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Génération # 25 INTERVIEWS > Dossier spécial Le crédit impôt recherche vu par différentes fonctions dans l’entreprise Le projet européen Long life : une réussite pour l’INSA de Lyon Développement numérique et politique, vers un territoire participatif ? Innovation et traitement des cancers : l’hadronthérapie Financement de la recherche et de l’innovation Retours d’expérience Gérer un projet collaboratif de R&D : les clés Les missions CIR : du constat fiscal à la gestion active par la R&D Préparation d’une proposition avec Thomson Broadcast Points de vue Le service R&D: d’un centre de coût vers un centre de profit Projets collaboratifs de R&D : optimiser l’organisation interne pour une gestion optimale des financements publics Actualités sommaire # 25 Financement de la recherche et de l’innovation Interviews Le crédit impôt recherche vu par différentes fonctions dans l’entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Jérôme Chevalier - Responsable du groupe Céramiques et Composites et directeur adjoint du laboratoire MATEIS de l’INSA de Lyon – Projet Long life Le projet européen Long life : une réussite pour l’INSA de Lyon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Hervé Rasclard - Président du Pôle numérique Développement numérique et politique, vers un territoire participatif ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Professeur Jacques Balosso - Directeur du GCS ETOILE Innovation et traitement des cancers : l’hadronthérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Retours d’expérience Gérer un projet collaboratif de R&D : les clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Les missions CIR : du constat fiscal à la gestion active par la R&D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Préparation d’une proposition avec Thomson Broadcast . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Points de vue Le service R&D: d’un centre de coût vers un centre de profit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Projets collaboratifs de R&D : optimiser l’organisation interne pour une gestion optimale des financements publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 ACTUALITéS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Génération Kurt Salmon est édité par Kurt Salmon. SAS au capital de 8 491 000 euros. 433 224 847 RCS Nanterre. 159, avenue Charles-de-Gaulle, 92521 Neuilly-sur-Seine Cedex. Tél. standard : 01 55 24 30 00. Président et directeur de la publication : Chiheb Mahjoub. Responsable de la rédaction : Vincent Chaudel (01 55 24 31 79). Rédactrice en chef : Amandine Solanet (01 55 24 32 64). Mise en page : Valérie Klein, Domino (01 45 23 09 79). Crédits photo : Fotolia. Impression : Planète Graphique, Le Mesnil-Grémichon, 76160 Saint-Martin-du-Vivier. Parution et dépôt légal : 2012. Diffusion gratuite. ISSN : 1770-6041. Imprimé sur papier recyclé. © 2012 Kurt Salmon - Tous droits réservés - Domino 2 Génération Kurt Salmon # 25 25 # > Éditorial Bernard Desprez Directeur général France, Kurt Salmon En 2000, lors du sommet européen de Lisbonne, l’Union européenne s’est fixée comme objectif de devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Elle s’était dotée de moyens considérables en renforçant son outil de financement de la recherche et développement d’un budget à hauteur de 55 milliards d’euros pour la période 2007-2013. Dans ses dernières propositions, le Parlement européen propose de doubler le budget alloué, pour le prochain exercice 2014-2020, aux programmes européens de recherche et d’innovation, de manière à pouvoir faire face comme il convient à la crise économique actuelle et aux grands enjeux communs, mais aussi définir plus clairement le système général de financement et l’intégration approfondie de la recherche, de l’éducation et de l’innovation. La mise en application de ces orientations stratégiques pour la France s’est traduite, en sus des systèmes classiques de subvention de la recherche et de l’innovation via des dispositifs tels que les pôles de compétitivité et des organismes : OSEO, l’Agence nationale de la recherche…, par le développement du Crédit d’Impôt Recherche (CIR), moyen aujourd’hui qualifié d’outil « le plus puissant et performant au monde » et par la mise en œuvre du programme Investissements d’Avenir. Le CIR, c’est plus de 13 000 entreprises déclarant pour un montant d’aides à la recherche et au développement de l’ordre de 4 milliards d’euros (hors effets de mesures spécifiques de relance de l’économie). Cette politique volontariste a permis à la France de conserver, voire d’accroître son intensité de recherche (caractérisée par le pourcentage de dépenses de recherche versus le produit intérieur brut) de 2 % en trois ans dans les années de crise que nous avons connues et connaissons encore. L’avenir de l’emploi en France passe inévitablement par la recherche et le développement. Réduire les incitations financières aux entreprises pour la localisation de la recherche en France conduirait à une nouvelle fuite des cerveaux, à une réduction des emplois qualifiés… Cet environnement financier de la recherche se complète par des mutations profondes dans le système de recherche et d’éducation public, dans les collaborations privé-public, dans la protection de la propriété intellectuelle… De véritables stratégies pluriannuelles, techniques et financières, sont ainsi développées ou doivent être renforcées ou créées par les entreprises. La R&D a toujours été importante dans sa création de connaissances, elle devient vitale et stratégique pour la compétitivité des territoires. Compte tenu de l’actualité de ces sujets, il nous apparaît nécessaire de vous faire partager avant tout notre passion et notre expertise au service de la performance de cet écosystème si particulier de la recherche, du développement et de l’innovation et plus spécifiquement de son financement. A propos de Kurt Salmon Ineum Consulting et Kurt Salmon Associates se sont unis pour créer une organisation unique, intégrée et globale qui opère sur les 4 continents, sous une même marque : Kurt Salmon. Nos clients bénéficient de la spécialisation sectorielle et fonctionnelle de nos 1 400 consultants en stratégie, organisation et management. Dans un environnement de plus en plus complexe, nous sommes convaincus que nous ne devons pas nous contenter d’être un cabinet de conseil. Nous voyons notre rôle comme celui d’un partenaire de confiance, qui, aux côtés de ses clients, conçoit et met en œuvre les stratégies et les solutions les plus pertinentes, à la mesure de leurs ambitions. Forts de notre expérience, notre préoccupation permanente est de leur apporter des résultats mesurables et d’assurer le succès de leurs projets, de manière significative et durable. Notre signature : l’excellence dans l’exécution. Kurt Salmon est membre du Management Consulting Group (MCG Plc - Bourse de Londres). Pour plus d’informations, www.kurtsalmon.com Génération Kurt Salmon # 25 3 interviews Le crédit impôt recherche vu par différentes fonctions dans l’entreprise Les entretiens croisés sur le CIR sont d’une grande richesse à l’image du dispositif qui touche toutes les fonctions de l’entreprise depuis la recherche jusqu’à la finance en passant par les achats, les ressources humaines ou encore la production – industrialisation, la veille technologique… Interview de Jérôme Alieu et Pascale Bruckel Les relations entre fisc et entreprises sont encore souvent d’une nature telle que nous préférons communiquer nos résumés d’interviews de manière anonyme. Les questions portant sur des sujets d’actualité (niches fiscales par exemple, ou encore budget de l’Etat), les réponses sont empreintes de prudence. Certaines des réponses feront l’objet de propositions d’amendements des différents textes de loi. Ces retours sont issus de groupes, ETIs ou PMEs représentatifs des entreprises en France (différents secteurs industriels, entreprises autonomes, structurées et internationales…). Ces retours sont enfin issus de personnels dont les fonctions sont les suivantes (contributeurs majeurs dans un processus CIR) : directeur de R&D, directeur administratif et financier, responsable du financement de la R&D et acheteur. Les contributeurs : • Directeur administratif et financier (DAF) : le responsable du CIR devant l’administration. Notre interviewé est DAF d’un grand groupe français sur un secteur d’activité ultra concurrentiel voyant naître de nouveaux acteurs forts en Chine et en Amérique du Sud. Ce groupe est un acteur mondial dans les médias. • Responsable de la gestion stratégique de la R&D (Gestion R&D) : une des fonctions développées pour mieux gérer la recherche via son financement, ses projets collaboratifs, ses programmes pluriannuels… Plusieurs de nos clients ont développé cette fonction à la frontière entre technique et finance, à l’image du CIR. Nos interviewés se trouvent dans des ETIs et des PMEs indépendantes ou intégrées à des groupes internationaux. 4 • Directeur R&D (Dir. R&D) : Une fonction essentielle pour l’avenir de l’entreprise par le biais des innovations, des stratégies à long terme… Le directeur R&D intègre dans son rôle les dimensions scientifiques, humaines, financières et relationnelles. Notre interviewé intervient dans un secteur relativement protégé de la concurrence internationale (marché français spécifique). • Acheteur : La fonction achat - comme écrit ci-dessus - intervient dans le processus CIR tant dans les actions de soustraitance, les partenariats, les négociations sur la propriété intellectuelle… que sur les prestations de conseil sur le CIR. Notre interviewé travaille dans un grand groupe dont une partie des activités est soumise aux contraintes Défense. Les services R&D : centres de coûts ou centres de profits ? DAF : Les services de R&D sont à la fois des centres de coûts et des centres profits. La perception se heurte à des notions d’échéance et de trésorerie. Dans l’immédiat, la R&D est un centre de coûts mais elle génère à moyen et long termes d’importants profits. Une société a obligation d’innover et de développer de nouveaux produits ou de nouveaux services. Le CIR a profondément modifié la perception des services de R&D sur cet angle de vue de la valorisation des activités. On a dépassé le besoin d’innover pour l’entreprise, soumise aux aléas économiques, pour aller vers des stratégies de recherche pluriannuelles constantes. On est passé d’une recherche opportuniste à une recherche prospective. La trésorerie des services R&D, épaulée en partie par le CIR, est également supportée par des financements complémentaires. Aujourd’hui, nous avons des moyens financiers de soutien à la recherche, en phase avec le terme des projets : la recherche amont, de long terme, soutenue par le CIR (le CIR pouvant dans le pire des cas s’obtenir après 3 ans); la recherche de moyen terme, avec les subventions (pouvant être versées dans de courtes durées); la recherche de court terme, avec les fonds propres. Gestion R&D : Les services R&D disposent de différents moyens de financement comme les subventions ou le CIR, pour nous, en gestion centralisée. Nous Génération Kurt Salmon # 25 Le CIR et le budget de la R&D dans votre entreprise DAF : En lien avec les normes IFRS, le CIR est comptabilisé dans les produits d’exploitation. Cette action de comptabilisation a eu un effet puissant sur la motivation des services R&D. Le CIR est maintenant intégré dans les décisions des services produisant de la recherche. Cette comptabilisation est clé dans l’entreprise. La motivation et la dynamique technique, la valorisation financière et les enjeux budgétaires… ont permis de sauver une grande partie de la recherche localisée en France et d’influer en faveur de la France des décisions de localisation. pourrions qualifier ces flux entrants pour la recherche. Nous n’avons pas développé de nouvelles solutions de vente de notre recherche (vente de savoirs ou de savoir-faire, par exemple) hormis des actions de cession de licences (solutions de flux sortants). Dir. R&D : Je milite pour que mon service ne soit pas seulement vu sous l’angle d’un centre de coûts pour éviter des coupes sombres dans les budgets lors d’arbitrages financiers. Démontrant les gains concurrentiels et financiers à court et long termes, nous pouvons inverser l’appréciation de notre activité empreinte d’incertitudes quant au retour sur investissement. De plus, pour les équipes de chercheurs, il est important de valoriser leur travail par des résultats financiers en complément des valorisations techniques (brevets, conférences…). Aujourd’hui, nous cherchons de nouveaux moyens de valorisation des activités dans un objectif premier de stimulation de la créativité. Acheteur : Notre service n’a pas la visibilité sur les bénéfices réalisés par les équipes de R&D. Néanmoins, cette question est inédite et peut nous amener à changer de perception sur ces services. Ne pourrait-on vendre notre expertise ? D’un point de vue des coûts de recherche, nos services achats ont été sensibilisés aux opportunités du CIR. Si votre fournisseur est agréé, alors le coût réel d’une prestation éligible est diminué de 30 % ; si votre fournisseur est public, pour une même activité, le coût final est réduit de 60 %. Ces potentiels sont donc intégrés dans nos démarches (négociations, choix du fournisseur…) pour réduire les coûts des services R&D. L’exemple suivant est révélateur de l’impact du CIR. Nous envisagions d’initier des activités de R&D en Chine pour répondre aux contraintes spécifiques de nos clients locaux. Mais les conditions d’emploi, parfois favorables, de ce pays (salaires des ingénieurs, par exemple) n’ont pas pesé dans la balance face au potentiel de recherche en France (soutenu notamment par le CIR). Le CIR a permis de conserver et d’accroître la R&D en France. Le CIR permet d’écarter les considérations primaires de salaires pour se focaliser sur les ressources humaines (compétences, savoirs-faires, turn-over…). Gestion R&D : Le dispositif CIR ainsi que les subventions R&D sont partie intégrante de la stratégie R&D de l’entreprise. Ces aides à la recherche impactent fortement et directement la prise de décision de nouveaux projets. Ainsi, nous procédons à une présentation annuelle du CIR aux équipes R&D en exposant les enjeux et objectifs tant techniques que financiers. Montant total des aides à la recherche et projections pluriannuelles (estimations) par sous-groupes de R&D sont montrés et discutés dans les phases budgétaires pour planifier les activités, lancer des programmes de recherche… D’un point de vue de l’organisation, nous avons opté pour une gestion opérationnelle centralisée sur une équipe dédiée à la gestion des projets collaboratifs et du CIR (avancement des projets, relations avec l’administration, plans de financement…). La taille de l’entreprise (une grosse PME) conduit à une gestion financière également centralisée (pas de rétrocession sur les centres de coûts) mais la communication transparente vers les équipes contributrices permet une appropriation du dispositif par ces mêmes équipes (négociation Génération Kurt Salmon # 25 5 interviews des budgets R&D en prenant en compte les prévisions CIR et subventions, par exemple). Néanmoins, aujourd’hui, nous sommes soumis à l’appréciation de l’éligibilité technique par un expert (avis non opposable) du Ministère de la Recherche. L’éventuelle différence d’appréciation du caractère éligible amène donc une notion de risque sur les projections budgétaires. Dir. R&D : Dans ma démarche de valorisation, j’ai souhaité que les résultats de CIR soient exposés à mon service. L’effet a été quasi immédiat. Des initiatives ont émergé tant sur le lancement de projet, en incluant dès l’origine les critères d’éligibilité du CIR, que sur le suivi des temps passés (détail des activités par projet…). Ainsi, non seulement le CIR a permis d’améliorer notre budget et notre visibilité dans l’entreprise mais, de plus, il a permis de structurer nos activités et de motiver nos équipes. Acheteur : Dans l’absolu, il semble intéressant d’informer les équipes des gains qu’elles peuvent obtenir. Nos équipes ont été re-sensibilisées récemment et nous sentons bien, côté achat, que le CIR est d’autant plus intégré dans leur démarche de sélection des fournisseurs. Enfin, un budget, quelque soit le service devrait tenir compte de toutes les dépenses ou recettes associées aux activités. Le CIR, les subventions, les royalties… devraient revenir vers l’initiateur de la démarche pour qu’il puisse mesurer sa contribution et motiver de nouvelles initiatives. « Dans ma démarche de valorisation, j’ai souhaité que les résultats de CIR soient exposés à mon service. » Attendez-vous encore des évolutions majeures du dispositif CIR ? Si oui, lesquelles ? DAF : Non. L’Etat a fait un important effort budgétaire en 2008 et, aujourd’hui, nous sommes solidaires de l’effort de contrôle des dépenses publiques. Néanmoins, nous souhaiterions des améliorations de procédures. La stabilité est vitale et primordiale pour la projection des engagements de recherche. Comment effectuer un programme pluriannuel de recherche sans une visibilité de son financement ? Les améliorations procédurales ou remarques : • Un financeur ne peut pas être contrôleur (partialité). L’unicité de la responsabilité 6 sur le CIR n’est donc pas souhaitable. Il en est ainsi, à ce jour, pour le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui voit son budget diminuer par le CIR et doit prononcer (fréquemment) l’éligibilité des projets. • La formation au contrôle des acteurs du MESR est fondamentale. Elle permettra de développer un esprit fairplay lors des contrôles et non pas destructif. Gestion R&D: Non. Il est essentiel pour les personnels des équipes de R&D de pouvoir se projeter sur des échéances équivalentes à celles des programmes de recherche pluriannuels. Les évolutions procédurales souhaitées pourraient être : • Une procédure de revue d’éligibilité technique et financière par projet, hors contrôle complet. L’échantillonnage des projets permettrait à l’administration de réaliser plus de contrôles et réduirait les dépenses d’énergie et de temps par les personnels de l’entreprise. • Des durées de procédures plus courtes (agrément société, notamment). Comment intégrer les éventuelles dépenses en sous-traitance quand la réponse du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche se fait attendre sur plusieurs mois malgré le renforcement des équipes d’experts habilitées. Dir. R&D : Les définitions des activités techniques éligibles sont relativement complexes et sujettes à interprétations. Par contre, les caractéristiques de projets éligibles au CIR sont quasi identiques à celles observées pour les projets subventionnés (en national ou au niveau européen). Ces deux points nous amènent à formuler plusieurs propositions mineures (car ne touchant pas au mode calculatoire) de modification technique du CIR : • Dès lors qu’un projet a été validé par un comité d’experts scientifiques pour l’obtention d’une subvention recherche, pourquoi ne pas le considérer sans ambiguïté comme éligible au CIR ? • Les projets subventionnés, les projets de nos collègues anglais… sont évalués sur des référentiels différents. Pourquoi ne pas avaliser le manuel de Frascati comme référence unique ? • Lors de contrôles fiscaux sur le CIR, un expert du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche émet un avis sur l’éligibilité des projets. Un de mes collègues directeur R&D m’informe qu’il n’a pas eu de retour détaillé de l’expert sur sa position. Comment, alors, ajuster son approche du CIR ? L’avis de Génération Kurt Salmon # 25 l’expert devrait être motivé et détaillé pour que nous tous (déclarants, contrôleurs, chercheurs…) puissions atteindre l’équilibre sur le CIR. Acheteur : Sur le point des achats de prestations R&D, nous sommes confrontés aux conditions difficiles d’attribution ou de renouvellement d’agrément. En effet, le délai d’instruction des dossiers peut parfois être relativement long ; ce qui complique nos échanges avec ces fournisseurs en attente de statut. Ce statut peut encore influer sur la gestion des ressources pour répondre au besoin interne. Si la prestation n’est pas diminuée du CIR potentiel alors ne doit-on pas effectuer les activités en interne ? Nous souhaiterions donc : • Que le délai d’instruction pour le renouvellement soit inférieur à 1 mois, ou bien. • Que l’agrément soit octroyé pour une période de 5 ans - aujourd’hui, l’agrément est donné pour deux ans. Donc, tous les deux ans, nos fournisseurs et nous-mêmes attendons que l’expert statue sur ce dossier de renouvellement déjà lourd (à priori) à constituer. La nouvelle disposition fiscale sur la rémunération des prestataires CIR a-telle modifié votre gestion du projet d’entreprise CIR ? DAF : Non. Au fil du temps, nous avons abouti à une rémunération forfaitaire représentative du temps passé réel de notre prestataire sur la mission. La tendance était, de plus, naturelle pour mieux contrôler les coûts ou encore la visibilité des honoraires. Bien que ma société ne soit pas impactée par ces changements législatifs, nous approuvons le contrôle des rémunérations abusives de certains cabinets spécialisés. Gestion R&D : Oui. Notre processus de sélection du prestataire inclut dorénavant le mode de rémunération dudit prestataire. Dir R&D : Non. Ce point a été traité par l’acheteur. Pour ma part, j’ai été beaucoup plus sensible aux profils techniques des personnels de nos prestataires prétendants. Le point de départ du CIR, c’est bien la technique. Si le prestataire n’est pas technique alors il rate le démarrage du projet. Si le prestataire n’est pas technique, comment peut-il défendre la base ou encore les fondations du CIR ? Acheteur : Notre prestataire actuel, conscient par anticipation des changements profonds qu’apporterait la réforme de 2008, nous propose une rémunération lisible et compréhensible basée sur un temps de travail et un forfait journalier. C’est probablement l’un des seuls aujourd’hui à montrer cette honnêteté intellectuelle et collaborative sur le marché du conseil en CIR. Nous ne pouvons, en tant qu’acheteur, que regretter de voir que la régulation du marché soit arrivée par le législateur et non pas par une régulation commerciale. D’un autre côté, nous comprenons la régulation législative face aux abus de cabinets peu scrupuleux. Tout acheteur souhaite comprendre la construction d’une offre de services : quantité, forfaits… A l’échelle de votre société et/ou à l’échelle nationale, quels sont pour vous les bénéfices sociétaux du CIR ? DAF : Le CIR, en réduisant le coût d’un chercheur ou en permettant d’absorber un taux de change €/$ très défavorable, est un élément clé pour que les entreprises maintiennent leurs équipes de R&D en France. Ces dernières années, la crise économique a engendré une forte baisse dans les activités R&D mondiales. Comme le montre le WIPO (World intellectual property indicators), les entreprises leaders de notre secteur d’activités ont réduit leurs coûts de R&D de 10 à 20 % en moyenne sur 2008-2009. Contrairement à cette tendance et dans l’intérêt de reconquête technologique, le CIR a permis de maintenir l’effort de R&D en France. Nous sommes portés par une culture d’innovation appuyée d’une organisation dédiée R&D. Soutenant vivement l’implantation de la recherche scientifique en France, notre groupe a ouvert un centre de recherches à Paris en 2006. Le pays, fort de ce nouveau pôle et conjointement avec celui existant en province, rassemble Génération Kurt Salmon # 25 7 interviews environ la moitié de nos chercheurs. Parmi ceux-ci, approximativement 50 % sortent d’écoles d’ingénieurs comptant parmi les plus prestigieuses de France et d’Europe, et plus d’un tiers sont titulaires d’une thèse. Nous collaborons avec plus de 10 partenaires académiques en France et suivons en moyenne 30 thésards par an. Nos chercheurs s’illustrent régulièrement dans les conférences les plus renommées du monde et représentent notre entreprise et notre pays dans des organismes de normalisation d’importance stratégique. Gestion R&D : Le CIR, pour notre groupe, est fondamental sur l’emploi en France, le maintien du niveau de R&D et le développement de l’innovation. Notre avenir industriel tient pour beaucoup à l’innovation sur nos produits permettant de maintenir notre avance technologique dans un contexte ultra concurrentiel. Nous n’avons pas recruté de jeunes docteurs. Ce dernier acte d’emploi n’est pas motivé par la déduction fiscale, en première approche, mais bien par la compétence. Dir R&D : Notre activité et notre marché sont relativement centrés sur la France. Le CIR, dans la comparaison avec nos concurrents français, n’apporte pas de différenciation financière (nos concurrents français bénéficient aussi du CIR). Par contre, le CIR est semble-t-il un pare-crise et nous protège encore de la concurrence internationale à bas coût. En effet, malgré la crise financière, malgré la poussée technique des pays émergents, notre investissement de recherche reste constant, voire, progresse un peu. Au-delà de ce protectionnisme relatif, le CIR nous a permis de nouer des liens plus nombreux avec le public et plus largement le tissu technique de notre région. Ce dernier point a été notamment facilité par l’implication des organisations publiques comme les pôles de compétitivité, OSEO… mais également par l’implication de syndicats professionnels. Acheteur : Notre service ne mesure pas directement les bienfaits sociétaux du CIR. Nous notons, néanmoins, une dynamique plus forte autour de la R&D via les passages de commandes vers des fournisseurs agréés, les relations privé–public… De plus, nous constatons une effervescence médiatique convergente pour une pérennisation du dispositif ; pérennisation « Le CIR, pour notre groupe, est fondamental sur l’emploi en France, le maintien du niveau de R&D et le développement de l’innovation ». 8 que nous soutenons pleinement en cohérence avec celle, nécessaire, des relations clients-fournisseurs. L’un des objectifs du CIR était de favoriser les relations privé/public. Qu’en est-il pour votre entreprise ? DAF : Notre entreprise a noué de longue date des liens forts avec le public indépendamment de considérations financières. La démarche a été initiée et perdure car elle est associée à notre volonté d’intégrer de nouvelles recrues apporteuses de nouvelles solutions technologiques. De plus, le CIR est un très fort levier pour encourager ces relations avec le public. Notre entreprise confie environ 300 k€ par an d’activités à des organismes publics, supporte deux pôles de compétitivité (fondateur et présidence), recrute plusieurs jeunes docteurs, intègre de très nombreux stages de fin d’études et de thèses (une trentaine de thèses financées par an). Néanmoins, la logique de collaboration avec le public n’est pas, en premier ordre, tirée par le coût mais motivée par la complémentarité des compétences et connaissances. Enfin, les freins à des collaborations plus actives peuvent encore se trouver dans un sentiment d’inefficience du service rendu par ces organismes publics (lenteur, pertinence des services…). Gestion R&D : D’un point de vue des relations avec les organismes publics, le CIR est un puissant outil pour accroître les échanges scientifiques. Cela a permis, pour notre structure, d’augmenter les relations avec le public mais dans des proportions encore faibles en lien avec la faible adéquation de compétences entre le tissu universitaire et notre métier ultra spécifique et multi-domaines scientifiques. Un effet frein de ces collaborations réside dans les modes indirects de financement des universités. Ces dernières peuvent parfois utiliser les moyens de financement des entreprises privées pour répercuter une part des gains potentiels sur leur facturation. Dir R&D : Nous avons développé de nombreux contacts utiles avec les universités de notre région. Nous avons réalisé des projets de développement en partenariat avec des laboratoires (via les cellules de valorisation). Par contre, le tissu universitaire régional ne répond pas forcément à tous nos besoins de compétences techniques. Notre difficulté se trouve alors dans la recherche de partenariats nationaux ou internationaux susceptibles de répondre à nos spécificités techniques. Génération Kurt Salmon # 25 Dans toutes les démarches de recherche de compétences externes, la priorité est donnée à des collaborations vers le public en regard des avantages financiers du CIR. Un frein à l’accroissement des collaborations serait les conflits d’intérêt de valorisation des résultats. Les cellules de valorisation et les laboratoires ont des objectifs de valorisation (financiers, brevets…) qui peuvent interférer avec nos intérêts économiques. Acheteur : Nous mesurons un accroissement de commande vers le public ou, à tout le moins, un accroissement de la recherche de solutions d’externalisation vers du public. Nous sommes néanmoins, et ce malgré les sociétés de valorisation des activités publiques, confrontés à une relative lourdeur dans la relation commerciale : délai de signature, difficulté d’accord sur la propriété intellectuelle, négociations sur les coûts… Les sociétés de valorisation ont apporté une nette amélioration dans le processus d’achat mais ont également apporté des coûts supplémentaires et des distorsions dans l’échange commercial par l’intégration du CIR dans leur prix de vente, par exemple. Retours sur l’intervention des équipes de Kurt Salmon. Le choix de Kurt Salmon a été motivé par une relation qui n’est pas uniquement financière : connaissance des domaines techniques et connaissance de l’environnement de l’entreprise, honnêteté intellectuelle, transparence commerciale… L’état d’esprit a été essentiel dans notre décision : partage méthodologique, volonté positive et réactivité, investissements personnels dans le moyen terme. Nous souhaitons faire un lien humain et professionnel avec le fournisseur (dialoguer, challenger son client et soi-même dans la relation…). Enfin, le CIR ce n’est pas un coup financier, mais un moyen de bâtir une stratégie de recherche et de développement de l’entreprise. L’équipe CIR de Kurt Salmon s’inscrit dans ce registre. En savoir plus : Jérôme Alieu, [email protected], Pascale Bruckel, [email protected] Jérôme Chevalier, responsable du groupe Céramiques et Composites et directeur adjoint du laboratoire MATEIS de l’INSA de Lyon – Projet Long life Interview de Rachel Champeymond, Patricia Ho Hune et Mikaël Guerrero Le projet européen Long life : une réussite pour l’INSA de Lyon Jérôme Chevalier, responsable du groupe Céramiques et Composites et directeur adjoint du laboratoire MATEIS de l’INSA de Lyon nous présente comment le projet collaboratif européen Long life soumis en avril 2011 en réponse à un appel à projets du septième programme cadre de recherche et développement, a pu obtenir le cofinancement de la Commission européenne pour des recherches innovantes sur de nouveaux implants dentaires et intervertébraux en céramiques. (grandes sociétés et PMEs) souhaitant améliorer les propriétés d’implants céramiques pour une meilleure fiabilité. Motivés par les risques et les coûts associés à la chirurgie de révision de prothèses (coût de 50 000 euros et 3 % de risque de décès), et en raison des problèmes liés à l’usure de celles-ci, les implants céramiques ont un fort potentiel de développement. Comment est né le projet Long life ? En quoi consiste t-il ? Leur neutralité chimique et leur composition, voisines de celles des tissus osseux, permettent aux céramiques de conserver leurs propriétés une fois implantées dans l’organisme, et ainsi d’éviter les rejets. Le projet Long life est né suite aux demandes de plusieurs entreprises Les têtes fémorales en céramique sont utilisées dans les prothèses totales de Génération Kurt Salmon # 25 9 interviews Jérôme Chevalier en bref • Directeur adjoint du laboratoire MATEIS, qui bénéficie d’une cotutelle INSA-UCB. Le laboratoire MATEIS est aussi une unité de recherche du CNRS - UMR-5510 - et comprend environ 150 personnes. Ce laboratoire traite de recherches dans le domaine des matériaux pour des applications dans les domaines de la santé, de l’aéronautique, des transports, de l’énergie ou des nanotechnologies. • Responsable du groupe Céramiques et Composites composé de 35 personnes, dont 15 enseignants-chercheurs et chercheurs CNRS, 17 doctorants et post-doctorants, ainsi que 3 personnels administratifs, au sein de MATEIS. • Auteur de plus de 115 publications internationales et est reconnu au niveau mondial pour ses recherches sur les céramiques (citées plus de 1 800 fois dans les articles scientifiques). • Dates 2011 : éditeur de la revue scientifique Journal of the European Ceramic Society 2009 : membre de l’Institut universitaire de France (IUF) 2004 : nommé professeur à l’INSA de Lyon à 33 ans, l’un des plus jeunes professeurs des universités 2001 : reçoit l’habilitation à diriger des recherches (HDR) 1997 : nommé maître de conférences à l’INSA de Lyon 1996 : ingénieur de recherches chez Saint-Gobain 1992-1995 : doctorat avec bourse CIFRE en collaboration avec Saint-Gobain hanche depuis les années 1970. Bien que des études cliniques aient confirmé les avantages de ces têtes fémorales, des résultats cliniques ont également montré que les fractures des têtes céramiques constituaient un problème majeur. Pour réduire ce risque, la céramique de zircone a été introduite depuis 1985, forte de son inertie chimique qui assurait une innocuité vis-à-vis de l’organisme. En effet, les prothèses céramiques en zircone génèrent beaucoup moins de débris que les autres prothèses (donc moins de problèmes de santé causés par des réactions dus aux débris). Cependant, au cours du temps, des problèmes de durabilité des prothèses orthopédiques sont apparus chez les personnes équipées de ces éléments. Ce sont ensuite les dentistes qui ont recommencé à développer le matériau céramique zircone pour les prothèses dentaires. La zircone a la préférence des praticiens, car combinée à des traitements de surface, elle permet d’améliorer l’aspect esthétique de la prothèse. De plus, les zircones (ZrO2) présentent une bonne tolérance biologique, et de meilleures propriétés mécaniques, et permettent ainsi d’envisager la mise au point de petits éléments demandant une grande fiabilité. 10 Dans le domaine dentaire, la céramique de zircone est donc un matériau très demandé, puisque celui-ci permettrait de remplacer le titane à terme et ainsi éviter la présence de métal dans les mâchoires. Actuellement, les implants en zircone représentent 2 % du marché, puisque l’implant en titane est le plus couramment utilisé, pour des raisons financières. Néanmoins, une forte augmentation du marché des céramiques en zircone est attendue pour les dix prochaines années. Pour répondre aux besoins de l’industrie des implants dentaires et lombaires en développant des céramiques en zircone plus fiables, et dans le but d’évaluer la stabilité de ces implants, le projet Long life a été proposé. Ainsi, ayant ciblé l’appel à projets Cooperation dans la thématique Nanotechnologies, Matériaux et Production du 7 e programme cadre de recherche et développement de la Commission européenne, l’INSA de Lyon a proposé à des industriels, des PMEs et des chercheurs académiques spécialisés dans les céramiques de participer au montage du projet européen Long life. Tous les partenaires impliqués apportent des compétences spécifiques au projet. D’autre part, l’équipe Céramiques et Composites de l’INSA avait déjà fait partie du projet collaboratif européen NANOKER de 2004 à 2009, et avait déjà collaboré avec certains de ces partenaires. Comment avez-vous organisé le projet ? Le projet Long life a été construit afin de répondre aux critères et objectifs établis par la Commission européenne. Ainsi les activités scientifiques et technologiques ont été structurées pour permettre les synergies et l’atteinte des cibles fixées dans le projet, permettant ainsi de proposer un projet ambitieux pour la production d’implants céramiques en zircone plus fiables et plus résistants in vivo. Le projet est donc composé de huit groupes de travail pour assurer une mise en œuvre fonctionnelle du projet. L’activité de coordination du projet vient en soutien aux six groupes de travail techniques, et à l’activité de dissémination pour la valorisation de Long life auprès de la communauté scientifique et le public en général. Quels sont les atouts du projet Long life ? Long life répond à une réelle attente du marché des implants céramiques et Génération Kurt Salmon # 25 Structure du projet Long life MANAGEMENT INSA-KURT SALMON NEW MATERIALS - Nanopowder engineering: POLITO, PCT - Zirconia-based nanocomposites: POLITO, INSA - Materials characterization: NEW MULTIFUNCTIONAL Mechanical:INSA DENTAL AND SPINE IMPLANTS Phase stability:UTRIESTE Biological:UKL-FR ASSESSMENT Accelerated tests of implants: Mechanical: INSA, KISCO, ANTHOGYR, UKL-FR Physico-chemical:UTRIESTE NEW SURFACES - Surface engineering: SWEREA, NTTF - Surface characterization: Mechanical:SWEREA, INSA, NTTF Biological:UKL-FR -Implant design and prototyping: DMC, KISCO, ANTHOGYR CERAMIC-ORIENTED DESIGN -Implant PRODUCTION: DMC, KISCO, ANTHOGYR - Computer-asisted design and modeling: AKEO+ DISSEMINATION INSA-KISCO permettra de développer des matériaux fiables pour la production d’implants de haute qualité. Les prothèses réalisées à partir de ces matériaux plus performants pourront ainsi durer beaucoup plus longtemps une fois utilisées chez des patients. Le projet cible les implants dentaires et intervertébraux lombaires en premier lieu, mais d’autres types de prothèses peuvent également être envisagées par la suite (hanche, genou, épaule, etc.). Par conséquent, les résultats du projet pourraient potentiellement contribuer à améliorer la santé de millions de patients ayant recours à des prothèses. D’autre part, le projet répondait à un appel à projet ciblé vers les PMEs. Avec cinq PMEs impliquées et 44% du financement leur étant dédié, Long life a su mettre en avant l’étroite collaboration entre ces PMEs et les chercheurs industriels et académiques pour mener à la création des nouvelles connaissances pour le développement des matériaux en zircone. Ce projet participe donc aussi au développement des PMEs européennes, et au renforcement de l’industrie des céramiques dans un fort contexte SWEREA IVF Kurt Salmon INSA Lyon, ANTHOGYR, KISCO, AKEO PLUS Politenico di Torino, Universita Degli Studi di Trieste Plazma Keramika Tecnologija DOCERAM Medical Ceramics, Universitaetsklinikum Freiburg concurrentiel de la part des pays d’Asie. Long life contribuera aussi à la construction d’un noyau de spécialistes européens des technologies médicales dans le domaine des implants dentaires et lombaires, ces derniers étant deux marchés mondiaux en pleine expansion. Par ailleurs, le partenariat de ce projet réunit les compétences techniques complémentaires nécessaires, à la réalisation des innovations techniques, et à la réussite du projet au regard de la Commission européenne. • INSA Lyon apporte son expertise des céramiques en zircone pour les applications biomédicales, et possède une longue expérience des tests mécaniques sur céramiques. • D OCERAM Medicals Ceramics produit les pièces céramiques en zircone au niveau industriel et apporte son expertise de production des implants céramiques pour les applications biomédicales dans le domaine dentaire notamment. • ANTHOGYR est spécialisé dans le design et le marketing des implants dentaires. • KISCO est spécialiste du design et du marketing des implants lombaires. • SWEREA apporte son expertise des procédés céramiques, des modifications de surface et variations de morphologie. • NTTF est spécialisé dans les fonctionnalisations chimiques et modifications de surface des implants biomédicaux. • Akeo Plus est spécialisée dans la modélisation des implants pour les applications biomédicales. • L’Université Polytechnique de Turin (Politecnico di Torino) fournira les nanopoudres céramiques qui auront été préparés au niveau du laboratoire. • L’Université de Trieste (Universita Degli Studi di Trieste) contribuera à la caractérisation des matériaux céramiques produits. • L’université clinique de Fribourg procédera aux tests de biocompatibilité et aux études cliniques des matériaux produits • Plasma & Ceramic Tehnologies (Plazma Keramika Tehnologija) se chargera de la fabrication des nanopoudres de zircone Kurt Salmon accompagnera le coordinateur INSA Lyon pour la coordination administrative et financière du projet. En outre, il est à noter que ce consortium regroupe des chercheurs académiques reconnus au niveau international. Génération Kurt Salmon # 25 11 interviews Il comprend également avec DOCERAM un acteur industriel important dans l’expertise des céramiques pour les applications médicales. De plus, les PMEs participantes sont résolument tournées vers des stratégies d’innovation avec des approches de développement originales pour de nouveaux produits. Toutes les compétences sont ainsi rassemblées pour mener le projet au succès. Quelles ont été les principales difficultés rencontrées dans ce projet et comment les avez-vous résolues? La principale difficulté a consisté à trouver un partenaire répondant à une expertise manquante dans le projet. Il a fallu chercher assez longuement un fabricant européen de nanopoudres. En effet, dans ce domaine, les japonais sont les leaders mondiaux. Cependant il nous fallait trouver un fabricant en Europe, et grâce à la Commission européenne, nous avons pu contacter la PME lettonienne Plasma & Ceramic Technologies qui nous a rejoint dans ce projet pour la synthèse de nanopoudre à façon. D’autre part, un élément à prendre en considération pour le montage de projets européens, concerne les délais entre l’ouverture de l’appel à projets, la soumission du projet et l’acceptation du projet par l’autorité de financement. L’appel à projet est ouvert pendant trois mois et toute la structure et le contenu du projet doivent être planifiés pour la soumission. Cette soumission de projet nécessite donc une disponibilité conséquente pour la rédaction du dossier et la coordination des activités et des tâches avec les partenaires. De plus, il faut compter en général onze mois entre l’ouverture d’un appel à Long life en bref Coordinateur du projet Jérôme Chevalier Laboratoire MATEIS, INSA Lyon Tel: +33 (0)4 72 43 61 25 [email protected] Partenaires INSA Lyon (France), Doceram Medical Ceramics (Allemagne), Akeo Plus (France), NTTF Coatings (Allemagne), Kisco (France), Anthogyr (France), Politecnico di Torino (Italie), Universita degli Studi di Trieste (Italie), Swerea IVF (Suède), Universitaetsklinikum Freiburg (Allemagne), Plazma Keramika Tehnologija (Lettonie), Kurt Salmon (Luxembourg). Durée : 42 mois Programme de financement : FP7-NMP Coût total : 5 557 540 € Contribution CE : 4 000 000 € 12 projet et le début d’un projet européen co-financé. Pour assurer la coordination entre les acteurs multiculturels du projet, l’INSA de Lyon a souhaité bénéficier de l’accompagnement d’experts du montage et de la gestion de projets européens au travers du cabinet de conseil Kurt Salmon, puisque le laboratoire n’avait pas l’habitude de piloter un projet européen avec de multiples nationalités. Quelles sont, selon vous, les principaux ingrédients à ne pas oublier lorsque l’on part dans une aventure européenne ? La préparation et la mise en place d’une proposition de projet européen demande du temps, et il faut pouvoir organiser son agenda pour être disponible sur le pilotage et la rédaction du document technique à soumettre. Ma décharge d’enseignement (assuré principalement à l’INSA, mais aussi plus ponctuellement à Grenoble INP, Polytech Grenoble, Hôpital Edouart Herriot, Faculté de Pharmacie de Lyon, ESIREM Dijon) grâce à ma nomination à l’Institut Universitaire de France m’a réellement permis de me focaliser sur ce projet. Sans cette décharge, la réalisation d’un tel projet m’aurait été plus difficile. Plus généralement, comment voyez-vous évoluer le financement des projets de recherche dans les prochaines années ? Je pense que les financements de projets d’innovation par les organismes institutionnels publics restent très intéressants pour le développement de l’espace de recherche européen. Les projets de recherche déposés auprès des autorités de financement répondent à un réel besoin économique et stratégique, et il est important de pouvoir s’adresser à différents bailleurs de fonds pour assurer l’évolution des progrès technologiques et la pérennité de la stratégie d’innovation au niveau européen. Par ailleurs, les partenariats PublicPrivé sont aussi amenés à croître dans les prochaines années, et le déploiement de cet instrument de développement permettra de renforcer la coopération entre les entreprises et le secteur public. En savoir plus : Rachel Champeymond, [email protected] Mikaël Guerrero, [email protected], Patricia Ho Hune, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 Hervé Rasclard, Président du Pôle numérique Interview de Mikaël Guerrero Jennifer Shaw Taberlet et Jean Trimbour Développement numérique et politique, vers un territoire participatif ? Association loi 1901 établie à Valence, le Pôle numérique est une structure d’intérêt général fonctionnant sur fond public lui permettant d’assurer ses missions en toute neutralité, parmi lesquelles observer, anticiper, élaborer, diffuser, impulser et accompagner. Les actions du Pôle numérique, en concertation avec les acteurs institutionnels, les collectivités, associations et entreprises, contribuent à l’intégration numérique de la Drôme dans la Société de l’Information et des Connaissances. Kurt Salmon a accompagné le Pôle numérique dans la construction du projet structurant de services OASIS. Retour sur cette initiative avec le Président du Pôle numérique, Monsieur Hervé Rasclard. Dans quel contexte ce projet s’inscrit-il? L’évolution numérique est rapide et induit progressivement un déplacement de la valeur des matériels et des infrastructures vers les services et les données. Trois révolutions informatiques peuvent être identifiées, la première étant celle du PC individuel (IBM), la deuxième celle du logiciel (Microsoft). Aujourd’hui, à l’heure de la troisième révolution numérique, c’est la donnée qui est la clé, comme illustré par les phénomènes Google et Facebook. Or, à chaque étape, la valeur est concentrée par quelques multinationales face à la puissance publique. Ce phénomène de centralisation n’a jamais été aussi critique qu’aujourd’hui, car il s’étend au patrimoine de l’humanité. Tout comme les infrastructures physiques, les services et leurs données laissés à la seule dynamique des éditeurs logiciels risquent d’être centralisés dans le Cloud Computing. L’absence de positionnement politique sur les enjeux des réseaux numériques et des contenus qu’ils transportent risque de ne plus laisser d’alternatives hors de ces nouveaux géants de l’information. Un enjeu éthique est aussi présent, lié au manque de maîtrise de l’usager (particulier, association, entreprise, collectivité) sur les outils logiciels utilisés et les données confiées à un tiers. Quid aussi de la protection juridique des données non soumise au droit français ou même européen ? « L’accès instantané aux informations et les systèmes électroniques de participation en temps réel offrent un grand espoir : celui d’une transition vers une société plus juste et plus humaine. Mais ils représentent en même temps une des plus graves menaces qui aient jamais pesé sur l’humanité. Jamais, en effet, les risques de concentration du pouvoir entre quelques mains n’auront été plus élevés. Jamais non plus les chances de rapprochement et de désaliénation des citoyens n’auront été plus grandes.» Joël De Rosnay (1977), Le Macroscope Face à cette situation, quelles ont été les initiatives publiques ? Les collectivités ont pris conscience de la nécessité de se porter garantes d’un patrimoine public de réseaux de télécommunications dès le début des années 2000 ; elles ont ainsi déployé des réseaux d’initiatives publiques. L’enjeu est le même au niveau des services et des données. Les collectivités ont intérêt à se positionner pour créer des plateformes de logiciels et de données ouvertes, afin d’en garantir un accès pour tous aux mêmes conditions et de favoriser l’innovation dans les services avec des entreprises locales. Génération Kurt Salmon # 25 13 interviews 1- CIP – ICT PSP: Competitiveness and Innovation framework Programme- Information and Communication Technologies Policy Support Programme. 14 Actuellement, la création de ce Mise à jour aisée Facilité d’utilisation type de plateformes par des mulNomadisme Interaction service tinationales est centralisatrice public/citoyen au niveau mondial (Etats-Unis, Asie…) et se fait au détriment de Déma- Portail la créativité des filières locales. térialisation unique Afin de relever ces défis multiples, le Pôle numérique assisté Information Partage de par Kurt Salmon a proposé en unique services réponse à un appel à projets du programme « CIP-ICT PSP 2011 »1 l’initiative européenne Cohérence Mutualisation OASIS, Openly accessible serSécurité Evolutivité vices and interacting society. Cette initiative, qui repose sur un partenariat public-privé, a été retenue usagers une plateforme de logiciels pour pour son caractère innovant. leur proposer les services numériques déportés dont elles ont besoin en interne Il s’agit d’un projet unique en France, et dans leur relation avec les citoyens, les avec 12 partenaires dans six pays, l’Anentreprises et les associations. La gesgleterre, l’Espagne, l’Italie, la Bulgarie, la tion de formulaires en ligne, l’archivage, Turquie œuvrant ensemble pendant trois et les logiciels métiers pour la gestion du ans pour le déploiement de ce dispositif domaine public en font partie. sur cinq sites pilotes : le département de OASIS offrira donc à l’usager un point la Drôme et son extension régionale, la d’entrée unique, ergonomique, des sercommune de Bussoleno et la Province de vices interactifs en un clic, et restera Turin (Italie), l’état Bulgare et la Région de accessible en situation de mobilité, parMarmara (Turquie). tout et à toute heure. En quoi consiste ce projet ? Pour la collectivité, OASIS permettra la OASIS capitalise sur le principe du Cloud mutualisation des coûts tout en offrant un Computing (SaaS) pour fournir un portail choix élargi de services sans passation de de services publics et d’intérêt général, marchés publics (modèle In-house), avec accessible et ergonomique pour favoriser une tarification à l’usage (pas d’achat de le partage d’informations entre tous les licence). services. L’orientation d’OASIS est celle Pour les entreprises utilisatrices, OASIS d’une politique numérique tournée vers le permettra l’externalisation de l’informarespect des droits de chacun, en termes tique et la sécurisation des données, avec d’accès aux services, de choix, d’accès aux là aussi le paiement à l’acte, plutôt qu’à données et de co-construction. la licence. OASIS accueillera aussi des services Le projet est en effet ambitieux. Quels d’entreprises privées dès lors qu’elles ressont vos partenaires? pecteront la charte de fonctionnement La mise en œuvre d’OASIS demande aux éthique de la plateforme (interopérabilité collectivités partenaires un fort soutien pour la libre circulation des données). Le au démarrage, mais le modèle éconoprincipe fondateur est en effet de permique prévoit l’équilibre du dispositif au mettre à tout usager de communiquer bout de cinq ans environ. librement avec des tiers et pairs, indéLe budget total du projet s’élève à pendamment d’un fournisseur de services. 4 M€, dont 1,6 M€ pour la France. La Plus concrètement, qu’en verra le Commission européenne participe financitoyen ? cièrement à hauteur de 50 %, les entreprises françaises (ATOL, Zenexity, Atréal) Une des applications envisagées pour ainsi que les partenaires universitaires et OASIS à court et moyen termes est la de consulting participent à hauteur de mutualisation de l’administration élec365 000 €. Les contres-parties financières tronique et la dématérialisation des dondes collectivités locales représentent nées et documents. Sont aussi envisagés 425 000 € (département de la Drôme, le déploiement de services touristiques, région Rhône-Alpes et Etat). médico-sociaux, de transport, de gestion énergétique… En savoir plus : Mikaël Guerrero, Concrètement, OASIS met à disposition des collectivités (communes, syndicats, EPCI, département, région) et de leurs [email protected], Jennifer Shaw Taberlet, [email protected], Jean Trimbour, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 Professeur Jacques Balosso, Directeur du GCS ETOILE Interview de Mikaël Guerrero, Laurence Lapotre et Jennifer Shaw Taberlet Innovation et traitement des cancers : l’hadronthérapie Créé en 2007, le Groupement de coopération sanitaire (GCS) ETOILE1 associe cinq établissements de santé rhônalpins pour développer à Lyon un centre d’hadronthérapie par ions carbone, une forme avancée de traitement des cancers. D’autre projets complémentaires d’ETOILE existent en France et se sont associés en un consortium nommé France Hadron. carbone au Japon, nous sommes en mesure de confirmer des résultats supérieurs de 20 % à ceux des autres thérapies, avec pour l’hadronthérapie par ions carbone un potentiel à terme d’un centre de soins pour 10 à 20 millions d’habitants dans les pays développés. Kurt Salmon a accompagné ce consortium, mené par le Professeur Jacques Balosso, Directeur du GCS ETOILE, pour la sollicitation d’une aide publique pour ce projet. Le projet France HADRON, porté par le CNRS2, réunit avec le futur Centre ETOILE l’ensemble des acteurs français de la recherche sur l’hadronthérapie proton et carbone : les cinq centres français existants ou en projets (à Lyon et Caen pour le carbone ; Paris-Orsay, Nice, et Toulouse pour les protons) et près de 25 équipes scientifiques. Des liens forts seront en outre maintenus avec les consortiums européens ENLIGHT 3 et ULICE4 qui ont les mêmes objectifs à l’échelle de l’Europe. Quelles sont les ambitions du projet que vous défendez dans ce cadre ? Le projet France HADRON a été déposé le 13 octobre dernier en réponse à l’appel à projets Infrastructures nationales de biologie et santé : des investissements d’avenir, pour optimiser les moyens de traitement, améliorer les plans de traitement et leur qualité, et mieux comprendre leur effet. Tout d’abord, qu’est-ce que l’hadronthérapie ? 1- Espace de traitement oncologique par ions légers européen. 2- Centre national de la recherche scientifique. 3- European network for lIght ion hadron therapy. 4- Union of Light Ion Centres in Europe. 5- Établissement Public à caractère Industriel et Commercial. L’hadronthérapie est une forme avancée de traitement des cancers basée sur la physique des particules et la technologie des accélérateurs. Elle utilise soit les protons soit des particules plus lourdes comme des noyaux d’atomes de carbone ; les fameux ions carbone que produira ETOILE. L’hadronthérapie permet le traitement curatif de tumeurs cancéreuses difficilement curables autrement, et qui représentent 5 % à 10 % des tumeurs à irradier. 16 ans après le lancement des premiers traitements par Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ? Les sommes sollicitées via ce projet s’élèvent à près de 55 millions d’euros, affectés d’une part et essentiellement aux équipements de recherche à acquérir et mettre en place, et d’autre part, au financement de l’accès aux faisceaux de recherche. Ces financements dans l’esprit du Grand Emprunt doivent avoir un effet de levier, aussi les institutions de recherches complèteront ce budget sur leurs fonds propres notamment pour les salaires des chercheurs et les infrastructures destinées à accueillir les équipements demandés. Génération Kurt Salmon # 25 15 interviews C’est en effet un projet très ambitieux. Quelles retombées peut-on attendre, outre bien sûr les innovations médicales que vous venez de mentionner ? Les équipements mis en place dans le cadre du projet France HADRON ont vocation à être partagés, et les coûts ainsi mutualisés. Plusieurs industriels et EPIC5 ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt, dont les équipementiers du domaine des accélérateurs de particules et les utilisateurs potentiels de ces faisceaux de recherche : CNES, IRSN, EDF, et GDF-SUEZ. En outre, la valorisation des résultats issus du projet ainsi que la formation, depuis la formation initiale jusqu’à la formation continue, sont des priorités du projet. Plusieurs universités et écoles doctorales européennes ont déjà été sollicitées avec succès dans ce cadre. mises à disposition par les partenaires du projet. La structure de gouvernance déployée assurera l’orientation et la coordination des travaux scientifiques, l’affectation des heures de faisceau, la communication, le contrôle et les rapports aux autorités de financement. Je dois aussi mentionner le fait que nous avons pu réunir une première fois fin novembre quelques membres du futur comité scientifique externe qui ont assisté à la présentation des différents aspects du projet scientifique et qui nous ont donné un retour préliminaire extrêmement positif. Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ? Les résultats de l’évaluation sont attendus en février prochain. Espérons-les positifs, ce sera le grand départ de l’hadronthérapie scientifique en France ! Comment le partenariat France HADRON est-il organisé ? La gouvernance de France HADRON s’appuie sur une direction stratégique, une direction opérationnelle et un comité scientifique. France HADRON sera doté de moyens transversaux et de ressources 16 En savoir plus : Mikaël Guerrero, [email protected], Laurence Lapotre, [email protected], Jennifer Shaw Taberlet, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 Retours d’expérience < Gérer un projet collaboratif de R&D : les clés Par Nancy Deltimple, Flore Gouaux, Patricia Ho Hune et Laurence Lapotre Les aides publiques à l’innovation et à l’inpar plusieurs partenaires, sur plusieurs vestissement sont de précieux leviers pour sites. Le porteur de projet doit relever le l’excellence scientifique et la compétitivité défiProjet de cette complexité. collaboratif de R&D économique. Elles sont souvent dédiées à des projets collaboratifs Projet collaboratif de R&D de recherche et développement regroupant de deux à trente parteIndustriel 1, compétence A, naires selon la typologie du projet. Le septième Programme-cadre de recherche et développement technologique européen par exemple, a publié depuis 2007, 245 appels à propositions. Plus de 77 000 propositions ont été soumises. 12 000 ont été retenues, impliquant plus de 69 000 participants1. Pour la majorité de ces participants, participer à un tel projet relève d’une initiative opérationnelle validée par une décision stratégique. 1- Source : quatrième rapport de suivi du 7e PCRDT, publié le 4 août 2011. … Pays x (Porteur de projet) Université 1, compétence B, Pays y Centre de recherche 2, compétence B, Pays y Centre de recherche 1, compétence A, Pays x Industriel 2, compétence C, Pays z PME2, compétence B, Pays y PME1, compétence A, Pays x Néanmoins, l’établissement de conventions d’aide par les organismes financeurs ne garantit pas • Equipes scientifiques et techniques l’obtention des fonds ; il est néces• Equipes administratives, juridiques et financières saire d’en démontrer la bonne • Equipes décisionnaires utilisation tout au long du projet. Il s’agit notamment d’illustrer la maîtrise du projet en termes techniques mais aussi en termes de coûts et Une fois les ressources identifiées et mobide délais d’exécution. lisées dans ces équipes, il s’agit pour le porteur de projet de mettre en place et La convention d‘aide est un véritable de faire appliquer les procédures de gescontrat entre l’organisme financeur et tion du consortium ; la structure de goules membres du consortium en charge vernance, le manuel de management et de l’exécution du projet, représentés par l’accord de consortium sont les principaux leur chef de file. La convention d’aide est documents fondateurs. La structure de cosignée par leurs représentants légaux. gouvernance définit les organes de gesA sa notification, le porteur de projet est tion du projet, depuis le niveau de décichargé de sa mise en œuvre opérationsion stratégique jusqu’au stade de mise nelle, en conformité avec la convention en œuvre et de suivi opérationnel (lanced’aide, grâce à des ressources, des procément des tâches, validation des livrables dures et des outils. projet, implémentation des plans de mitiUne gestion efficace repose notamment gation…). Elle se compose généralement sur l’implication des équipes scientifiques d’une assemblée générale qui prend les et techniques, financières, administratives, décisions, d’une équipe de management et juridiques. Tout aussi indispensables, restreinte (formée des partenaires clés) les directions entérinent les décisions qui assure la mise en œuvre efficiente stratégiques prises ; le(s) service(s) marde ces décisions. Des jalons peuvent être keting et/ou communication assure(nt) définis afin de cadencer et suivre au plus par ailleurs la promotion de l’approche et près les avancées du projet. L’accord de des résultats du projet. Le rôle du porteur consortium, signé par les partenaires au de projet et des interlocuteurs clés (et lancement du projet, formalise leurs reséventuellement de leurs substituts) dans ponsabilités individuelles et régit leurs chaque entité partenaire est primordial. relations (droits de propriété intellectuelle, Un projet collaboratif de R&D met donc en gestion de la confidentialité, modes de synergie plusieurs compétences, détenues communication…). Enfin, l’ensemble des Génération Kurt Salmon # 25 17 Retours d’expérience < procédures opérationnelles est rassemblé dans le manuel de management. Ce document rappelle la structure de gouvernance définie et, afin de garantir l’identité visuelle du projet, met à disposition des partenaires les modèles de documents à utiliser pour les livrables, présentations orales, posters, brochures, rapports… L’objectif de ces documents est de formaliser le mode de travail à adopter dans le cadre du projet et de définir des canaux de communication efficaces et efficients afin de relever le défi posé par un projet collaboratif qui est par essence multi-sites, multidisciplinaire, et souvent multiculturel. Outils Génériques/spécifiques Propriétaires/acquis Procédures Pilotage Suivi Communication Ressources Stratégiques/opérationnelles Techniques/financières Internes/externes Afin d’anticiper et de corriger au plus tôt toute difficulté d’exécution ou dérive éventuelle, un mode de gestion des risques doit être mis en place dès le lancement du projet. Il s’agit tout d’abord de lister les risques projet anticipés, de les classifier (probabilité d’occurrence et sévérité) et de définir des plans de mitigation adaptés. Le chef de projet et ses partenaires assurent ensuite la mise à jour de cette matrice tout au long du projet. En parallèle, le suivi d’indicateurs de performance adaptés permet de quantifier l’implémentation du projet et de vérifier sa cohérence par rapport aux objectifs fixés. Une communication régulière est ainsi primordiale. Le chef de projet s’attachera entre autres à la mise en place de réunions, de lancement puis de suivi, internes et externes. Au sein de chaque entité, il s’agira pour les équipes techniques et financières d’échanger régulièrement. Ces deux volets sont en effet indissociables et les autorités de financement attendent des états des lieux chiffrés de la part du coordinateur. Parallèlement, des réunions plénières opérationnelles et de pilotage 18 (de l’assemblée générale et de l’équipe de management) permettront à l’ensemble des membres du consortium de partager l’état d’avancement de leurs activités, de garder une vision commune du projet et d’entériner des choix stratégiques (demande de réorientation technique, d’ajustement budgétaire ou de calendrier…). Le cas échéant, les ressources externes (cabinets spécialisés dans la propriété intellectuelle, la gestion de projet, la communication, l’événementiel…) peuvent être associés à ces travaux. Le porteur de projet tirera parti d’outils existants ou développés pour le projet, de facture interne ou d’origine commerciale. Selon l’envergure du projet, une plateforme collaborative, un forum de discussions ou encore une newsletter interne peuvent être des alliés précieux. L’apport des outils de télécommunication (vidéo, téléphone) n’est pas à négliger pour l’organisation de réunions virtuelles. A savoir enfin, des outils électroniques peuvent être mis en place par les autorités de financement. La gestion d’un projet collaboratif de recherche et développement fait ainsi appel à nombre de compétences humaines : écoute, anticipation, disponibilité, lucidité, transparence, flexibilité, pragmatisme, approche consensuelle. Curiosité intellectuelle et ouverture d’esprit sont aussi nécessaires pour assurer la pérennité et la valeur ajoutée du projet dans l’écosystème et permettre la fertilisation croisée avec d’autres initiatives. Rigueur et organisation sont tout aussi indispensables pour la mise en place et le suivi d’outils de pilotage et d’indicateurs de performance, le suivi de la production des livrables et des jalons ainsi que de leur qualité. Le porteur de projet est ainsi un catalyseur et ordonnanceur d’entreprises individuelles, s’inscrivant dans plusieurs cercles : l’entité membre du consortium, le consortium porteur du projet, et le territoire qui cofinance l’initiative. Le porteur de projet œuvre avec eux pour faire de leur vision une réalité. En savoir plus : Nancy Deltimple, [email protected], Patricia Ho Hune, [email protected], Flore Gouaux, [email protected], Laurence Lapotre, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 Les missions CIR : du constat fiscal à la gestion active par la R&D Par Jérôme Alieu et Sébastien Beaudoin Les missions Crédit d’impôt recherche (CIR) concernent toutes les fonctions de l’entreprise que sont la R&D, la finance, les achats, les RH, les services de veille… Cette transversalité et la nature fiscale du dispositif conduisent les entreprises à confier la coordination des missions CIR aux services financiers ou fiscaux. Néanmoins, les révisions du dispositif, l’implication croissante du MESR (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) dans les contrôles fiscaux ou dans la définition des activités de recherche, et la difficulté d’identification des projets éligibles apportent des changements significatifs dans l’organisation des missions CIR. La tendance lourde démarrée en 2008, année d’une simplification du mode calculatoire du CIR, a amené certains de nos clients à initier de nouvelles organisations centrées sur un personnel technique (Directeur R&D, Chief technical officer, Responsable du CIR…). Cette centralisation permet non seulement de contrôler le point de départ de la mission CIR, soit la détermination de l’éligibilité des projets, mais encore d’accroître la motivation des équipes techniques via cette valorisation de leurs activités. Enfin, elle offre la possibilité d’organiser les flux de sous-traitances, le personnel intégrant dès l’écriture du cahier des charges l’agrément du prestataire privé ou encore le potentiel de réponse par un établissement public, de mettre en miroir les nouveaux projets et la propriété intellectuelle… L’implication des personnels techniques, avec ce pilier organisationnel, peut encore être renforcée par une intégration très amont de la démarche CIR dans le processus de développement. En effet, avant le démarrage du projet, dans la phase d’évaluation sur des critères techniques et de business plan de nouveaux produits, il est de plus en plus important d’intégrer le financement potentiel via le CIR (pour autant qu’il soit pérennisé sur une durée aussi longue que les projets). Cette démarche vertueuse, mise en place par nos clients, est également un puissant levier d’innovation au travers du levier social, soit la motivation par la valorisation, et du levier dynamique technique. Cette dynamique technique se traduit par un accroissement du nombre d’innovations, de collaborations, de publications, par une veille technologique pour une différenciation utile et rentable… In fine, la R&D ne se sent plus regardée comme un centre de coûts mais comme un centre de performances techniques et financières. Le pilotage opérationnel, significativement amélioré tant d’un point de vue technique qu’humain par l’organisation et par la démarche anticipative, s’accompagne également, comme nous avons pu l’observer sur les nombreuses missions où le changement s’est opéré, d’un meilleur pilotage financier de la R&D. Le cœur d’une mission CIR se trouve dans les projets de recherche éligibles (à l’image d’un processeur sur une carte électronique). Mais sans les fonctions connexes (la finance, la RH… à l’image des calculateurs, des mémoires…), le CIR ne saurait être finalisé. A l’instar du pilotage opérationnel, le pilotage financier de la mission CIR et des activités de R&D est également facilité par l’intégration, en amont dans le processus de développement, de l’estimation de CIR pour le projet. De plus, ce dernier peut encore être amélioré par la mise en place d’évaluations financières du CIR global à différentes dates de l’année : évaluations financières trimestrielles pour les publications des grands groupes, évaluations semestrielles pour l’ajustement des provisions et ajustements budgétaires. Le CIR, dans les entreprises ayant développé ces types de suivi et cette anticipation, passe donc d’un statut de constat à postériori (soit de simple mesure de valeur financière Génération Kurt Salmon # 25 19 Retours d’expérience < Collision de proton dans un accélérateur de particules. La rencontre des deux mondes, la finance et la R&D, crée de nouvelles opportunités. En savoir plus : Jérôme Alieu, [email protected], Sébastien Beaudoin, [email protected] pour la déclaration fiscale), à un moyen de gestion active de la R&D. La valorisation humaine, technique et financière des activités de R&D, les outils de gestion active de la mission CIR et l’intégration du CIR dans le processus de développement peuvent être complétés par des outils de simulation financière du financement de la R&D (trésorerie, valeurs, avances remboursables, CIR…). En conclusion, le pilotage par un personnel technique facilite l’appropriation puis l’optimisation du CIR par les équipes techniques elles-mêmes (elles passent d’un mode passif à un mode actif). Le pilotage financier, toujours essentiel, en est également amélioré. Les gains immédiats se mesurent tant humainement (motivation du personnel R&D) que techniquement (innovation, brevets) et financièrement (optimisation, visibilité, risque fiscal). En dehors de toute considération liée au dispositif CIR, c’est le processus entier d’innovation, et donc de croissance, des entreprises qui est dynamisé. Préparation d’une proposition avec Thomson Broadcast Par Antoine Astic, Mikaël Guerrero et Jean Trimbour De nombreuses opportunités existent. Suivez le guide… L’allocation d’aides publiques peut prendre plusieurs formes : avances remboursables, prêts, subventions, crédits d’impôts, garanties. En outre, les programmes qui proposent ces aides étatiques ou supranationales sont légions et une entreprise ne peut raisonnablement pas toutes les adresser. Aussi les organismes intéressés par ces outils de financements se concentrent-ils fort lo g i q u e m e n t s u r les thématiques qui relèvent de leur cœur de métier afin d’optimiser leur temps dédié à la veille informationnelle. Mais la multiplicité des programmes permet également de diversifier les sources de financement tout en ouvrant de nouveaux marchés par le biais de réseaux connexes. << Un « no go » peut s’avérer tout aussi valorisable puisque le porteur du projet s’économisera l’effort non négligeable du montage de la proposition >> 20 C’est dans ce contexte que la direction stratégique de Thomson Broadcast souhaitait trouver un support financier pour un projet en préparation mais qui n’était éligible à aucun des programmes relatifs à leur secteur d’activité (télédiffusion, télécommunications, multimédia). Avec le concours de Kurt Salmon, l’entreprise a pu identifier un programme européen transversal dont les caractéristiques (calendrier, taux de financement) ont été validées par les responsables de l’entreprise. Ce positionnement de leur projet dans le panorama des aides publiques a ainsi constitué la première étape, souvent décisive, dans leur démarche d’obtention de subsides. Cet alignement projet-programme présente en effet le double avantage de sensibiliser le porteur du projet à un grand nombre d’outils de financement (souvent peu connus) tout en fixant naturellement un jalon essentiel (go/no go) pour la poursuite des travaux. Un « no go » peut s’avérer tout aussi valorisable puisque le porteur du projet s’économisera l’effort non négligeable du montage de la propo- Génération Kurt Salmon # 25 sition, qui aurait eu peu de chance d’aboutir à un financement. A contrario, une fois validée l’adéquation entre les objectifs du projet, ses résultats potentiels et les réquisits du programme de financement, la phase de préparation de la proposition peut alors commencer, basée sur un ensemble de points critiques à aborder dans le dossier. La préparation d’une proposition avec à la clef un résultat satisfaisant, même sous forte contrainte temporelle… à certaines conditions ! Dans le cas du projet de Thomson Broadcast, il s’agissait de préparer un dossier d’environ 80 pages incluant des éléments techniques, budgétaires et stratégiques, le tout en moins de trois semaines de préparation. La première phase consiste à cadrer le projet et structurer les activités envisagées. Cette formalisation s’avère essentielle afin de pouvoir rédiger efficacement les multiples éléments qui composent le dossier et pour assurer la cohérence et la fluidité du projet lors de la phase d’intégration des diverses sections du document. Cette approche facilite également la répartition des tâches de rédaction et optimise ainsi les compétences de chaque intervenant. Pour Thomson Broadcast, une réunion de 2 heures a suffit pour définir le contour du projet, structurer les actions (techniques ou non) nécessaires au bon déroulement du projet et lancer la deuxième étape : la rédaction de la proposition. Cette seconde phase – qui est aussi la plus intense du processus – s’appuie sur des outils indispensables pour collecter et synthétiser les nombreuses données. Une méthodologie éprouvée permet également de s’assurer que le dosier du projet est complet. Les exigences fixées par l’organisme financeur (notamment les activités techniques, les résultats visés, les impacts potentiels, la gouvernance, le budget, la gestion de la propriété intellectuelle) sont consignées dans des guides auxquels il faut régulièrement se référer au cours de la phase de rédaction. Des relectures croisées permettent d’améliorer les diverses sections du document et les paramètres clefs de réussite sont indéniablement la disponibilité, l’esprit critique et la réactivité. En effet, dans la mesure ou chaque intervenant apporte des compétences et connaissances uniques, une contribution incomplète génèrera inéluctablement des faiblesses dans le dossier présenté. Dans notre exemple, la complémentarité des équipes mise en place au sein de Thomson Broadcast et de Kurt Salmon a permis de converger rapidement vers une description fidèle et complète du projet, répondant aux attendus du programme de financement. Enfin, la dernière étape, trop souvent négligée faute de temps, consiste à assurer la cohérence de l’ensemble du dossier et à souligner les points forts de la proposition. Pour ce faire, une relecture par une tierce personne, étrangère à l’équipe de production, reste le moyen le plus sûr de détecter les failles et de gagner quelques points précieux lors de l’évaluation du projet par l’organisme financeur. Malgré le temps limité dont disposaient les équipes de Thomson Broadcast, 2 jours ont été dédiés à cet exercice de style, ce qui a permis de renforcer de nombreux aspects de la proposition. En savoir plus : Antoine Astic, [email protected], Mikaël Guerrero, [email protected], Jean Trimbour, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 21 < Points de vue Le service R&D: d’un centre de coût vers un centre de profit Par Jérôme Alieu et Mikaël Guerrero Un fossé entre finance et recherche Les solutions de rapprochement La recherche et développement (R&D) est nécessaire et indispensable à la croissance des entreprises à court, moyen et long termes. Néanmoins, les échéances parfois lointaines des programmes de recherche peuvent être en contradiction avec les échéances financières (ou encore la périodicité bilancielle) et peuvent s’accompagner d’un taux de transformation relativement incertain (transformation de l’idée vers un produit commercialisable). Selon ces termes économiques ou commerciaux, la R&D relève donc d’un risque d’investissement non quantifiable ou encore non-provisionnable. De plus, cette vision économico-pragmatique s’oppose aux contraintes d’activité des chercheurs, qui, selon un consensus, nécessitent du temps pour identifier les besoins technologiques, développer les nouvelles solutions techniques, traiter les différents verrous scientifiques… Enfin, les chercheurs et les financiers dédient leur capacité de réflexion à leur cœur de compétence, délaissant ou ignorant les contraintes spécifiques de l’autre métier. Comment réconcilier ces deux mondes ou encore comment transformer le service R&D depuis un centre de coût à hauts risques vers un centre de profit à risques contrôlés. Les solutions de valorisation financière des activités de recherche, pour tendre vers le profit, doivent passer par deux piliers financiers à savoir le compte d’exploitation et la trésorerie. Le chiffre d’affaires Le chiffre d’affaires ou encore le compte d’exploitation sont dépendants de la pérennité de la recherche, soit de la transformation des idées vers un produit commercialisable (le fameux retour sur investissement), mais encore de : • La valorisation de la propriété intellectuelle (PI) par le biais de cessions de licence, de ventes de brevets… ou toutes autres valorisations du portefeuille de PI (filialisation de la gestion de portefeuille de PI, fragmentation de brevets, réduction d’obsolescence, cohérence entre PI et programme de R&D…). • La vente d’expertise via de la soustraitance intellectuelle ponctuelle. Les entreprises possèdent des compétences et connaissances, en lien avec leurs spécialisations techniques, supérieures à bon nombre d’établissements. Pourquoi un expert de votre entreprise ne vendrait-il pas des jours d’expertise ? • La gestion active des subventions ou crédits d’impôt supportant la R&D. Sous certaines conditions, les versements de subventions permettent de compenser les dépenses engagées pour la réalisation des projets de recherche (voir encore le sous-chapitre dédié à la gestion de trésorerie). • La gestion contrôlée des prestations externes par le biais des avantages offerts dans le Crédit d’impôt recherche (CIR), tant dans les relations avec les organismes publics (60 % de retour en CIR) que sur les leviers de négociations avec vos fournisseurs (les 30 % de CIR relève d’une marge de négociation entre client et fournisseur selon la destination de la déduction). La trésorerie La trésorerie est un élément déterminant de succès ou de contre-performance des entreprises sur la thématique R&D (capitaux propres insuffisants pour soutenir un programme de R&D). Cette affirmation est compréhensible lorsque l’on considère que 22 Génération Kurt Salmon # 25 le retour sur investissement sur un projet R&D peut être de plusieurs années, voire nul si le projet n’aboutit pas ! Améliorer la trésorerie des services R&D est donc crucial et passe par : • La gestion active des subventions et des crédits d’impôt via des solutions de combinaison de sources de financement (versement à échéances étalées et anticipées), la cession de créance, le découpage des projets de recherche en sous-lots valorisables à courtes échéances en cessions de PI, en vente… • La politique d’achat de prestations externes versus la réalisation d’activités de recherche en interne. L’acquisition de compétences en interne peut être bien plus onéreuse, en valeur de trésorerie, que l’achat de prestations incluant un transfert de savoir-faire. D’autant que la prestation externe peut être fortement valorisée au travers du CIR (jusqu’à 60 % de déduction sur le montant réel de la facture). Le frein au rapprochement Néanmoins, la mutation financière d’un service de R&D ne saurait se faire sans considération et sans intégration des délais incompressibles de développement de nouveaux (et potentiellement rentables) projets ou produits. Un projet de développement passe une suite d’étapes obligatoires de validation technique et de remise en cause du projet. Les premières étapes d’un projet de R&D sont les plus critiques. Non seulement le temps de créativité ou de génération d’idée est difficilement mesurable et valorisable, mais, de plus, l’incertitude ou le risque financier sont les plus importants. La contradiction d’échéance est donc à son paroxysme dans ces premiers moments pourtant cruciaux pour l’avenir de la société. Mais passées les premières étapes, un projet de développement est cadré et sa valorisation financière n’en devient que plus aisée. Nos propos de valorisation financière, de R&D profitable n’alimentent pas la contradiction entre R&D et rentabilité. Nos solutions n’empêchent pas la créativité (selon tous ces processus comme l’agrégation de concepts ou d’idées, la génération libre, la génération par rebondissement dans un système ouvert ou la génération sous contrainte). A l’opposé, nos propos tendent à réconcilier les impératifs de la R&D avec les impératifs de la gestion financière d’une entreprise. Pourquoi un laboratoire de recherche ne deviendrait-il pas rentable ? Pourquoi un service R&D ne pourrait-il pas passer du statut de centre de coûts à celui de centre de profits ? Nos expériences Notre expérience de la R&D montre sans équivoque que des situations de succès techniques et financiers sont possibles. Nous pourrions, par exemple, citer l’un des plus grands gestionnaires de portefeuille de brevets, entreprise française, produisant des comptes d’exploitation à faire pâlir de nombreux industriels. Un facteur clé de succès se trouve notamment dans la communication entre les services financiers et techniques. Là encore nous pouvons citer ces entreprises qui, après une décision stratégique, ont fait redescendre les fruits du CIR dans les bilans des services R&D. Ces derniers, mesurant l’impact de leurs activités, ont abordé le dispositif d’une manière proactive et ont permis une optimisation financière notable. En savoir plus : Jérôme Alieu, [email protected], Mikaël Guerrero, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 23 < Points de vue Projets collaboratifs de R&D : optimiser l’organisation interne pour une gestion optimale des financements publics Par Nancy Deltimple, Flore Gouaux et Damiano Nesi Contexte Cas mission Les projets collaboratifs de R&D ont vocation à capitaliser et mettre en synergie des expertises complémentaires présentes au sein d’organisations distinctes, et ce, souvent avec le support financier des pouvoirs publics. Ces organisations, qu’elles soient publiques ou privées, font ainsi face à un défi commun : travailler ensemble sur des axes de recherches innovants, tout en répondant aux exigences multiples des autorités de financement. Le défi ne s’arrête pas là puisque chacune des organisations impliquées doit mettre en place une structure de suivi spécifique vis-à-vis non seulement de ses partenaires de projet, des autorités de financement, mais aussi des contributeurs internes (instances de management stratégiques et techniques, contrôle de gestion, services juridiques). Kurt Salmon accompagne actuellement le département Affaires Publiques d’une multinationale, qui pilote le suivi et le reporting sur une centaine de projets de R&D collaboratifs, à l’interface entre les différents sites du groupe et des autorités de financement régionales et européennes. Ce département ayant identifié des difficultés en interne et dans ses relations avec certains sites de production et de recherche, avec des manques à gagner conséquents en termes financiers, Kurt Salmon a été mandaté pour apporter son expertise et sa vision. La mise en place d’outils et méthodes de gestion de projets et l’optimisation des processus opérationnels a permis de maximiser le retour sur les investissements. Kurt Salmon est tout d’abord intervenu localement, intégré au sein des équipes d’un des sites où le nombre de projets collaboratifs de R&D cofinancés par des fonds publics avait augmenté de façon significative ces dernières années, à ressources humaines égales. En première instance, le rôle du cabinet a consisté à identifier et formaliser les rôles et responsabilités constatés de facto dans l’organisation en place, ainsi qu’à auditer les processus et outils associés. Des écueils ayant été identifiés dans ce domaine, un axe d’intervention clé a été de fluidifier la communication entre ce site, le département national et (indirectement) les autorités de financement, pour assurer une exécution opérationnelle efficace et efficiente des projets. De façon très pragmatique et opérationnelle, le support a aussi inclus la coproduction de documents projets à destination des autorités publiques, ainsi que la mise en place d’un outil de centralisation, d’exploitation et de partage des données projet. Kurt Salmon a tout d’abord rassemblé les données de projets existants en ordre dispersé, et développé un tableau de bord de suivi des projets financés spécifique au site. Des points d’alertes ont été définis en cas d’écarts importants entre l’avancement constaté du projet et le planning défini de façon linéaire au vu de la convention d’aide publique notifiée. Financeurs Projet A Votre org organisation Sites contributeurs A B C Types de contributeurs internes : décideurs, opérationnels, contrôle de gestion, service juridique Projet Y Projet... Projet... Département spécifique Projet... Organisations Partenaires du projet 1 ... 2 Projet... Un département dédié est souvent nécessaire dans les organisations intervenant dans plusieurs projets financés afin de jouer ce rôle de carrefour stratégique. La mission de ce département devient d’autant plus complexe que l’organisation fait intervenir plusieurs sites/entités juridiques et que les projets sont financés par des autorités de financement distinctes, régionales, nationales ou européennes. 24 Génération Kurt Salmon # 25 Pour les projets « en alerte », un support opérationnel auprès des responsables a été mis en place jusqu’à résorption des écarts afin d’assurer le respect des engagements contractuels, de sécuriser les financements, d’optimiser le retour sur investissements et de mieux maîtriser la communication à l’extérieur du groupe. Un gain important en termes financiers et d’efficacité a été constaté. Dans un deuxième temps, et fort de cette expérience, Kurt Salmon est intervenu au niveau du département corporate pour notamment accompagner le déploiement d’un outil de gestion de projet spécifique, unique et partagé sur l’ensemble des sites. Notre expertise des financeurs tant sur la partie amont (attentes des experts évaluateurs de propositions de projets) que sur la partie aval (attentes des financeurs en termes de gestion) nous a permis de mener avec succès cette mission. Cette expertise et cette polyvalence nous ont aussi permis de développer des documentations à l’attention des contributeurs opérationnels aux projets financés pour les sensibiliser à l’importance du suivi des ressources projet, leur présenter des points de vigilance et facteurs clés de succès dans le cadre de leur projet. La mise en œuvre de la roadmap repose ensuite sur trois composants clés : • Assurer l’alignement entre projets et stratégie de développement via les enveloppes budgétaires et le cadencement. • Identifier les projets de développement R&D d’intérêt stratégique grâce à un processus d’évaluation et de sélection adapté. • Faciliter la prise de décision et la mise en œuvre en impliquant les différentes instances de management et en tenant compte de l’existant et de la capacité (financière et humaine), en s’appuyant sur une cartographie des rôles et responsabilités claire et partagée ainsi qu’éventuellement un mode de redistribution financière aux divisions. • Assurer la détection et la résolution des problématiques typiques du suivi des projets financés par des aides publiques. Pour ces quatre composants, il s’agit bien d’optimiser les synergies et de clarifier l’organisation pour maximiser le retour sur investissements. Conclusion : nos préconisations pour les entités multi-sites 1- Feuille de route. Le point de départ de la gestion de portefeuille projets est la roadmap1 produits/ services de l’organisation, qui fournit une vision long-terme. Avec une approche bottom up, la roadmap est complétée par des contributions individuelles afin de nourrir les projets et les évolutions possibles. En savoir plus : Nancy Deltimple, [email protected], Flore Gouaux, [email protected], Damiano Nesi, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 25 < actualités Génération Lean management Dans un contexte économique où la conjoncture reste pleine d’imprévus, de nombreuses entreprises se tournent vers le Lean management. Ainsi, il nous paraissait important de dédier un second numéro de Génération au Lean, en y apportant les récents développements observés dans ce domaine. Pour rester compétitives, les entreprises se doivent d’accélérer leur transformation. Optimisation des coûts, maintien de la capacité d’innovation, redéploiement sur des marchés dynamiques sont des facteurs clés pour ne pas se laisser déborder. Dans ce contexte, le recours au Lean Management est clé. Au-delà des résultats rapides qu’il permet d’atteindre, c’est toute l’organisation qu’il met en mouvement, créant ainsi les conditions d’agilité et les bases d’une nouvelle culture de compétitivité. Le Lean s’inscrit dans une vision de la performance fédératrice, en plaçant le client au coeur des préoccupations, en associant étroitement les collaborateurs à la recherche de performance et en se focalisant sur la simplification de la chaîne de valeur, levier indirect de productivité. Les entreprises qui témoignent dans ce dernier numéro reviennent sur leurs expériences dans des domaines aussi variés que les services supports informatiques ou de développement produit, dans la banque de détail au Maghreb ou les activités de maintenance aéronautique. Ces témoignages montrent qu’après la mise en œuvre appropriée des concepts et techniques, l’évolution des comportements reste un enjeu important à tous les niveaux de l’entreprise pour réussir cette transformation vers le Lean. Nous vous invitons à nous contacter si vous souhaitez recevoir un exemplaire de cette étude. 26 Découvrez l’étude sur la Performance opérationnelle des politiques publiques territoriales Véritable référentiel dédié à la performance opérationnelle des collectivités territoriales, celui-ci a pour but de : • proposer des indicateurs clés dans le but de piloter au mieux l’efficience des services chargés de la mise en œuvre des politiques, et procéder à des comparaisons internes/ externes ; • fournir des types de ratios comparables entre les différentes directions métiers d’une même collectivité, mais également avec d’autres collectivités territoriales ; • présenter des initiatives concrètes d’amélioration de l’efficacité et de maîtrise des coûts de l’intervention publique. Ce référentiel est un progrès considérable, et nul doute qu’il pourra dorénavant constituer une base solide pour progressivement créer des bases d’information cohérentes, solides, transverses, au sein des collectivités, et bien entendu entre elles. Il permet également, à très court terme, pour les dirigeants territoriaux, d’engager et piloter des chantiers d’amélioration de la performance de leurs métiers opérationnels. Les enjeux sont aujourd’hui tellement importants et vitaux pour les collectivités territoriales qu’il ne fait aucun doute qu’un tel outil va pouvoir rapidement porter ses fruits… Nous vous invitons à nous contacter si vous souhaitez recevoir un exemplaire de cette étude. Etude Inégalités de traitement cadre/ non cadre Depuis plusieurs mois, la Cour de Cassation se prononce, à travers différents arrêts, sur ce que l’on appelle désormais l’égalité de traitement entre les cadres et les non cadres. Ainsi, toute différence de rémunération, en salaire ou en avantages divers, entre salariés doit Génération Kurt Salmon # 25 être justifiée par des critères objectifs. Le temps de travail, les congés payés, les chèques restaurant, l’indemnisation des licenciements, les frais professionnels sont autant de thèmes sur lesquels la haute juridiction s’est déjà penchée. Face à cette évolution constante de la jurisprudence, les entreprises ne peuvent plus se reposer sur l’évolution des conventions collectives sur le sujet, et se posent légitimement la question de savoir de quelle manière les autres entreprises vont évoluer sur le sujet. C’est pourquoi Kurt Salmon et Fromont Briens – cabinet d’avocat spécialisé en droit social – ont réalisé une étude auprès des décideurs français, portant sur la perception qu’ont ces derniers sur l’égalité de traitement entre les cadres et les non cadres. Nous vous invitons à nous contacter si vous souhaitez recevoir un exemplaire de cette étude. Culture & Economie Enjeux et opportunités pour les entrepreneurs culturels et créatifs en Belgique Enjeux et opportunités pour les entrepreneurs culturels et créatifs en Belgique « Pas de croissance économique sans les arts ! ». Cette phrase effraye encore aujourd’hui, même si les artistes et les représentants du monde économique se tournent depuis longtemps vers de nouveaux paradigmes pour relancer notre économie. C’est justement ce mariage des opposés que Kurt Salmon a décidé d’explorer en étudiant les dynamiques des entreprises culturelles et créatives en Belgique. De plus en plus de monde se tourne vers l’économie mauve, cette nouvelle alliance de l’économie et de la culture. Ces entrepreneurs rencontrent de nouveaux challenges en termes de compétences, d’accès au financement, de révolution numérique, de droit d’auteur, d’innovation, et d’internationalisation. Comment les secteurs publics et privés peuvent-ils s’entraider pour faire fleurir l’écosystème des industries créatives et culturelles ? Plus de 200 participants à notre enquête en ligne et une soixantaine d’interviews avec des personnes clés des différents segments créatifs, nous ont permis de mieux comprendre comment les entrepreneurs de la création relevaient ces défis en Belgique. Découvrez L’Etat revisité, un ouvrage co-rédigé par Marie-Joëlle Thenoz, associée secteur public Kurt Salmon « La crise économique mondiale constitue un des déterminants de la dégradation des finances publiques. Le modèle social et économique français, résultant d’un pacte social bâti au fil d’une histoire nationale pluriséculaire au sein duquel l’Etat occupe une place centrale, semble avoir atteint ses limites en terme de soutenabilité financière… ». Comme l’explique Julien Dubertret, directeur du budget, la maîtrise de l’endettement et le retour à l’équilibre des finances publiques représentent non seulement une nécessité économique mais aussi un impératif moral si l’on veut réduire la charge transmise à nos enfants. C’est sur cette base que Marie-Joëlle Thénoz, associée secteur public du cabinet Kurt Salmon et Loïc Tribot la Spière, délégué général du Centre d’études et de prospective stratégique (CEPS) et conseiller du commerce extérieur de la France, ont co-rédigé l’ouvrage L’Etat revisité. Après avoir commencé par tracer des perspectives sur la posture stratégique de l’Etat, tous deux se sont rendus compte que cela ne suffirait pas. Selon eux, la réforme de demain devra être plus radicale et devra interroger en profondeur le modèle économique et social de la France, ainsi que l’organisation encore très centralisée de la sphère publique. Elle devra également tenir compte de l’avis des Français, qui, plus que les autres européens, priorisent l’éducation, la santé et l’emploi. Au sein de cet ouvrage, Marie-Joëlle Thenoz et Loic Tribot La Spière, entourés de plus d’une quinzaine d’auteurs, proposent de nouveaux paradigmes pour conduire une telle transformation. Nous vous invitons à les découvrir en vous procurant le livre à la Documentation Française, ou sur le site internet du CEPS, www.ceps.asso.fr Pour plus d’informations : Amandine Solanet, [email protected] Génération Kurt Salmon # 25 27 Nos bureaux ALLEMAGNE - DUSSELDORF Königsallee 11 40212 Düsseldorf T +49 (0)211 7595 0 ETATS-UNIS - SAN FRANCISCO 345 California Street, Suite 2500 San Francisco, CA 94104 T +1 415 296 9200 LUXEMBOURG - LEUDELANGE 41, Zone d’activité Am Bann L-3372 Leudelange T +352 26 37 74 1 BELGIQUE - BRUXELLES Bd la Woluwelaan 2 box 4 1150 Brussels T +32 (0)2 663 79 20 ETATS-UNIS - SOUTHERN CALIFORNIA 100 Pacifica, Suite 470 Irvine, CA 92618 T +1 949 609 0123 MAROC - CASABLANCA Twin Center, Tour Ouest Angle des bds Zerktouni et Al-Massira 20100 Casablanca T +212 (0)5 22 95 83 21 CHINE- HONG KONG 99 Queen’s Road 66/F, The Center Central T +1 852 3960 6448 FRANCE - LYON Immeuble Le Front de Parc 109, boulevard de Stalingrad BP 11259 69608 Villeurbanne cedex T +33 4 72 82 52 00 CHINE - SHANGHAI #1702 Evergo Tower 1325 Central Huaihai Rd 200031 Shanghai T +86 21 6121 3668 ETATS-UNIS - ATLANTA 1355 Peachtree Street, N.E., Suite 900 Atlanta, GA 30309 T +1 404 892 0321 ETATS-UNIS - MINNEAPOLIS 120 S. 6th Street, Suite 1600 Minneapolis, MN 55402 T +1 612 378 1700 ETATS-UNIS - NEW YORK 650 Fifth Avenue, 30th Floor New York, NY 10019 T +1 212 319 9450 ETATS-UNIS - SAN BRUNO 1250 Bayhill Drive, Suite 315 San Bruno, CA 94066 T +1 650 616 7200 FRANCE - MARSEILLE 5, place de la Joliette 13002 Marseille T +33 4 26 84 58 50 FRANCE - NANTES Impasse Augustin-Fresnel BP 80363 44816 Saint-Herblain cedex T +33 2 51 80 14 06 FRANCE - PARIS 159, avenue Charles de Gaulle 92521 Neuilly-sur-Seine cedex T +33 1 55 24 30 00 ITALIE - ROME Via Attilio Regolo, 19 I-00192 Roma T +39 06 3280 3235 JAPON - TOKYO Akasaka Nakagawa Bldg. 3-11-3 Akasaka, Minato-ku 107-0052 Tokyo T +81 3 3586 6840 www.kurtsalmon.com ROYAUME-UNI - LONDRES 10 Fleet Place London, EC4M 7RB T +44 20 7710 5200 ROYAUME-UNI - Manchester 3000 Manchester Business Park Aviator way Manchester, M22STG T +44 207 710 59 00 SUISSE - GENEVE 105, rue de Lyon 1203 – Genève T +41 2 23 89 42 00 TUNISIE - TUNIS Immeuble Carthage centre Rue du Lac de Constance Bloc A 2e étage 1053 Les Berges du Lac – Tunis T +216 71 96 50 57
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