« NO MAN`S LAND» DE DANIS TANOVIC

Transcription

« NO MAN`S LAND» DE DANIS TANOVIC
AU COLLÈGE
Collège au cinéma
Auteur
Michel Amarger
Date
2010
Descriptif
« NO MAN’S LAND»
DE DANIS TANOVIC
Ce document propose une synthèse de la formation organisée dans le cadre de "Collège au cinéma". Différents thèmes y
sont développés : la représentation de la guerre, le conflit en Yougoslavie, le cinéma Yougoslave, les personnages, l'effet de
réel...
Un titre mobilisateur
Le titre du film a déjà été employé au cinéma. En 1931, il désigne une histoire pacifiste de Victor Trivas. Cinq hommes de
conditions différentes quittent leurs familles pour partir à la guerre de 1914. Quatre ans plus tard, ils se retrouvent dans un
trou de mine et fraternisent. Ce film, réalisé en Allemagne par un cinéaste d’origine russe, est interdit par le régime nazi en
1933. Il s’appuie sur les idées de la gauche allemande pacifiste de l’époque.
Plus tard, le Suisse Alain Tanner emploie ce titre pour un drame réalisé dans le Jura, en 1985. On y suit les mouvements
de quatre amis en quête de bonheur au milieu de trafics de contrebande frontaliers.
Le mot « no man’s land » qui signifie la zone séparant les premières lignes de deux armées ennemies, est aussi employé
pour désigner un terrain neutre. Le film de Danis Tanovic s’inscrit justement dans ce territoire et développe une action qui
se joue entre l’offensive et la neutralité pour en faire jaillir les contours.
La puissance du contexte historique
Conflits en Yougoslavie
La fiction écrite par Danis Tanovic est située en 1993. Elle prend sa source dans la guerre qui déchire son pays,
conséquence du passé troublé de la Yougoslavie. Un rappel de l’histoire de ce territoire est indispensable pour aborder No
man’s land.
Après la domination ottomane qui dure jusqu’au XIXème siècle, les réformes engagées par les sultans provoquent le
soulèvement des propriétaires terriens. Le traité de San Stefano, signé à Berlin en 1878, entérine la fin de la domination
turque. L’empire austro-hongrois étend son hégémonie. En 1908, l’empereur François-Joseph annexe la BosnieHerzégovine mais l’assassinat de son héritier à Sarajevo, en 1914, déclenche la Première Guerre mondiale.
Après la guerre, le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes est créé. Refondé en 1929, il devient la Yougoslavie
en 1931. L’assassinat d’Alexandre 1er, en 1934, laisse place à une régence pro-serbe.
Pendant la Seconde Guerre, le pays établit un pacte avec l’Allemagne mais le renversement de pouvoir est une menace
pour les Nazis qui craignent une alliance avec les Britanniques. L’Allemagne envahit la Yougoslavie en 1941. La résistance
est entretenue par le royaliste serbe Mihaijlovic et d’un autre coté, le communiste croate Tito. En 1943, ce dernier obtient le
soutien des forces alliées.
En 1946, la République fédérative est présidée par Tito. Il pratique une politique d’autogestion, de non alignement et il
rompt avec le bloc soviétique de Staline en 1948. Le régime favorise la reconnaissance des Musulmans, développe
l’économie en Bosnie. Mais à la mort de Tito, en 1980, les clivages nationaux et économiques provoquent des tensions.
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Les Serbes relégués par le régime, revendiquent.
En 1990, les premières élections libres confirment l’importance des Musulmans qui représentent près de la moitié de la
population. Alija Itzebegovic devient président. Mais la guerre entre Serbes et Croates s’engage au nord. La Bosnie est
enclavée. En 1992, un référendum confirme le désir d’indépendance. Les Serbes s’abstiennent et la guerre commence à
Sarajevo.
La République serbe de Bosnie est créée par Radovan Karatzik et le général Ratko. Les Bosnos–serbes gagnent du terrain,
le front croate est enfoncé et le sud devient autonome. Dans ce contexte, les Casques bleus débarquent. L’armée
bosniaque affronte les Bosnos-croates à Mostar, lutte contre les Bosnos-serbes à Sarajevo, Goradze, Sebrenica. Les
Bosnos-serbes bénéficient de l’industrie de l’armement implantée sur leur territoire et ils entreprennent une « purification
ethnique ». L’ONU propose un plan de restructuration avec dix provinces mais les Serbes demandent la création de trois
républiques. Les Musulmans refusent. L’armée bosno-croate répond aux massacres serbes par la même violence. Alors en
1994, les États-Unis défendent l’idée de deux entités avec les Croates et les Musulmans. A ce moment, le président serbe
Slobodan Milosevic décide de ne plus soutenir les Bosnos-serbes. En 1995, l’armée bosniaque attaque, les Croates
reprennent du terrain sous les frappes aériennes de l’ONU et de l’OTAN. La prise en otage de Casques bleus par le général
serbe Mladic provoque une réaction rapide et conjointe des forces croato-bosniaques qui regagnent du terrain. Les accords
de Genève répartissent le territoire à 51% aux Croatos-musulmans et 49% aux Bosnos-serbes. Un plan de paix fragile dû
aux interventions extérieures, préfigure la nouvelle organisation du territoire avec la République serbe et la Fédération
croato-musulmane.
La FORPRONU et ses objectifs
La Force de Protection des Nations Unies est fondée en 1992. C’est une opération provisoire destinée à créer les
conditions de paix et de sécurité nécessaires à la négociation d’un règlement d’ensemble de la crise yougoslave. Elle doit
veiller à ce que les trois zones protégées par les États-Unis soient démilitarisées. Le mandat initial est élargi à plusieurs
reprises. Les zones d’influences sont étendues et les champs d’intervention se diversifient.
En 1994, la FORPRONU doit contrôler le cessez-le-feu entre Croates et Serbes après un an de combats intenses. Mais la
réduction du nombre d’états capables de continuer à appuyer ces opérations est notable. L’ONU a du mal à gérer les
opérations et à les suivre sur le terrain. Le renouvellement du mandat de la FORPRONU est accepté par le gouvernement
croate en 1995 si les effectifs sont réduits et la surveillance de la frontière croato-serbe instaurée.
La FORPRONU est remplacée par l’Implementation Force, l’IFOR, fin 1995, qui doit permettre l’application de l’accord de
paix. A la fin de son mandat, la Stability Force, la SFOR, est chargée du plan de réconciliation civile. Elle doit organiser des
élections et le retour des réfugiés de guerre.
Mouvements de cinéma en Bosnie
Les élans du cinéma yougoslave
La reprise en main du pays par le régime de Tito lance l’essor du cinéma yougoslave. Le Haut État–major de l’Armée de
libération nationale crée la section du film en 1944. Des sociétés de production voient le jour à Zagreb (Croatie) et Belgrade
(Bosnie) et le documentaire est valorisé. Le premier long-métrage de fiction est Slavica de Vjekoslav Afric, en 1947.
L'École de Zagreb est un haut lieu du cinéma d’animation dans les années 1950. La décentralisation de la production
permet de multiplier les accords de coproduction. Cela favorise l’exportation des films yougoslaves qui obtiennent des prix
dans les festivals internationaux.
La production des années 1960 représente 30 films par an, en moyenne. Les productions commerciales voisinent avec des
films d’auteurs, marqués par la Nouvelle Vague. En 1967, Dusan Makavejev s’impose avec Sweet Movie, une
coproduction baroque et Aleksandar Petrovic est apprécié pour J’ai même rencontré des tziganes heureux.
Malgré la production soutenue, le public s’éloigne des films d’auteurs qui cultivent une audace formelle. Les documentaires
prolifiques sont concurrencés par l’extension de la télévision.
Après la mort de Tito, le cinéma yougoslave qui maintient son taux de production, est plus apprécié à l’étranger et Emir
Kusturica se fait remarquer avec notamment Papa est en voyage d’affaires, Palme d’or au Festival de Cannes 1985.
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Mais la guerre ruine le cinéma et les auteurs partent en exil. Emir Kusturica signe Underground, 1995, et Goran
Paskaljevic Baril de poudre, 1998, en obtenant des coproductions étrangères.
A partir des années 2000, la production est progressivement relancée. Un fonds de soutien est instauré par le Ministère de
la Culture serbe. Budapest devient un lieu de tournage privilégié. Une dizaine de films sont produits chaque année.
Danis Tanovic sur le front
Il est l’organisateur des Archives du Film des Forces Bosniaques.
Ce cinéaste né en 1969, étudie à l’Académie du Film à Sarajevo. Il réalise ses films d’école quand la guerre éclate. Il est
engagé dans l’armée bosniaque, tourne des documentaires puis il organise les Archives en utilisant le matériel filmé sur le
terrain. Il utilise ce fonds pour réaliser des sujets pour des télévisions étrangères. Il signe Portraits d’artistes en guerre,
1994.
Il part en Belgique pour se former à l’INSAS de Bruxelles et s’installe dans le pays dont il deviendra citoyen. Il réalise
L’aube, 1996, un film court, et Ça ira, 1998, un 52’ qui témoigne des traumatismes de la guerre, puis il entreprend d’écrire
No man’s land, en 1999. Le scénario est retenu par une production française à laquelle s’associent une structure suisse
puis belge et le soutien du British Screen, de l’European Coproduction Fund et de TPS.
Une opération internationale
Coproduction structurée
Danis Tadovic choisit de tourner le film en Slovénie, dans une zone qui ressemble à la Bosnie. La région bénéficie de
techniciens réputés et d’une stabilité sociale. Les techniciens principaux viennent de France et de Belgique.
La fiction a pour but de continuer le témoignage par d’autres moyens que le documentaire jusque-là pratiqué par le
cinéaste. Il veut faire comprendre ce qui s’est passé en Bosnie avec une histoire dramatique. Mais il n’hésite pas à
employer des pincées d’humour car selon lui, le rire a pu être une sorte d’échappatoire aux horreurs de la guerre.
Le résultat permet au film d’obtenir des récompenses dont le Prix du Scénario au Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur
film étranger aux États-Unis.
Le casting international privilégie des personnages authentiques qu’il convient de considérer.
Des personnages emblématiques
- Les belligérants :
Tchiki, bosniaque, aguerri et prompt aux combats, il semble las et vieilli par la guerre : joué par Branco Djuric, acteur
bosniaque expérimenté qui a tourné pour Kusturica notamment.
Nino, serbe, recrue récente qui suit les règles : joué par Rene Bitorajac, croate, a fait plutôt du théâtre et interprété
Garibaldi au cinéma.
Tsera, bosniaque, la victime minée : joué par Filip Sovagovic, croate, acteur de nombreux films.
- La FORPRONU :
Sergent Marchand, français, idéaliste qui essaie d’intervenir : joué par Georges Siatidis, belge, vu dans plusieurs films
français dont Un héros très discret de Jacques Audiard.
Colonel Soft, anglais, gradé qui temporise et cherche la neutralité : joué par Simon Callow, britannique, interprète de films
réputés comme Amadeus de Milos Forman, Chambre avec vue de James Ivory, 4 mariages et un enterrement de
Mike Newell.
- La presse :
Jane Livingstone, anglaise, journaliste active et décidée à avoir l’antenne : jouée par Karin Cartlidge, britannique,
remarquée dans des fictions internationales telles Naked de Mike Leigh, The Lost Son de Chris Menges.
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Le mélange des langues
Le réalisme recherché par l’auteur, justifie l’emploi de langues différentes dans le film. Cela reflète la présence hétéroclite
des acteurs en présence sur le terrain. Le sergent français, le commandant britannique, le démineur allemand ont du mal à
communiquer vraiment. Les personnages étrangers s’emmêlent parfois avec l’utilisation d’un anglais standard, ce qui
renforce le coté humoristique du film.
En revanche les belligérants bosniaques et serbes parlent la même langue et se comprennent très bien.
Un récit très charpenté
Un sujet didactique
Le scénario est conçu pour faire comprendre ce qui s’est passé en Bosnie, selon son auteur. L’histoire est circonscrite dans
un temps et un espace réduits. Il s’agit de montrer les parties en présence sans faire une épopée ou une fresque guerrière.
Car pour Danis Tanovic : « la guerre, c’est un état d’esprit ». Le point de départ est articulé sur la confrontation entre un
Serbe et un Bosniaque, enrichie par d’autres personnages. L’action est centrée entre les deux lignes de front, rupture
symbolisant ce qu’a vécu le pays.
Un traitement rythmé
Le récit, composé de trois actes, est situé en 1993.
Une patrouille bosniaque se perd dans le brouillard. Elle se fait décimer et Tchiki qui en réchappe, se réfugie dans une
tranchée. Deux éclaireurs serbes arrivent et piègent les cadavres. Tchiki tue l’un d’eux. Il est bloqué avec Nino, le survivant,
dans la tranchée, au milieu des combats. Le soldat sous lequel est placée une mine se réveille mais ne peut bouger sans
risquer de la faire exploser. Les deux autres alertent leurs camps et la FORPRONU est appelée pour intervenir.
La confrontation devient internationale. Les allers-retours se multiplient dans les états-majors et surtout dans les locaux de
la FORPRONU. Le colonel Soft, dans le haut quartier de Zagreb, refuse d’intervenir. Au quartier général de Sarajevo, le
capitaine Dubois est réticent. Mais le sergent Marchand sort de sa base et utilise les médias pour justifier une intervention.
Les médias rentrent en scène. Les télévisions sont là pour produire des images et des commentaires sur le conflit. Tandis
que les protagonistes sont isolés dans la tranchée, l’agitation augmente sans résultat. Un démineur envoyé sur place ne
peut rien faire. Le blessé est abandonné avec sa mine. Tchiki et Nino, exaspérés par la tension et le ressentiment
s’affrontent. Tchiki tire sur Nino mais un soldat de la FORPRONU lui tire dessus à son tour. Le commandant laisse croire
que Tsera, l’homme miné, a été évacué mais ce dernier reste seul au fond de la tranchée.
Le poids des forces en présence
Les armées
L’armée bosniaque est typée au début puis un sujet est individualisé : c’est Tchiki qui est l’un des pivots du film. Sa
confrontation avec le Serbe Nino est un symbole du conflit. Le Bosniaque Tsera est le témoin immobilisé de l’action. Les
deux opposants s’affirment semblables par leur langue et leur culture mais différents par leur position dans le conflit dont
chacun rejette la responsabilité sur l’autre camp. On remarque que le cadre les situe le plus souvent en champ / contrechamp mais qu’au moment où ils semblent fraterniser, ils sont dans le même cadre. L’alternance de calme et de tension
entre eux épouse les moments de compréhension ou de rejet manifestés.
Autour des trois personnages principaux, on remarque que les autorités bosniaques et serbes s’opposent sans rien régler.
La FORPRONU ne veut pas s’engager et s’attache à sa neutralité que le film remet en question. Elle se révèle très
hiérarchisée et peu apte à bien fonctionner sur place. Les soldats apparaissent désœuvrés et sans connaissance véritable
du terrain où ils exercent. Seul le sergent essaie d’agir mais son action est récupérée par la haute autorité. A noter que les
dirigeants haut placés sont juste représentés par des images d’archives.
L’image finale où Tsera est laissé dans la tranchée, condamne sans appel la FORPRONU qui abandonne le peuple
bosniaque. La métaphore est directe. Le réalisateur souligne aussi que la FORPRONU rentre dans le cercle de la violence et
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de l’intervention lorsque Tchiki tire sur Nino puisque c’est un soldat de cette instance qui lui tire dessus à son tour. La
prétendue neutralité est mise à nu.
Notons que l’action est concentrée autour des militaires et que la population en est absente.
Les médias
La télévision est chargée de capter et diffuser des images du conflit. Elle est aussi un contre-pouvoir à celui qui est exercé
par les politiques et les militaires. Mais à la fin, l’autorité militaire récupère la situation en abusant les journalistes.
La concurrence des chaînes sur le terrain favorise la recherche du scoop, jusqu’à la provocation. La journaliste est toujours
vue en situation de métier, le micro à la main. Elle est assez opportuniste pour servir la chaîne qui demande de l’audace
mais elle rate le vrai scoop final.
Le réalisme élargi
Le film est tourné en Slovénie où le décor a été reconstitué après le conflit. Il s’agit d’évoquer les lieux du drame avec
quelques éléments choisis : une casemate, un char, des drapeaux, deux lignes de front séparées par une tranchée.
La tranchée est un lieu clos, une impasse dans lequel la caméra trouve ses limites en bougeant. De cet espace réduit dont
on ne sort pas, on peut toutefois voir une partie de ce qui se passe autour. Les plans rapprochés, les gros plans créent une
sensation d’étouffement dans la tranchée. C’est un espace théâtral où l’action se joue à ciel ouvert. La théâtralité du film
est aussi présente par la règle des trois unités : lieu (le boyau central), temps (quelques heures pour déminer), action (sortir
le soldat miné de sa situation).
Autour de la tranchée, on remarque la campagne très verte et éclairée, qui s’oppose au drame qui se noue. Les allersretours vers les espaces militaires, le changement de point de vue pour aborder les scènes entre les militaires de la
FORPRONU, les interventions des journalistes se multiplient dans la deuxième partie du film. Les plans brefs, les incursions
diverses dynamisent l’action qui prend une dimension plus spectaculaire en laissant entrevoir des éléments de la guerre.
En multipliant les points de vue, le cinéaste éclaire des comportements dans le conflit. Il critique l’action des armées,
dénonce la non-intervention internationale et pointe les médias qui privilégient le sensationnel sans informer sur les enjeux
du conflit.
Le personnage du sergent qui sert de fil pour franchir différents espaces, semble un héros positif mais il est floué comme
les journalistes par les autorités qui gardent la main sur le sens de la guerre.
Tragédie et sarcasme
Des saillies dans le drame
Des pointes d’humour renforcent le réalisme de la tragédie qui se joue pendant le film. L’auteur indique que le rire a été
une échappatoire pour supporter la guerre et il emploie un humour proche du cynisme et de l’ironie sur soi qui s’apparente
selon lui, à l’esprit bosniaque.
La gesticulation des deux soldats en caleçon pour alerter leurs camps, la collision des langues pour communiquer,
l’évocation impromptue du conflit au Rwanda par l’un des soldats contribuent à une certaine distanciation.
L’évocation fugitive de la vie privée, manifestée par la photo que regarde Tsera, la découverte d’une connaissance
commune aux deux soldats de bords opposés apportent une dimension civile, humaine, à la confrontation des soldats.
La vanité et l’ineptie de la guerre sont soulignées par l’absurdité des situations. Le cinéaste préfère l’emploi de la
métaphore pour évoquer la guerre. Il privilégie le détail, l’humain pour mettre en scène son histoire. Cette volonté d’épurer
valorise la rivalité de deux hommes qui s’opposent, exacerbée par la pression extérieure. L’homme miné qui peut
symboliser l’espoir de s’en sortir n’est pas efficacement secouru. Son abandon marque aussi la faillite d’une certaine
humanité.
5/6
La musique du cinéma
La partition du film est composée par le réalisateur. Elle contribue à rendre spectaculaire et attachant un drame centré sur
l’individu qui se déchire, et la pression des puissances étrangères.
Le film permet de questionner le rôle des politiques et celui des armées. Il pointe surtout l’ingérence des forces extérieures.
Il propose aussi un regard sur les médias d’aujourd’hui. Mais on peut aussi examiner la manière dont il travaille l’espace et
tenter de reconstituer les lieux du drame.
Le cinéma permet ici de dynamiser le rendu d’une tension par ses angles de prise de vues, le rythme saccadé du montage
à des moments choisis. La mise en scène d’une fiction semble permettre à l’auteur de maîtriser un passé douloureux en le
reconstituant. Il renvoie à l’histoire qui l’a inspiré pour mieux la relire et l’investir par un examen critique.
6/6