Bulletin 41 - Les amis de la Pologne
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Bulletin 41 - Les amis de la Pologne
Les Amis de la Pologne Association loi 1901 N° 41 – Décembre 2013 Editorial C’est un bulletin plutôt souriant que nous vous présentons ce mois-ci avec un faire-part de naissance. Celle de notre nouveau site Internet, plus convivial, plus fonctionnel, plus facile à consulter. Nous espérons que vous aurez plaisir à le visiter et qu’il vous aidera à resserrer les liens avec votre association et les membres de la communauté polonaise. Cette refonte du site n’aurait pas été possible sans l’aide financière du Consulat Général de Pologne à Lyon qui nous a accordé une subvention pour financer ce projet. La Pologne et ses représentants ont été très présents à Toulouse ces derniers temps. Les responsables des associations franco-polonaises de Midi-Pyrénées ont eu le plaisir de rencontrer Son Excellence l’Ambassadeur de Pologne, Tomasz Or³owski et de faire connaissance avec le nouveau Consul Général à Lyon, Dariusz Winiewski, homme affable et dynamique que nous présentons dans ce numéro. Pour sa part, notre Consul Honoraire, Antoine Jankowski, avance ses pions sur l’échiquier régional pour faire aboutir ses projets. Et pour terminer, portez votre regard en haut de cette page. Avez-vous remarqué que notre logo a été remis en beauté ? Jean-Noël Dragon Rendez-vous sur notre nouveau site internet Sommaire n°41 La Pologne et ses représentants à Toulouse Actualité : La réforme de l’enseignement en Pologne Moments de culture Association Mazamet-Rybnik Un peu d’histoire Carnet de voyage Notez bien p. 2 - 3 p. 4 p. 5 à 9 p. 9 p. 10 p. 11 p. 12 Nouveau Consul Gé Général de Pologne à Lyon Monsieur Dariusz Wiśniewski est né à Varsovie. Diplômé de la faculté d'histoire de l'Université de Varsovie, il a poursuivi des études supérieures à l'Ecole Nationale d'Administration Publique ainsi qu'à l'Université d'Oxford. Depuis 1994, Il est fonctionnaire au Ministère des Affaires Etrangères. De 1994 à 1997, il a travaillé au département chargé des régions d’Amériques du Nord et du Sud, à la coopération politique et militaire entre la Pologne et les Etats-Unis, avec également pour mission de préparer la Pologne à son entrée dans l'OTAN. De 1997 à 2001, il a collaboré au sein du département des affaires politiques de l'Ambassade de Pologne à Washington, où il a été chargé de la coopération politique et militaire bilatérale américanopolonaise. Durant cette période, il a coopéré avec les organisations américaines et polonaises, en particulier avec celle du Congrès Américano-Polonais. De 2001 à 2004, il a exercé, au sein du Secrétariat du Ministre des Affaires Etrangères, la fonction de coordinateur pour préparer l’organisation opérationnelle préalable aux visites à l'étranger du Ministre et contribuer à la conduite des réunions annuelles des ambassadeurs. De 2004 à 2009, il a été chargé de mission à l'ambassade de Pologne à Zagreb, en Croatie, en qualité de conseiller des affaires politiques et également de chef-adjoint de mission, puis pendant un an et demi, en qualité de chargé d'affaires par intérim. A son retour en Pologne en 2010, il crée et dirige le Centre de développement professionnel du MAE qui reprend toutes les fonctions liées au développement des employés du Ministère. Il a lancé une série de programmes de formation et d'autres projets, dans les processus plus larges de la modernisation du MAE. En qualité de directeur, il organisait des stages et séminaires internes pour les employés du ministère et les personnes mutées à l’étranger. Avant son arrivée à Lyon, pendant quelques mois, il a collaboré au Département Consulaire du Ministère des Affaires Etrangères, en se préparant à une nouvelle mission. Son rang diplomatique est Ministre-conseiller. Il parle couramment l'anglais, le croate et le français. Avec sa femme Ewa, chercheur à l'Université de Varsovie, ils sont parents de cinq enfants adultes. Source : Consulat de Pologne à Lyon Rencontre avec les associations Le 22 septembre, Antoine Jankowski, Consul Honoraire, a organisé une rencontre entre Tomasz Or³owski, Ambassadeur de Pologne, Dariusz Winiewski, nouveau Consul Général à Lyon et les associations franco-polonaises de Midi-Pyrénées. Cette soirée conviviale nous a permis d’exposer nos actions, nos joies et nos espoirs mais aussi nos difficultés. L’Ambassadeur et le Consul Général se sont déclarés heureux et impressionnés par nos actions. Antoine Jankowski, pour sa part, connaît déjà bien les associations présentes et il les a réunies à nouveau une semaine plus tard. Il leur a commenté les actions qu’il mène au quotidien et en particulier deux grands projets qui lui tiennent à cœur : celui d’une ligne aérienne directe entre Midi-Pyrénées et la Pologne ; ce pourrait être au départ de Toulouse, Carcassonne ou Tarbes/Lourdes, à destination de Varsovie ou Katowice. Easy Jet et Wizz Air, à défaut d’Air France, étudient la faisabilité. Le deuxième grand projet est celui d’une Maison de la Pologne à Toulouse. Elle serait à la fois le lieu d’accueil pour les Polonaises et les Polonais de la région – n’oublions pas qu’il y en a 3000 dans la grande agglomération toulousaine – de salle de rencontre et de réunion pour les associations, de lieu de conférences… Jean-Noël Dragon 2 Dîner-dé ner-débat avec Monsieur l’l’Ambassadeur de Pologne à Toulouse Dans le cadre de sa visite à Toulouse, Son Excellence l’Ambassadeur de Pologne Tomasz Or³owski a rendu visite aux associations polonaises, aux autorités locales et aux grandes entreprises toulousaines. Il a assisté, le 23 septembre, à un dînerdébat organisé par l'ADEC-NS* à l’hôtel Pullman. Le sujet du débat portait sur les opportunités de coopération qu’offre la Pologne, le seul pays à croissance positive dans l’UE. Cette thématique a attiré quelques 80 invités venus de tous horizons : dirigeants d’entreprises, représentants de la finance, chefs de cliniques et membres des universités toulousaines. Convivial et décontracté, le dîner n’a pas manqué de quelques moments solennels et forts. Il a débuté après un cocktail de bienvenue pendant lequel ont eu lieu les présentations de tous les invités à Monsieur l’Ambassadeur et à Monsieur le Consul Général de Lyon Dariusz Winiewski. Le “ plat de résistance ” de ce dîner a été le discours de Son Excellence. L’assistance a d’abord été surprise par l’allocution de SE. M. Or³owski qui a fait le choix … de ne pas parler d’économie mais de prononcer un discours de politique générale. Après avoir rappelé la longue amitié francopolonaise, il a parlé du douloureux passé communiste et de l'événement historique qu’a été pour la Pologne son adhésion à l’UE en 2004 en soulignant plusieurs fois les sacrifices qui ont été nécessaires et qui ont porté leurs fruits : une croissance constante malgré un ralentissement ces dernières années et une économie en bonne santé. Et l’Ambassadeur de rappeler que depuis 2008, dans les conditions de la crise, le PIB polonais a augmenté de 16 % et que 3 % de croissance étaient attendus pour l’année à venir. Son Excellence a ensuite réaffirmé la confiance de la Pologne en l’Europe, tant au niveau économique que politique. Il a souligné la nécessité d’une vision claire de l’Europe et d’une politique étrangère commune. Il a insisté sur la notion de solidarité : “ Nous croyons en la solidarité de l’Europe, ce n’est pas qu’une valeur intellectuelle ou morale, c’est aussi un bon calcul ”, a-t-il dit. Pourtant, en ce qui concerne la participation polonaise aux interventions militaires, elle sera désormais limitée aux conflits qui menacent directement les intérêts polonais. En effet, les engagements polonais récents (Irak et Afghanistan) ont fait changer la position polonaise : “ il est hors de question de participer aux guerres qui ne sont pas les nôtres ” dixit l’Ambassadeur. D’autant que le pays ne consacre que 2% du PIB à la défense, ce qui est peu, comparé aux autres pays européens. De plus, il faut moderniser l’armée polonaise et 40 milliards d’euros doivent y être consacrés les prochaines années. Monsieur Or³owski s’est également exprimé au sujet de l’adhésion de son pays à la zone euro. Il a rappelé la position officielle de la Pologne en la matière : si la question de l’adoption de l’euro ne se pose pas, celle de la date de l’adhésion reste ouverte. La Pologne adhérera à l'euro, il en va de sa place au sein même de l’UE ! Mais elle attend le moment le plus propice pour le faire. Et il a ajouté que par voie de référendum, le peuple polonais avait déjà tranché en validant l’adoption de la monnaie européenne. Après cet exposé, un moment a été consacré aux questions des participants. Celles-ci concernaient surtout les opportunités de relations commerciales entre les deux pays. Il a été rappelé que la France n’était que le cinquième partenaire économique de la Pologne, bien après l’Allemagne, et que la Pologne n’était que le douzième fournisseur de la France. Par ailleurs, les échanges entre les deux pays ne s’élevaient qu’à 17 milliards d’euros, ce qui était largement perfectible. Aux différentes questions, l’Ambassadeur a répondu en invitant les entreprises à venir prospecter en Pologne où “ il y a un marché disponible, solvable et relativement profond ”. Il n’a pas manqué d’humour en les conviant à Krynica, “ le Davos de l’Europe Centrale ” où se déroule chaque année un forum économique. Il a poursuivi en disant que les Polonais portaient surtout de l’intérêt “ à la valeur ajoutée et au savoir faire des entreprises françaises, notamment dans le domaine des hautes technologies, de l’innovation, de la recherche, des biotechnologies, de la pharmacie et de la défense . Au sujet des facilités d’investissement en Pologne, Monsieur l’Ambassadeur a insisté sur le fait que la Pologne était un pays décentralisé, plus que la France, que les procédures y étaient allégées et que, malgré l’absence d’un “ guichet unique ”, il était plutôt facile d’entreprendre dans son pays. Anna Wodniecka-Masson *Agence pour le Développement Economique et Culturel Nord-Sud 3 La ré réforme de l’enseignement l enseignement en Pologne Comment organiser l'enseignement dans les écoles élémentaires, les collèges et les lycées ? Questions auxquelles le Ministère de l'Education Nationale cherche toujours des réponses. l'âge de 6 ou 7 ans. Le gouvernement, pour donner le temps aux pouvoirs locaux de permettre aux écoles de recevoir un plus grand nombre d'enfants, a reporté la date limite au 1er septembre 2014. La réforme de l'éducation que le gouvernement polonais a commencée en 1999 en recréant le collège qui n'existait plus depuis la deuxième guerre mondiale était un premier pas dans le changement de la structure et la réorganisation de l'Education Nationale. En effet, avant la réforme, la Pologne avait 8 classes d'éducation primaire et 4 de lycée ou école supérieure professionnelle. Dès la première année de la mise en place de la réforme, les parents des tout-petits se sont divisés entre les pour et les contre la réforme. Les "contre", au nombre de 950 000, ont adressé un rapport au Ministère de l'Education décrivant les mauvaises conditions dans lesquelles les enfants ont été reçus à l'école (surpeuplée, mal ajustée, groupes modifiés entre le matin et l'après-midi). Maintenant, les enfants polonais doivent commencer l'école primaire à l'âge de 7 ans et pour une durée de 6 ans. Ils ont la possibilité de continuer l'école secondaire pendant 3 ans et après, l'école supplémentaire de profession ou généraliste (lycée) également pendant 3 ans. La deuxième étape était de réorganiser le temps d'enseignement au niveau secondaire (collège et lycée) en réduisant le nombre d'heures par matière et en favorisant la spécialisation des enfants pour les options choisies (économie, biologie, langues, etc.) et ça dès l'âge de 13 ans. De récents débats portant sur les réformes scolaires concernant les tout-petits proposent de rendre l'école primaire obligatoire dès l'âge de six ans. L'enseignement obligatoire pour les enfants de six ans a été introduit par la loi en 2009 et devait être appliqué à la rentrée 2012. De 2009 à 2011, les parents pouvaient choisir d'envoyer leurs enfants à l'école à Le rapport a été établi en octobre de cette année pour étayer une demande de référendum. Les organisateurs désiraient que les citoyens polonais répondent aux cinq questions suivantes: 1. Etes-vous en faveur de l'abolition de l'enseignement obligatoire des enfants âgés de 6 ans ? 2. Etes-vous en faveur de l'abolition de l'école maternelle obligatoire dès l'âge de cinq ans ? 3. Etes-vous en faveur de la restauration, au lycée, des cours d'histoire et d'autres sujets hérités de l'ancien système ? 4. Etes-vous en faveur d'un retour à l'ancien système qui comprenait huit ans d'enseignement primaire et quatre ans d'études secondaires ? 5. Etes-vous en faveur de la réduction, par économie, du nombre d’écoles primaires et maternelles ? Le vendredi 7 Novembre 2013, le Parlement a rejeté la demande de référendum. La proposition a été soutenue par 222 députés, pendant que 232 politiciens votaient contre. Les Polonais devraient peut-être demander l'opinion des Français dont les enfants rentrent à l'école maternelle dès l'âge de 3 ans et en primaire à l'âge de 6 ans. En France l'école est obligatoire à partir de six ans. Il n'empêche que tous les parents croient que l'école maternelle fait partie intégrante du cursus scolaire. Ils pensent que les enfants développent leurs connaissances et leurs compétences dès trois ans et que c'est le bon moment de commencer les apprentissages et la vie en société. Magda Guinard 23ème Semaine polonaise Festin du 24 au 28 mars 2014 Le thème de la prochaine édition des Semaines polonaises sera consacré à la “ scène de table ” et à “l’esthétique du goût” dans la littérature et les arts polonais. Elle permettra de découvrir que l’action de manger peut être à l’origine d’un discours intellectuel, métaphysique et poétique, chargé de métaphores, de symboles et d’allégories. Ainsi, outre le colloque, réunissant historiens de la culture et de l’art, linguistes, écrivains, critiques culinaires et chefs de cuisine, le programme de cette édition comprendra expositions, films, ballets, concerts et ateliers culinaires. Kinga Joucaviel 4 Jacek Wozniakowski n’ n’est plus… plus… Eminent représentant de l’élite intellectuelle polonaise, professeur associé de l’Université du Mirail, venu à plusieurs reprises à Toulouse pour donner des conférences, ami des Polonais de cette ville, très apprécié pour son inépuisable érudition et pour sa prévenance délicate à autrui, Jacek Wo niakowski s’est éteint à l’âge de 92 ans. l’envahisseur nazi dans les rangs de l’Armée de l’Intérieur AK. Après la guerre, il termine ses études en sciences humaines et débute comme journaliste dans la revue de tendance catholique libérale “ Tygodnik powszechny ” (l’Hebdomadaire Universel). En 1959, il devient fondateur, puis rédacteur en chef des Editions “ Znak ”, unique maison d’édition indépendante du temps du communisme. Parallèlement, il développe une activité pédagogique en donnant des cours à l’Université Catholique de Lublin, à l’Université de Toulouse (1981-82), puis de Jérusalem. L’Université de Louvain lui décerne le titre de docteur honoris causa. Membre de “ Solidarnoæ ”, en 1989, Jacek Wo niakowski participe aux débats de la Table Ronde aboutissant au renversement du régime et à la libéralisation du système. En 1990, il devient le premier président (maire) non communiste de la ville de Cracovie (1990 – 1991), puis vice-président du Comité polonais à l’UNESCO. 2006 Sa riche biographie retrace tous les bouleversements du XXe siècle alternant des périodes de liberté, de guerres et d’oppression totalitaire. Descendant du peintre Henryk Rodakowski et du pionnier du mouvement écologiste Jan Gwalbert Pawlikowski, il est élevé dans une famille aux vives traditions patriotiques et participe à la campagne de septembre 1939 lors de laquelle il est grièvement blessé. Il poursuit néanmoins le combat contre Pour ses actions dans le domaine de la culture, il a été décoré de la médaille d’or polonaise Gloria Artis. Ses mérites ont également été reconnus en France : il est commandeur des Palmes Académiques et de la Légion d’Honneur. Un an après sa disparition, nous rendons hommage à ce combattant de la pensée libre… Kinga Joucaviel Kinopolska La sixième édition du festival du film polonais Kinopolska à Toulouse et en région Midi-Pyrénées aura lieu du 27 janvier au 2 février 2014. L ’objectif de cette manifestation est double : faire revivre les chefs-d’oeuvre du cinéma polonais mais également des inédits de grands réalisateurs, tout en programmant l’actualité de la production cinématographique contemporaine polonaise. Roman Polañski sera à l’honneur de cette sixième édition du festival. Kinopolska rendra hommage au réalisateur en présentant six de ses films, choisis par le cinéaste lui-même. Dans le cadre d’une Carte Blanche exceptionnelle, Roman Polañski a également sélectionné quelques classiques du cinéma polonais. Dans la partie contemporaine, une belle sélection des réalisations les plus récentes sera proposée aux spectateurs : des films de Ma³goka Szumowska, Leszek Dawid, Kasia Ros³aniec, Joanna et Krzysztof Krauze, S³awomir Fabicki, Pawe³ Pawlikowski… Au moment de rédiger cet article, la programmation est encore en cours de confirmation Karolina Kunicka-Guérin 5 “H “Hélène Zamoyska et Les Amis de la Pologne” Sylvanè Sylvanès – 7 juin 2013 Nous connaissons tous les qualités d’Hélène : la générosité à l ’égard des amis, collègues et étudiants, le courage bravant les interdits du régime totalitaire et, bien sûr, l’admiration sans bornes pour son époux, Auguste Zamoyski, qui se traduisait par un attachement fidèle aux valeurs défendues par ce dernier. Force est de constater – ce qui peut d’ailleurs paraître étonnant dans le cas de ce membre de l’aristocratie polonaise considérée plutôt comme cosmopolite et libertine – que la valeur constituant le socle moral et intellectuel de la philosophie de vie de ce grand sculpteur provenait de l’ancrage profond dans la culture et la tradition chrétienne polonaise. Cet “ aristocrate citoyen ” combinait, dans son attitude, le conservatisme des traditions de la Pologne nobiliaire avec le progressisme des esprits éclairés, grands humanistes de la Pologne en même temps républicaine. De même, dans son œuvre, Auguste Zamoyski associait la vitalité exubérante d’un artisan forgeron à la finesse réfléchie d’un artiste sculpteur. Comment ne pas tomber amoureuse d’un tel homme, lorsque l’on est une femme – comme Hélène – dotée d’érudition, d’expérience et de sensibilité, qualités indispensables pour l’apprécier. Hélène aimait Auguste et, ipso facto, elle aimait la Pologne…C’est sans doute pour cette raison qu’Hélène, la plus fervente parmi les “ amis d’Auguste Zamoyski ”, était en même temps la plus fidèle des “amis de la Pologne ”. Les Amis de la Pologne, association dont Hélène était la cofondatrice, a vu le jour en 1981, année sombre pour la Pologne : celle de la déclaration de l’Etat de guerre qui a déclenché une période de brimades politiques et de restrictions économiques encore plus drastiques. C’est dans ce contexte “ de détresse physique et morale dans laquelle se trouvait alors la population polonaise ”, à l’initiative d’Aleksandra Orlicz-Dreszer et d’un groupe de Français, dont Hélène, qu’a été fondée l’association. Elle rassemblait tous les “ solidaires ” du mouvement Solidarnoæ, ecclésiastiques et laïques, médecins, pharmaciens, journalistes, mais aussi les hommes des lettres et des arts, comme en témoigne le choix de Xavier Darras, compositeur de renom et directeur du Conservatoire de Toulouse, à la présidence de l’association. J’ajoute que, dans la logique de l’alternance, cette présidence a été confiée par la suite à un homme de sciences, Jacques Arlet, qui n’en est pas pour autant moins “ homme des lettres et des arts ”… Dès 6 la première année de son existence, l’association a réuni quelques 200 adhérents. Le “ fruit ” de ses actions était impressionnant pour cette première année : envoi de 22 tonnes de nourriture, de 2 tonnes de médicaments et parrainage de 68 familles polonaises vivant dans le dénuement. En 1982, le nombre des donateurs s'est élevé à 2500 ; ils étaient particulièrement généreux car le total des recettes de cette année atteignait 896 000 francs. Grâce à cette générosité, en 1982, 26 camions de 24 tonnes de marchandises ont été acheminés vers la Pologne, depuis Toulouse, mais aussi depuis Auch, Carcassonne, Rodez, Mazamet et Villemur-sur-Tarn. A partir de 1983, des colis de vêtements et de chaussures ont complété les envois. Ce type d'activité s’est poursuivi pendant une dizaine d'années jusqu’en 1992. En tout, l'association a envoyé 84 camions en Pologne. Plusieurs membres des Amis de la Pologne rendaient compte de ces opérations lors des conférences et des débats à Toulouse, Marmande, Albi, Brive, Lavaur, Sylvanès, Villefranche de Rouergue ou encore Aix-en-Provence. Mais les actions de l’association ne se limitaient pas aux interventions humanitaires et caritatives. Dans l’édition 1994 du bulletin des Amis de la Pologne, dans lequel Hélène tenait une rubrique intitulée “ La chronique d’Hélène ”, nous retrouvons son témoignage. Nous apprenons que c’est elle qui a insufflé la vocation culturelle aux actions menées jusqu’alors par l’association. Elle écrivait : Nous avons tenu également, au-dessus et en dehors de toute considération politique, à développer une dimension culturelle indispensable pour faire découvrir ce pays courageux pour lequel les Français ont une grande sympathie, mais qu'ils connaissent mal. C’est dans cet esprit que l’association a invité et fait connaître aux toulousains quelques grandes figures de la culture et des sciences polonaises, et parmi elles : - Jacek Woźniakowski, professeur de l’Université de Lublin et professeur associé à l'université de Toulouse le Mirail, historien de l'art, premier président noncommuniste de la ville de Cracovie, - Stefan Kisielewski, journaliste de l'hebdomadaire Tygodnik Powszechny, - Tomasz Lubieński, journaliste écrivain, rédacteur en chef du mensuel "Nowe ksiąŜki ”, - Jan Błoński, professeur de l’Université Jagellonne, romaniste, spécialiste de Marcel Proust, - Jerzy Kłoczowski, historien, professeur des sciences humaines, délégué de la Pologne à l'UNESCO, - Adam Zamoyski, auteur d’une histoire de la Pologne et d’un excellent livre sur Chopin. Il ne faut pas oublier que l’association a pris également l’initiative d’organiser de nombreux événements artistiques : expositions de peintures d’Andrzej Dudek, mais surtout et avant tout, exposition de sculptures d’Auguste Zamoyski au Musée des Augustins (relatée par Hélène dans le Bulletin de 1995) et concerts lors desquels se produisaient les musiciens polonais. Citons, entre autres, la chorale Organum de Cracovie, Les Rossignols de Poznañ, l'orchestre de l'Académie de Théologie de Varsovie, le récital de piano de Karol Tarnowski, etc. Photo musée de Sylvanès Mais revenons aux “ Chroniques d'Hélène ” dans le Bulletin des Amis de la Pologne. Il serait impossible de les résumer toutes, j’essaierai tout de même d'en rapporter quelques unes, les plus révélatrices de l'esprit et des préoccupations de leur rédactrice. Bien qu'Hélène soit spécialiste de la civilisation russe, tous ses écrits dans le Bulletin des Amis de la Pologne étaient – nous nous en serions doutés – consacrés à la Pologne… En lectrice assidue de la presse russe (les périodiques importés de Russie s’entassaient sur les étagères et jonchaient le sol de la maison de Saint Clar), elle y épiait la moindre allusion à la Pologne. C’est ainsi qu'elle avait découvert en 1997, dans un hebdomadaire littéraire russe, sous la rubrique “ exclusif ”, un papier qu'elle avait qualifié d' “ explosif ” portant le titre : Les Polonais ont-ils peur de la Russie ? Ajoutons que cet article – qui est un compte rendu de l'interview avec l'ambassadeur de Pologne à Moscou Andrzej Zalicki – a paru le 17 septembre, date névralgique rappelant aux Polonais de sinistres événements … Avec justesse, objectivité et humour, Hélène parle de l'épineuse question des relations polono-russes et insiste pour que la lumière soit faite sur les crimes infligés aux Polonais par le régime stalinien (Katyñ) afin de rétablir des relations de confiance entre les deux peuples. Hélène rapporte les paroles prudentes de l'ambassadeur, mais on sent bien qu’elle les partage et les enrichit de subtils commentaires rappelant le rôle de la Pologne, celui de la passerelle entre la Russie et l'Occident, dans la construction de l'Europe. Elle dédie, par ailleurs, à la question du rôle de la Pologne dans la chute du communisme et dans la construction de la nouvelle Europe, un éditorial dans le Bulletin de 1998, ce dernier étant la récapitulation d’un débat auquel elle avait assisté à l'Institut Polonais à Paris, débat sur les événements de 1968 en Pologne. Hélène y soulignait – à juste titre – la différence idéologique entre le mouvement de 68 en France et en Pologne ; ce mouvement social, dirigé contre les effets du libéralisme et contre les valeurs traditionnelles en France, prend en Pologne une direction quasi inverse, celle de la lutte contre le communisme soviétique et contre la censure. Le combat des Français pour “ plus de libertés ” est celui pour “ la liberté ” tout court des Polonais. Et à Hélène de conclure, même si les événements polonais de 1968 ne constituaient pas une rupture marquante, comme c'était le cas en France, ils ont considérablement ébranlé le régime et annoncé la fin du système. A côté de ses chroniques, dans lesquelles Hélène s'exprimait sur les différents faits de l'histoire, de la culture ou de la politique polonaises (visite de JeanPaul II en Pologne, le mea culpa du président Kwaniewski à Jedwabne…) certaines prenaient une tonalité plus intime ; on découvre alors une Hélène compatissante face au martyre de la ville de Varsovie détruite, ville qu'elle traversait en se rendant à Moscou dans les premières années après la guerre, une Hélène généreuse lorsqu'elle invitait chez elle les jeunes agriculteurs polonais en 1998, une Hélène reconnaissante, lorsqu'elle relatait l'accueil qui lui avait été réservé à Jab³oñ, domaine de naissance de son mari, et enfin une Hélène amoureuse et fidèle, lorsqu'elle parlait de sa rencontre avec Auguste Zamoyski et de l'impact que cette rencontre avait sur sa vie. Que ses propres paroles en témoignent et qu'elles soient la conclusion toute naturelle de mon hommage à Hélène : "Ma rencontre avec lui a été un merveilleux don de Dieu, puisqu’il est devenu mon mari. Grâce à lui, j’ai fait la plus belle découverte de la Pologne qui vit toujours dans les profondeurs de mon cœur." Discours prononcé lors du colloque dédié à Hélène Zamoyska par Kinga Joucaviel. 7 Histoire, Architecture, Sculptures à Sylvanè Sylvanès Derrière ce titre se cache une formidable aventure d’hommes résolument enthousiastes, passionnés et passionnants et dont la volonté a soulevé des montagnes pour réaliser des projets ambitieux. Tel fut le programme proposé par Les Amis de la Pologne le 1er juin 2013. Une belle journée riche en découvertes nous attendait dans le sud de l’Aveyron. M. Antoine Jankowski, Consul Honoraire de Pologne à Toulouse, nous avait honorés de sa présence. A notre arrivée à Sylvanès, nous sommes reçus par Cédric, chargé du tourisme. D’emblée, il nous fait partager son intérêt pour l’abbaye Notre-Dame fondée en 1136 par Pons de l’Héras, noble et chevalier mais non moins brigand qui fut touché par la grâce divine une nuit de Noël et décida de se consacrer à la prière et à la pénitence, ce qui nous vaut aujourd’hui d’admirer ce patrimoine d’exception niché au milieu de la forêt. Après deux siècles de rayonnement, l’abbaye décline concurrencée par d’autres abbayes. Il faudra attendre 1975 et la volonté d’un homme, celle du Père dominicain André Gouzes et de Michel Wolkowitsky, l’actuel directeur de l’abbaye, pour que ce véritable joyau cistercien possédant une nef à l’acoustique exceptionnelle soit magnifiquement restauré et devienne un pôle touristique en Midi-Pyrénées, offrant des rencontres culturelles, spirituelles et musicales ainsi qu’un Festival d’été de musiques sacrées et de musiques du monde. Grandeur et beauté des lieux invitent au silence et au recueillement. Il ne subsiste que l’aile est du cloître avec sacristie, salle du chapitre et Scriptorium des Moines, magnifique salle voûtée du 13ème siècle qui nous invite à un moment de convivialité autour d’un kir de bienvenue et d’un déjeuner. créer un musée destiné à accueillir l’œuvre d’Auguste Zamoyski (1893-1970). Nous aurions pu rester des heures à l’écouter car il avait encore beaucoup d’anecdotes à nous raconter. Après être passés devant ’ une immense bibliothèque, nous traversons une galerie aménagée pour recevoir certaines des œuvres du sculpteur polonais. Mais c’est dans le cloître couvert d’une pyramide de verre qu’est installé le précieux musée Zamoyski, qui met en valeur une importante collection de sculptures en marbre, bronze, bois et plâtre d’une beauté et d’une douceur saisissantes. Cet “ artisan philosophe ” comme il aimait à se décrire, “ à la recherche de la forme pure ”, créa un nouveau langage en sculpture, le “ formisme ”. Nous continuons notre marche et au bout du chemin surgit la chapelle en bois de style orthodoxe russe ou église de l’Unité, une merveille avec sa riche iconostase et la sculpture en bois à taille réelle d’un Christ du 16ème siècle. Pourquoi une telle église en ce lieu ? Encore une belle aventure et à l’origine de ce projet incroyable, le Père Gouzes. L’abbaye ayant donné une place importante à la culture russe et à sa tradition orthodoxe, une fidèle et profonde amitié est née grâce à de nombreux échanges. Des liens privilégiés se sont noués avec l’évêque de Kostroma qui, impressionné par la beauté du site, proposa de construire une église en bois dans la plus pure tradition russe. Un sentier nous conduit au Prieuré des Granges où le Père André Gouzes nous accueille chaleureusement. Il nous transporte avec un enthousiasme communicatif dans son univers : de son arrivée à l’abbaye à sa renaissance et à son rayonnement actuel. De son amitié avec Hélène Peltier-Zamoyska est né le projet de Ce qui fut fait à 800 km de Moscou par une équipe de jeunes russes de la région de Kirov. Démontée pour être acheminée, elle a été remontée à l’identique en 1993 à Sylvanès, dans la forêt de Pessales. Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’abbaye, sur Auguste Zamoyski et Hélène Peltier (décédée en 2012), sur l’église russe et sur le père Gouzes, l’un des principaux compositeurs contemporains de chants liturgiques, une personnalité débordant d’énergie et d’idées, moderne, passionnée et ouverte sur le monde. Nous repartons comblés et heureux. 8 Pierrette Calmel Aimez-vous la poésie ? En attendant votre réponse, voici celle, pleine de sagesse et d’espièglerie, de la grande dame des lettres polonaises, Wisława Szymborska. Prix Nobel de littérature en 1996, elle nous a quittés le 1er février 2012. Son poème inaugure notre nouvelle rubrique : nous vous proposerons désormais dans chaque bulletin un poème polonais avec sa traduction française en regard. Anna Wodniecka-Masson Amis Poètes, bonne lecture ! Certains aiment la poésie Niektórzy lubią poezję Niektórzy czyli nie wszyscy. Nawet nie większość wszystkich ale mniejszość. Nie licząc szkół, gdzie się musi, i samych poetów, będzie tych osób chyba dwie na tysiąc. Lubią ale lubi się takŜe rosół z makaronem, lubi się komplementy i kolor niebieski, lubi się stary szalik, lubi się stawiać na swoim, lubi się głaskać psa. Poezję tylko co to takiego poezja. Niejedna chwiejna odpowiedź na to pytanie juŜ padła. A ja nie wiem i nie wiem i trzymam się tego jak zbawiennej poręczy. Certains donc pas tout le monde. Même pas la majorité de tout le monde, au contraire. Et sans compter les écoles, où on est bien obligé, ainsi que les poètes eux-mêmes, on n'arrivera pas à plus de deux sur mille. Aiment mais on aime aussi le petit salé aux lentilles, on aime les compliments, et la couleur bleue, on aime cette vieille écharpe, on aime imposer ses vues, on aime caresser le chien. La poésie seulement qu'est-ce que ça peut bien être. Plus d'une réponse vacillante fut donnée à cette question. Et moi-même je ne sais pas, et je ne sais pas, et je m'y accroche comme à une rampe salutaire. Wisława Szymborka : O śmierci bez przesady - De la mort sans exagérer Traduction Piotr Kamiński Quelques mots sur l’association Mazamet / Rybnik Août 1984 : rencontre à Rybnik d’une délégation du Lycée Jeanne d’Arc de Mazamet avec les responsables du Lycée des Sœurs Ursulines et décision de concrétiser cette découverte mutuelle malgré un environnement difficile à travers un jumelage. Dés 1985 les échanges d’élèves et d’enseignants se développent avec la rencontre à Rome en 1988 des deux établissements et la soirée à Castel-Gandolfo à l’invitation du pape Jean-Paul II. Moment inoubliable qui scelle encore plus cet échange. 1990, la liberté retrouvée, Rybnik procède à la première élection démocratique de son maire Józef Makosz ancien cadre de Solidarnoæ qui demande, tout en maintenant les échanges scolaires et l’aide humanitaire (envoi de camions de médicaments et de matériel médical) la création d’une association d’échanges socioculturels voire économiques dont témoigne la signature de la Charte de Coopération entre les deux villes, les deux chambres de commerce et les deux associations d’échanges. Depuis cette date, accueils d’élus et de responsables techniques de Rybnik, de chefs d’entreprises polonais, de chorales, de musiciens de groupes folkloriques, de peintres, d’élèves en BTS devenues d’excellentes ambassadrices du savoir-faire français, neuf semaines franco-polonaises et autant d’actions concrètes ont jalonné ce parcours commun. Aujourd’hui, un accent particulier a été mis sur l’accueil des responsables de structures d’accueil des handicapés et des handicapés eux-mêmes en partenariat avec l’APEDI Castres-Mazamet et, en fin d’année, notre association aura l’immense plaisir d’accueillir l’orchestre de chambre de l’école de musique de Rybnik. D’autres actions sont envisagées permettant de bâtir jour après jour un partenariat réel dans une grande amitié constamment partagée et de faire découvrir à nos amis tarnais la réalité d'une Pologne dynamique, entièrement intégrée dans l’espace européen mais qui a voulu et su maintenir à travers ses traditions l’essentiel de ses valeurs.. Jacques Beaulieu, Président de l’association Mazamet-Rybnik 9 Un peu d’histoire La bataille de la côte 262, du 19 au 22 août 1944 Vue de la vallée normande où l’armée allemande fut prise en tenaille depuis les positions polonaises. Côte 262, Mont Ormel (site du mémorial) Qui se promène aujourd’hui aux abords du Mont Ormel est frappé par la beauté et la sérénité des paysages qui l’environnent. Les prés sont verts, des troupeaux paissent tranquillement, des voitures de touristes cheminent sur la nationale reliant Falaise à Vimoutiers. Impossible d’imaginer qu’ici eut lieu l’une des phases les plus sanglantes et les plus tragiques de la bataille de Normandie, il y a quelques soixante-neuf ans. Puis, au creux de la colline, le mémorial apparaît, rappelant à tous le sacrifice des fils de Pologne venus tomber dans ce petit coin de bocage… Suite à la débâcle de l’armée polonaise en 1939, certains soldats parviennent à rejoindre la France via la Hongrie. Ces hommes se battront dans les rangs de l’armée française au cours de la campagne de mai-juin 1940 (voir article précédent), notamment le futur commandant de la 1ère Division Blindée Polonaise, le général Stanislas Maczek. Suite à la défaite française, certains de ces hommes parviendront à rejoindre l’Angleterre, soit in extremis via des ports français, soit à la suite d’un long périple passant par l’Afrique du Nord Française (ce sera le cas de Maczek). Au cours de l’année 1942, de nombreux volontaires polonais afflueront vers les îles britanniques pour s’engager dans les différentes unités créées par le gouvernement polonais en exil. La Pologne possède alors une forte diaspora répartie à travers le monde : que ce soit des Etats-Unis, du Canada, d’Argentine, du Brésil, d’Australie, de nombreux jeunes gens d’origine polonaise, parlant tous plus ou moins la langue de leur pays d’origine, arriveront à se frayer un chemin à travers les océans en guerre pour servir dans les unités qui se constituaient en Grande-Bretagne, à l’appel d’un pays dont ils avaient fui la misère mais qu’ils considéraient pourtant comme le leur. Certains de ces volontaires venaient, pied de nez du destin, du Calvados et de la Manche. L’année 1943 fut consacrée à l’entraînement en Ecosse et à la perception du matériel. La 1ère DB était composée pour moitié de jeunes gens novices dans le maniement des armes, et pour l’autre moitié de baroudeurs, d’aventuriers en mal de sensations fortes et d’idéalistes ayant déjà combattu en Espagne en 1936, en Pologne en 1939 et en France en 1940. Cette émulation fit rapidement de la 1ère DB une unité hors du commun, une unité d’élite. Fiers d’une longue tradition militaire de la cavalerie polonaise, les soldats se choisirent comme emblème la célèbre aile des hussards, noir sur fond orange. L’unité débarqua en Normandie le 1er août 1944, deux mois après le jour J, comptabilisant 13 000 10 hommes prêts au combat. Le 4 août, l’unité connaît son baptême du feu en étant plongée dans l’opération “ Totalize ” aux côtés des canadiens. Au cours de ces batailles, violentes et meurtrières, une unité canadienne se fera encercler par les soldats de la 12e SS-Hitlerjugend et sera dégagée par les dragons de la 1ère DB. Les 17 et 18 août, Jort et Morteaux deviennent les deux premiers bourgs français libérés uniquement par des soldats polonais. Les pertes sont dès lors sévères, près de 300 morts et 20 chars détruits au cours des dix premiers jours de combat… C’est le 17 août que le destin de la 1ère DB Polonaise va basculer, et en faire l’une des unités mythiques de la Deuxième Guerre Mondiale. Les forces alliées réussissent à percer le front allemand et mettent leur armée en formation de tenaille, les américains à gauche depuis Cherbourg, les anglo-canadiens (et les polonais) à droite depuis Caen, avec comme objectif de “ coincer ” l’armée allemande entre les mâchoires de la tenaille. La 1ère DB polonaise est alors l’unité du secteur britannique la plus avancée à l’intérieur des terres. Le maréchal Montgomery, commandant en chef des forces armées britanniques, envoie alors un télégramme à Maczek : “ Ordre n°1 : manœuvrer direction sud-sud-ouest pour faire jonction avec les forces américaines dans le secteur de Boisjos. Ordre n°2 : tenir la position de la colline 262. Vo us êtes le bouchon de la bouteille, tâchez de tenir ! ”. Entre le 17 et le 19 août, Maczek, superbe de tactique et de rapidité, se portera avec sa division blindée jusqu’à la côte 262, dans le dos de l’ennemi, sans se faire remarquer de celui-ci. Mais les américains n’arrivent pas et les unités canadiennes sensées suivre les polonais sont lentes… Le 19 à midi, Maczek établit son PC dans une ferme normande à une centaine de mètres de la côte 262, dite “ mont Ormel ”. Il doit tenir, alors il tiendra. Depuis la colline, les Polonais peuvent apercevoir la noria de l’armée allemande en déroute, des dizaines et des dizaines de chars, des voitures, des camions, des milliers d’hommes… La vue est imprenable. Les 13 000 polonais accrochés aux pentes de la colline sont tout ce qui sépare les 100 000 allemands pris au piège d’une retraite en “ bon ordre ” vers Paris et l’Allemagne. Pendant trois jours, les allemands vont tout faire pour déloger les polonais et s’échapper du piège tendu par les alliés. De jour comme de nuit, les colonnes allemandes attaquent. Il y a bientôt tant de fumée qu’on ne voit pas à cent mètres… On tire à vue sur les chars adverses, les hommes sont couverts de poudre et de poussière. Et ces canadiens et ces américains qui n’arrivent toujours pas … Les polonais n’ont bientôt ni nourriture ni eau. Les munitions viennent à manquer. La nuit du 21 au 22 août sera une nuit d’apocalypse, on peine à imaginer ce qui s’est alors déroulé sur les pentes de cette petite colline. Des chars partout, de la fumée, des flammes. Les hommes se battent alors au couteau, à la pelle, au tesson de bouteille, dans une fournaise qui ressemble plus à l’enfer qu’à une bataille rangée. Au petit matin, les Allemands ne sont pas passés. Maczek a tenu ; ses hommes ont tenu. Mais à quel prix ! Des centaines de corps humains et de cadavres de chevaux jonchent les pentes de la colline, les silhouettes menaçantes des blindés détruits donnent à l’endroit un air terrible. La zone sera déclarée “ d’insalubrité publique ” et la population civile en sera évacuée jusqu’en 1947, le temps que l’on enterre les morts et que l’on dégage tout le matériel détruit ou abandonné. Dans l’après-midi du 22 août, les polonais lanceront des reconnaissances pour faire jonction avec les troupes américaines à leur gauche et les troupes canadiennes à leur droite. La poche de Falaise est fermée. Malheureusement, la moitié des troupes allemandes profitera d’une faille dans le dispositif à quelques kilomètres pour s’enfuir du “ chaudron ” et se replier vers l’Allemagne… La 1ère DB polonaise aura Un groupe de soldats de la 1ere DB polonaise pendant une pause quelque part en Normandie (certainement la route vers Vimoutiers). On remarque l’aigle blanc polonais sur les bérets. perdu 1 500 hommes depuis le 1er août, en trois semaines de combat, soit plus d’un homme sur dix. Certains d’entre eux, environ 800, seront enterrés au cimetière militaire polonais d’Urville-Lagannerie. Quant aux autres, ils libèreront la Belgique, les Pays-Bas et termineront la guerre à Wilhelmshaven, dans le nord de l’Allemagne. La plupart ne retourneront jamais en Pologne, devenue communiste. Stanislas Maczek poursuivra sa vie en Ecosse, où il s’éteindra en 1994, à l’âge de 102 ans. Nils Jacquin-Tkaczuk Carnet de voyage Un petit coin de Pologne : Le canal d’Augustów Que fait en 1824, le prince Franciszek Ksawery Drucki-Lubecki (1779-1846) ministre de l'économie en Pologne pour ne pas acquitter les taxes exorbitantes prélevées par la Prusse sur les marchandises venant de l'empire russe ? Il demande aux ingénieurs polonais, sous la conduite du colonel Ignacy Pradzynski de créer un couloir de transport entre la Pologne et la Lituanie. Le projet est de relier, par un canal, la Biebrza, affluent du Narew lui-même affluent de la Vistule, au port letton de Ventspils (395 Km) et de rendre ainsi la Pologne indépendante du port de Gdansk. Plus de 7000 travailleurs participent à la construction qui dure 15 ans. Interrompus pendant l'insurrection de 1830 les travaux reprennent sous la direction d'un ingénieur et général français Jan Chrzciciel de Granville Malletski et du colonel Rossman mais la section finale est abandonnée. Le canal ne sera qu'un lien entre la Vistule et le Niemen en Bielorussie (101,20 Km dont 79 en Pologne). attraction touristique recherchée. Il relie 7 lacs de moraine et 11 rivières, traverse la Puszcza Augustowska peuplée d'une faune diverse : invertébrés, reptiles, oiseaux (230 espèces), mammifères (46 espèces) et la vallée de la Biebrza royaume des oiseaux et des élans. Le canal est emprunté par toutes sortes d'embarcations : canoë–kayak, bateau de croisières, voiliers pour aller de lac en lac. Le long de l'ouvrage chemins de halage, rampes, routes et ponts permettent la circulation sur terre aux piétons et aux cyclistes. Chantal Bordenave-Mañkowska Cet ouvrage d’art suscita longtemps l’admiration par son gabarit : il pouvait accueillir des bâtiments de 40 mètres de long et 5 mètres de large et le modernisme de sa technique avec 18 écluses en pierres de taille dont 14 en Pologne. La particularité des écluses réside dans l'absence de crémaillère pour ouvrir ou fermer les portes, une poutre de bois permet en la poussant dans un sens ou dans l'autre de manœuvrer les portes sans faire le tour du sas. Ouvert en 1839, seulement quelques années avant l'avènement du chemin de fer, le canal sera rapidement dépassé. Depuis l'entre deux guerres il est une 11 Notez bien Le 14 décembre 2013 Noël et son marché de Noël proposé par l’école Polinka (Association Apolina) Ecole du Nord - 13 boulevard d’Arcole à Toulouse Renseignements : www.polinka.fr - tél : 06 64 21 19 74 Le 15 décembre 2013 à Mazamet Concert de clôture de la Semaine franco-polonaise de l'association Mazamet-Rybnik Czekają ąc na Bo¿ ¿e Narodzenie ” - En attendant Noël Le 16 janvier 2014 à 18 heures Soirée Kolę ędowanie Galette des Rois Salle Saint André – chemin Michoun à Toulouse – possibilité de stationnement Organisée par Les Amis de la Pologne membre du collectif des associations franco-polonaises de Toulouse Du 27 janvier au 2 février 2014 Festival Kinopolska – 6e édition Autour du cinéma de Roman Polañski Organisé par Apolina Du 24 au 28 mars 2014 23e édition des Semaines Polonaises Festin – Esthétiques du goût dans la littérature et les arts polonais Information : www.semainepolonaise.fr Fête Nationale de l’Indépendance de la Pologne Il y avait plus de 300 personnes rassemblées le 12 novembre, salle des Illustres du Capitole de Toulouse ; une réception à l’initiative d’Antoine Jankowski, pour la fête nationale de l’indépendance. Dans son discours d’accueil, Romain Cujives, conseiller municipal en charge des relations internationales à la mairie de Toulouse, a célébré l’amitié entre la Pologne et la France par ces paroles enthousiastes “A l’heure où la crise frappe l’Europe, en célébrant ce soir dans l’amitié et l’enthousiasme votre fête nationale, c’est un beau message de fraternité que nous envoyons à ceux qui doutent encore que, dans la solidarité, se trouvent les solutions aux problèmes d’aujourd’hui ” A son tour, Antoine Jankowski a accueilli ses invités “ Nous voici donc à nouveau réunis dans cette magnifique salle des Illustres pour célébrer la fête nationale polonaise. L’Armistice du 11 novembre 1918 a non seulement signifié l’arrêt de la première guerre mondiale mais également a permis à la Pologne de recouvrer sa souveraineté après plus d’un siècle d’absence sur la carte européenne ”. Il a évoqué la Pologne d’hier et d’aujourd’hui, les projets en cours, le rôle des associations franco-polonaises de MidiPyrénées et a terminé par un hommage vibrant à l’Europe qui nous réunit, en insistant sur la nécessité de poursuivre sa construction avant d’inviter l’assistance à écouter et chanter l’hymne national polonais “ Mazurek Dąbrowskiego ” Jean-Noël Dragon Les Amis de la Pologne N°41 Directeur de la publication : Jean-Noël Dragon Maquette : Georges Mańkowski ISSN 1639-21191 Les Amis de la Pologne Association loi 1901 - 57, rue Bayard, 31000 Toulouse. Adresse postale : 11, impasse des Roses 31290 Gardouch Président : Jean-Noël Dragon / Président d’honneur : Jacques Arlet Secrétaire générale : Dany Dragon / Trésorière : Claire Jeanpierre Conseillers : Pierrette Calmel, Aurélie Grignard, Alexandra Jaskiewicz, Kinga Joucaviel, Anna Masson, Véronique Olifirenko, Leszek Tabis www.lesamisdelapologne.net 12 A vous, fidèles Amis de la Pologne, nous offrons un bulletin en couleur, résultat de notre admission à l ’ACB
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