Joindre le geste à la parole : il est temps pour la communauté

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Joindre le geste à la parole : il est temps pour la communauté
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
par Shenggen Fan
14 Mars, 2013
Joindre le geste à la parole : il est temps pour la communauté internationale
de passer à l'action dans la lutte contre la faim
En 2012, la sécurité alimentaire mondiale est restée vulnérable. S'il est vrai que des progrès dans
la lutte contre la faim et la malnutrition ont été réalisés ici et là, leur niveau actuel reste
inacceptable : la faim touche encore 870 millions de personnes et 2 milliards souffrent de
carences en micronutriments. Les nouvelles données de l'Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture, ainsi que les résultats tirés de la modélisation par l'IFPRI de
différents scénarios, montrent que si la communauté internationale continue son train actuel de
promesses creuses et d’engagements non respectés, elle sera loin de réaliser l'objectif du
Millénaire pour le développement qui est de réduire de moitié la proportion de personnes
souffrant de la faim d’ici 2015.
Malgré un accroissement important des investissements dans l’agriculture, la sécurité alimentaire
et la nutrition, la communauté internationale, c'est-à-dire les agences de développement, les
institutions financières, le gouvernement et autres acteurs, reste incapable de saisir des occasions
majeures de prendre des actions décisives. Aujourd'hui, l'agriculture et la sécurité alimentaire
sont au premier plan de l'agenda politique mondial, ce qui offre une occasion unique de joindre
le geste à la parole sur des questions très concrètes :
•
Nous avons parlé d’améliorer la productivité agricole des petits exploitants qui aura pour
effet d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Toutefois, les investissements dans
l’agriculture, et en particulier dans la recherche agricole, restent faibles dans de
nombreux pays en développement en Afrique au sud du Sahara et en Asie du Sud. Il faut
donc que les investissements provenant des gouvernements, du secteur privé et des
exploitants agricoles eux-mêmes augmentent, et que les priorités soient clairement
définies.
•
Nous avons parlé de l'économie verte et du développement durable, particulièrement l'an
dernier lors de la conférence RIO+20. Hélas, ces discussions n’ont pas débouché sur des
engagements concrets. Il faut désormais développer et mener un plan d'action pour
améliorer les moyens de subsistance des petits exploitants agricoles tout en préservant la
durabilité environnementale. Il faut faire en sorte que l’agriculture évolue en une activité
moderne et tournée vers l’avant pour offrir de nouvelles perspectives d’avenir pour les
jeunes du monde rural.
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Nous avons parlé de l'égalité des sexes et de l'impact positif que cette égalité pourrait
avoir sur l'amélioration de la productivité agricole. Il faut donc accorder une plus grande
attention à la question de l’égalité des sexes lors de la conception des politiques,
stratégies et projets de développement.
•
Nous avons parlé des réformes à apporter aux politiques agricoles des pays de l’OCDE
visant à atténuer l'impact négatif de ces politiques sur les petits exploitants agricoles des
pays en développement. Malgré cela, les décideurs politiques continuent d’avoir recours
à des subventions, à imposer des restrictions commerciales ou autres politiques qui ont
des conséquences profondes, créant ainsi des distorsions sur les marchés.
Le Rapport 2012 sur les politiques alimentaires mondiales de l’IFPRI passe en revue les
développements des politiques alimentaires et leur évolution, avec des discussions chapitre par
chapitre sur les principaux développements en matière de politiques alimentaires, de recherches
de haut niveau, et relate aussi les perspectives d'exploitants agricoles provenant des quatre coins
de la planète. Ce rapport trace également la voie à suivre en lançant un appel à l'action sur la
question de l’égalité des sexes, de l'emploi agricole pour les jeunes Africains, de l’évolution
nécessaire des politiques de soutien des États-Unis et de l'Union européenne à l’égard de leurs
agriculteurs, et des réformes politiques régionales visant à promouvoir la sécurité alimentaire et
nutritionnelle.
Aujourd'hui, la question est la suivante : l’année 2013 sera-t-elle différente de 2012 ? Il faut
qu'elle le soit. Entre les figures de rhétorique et les promesses, la mise en œuvre sur le terrain
doit être renforcée de façon à améliorer la vie de ceux touchés par la faim ou la malnutrition. Il
est temps de passer de la parole aux actes.
Shenggen Fan est le directeur général de l’Institut International de Recherche sur les Politiques
Alimentaires (IFPRI).
Pour des éléments supplémentaires, y compris le rapport intégral ainsi que des graphiques (haute
et basse résolution), veuillez consulter : http://www.ifpri.org/pressroom/briefing/walk-talktaking-action-fight-hunger
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L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) recherche des solutions durables pour
éliminer la faim et la pauvreté. L’IFPRI a été créé en 1975 pour identifier et analyser de nouvelles stratégies et
politiques nationales et internationales destinées à répondre aux besoins alimentaires du monde en développement,
en mettant un accent particulier sur les pays à faible revenu et sur les groupes les plus pauvres dans ces pays.
L’IFPRI est un membre du consortium CGIAR. www.ifpri.org.