L`ART DANS LA VILLE

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L`ART DANS LA VILLE
BALADE TITRE COURANT >
>>> (16ème) >>> 61,
U N N O U V E A U R E G A R D S U R L E PAT R I M O I N E PA R I S I E N
37 L’ART DANS LA VILLE
LA BALADE NORD
D E L ’ AV E N U E M O Z A R T ( 1 6 È M E ) À L ’ AV E N U E J E A N J A U R È S ( 1 9 È M E )
Les balades du patrimoine
>>> La Direction des Affaires Culturelles de la ville de Paris entretient,
à travers la capitale, monuments et statues du patrimoine municipal
ou étatique. La plupart de ces œuvres date des débuts de la Troisième
République, période active de commande artistique. Le XXe siècle
a longtemps été plus hésitant dans ce domaine, mais depuis
une vingtaine d’années, la ville de Paris a renoué avec la tradition
de la commande publique. En 2003, elle a mis en place le Comité
de l’Art dans la Ville, comité consultatif qui rassemble élus, experts
et directions sur les projets envisagés. Depuis, la ville de Paris a ainsi
réalisé des commandes d’œuvres pérennes ou éphémères à découvrir
dans 3 balades : nord, centre et sud.
>>> Les neuf œuvres-étapes de cette balade qui traverse
4 arrondissements de l’est et du nord parisiens sont accessibles
depuis les arrêts du métro de la ligne 2 Porte Dauphine-Nation.
Quatre d’entre elles étant lumineuses, vous pourrez les découvrir sous
un autre visage lors de vos déambulations nocturnes. D’autres
se répondent, comme celles de l’établissement artistique de la Ville
de Paris « Le 104 », réalisées en 2008 pour l’ouverture, ou celles
du collectif Inges Idee avenue Jean Jaurès (19ème). Enfin, ce parcours
est aussi l’occasion de percevoir comment l’art peut rendre hommage,
ici à Alexandre Dumas père, à l’utopiste Charles Fourier ou encore
au Préfet Erignac.
avenue Mozart
Jakob Gautel
« Hommage au Préfet
Erignac », 2004
En hommage au Préfet Claude Erignac, assassiné en 1998 à Bastia, Jakob Gautel est
intervenu sur la place qui porte son nom.
Après une relecture des écrits intimes du
Préfet consignés dans un carnet de notes,
il a imaginé un dispositif urbain échappant
au monumental. Les bancs publics sont disposés en opus incertum (appareil irrégulier)
et entourent, de près ou de loin, une table
d’échecs. En s’approchant, le promeneur
peut apercevoir, vissées sur les dossiers des
bancs, des plaques de laiton portant des
phrases notées par le préfet dans son carnet,
dont une page est vidéo-projetée sur un mur
adjacent.
Né en Allemagne en 1965, Jakob Gautel vit
à Paris. Dans ses travaux, il utilise différents
médiums liés à l’image, le son, l’installation
mais aussi « l’action » dans des performances,
dont un film garde la trace. Portant une attention particulière à la précarité des êtres
et des choses, l’œuvre de Jakob Gautel
transfigure la banalité tragique de l’existence
en expérience poétique et esthétique. Son
travail est un regard sur le monde, un révélateur de l’essence des choses. L’artiste
s’éloigne volontiers des lieux conventionnels de l’art pour prendre place dans l’espace
public. Ses interventions interrogent la place
de l’artiste dans la ville et par là, la place de
l’homme dans son environnement.
balades du patrimoine
>>> (16ème) >>> Place
de Mexico
Agueda Lozano
«Terre du Mexique en terre
de France », 2006
Le Gouvernement mexicain a souhaité offrir
à la capitale française une sculpture pour
marquer les liens unissant les deux pays.
Parmi les différents projets soumis par les
dirigeants mexicains à la ville de Paris en
1999, c’est l’œuvre d’Agueda Lozano qui
a été retenue. Cette sculpture verticale,
d’environ 5 mètres de hauteur en tôle laminée
d’acier inoxydable, patinée et polie, s’ouvre
en deux ailes vers le ciel pour symboliser
l’union des deux cultures. L’artiste conjugue
lyrisme et pureté des volumes, et développe
un système de pliages dont les lignes de fuite,
fracturées ou lisses, ouvrent sur l’espace.
Née en 1944 à Cuauthémoc (Mexique),
Agueda Lozano vit et travaille à Paris.
>>> (17ème) >>> Place
Jules Renard
Wang Du,
« La Tour d’exercice », 2008
Hommage de la ville de Paris à ses pompiers,
l’œuvre de Wang Du reprend, en accentuant la perspective, l’architecture de la tour
destinée aux exercices de la brigade, située
dans la cour de la caserne toute proche.
BALADE TITRE COURANT >
Polie comme un casque de pompier en acier
inoxydable, la sculpture de 7 tonnes s’élève
à 11 mètres de haut et reflète son environnement direct, composé de calcaire parisien
(façade de la caserne) et de briques (façades
latérales), typique des constructions édifiées
sur les terrains des anciennes fortifications
de Paris dans les années 1930.
Né en 1956 en Chine, Wang Du vit et travaille
en France depuis 1990. Artiste de renommée internationale, il est surtout connu
pour sa critique des médias. Il collecte
dans la presse les images de personnalités
et d’événements. Agrandies démesurément
et transposées en sculptures ou en installations, elles interpellent le spectateur et
dénoncent l’emprise de l’image sur la vie
politique, sociale et économique. Pour
concevoir la Tour d’exercice , Wang Du a
travaillé en étroite collaboration avec le
Poste de Commandement des pompiers de
Paris, situé en bordure de la place.
balades du patrimoine
a longuement étudié la vie du général avant
de proposer cette sculpture volontairement
brute, conçue avec l’aide du serrurier Dominique Tillard. Hauts de 5 mètres et pesant
plus de 5 tonnes chacun, ces fers sont comme
jetés à terre, rompus par le burin et la volonté
des hommes. En acier Corten poli, ils nous
rappellent que cet esclavage dans lequel
est né le Général Dumas n’a pas encore tout
à fait disparu.
Né en 1960, longtemps installé à Toulouse,
avant de s’établir à Caen en 2001, Driss SansArcidet agit sous le pseudonyme de Musée
Khômbol. Le Musée Khômbol est constitué
d’une série de collections dont la prétention
est de faire l’inventaire exhaustif de toutes
choses existant dans l’univers. Les objets
rassemblés appartiennent à une mythologie collective, en référence aux mythes et
croyances universels. Ils sont réunis en plusieurs familles ou sections.
biblique de la tentation et celle d’Isaac
Newton. L’œuvre est en aluminium brossé,
gravé d’un planisphère. Le socle d’origine est
recouvert d’un cube de verre aux couleurs
de « l’harmonie universelle ».
Né en 1965 à Lyon, Franck Scurti vit et travaille
à Paris. Il élabore ses travaux à partir d’idées
simples trouvées dans la rue ou inspirées par
la lecture des journaux. Avec un mélange de
sérieux et d’humour, il s’attache à respecter les
fonctions traditionnelles de l’art : divertissement, didactisme, reflet et interprétation d’un
monde social, en oubliant l’élan utopique.
>>> (18ème) >>> Ecole
Binet, rue Binet
Carmela Gross
« Bleujaunerougerouge », 2004
>>> (18ème) >>> Place
>>> (17ème) >>> Place
du Général Catroux
Musée Khombol
« Fers », 2009
En hommage au Général Alexandre Dumas
(1762-1806), père de l’auteur des Trois
Mousquetaires, la ville de Paris a commandé
à l’artiste Driss Sans-Arcidet (de son pseudonyme, Musée Khômbol) une œuvre monumentale rappelant la vie du premier général
français d’origine afro-antillaise, menée dans
un triple combat pour la libération : en tant
qu’esclave, soldat révolutionnaire et citoyen
meurtri par le retour de l’esclavage. L’artiste
de Clichy
Franck Scurti
« La Quatrième Pomme », 2011
L’œuvre de Franck Scurti est un hommage
au penseur utopiste et philosophe Charles
Fourier (1772-1837). La pomme renvoie à
son indignation de trouver ce fruit 100 fois
plus cher à Paris que sur son lieu de production, et à sa dénonciation des méfaits des
réseaux commerciaux. L’artiste a souhaité
représenter cette pomme qui est symboliquement la quatrième en référence aux trois
précédentes : la « pomme de la discorde »
offerte par Pâris à Aphrodite, la pomme
Bleujaunerougerouge est une fresque réalisée dans l’enceinte de l’Ecole Binet. L’artiste
a décidé « d’habiller » la façade de l’école
délimitant la cour de récréation : une composition qui reprend la géométrie du mur
en l’animant de plages colorées dans les
couleurs primaires : jaune, rouge, bleu, ainsi
que le blanc. Une peinture au sol de la promenade intérieure et de l’allée extérieure
qui conduit à l’école, prolonge cette composition colorée et rythmée. L’œuvre, typique
de l’architecture standardisée des années
1960 et 1970, s’inscrit dans la tradition brésilienne, fortement marquée par l’héritage
du Bauhaus et de Le Corbusier.
Née en 1946 à São Paulo (Brésil), Carmela
Gross y vit et travaille depuis le début de
sa carrière d’artiste plasticienne dans les
années 1960.
>>> (19ème) >>> 104
rue d’Aubervilliers
Le CENTQUATRE
Établissement artistique
de la ville de Paris, 2008
Lors de la construction du CENTQUATRE,
5 projets ont été commandés. Christian
Prigent (né en 1954 à Saint-Brieuc) a constitué un corpus de 104 slogans, qui s’inspirent
du carnavalesque ; il les transforme, un par
un, par des méthodes linguistiques différentes (métonymie, métaphore, verlan…).
Le collectif de paysagistes COLOCO a imaginé dans les deux cours anglaises un jardin
évolutif et participatif dans lequel les plantes
du quartier sont à l’honneur : le 19ème arrondissement recèle en effet l’une des plus
grandes richesses botaniques de Paris.
Gérard Pesson (né en 1958 à Torteron),
compositeur incontournable de notre temps,
a, quant à lui, réalisé Pompes / circonstances,
104 actions musicales qui se sont inscrites
pendant 24 nouvelles lunes au CENTQUATRE.
Paul Cox (né en 1959 à Paris) propose
Exposition à faire soi-même, une impressionnante maquette du lieu permettant
au public de créer ses propres installations
en miniature. Enfin, l’œuvre d’Anri Sala consiste à projeter tour à tour une soixantaine
de fictions reliées à un dispositif incluant
la température extérieure du lieu. Chaque
film a été sélectionné en fonction d’un lien
subjectif ou littéral avec la température.
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balades du patrimoine
>>> (19ème) >>> Avenue
Jean Jaurès,
à l’angle du boulevard Serrurier
Inges Idee
« La forêt de candélabres »,
2007
Avenue Jean Jaurès
Inges Idee
« Le balcon rouge », 2007
Le Balcon rouge du collectif Inges Idee est
un hommage au grand orateur tribun Jean
Jaurès. L’œuvre, fixée sur la paroi du mur
pignon du n°37 de l’avenue Jean Jaurès, est
traitée comme une construction moderne,
visible de loin, telle une sculpture minimaliste rouge – en réponse aux « pseudoarchitectures » de Bernard Tschumi disposées
dans le parc voisin de la Villette. L’ouverture
d’une baie dans le mur permet de rendre
accessible ce balcon, lieu symbolique du
discours politique et de la communication,
prolongation de la sphère privée dans la
sphère publique.
Formé en 1992 à Berlin (Allemagne), le collectif d’artistes Inges Idee est spécialisé dans
les interventions en espace public. Il est constitué de quatre artistes allemands : Hans
Hemmert, Axel Lieber, Thomas A. Schmidt
et Georg Zey, tous nés entre 1960 et 1962.
Leurs réalisations communes sont déjà nombreuses, principalement en Allemagne, mais
aussi au Luxembourg et au Japon. Ils poursuivent aussi individuellement leur carrière
artistique.
TOUTES LES BALADES SONT DISPONIBLES SUR LE SITE
www.culture.paris.fr
:
10 ANS DE COMMANDE PUBLIQUE
Le 1% artistique
Cette procédure permet aux maîtres d’ouvrages publics de réserver 1% du coût
hors taxes des travaux pour la commande ou l’acquisition d’œuvre(s) d’art
conçue(s) pour le bâtiment considéré.
Le dialogue entre l’art et la ville se poursuit…
> Accompagnement artistique du T3 Est
Le prolongement du T3 jusqu’à la Porte de la Chapelle est l’occasion d’une commande
publique sans précédent. Le projet proposé par Christian Bernard, directeur
artistique, est de créer une continuité entre Paris et les communes limitrophes,
d’encourager les temps de pause, de réflexion et de dialogue dans la vitesse
usuelle du transport en commun. D’où le parti-pris d’œuvres à valeur d’usage
(bancs, fontaines) et de « signaux » monumentaux, points de repères pour tous.
> 1% UFR Lamarck & Lavoisier
Deux commissaires indépendants, Mélanie Bouteloup et Caroline Naphegyi,
ont proposé pour ce 1% la collaboration d’un artiste avec le monde universitaire
pour créer une œuvre d’art pérenne. Afin de mieux révéler les enjeux du projet,
une médiation sera réalisée pendant le processus de création, en lien avec les
enseignants chercheurs.
> 1% Collège A. Césaire
Florence Lazar travaille sur l’identité. En collaboration avec les collégiens et
enseignants, elle réalise une archive photographique vivante restituant des mémoires.
Retrouvez tous les points Vélib’
sur www.velib.paris.fr
Mairie de Paris / Directions des affaires culturelles – Conception graphique :
, www.montag-design.com –
Crédits photographiques : Christophe Noël / FMAC ; Inges Idee ; Sophie Payet / Mairie de Paris ; Nathalie Viot / Mairie de Paris
>>> (19ème) >>> 35
Un peu plus loin sur l’avenue, La Forêt de
candélabres est constituée de douze lampadaires différents, non alignés, et regroupés
en un « bosquet urbain » original. Ce groupe
sculptural, disposé autour d’un axe central,
occupe de façon très dense l’espace. Pendant la journée, la situation anarchique des
éléments souligne le « non-lieu » du terreplein. Le soir et la nuit, l’ensemble illuminé
et rayonnant luit sans autre objet que luire
pour lui-même. Grâce à des filtres qui découpent la lumière en motifs, les faisceaux
diffèrent les uns des autres, composant un
halo particulier. Une idée qui fait référence
aux philosophes des Lumières et à l’esprit
humaniste de Jean Jaurès : même sur la plus
modeste des places urbaines, il est possible
de trouver un lieu qui s’illumine de lui-même
pour une idée commune. La diversité des
modèles de lampadaires, rassemblés sur
ce périmètre urbain, est aussi représentative des villes européennes. Elle souligne
la pluralité des cultures et des individus,
qui vivent et communiquent chaque jour
ensemble dans l’arrondissement et plus
largement en Europe.