégie plus complète qui s’adresse à tous les secteurs. Cette
année-là déjà, plus de 200 jeunes avaient quitté le pays pour rejoindre la Syrie.
La réponse de l’autorité locale a été de mettre en place un programme de formation des praticiens de première ligne – infirmiers,
enseignants et groupes communautaires – pour leur donner des outils afin qu’ils puissent entamer un dialogue sur ces questions. « Il
était nécessaire de leur donner confiance, de leur donner des capacités pour qu’ils aient ces conversations indispensables, et de leur
apprendre à démonter la pensée radicale, » a expliqué Mme Dixon.
« Nous voulions leur apprendre à reconnaître les individus qui ont
été entraînés à la violence. La formation est clé, mais il est tout aussi
important de bien choisir qui l’impartit. Nous collaborons avec des
formateurs qui sont proches de la communauté musulmane et qui
connaissent les ‘recruteurs’. »
La panoplie d’outils s’est avérée solide parce qu’elle est fondée sur
une stratégie solide et sur la volonté des autorités de faire pièce à
tout signe de radicalisation menant à la violence extrême.
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Adina Durback, maire adjoint de Brasov, Roumanie :
Brasov est une ville historiquement multiculturelle, avec environ un
tiers d’habitants chrétiens et le reste appartenant à d’autres communautés religieuses. Mme Durback a expliqué que Brasov a trouvé un
équilibre dans cette diversité, avec de nombreux mariages mixtes et
différentes langues enseignées dans les écoles. De plus, la ville organise des événements multiculturels.
Cependant, « même avec une tradition de tolérance, il peut y avoir
une certaine déstabilisation liée aux transformations majeures de la
société, » a ajouté Mme Durback en citant les événements survenus
en Transylvanie après la révolution de 1989, où la minorité hongroise
s’était trouvée en butte aux attaques des Roumains de souche. « L’extrémisme est un phénomène qui semble indiquer que les traditions
culturelles ne peuvent pas être la seule solution, » a souligné la maire
adjointe tout en reconnaissant qu’identifier les valeurs culturelles de
la société peut être utile pour résister ensemble à la radicalisation.
Hans Bonte, maire de Vilvoorde, Belgique (message vidéo) :
Alors que le matin même, la police avait mené une vaste opération
anti-terroriste à Bruxelles, le maire a souligné la nécessité d’échanger
des expériences sur le traitement des jeunes radicalisés qui veulent
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quitter les sociétés européennes.
A Vilvoorde, 28 jeunes sont partis pour la Syrie il y a déjà 19 mois. La
ville a adopté une approche « douce » en mettant en place un système fort de soutien des familles affectées et de celles à risque pour
qu’elles puissent créer un environnement positif et pour leur donner
des informations sur le processus de radicalisation.
Par ailleurs huit jeunes revenus de Syrie sont surveillés de près par la
ville : cinq sont en prison et les trois autres sont en observation. Enfin,
la police et les services sociaux collaborent pour aider les jeunes radicalisés qui veulent se réintégrer à la société, en les aidant à trouver
des alternatives à la violence et en leur faisant sentir qu’ils font partie
de la société et de l’histoire locales. « Il faut aussi donner de la chaleur
à ces jeunes gens, » a conclu M. Bonte.
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2. 1. Discussion
Elizabeth Johnston, animatrice, a résumé les interventions précédentes :
« Le rôle des villes dans la lutte proactive contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent semble primordial. Il semble que tous les
intervenants de ce panel sont en train d’explorer des stratégies de
partenariat avec les institutions locales et nationales, et aussi avec la
société civile. Il semble que la difficulté est de maintenir un dialogue
sur la durée, notamment avec les communautés qui rejettent ce type
de collaboration. Les présentations qui ont été faites soulignent la
nécessité d’élaborer une stratégie européenne face à la radicalisation, » a résumé Mme Johnston.
Bert Bouwmeester a cité Brent comme exemple de l’importance de la
formation et a demandé comment la boîte à outils développée pourrait être utilisée par d’autres villes.
Liz Dixon a remarqué qu’il faut deux types de personnes dans ce
genre de formation : celles qui sont en charge de la stratégie et celles
qui travaillent dans les services municipaux et ont une légitimité et
une autorité auprès des communautés concernées.
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Thomas Andersson, Conseiller régional, Région de Jämtland Härjedalen, Suède, a demandé à M. Haddad comment il arrive à toucher
les personnes qui ne se préoccupent pas de radicalisation.
Leen Verbeek a souligné que le débat montre bien que « tous les chemins mènent à Rome : un maire de Roumanie n’a pas les mêmes préoccupations qu’un maire d’un autre pays. Chaque situation demande
une réponse différente, » a-t-il dit. L’important n’est pas de parler de ce
que les autres devraient faire mais de ce que chaque communauté locale peut faire en fonction de son contexte particulier, a-t-il dit. Se borner à copier les outils des autres ne fonctionnera pas. En revanche, on
peut élaborer en commun une sorte de méthodologie pour créer des
programmes, engager le dialogue avec ceux qui rejettent notre société « et ainsi faire passer le message que les autorités locales prennent
cette problématique au sérieux, » a-t-il déclaré.
Jean-Claude Frécon a soulevé la question (en rapport avec M. Andersson) des pays qui n’ont pas de représentation politique forte des migrants arrivés il y a une génération. Peut-être faut-il réfléchir à un
nouvel engagement politique, a-t-il dit.
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Ritva Viljanen a enjoint à ne pas créer des problèmes quand ils
n’existent pas. « Les discours de haine sont fondés sur l’intolérance,
qui se nourrit du fait que les gens ne se connaissent pas, » a-t-elle dit.
Mme Viljanen a ajouté que les médias contribuent à créer une certaine image des musulmans, en dépit de la diversité des communautés musulmanes, et elle a exprimé son soutien à la position exprimée
en début de conférence appelant à plus de courage politique pour
changer les choses.
Andreas Schönström a lui aussi parlé de la représentation des minorités parmi la classe politique. « La représentation politique locale doit
toujours refléter la population de la ville, mais la démocratie garantit
déjà cela : nous ne serions pas élus si nous n’avions pas des candidats variés, » a-t-il expliqué. « Réserver une partie des sièges à certaines communautés poserait problème à Malmö car cela signifierait
qu’il s’agit de minorités. Or nous croyons à l’intégration naturelle. »
Mouloud Haddad a répondu (à la question de M. Andersson) qu’il note
une certaine « fatigue sociale » dans les quartiers populaires de sa
ville, où la vie est déjà en soi difficile. Le thème de la lutte contre
la radicalisation devient secondaire, une fois dissipée l’émotion liée
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aux attaques récentes. C’est un défi démocratique, a-t-il dit. De plus,
la représentation ethnique en politique est un tabou en France : la
tradition politique est fondée sur une communauté unie et unique
et si certaines catégories de la population ne veut pas participer, on
ne peut rien faire. « Il y a tellement de fractures dans notre société,
tellement de contradictions. C’est un choix entre sécurité et liberté
individuelle : laquelle doit prévaloir ? »
Bert Bouwmeester a réagi à l’intervention de M. Bonte, où celui-ci
appelait à donner de la chaleur aux communautés qui se sentent
exclues, en posant une question. Sachant qu’on a également besoin
d’outils répressifs, on peut se trouver devant un dilemme, a-t-il remarqué. « Comment inspirer la confiance et influencer de façon positive les gens concernés, au niveau individuel, tout en ayant la capacité
de prendre des mesures plus répressives si nécessaire ? C’est une
question à laquelle il n’y a probablement pas de réponse, » a-t-il dit.
Adina Durbaca a fait remarquer, notamment au sujet de la remarque
de M. Frécon sur la représentation politique, que son conseil municipal rassemble déjà des personnes d’origine multiple. « Cela veut
dire que nous sommes déjà ensemble dans tous les aspects de la vie
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sociale et culturelle de la ville, » a-t-elle dit.
Liz Dixon a remarqué, en réponse au dilemme évoqué par M.
Bouwmeester, qu’établir des relations solides pour prévenir la radicalisation et être en mesure d’user de la contrainte si nécessaire n’est
pas seulement une affaire d’individus mais doit être aussi un effort
commun de la part des autorités locales, des services sociaux, des
parents et de tout autre acteur pertinent. « Pour donner leurs fruits,
de tels efforts doivent faire partie d’une stratégie globale, » a-t-elle
remarqué.
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3. Comment d’autres
acteurs voient le rôle des
autorités locales dans la
lutte contre l’extrémisme
Marie-Madeleine Mialot Muller, présidente de la Commission
de la gouvernance du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe (animatrice) :
Mme Muller a rappelé les circonstances dans lesquelles se tenait
cette conférence, qui ont amené deux personnes du panel à annuler
leur participation pour raisons de sécurité. Elle a ensuite présenté les
deux intervenants suivants.
Jonathan Birdwell, Coordinateur du réseau Villes Fortes
(Strong Cities Network), Institute for Strategic Dialogue :
M. Birdwell a présenté le réseau Villes Fortes et l’organisation à laquelle il appartient, le think tank britannique Institute for Strategic
Dialogue (ISD), qui évalue les programmes anti-radicalisation menés
par des villes du monde entier. « C’est un processus itératif, » a-t-il ex-
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pliqué. L’ISD conçoit aussi des programmes fondés sur la recherche,
puis les évalue et les ajuste en fonction. La fonction première de l’ISD
est de favoriser les bonnes pratiques en organisant des rencontres
du réseau dans différentes villes, plusieurs fois par an. La prochaine
réunion se tiendra à Oslo en février 2016 et rassemblera des acteurs
locaux, nationaux et internationaux.
M. Birdwell a aussi mentionné le réseau Villes Fortes et la collaboration avec l’Efus et le projet européen LIAISE. Il a exprimé l’espoir que
les deux organisations puissent renforcer leur collaboration à l’avenir
autour des programmes de formation et la conception de systèmes
de soutien et de stratégies de communication pour les autorités locales. « Dans ce sens, le réseau Villes Fortes peut contribuer à disséminer ce travail à l’échelle internationale, » a-t-il dit. « Les maires européens ne sont pas les seuls à chercher des idées et des innovations
dans ce domaine. Nous devons partager nos connaissances à travers
le monde et nous devrions pousser pour une communication à deux
voies entre l’Europe et le reste du monde. »
Kelly Simcock, co-président du groupe de travail du réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN) sur la jeunesse,
la famille et la communauté et Directrice des commissions de la
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Fondation pour la Paix Tim Parry Jonathan Ball :
Son organisation, la Fondation pour la paix, a été créée il y a 20 ans,
après la mort de deux jeunes dans un attentat de l’IRA, a expliqué
Mme Simcock. « Nous voulions créer quelque chose de durable et
c’est pourquoi nous faisons principalement de la prévention auprès
des jeunes enfants. Les terribles événements récents nous rappellent pourquoi nous le faisons : nous mobilisons les autorités locales afin de mettre en place un filet de sécurité pour les jeunes, »
a-t-elle expliqué.
« Premièrement, nous n’avons pas une approche descendante mais
nous cherchons à créer un véritable dialogue, un véritable changement. Deuxièmement, nous cherchons à nous rapprocher de ceux
dont il est difficile de se rapprocher. Pour ce faire, la stratégie est
d’engager le dialogue avec les communautés isolées le plus tôt possible. Troisièmement, Nous avons pour objectif de créer des plateformes de communication sur les sujets difficiles. Ceci passe par les
écoles, les enseignants, les habitants locaux, » a-t-elle ajouté. « Il est
important aujourd’hui de renforcer ces activités et aussi de former
davantage tous ces acteurs de la société civile. »
En conclusion, Mme Simcock a appelé à concevoir des solutions durables contre la radicalisation, par opposition aux réponses dans
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l’urgence. « La prévention est peut-être l’aspect le plus doux de la réponse, mais c’est aussi celle qui demande les outils les plus pointus,
» a-t-elle conclu.
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3. 1. Discussion
Marie-Madeleine Mialot Muller a synthétisé le panel en remarquant
que les deux intervenants avaient développé une série d’outils utiles
pour les autorités locales. « Ces acteurs locaux semblent être toujours en première ligne dans la lutte contre la radicalisation, » a-t-elle
remarqué avant de demander au panel quelles seraient ses suggestions pour remédier à la solitude exprimée par les autorités locales.
Jonathan Birdwell a répondu en énumérant une série de mesures
concrètes sur lesquelles travaille l’Institute for Strategic Dialogue :
»» connecter les élus et responsables locaux aux praticiens dans
le monde entier ;
»» informer au travers de plate-formes de formation en ligne et
d’études de cas ;
»» traduire les connaissances de et vers les pays d’Afrique et du
Moyen Orient ;
»» établir des stratégies multi-agences pour renforcer les capacités
et étudier comment les infrastructures locales peuvent coopérer
avec succès ;
»» mettre en place et faciliter les échanges de ville à ville, ce qui
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permettra d’analyser les détails et de leur donner du sens ;
»» encourager l’innovation en créant des subventions pour les villes ;
»» aider les villes qui sont confrontées à des problèmes à communiquer à l’échelle nationale.
Il a aussi rappelé l’importance du discours à l’école. « Il est important
de créer des contre-discours pour faire pièce au discours extrémiste,
» a-t-il souligné. Il a ainsi mentionné un projet récent qui consiste à
mobiliser un réseau de « voix crédibles » capables de donner une
vision plus positive de leur ville et de leur communauté locale aux
jeunes qui sont tentés par les comportements radicaux.
Kelly Simcock a enchaîné en disant qu’elle voit des similarités avec
son travail au sein du Radicalisation Awareness Network, même si le
RAN est plutôt consacré aux échanges entre États membres et sur
les modus operandi des praticiens. Elle a cité l’exemple d’un groupe
de travail dans le domaine de l’éducation qui prépare actuellement
un manifeste destiné à renforcer les capacités des enseignants.
Le RAN élabore des rapports thématiques mais « le diable est dans
les détails et il faut faire du sur-mesure, » a-t-elle dit, même si à un
niveau plus élevé il y a de nombreuses similarités. « Le RAN s’efforce
d’identifier les meilleures pratiques pour les communautés locales
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mais nous essayons aussi d’élargir le réseau et de créer des liens
avec de nouveaux voisins. L’extrémisme ne s’arrête pas aux frontières et c’est pourquoi nous travaillons à la connectivité entre États
membres. »
Marie-Madeleine Mialot Muller a demandé aux panelistes quelles difficultés ils rencontrent, hormis la question évidente des ressources
financières.
Kelly Simcock a souligné qu’évaluer l’impact des projets menés localement est un outil essentiel pour que les autorités nationales voient
la qualité du travail mené sur le terrain. Malheureusement, la plupart
des collaborateurs du RAN sont « des infrastructures de bas niveau
» qui n’ont pas les capacités pour rédiger des rapports éloquents.
Paradoxalement, la bureaucratie crée une barrière importante pour
les acteurs locaux de l’anti-radicalisation les mieux connectés.
Jonathan Birdwell a appelé les représentants d’autorités locales présents à la conférence à exprimer leurs principaux défis. Il a exprimé
son accord avec les vues exprimées par M. Simcock et ajouté que
même si tout le monde demandait des données probantes, les ini-
34
tiatives en cours sont très difficiles à évaluer parce qu’il faut regarder
ce qu’elles peuvent changer sur toute une vie, et non pas seulement
sur une période limitée.
Un autre défi important, a-t-il dit, est « la difficulté pour les autorités locales de naviguer entre d’une part l’impact des politiques nationales et d’autre part les communautés musulmanes locales, qui
peuvent avoir le sentiment d’être ciblés particulièrement par les responsables politiques. »
Leen Verbeek s’est joint au débat en évoquant un autre problème. Récemment, a-t-il dit, tous les maires de sa province ont été interrogés sur
la question suivante : comment gérer les fonctionnaires qui n’ont pas le
courage de traiter un problème aussi difficile que la radicalisation ? « La
conclusion de cette enquête est que tous les maires se sentent très seuls
sur ce sujet, » a dit M. Verbeek. « Il faut donc inclure dans les directives des
conseils sur comment trouver le courage, où trouver l’information exacte,
comment éviter les fausses informations, comment identifier les véritables experts. Il faut réfléchir à comment soutenir nos collègues maires. »
Farid Bounouar, Directeur Prévention, ville de Sarcelles, France a
ensuite présenté sa ville. Située en banlieue parisienne, Sarcelles
35
compte près de 60 000 habitants dont un tiers de confession juive,
un tiers de confession musulmane et un tiers de confession chrétienne ou athée. Depuis les événements antisémites de 2012 en
France, la ville est plus attentive aux liens entre comportement délinquant et radicalisation. M. Bounouar a ainsi cité en exemple une
manifestation interdite en faveur de la Palestine, en juillet 2014. «
Cette manifestation a dégénéré, » a-t-il raconté, et les émeutiers venaient en gros de trois groupes : ceux qui militent réellement pour
la cause palestinienne, des fidèles d’une mosquée locale salafiste et
des délinquants « réguliers » connus pour trafic de drogue et autres
délits. « Cette population mixte a montré comment ceux qui tombent
dans la radicalisation seront toujours des gens qui viennent d’un
milieu déstructuré et même ont, pour certains, des problèmes psychiatriques légers. En France, les autorités connaissent et fichent ces
individus. Et le rôle des villes est de contribuer en apportant une information de l’intérieur qu’on peut uniquement obtenir quand on vit
près les uns des autres, » a ajouté M. Bounouar.
Claudine Bansept, Chargée de mission au Conseil national des Villes,
France a présenté le point de vue de son organisation, dont la mission est, entre autres, de coordonner les actions sur la violence ur-
36
baine. « Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, nous avons organisé des travaux sur ces thèmes du terrorisme, de la radicalisation
violente, de l’intégrisme, pour mieux cerner comment la banlieue (les
banlieues) est confrontée à ces questions, » a-t-elle dit. Elle a aussi
précisé qu’au-delà des travaux du Conseil national des Villes de nombreux rapports et travaux ont vu le jour en France en 2015 sur ces
questions. « Mais toute cette expérience semble rester inaccessible :
elle n’est pas publiée ni rendue accessible au public. Les documents
restent à usage interne et il semble qu’il n’y ait aucune discussion autour des nombreuses propositions présentées dans ces rapports, »
a ajouté Mme Bansept, en regrettant que les élus locaux n’aient pas
accès à ces connaissances. « Il existe déjà de nombreuses réponses à
ces problèmes complexes dans nos villes, qui sont reliés entre eux, et il
serait bénéfique d’inclure les stratégies locales dans ce travail, » a-t-elle
dit. Mme Bansept a ainsi présenté une des propositions formulées par
le Conseil national des Villes sur ce sujet, dont l’objectif est la mise en
place de mini-laboratoires locaux d’observation, d’analyse, de définition
et de développement d’actions de prévention de la radicalisation et de
l’extrémisme violent. « Ce projet rejoint l’objectif de cette conférence des
autorités régionales et locales à Aarhus de mettre en place une Alliance
des villes européennes contre l’extrémisme violent, » a-t-elle precisé.
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André Vervooren, Directeur du département de sûreté publique, ville
de Rotterdam, a conseillé aux maires de rendre le travail des autorités locales visible pour le public.
« Faites une déclaration conjointe avec l’Imam local. Montrez à votre
communauté ce que vous faites, pour que les gens sachent quelles
actions sont mises en place, » a-t-il dit, en concluant les discussions
de ce panel.
38
4. Stratégies locales
et régionales et liens
avec les niveaux de
gouvernance nationaux
et européens
Andreas Kiefer, secrétaire général, Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe (animateur):
Le secrétaire général a évoqué la situation en Autriche qui, dans le
contexte actuel de crise des réfugiés, essaie d’équilibrer ses efforts
comme pays de transit et pays d’accueil. « Une collaboration solide
entre les autorités locales et la police nationale est nécessaire, » a-t-il
déclaré, en rappelant que la conférence d’Aarhus est destinée à permettre aux participants d’apprendre les uns des autres, afin d’être
capables d’agir.
Thomas Medom, conseiller municipal, département de l’emploi et des affaires sociales, ville d’Aarhus, Danemark :
M. Meldom a expliqué les principes du Modèle d’Aarhus dont il est
39
responsable. « La base de l’approche multi-agences remonte aux années 70, lors des premières expériences du réseau École, Services sociaux et Police (ESSP). L’ESSP est un partenariat construit à la fois sur
la confiance et l’engagement politique et idéologique, » a-t-il expliqué.
Le travail de l’ESSP n’est pas uniquement centré sur la lutte contre la
radicalisation mais s’inscrit dans une stratégie globale de prévention
de la délinquance. Par exemple dans les années 90, la ville d’Aarhus
a eu le problème d’un groupe de supporters du club de football local
qui se faisait appeler White Pride (fierté blanche) et avait un comportement raciste. « Le travail de l’ESSP a eu des résultats positifs avec
ce groupe. Récemment, les méthodes ont été affinées pour traiter le
problème des volontaires pour la Syrie, » a précisé M. Meldom. Il est
crucial d’intervenir tôt et il y a un certain nombre de paramètres à
prendre en compte : l’évaluation des risques, le conseil, le mentorat,
les services sociaux, l’emploi et l’éducation. La police peut intervenir
et les services sociaux peuvent retirer un enfant si nécessaire. De
plus, un dialogue a été entamé avec la mosquée locale, connue pour
ses prêches extrémistes. « Nous pensons qu’il vaut mieux intégrer
ces gens plutôt que de les laisser en dehors, » a conclu le conseiller
municipal.
40
André Vervooren, Directeur, Département de la sûreté, ville
de Rotterdam, Pays-Bas :
Avec près de 610.000 habitants, Rotterdam est une ville internationale où « la diversité crée la diversité, » a déclaré M. Vervooren. Fière
de leur ville « crue et sans vernis », les autorités locales ont identifié
des tensions sociales limitées mais sont conscientes de l’influence
que peuvent avoir les conflits internationaux sur ces tensions. C’est
pourquoi le maire, M. Aboutaleb, a lancé un programme de quatre
ans (jusqu’en 2018) pour contrer les tensions et prévenir la polarisation.
Ce programme s’appuie sur les 10 ans d’expérience de la ville en
matière de prévention et comprend les mesures existantes, d’autres
renforcées et d’autres qui sont nouvelles. Ce programme s’appuie
sur quatre axes :
»» contrer les tensions dans la société et prévenir la polarisation ;
»» étendre la résilience contre le djihadisme ;
»» sensibiliser les professionnels par la formation et l’information ;
»» aborder chaque cas d’individu radicalisé avec une approche
sur-mesure.
« Rotterdam veut être une société du ‘nous’, a expliqué M. Vervooren.
Une société où le leadership moral et la capacité à réfléchir sur soi
sont constamment développés. » Dans ce sens, même les petites ini-
41
tiatives contre les idéologies violentes sont encouragées.
À l’échelle nationale, les Pays-Bas seront avec le Maroc co-présidents
du Forum Global du Contre-terrorisme, en septembre 2016. Cependant, a ajouté M. Vervooren, il faut faire davantage attention aux mesures locales. « Plus de 50% de la population européenne vit dans les
villes, c’est donc là qu’il faudrait encourager un cadre européen, » a
conclu M. Vervooren.
Diana Schubert, coordinatrice Prévention de la délinquance,
ville d’Augsbourg, Allemagne :
Sur les 285 000 habitants d’Augsbourg, 42 % proviennent de l’immigration. Il y a des problèmes de radicalisme : en 2011, deux étudiants
sont allés dans un camp d’entraînement en Afghanistan, et une mosquée de la ville est sous surveillance spéciale. Plusieurs mesures ont
été prises pour renforcer les valeurs démocratiques et la tolérance.
Mme Schubert a donné en exemple un programme sur l’égalité de
genre auquel participent des jeunes hommes de 14 à 18 ans, d’origine immigrée. Lors de sessions hebdomadaires, ils discutent de
masculinité, d’égalité de genre et des valeurs de la société allemande.
Ce projet est en cours d’évaluation.
Mme Schubert a ensuite présenté Augsbourg comme une ville de
42
paix depuis qu’en 1555, une loi a établi la coexistence pacifique entre
protestants et catholiques. Cela montre, a-t-elle dit, que la paix fait
partie de l’ADN de la ville, qui poursuit aujourd’hui encore son travail
en faveur de la cohabitation. Un exemple récent est la collaboration
entre la ville et l’État de Bavière pour la mise en place d’un réseau
contre le salafisme, en décembre 2015. Focalisé autant sur la prévention que la dé-radicalisation, ce réseau est aussi géré par deux
organisations non gouvernementales, dont une est basée à Augsbourg. Mme Schubert a conclu en appelant à ouvrir le dialogue avec
les musulmans et les autres migrants pas seulement quand il y a des
problèmes mais de façon préventive et inclusive.
Erich Marks, Directeur, Conseil de Prévention de la délinquance de Basse-Saxe, Allemagne (message vidéo):
M. Marks a présenté le groupe de travail créé au sein du ministère
de la Justice et a résumé les trois domaines dans lesquels les efforts
doivent se concentrer pour contrer la radicalisation menant à la violence extrême :
»» les poursuites criminelles : « Nous devons prendre au sérieux
la loi et notre état de droit, » a-t-il dit. Il faut avoir un ensemble de
solutions pour la dé-radicalisation et des options pour aider ceux
43
qui cherchent à s’éloigner du radicalisme à en sortir.
»» Les mesures de prévention : « La prévention ne relève pas seulement de l’État mais aussi des régions et du niveau local, les mieux
placées pour nouer des contacts proches. »
M. Marks a souligné combien il est important que ce travail soit mené
par diverses organisations et plusieurs ministères afin d’éviter une
approche monolithique. Ainsi, en Basse-Saxe, il y a une force de police spéciale et le ministère des Affaires sociales a un programme
destiné aux familles et proches des citoyens radicalisés. M. Marks
a ajouté qu’il est important de veiller à la bonne coordination entre
police, recherche et pratique. « Il est vital que ces trois domaines
travaillent ensemble et qu’ils déterminent leurs responsabilités aux
niveaux régional, national et international, » a-t-il déclaré, avant de
conclure par une paraphrase du célèbre mot d’ordre britannique
pendant la seconde guerre mondiale : « Keep calm and keep on preventing. »
44
4. 1. Discussion
Laetitia Nolet, Chef de projet, Forum belge pour la prévention et la
sécurité urbaine, Belgique est intervenue comme représentante des
municipalités belges. Elle a évoqué le nombre important de personnes belges radicalisées ou à risque de radicalisation voire de départ en Syrie : près de 500 personnes sont suivies au niveau national.
Depuis deux ans, le Forum belge pour la prévention et la sécurité
urbaine coordonne un réseau d’échanges de bonnes pratiques pour
prévenir la radicalisation menant à l’extrémisme, composé de plus
de dix municipalités et de leurs partenaires locaux, mais aussi de
représentants d’institutions des trois niveaux de pouvoir (régions,
communautés et fédéral). Ce réseau multisectoriel inspiré du modèle
québécois a débouché notamment sur la publication d’un annuaire
de personnes-ressources et de formations, ce qui permet aux municipalités d’échanger des informations. Par ailleurs, plusieurs municipalités ont entrepris des démarches de communication envers les familles d’individus radicalisés ou à risque de radicalisation : il s’agit de
communiquer avec leurs proches de façon neutre, éclairée et transparente, a expliqué Mme Nolet. Enfin, ce réseau a élaboré une charte
45
qui présente les droits et responsabilités des services de prévention
et des zones de police locale, ainsi que leurs missions respectives en
matière de lutte et de prévention de la radicalisation violente. « Ce
type de coopération entre les niveaux local et supralocal permet de
clarifier les compétences à chaque niveau et de déterminer qui intervient quand et avec quel objectif, » a-t-elle expliqué.
Philippe “François”, Sous-Préfet, Comité interministériel de prévention
de la délinquance, France a expliqué que cette instance est en train
de développer des outils de formation centrés sur les facteurs qui
amènent une personne à tomber dans le radicalisme. Cette initiative est fondée sur l’action locale : « Les préfectures auront d’abord
pour mission d’évaluer les dangers et ensuite de mettre en place un
accompagnement approprié pour les individus en question, » a expliqué M. “François”. « Il est fondamental de travailler avec les familles,
ce qui rend d’autant plus importante la dimension locale de ces programmes de proximité. »
Des psychologues et des psychiatres ont participé à l’élaboration de
ce programme, qui est géré en collaboration avec l’Association des
maires de France. En effet, a ajouté M. “François”, ce type de projet
requiert des équipes pluridisciplinaires car il est important de déter-
46
miner à quel moment précis la personnalité d’un individu bascule.
En conclusion, M. “François” a exprimé le souhait d’en apprendre davantage sur comment établir des ponts avec les autorités locales.
Muhammed Cevdet Orhan, maire d’Aziziye, Turquie a déclaré qu’il faut
prendre en compte deux éléments dans ce débat : le racisme et la
religion. S’adressant à Thomas Medom, il lui a demandé ce qu’avait
donné la collaboration avec les mosquées d’Aarhus. Est-ce que la
municipalité a découvert ou compris des choses qu’elles n’avaient
pas vues jusque-là ?
Thomas Medom a répondu en disant que choisir le dialogue avait été
un choix difficile dont on avait débattu longuement au sein du conseil
municipal mais aussi avec la police et les services sociaux. Il a expliqué que cette initiative était née du fait que les autorités municipales
avaient noté que la plupart des jeunes partant pour la Syrie avaient
auparavant fréquenté une mosquée de la ville. Le dialogue était donc
nécessaire, a-t-il ajouté. Cette initiative a-t-elle donné des fruits ? Selon M. Meldom, il semblerait que cela soit le cas, puisque moins de
jeunes partent aujourd’hui, comparé à il y a deux ans. « Avant que
nous engagions le dialogue, la mosquée en question déclinait toute
47
responsabilité. Maintenant, ils nous disent qu’ils s’efforcent d’empêcher les jeunes de partir, » a-t-il expliqué. La municipalité a choisi
de croire les propos des responsables de la mosquée. « On ne peut
évidemment pas savoir ce qui ce serait passé si nous n’avions pas
parlé. Y aurait-il plus de personnes radicalisées dans notre ville ? »
a-t-il demandé.
Diana Schubert a posé la question de savoir qui fait le premier pas
dans ce type de dialogue.
Lotte Henriksen, Directrice des Affaires sociales, ville d’Aarhus, Danemark, a répondu que c’est l’autorité locale qui a initié le contact, en
compagnie de la police et de la communauté locale. Le premier pas
a été de rendre visite au club de jeunes de la mosquée. Ensuite, les
parents ont été invités. « Aucun parent ne souhaite que son enfant
parte pour la guerre et ce dialogue a donné aux parents des arguments pour stopper leurs enfants, » a-t-elle expliqué.
Manuel Comeron, Chef de projet, ville de Liège, Belgique a expliqué
que sa ville, qui a eu dans le passé des problèmes de hooliganisme,
est confrontée à une radicalisation croissante. Nous avons besoin,
48
a-t-il dit, d’outils très concrets et de mieux comprendre un phénomène qui voit de nombreux experts auto-désignés exprimer leurs
vues. « Ce que je vois c’est que nos villes sont en première ligne ;
ce sont elles qui subissent les attentats mais ce sont aussi elles qui
produisent les terroristes, » a-t-il dit, avant de soulever un point qui
n’avait pas encore été abordé par les conférenciers : le fait que les
victimes vivent aussi dans les villes.
Liège a connu un attentat en décembre 2013 qui a fait huit morts et
a traumatisé des centaines de personnes. M. Comeron a ainsi appelé
à partager des expériences sur comment gérer les effets collatéraux
de la violence extrême.
Liz Dixon a rappelé la nécessité d’examiner les discours produits par
la société pour prévenir les comportements radicaux. « On ne peut
pas seulement dire à un usager de drogue d’arrêter, » a-t-elle dit,
avant d’encourager les autorités locales à élaborer des contre-discours pour montrer aux jeunes d’autres voies. Cependant, a-t-elle
remarqué, ceci demande des compétences et de la technique.
Andreas Kiefer a réagi en demandant au panel de réfléchir à des solutions peu coûteuses pour engager le dialogue avec le public au tra-
49
vers de canaux de communication appropriés.
André Vervooren a fait remarquer que « le dialogue commence avec
l’écoute, ce qui peut être difficile surtout lorsque les parties en présence ne parlent pas le même langage. Il faut faire la distinction entre
dialogue et discussion. »
Thomas Medom a ajouté que bien que le dialogue fasse clairement partie de la stratégie d’Aarhus, il subsiste des doutes sur comment l’utiliser.
Diana Schubert a remarqué que le panel où l’on discute de dialogue
ne comprend « que des personnes blanches » et que ceci est peutêtre le principal défi lorsqu’on cherche à entamer le dialogue. « Nous
parlons de communautés mais il faut que nous leur parlions, » a-telle ajouté.
Andreas Kiefer a remercié les intervenants et introduit la session de clôture.
50
5. SESSION DE CLÔTURE :
Renforcer les autorités
locales et mettre en place
une approche fondée sur
les droits de l’homme
au sein d’une alliance
européenne contre
l’extrémisme violent
Jacob Bundsgaard, maire d’Aarhus :
Le maire de la ville-hôte a résumé la journée de débat en déclarant
qu’elle avait mis en lumière le besoin de leadership politique pour
faire de la lutte contre l’extrémisme violent une priorité. « Les administrations ont besoin de ressources, d’énergie et d’espoir. Elles
doivent aussi échanger au-delà des frontières, » a-t-il remarqué.
Il ne s’agit pas seulement de partager des visions mais aussi des
connaissances précises sur les programmes qui font vraiment la dif-
51
férence. Il convient également d’adopter des stratégies à long terme.
« Nous devons être ouverts aux approches nouvelles. Nous devons
répondre à nos opposants et tendre la main aux communautés locales parce qu’il n’y a pas de solution facile, » a déclaré M. Bundsgaard. Il a précisé qu’au cours des deux journées de conférence, les
praticiens allaient avoir l’opportunité d’échanger leurs expériences «
pour des villes plus sûres ».
Guilherme Pinto, Président du Forum européen pour la
sécurité urbaine :
Le Président de l’Efus a remercié les participants pour le nombre
d’idées et d’initiatives présentées. Il a remarqué que certains points
étaient nouveaux et devraient être intégrés à toute réflexion à venir sur ce thème. Il a notamment cité l’exemple des victimes de la
violence extrême, qui sont souvent oubliées, comme exprimé précédemment pendant le débat.
M. Pinto a tiré trois principaux enseignements :
»» Les autorités jouent un rôle central dans la lutte contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent. « Il faut renforcer les pouvoirs
locaux car la prévention fonctionne mieux à l’échelle locale. On peut
mieux contrôler le radicalisme à un niveau proche des individus les
52
plus vulnérables dans les communautés les plus affectées, » a-t-il dit.
»» Il faut garantir une approche fondée sur les droits de l’homme
et préserver les libertés individuelles pour ne pas diviser les communautés. Il est crucial de maintenir autant la liberté que la sécurité dans les communautés car elles dépendent l’une de l’autre. « Les
réactions politiques ne doivent pas être inspirées par l’émotion ;
elles doivent être rationnelles. »
»» Il convient de valoriser les efforts conjoints des autorités locales
européennes pour contrer l’extrémisme violent. « Nous devons
travailler ensemble et faire passer le message que ce phénomène
peut être également combattu efficacement à l’échelle locale. »
Enfin, le Président de l’Efus a remercié le Congrès et s’est félicité de
l’étroite coopération entre les deux organisations, puis a salué le travail « remarquable » de Leen Verbeek comme rapporteur.
Leen Verbeek, Vice-Président du Congrès des Pouvoirs Locaux
et Régionaux du Conseil de l’Europe :
M. Verbeek a remercié M. Pinto et a souligné que tout le travail mené
était le fait d’un large groupe de personnes et non pas d’un seul individu.
Il a ensuite appelé les participants à se projeter au-delà de cette
journée de conférence. « Nous avons la boîte à outils mais chacun
53
de nous doit maintenant déterminer comment l’utiliser selon son
contexte particulier, » a remarqué M. Verbeek. Il a notamment relevé
l’idée d’approcher les mosquées et les jeunes gens en colère, tout
en reconnaissant que « la façon dont on peut le faire dépend du
contexte local. »
La recherche de réponses au phénomène complexe de la radicalisation se poursuit. M. Verbeek a recommandé aux villes européennes
qu’elles fassent preuve de solidarité et constituent des alliances pour
s’entraider. « C’est l’objectif de l’Efus et du Congrès pour les années à
venir et je vais me consacrer personnellement à cet effort, » a déclaré
M. Verbeek. « C’est pourquoi je vous demande de faire de même,
afin que nous trouvions ensemble des solutions qui marchent. »
En conclusion, le Vice-Président du Congrès a lu à haute voix la Déclaration d’Aarhus :
Nous, maires et représentants des villes et des régions de 22
pays européens, réunis à Aarhus, au Danemark, à l’initiative du
Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe
et du Forum européen pour la sécurité urbaine et des villes de
Rotterdam et d’Aarhus,
Choqués par les monstrueux attentats ayant eu lieu à Paris le
54
vendredi 13 novembre 2015, faisant suite à de nombreuses attaques terroristes perpétrées partout en Europe et au-delà,
Conscients des graves menaces que fait peser la radicalisation
menant à l’extrémisme violent sur nos sociétés elles-mêmes, leur
bon fonctionnement démocratique, dans le respect des droits
de l’homme.
Convaincus que la lutte contre ces menaces doit être menée à
tous les niveaux de gouvernement, qu’ils soient européen, national ou territorial ;
– soulignons que les collectivités locales, à travers l’immense réseau que représentent les millions d’élus locaux, ont un rôle de
premier plan à jouer;
– insistons sur le fait que ce réseau unique est à même de contribuer, par sa connaissance du terrain et des populations, à une
alerte précoce de toutes les dérives de radicalisation ;
– demandons aux autorités nationales d’inclure systématique-
55
ment les décideurs locaux dans l’élaboration, la mise en œuvre
et l’accompagnement des stratégies qui sont développées au
plan européen et national ;
– nous engageons à adopter des approches intégrées au niveau
local, de façon à associer tous les acteurs : société civile, associations confessionnelles, services sociaux, éducatifs, services de
sécurité et de justice ;
– soutenons la proposition de lancer une alliance des villes pour
la prévention de la radicalisation menant à l‘extrémisme violent ;
– dans cette perspective suggérons que soit développé un accompagnement des collectivités et un soutien de ce réseau par
l’établissement d’une plate-forme numérique d’échange des initiatives, des expériences et des ressources déjà disponibles sur la
lutte contre la radicalisation
– afin de poursuivre cette initiative, invitons les élus locaux et
régionaux à se rencontrer à Rotterdam en 2016 dans le contexte
du Sommet européen des maires.
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– Constatons la difficulté, l’urgence et la nécessité d’animer et de
relier les membres d’un tel réseau d’élus locaux ;
– proposons la mise en place pour atteindre les objectifs d’animation de ce réseau, d’une plate-forme numérique d’échange
des initiatives, des expériences et des ressources déjà disponibles sur la lutte contre la radicalisation ;
– invitons les maires des villes d’Europe à s’engager dans la
constitution d’une alliance des villes pour la prévention de la radicalisation menant à l’extrémisme violent dans le cadre d’un
sommet européen en 2016.
Les participants ont applaudi le texte, qui a alors été adopté. Cette
déclaration concluait officiellement la conférence.
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58
59
»» Site internet : http://citiesagainstextremism.eu/