Guide juridique de l`étudiant en audiovisuel
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Guide juridique de l`étudiant en audiovisuel
2015/2016 Guide juridique de l'étudiant en audiovisuel Léo Randon SOMMAIRE INTRODUCTION I – Le droit d’auteur II – L’œuvre audiovisuelle III – Le statut de l’étudiant-créateur QUE PUIS-JE FILMER ? IV – Des personnes V-VI – Des biens à caractère privé VII-IX – Des biens à caractère public VII – L’espace public VIII – Des bâtiments publics IX – Des transports publics QUE PUIS-JE INTEGRER DANS MON FILM ? X-XI – Des œuvres préexistantes X – Exceptions de courte citation et parodie XI – Théorie de la reproduction accessoire XII-XIII – Rôle des sociétés de gestion collective XIV-XV – De la musique XIV – La musique sous licence libre XV – Intégrer de la musique LEXIQUE I- LE DROIT D’AUTEUR Objectif du droit d’auteur: Accorder des droits à l’auteur afin qu’il puisse protéger son œuvre contre différentes atteintes (comme le plagiat, l’exploitation sans autorisation, la dénaturation). Condition de la protection: L’œuvre doit être originale c’est-à-dire refléter la personnalité de l’auteur. Naissance de la protection: La protection naît dès la création de l’œuvre, aucune formalité n’est exigée. Cependant il est conseillé, pour plus de sécurité, de déposer l’œuvre cinématographique ou seulement le scénario auprès de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (cf http://www.sacd.fr/Proteger-une-oeuvre.38.0.html). Types de droits accordés: Des droits patrimoniaux et des droits moraux. Droit moraux Droit patrimoniaux Définition: Ces droits permettent à l’auteur Définition: d’autoriser ou non la communication de personnalité de l’auteur s’exprimant dans l’œuvre au public. Ils peuvent faire l’objet l’œuvre ; ils ne peuvent être cédés. d’une cession à un tiers chargé d’exploiter Durée: Ces droits sont perpétuels, ils sont l’œuvre (comme le producteur) et peuvent transmis aux héritiers de l’auteur. donc être évalués pécuniairement. LE DROIT DE DIVULGATION: L’auteur décide Durée: Ils s’éteignent 70 ans après la mort de ou non de divulguer son œuvre. l’auteur. Après l’expiration de cette durée, les LE DROIT DE PATERNITÉ: L’auteur exige que œuvre tombent dans le domaine public et son nom soit, ou non, apposé à l’œuvre. sont donc libres de droit. LE DROIT DE REPENTIR ET DE RETRAIT: LE DROIT DE REPRÉSENTATION: Autoriser L’auteur peut imposer à l’exploitant des ou non la communication de l’œuvre au modifications de l’œuvre ou son retrait de public, par exemple projeter le film dans une toute exploitation, en l’indemnisant toutefois. salle de cinéma. LE DROIT AU RESPECT: En cas de modifications de l’œuvre, l’auteur peut s’opposer à l’exploitation. Cela peut être le cas si une chaine de télévision impose de multiples coupures publicitaires lors de la diffusion d’un film. LE DROIT DE REPRODUCTION: Autoriser ou non la fixation matérielle de l’œuvre par tous procédés qui permettent de la communiquer au public, par exemple un enregistrement cinématographique. Art.L.111-1 et suivants du CPI Art.L.121-1 et suivants du CPI Art.L.122-1 et suivants du CPI Ces droits protègent la II- L’ŒUVRE AUDIOVISUELLE Qu’est-ce qu’une œuvre audiovisuelle ? L’œuvre audiovisuelle est une œuvre composée de séquences animées sonorisées ou non. Quel est son régime ? L’œuvre audiovisuelle a un régime particulier. Quand il ne s’agit pas d’un auteur unique, cette œuvre devient une œuvre de collaboration. On parle d’œuvre de collaboration dès que tous les auteurs contribué à la création intellectuelle de l’œuvre. Qui en sont les auteurs ? Sont considérés comme coauteurs de l’œuvre audiovisuelle : o o o o o L’auteur du scénario ; L’auteur de l’adaptation ; L’auteur du texte parlé ; L’auteur des compositions musicales avec ou sans paroles spécialement réalisées pour l’œuvre ; Le réalisateur. Qui ne peut prétendre à la qualité d’auteur d’une œuvre audiovisuelle ? La qualité d’auteur d’œuvre audiovisuelle a été refusée à plusieurs personnes : è Les investisseurs ; è Les techniciens ; è Une personne morale. On a refusé la qualité d’auteur à celui qui effectue un travail de restauration de film(1) Cette liste n’est pas exhaustive et c’est au juge de déterminer la qualité d’un auteur dès que celui qui se considèrera comme tel, rapportera la preuve de sa participation à la création intellectuelle. Sa participation devra aussi refléter l’empreinte de sa personnalité (voir fiche Droit d’auteur). (1) L’œuvre entière appartient-elle à l’un des auteurs ? Si l’œuvre a été reconnue comme la propriété commune des auteurs, aucun d’eux ne pourra revendiquer la qualité d’auteur tout seul sur l’œuvre entière. ATTENTION Il n’y a pas de hiérarchie dans la contribution intellectuelle. L’un des coauteurs ne peut prétendre à la totalité des droits juste parce qu’il estime avoir contribué plus que les autres. Par exemple, le réalisateur ne peut vendre les droits d’auteurs sur le film sans l’accord des coauteurs. En cas de cession non autorisée par l’ensemble des coauteurs, ces derniers peuvent entamer des poursuites judiciaires à l’encontre de l’acquéreur. Cependant, chacun des coauteurs a le droit d’exploiter séparément sa contribution personnelle dans la mesure où il ne fait pas concurrence à l’exploitation de l’œuvre commune. Art.L.113-7 du CPI Affaire Champreux c/GAUMONT Cinémathèque, 5 Octobre 1994, Paris III-I- L’ETUDIANT L’ETUDIANT CREATEUR CREATEUR Statut de l’œuvre réalisée L’œuvre que vous créez bénéficie d’un double statut : « Copie d’examen » L’œuvre a vocation à être diffusée par l’école au titre de la formation. « Œuvre originale » La création de l’œuvre fait naître des droits d’auteur pour l’étudiant. La cession des droits L’étudiant-créateur peut céder ses droits d’auteur à son école, selon différentes modalités : Via une clause du règlement intérieur Via un contrat de cession Portée de la cession L’étudiant-créateur doit se renseigner auprès de sa formation pour comprendre la portée de la cession : Quelle est la durée de la cession ? Quels droits ai-je cédés à mon école ? Pour quels modes d’exploitation ? Ex : projections publiques, festivals, diffusion en ligne, etc. Quelles sont mes obligations envers ma formation ? Ex : mention explicite du nom de la formation au générique du film. IV- PUIS-JE FILMER LES PERSONNES ? Principe : Le droit à l’image est un corollaire de l’article 9 alinéa 1 du code civil posant le principe du respect à la vie privée En pratique : Chaque personne peut s’opposer à la captation, la fixation ou la diffusion de son image Le droit protège aussi bien l’image d’une personne vivante que décédée Conséquence : Il est impératif de solliciter de la personne son autorisation expresse pour la captation, la fixation, ou la diffusion de son image. L’autorisation doit être explicite (elle doit préciser le type de support, de diffusion, etc Exceptions : Dans certaines situations particulières il n’est pas nécessaire de recueillir le consentement (Dans l’hypothèse d’une personne publique, du droit à l’information ou de la captation de groupes) Les personnes publiques Principe : Dans le cadre des activités publiques ou professionnelles il y a une présomption d’autorisation de publication de l’image de ces personnes. Limite : Cependant l’utilisation de l’image doit résulter du droit à l’information et ne doit pas viser un usage commercial. On considère qu’une personne publique dispose tout de même d’une sphère d’intimité. De sorte que capter l’image d’une personne publique en dehors de l’exercice de ses activités publiques peut être constitutif d’une atteinte à sa vie privée. La balance entre droit l’information et vie privée d’une personne publique est parfois difficile à identifier. On retrouve de nombreuses jurisprudences sur ce point. Exemples : L’homme politique. Le droit à l’information Principe : Dès lors que la l’utilisation de l’image d’une personne s’inscrit dans l’illustration d’une fait d’actualité d’intérêt général alors l’autorisation expresse n’est pas requise. Limite : La diffusion doit intervenir concomitamment au fait d’actualité. Les captations de groupes Principe : La reproduction d’une image d’un groupe de personne dans un lieu public est permise. Il n’est pas nécessaire d’obtenir le consentement de l’ensemble des individus présents sur l’image. Limite : Il ne faut pas qu’il y ait individualisation d’un ou quelques individus. On parle d’individualisation dès lors qu’une personne est le sujet principal de l’image et si elle est reconnaissable. Les forces de l’ordre Les forces de l'ordre ne peuvent pas s'opposer à ce qu'on les filme dans le cadre de leurs fonctions, à condition de ne pas entraver la mission des agents. Ce principe ne s’applique pas aux groupes d’intervention comme les unités antiterroristes. Il existe de plus des cas dans lesquels l'anonymat doit être protégé : pour les douaniers, pour les militaires et personnels du Ministère de la Défense et pour les fonctionnaires de police Art 9 Code Civil Sur l’entendue de l’autorisation: Tribunal de Grande instance de Paris, 12 septembre 2000 Sur le droit à l’information : Cass.civ 1ère, 15 jan 1994, pourvoi N°92-16.471 Autre jurisprudence pertinente: Tribunal de Grande instance de Paris, 21 mars 1984 : JCP G 1985, II, 20326 Pour les forces de l’ordres : se référer à la liste de l'article 1 des arrêtés afférents : - Arrêté du 24 septembre 196 concernant les douanes - Arrêté 15 septembre 2006 concernant les miliaires et le personnel du Ministère de la défense - Arrêté du 27 juin 2008 concernant les fonctionnaires de police. V. FILMER DES BIENS A CARACTERE PRIVE Il est très courant, lors du tournage d’un film, d’intégrer des plans comprenant des biens appartenant à autrui, qu’ils soient publics (cf. fiches suivantes) ou privés. Les biens privés ont la particularité de ne pas être ouverts au public (jardin privé, maison, immeuble…). Cependant certains biens privés sont ouverts au public, pouvant entraîner une confusion sur la nature même du bien. Par exemple les restaurants, les galeries commerciales ou les plages privées sont ouverts au public sous certaines conditions. Quelles sont donc les règles à appliquer pour filmer en toute légalité ce type de bien ? Le droit à l’image des biens privés : l’absence d’autorisation Aucune autorisation préalable n’est en principe requise pour les immeubles visibles de l’espace public. Par exemple, pour filmer la façade d’un immeuble, d’une maison ou d’un hôtel, il n’y a pas besoin de demander au propriétaire ni au gérant. Quelques exceptions · Le trouble anormal causé au propriétaire Le propriétaire doit prouver l’existence d’un trouble anormal pour s’opposer à l’utilisation de l’image de son bien par un tiers. Par exemple : Un usage dévalorisant de l’image du bien est constitutif d’un trouble anormal (utilisation de l’image pour ternir l’image d’une personne ou d’une société). · Filmer l’intérieur des habitations La vie privée étant mise en jeu, l’autorisation des occupants des lieux est obligatoire. Pour aller plus loin Art. 9 et 544 du Code civil et jurisprudence Arrêt Hôtel Girancourt, Cour de cassation, 7 mai 2004 VI. VI.FILMER PUIS-JE DESFILMER BIENS ALES CARACTERE PERSONNES PRIVE ? Les œuvres architecturales et autres biens soumis au droit d’auteur Lorsqu’un bien est soumis au droit d’auteur, l’autorisation de l’auteur de l’œuvre est obligatoire pour le filmer. Cependant, lorsque l’œuvre est tombée dans le domaine public (70 ans après le décès de l’auteur), il n’y a pas besoin de demander l’autorisation de l’auteur (ex : église ancienne). · Exception en matière de presse Il est possible de filmer une œuvre dans un but exclusif d’information immédiate sans demander d’autorisation de son auteur. Mais l’usage doit être raisonnable. La séquence filmée doit avoir pour objectif de relater une nouvelle à un public, le champ d’application de l’exception est donc restreint. Il faut donc vérifier que les conditions sont bien remplies avant de l’appliquer. · Exception de présentation accessoire des œuvres filmées Lorsque l’œuvre filmée n’est pas le sujet principal de la scène, il arrive parfois que l’autorisation ne soit pas nécessaire. (V. Fiche n° 11.) Quelques remarques pratiques En pratique, pour filmer dans un bar, un restaurant, un café, une clinique, une galerie marchande ou un magasin il est conseillé de se référer aux règlements intérieurs ou même de demander directement au propriétaire ou au gérant des lieux. Cette précaution permet non seulement de s’assurer que la séquence filmée ne viole aucun droit mais permet aussi de créer des relations de confiance avec les propriétaires des lieux. Le but étant d’éviter tout conflit futur : « mieux vaut prévenir que guérir !» Même si la possibilité est offerte de filmer dans un certain lieu, il ne faut pas oublier les œuvres qu’il contient (ex: dans les galeries d’art ou le street art). VII. FILMER DES BIENS DU DOMAINE PUBLIC : L’ESPACE PUBLIC En tant qu’étudiant en audiovisuel et dans le cadre de la réalisation d’un court métrage, il n’est pas rare que soient intégrés des plans d’espaces publics (ex : rues, parcs, bâtiments publics…), de bâtiments publics ou parfois de transports publics. Alors quelles sont les contraintes rencontrées pour filmer ces biens publics et quelles sont les démarches à effectuer pour s’assurer d’être en droit de les filmer ? Quelle règle de droit ? Quelle autorisation ? Il n’y a pas de règle de droit réglementant En vertu de ce droit d’usage, il précisément la prise de vue des biens semblerait logique qu’il n’y ait pas d’autorisation de tournage à demander pour occuper l’espace constituant le domaine public et public pour le filmer. l’occupation qui en découle. Il existe cependant un droit à l’usage du domaine public qui appartient à tous. C'est-à-dire que chaque personne peut occuper, sous certaines conditions, l’espace public. (Ex : circulation des piétons et des automobiles sur les voies publiques). Toutefois, en pratique, les tournages sur l’espace public sont soumis à autorisation car filmer n’est pas conforme à l’usage « normal » de celui-ci (ex : les voies publiques sont destinées à la circulation). Cependant, les opérations dites « légères » (ex : exercices d’écoles de formation, tournage nécessitant qu’une petit équipe technique) peuvent se faire sans autorisation préalable. Mais il faut savoir que les exigences de demande d’autorisation diffèrent d’une municipalité à l’autre. En pratique : Pour les étudiants concernés par les opérations légères, adressez-vous au service communication ou au service culture de la mairie du lieu de tournage pour vous assurer que vous êtes en droit de filmer sans autorisation dans cette ville. Pour la ville de Poitiers : autorisation nécessaire même pour les étudiants. Contactez Monsieur François BOUET – franç[email protected] VIII. FILMER DES BATIMENTS PUBLICS De Peau d’Âne à 9 mois ferme en passant par Les Visiteurs, les bâtiments publics nationaux sont très souvent à l’honneur à titre de décors dans bon nombre de réalisations cinématographiques. Alors comment faire ? Êtes-vous en droit de filmer la façade d’une mairie librement ? Un bâtiment public, c’est quoi ? Que faire pour filmer ? Un bâtiment public est un bâtiment accessible à tous, à l’usage de tous, et dont la gestion revient à l’Etat ou plus particulièrement aux collectivités locales. Il peut s’agir de musées, d’hôpitaux, de mairies… Conformément à « l’usage commun », il n’est pas, par principe, interdit de filmer un/dans un bâtiment public. Le paiement d’une rémunération dite « pour mise à disposition » du bâtiment public pourra également être exigé. Il existe deux types de rémunérations : On distingue en pratique deux situations : le tournage à des fins personnelles et ne portant atteinte à la continuité du service public OU le tournage nécessitant une utilisation privative des bâtiments publics (l’installation d’éclairage, de décors, la mise à disposition d’agents publics, ou encore tout accès limité aux visiteurs). En cas d’installations de décors ou de luminaires, ou encore de restrictions d’accès sur la voie publique, le paiement d’une rémunération pour « occupation domaniale » risque de vous être demandé. Dans l’un ou l’autre des cas, une autorisation de la part du directeur de l’établissement sera toujours exigée, que ce soit pour filmer à l’intérieur ou à l’extérieur du bâtiment public. Toute fourniture de prestations annexes de la part de l’Etat pour la location ou la mise à disposition de bâtiments publics (ex : filmer du personnel public hospitalier, des musées nationaux) peut être soumise au paiement d’une redevance pour « service rendu ». Cependant, l’administration dispose d’un pouvoir discrétionnaire et pourra ainsi autoriser ou interdire le tournage de votre film (ex : atteinte à l’image d’un bâtiment, mise en péril de la conservation et de la sécurité du bâtiment). Faut-il payer ? Tarifs évolutifs Selon la taille des équipes de tournage, le type de production, les horaires de tournage, le lieu de tournage (extérieur, intérieur).) - Référez-vous au règlement intérieur des établissements publics. - Tournez vous vers les bureaux d’accueil des tournages relatifs à chaque établissement public, mis à la disposition par l’Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat. IX. FILMER DES TRANSPORTS PUBLICS Le domaine public ne comprend pas seulement la voirie, les jardins ou les bâtiments. La question des transports publics est toute aussi importante. Alors comment procéder lorsque vous voulez filmer une scène dans un train, un bus ou encore dans le métro ? Principe : la nécessité d’autorisation pour filmer Le principe est que toute prise de vue dans les transports publics nécessite une autorisation. Autorisation qu’il convient d’obtenir auprès de la structure d’accueil du lieu du tournage Les transports publics sont des lieux sensibles, lors de toutes opérations, deux impératifs doivent être pris en compte : la sécurité et le respect au droit à l’image des passagers (cf. fiche Droit à l’image des personnes). Quelques exemples Toutes les prises de vue sont strictement interdites dans le métro, aux abords des installations ferroviaires (passages à niveau, voies ferrées) et dans les gares, sauf autorisation expresse. Les prises de vue extérieures de bus ou de tramways, sont autorisées dans la mesure où vous occupez normalement l’espace public. Tourner dans un aéroport nécessite également une autorisation. Pour cela, contactez le service communication de l’aéroport qui vous intéresse et le directeur de la chambre de commerce et d’industrie en charge de l’aéroport choisi. Toutefois, sont tolérées les prises de vue effectuées dans les gares par les amateurs équipés d’appareils photos ou de caméscopes utilisés sans pied et sans éclairage supplémentaire : ces prises de vue à caractère non commercial ne gênent d’aucune sorte les clients ou ne perturbent l’exploitation normale du service. Pour les demandes d’autorisations, il faut fournir la majeure partie du temps : Contacts utiles [email protected] [email protected] [email protected] Ø Ø Ø Ø Ø Une lettre de présentation; Un synopsis; Une attestation d’assurance; Le scénario des séquences à tourner; Le plan de travail et autres renseignements relatifs à votre tournage. X- QUE PUIS-JE INTÉGRER DANS MON FILM ? UNE ŒUVRE PRÉEXISTANTE En tant que réalisateur vous désirez faire référence à d’autres œuvres dans votre film. Vous êtes alors confronté à deux situations: 1 - L’œuvre est librement exploitable: L’œuvre fait partie du domaine public ou bien son auteur a décidé d’utiliser une licence Créative Commons. Dans ce cas, vous n’avez pas à demander l’autorisation ni à payer de contrepartie pour utiliser l’œuvre, sous réserve de respecter le droit moral de l’auteur. 2 - L’œuvre est protégée: Lorsque l’œuvre est toujours protégée, il convient de demander l’autorisation et de payer une contrepartie financière à l’auteur pour l’utiliser. Cependant, il existe trois exceptions qui permettent d’utiliser une œuvre protégée sans pour autant demander l’autorisation et donc sans payer de contrepartie. LES EXCEPTIONS LEGALES PERMETTANT LA LIBRE UTILISATION D’UNE ŒUVRE PREEXISTANTE LA COURTE CITATION LA PARODIE Définition: Reprendre un élément d’une Définition: Reprendre une œuvre. œuvre. Obligations: Obligations: Il convient de citer le nom de l’auteur et la Déformer l’œuvre parodiée pour qu’il n’y ait source. aucune confusion / concurrence entre les Le but de la citation doit être d’étayer un deux œuvres. projet critique, informatif, pédagogique, La reprise doit être faite à des fins comiques / scientifique. polémiques. Difficulté: la citation doit être courte, or le code ne précise pas la durée/la part qui peut être citée, c’est le juge qui décide. Il faut donc délimiter l’œuvre citée par rapport à l’œuvre citante et prendre garde à la longueur totale de l’œuvre. Pour une musique, la reprise de 30 secondes sur un morceau de 3 minutes est jugée trop longue, il est donc plus intéressant de payer pour obtenir une autorisation (voir fiche musique). Cette exception est utilisée essentiellement pour reprendre des œuvres littéraires. Art.L.122-5 3° du CPI XI- QUE PUIS-JE INTÉGRER DANS MON FILM ? UNE ŒUVRE PRÉEXISTANTE Vous désirez filmer un plan dans lequel se trouve une œuvre protégée, il peut le faire sans autorisation à la condition que cette œuvre soit accessoire au projet. Cette théorie a été développée par le juge, elle n’apparaît pas dans le code, l’appréciation se fait au cas par cas. L’EXCEPTION ETABLIE PAR LES JUGES PERMETTANT LA LIBRE UTILISATION D’UNE ŒUVRE PREEXISTANTE L’œuvre doit rester secondaire, elle ne doit pas être l’objet principal représenté. Il convient de faire attention à votre manière de filmer le plan pour pouvoir bénéficier de cette exception. Prenez en compte, notamment: • l’éclairage ou le cadrage choisi: si le reste du décor est dans la pénombre et que l’œuvre • le fait que l’œuvre figure ou non au premier plan; • l’angle de prise de vue qui peut mettre en valeur l’œuvre en question. est éclairée, elle ne peut être considérée comme accessoire; Moins l’œuvre sera identifiable, plus il sera aisé de profiter de l’exception. Gardez en tête qu’il doit s’agir d’une inclusion fortuite. Mauvais plan : Bon plan : Les deux personnages discutent devant un tableau protégé par le droit d'auteur Le tableau est à l’arrière-plan, peu identifiable XII- QU’EST-CE QU’UNE SOCIETE DE GESTION VI- PUIS-JE FILMER LES PERSONNES ? IIIIIIIVVCOLLECTIVE ? Les droits des auteurs sont multiples, il est impossible de récolter chaque droit pour chaque utilisation. Un auteur ne peut pas se mettre en rapport avec chaque station de radio ou chaîne de télévision pour négocier les licences ou sa rémunération. Les sociétés de gestion collectives sont des intermédiaires qui facilitent l’exercice effectif des droits par les auteurs et producteurs et centralisent la gestion des œuvres. Les droits gérés par les sociétés de gestion collectives • le droit d’interprétation et d’exécution publique (musique jouée dans les lieux publics) Art. L.321-1 et suivants du CPI Art. L.311-1 et suivants du CPI • le droit de radiodiffusion • le droit de reproduction mécanique d’œuvres musicales (reproduction sur CD) • la rémunération pour copie privée • les droits d’interprétations d’œuvres dramatiques • les droits de reproduction reprographique d’œuvres littéraires et musicales Le cas du phonogramme publié à des fins de commerce Le producteur de phonogramme et l’artiste interprète peuvent s’opposer à la communication directe dans un lieu public ou par radiodiffusion. Ils vont bénéficier d’une rémunération. Elle est perçue par la société civile pour la perception de la rémunération de la communication au public de phonogrammes du commerce (SPRE) qui va redistribuer une rémunération équitable. Les droits seront récupérés par les différentes sociétés de gestion d’auteurs et de producteurs qui vont ensuite redistribuer les droits à leurs bénéficiaires. XIII- QUI PEUT FAIRE PARTIE D’UNE SOCIETE DE GESTION COLLECTIVE ? L’artiste peut se préoccuper personnellement de ses droits sinon il peut devenir membre d’une société de gestion collective. Les sociétés de gestion collective regroupent, selon leur spécialité, des auteurs, des producteurs ou des artistes-interprètes. Les sociétés de gestion collective, intermédiaires entre les utilisateurs et les bénéficiaires du droit d’auteur Les sociétés de gestion collective ont aussi une vocation d’informer le public mais aussi ceux qui souhaitent utiliser les droits d’auteur. Par exemple, lorsqu’un étudiant veut reprendre un disque du commerce pour l’inclure dans une œuvre audiovisuelle, il doit obtenir une autorisation du producteur et cela peut se faire par le biais des sociétés de gestion collectives afférentes (la SCPP ou la SPPF). Principales sociétés de gestion collective SPPF : société civile des producteurs de phonogrammes en France www.sppf.com SCPP : société civile des producteurs phonogrammes www.scpp.fr SACD : société des auteurs et compositeurs dramatiques : www.sacd.fr SCAM : société civile des auteurs multimédias (non fictionnels) www.scam.fr SPRE : société pour la perception de la rémunération équitable : www.spre.fr SACEM : société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique www.societe.sacem.fr SPEDIDAM : société de perception et de distribution des droits des artistes interprètes www.spedidam.fr ADAMI : soc. civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes www.adami.org XIV-LA MUSIQUE SOUSSOUS LICENCE LIBRELIBRE XIVLA MUSIQUE LICENCE Comme tout œuvre (tel un film) la musique peut être sous une licence dite libre ou plutôt dont certains droits (et pas tous) sont conservés par l’auteur. Les licences les plus répandues sont les Creatives Commons mais il existe des moins connues comme la licence Art Libre ou l’irrévérencieuse Licence Publique Rien à Branler On peut ainsi trouver ce type de musique sur des plateformes telles Jamendo ou Bensound LES CREATIVE COMMONS Les Creative Commons sont des licences qui permettent d’accorder au public certaines libertés quant à l’utilisation de l’œuvre. Des pictogrammes vous informent facilement sur les utilisations que vous pouvez faire de l’œuvre. BY ND Paternité Lors de l’utilisation d’une œuvre il faut mentionner le nom de l’auteur. La mention BY est commune à toute CC. No Derivatives La mention « absence d’œuvre dérivée » interdit toute modification de l’œuvre sans l’accord du créateur. SA NC Share Alike La mention d’un partage à l’identique de l’œuvre oblige l’utilisateur, en cas de nouvelle exploitation, d’utiliser la licence de l’œuvre première. Non Commercial La mention « absence d’utilisation commerciale » interdit toute exploitation lucrative de l’œuvre sans l’accord du créateur. INCERTITUDES AUTOUR DES LICENCES LIBRES Ø Ø Ø Absence de confirmation de la validité des licences par les juges Non-conformité au droit moral (droit au respect et droit de divulgation) Contours flous des droits accordés au public Exemple : l’intégration d’une musique sous licence libre dans toutes œuvres audiovisuelles est considérée comme une utilisation commerciale de la musique Remarque : Il est donc plus simple de contacter et de négocier directement avec l’auteur de la musique sous licence libre afin que l’exploitation de votre film s’expose au moindre risque. XV- INTEGRER DE LA MUSIQUE La musique est déterminante dans votre projet audiovisuel. Afin de ne pas rencontrer d’obstacle dans l’exploitation de votre film, vous devez prendre des précautions auprès des acteurs de la création et de la production musicale. Remarque : La meilleure solution est de créer une musique originale et de contacter directement un compositeur et, si besoin, des artistes-interprètes. L’intégration de la musique dans votre film passera alors par un contrat et devra respecter le sens de l’œuvre (droit moral). LES DROITS ATTACHÉS À UNE ŒUVRE MUSICALE L’auteur-compositeur L’auteur compositeur bénéficie d’un droit d’auteur sur sa création. Il dispose d’un droit exclusif sous réserve des restrictions prévues par le CPI. Art.L.111-1 et suivants du CPI L’artiste-interprète L’artiste-interprète bénéficie d’un droit voisin sur son interprétation. Il dispose d’un droit exclusif sous réserve des restrictions prévues par le CPI. Art.L.212-1 et suivants du CPI Le producteur de phonogramme Art.L.213-1 et suivants du CPI Le producteur bénéficie d’un droit voisin sur l’enregistrement de l’œuvre (le phonogramme). Il dispose d’un droit exclusif sous réserve des restrictions prévues par le CPI. ü ü ü ü ü ü Remarque : à l’expiration des durées mentionnées, la version de l’œuvre entre dans le public. A la condition de respecter la nature de l’œuvre (droit moral), son utilisation est libre. LEXIQUE JURIDIQUE Cession de droits d’auteur : Contrat par lequel l’auteur, cédant, transmet des droits patrimoniaux afférents à une œuvre, à titre onéreux ou gratuit, à un cessionnaire, chargé d’exploiter la dite œuvre. Contrefaçon d’une œuvre : Tout acte de représentation ou de reproduction d’une œuvre, sans l’accord des auteurs ou de leurs ayants-droits, est illicite et constitue le délit de contrefaçon défini aux articles L335-2 et suivants du C.P.I. Domaine public en droit d’auteur : Le domaine public désigne l’ensemble des œuvres de l’esprit dont l’usage est seulement soumis au respect de la nature de l’œuvre sans nécessité d’autorisation de la part des ayants-droit. Domaine privé : Il se définit par opposition au domaine public en droit administratif, d’après l’article L2211-1 du Code Général des Personnes Publiques. Font partie du domaine privé les biens qui appartiennent à une personne publique mais qui ne répondent pas aux critères de la domanialité publique. Droit à l’image : L’article 9 du Code Civil énonce que « chacun a droit au respect de sa vie privée ». Fondé sur l’article 9 du Code Civil, le droit à l’image constitue le droit de toute personne physique à disposer de son image. Autrement dit, une personne physique peut s’opposer à l’utilisation commerciale ou non de son image au nom du respect de sa vie privée. Droit d’auteur : Tout auteur d’une œuvre de l’esprit dispose de droits patrimoniaux et d’un droit moral sur son œuvre. L’ensemble de ces droits constitue le droit d’auteur au sein de la propriété littéraire et artistique. Droit moral : Il est défini à l’article L121-1 du Code de la Propriété Intellectuelle (C.P.I.). A la différence du droit patrimonial d’auteur, c’est un droit qui est perpétuel, inaliénable, imprescriptible et insaisissable. Le droit moral de l’auteur est composé de quatre prérogatives : le droit de divulgation, le droit de paternité, le droit au respect de l’œuvre et le droit de retrait et de repentir. Droit patrimonial : Le droit patrimonial permet à l’auteur de contrôler l’exploitation de son œuvre, par représentation ou par reproduction, aux fins éventuelles d’en tirer une rémunération. Les droits patrimoniaux peuvent donc être cédés à un exploitant, à titre onéreux ou gratuit. Leur durée est limitée à la vie de l’auteur + 70 ans après sa mort. Les prérogatives du droit patrimonial sont le droit de représentation, le droit de reproduction, le droit de suite et le droit de destination. Œuvre de l’esprit : Création intellectuelle qui s’incarne en une forme perceptible par le public. Pour être protégée par le droit d’auteur, l’œuvre de l’esprit doit présenter un caractère original. Originalité : Une œuvre est originale à condition d’être empreinte de la personnalité et de la sensibilité de l’auteur. L’originalité se différencie alors du simple effort intellectuel ou de la nouveauté. Titularité initiale : Elle est définie à l’article L111-1 du C.P.I. (« L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous »), complété des articles L113-1 et suivants. L’auteur est, en droit français, le créateur personne physique. Il est nécessairement le premier titulaire du droit d’auteur, sauf dans le cas d’exception des œuvres collectives. *** INFORMATIONS Ce document constitue un guide à destination des étudiants créateurs dans le milieu de l’audiovisuel destiné à les accompagner au cours de leur processus de création. Ce document, qui n’engage que ses auteurs et non l’Université de Poitiers, ne peut remplacer un véritable conseil juridique. Document édité par l’Université de Poitiers Sous la direction d’Alexandre ZOLLINGER et Justine VALLOT Contributeurs : BARBIN Bérénice ; BEZIER Vassili ; BOIGE Marion ; MASSON Coralie ; KANGOUTE Inouss ; PICOT Valentin ; à partir du travail des étudiants de Mag3 de la promotion 2014-15. Dessin et logo : Léo RANDON (tous droits réservés) Images d’illustration : Licence CC-BY-NC (source : Flickr) Document téléchargeable sur http://droit.univ-poitiers.fr/magistere/ index.php/examples/projets