Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D) - Collège saint Exupéry (Vanves)

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Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D) - Collège saint Exupéry (Vanves)
Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D)
Extrait du Collège saint Exupéry (Vanves)
http://www.clg-saint-exupery-vanves.ac-versailles.fr/spip/spip.php?article1075
Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D)
- Activités pédagogiques - Les sorties. -
Date de mise en ligne : dimanche 1er juin 2014
Date de parution : 18 mai 2014
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Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D)
Lundi 12 mai : Les élèves de la classe de 6ème D ont été conviés à assister à une représentation d'Ali-Baba,
opéra-comique de Charles Lecocq. La représentation se déroulait à l'Opéra Comique.
Extrait du programme du spectacle :
"Par le ramassage du bois mort, la classe élémentaire de la société humaine prend, vis-à-vis des produits de la force
naturelle élémentaire, l'attitude de quelqu'un qui met de l'ordre. Il en va de même pour les produits qui, croissant à
l'aventure, constituent un pur accident de la propriété et ne sont pas objet de l'activité du véritable propriétaire". C'est
en vertu de ce raisonnement de Karl Marx (dans La Gazette d'Augsbourg en 1842) que le pauvre bûcheron Ali-Baba
s'approprie le trésor amassé par les quarante voleurs au fond de la forêt.
Venu des Lumières avec Les Mille et Une Nuits par Antoine Galland, le conte oriental d'Ali-Baba et de quarante
voleurs exterminés par une esclave éveille bien des échos dans la société du XIXème siècle. Alors que se développe
la condition ouvrière, l'industrialisation des activités humaines et le commerce à grande échelle, la question de la
propriété se pose avec autant d'acuité pour les fruits de la nature et les créations de l'esprit que pour les produits du
travail. Le personnage d'Ali-Baba, qui connaît une large diffusion par l'édition populaire, l'illustration et le
développement du grand spectacle, démontre que richesse et propriété qui structurent la société, n'ont ni base ni
valeur morale. "Je ne suis pas voleur, à moins que ce ne soit l'être que de prendre sur les voleurs", explique Ali-Baba
à sa femme. Aux voleurs lésés, il pourrait citer Proudhon :"La propriété, c'est le vol !".
En 1887, Charles Lecocq, William Busnach et Albert Vanloo s'emparent à leur tour du sujet. Il s'agit d'en faire un de
ces spectacles populaires dont ces trois auteurs ont le secret, le premier comme le compositeur d'opérette le plus
renommé depuis la mort d'Offenbach en 1881, le deuxième comme directeur de salle, vaudevilliste et adaptateur de
succès littéraires à la scène, le troisième comme auteur d'opérettes à succès.
Le conte est adapté et adouci. La servante Morgiane n'est plus au service du riche Cassim mais à celui du pauvre
Ali-Baba au prix d'une trouvaille : il l'a achetée enfant à un maître trop dur. Le motif, qui la rapproche de la Mignon
d'Ambroise Thomas, justifie sa mise en vente à l'acte I et le beau geste d'Ali qui, la rachetant, se nimbe d'une
romantique couleur goethéenne. Aussi actucieuse que dans le conte, Morgiane gagne en sentimentalité et forme
avec Ali un couple ingénu, placé face au couple grotesque Cassim/Zobéïde dans un dédoublement typique de
l'opéra-comique. Plus truculents que dans la source littéraire, les voleurs sont de véritables brigands d'opérette, ce
qui justifie l'abandon de la violence que le conte exploitait avec un Cassim coupé en morceaux, l'hécatombe des
voleurs et le meurtre final de leur chef.
Note d'intention d'Arnaud Meunier, metteur en scène :
Ali-Baba est un conte populaire et transgénérationnel. tout un chacun peut aisément nommer les "40 voleurs" ou le
fameux "Sésame, ouvre-toi !". C'est à la fois une force - les spectateurs savent à priori à quoi s'attendre, - et un piège
- comment échapper à une esthétique orientalisante et à son cortège d'images d'Epinal ?
J'ai d'abord été séduit par les écarts et la liberté que s'autorise Charles Lecocq. L'oeuvre s'ouvre sur les tableaux des
marchands évoquant davantage les grands magasins d'Au bonheur des dames de Zola qu'une ville du
Moyen-Orient. Des poulardes à vendre, des platanes à couper : pour sûr, nous voici dans un "Bagdad d'opérette ! ...
Rien d'orientalisant non plus dans les choix musicaux de Lecocq. Nous sommes bien plus proches d'Offenbach et de
sa critique ironique de la bourgeoisie du Second Empire que de Mârouf, savetier du Caire.
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Ali Baba, lundi 12 mai (6ème D)
Dès lors, je souhaitais moi aussi tenir ces deux axes : offrir un spectacle tout public qui puisse réjouir petits et grands
en m'appuyant sur l'énergie d'un grand effectif d'interprètes et être plus incisif en m'appuyant sur l'aspect ironique et
moral de l'oeuvre. Que provoque donc ce subit enrichissement chez Ali-Baba et comment le regard des autres va-t-il
brutalement se transformer ?
Avec Louis Bonnet, qui a pensé et adapté la version scénique, nous avons imaginé Ali-Baba en travailleur pauvre.
Nous partons du magasin de Cassim, où Ali ferait partie du personnel d'entretien et que son maigre salaire entraîne
au surendettement La société de consommation avec ses tentations permanentes et le lot de frustrations et
d'injustices qu'elle engendre devient alors notre arrière-plan. Images surannées du bonheur, cruauté d'un monde où
tout s'achète (même sa tendre Morgiane), indécence des nouveaux riches, tentation du suicide, l'oeuvre révèle alors
plus de profondeur qu'elle n'en avait l'air au premier abord.
La mise en scène s'applique donc à travailler sur cette mise en tension : plaisir de la comédie et de la satire propres
au genre de l'opérette ; trouble et mise en miroir avec notre société contemporaine.
Les photos sont issues du programme du spectacle et ont été prises au moment des saluts.
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