Consommables d`impression : des enjeux
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Consommables d`impression : des enjeux
TABLE RONDE Consommables d’impression : des enjeux technologiques, économiques et écologiques Au cœur du marché de l’impression, les cartouches jet d’encre et de toner sont l’objet d’enjeux à la fois technologiques, économiques et écologiques. Alors que le coût des matériels d’impression tend de plus en plus à baisser, la concurrence s’intensifie entre les acteurs du marché des consommables réunis à l’occasion de cette table ronde pour débattre autour de trois sujets centraux : les conséquences de l’arrivée de «clones» à bas prix sur le marché français, du développement de l’impression couleur et de l’accord volontaire pour améliorer la collecte des cartouches vides signé entre le ministère de l’Environnement et les acteurs de la filière. S elon les estimations de GfK, le chiffre d’affaires généré par la vente des cartouches laser et jet d’encre sur le marché français s’est élevé à 2,292 milliards d’euros en 2010 et il représente plus de 70 % du chiffre d’affaires global du marché de l’informatique. Il s’agit aujourd’hui d’un marché mature, qui reste en légère progression pour les cartouches laser et apparaît globalement stable en ce qui concerne les consommables jet d’encre, marché sur lequel les évolutions sont davantage liées aux 54 m Le Papetier de France - Mars 2012 modifications intervenues au niveau des cartouches qu’à une modification de la consommation. C’est ainsi que l’apparition de cartouches jet d’encre de grande contenance contribue à baisser le nombre des ventes unitaires et qu’à l’inverse, des évolutions technologiques peuvent les gonfler. «Pour équiper nos dernières générations de matériels jet d’encre, nous avons remplacé nos cartouches trois couleurs à tête intégrée par des cartouches séparées ce qui se traduit mécaniquement par une augmentation des volumes de cartouches», explique Patrick Bariol, directeur Consommables de Lexmark France. Un marché mature Les acteurs du compatible font le même constat. Bob Reynolds, directeur des ventes des marchés Corporate d’Armor, note des ventes de cartouches jet d’encre plutôt stables dans la distribution BtoC et plutôt en baisse dans le BtoB. En revanche, le fabricant enregistre toujours de bonnes progressions en laser. «Nous sommes dans une situation de marché avec une saturation de tous les canaux et une satisfaction de la demande des consommateurs que les distributeurs n’ont pas de problème pour approvisionner», confirme Franck Toffa, PDG de MBP, qui met cependant un bémol en ce qui concerne le marché des consommables compatibles. «Si la croissance persiste en volume, en revanche, nous enregistrons une nette décroissance Les participants Armor Brother Epson Hewlett Packard Katun Lexmark MBP MSE Paxton Pelikan Polypore Sophie Lansac, directrice marketing et communication Bob Reynolds, directeur des ventes marchés Corporate Marion Colasse, chargée de missions Qualité & Environnement département Développement Durable Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists Mickael Antunes, chef de produit consommable jet d’encre Christophe Capony, directeur général EMAE Jean-Philippe Guillouche, sales manager Katun M.S. France Alternate Channel Patrick Bariol, directeur Consommables France Franck Toffa, PDG Jérôme Thébault, business development manager Thierry Le Bihan, PDG Gil Orfila, directeur général Charles Neuman, PDG Bureau Vallée Cartridge World Lyreco Office Depot Julien Long, responsable des achats pôle informatique et consommables Lionel Dindjian, directeur général Emmanuel Juffroy, directeur du réseau Bruno Pluchart, chef de produit Vincent Beaudoux, category manager Consommables Informatique à nos clients qui nous le demandaient une solution prix avec les cartouches à marque de distributeur. Mais, il n’est pas dans notre stratégie de mettre ces produits particulièrement en Le marché du compatible est aujourd’hui déflationniste. des ventes en valeur. En raison de la forte concurrence entre ses acteurs, le marché du compatible est aujourd’hui déflationniste.» Seul un segment reste dynamique, celui des cartouches laser couleur : «Sur le marché du laser, nous enregistrons une régression des ventes de toner monochrome en raison de la migration vers la couleur. Et, en contre partie, une croissance à deux chiffres de nos ventes de cartouches laser couleur, des ventes principalement tirées par le réseau des bureauticiens», indique Christophe Capony, directeur général EMAE de Katun. «Cette évolution est générale en Europe, en particulier en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques, l’Europe du sud étant plus en retrait.» Les distributeurs observent une évolution identique. En 2009, leurs ventes de cartouches à marque de distributeur se sont développées en raison des fortes augmentations intervenues sur les cartouches OEM. Mais cela reste un épiphénomène. «Nous avons offert avant», explique Vincent Beaudoux, category manager Consommables informatique d’Office Depot. Bruno Pluchart, chef de produit de Lyreco, fait la même analyse. «Lyreco a toujours eu une stratégie de marque et nous la conservons. La marque de distributeur est un outil que nos clients nous demandent pour réaliser des pans d’économie importants. En termes de tendance», poursuit-il, «les ventes de consommables jet d’encre sont globalement stables, mais nous observons un transfert des achats des TPE et des Soho vers les superstores et l’e-commerce.» Présent sur plusieurs canaux de distribution, Office Depot enregistre des résultats assez différents. «Globalement, nos ventes se maintiennent bien, notamment avec les cartouches laser dont les ventes progressent plus vite que celles des cartouches jet d’encre dans nos magasins. A contrario, le marché est plus difficile dans la VAD et dans le réseau fournitures de bureau, même si nous sommes sur un périmètre plutôt stable», explique Vincent Beaudoux, category manager Consommables informatique. Les clones bouleversent le marché Le fait marquant aujourd’hui dans la distribution des consommables d’impression est l’arrivée de clones de cartouches OEM, vendus à prix cassés principalement dans le canal Internet, qui déstabilisent le marché. Charles Neuman, PDG de Polypore : «Des clones de cartouches laser sont proposés à des prix extrêmement bas, souvent inférieurs aux coûts de production des remanufactureurs». Le Papetier de France - Mars 2012 m 55 TABLE RONDE «Aujourd’hui, la distribution est complètement bouleversée par la distribution de ces clones sur Internet. Cela a commencé avec des cartouches jet d’encre et maintenant ce sont également des cartouches laser qui sont proposées à des prix extrêmement bas, souvent inférieurs aux coûts de production des remanufactureurs», alerte Charles Neuman, PDG de Polypore. «Sur le marché espagnol où le phénomène est intervenu plus tôt, il n’y a plus un seul remanufactureur et aujourd’hui les marchands de clones sont en train de prendre des parts de marché aux OEM qui n’ont rien fait pour les empêcher de se développer. Si nous ne maîtrisons pas la distribution sauvage qui sévit actuellement sur Internet, où cinq ou six gros faiseurs se battent à coups de prix et sans se soucier du respect des brevets des OEM, c’est tout le marché du consommable qui en pâtira», prévient-il. Lionel Dindjian, directeur général de Cartridge World est confronté au par exemple des cartouches laser Brother à 8 euros et HP à 7 euros ! Cela entraînera une chute des prix préjudiciable à l’ensemble des acteurs économiques de la filière. Pour l’instant, ce phénomène ne semble pas encore perçu par les OEM et les gros distributeurs. Mais, à travers nos franchisés qui sont sur le terrain, nous en avons des remontées de plus en plus fréquentes.» Julien Long, responsable des achats du pôle informatique et consommables de Bureau Vallée, perçoit également cette menace, soulignant que, dans le domaine du jet d’encre, le fait que la plupart des constructeurs ait évolué vers des technologies à cartouches séparées facilite l’entrée de ces compatibles neufs venant de Chine et qui cassent les prix. «Dans le domaine du laser», tempère-t-il, «nous avons un moyen de lutter contre cette concurrence en tablant sur la qualité. Nos clients Cinq ou six gros faiseurs se battent à coups de prix et sans se soucier du respect des brevets des OEM. même problème. «Nous notons ce phénomène depuis maintenant huit mois. Le marché français est envahi par des clones de consommables OEM qui arrivent d’Asie à des prix totalement en rupture avec les niveaux pratiqués habituellement. L’on trouve professionnels ayant testé ces cartouches de premier prix reviennent vers nous en demandant des produits plus qualitatifs, tant en termes de rendu que de durée d’impression. Ce sont des critères prioritaires pour eux et ils ne sont pas leurrés indéfiniment par le prix.» Thierry Le Bihan, PDG de Paxton, qui a récemment visité plusieurs usines en Chine, apporte des précisions sur cette nouvelle concurrence. «Ces industriels sont capables de reproduire les cinquante ou cent pièces qui composent une cartouche laser et de Emmanuel Juffroy, directeur du réseau, et Lionel Dindjian, directeur général de Cartridge World : «Le marché français est envahi par des clones de consommables OEM qui arrivent d’Asie à des prix totalement en rupture avec les niveaux pratiqués habituellement». 56 m Le Papetier de France - Mars 2012 Thierry Le Bihan, PDG de Paxton : «Les industriels chinois sont capables de reproduire les cinquante ou cent pièces qui composent une cartouche laser et de fabriquer cent à deux cents références de cartouches, soit l’équivalent du catalogue d’un remanufactureur». fabriquer cent à deux cents références de cartouches, soit l’équivalent du catalogue d’un remanufactureur. Et ceci à des coûts de produits finis au départ de l’usine pratiquement identiques au prix de revient d’une cartouche vide collectée en France ! Dans ces conditions, le modèle économique des remanufactureurs est condamné à terme.» Une concurrence déloyale Quelle est la nature des produits qui se cachent derrière ce terme de clone ? Ce sont des consommables compatibles neufs, mais à la différence d’acteurs comme Katun produisant des cartouches alternatives neuves dans le respect de la propriété industrielle des OEM, ces produits contournent les brevets des constructeurs d’imprimantes dont ils copient les consommables. Sans pour autant qu’il s’agisse de contrefaçons au sens strict du terme puisqu’ils sont commercialisés comme des produits neutres ou sous une autre marque. La preuve en est leur grande réactivité pour commercialiser les consommables correspondant aux nouveaux modèles d’imprimantes. «Lorsqu’un constructeur sort une nouvelle impri- mante, les industriels du compatible qui travaillent dans le respect des brevets mettent au moins six mois à développer un produit alternatif. Or aujourd’hui, le clone de la cartouche originale est commercialisé dans les quinze jours suivant la sortie du matériel», explique Jérôme Thébault, business development manager de MSE. «Aujourd’hui, il y a sur le marché des acteurs qui trichent et d’autres toute la chaîne de distribution de ces clones, soit les importateurs, les distributeurs et les revendeurs, et que depuis ces produits ont disparu du marché américain. A cette question, les OEM répondent que si leurs actions sont moins affichées sur le marché européen qu’aux Etats-Unis, elles n’en sont pas moins effectives et efficaces. «Nous luttons essentiellement contre la contrefaçon en lançant des procé- Jérôme Thébault (MSE), Mickaël Antunes (HP), Emmanuel Juffroy (Cartridge World). Mickaël Antunes, chef de produit consommables jet d’encre d’HP : «Nous luttons essentiellement contre la contrefaçon en lançant des procédures et nous verrouillons la distribution en limitant le nombre de nos grossistes». qui respectent les règles. Comme ils ne respectent pas les brevets, les premiers, c’est-à-dire les fabricants de clones, peuvent rapidement copier les nouveaux produits et, comme ils ne respectent pas les prix, ils empêchent les seconds, les industriels du compatible, d’entrer sur le marché et de se battre», ajoute Franck Toffa, PDG de MBP, soulignant que tous les acteurs du marché sont concernés par cette concurrence déloyale qui appauvrit le marché en faisant perdre de la valeur aux acteurs du compatible qui respectent les brevets, aux OEM dont les produits sont concurrencés et aux distributeurs dont les marges se réduisent. Quelle réponse apportent les constructeurs à la concurrence de ces clones qui copient leurs consommables originaux ? Jérôme Thébault fait remarquer que les constructeurs apparaissent plus actifs sur le marché américain où, il y a quelques mois, ils ont attaqué dures et nous verrouillons la distribution en limitant le nombre de nos grossistes», répond Mickael Antunes, chef de produit consommable jet d’encre d’HP. Tandis que Patrick Bariol, directeur Consommables de Lexmark France, indique que les constructeurs sont rassemblés dans des associations pour collaborer avec les douanes et que régulièrement des actions en justice sont conduites envers des fabricants qui ne respectent pas les brevets. «Beaucoup d’actions sont menées au niveau européen, que ce soit contre les importateurs de clones ou des fabricants de consommables compatibles qui ont pignon sur rue», ajoute Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists d’Epson. «En ce qui concerne la distribution sur Internet, chez Epson une division européenne est dédiée à la traque de ces vendeurs de clones, comme c’est le cas chez les autres constructeurs.» Innover pour tirer le marché vers le haut Un moyen de tirer le marché du consommable vers le haut et de lutter contre la déflation est l’innovation. Et en termes d’évolution technologique, actuellement l’enjeu le plus important est celui de la couleur, pour les constructeurs, mais aussi pour les fabricants de consommables compatibles. Pour ces derniers, la maîtrise des cartouches laser couleur constitue un challenge technologique que seuls les meilleurs peuvent relever, mais aussi le plus sûr moyen de revaloriser leurs ventes. Chez tous les acteurs du compatible, les ventes de cartouches laser couleur sont en progression. «C’est même le seul segment du marché qui reste dynamique», rappelle Christophe Capony, directeur général EMAE de Katun qui enregistre une croissance à deux chiffres de ses ventes de cartouches laser couleur en Europe. «La couleur est en fort développement depuis trois ans. 35 % des volumes d’échange de consommables en Europe sont axés sur la couleur, mais la part des produits compatibles reste relativement faible, puisqu’elle est inférieure à 8 %», indique Jérôme Thébault, business development manager de MSE. Christophe Capony, directeur général EMEA de Katun : «Le MPS est une suite de logiciels permettant de faire dialoguer les différentes machines composant le parc des entreprises». Le Papetier de France - Mars 2012 m 57 TABLE RONDE Le fait que la part de marché des consommables compatibles soit moins importante dans la couleur qu’elle ne l’est dans le monochrome est-il dû aux difficultés techniques que rencontrent les fabricants pour suivre les innovations et la complexité technologiques des produits OEM, ou bien est-ce lié à une plus grande méfiance des consommateurs qui vont moins facilement vers le compatible pour la couleur ? «Sur le plan technologique, la production de cartouches laser couleur est effectivement plus compliquée à maîtriser et cela nécessite des investissements importants», répond Gil Orfila, directeur général de Pelikan. «Mais en même temps, le produit compatible reste anxiogène pour l’utilisateur, d’autant qu’il perçoit la valeur d’une imprimante laser couleur comme supérieure. D’où son hésitation à utiliser un produit alternatif chef de produit de Lyreco. «A plusieurs reprises, nous avons constaté que des clients revenaient au consommable original parce que la qualité apportée par le compatible couleur n’était pas satisfaisante. Les clients qui souhaitent faire des économies sont très attirés par le prix facial de la cartouche. Mais si leur service informatique doit intervenir à plusieurs reprises, ils font marche arrière. En raison de ces coûts indirects, l’économie réalisée avec un consommable compatible n’est plus aussi intéressante.» Julien Long , responsable des achats du pôle informatique et consommables de Bureau Vallée, souligne les aspects contre-productifs de la non qualité sur le marché du compatible : «Si les clients ne trouvent Le produit compatible reste anxiogène pour l’utilisateur. aux consommables OEM. En termes d’explication et d’information, beaucoup de travail reste à faire, même si nous avons l’impression d’avoir déjà beaucoup progressé.» «Une des raisons pour lesquelles la part des produits compatibles dans la couleur n’est pas aussi développée que dans le monochrome est aussi le niveau de qualité qu’offre le marché», ajoute Jérôme Thébault. «A cet égard, la commercialisation des clones constitue un réel handicap car la qualité de ce type de produits n’est pas satisfaisante. Or, en matière d’impression couleur, le niveau d’exigence des utilisateurs est plus élevé que pour l’impression monochrome. Alors qu’il va tolérer des traces ou des petits points sur une page imprimée en noir et blanc, il ne l’acceptera pas sur une impression laser couleur.» pas la qualité attendue, ils perdent confiance dans le consommable compatible et il est ensuite très compliqué, pour nous distributeurs, de reconquérir cette clientèle. C’est la raison pour laquelle nous avons mis Une priorité, la qualité Ce constat est confirmé par les distributeurs. «Pour nos clients grands comptes qui sont particulièrement exigeants, la qualité est un point essentiel», précise Bruno Pluchart, 58 m Le Papetier de France - Mars 2012 Bruno Pluchart, chef de produit de Lyreco : «A plusieurs reprises, nous avons constaté que des clients revenaient au consommable original parce que la qualité apportée par le compatible couleur n’était pas satisfaisante». Jean-Philippe Guillouche, sales manager Katun M.S. France : «Quant à la qualité des produits qui reste le critère numéro un, le juge de paix sera l’utilisateur selon qu’il sera satisfait ou pas». en place un cahier des charges très exigeant afin d’éliminer l’offre dont la qualité ne répond pas à ce qu’attend notre clientèle.» Pour les franchisés Cartridge World, la couleur est également un enjeu. «Nos franchisés sont en contact direct avec les consommateurs et par conséquent ils ont un retour immédiat si le produit n’est pas de qualité. C’est pourquoi un test qualité est pratiqué sur tous les produits que nous remanufacturons», explique Lionel Dindjian. Jean-Philippe Guillouche, sales manager Katun M.S. France, insiste également sur la notion de régularité dans la qualité qui, dans le cas du remanufacturage, doit être identique quel que soit l’état de la cartouche vide récupérée. «La couleur est effectivement un très beau challenge et nous avons la chance qu’il s’agisse d’un marché encore relativement neuf», poursuit-il. «A nous de tenir le pari d’en conserver sa valeur afin qu’il reste intéressant pour nos clients distributeurs. Quant à la qualité des produits qui reste le critère numéro un, le juge de paix sera l’utilisateur selon qu’il sera satisfait ou pas.» Le challenge de la couleur Maîtriser la couleur est une nécessité pour les fabricants de consommables compatibles, mais aussi un chal- lenge en raison de la complexité technologique de ces cartouches. «En matière de couleur, il ne s’agit pas de juste remplir une cartouche. Il faut également prendre en compte la combinaison de quatre cartouches de couleurs différentes et l’adéquation des toners entre eux, ainsi que celle entre les cartouches et la machine avec des matériels dont la durée de vie a été allongée et qui sont donc un peu plus fragilisés», explique Sophie Lansac, directrice marketing et communication d’Armor. «Les enjeux de qualité sont importants et nous devrons donc encore beaucoup investir en R&D. Mais c’est aussi ce qui nous permet de nous différencier des acteurs du marché qui n’auront pas cette capacité», ajoute-t-elle. «C’est parce que nous avons investi massivement en R&D et déposé Bob Reynolds, directeur des ventes des marchés Corporate, et Sophie Lansac, directrice marketing et communication d’Armor : «Les enjeux de qualité sont importants et nous devrons donc encore beaucoup investir en R&D. Mais c’est aussi ce qui nous permet de nous différencier des acteurs du marché qui n’auront pas cette capacité». Julien Long (Bureau Vallée), Jérôme Thébault (MSE), Mickaël Antunes (HP). Jérôme Thébault, business development manager de MSE : «En matière d’impression couleur, le niveau d’exigence des utilisateurs est plus élevé que pour l’impression monochrome». aujourd’hui plus d’une quarantaine de brevets sur nos produits que nous sommes en mesure de justifier la valeur ajoutée de nos produits auprès de nos clients et d’apporter des consommables d’une qualité équivalente à celle des produits que les constructeurs proposent», poursuit Jérôme Thébault, Le Papetier de France - Mars 2012 m 59 TABLE RONDE business development manager de MSE. Il ajoute également qu’encore beaucoup d’investissements en R&D seront nécessaires pour inscrire la part de marché des produits alternatifs de qualité de façon pérenne, rappelant qu’aujourd’hui cette part de 8 % des cartouches laser couleur compatibles reste mouvante en raison de leur qualité aléatoire. plier Specialists d’Epson. «Les grandes entreprises s’équipent d’imprimantes couleur en réseau, mais tous les utilisateurs n’y ont pas accès, ce qui réduit la consommation des toners couleurs. Dans les TPE également, le coût du toner est un frein à l’édition d’impressions en couleur.» «Une troisième raison pour laquelle les ventes de toner couleur progressent vient élevé. Aujourd’hui, avec notre gamme Workforce Pro, équipée de cartouches de grande capacité, notre objectif est de réintégrer le jet d’encre dans l’entreprise», répond Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists d’Epson. HP et Lexmark suivent la même stratégie. «Chez HP, nous avons développé cette nouvelle génération de matériels Nous anticipions une forte croissance du marché de l’impression laser couleur, mais ces espoirs ont été déçus. Les constructeurs contestent le fait que la qualité des consommables compatibles soit équivalente à celle des cartouches originales. «Nous faisons réaliser des études comparatives par des cabinets indépendants spécialisés qui toutes montrent que, malgré vos efforts, leur qualité n’est pas le même», affirme Mickael Antunes, chef de produit consommable jet d’encre d’HP. Les études réalisées pour Lexmark arrivent aux mêmes résultats. «Nous réalisons le même type d’études avec d’autres cabinets extérieurs qui concluent que même, pour les cartouches laser monochromes, la qualité n’est pas semblable. Quand une cartouche originale imprime 100 pages en moyenne, une compatible n’en imprime que 80. Et pour les consommables couleur, la qualité est encore inférieure pour de bonnes raisons techniques. Nous n’aurions pas eu besoin d’investir autant en R&D si l’impression couleur était facile à maîtriser», fait remarquer Patrick Bariol, directeur Consommables de Lexmark France. Le coût de l’impression couleur reste un frein Les OEM apportent également un bémol au dynamisme du marché de l’impression couleur. «Il y a quelques années, nous anticipions une forte croissance du marché de l’impression laser couleur, mais ces espoirs ont été déçus. D’une part parce que ce marché n’est pas encore assez mature et d’autre part en raison du frein que constitue le coût d’impression», explique Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Sup- 60 m Le Papetier de France - Mars 2012 moins rapidement que prévu est que la base installée de matériels monochromes est encore importante», ajoute Mickael Antunes, chef de produit consommable jet d’encre d’HP. Une étude interne réalisée par Lexmark sur l’utilisation de la couleur dans les entreprises européennes arrive à la même conclusion. «La majorité des répondants déclare que moins d’un quart de leurs documents est imprimé en couleur. La couleur est utilisée pour faire des documents plus attractifs, mais la majorité de la consommation des entreprises reste sur du monochrome», précise Patrick Bariol. La nouvelle génération de matériels jet d’encre professionnels, qui rendent le coût des impressions couleur plus accessible, va-t-elle inverser la tendance ? «Les petites entreprises se sont équipées de matériel laser couleur parce que les cartouches jet d’encre avaient une faible capacité et un prix de re- jet d’encre avec la gamme Office Jet, des machines qui abaissent le coût à la page du jet d’encre à un prix équivalent à celui d’une impression laser. Ces matériels ont trouvé leur public, en l’occurrence les TPE et PME, et leurs ventes augmentent fortement», indique Mickael Antunes. Lexmark suit la même démarche avec une cartouche jet d’encre noire de grande capacité dont le prix de revient est de un centime d’euro par page avec une qualité d’impression identique à celle du laser. La crise a favorisé les ventes de compatibles Le marché des consommables d’impression est également au cœur d’enjeux économiques pour les utilisateurs qui cherchent à réduire leurs coûts d’impression. Compte tenu du différentiel de prix existant entre les consommables originaux et les consommables compatibles, le resserrement des budgets des entreprises les incitent-elles à favoriser les consommables compatibles ? «La hausse des prix des consommables originaux en 2009 a été un facteur déclencheur», répond Vincent Beaudoux, category manager Consomma- Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists d’Epson : «Les grandes entreprises s’équipent d’imprimantes couleur en réseau, mais tous les utilisateurs n’y ont pas accès, ce qui réduit la consommation des toners couleurs». bles informatique d’Office Depot. «Au cours du premier semestre, nous avons constaté un transfert des ventes de consommables vers les compatibles, notamment de la part des grands comptes. Ensuite, certains sont revenus au consommable à la marque OEM et d’autres sont restés fidèles au compatible. Aujourd’hui, le marché est relativement stable.» Pour Julien Long, responsable des achats du pôle informatique et consommables de Bureau Vallée, la hausse du coût des cartouches OEM, conjuguée à la conjoncture, constitue nettement une opportunité pour les consommables alternatifs. «Le décrochage des prix et la crise économique nous ont permis de capter une nouvelle clientèle et de la fidéliser au compatible. Cependant, les ventes restent dépendantes du parc installé et de la capacité des remanufactureurs à nous apporter une offre de produits de qualité adaptée à ce parc.» Bruno Pluchart, chef de produit de Lyreco, distingue deux types de clientèle. «Les comportements d’achat des PME/PMI, auprès desquelles le com- patible n’a pas une pénétration très importante, sont différents de ceux des grands comptes. Aujourd’hui, dans leurs appels d’offres, ils demandent systématiquement une réponse en compatible. Cette évolution n’a pas été initiée par les distributeurs», souligne-t-il, «mais par les actions de préconisation des fabricants de consommables alternatifs auprès des entreprises. Aujourd’hui, la latitude des distributeurs est restreinte par les fabricants de compatibles qui interviennent directement auprès des utilisateurs et par les OEM qui envoient aux grands comptes des cotations. Notre rôle se borne à assurer la logistique !», regrette-t-il. Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists d’Epson, répond à cette critique en rappelant la raison d’être des cotations. «Les fabricants ont été amenés à mettre en place des cotations, non pas pour abaisser vos marges, mais pour consolider le parc des imprimantes et le développer et ainsi vous permettre de conserver vos marchés de consommables face à la concurrence des copieurs», explique-t-elle. Julien Long, responsable des achats du pôle informatique et consommables de Bureau Vallée : «Le décrochage des prix et la crise économique nous ont permis de capter une nouvelle clientèle et de la fidéliser au compatible». Le Papetier de France - Mars 2012 m 61 TABLE RONDE Coût à la page ou MPS ? Aujourd’hui, les utilisateurs sont davantage attentifs au coût d’exploitation de leur matériel et au prix de revient d’une impression qu’au prix facial de leur imprimante et des consommables. Pour répondre à cette attente, des solutions de coût à la page sont désormais proposées par les constructeurs. Faut-il s’attendre à une redistribution des cartes sur le marché des consommables avec la mise en place de ces solutions ? «Ces solutions, qui proposent aux entreprises un prix global à la page associant les consommables et des services, sont en forte augmentation. Les études montrent que leur taux de pénétration est de l’ordre de 25 % aujourd’hui», répond Patrick Bariol, directeur Consommables de Lexmark France. Ces solutions sont-elles des formules gagnantes pour tous, c’est-à-dire les constructeurs, les distributeurs et les utilisateurs ? «Elles sont intéressantes pour l’utilisateur qui réduit son coût d’exploitation Patrick Bariol, directeur Consommables de Lexmark France : «Les études montrent que le taux de pénétration du MPS est de l’ordre de 25 % ». mais en contrepartie il voit généralement baisser sa marge. Quant aux distributeurs, il seront gagnants s’ils savent prendre le virage et se convertir à cette nouvelle façon de vendre». Faut-il s’attendre à une redistribution des cartes sur le marché des consommables ? global», poursuit Patrick Bariol. «Le constructeur y gagne avec la fidélisation des achats de consommables, Vincent Beaudoux (Office Depot), Marion Colasse (Brother). Vincent Beaudoux, category manager consommables informatique d’Office Depot : «Les formules de coût à la page permettent de capter un marché pendant plusieurs années. Mais cela signifie aussi faire des investissements sur le long terme et avoir une flexibilité que n’ont pas forcément tous les revendeurs». 62 m Le Papetier de France - Mars 2012 Christophe Capony, directeur général EMAE de Katun, fait la distinction entre les solutions de coût à la page et le MPS «Managed Print Services». «Le MPS est une suite de logiciels permettant de faire dialoguer les différentes machines composant le parc des entreprises. Il permet de faire un audit afin de mettre en place des règles de fonctionnement pour optimiser les flux d’impression. En ce sens, le MPS apporte de la valeur ajoutée à l’impression.» Mais le MPS n’est pas forcément un service accessible à la distribution des fournituristes de bureau, souligne Bruno Pluchart, chef de produit de Lyreco. «Nous avons réalisé une étude de marché dont les conclusions sont très claires : le MPS concerne essentiellement les grands comptes du CAC 40 et ils sont directement adressés par les OEM. Ce n’est donc pas un marché sur lequel Lyreco interviendrait. En revanche, on voit aussi se développer des offres packagées qui incluent la machine, le consommable et la main- tenance au travers des extensions de garantie et qui s’adressent aux PME. Ce sont des offres de produits et de services auxquelles nous nous intéresserons sans doute dans les mois à venir. Aujourd’hui, ces offres sont développées par des constructeurs, mais rien n’empêche les distributeurs d’être réactifs et de monter leurs propres solutions.» Se positionner sur ce nouveau marché implique pour les distributeurs une formation, mais aussi des investissements, ajoute Vincent Beaudoux, category manager Consommables informatique d’Office Depot. «Les distributeurs sont gagnants dans la mesure où ces formules de coût à la page permettent de capter un marché pendant plusieurs années. Mais cela signifie aussi faire des investissements sur le long terme et avoir une flexibilité que n’ont pas forcément tous les revendeurs. La réponse pour Office Depot passe aujourd’hui par sa filiale Europa, spécialisée dans les consommables d’impression, qui est mieux armée pour proposer ces services de coût à la page.» Les solutions de coûts à la page gagnent du terrain Les solutions développées par les constructeurs supposent un parc homogène. Or, dans la plupart des cas, le parc d’une entreprise est composé de matériels d’impression de différentes marques. Les fabricants de consommables compatibles sont-ils à même de proposer des solutions permettant de gérer un parc hétérogène ? «Nous avons développé une solution positionnée à la frontière entre les formules de coût à la page et le MPS en nous appuyant sur les compétences d’un partenaire extérieur», indique Gil Orfila, directeur général de Pelikan. «L’originalité de cette formule est de proposer une solution avec des consommables compatibles. L’intérêt pour les distributeurs est la récurrence de la fourniture des consommables et une fidélisation supplémentaire. L’offre est attrayante, mais il faut trouver de bons relais dans la distribution car ces solutions ne sont pas évidentes à expliquer et à vendre. L’approche commerciale change. C’est un coût qui est facturé et non plus une machine et des consommables qui sont vendus. Tous les fournituristes de bureau ne sont pas prêts à basculer sur la vente d’un contrat qui dématérialise les produits.» Katun propose également une solution permettant de gérer un parc multi marques dans le cadre du MPS, le type de solution qui a aujourd’hui la plus forte part de marché sur le marché américain, précise-t-il. «Nous avons lancé en mai 2011 une offre complète de logiciels permettant aux bureauticiens de mettre en place chez leurs clients une gestion complète des systèmes d’impression avec une livraison automatique de toner sur site. Depuis la fin de l’année 2011, nous proposons cette solution également au réseau des revendeurs informatique et aux fournituristes de bureau», indique-t-il. Gil Orfila (Pelikan), Jean-Philippe Guillouche (Katun). Gil Orfila, directeur général de Pelikan : «Nous avons développé une solution positionnée à la frontière entre les formules de coût à la page et le MPS en nous appuyant sur les compétences d’un partenaire extérieur». Qu’il s’agisse de solutions de coût à la page ou de MPS, Jean-Philippe Guillouche, sales manager Katun M.S. France, fait remarquer l’importance de fournir dans le package des consommables de qualité. «Dans le cadre de ces solutions, c’est le distributeur qui fournit le consommable et qui assure également la maintenance des machines. Si le consommable est de qualité médiocre, c’est lui qui supportera les frais de SAV», explique-t-il, soulignant également que la vente de ce type de service implique un changement d’interlocuteur dans l’entreprise. «Actuellement, les grandes entreprises sont en train de basculer vers des outils d’impression interconnectés en réseau et, dans ce cas de figure, les décideurs ne sont plus les responsables des services généraux mais les directeurs des services informatique. Ce changement d’interlocuteur suppose de la part du revendeur un discours plus spécialisé prenant en compte les préoccupations des directions informatique. Un temps de calage est nécessaire, mais je pense que les fournituristes de bureau ont les moyens de s’adapter à ce nouveau marché. Et nous mettons tout en œuvre pour les y aider en apportant notre expertise du métier de bureauticien au réseau des fournituristes de bureau.» TABLE RONDE Un accord volontaire pour développer la collecte et le recyclage des cartouches usagées Les enjeux environnementaux liés aux consommables d’impression tournent autour de la collecte des cartouches vides. Depuis plusieurs années, les constructeurs ont mis en place des programmes de retour de leurs consommables, notamment au travers de Conibi. Quant aux remanufactureurs, ils se sont évidemment investis dans la collecte, les cartouches vides étant leur matière première. Quelle est l’efficacité des programmes mis en place par les différents acteurs du marché ? Une étude menée en 2010 chiffre à 30 % le taux de récupération des cartouches jet d’encre et toners par les systèmes de collecte mis en place par les OEM. Et en ce qui concerne les consommables jet d’encre, ce sont 10 à 15 % des cartouches vides qui sont retournés par les particuliers. Mais si l’on cumule les chiffres de l’ensemble de la filière, c’est-à-dire la collecte des constructeurs et celle des remanufactureurs, le taux de collecte est supérieur à 60 %. Une bonne performance qui a permis aux acteurs de ce marché d’être entendus par le ministère de l’Environnement et d’entrer dans une démarche d’accord volontaire pour développer la collecte et le recyclage des cartouches usagées. Cet accord volontaire a été signé le 22 novembre 2011 dans le cadre du Grenelle de l’Environnement par les treize constructeurs qui se sont engagés à œuvrer pour améliorer les systèmes de collecte et le recyclage des cartouches en fin de vie. Dans chetteries», précise Marion Colasse, chargée de missions Qualité & Environnement de Brother. «Aujourd’hui, les candidatures restent ouvertes pour rejoindre cet accord, mais elles sont soumises à une commission d’évaluation au vu de critères éthiques et environnementaux. Un système Les enjeux économiques de la collecte Marion Colasse, chargée de missions Qualité & Environnement de Brother : «L’objectif de l’accord volontaire est de faire monter en compétence l’ensemble des acteurs de la filière et d’éliminer les cartouches vides des poubelles des ménages et des déchetteries». d’audit et de suivi a également été mis en place avec l’obligation pour les signataires de l’accord de communiquer des données très pointues sur leurs résultats en matière de collecte et de recyclage.» Les critères selon lesquels les candidatures sont acceptées sont effectivement exigeants. «Cet accord comprend un certain nombre d’engagements éthiques, comme le respect de la propriété industrielle, et environ- Le taux de collecte est supérieur à 60 %. le cadre de l’accord de filière, ils ont été rejoints par un certain nombre de collecteurs, de remanufacteurs et de distributeurs, dont Armor, qui a signé cet accord dès le 22 novembre, et plus récemment Polypore. «L’objectif de cet accord volontaire est de faire monter en compétence l’ensemble des acteurs de la filière et d’éliminer les cartouches vides des poubelles des ménages et des dé- 64 m Le Papetier de France - Mars 2012 accord. «A l’avenir, cette démarche est incontournable et obligatoire, ne serait-ce que parce que l’adhésion à cet accord va devenir un des critères mis en avant par les entreprises dans leurs appels d’offres.» Un bémol cependant qui tempère la rigueur de la sélection des candidats. «Les fabricants de clones sont écartés de cet accord dans la mesure où ils ne respectent pas la propriété industrielle. Mais, s’ils ne sont pas autorisés à adhérer dans la catégorie de metteurs sur le marché, ils peuvent rejoindre l’accord de filière via leurs filiales de collecte. Il est donc facile de contourner ces critères. Le comité de pilotage qui va être élu sera-t-il suffisamment vigilant ?», interroge Charles Neuman, PDG de Polypore. nementaux. Nous avons dû prouver la non-dangerosité de nos produits et faire la preuve d’une pratique de collecte éco-responsable, respectant la hiérarchie des déchets et leur traitement», explique Sophie Lansac, directrice marketing et communication d’Armor. Tandis que Bob Reynolds, directeur des ventes des marchés Corporate, souligne l’intérêt pour tous les acteurs de la filière d’adhérer à cet Faut-il s’attendre à un durcissement de la législation en matière de déchets de cartouches vides ? Grâce à la signature de l’accord volontaire, les cartouches vides ne sont pas considérées comme des déchets dangereux et elles ont échappé à la législation sur les DDS - déchets diffus spécifiques - qui aurait entraîné une réglementation plus sévère en termes de transport, de collecte et de recyclage. «Mais, nous ne sommes pas à l’abri d’une évolution», estime Marion Colasse, chargée de missions Qualité & Environnement de Brother. «Nous avons signé un engagement d’amélioration et le ministère surveille nos résultats. Historiquement les OEM ont beaucoup investi dans le recyclage et la valorisation, domaines dans lesquels nous avons de bons résultats. En revanche, beaucoup reste à faire pour améliorer la collecte et c’est l’un des objectifs qui nous a été fixé par les pouvoirs publics. Si demain nos résultats ne sont pas suffisants, nous pouvons être rattrapés par le décret DDS. En 2015, nous devrons rendre des comptes. Nous avons donc trois ans pour aboutir à des résultats et faire en sorte que la législation ne se durcisse pas.» «Il s’agit d’un enjeu stratégique», ajoute Mickael Antunes, chef de produit consommable jet d’encre d’HP. «Si les cartouches jet d’encre et de toner sont considérées comme des produits dangereux, c’est la fin de notre métier.» Cet accord volontaire n’aborde pas les aspects économiques de la collecte. Les metteurs sur le marché, qu’ils soient constructeurs, fabricants de compatibles ou remanufactureurs, sont responsables de la collecte et du traitement de leurs cartouches vides, mais qu’advient-il des consommables émanant d’acteurs qui n’adhèrent pas à l’accord ? C’est la question que pose Lionel Dindjian, directeur général de Cartridge World. «Dans l’esprit du Grenelle de l’Environnement, la logique voudrait que toute cartouche commercialisée puisse être éliminée dans une filière affectée à cet objectif. Cet accord est un peu hypocrite. Il ne dit pas au consommateur ce qu’il peut faire de sa cartouche si elle est vendue par un fabricant qui n’a pas signé l’accord.» La collecte répond aussi à des impératifs économiques et doit être une activité rentable pour perdurer, répondent les fabricants. «A une époque, Conibi collectait la totalité des produits sur le marché dont une grande partie n’était pas recyclable», Nathalie de Kernavanois (Epson), Franck Toffa (MBP), Vincent Beaudoux (Office Depot). Franck Toffa, PDG de MBP : «Dans les réseaux de collecte sélective du papier ou d’autres matériaux, il est rare que la filière s’autofinance uniquement par la revente des déchets. La plupart des DDS sont subventionnés et le décret sur les DEEE en est un excellent exemple». les produits collectés hors consortium sont facturés au client final. Le traitement des déchets a un coût et ce n’est pas aux fabricants de financer la collecte et le traitement de déchets qui ne leur appartiennent pas.» Les cartouches vides ont échappé à la législation sur les DDS. explique Nathalie de Kernavanois, responsable des ventes Office Supplier Specialists d’Epson. «Ce constat nous a conduit à édicter des règles pour que les fabricants adhérents n’aient pas à payer la destruction de ces déchets inutilisables. Aujourd’hui, Pour trouver une solution, peut-on s’inspirer des organisations mises en place dans d’autres secteurs d’activité ? «Dans les réseaux de collecte sélective du papier ou d’autres matériaux, il est rare que la filière s’autofinance uniquement par la revente des déchets. La plupart des DDS sont subventionnés et le décret sur les DEEE en est un excellent exemple», souligne Franck Toffa, PDG de MBP. Les distributeurs ont aussi un rôle à jouer dans la collecte, estime Vincent Beaudoux, category manager Consommables informatique d’Office Depot. «Office Depot collecte plusieurs centaines de milliers de cartouches vides par an, dont le traitement et la revalorisation sont sous-traités à des partenaires dont c’est le métier. Je ne pense pas que ces partenaires le fassent gratuitement. Ces déchets ont donc une valeur qui leur permet d’équilibrer leur activité.» « Distributeurs Vous souhaitez vous aussi qu’on parle de vous. Appelez-moi ! » Anne Gillet Tél. : +33 (0)1 47 82 16 37 Email : [email protected] Le Papetier de France - Mars 2012 m 65