J.D.D. - entree
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www.lejdd.fr I 6 mars 2016 I N° 3608 I 2 € (JDD + Version Femina) Peur dans le ciel français Aménagement Qui était le pilote derrière le drone ? n. KoVariK / reserVoir PHoTo Page 17 Le nouveau visage des places de Paris Cahier Paris page I « Pas de chantage à la démission » b Avant une semaine cruciale pour la réforme du droit du travail, le Premier ministre s’explique b « C’est la jeunesse qui a le plus à gagner avec cette loi », assure Manuel Valls Pages 2-3 M 00851 - 3608 - F: 2,00 E 3’:HIKKSF=VUWUUU:?d@g@k@s@a"; ExClusIf Hier, dans son bureau, à Matignon. ériC Dessons/JDD Maro Kouri/Polaris Pour le JDD alain GuilHoT/DiVerGenCe eriC Dessons/JDD Migrants Retraites Vadim Vasilyev Pages 8-9 Page 19 Page 40 La Grèce, salle d’attente des réfugiés France métropolitaine : 2 € Bientôt les fonds de pension version Macron ? « Le foot français, c’est l’Union soviétique » 2| L’événement jdd | 6 mars 2016 IntervIew Avant la journée de mobilisation de mercredi, Manuel Valls, qui doit recevoir les dès demain, monte au front pour expliquer et défendre « sa » réforme du Code du travail « Ce qui serait terrible, c’est le statu quo » L’interview qu’accorde Manuel valls au JDD n’est pas une interview ordinaire. D’abord, parce que le Premier ministre s’explique sur la réforme du Code du travail au moment où beaucoup croient à une « explosion sociale » ou la craignent. ensuite, parce que c’est peu de dire que cette réforme – en dehors de la « désinformation » IntervIew DoMInIqUe De MontvALon et ArtHUr nAzAret @demontvalon1 @ArthurNazaret La pétition en ligne contre la loi travail a récolté plus d’un million de signatures. Des manifestations vont avoir lieu. est-ce l’une des batailles les plus difficiles du quinquennat ? que fustige Manuel valls – ne fait pas l’unanimité à gauche. « trop, c’est trop », a lancé Martine Aubry dans un texte indigné. enfin, parce que le Premier ministre, dont la détermination apparaît sans faille, se retrouve aujourd’hui isolé : nombreux sont ceux qui, à gauche, refusent en effet l’idée, si François Hollande choisissait plus de souplesse aux entreprises. Je veux d’une France où chacun est en capacité de s’épanouir, où les individus ont les mêmes chances, sont plus forts et plus solidaires. La loi travail, portée avec pugnacité par Myriam El Khomri, est un levier puissant pour cela. À gauche, beaucoup voient La loi travail est essentielle pour dans cette loi une « régression » notre pays. Il faut, bien sûr, répondre et une « précarisation » accrue aux interrogations, aux inquiétudes, pour les salariés… et lever les ambiguïtés, faire évoluer La précarité, je la connais, je l’ai ce qui doit évoluer, d’autant que le vue partout en France et notamment projet n’a pas encore été présenté en à Évry, chez ceux qui sont exclus de Conseil des ministres. Mais réforl’emploi, ballottés de petits boulots mer la France est vital. Notre pays en petits boulots, qui triment. Voilà souffre du fait que ses élites, ses le quotidien de millions de Franresponsables poliçais. Le chômage tiques ont du mal de masse frappe durement. Il se à produire un dis- « C’est la jeunesse cours qui explique qui a le plus concentre sur les le monde et ses jeunes et les moins évolutions. Faute à gagner avec qualifiés. Un chômeur sur quatre a d’explications, le cette loi, car elle est conservatisme moins de 25 ans. Un sur trois n’a et les blocages la première victime aucun diplôme. peuvent l’empor- du système actuel » Ce qui doit nous ter. Il faut dire aux Français d’où l’on révolter, c’est qu’il vient et où l’on va. En 2012, nous y a 3,5 millions de chômeurs. Sur les avons hérité d’une France marquée emplois marchands créés en 2015, par des inégalités croissantes, avec 90 % l’ont été en intérim ou en CDD. des comptes publics particulièreIl faut casser les barrières à l’entrée ment dégradés et des entreprises du marché du travail sur lesquelles en perte de compétitivité. Notre viennent se fracasser des milliers de modèle social était à bout de souffle. jeunes et de chômeurs peu qualifiés. Depuis le début du quinquennat, Le CDI doit devenir la règle. Nous voulons réconcilier l’employeur et nous avons réarmé les entreprises l’employé et qu’ils retrouvent tous pour faire face à la concurrence internationale et aux bouleverseles deux la confiance, l’envie d’avanments de l’économie, avec notamcer ensemble. ment le numérique. Nous voulons Ceux qui manifesteront mercredi garantir notre modèle social et les demandent le retrait du texte droits des salariés tout en donnant pour partir sur de nouvelles bases. est-ce envisageable ? Il faut enrichir et compléter cet avant-projet de loi. Mais ce qui serait terrible, c’est le statu quo. Plus encore pour les exclus du marché du travail. J’aurais pu dire : il reste quatorze mois, je vais lever le pied, ne prendre aucun risque… Ce n’est pas ma vision de la politique, ni celle du président de la République. Je ne donnerai pas une seule seconde à l’immobilisme. Car cette loi travail, c’est plus de visibilité pour les entreprises et plus de protection pour les salariés. Comprenez-vous l’inquiétude et la colère de tous ces jeunes qui appellent à manifester mercredi contre ce projet de loi ? Je veux répondre à toutes les questions, à toutes les inquiétudes et aux critiques formulées de bonne foi. C’est pour cela que nous avons pris quinze jours supplémentaires avec Myriam El Khomri et Emmanuel Macron, pour améliorer et corriger là où c’est nécessaire le texte, mais aussi pour faire cesser la désinformation. J’entends dire que la jeunesse va être précarisée, mais justement, c’est la jeunesse qui a le de ne pas être candidat en 2017, que la porte s’ouvre devant lui. « Jamais je ne ferai de chantage à la démission », assure le chef du gouvernement, tout en affichant sa volonté de tout faire pour que cette réforme – symbole, à ses yeux, d’une démarche vitale, réformiste et proeuropéenne – aboutisse. Un pari. D.D.M. plus à gagner avec cette loi, car elle au dialogue social et à l’emploi, qui est la première victime du système a adopté le principe du compte peractuel : précarité et CDD à répétisonnel d’activité. En septembre, m’a tion. J’entends dire que les heures été remis le rapport Combrexelle, supplémentaires sur la négociation au sein de l’entrene seront plus majorées. C’est « Nous prenons prise et, en janvier, faux. Les heures deux semaines le rapport Badinsupplémentaires ter, sur les grands seront toujours supplémentaires, principes de notre m i e u x p ayé e s car ma méthode, Code du travail. que les heures Nous prenons deux semaines normales. Aucun c’est le dialogue » accord, même masupplémentaires, joritaire, ne pourra car ma méthode, conduire à une réduction de salaire. c’est le dialogue. Je veux crédibiliser J’entends dire que les chefs d’entrecette flexisécurité à la française en prise pourront licencier comme ils donnant des droits nouveaux aux le souhaitent : c’est faux. Cette loi salariés. n’invente aucun nouveau motif Les syndicats réformistes de licenciement. Elle clarifie des demandent notamment motifs déjà reconnus et appliqués la fin de la barémisation pour par les juges. les prud’hommes et une définition va-t-il y avoir, dans les jours qui viennent, des négociations sur le fond ou de simples ajustements ? Nous travaillons et discutons sur ces questions depuis plus d’un an. En février 2015, j’ai présenté un agenda social devant les partenaires sociaux. Puis il y a eu la loi relative plus stricte des licenciements économiques. Là-dessus, y a-t-il une marge de négociation ? Ces deux points feront, bien sûr, l’objet d’améliorations. En ce qui concerne les entreprises, nous devons davantage insister sur le fait que ce texte s’adresse d’abord aux « Jamais je ne ferai de chantage à la démission » on murmure que vous êtes prêt à mettre en jeu votre responsabilité de Premier ministre… Mon énergie, mon dynamisme, je les mets au service de cette réforme déterminante. Et je n’oublie pas les autres défis : la menace terroriste, la crise migratoire, le risque de dislocation de l’Europe… Dans de telles circonstances, il y aurait une forme d’indécence à poser le débat autour de ma personne. Le seul sujet qui m’occupe, c’est l’efficacité de cette réforme. Oui, j’insiste, c’est difficile mais moi, je suis passionné par ce que je fais. Je suis fier d’être le Premier ministre de la France, et d’agir. C’est pourquoi je suis serein et en même temps très déterminé. Jamais je n’ai fait et je ne ferai de chantage à la démission. Le narcissisme, l’égotisme et les caprices, je laisse cela à d’autres. Mon rapport avec le président de la République est empreint de loyauté personnelle et de respect des institutions. Depuis les attentats de janvier 2015 puis ceux de novembre, j’éprouve une forme de gravité. Mais cette gravité n’enlève rien à mon enthousiasme et à ma volonté de servir la France. Je suis engagé à gauche depuis que, à 18 ans, j’ai rejoint Michel Rocard. Je crois passionnément aux valeurs de la République. Nous gouvernons un pays extraordinaire, dont la voix compte, dont la langue et la culture rayonnent. C’est un non-sens et même une faute que de parler d’affaiblissement de la France alors que notre projet vise au contraire à la renforcer. Et plutôt que des critiques sans propositions, j’aimerais que tout le monde partage l’idée d’une réussite collective. Je ne changerai pas le cap qui m’a été assigné par le président de la République, par l’Assemblée nationale à deux reprises et, d’une certaine manière, par les Français. La survie du PS tel qu’il est est-elle aujourd’hui en jeu ? Il doit se réinventer en se dépassant. Cela doit se faire dans la vérité et la clarté. Souhaitez-vous l’organisation d’une primaire à gauche ? Il y a un grand appétit de débats et de démocratie dans notre pays. Et il faut évidemment l’entendre. Mais, vous savez, moi, je crois beaucoup aux institutions de la Ve République. Et je ne veux pas d’une VIe République qui mettrait en cause les responsabilités essentielles qui sont celles du chef de l’État et de son rapport au peuple. La VIe République, qu’on invoque souvent, c’est en fait le retour à la IVe République sans les talents d’alors. Je dis donc : attention ! Ce débat sur la primaire, je le suis avec intérêt, mais si c’est pour s’en prendre à la légitimité du Président et des institutions, alors je ne suis pas d’accord ! g l’événement | 3 jdd | 6 mars 2016 syndicats Manuel Valls, hier matin, à Matignon. éric Dessons/JDD petites et moyennes entreprises. C’est là où il y a la peur d’embaucher. Nous devons lever cette crainte. Concernant la barémisation pour les prud’hommes, disposition attendue par les chefs d’entreprise, des adaptations peuvent être possibles sans la remettre en cause. Nous allons en discuter. Les opposants à cette loi soulignent qu’elle renverse la hiérarchie des normes en privilégiant l’entreprise comme cadre de négociation. Or dans les entreprises, le rapport de force est moins positif pour les salariés que dans les branches… C’est justement le contraire ! S’il n’y a pas d’accord entre le salarié et le patron, le droit du travail restera exactement le même. Nous faisons confiance à la négociation au sein de l’entreprise, aux accords majoritaires et aux salariés qui seraient consultés. Cette décentralisation du dialogue social, c’est un changement majeur et un progrès qui conforte notre contrat social. vous dites que cette loi doit donner plus de sécurités aux salariés mais elle sécurise surtout les licenciements. elle doit réduire le chômage : pourtant, en donnant plus de souplesse aux entreprises dans l’organisation du temps de travail, elles pourront faire face aux surcroîts d’activité sans forcément embaucher. n’est-ce pas contradictoire ? Le compte personnel d’activité (CPA) va-t-il regrouper des droits qui existent déjà ou peut-il entraîner des droits nouveaux ? Le CPA, c’est la vraie révolution sociale de ce quinquennat. Et donc Non, cette loi, c’est du gagnantce sera l’un des points importants gagnant pour l’entreprise et les de la négociation à venir. Nous salariés. Sortons de la théorie et voulons renforcer le compte perprenons l’exemple de la barémisasonnel d’activité, particulièrement tion. Elle permet notamment aux pour les jeunes. Actuellement, changer d’emploi, c’est perdre TPE et PME d’anticiper ce que leur coûterait un licenciement. Plutôt tous ses droits. Demain, grâce aux que d’embaucher systématiqueCPA, les droits – à la formation, ment en CDD ou le compte pénid’avoir recours à bilité, l’épargne des intérimaires, « Nous n’avons salariale… – suide sous-traiter, jamais évoqué vront le salarié cela les inciterait tout au long de sa à embaucher en l’idée de mettre vie ! Cela va perCDI. Pour les sala- en œuvre le 49-3 » mettre à chacun, riés : au lieu d’ennotamment aux chômeurs grâce chaîner les CDD, ils pourront enfin avoir la possibilité à plus d’heures de formation, de d’être embauchés en CDI. En cas rebondir et de prendre un nouveau de licenciement, les entreprises départ. Prenons aussi l’exemple ont souvent intérêt à faire traîner d’un jeune qui a accompli une misles procédures pour payer le plus sion de service civique dans une tard possible. Cela nuit au salarié. association et a envie d’y être emSon intérêt, c’est d’être dédommagé bauché. Il doit pour cela suivre, par vite, à la hauteur du préjudice subi, exemple, une formation complépour pouvoir rebondir. mentaire en comptabilité. Il pourra désormais le faire gratuitement ! Car au terme de sa mission, grâce à son CPA, il aura droit à vingt heures de formation. envisagez-vous d’utiliser, le cas échéant, l’arme politique du 49-3 ? Nous n’avons jamais évoqué l’idée de mettre en œuvre le 49-3. Myriam El Khomri a simplement rappelé que nous assumerions nos responsabilités. Et notre responsabilité, c’est de mener à bien ce texte avec les amendements nécessaires. Moi, je veux convaincre les socialistes, les radicaux de gauche, les écologistes d’approuver cette loi mais je veux que la loi recueille aussi l’assentiment de tous ceux qui veulent réformer le pays. Au lendemain des élections régionales, marquées par la progression de l’extrême droite, tout le monde a dit qu’il fallait sortir d’un certain nombre de postures, et ne pas approfondir les fractures. Je n’attends pas qu’on gomme les clivages entre la gauche et la droite, mais qu’on se retrouve sur la question essentielle de la lutte contre le chômage. vous souhaitez, en somme, que les réformistes de droite vous apportent leur concours ? Il y a une majorité pour réformer parmi les partenaires sociaux, comme au Parlement, j’en suis convaincu. Ceux qui pensent que cette loi va dans le bon sens doivent l’approuver ou la voter. On ne peut pas s’y opposer uniquement parce qu’elle vient de l’autre camp. Chacun doit assumer ses responsabilités. Nous devons réformer le droit du travail, comme nos voisins l’ont fait. Réformer, c’est difficile, c’est bien pour cela que je m’y colle avec passion. g Les quAtre POInts ChAuds du PrOjet de LOI eL KhOmrI Au cœur des échAnges qu’entame demain le Premier ministre avec les centrales syndicales – parmi lesquelles plusieurs réclament le retrait pur et simple du projet global –, quatre sujets brûlants. b BArème et PLAfOnd des IndemnItés POur LICenCIement ABusIf L’avant-projet de loi instaure un barème et un plafond des indemnités que les employeurs doivent verser en cas de licenciement jugé abusif par les prud’hommes. La somme est fonction de l’ancienneté : de 3 mois de salaire pour deux années (ou moins) passées dans l’entreprise à 15 mois après vingt ans de présence. b LA défInItIOn du LICenCIement éCOnOmIque Il faut que l’entreprise, au niveau de l’établissement ou de son secteur, subisse une dégradation de son chiffre d’affaires pendant quatre trimestres ou des pertes d’exploitation pendant un semestre. Plusieurs syndicats réclament une définition plus large de l’entreprise, tenant compte du groupe jusqu’au niveau européen. Ils estiment qu’une entreprise qui va mal dans un groupe qui va bien ne devrait pas pouvoir recourir aux licenciements économiques. b Le fOrfAIt jOurs dAns Les Pme Actuellement, le forfait jours (décompte du temps de travail en jours et non pas en heures) est applicable à condition qu’un accord d’entreprise le prévoie. Le projet de loi propose que les chefs d’entreprises de moins de 50 salariés puissent y recourir par accord individuel avec le salarié. b Les ACCOrds de COmPétItIvIté dIts « OffensIfs » Une entreprise qui veut se réorganiser ou faire face à d’importantes commandes pourra proposer aux syndicats un accord visant à modifier le temps de travail. En cas d’accord dans l’entreprise, les salariés qui refusent ces changements pourront être licenciés au titre de licenciement individuel. Les syndicats y voient un risque de chantage. RETROUVEZ TOUS SES PLUS GRANDS TITRES EN ACOUSTIQUE ET EN ÉLECTRIQUE 4 | l’événement JDD | 6 mars 2016 À Rennes, les étudiants s’échauffent UNIVERSITÉS Sur le campus de Rennes 2, nombreux, sous-informés, trop occupés, démotivés, hésitent encore à s’engager à l’université de Rennes 2, vendredi, quelques jours après l’appel à manifester. RENNES (IllE-ET-VIlaINE) EnvoyéE spécialE MaRIE QUENET Ils sont tous les quatre penchés sur leur feuille blanche, armés de feutres de couleur : « Loi travail, retrait total. AG le 8/3. Manif le 9/3. » L’un d’eux relève la tête, satisfait : « Ça devrait bouger ! » Vendredi, à l’université Rennes 2, souvent fer de lance des contestations étudiantes, une dizaine de militants de la gauche radicale cherchent à mobiliser contre le projet de réforme du Code du travail. Hall B. Ici, dix ans plus tôt, se tenait le QG des luttes anti-CPE (contrat première embauche). à la veille de week-end, il n’y a pas foule. Les tracts, imprimés au petit matin, déteignent sur les doigts. Des affiches, rapidement placardées aux quatre coins du campus, appellent à manifester : « Travailler plus, gagner moins, viré plus facilement. On n’en veut pas ! » Après l’intersyndicale réunie la veille, il a fallu faire vite. « Cette réforme nous a pris au dépourvu, confie Hugo Melchior, hier un des meneurs contre le CPE, aujourd’hui doctorant et enseignant à la fac. Il faut mobiliser à la hâte, convaincre les étudiants de son caractère ignominieux. Mais le Code du travail, ce n’est pas facile. » à l’heure du tout numérique, une majorité a pourtant déjà entendu parler du projet. Car la fronde monte sur les réseaux sociaux. « Il n’y a pas encore eu beaucoup de tractages. Cela se joue surtout sur Internet avec le hashtag [mot-clé] #on vaut mieux que ça », explique Valentin, 22 ans, étudiant en cinéma. « J’ai relayé les vidéos de Youtubeurs, comme Doxa, qui expliquent la loi, témoigne Bénédicte, une brune en salopette. On comprend qu’elle va donner plus de pouvoirs au patron. » Comme d’autres, elle a paraphé la pétition en ligne (déjà 1 million de signatures contre la réforme). « C’est dur de prendre position, je n’y connais pas grand-chose » Parmi les révoltés, certains pensent manifester mercredi. « Proposer aux apprentis de bosser dix heures par jour, c’est aberrant ! », s’indigne Corentin, 20 ans, en licence d’information et communication. « J’ai bientôt fini mes études. J’aimerais avoir un vrai avenir », s’inquiète une étudiante en arts du spectacle. Mais beaucoup manquent d’informations. « C’est dur de prendre position. Je n’y connais pas grand-chose », avoue Marius, 20 ans, qui sera pris mercredi par ses répétitions de théâtre. « J’ai lu plusieurs articles. Mais c’est tellement dense, j’ai du mal à comprendre », glisse Quentin, en première année de master. Devant le resto U, un étudiant sur deux prend le tract qu’on lui tend. Rares sont ceux qui s’arrêtent. « Ils sont pressés d’aller manger », ironise un militant. Mais la mobilisation débute à peine : « En 2006, compare un habitué, il a fallu trois bonnes semaines pour arriver à des AG rassemblant 400 personnes ! » Les meneurs s’activent donc, estimant que cette réforme pourrait être « la goutte d’eau qui fera déborder le vase ». De fait, la jeunesse, priorité annoncée du quinquennat, paraît Laurent Guizard pour Le Jdd désenchantée. Déchéance de nationalité, prolongation de l’état d’urgence et maintenant ce projet de loi travail, « depuis quelques mois, c’est la douche froide ! », déplore Bettina, 19 ans, naguère pro-Hollande. « Je ne vois pas ce qu’il y a de social avec ces socialistes », critique un autre étudiant, qui ne sait plus trop comment se définir : « De gauche, mais pas celle au pouvoir. » Un jeune, en licence d’anglais, soupire : « Tout ce que je sais, c’est que, depuis que Hollande est président, j’ai perdu ma bourse. Je bosse tous les samedis comme caissier. » Ces étudiants déçus vont-ils manifester pour autant ? à voir. à la veille des examens, certains af- fichent d’autres priorités : « Avant de râler sur les conditions de travail, il faudrait peut-être terminer ses études », estime Violaine, qui potasse un oral pour son master. D’autres se disent solidaires mais… occupés : « Mercredi à midi, je travaille dans la restauration », s’excuse Laura, 26 ans, qui jongle entre trois boulots pour s’en sortir. « J’ai un exposé », plaide une autre jeune fille. Même les signataires de la pétition ne défileront pas tous. « De toute façon, la loi ne passera jamais ! » « Les étudiants n’ont plus cette culture de la mobilisation » Dix ans après la victoire contre le CPE, « Rennes 2 la rouge » – son surnom à l’époque – va-t-elle se réveiller ? Difficile à dire. « Au moment du CPE, on avait des années de militantisme derrière nous : contre Jean-Marie Le Pen en 2002, la guerre en Irak en 2003, les émeutes en banlieue et la réforme Fillon en 2005 », se souvient Kevin Le Tétour, militant NPA, aujourd’hui prof contractuel. « Là, il n’y a pas eu de grand mouvement depuis la réforme des retraites en 2010. Les étudiants n’ont plus cette culture de la mobilisation. » Et contrairement au CPE, la réforme actuelle ne cible pas une catégorie d’âge en particulier… Mercredi aura donc valeur de test. à l’appel des organisations de jeunesse et de syndicats, des manifestations se dérouleront à Paris, Rennes et, dit-on, dans plus d’une cinquantaine de villes universitaires. Mais Kevin s’interroge : « Toutes ces personnes, sensibilisées via Facebook, sont-elles prêtes à venir, à s’engager jusqu’au retrait du projet ? Il faut passer du virtuel au réel. La mobilisation, elle est forcément dans la rue ! » En attendant, l’Unef a dépêché un jeune de son bureau national. Ce jour-là, Bastien Zapata, 22 ans, distribue aussi des tracts. « Nous allons faire en sorte de mobiliser au maximum. Cela ira crescendo avec les manif estations des 22 et 31 mars. Mercredi, c’est le tour de chauffe ! » g Caroline De Haas, la pétition à un million aNNE-ChaRloTTE DUSSEaUlx @AnneChDusseaulx Elle dit ne pas aimer les portraits. Mais Caroline De Haas, à l’origine de la pétition contre la loi travail lancée il y a deux semaines, et qui a dépassé vendredi soir le million de signatures, n’en finit plus de faire parler d’elle. Il y a quinze jours, quand elle voit les grandes lignes du projet de loi, cette militante de 35 ans se demande : « C’est quoi ce délire ? » « J’ai voté pour ces gens-là. Je leur ai donné une capacité de changer la vie des gens et ils mettent en place le programme du Medef », s’indigne Caroline De Haas. Alors, elle décide de s’engager sur un nouveau front. « C’est génial », lui écrit la féministe Karine Plassard au début du mouvement. « Oh toi, avec tes 400.000 signatures [pour la libération de Jacqueline Sauvage] », lui répond Caroline De Haas, loin de s’imaginer qu’elle dépassera aisément ce chiffre. « Ce qui fait le succès de cette pétition, c’est l’horreur de son contenu », assure aujourd’hui Caroline De Haas, refusant de céder à la facilité présumée de la mobilisation sur Internet. Néanmoins, elle le reconnaît : « La pétition est une petite partie de la mobilisation. […] On n’obtiendra pas le report du projet de loi sans les syndicats et une mobilisation sociale d’ampleur. » Le report annoncé par le gouvernement ? « Ce n’est pas en quinze jours que la loi va devenir progressiste », dit-elle, favorable à son retrait pur et simple. « Je suis une angoissée de l’inutilité » Caroline De Haas a fait ses armes à l’Unef, dont elle a été secrétaire générale (2006-2009), puis a fondé l’association Osez le féminisme ! en 2009. Depuis, elle est étiquetée féministe. « C’est comme si ça l’avait mise dans une case. Mais le fait d’être féministe ajoute une grille de lecture, cela n’enlève rien aux autres compétences », estime Anne-Cécile Mailfert, ancienne porte-parole de l’association. ministre Najat Vallaud-Belkacem, lui reconnaît une « sacrée force » : « Elle ne s’est jamais sentie contrainte par les cadres existants […]. Elle a toujours été dans cette jonction entre un combat militant et une démarche de transformation sociale par la voie politique. » Caroline De Haas, à Paris, en février. Francois LaFite/Wostok press Ses détracteurs l’accusent de mener plusieurs combats à la fois. C’est vrai que ces derniers mois elle a multiplié les initiatives, pour une primaire de gauche notamment. Il y a aussi eu le contre-référendum au PS, les sites Expertes, Macholand, La gueule de bois… « Je crois qu’il y a suffisamment de neurones dans un cerveau pour faire plusieurs choses à la fois. Après, c’est vrai que je suis une angoissée de l’inutilité, j’ai très peur de ne servir à rien », justifie Caroline De Haas. S’il ne partage pas toutes ses positions, l’ancien président de l’Unef Jean-Baptiste Prévost, aujourd’hui au cabinet de la Ex-collaboratrice de Hamon et de Vallaud-Belkacem Et les partis politiques ? Caroline De Haas est passée par le PS. Elle fut la collaboratrice de Benoît Hamon, a fait la campagne de Martine Aubry en 2011, puis est restée aux côtés de François Hollande en 2012, avant d’intégrer le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem aux Droits des femmes, qu’elle a finalement quitté en mai 2013. Un an plus tard, elle rend sa carte. Aux européennes de 2014, elle mène une liste féministe en Île-de-France et obtient 0,29 % des suffrages. Où sera-t-elle dans dix ans ? « Je n’en sais rien. Je suis prête à faire des compromis, mais pas à renier mes convictions. » Une chose est sûre, ce ne sera plus aux côtés de François Hollande. g 6 | instantanés JDD | 6 mars 2016 Les indiscrets Le top 5 twitter Juppé recrute 1 Enfin sacré meilleur acteur michel sapin, « homme à femmes » Alain Juppé recrute. Les collaborateurs parlementaires des députés et sénateurs Les Républicains ont reçu cette semaine un e-mail du candidat à la primaire les conviant à le retrouver « autour d’un verre, afin d’échanger » jeudi prochain à son QG de campagne. Et plus si affinités… Pour féminiser les sphères dirigeantes de l’État, le ministre des Finances lance demain à l’occasion d’un petit déjeuner le réseau des femmes cadres de Bercy. Entouré d’une trentaine de participantes, Michel Sapin réagit aux statistiques maison : seuls 23 % des postes à responsabilité sont occupés par des femmes. Au menu de cet échange, les freins, leviers et réussites des parcours au féminin dans les ministères économiques et financiers. À noter que le taux de féminisation de son cabinet est passé de 20 à 40 %. Les disciples de macron Créé par quatre militants du PS et du MJS – Pierre Person, Sacha Houlié, Florian Humez, Jean Gaborit –, un collectif intitulé Les jeunes avec Macron (JAM) va tenir une première conférencedébat samedi prochain dans les locaux d’une start-up du 11e arrondissement de Paris. Avec la participation de l’économiste Jean-Marc Daniel et du député PS Pascal Terrasse. Le thème : « Inégalités et nouvelles opportunités économiques ». Le ministre viendra-t-il applaudir ses supporters, qui disent ne l’avoir rencontré qu’une fois ? Suspense. son projet de loi, Myriam El Khomri est victime d’un malaise, mardi. Mais la ministre du Travail se veut rassurante. @MyriamElKhomri Rien de grave, tout va bien ! Merci pour vos messages de soutien. 2 bilatérales (@UPAofficiel + @force_ouvriere) reprogrammées cette semaine Hollande et la « question habile » L’ironie de Lienemann Sénatrice de Paris, Marie-Noëlle Lienemann – qui reproche à l’exécutif son « virage droitier » – va publier le 31 mars aux Éditions du Moment un essai très sévère pour la gestion Hollande. Paraphrasant le titre qu’avait choisi Valérie Trierweiler (Merci pour ce moment), elle a intitulé sarcastiquement son ouvrage Merci pour ce changement. Le soutien d’Obama qu’attendait Hillary En choisissant d’encourager ouvertement la candidature de l’élu démocrate de Floride Patrick Murphy pour ravir le siège de sénateur au républicain Marco Rubio, le président Obama a clairement choisi son camp. Dans cette primaire locale, Murphy, un pro-Clinton de la première heure, affronte un élu local parrain de la campagne de Bernie Sanders, le rival de Hillary Clinton. à suivre cette semaine Lundi François Hollande (photo) à Bruxelles pour un sommet extraordinaire UE-Turquie sur la crise migratoire. g Manuel Valls reçoit pendant trois jours l’ensemble des partenaires sociaux à Matignon pour discuter du projet de loi sur le travail. g Dîner annuel du CRIF, à Paris. g Soirée de lancement du Sidaction 5 La pétition en ligne contre C’était le 17 février à l’Élysée. Près de une heure d’entretien du président de la République avec quatre journalistes de Elle. Et inévitablement, au détour d’une interrogation sur son statut de célibataire, le sujet Julie Gayet… « Question habile », a feinté François Hollande, décontracté tout au long d’une interview exclusive publiée dans l’édition de cette semaine. « Le Président s’est montré sympathique, concentré, plutôt loquace, témoigne Françoise-Marie Santucci, la directrice de la rédaction du magazine. Mais pas blagueur comme on a pu le décrire, vraiment sérieux. Bon, il n’a pas voulu nous parler de Julie Gayet mais tant pis. Il nous a raconté plein d’autres choses. » v. dArGent / news PiCtures Fabius et ses amis Il ne compte plus ses tweets sur le sujet. Depuis la rentrée 2016, Patrick Kanner défend la prime d’activité mise en œuvre pour les travailleurs aux revenus modestes. À partir de 18 ans, les jeunes, habitant ou non chez leurs parents, y sont éligibles. « Le MJS a fait une campagne dessus, mais mon parti n’a rien fait. Le PS ne fait pas le service minimum, il devrait être la caisse de résonance des actions populaires… J’en suis meurtri », explique le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Dessus, successeur de François Hollande à l’Assemblée, est morte jeudi d’un cancer. Parmi les nombreux hommages rendus à gauche, celui de l’ex-ministre Christiane Taubira. @ChTaubira …et tout d’un coup, ça vous cogne comme un coup de poing au menton et au cœur, un sale coup du destin : #SophieDessus n’est plus. ChT 4 En pleine mobilisation contre Commentaire en petit comité d’un haut diplomate israélien sur les relations entre Tel-Aviv et les monarchies pétrolières du Golfe : « Nous notons que certains pays n’appellent plus à notre destruction, c’est le cas avec l’Arabie saoudite dont nous rencontrons certains des représentants officieusement. Quant à ceux du Qatar [qui soutient le Hamas à Gaza], nous espérons qu’ils nous accueilleront si Israël se qualifie pour le Mondial de foot de 2022… » Ps et service minimum 2 La députée PS de Corrèze Sophie 3 Candidat républicain à la Maison-Blanche en 2012, Mitt Romney sort de son silence pour faire barrage au favori des primaires de son parti, Donald Trump. @MittRomney “Ce que je sais, c’est que Donald Trump est un charlatan, un imposteur. Ses promesses ne valent pas mieux qu’un diplôme de l’université Trump.” israël fait le tri dans le Golfe De ses trois années et demie au Quai d’Orsay il a gardé des amitiés. Laurent Fabius a rencontré en fin de semaine à Paris le ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier, et l’ukrainien, Klimkine. Le nouveau président du Conseil constitutionnel ira en Chine fin mars pour y recevoir le titre de doctor honoris causa de l’université de Nankai. Et Laurent Fabius y prononcera un discours sur la COP21, dont il a dû laisser la présidence à Ségolène Royal… aux Oscars, Leonardo DiCaprio n’en oublie pas ses combats. @LeoDiCaprio “Honoré par cette récompense. #TheRevenant montre la beauté de la nature. Contribuez à la protéger.” 2016, au musée du Quai Branly. Mardi 33e sommet Franco-Italien, à Venise, en présence de François Hollande. g L’Assemblée nationale vote sur le projet de lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement. g Journée internationale des droits des femmes. Nathalie KosciuskoMorizet, qui doit se déclarer candidate à la primaire mardi soir sur TF1, a choisi la Haute-Savoie pour son premier déplacement de candidate, vendredi. Le jeudi 10 mars elle sera l’invitée de la Journée de la femme digitale à Paris, qui rassemble plus de 1.000 femmes responsables dans le secteur du numérique. Le top 5 Google tendances de recherches du 27 février au 4 mars (plus fortes progressions) Tous les sujets France Personnalités politiques 1. Qu’est-ce qu’une année bissextile ? 2. Lyon-PSG 3. Michael Douglas 4. Granville-OM 5. Alicia Vikander 1. François Hollande 2. Nicolas Sarkozy 3. Manuel Valls 4. Emmanuel Macron 5. Marine Le Pen Nos classements et analyses sur lejdd.fr retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur Mercredi Manifestation à Paris contre le projet de loi de réforme du travail à l’appel de la CGT, FO et Solidaires. g Hommage républicain, à Uzerche, rendu à l’ancienne députée de Corrèze Sophie Dessus, en présence de François Hollande. g Procès de George Pouille, à Grenoble, accusé du meurtre de deux fillettes dans les années 1990 à Voreppe, confondu par son Poree Audrey/ABACA ; Gilles BAssiGnAC/diverGenCe Pour le Jdd ; ÉriC dessons/Jdd La candidate nKm en Haute-savoie la réforme du travail dépasse vendredi le million de signatures. Ce qui agace l’ex-ministre PS Michèle Delaunay. @micheledelaunay Du million de signataires pour l’abolition de la loi travail, combien qui n’en ont pas lu la moindre ligne ? @MyriamElKhomri @partisocialiste ADN vingt ans après les faits. g Salon international du tourisme de Berlin. Jeudi Visite d’État en France, jusqu’à vendredi, du roi Willem-Alexander et de la reine Maxima des PaysBas. g La juge des tutelles de Reims rend sa décision sur la désignation d’un tuteur extérieur à la famille pour le paraplégique Vincent Lambert. g Premiers essais en mer du plus grand paquebot du monde, l’Harmony of the Seas, construit à SaintNazaire. g Réunion de politique monétaire de la BCE avec une décision sur les taux directeurs, à Francfort. Vendredi Sommet national sudafricain, à Johannesburg. g Salon européen de l’Éducation, à Paris. g Semaine nationale de l’Artisanat en France. Samedi Début de la semaine de la langue française. g Remise, à l’Assemblée nationale, du prix de la 25e journée du livre politique. g Rassemblement en France contre le projet de loi du travail à l’appel de la CFDT, CFTC, CFECGC, Unsa et Fage. Dimanche Élections législatives partielles dans la 2e circonscription de l’Aisne et la 10e du Nord pour succéder à Xavier Bertrand (photo) et Gérald Darmanin. g Élections régionales en RhénaniePalatinat, Saxe-Anhalt et Bade-Wurtemberg (Allemagne). g Écosse- France, 4e journée du Tournoi des Six Nations. Politique jdd | 6 mars 2016 |7 LR Sur sa candidature à la primaire, l’ex-président enjoint à ses amis d’être patients tout en les invitant à « prendre des initiatives » : « Je ne bougerai pas avant l’été », a-t-il déclaré Le calendrier de Sarkozy L ChRistine OLLivieR @Chr_Ollivier n’était pas dans le même calendrier que les autres. » Il fallait aussi faire taire une « petite musique » dangereuse, « sur le thème du doute : “est-ce qu’il va aller jusqu’au bout ?” », explique Roger Karoutchi. Pas question en effet que les parlementaires, très sollicités pour leurs parrainages, soient tentés de rejoindre une autre écurie. a primaire, c’est six mois de faux-plat, et deux mois et demi d’ascension. Mes adversaires, je les attends sur le ring » : c’est un Nicolas Sarkozy, « très déterminé », selon un témoin, qui, mardi, a rendu une visite surprise à ses amis. La quarantaine de parlementaires réunis par Brice Hortefeux « Il prendra sa décision entre le 21 juin et le 9 septembre » au Toucan, une brasserie située à deux pas du siège des RépubliMais « je ne veux pas précipiter cains à Paris, l’a vu débarquer à le calendrier », a prévenu Nicolas 9 h 30, pour un peu plus d’une Sarkozy. « Je ne veux pas me retrouheure d’échanges. Alors que les ver dans la mêlée pendant des mois. candidatures se multiplient à Je ne bougerai pas avant l’été », a-t-il expliqué, droite – Nathalie Kosciusko-Moriselon un particizet se déclarera à « Il faut imposer pant. « Il prendra son tour mardi – des règles pour sa décision entre le 21 juin et le et qu’Alain Juppé que les candidats caracole en tête 9 septembre », des sondages, il se respectent date limite du devenait urgent des candiles uns les autres » dépôt de rassurer ses datures à la priBernard Reynès maire, confirme troupes. « Sur le terrain, un proche. S’il est il y a une certaine candidat, les staagitation avec tous les candidats tuts du parti lui imposent toutefois déclarés qui s’organisent et qui rede quitter la présidence des Répucrutent, témoigne le sénateur Alain blicains au plus tard quinze jours avant cette date, soit le 25 août. Joyandet. On nous dit : “Et nous alors ? Sarkozy, c’est pour quand ?” S’il encourage ses amis à L’idée, c’était de faire passer le mesprendre des initiatives localement sage qu’il était bien là, mais qu’il et a confié à Brice Hortefeux le soin Nicolas Sarkozy, jeudi, à Lille. Max rosereau/Maxppp de réactiver son microparti, Nicolas Sarkozy n’entend pas varier de la stratégie qui est la sienne depuis qu’il a été élu à la tête de l’UMP : être l’homme du « collectif », s’appuyer sur le parti et laisser ses rivaux s’épuiser à faire campagne, avant de mener une guerre éclair de deux mois. Et qu’importe que les candidatures se multiplient : peu seront effectivement sur la ligne de départ. « Septembre, c’est le temps des vendanges. On verra qui a une bonne récolte et qui n’en a pas », a-t-il lancé lors d’une réunion interne. D’ici là, il entend jouer la carte du « rassemblement » et du « projet », contre les petites phrases qui hérissent les militants. Agacé et inquiet à l’idée que la primaire vire à la foire d’empoigne, le député LR Bernard Reynès réclame déjà une « charte de bonne conduite » qui engagerait les candidats, les cadres et les adhérents. « Il faut imposer des règles pour que les candidats se respectent les uns les autres », plaide-t-il. Nicolas Sarkozy, lui, suit son propre calendrier. La ligne du parti, telle que définie lors du Le Maire : « J’ai envie, j’ai très envie » Dans son discours, Le Maire n’a guère attaqué l’actuel président. « Parce que François Hollande n’est plus le sujet pour les Français. Ils ont déjà tiré un trait sur lui », confie-t-il. Le candidat à la primaire plaide pour « une nouvelle révolution française » Il veut « réinventer la politique ». Pour son premier grand meeting de campagne, Bruno Le Maire a appelé samedi, devant 2.000 personnes réunies à Aubervilliers (Seine-SaintDenis), à une « nouvelle révolution française, celle qui rendra le pouvoir aux citoyens ». Pour incarner le « renouveau », ses équipes ont soigné la forme, pour un budget de 150.000 € : écrans géants, goodies aux couleurs de « BLM », nouvelle musique, mais toujours pas de tribune, l’homme préférant se balader au milieu des rangs, un micro à la main. Lui, c’est clair, il « veut être le chef de l’État ». Un « président qui préside », mais pas un hyperprésident : « Le chef de l’État, il n’est pas ministre à la place de ses Bruno Le Maire, hier, à la Plaine Saint-Denis. Éric baudet/divergence pour le jdd ministres. Il n’est pas responsable du gouvernement à la place de son Premier ministre. Assez de ces chefs de l’État qui font tout et n’importe quoi ! » « Toute cette gauche du XIXe siècle avec ses vieilles idées » Pour se démarquer, il a plutôt plaidé en faveur de la réforme El Khomri du droit du travail : se mobiliser contre ce texte serait « une erreur ». Car « la simplification du droit du travail est dans l’intérêt de nos jeunes », plaide-t-il. « Je vois […] se lever, comme une masse énorme, toute cette gauche du XIXe siècle avec ses vieilles idées, a-t-il ironisé. Voilà que Martine Aubry sort de sa boîte ! » À contre-courant d’une partie de son camp, il a aussi développé un discours résolument proeuropéen. Le 9 mai, il sera d’ailleurs à Berlin pour un des rares déplacements inter- Les invités politiques du dimanche g Olivier Dartigolles (PCF) : L’interview politique du 7/9 du week-end, France Inter, à 8 h 20. g Florian Philippot (Fn) : Le Grand Rendez-Vous, Europe 1/ Le Monde/iTélé, à 10 heures. g Alexis Corbière (PG) : 30 Minutes pour convaincre, Judaïques FM, à 10 h 30. g Benoist Apparu (LR) : Bureau politique, LCI, à 10 h 35 et 22 h 10. g hervé Morin (UDi) : Agora, France Inter/L’Obs, à 12 heures. g hervé Mariton (LR) : Le Brunch politique, Sud Radio, à 12 heures. g Xavier Bertrand (LR) : 12/13 dimanche, France 3, à 12 h 10. g Matthias Fekl (Ps) : Internationales, TV5 Monde/RFI, à 12 h 10. g emmanuelle Cosse (eeLv) : Le Grand Jury, RTL/Le Figaro/LCI, à 12 h 30. g Bruno Juillard (Ps) : Le Supplément, Canal+, à 12 h 55. g Malek Boutih (Ps) : Forum, RadioJ, à 14 h 20. g Jean-Louis Debré (LR), Caroline De haas, (initiatrice de la pétition contre la loi du travail) : BFM Politique, BFMTV/Le Parisien Aujourd’hui en France, RMC, à 18 heures. g Luc Chatel (LR) : 18 h Politique, iTélé, à 18 heures. g Éric Woerth (LR) : C politique, France 5, à 18 h 35. g Guy Geoffroy (LR) : Grand Écran, LCP-Assemblée Nationale, à 20 h 30. g Christine Boutin (PCD) : Soir 3, sur France 3, à 23 h 55. nationaux de sa campagne. Ce qui le différencie des autres candidats à la primaire ? « J’ai envie, j’ai très envie ! », a-t-il lancé. Ce meeting clôturait une intense séquence de quinze jours après sa déclaration de candidature. « Le che- dernier conseil national, doit être validée en avril par un vote des militants. Viendra alors le temps du « programme de gouvernement » issu des conventions qui doivent s’achever en juin. La prochaine, consacrée à la fonction publique, est prévue mercredi, jour de mobilisation sociale contre la réforme du droit du travail. Nicolas Sarkozy veut aussi régler la question des investitures pour les législatives avant l’été. Il n’en démord pas, bien qu’Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire, qui veulent renvoyer le sujet à l’après-primaire, en aient fait un casus belli. En Sarkozie, l’heure n’est donc pas aux doutes. Les proches de l’ancien président se rassurent devant les bonnes ventes de son livre et l’accueil qui lui est réservé lors des séances de dédicace. Qu’Alain Juppé se moque de son « plan Marshall » pour la ruralité – « le plan Marshall, c’était au XIX e siècle » –, et l’un d’eux réplique aussitôt : «…un siècle qu’il a bien connu ! » Surtout, l’ancien président observe avec intérêt les primaires américaines, bousculées par un Donald Trump. « Le candidat qui va passer ne sera pas le candidat du système, mais celui des gens », affirme-t-il. Un proche ajoute les sous-titres : « Et ici le candidat du système, c’est Juppé. » g min est encore long, mais on a atteint le camp de base et il est solide », se réjouit-il. Il va désormais reprendre son tour de France, « humblement ». « Maintenant, il faut disparaître à nouveau… » En attendant la vraie campagne, en septembre. C.O. 8| InternatIonal jdd | 6 mars 2016 miGrants Le sommet UE-Turquie qui s’ouvre demain illustre les grandes difficultés de Bruxelles à assurer la maîtrise des flux migratoires L’Europe otage de la Turquie U François ClemenCeau @Frclemenceau ne course de lenteur. Face à l’arrivée quotidienne de 2.000 à 3.000 migrants sur les côtes grecques en provenance de Turquie, les 28 chefs d’État de l’Union européenne se réunissent demain, à la demande de l’Allemagne, pour faire appliquer le « plan d’action » adopté entre l’UE et Ankara… le 29 novembre dernier ! À l’époque – car au vu des flux et de l’accélération des fermetures de frontières au sein de l’espace Schengen, cela semble déjà très lointain –, il avait été décidé que Bruxelles dépenserait la somme de 3 milliards d’euros pour « fixer » les réfugiés en Turquie. À condition que le gouvernement du président Erdogan multiplie les efforts en ce sens sur le plan humanitaire et policier. Or, le compte n’y est pas. À tel point qu’il a fallu, au terme d’une visite à Ankara le 8 février de la chancelière Merkel, solliciter l’aide de l’Otan pour aider à mieux surveiller les côtes turques d’où les passeurs organisent le trafic de migrants à destination de la Grèce. Ces désespérés y sont désormais bloqués par dizaines de milliers du fait de la fermeture de la frontière macédonienne (lire le reportage cidessous). En Allemagne, l’extrême droite progresse La situation est d’autant plus désolante que, en échange de sa bonne volonté, la Turquie exige davantage de souplesse dans l’accélération des négociations de son adhésion, improbable à moyen terme, à l’UE. Négocier avec un gouvernement qui réprime brutalement ses ennemis kurdes de l’intérieur et fait fermer à tour de bras les médias d’opposition, voilà qui est encore plus désolant. « La solution est européenne », ont, d’une voix unanime, déclaré François Hollande et Angela Merkel, réunis à Paris vendredi, même si, côté français, l’on regrette les dérives entraînées par la générosité de la chancelière. La dirigeante allemande joue gros dans cette affaire (lire l’article p. 9). Non seulement en tant que leader européen, puisque sa seule initiative a suscité une cascade de décisions nationales restreignant la liberté de circulation, mais en tant que patronne de la CDU dans son propre pays où les élections régionales importantes de dimanche prochain seront marquées par la progression de l’extrême droite europhobe et anti-réfugiés. Coïncidence fâcheuse : hier, la Slovaquie a reconduit l’équipe du Premier ministre sortant Robert Fico, au terme d’une campagne axée sur le refus d’accueillir sur son sol tout réfugié « musulman ». g Ci-dessus : un arbre du port du Pirée, près d’Athènes (Grèce), sert d’étendoir improvisé. A droite, en haut : capitale grecque, un migrant porte des œufs durs offerts par un Athénien. En bas : des familles afghanes La Grèce, salle d’attente pour les réfugiés athènes (GrèCe) Envoyé spécial antoine malo @AntoineMalo2 La crise des migrants serait-elle en train de réveiller les démons grecs ? Vendredi matin, accompagnant la pierre qui a fracassé la vitrine de son salon de photographie, Yiannis Lagoudakis a retrouvé ce message : « Sale pute ! Tes “réfugiés”, tu peux te les foutre au cul ! » Yiannis est également le maire de Perama, petite commune sur les hauteurs du Pirée, et, pour lui, il n’y a aucun doute : cette agression est signée Aube dorée, le parti néonazi grec. « Cela fait deux ans qu’ils se tenaient tranquilles, ils profitent de la situation pour refaire surface. » Pour autant, cet élu de Syriza (gauche radicale, au pouvoir) ne renoncera pas à son programme du jour : la visite du camp de Schisto et des 1.500 migrants qui y ont trouvé refuge. La municipalité a offert les balançoires qui viennent d’y être installées. « Et puis la grande majorité des habitants de ma commune est solidaire des réfugiés », justifie le maire photographe. Le camp de Schisto n’est situé qu’à quelques centaines de mètres du centre de Perama, au bord d’une route nationale qui s’enfonce dans les collines pierreuses. Cette ancienne base de tirailleurs grecs, abandonnée depuis plusieurs années, a été rénovée début février par les militaires et a ouvert il y a quinze jours seulement. Le centre est déjà plein. Dans les 125 tentes montées à Schisto ne vivent pratiquement qu’au compte-gouttes Syriens et que des Afghans. Or, depuis quinze jours, la Macédoine, la Serbie et Irakiens. Plus de 10.000 personnes la Croatie, trois pays de transit à s’entassent désormais dans le partir de la Grèce vers l’Autriche camp d’Idomeni, aux portes de la puis l’Allemagne, ne les considèrent Macédoine. Au sud, sur les îles de plus comme éligibles à l’asile. « Les Lesbos ou de Kéos, le rythme des Syriens, eux, ils ont le droit d’aller arrivées de bateaux depuis la Turen Europe, et pas quie ne faiblit pas. « Environ nous ?, s’indigne Pa y m a n , u n « Moi, je n’arrive pas 3.000 personnes adolescent qui à boucler les fins de débarquent par s’exprime dans jour, estime un anglais par- mois, ma maison peut Daniel Esdras, chef du bureau fait. La guerre, ils être saisie. Mais eux, grec de l’OIM ne la connaissent que depuis 2011. on leur distribue (Organisation internationale Nous, ça fait de la nourriture… » trente ans ! » Et pour les migrad’expliquer que, tions). Et ce sera du haut de ses 16 ans, il a déjà rédavantage au printemps. » Parmi chappé à trois attentats commis par eux, de plus en plus de femmes et les talibans. Payman et sa famille d’enfants (lire interview p. 9). n’ont aucune envie de s’installer Combien de temps la Grèce tiendra-t-elle ? Cette semaine, la en Grèce. Ici, on rêve plutôt de la Suède, du Canada, et surtout de Commission européenne, lui a alloué l’Allemagne. un fonds d’urgence de 300 millions d’euros. Un cautère sur une jambe Plus de 10.000 personnes de bois. « Au-delà de 150.000 réfuà Idomeni giés, cela va devenir ingérable pour Ainsi va la Grèce aujourd’hui. le gouvernement », estime même Accueillant sur son territoire des Daniel Esdras. Les autorités ne semblent déjà réfugiés qui ne souhaitent pas pas dominer entièrement la situay rester et palliant les décisions de pays européens – Autriche, tion. Il suffit de faire un tour sur Hongrie, pays nordiques – qui ne le port du Pirée pour s’en rendre veulent plus voir passer ou s’installer compte. Là débarquent les réfugiés des migrants sur leur sol. Résultat : après leur premier passage dans les les autorités estiment qu’au mois îles. Dans les salles d’attente, remde mars le pays pourrait compter plies, l’été, de touristes en partance jusqu’à 70.000 réfugiés. Au nord, la pour les îles, dorment des familles Macédoine a pratiquement fermé de Syriens, d’Afghans, d’Irakiens. sa frontière, ne laissant passer D’autres campent au pied de bâti- ments délabrés. Des ONG locales Accueillir les migrants au centre de distribuent de la nourriture et disSchisto fait donc grincer quelques pensent les soins médicaux sous dents. « Ça m’embête de les voir làle regard de quelques policiers bas, confie Pagona, une aide-ménapeu concernés. Au plus fort de la gère de 50 ans rencontrée pendant crise grecque, Stratis Soulargas, sa pause-cigarette. Moi, je n’arrive un bénévole de 41 ans, avait déjà pas à boucler les fins de mois, ma maiparticipé à des réseaux de solidarité son peut être saisie. Mais eux, on leur citoyens. « Tant qu’ils arrivent ici, distribue de la nourriture… » qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? », s’interroge-t-il. Comme lui, malgré Fracture avec l’UE la misère et un chômage qui frappe En tout cas, Pagona ne compte 26 % de la population active, beaupas plus que ses compatriotes sur coup d’Athéniens viennent apporl’Union européenne pour régler le ter des vivres et des vêtements ou problème. Selon Seraphim Sefedonner de leur temps aux réfugiés. riades, ces nouvelles tensions n’ont « Avec la crise économique, les Grecs fait que renforcer le peu de confiance se sentent des sacrifiés du système que les Grecs, déjà échaudés par la et de l’Europe, explique le sociocrise du Grexit l’an dernier, placent logue Seraphim Seferiades. Il leur dans les institutions européennes. paraît donc normal de venir en aide Et elles consacrent un peu plus la à d’autres exclus. » fracture entre cette Grèce qui a voté À Perama également, cet élan Syriza et une partie de l’Europe perde solidarité existe. « C’est quand çue comme réactionnaire. même très triste, ce qui leur arrive, En tournée dans la région cette explique Stelios, 65 ans, ouvrier semaine, Donald Tusk, le président sur le port. Moi, du Conseil euroje leur donnerais péen, a tenté de ma chemise s’il « Tous me disent calmer le jeu, assurant qu’un le fallait. » Pour- la même chose : ils consensus se tant on sait, ici plus qu’ailleurs, vont accélérer leur dessinait et que que cette situa- départ avant que le retour au systion n’est pas tème Schengen, tenable sur le tout ne soit fermé » notamment dans long terme. Pe« les pays de la route des Balkans occidentaux », rama, cité de dockers aux immeubles bas un peu décatis, a été ravagée par était proche. Un diplomate eurola crise. Selon le maire, le taux de péen explique, quant à lui, que les chômage y frôle aujourd’hui 60 %, Grecs remplissent aujourd’hui leur grimpant jusqu’à 90 % parmi les mission, notamment dans la mise travailleurs des chantiers navals. en place des hot spots. Quatre fonc- InternatIonal | 9 jdd | 6 mars 2016 Pierre Henry, DG de France Terre d’asile « à Lesbos, plus de 60 % des migrants sont des femmes et des enfants » IntervIew Marie-Christine tabet @mc_tabet À Calais, le nombre de mineurs isolés – 326 selon vos chiffres, dont 57 de moins de 15 ans – ne cesse de progresser. Pourtant, ce sont des hommes que l’on a vus depuis des mois sur les routes d’europe… SIPA Les hommes sont effective m e n t p a rtis seuls en éclaireurs. Ils avaient l’intention de faire venir leurs familles par des voies légales, une fois installés en Europe. Mais les discours de fermeture des frontières répétés dans différents pays européens ont eu un effet immédiat sur les familles restées au pays. Ils ont provoqué un « regroupement familial » de fait. Les hommes ont compris que les rapprochements seraient aléatoires, ou du moins extrêmement longs à réaliser. Du coup, ils ont donné la consigne aux femmes et aux enfants de partir sur-lechamp, par tous les moyens, même en plein hiver, et de rejoindre la Grèce au plus vite. des migrants, en majorité afghans, au Pirée, jeudi. Au milieu : sur la place Victoria, dans le centre de la et iraniennes manifestent au centre d’identification et d’enregistrement de Schisto, près d’Athènes. REPoRtAgE Photo MARo KouRI/PoLARIS PouR LE JDD Angela Merkel joue serré tionnent déjà dans les îles grecques, un cinquième prochainement. Leur rôle ? Enregistrer les migrants et « faire le tri » entre réfugiés de guerre et migrants économiques. Avec pour objectif d’expulser ces derniers ? Donald Tusk l’a confirmé cette semaine : « Nous pensons que nous pouvons réduire les flux par des retours à grande échelle et rapides depuis la Grèce de tous les migrants qui n’ont pas besoin de protection internationale. » « La fermeture de frontières, ça ne sert à rien » Une approche répressive qui suscite le doute. « C’est comme la fermeture de frontières, ça ne sert à rien sauf à enrichir les criminels ! », commente Khalaf Al-Houshos, un Syrien installé en Grèce depuis huit ans qui est en contact régulier avec des compatriotes arrivés récemment. Depuis la quasi-fermeture du passage entre la Grèce et la Macédoine, certains lui demandent s’il connaît des passeurs qui pourraient les conduire illégalement en Allemagne. Le trafic de faux passeports, tenu en Grèce par les réseaux égyptiens et albanais, serait lui aussi,en expansion. Enfin, des Syriens encore réfugiés en Turquie ont également appelé Khalaf. « Tous me disent la même chose : ils vont accélérer leur départ avant que tout ne soit fermé. » De passage à Ankara jeudi, Donald Tusk leur a pourtant expliqué ceci : « Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. » Il n’est pas certain que le message ait été entendu. g TROIS LäNDER votent en même temps, dimanche, dont les très peuplés BadeWurtemberg et RhénaniePalatinat. L’assiette électorale est donc suffisamment large pour faire de ce scrutin un référendum sur la politique migratoire de la chancelière – qui influencera le choix de quatre électeurs sur cinq, selon un récent sondage ARD. Dans les intentions de vote, partout, la CDU perd du terrain au profit du jeune parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui fait campagne contre les réfugiés. En Saxe-Anhalt, seule région de l’Est à voter, l’AfD est même crédité de 17 % des intentions de vote, devant le SPD. Dès lors, Angela Merkel n’a pas le choix : elle doit tenir la promesse qu’elle a formulée dès le mois de novembre à ses électeurs, et faire baisser rapidement le nombre de demandeurs d’asile. Pour elle, la solution viendra de ce sommet UE-Turquie. « Je n’ai pas de plan B », a-t-elle concédé dimanche dernier sur ARD. « L’obsession turque de la chancelière » : l’expression, entendue dans la bouche d’un diplomate européen à Bruxelles lors du dernier sommet, a fait son chemin jusqu’à Berlin. Au ministère à Berlin, mardi. EPA/MAXPPP des Affaires étrangères, on applique les directives de la chancellerie – les contacts sont désormais quotidiens avec les Turcs – mais on n’en pense pas moins : Angela Merkel compte trop sur Ankara pour résoudre la crise des réfugiés. Rééquilibrer sa diplomatie Ainsi les négociateurs allemands ont reçu pour consigne de ne plus aborder certains dossiers chauds, comme la liberté d’expression ou la question kurde. « C’est de la realpolitik, certes, mais il y a le danger d’une rupture majeure dans la ligne allemande », reconnaît un diplomate. Des équipes ont aussi dû plancher sur des documents de travail appuyant les exigences turques à Bruxelles : levée de l’obligation de visa pour les visiteurs turcs dans l’espace Schengen, voire, à moyen terme, reprise des négociations pour une adhésion à l’UE. « Une stratégie dangereuse et irréaliste », a critiqué cette semaine l’économiste HansWerner Sinn, patron du très influent institut pour la recherche économique (Ifo) de Munich. « À chaque fois que l’Allemagne ne se montre pas assez docile, les Turcs laissent passer quelques réfugiés de plus vers l’Europe. » Depuis une semaine, la chancelière cherche toutefois à rééquilibrer sa diplomatie : voyage à Paris, discussions avec les Libanais et les Irakiens, et un spectaculaire rapprochement avec Athènes – qu’elle défend désormais : « Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de l’Euro ont combattu jusqu’au bout afin que la Grèce reste dans l’Euro pour qu’un an plus tard on laisse la Grèce plonger dans le chaos ? » L’Allemagne et la Grèce, les deux extrémités de la « route des Balkans » ont les mêmes intérêts dans cette crise. Demain à Bruxelles, bien plus que François Hollande, c’est Alexis Tsípras qui sera donc l’allié le plus important de Merkel. Un paradoxe alors que, dans le dossier de la dette, Berlin continue de critiquer l’absence de structures étatiques fiables en Grèce. HéLène KoHL, à BeRLin Le phénomène est-il important ? Depuis le 1 er janvier, sur 120.000 migrants arrivés sur l’île de Lesbos, on a dénombré 47.100 enfants et 27.300 femmes, ce qui fait plus de 60 % du total. Pour mémoire, 470.000 migrants étaient passés par Lesbos sur l’ensemble de l’année 2015, principalement des hommes. Nous sommes donc face à un phénomène nouveau et massif. L’europe et la France doivent-elles désormais se préparer à accueillir ces femmes et ces enfants ? L’Union européenne n’a aucun moyen de répartition et n’a même aucune présence physique sur la route des migrants, si ce n’est dans l’embryon de hot spot de Lesbos. Mais il ne faut pas être dupe, il ne s’agit que d’une immense agence d’enregistrement photographique. Une fois les questions administratives réglées, les migrants prennent le ferry pour rejoindre le port du Pirée, à Athènes. Il n’y a guère que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Unicef qui ont organisé des centres pour accueillir les femmes et les enfants dans les différents pays. La France, elle, s’est engagée à accueillir 30.700 migrants en deux ans. En six mois, nous en avons reçu 200 ! Or il y a 12.000 personnes bloquées au camp d’Idomeni, à la frontière macédonienne. Dans quelques semaines, quelques mois, ceux et celles qui veulent retrouver un mari, un père, un oncle en Grande-Bretagne atterriront en France… g 10 | InternatIonal JDD |6 mars 2016 Assad profiteur d’accalmie Syrie La première semaine de trêve n’a pas été respectée par le régime syrien et ses alliés. L’opposition menace de ne pas revenir à la table des négociations qui pourraient reprendre à partir de jeudi à Genève d’approvisionnement des zones rebelles dans le Nord. En fait, ils font partie intégrante du régime ! » Dans un tel contexte, impossible pour Riad Hijab, cet ancien Premier ministre de Bachar ElAssad qui a rejoint la rébellion en 2012, d’aller à Genève la semaine prochaine. À moins que des progrès décisifs soient faits dans l’aide humanitaire et que le régime consente enfin à libérer ou à échanger des prisonniers. Riad Hijab évoque ces convois parvenus bien tard cette semaine dans certaines villes assiégées, certains transportant des denrées périmées ou même des produits totalement inutiles ou encore des vêtements d’hiver alors que le printemps est déjà là… FrançoiS ClemenCeau @Frclemenceau Riad Hijab n’est pas content. Il est venu à Paris ce vendredi pour sonder ses alliés européens réunis autour du chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. Et au moment même où le ministre britannique des Affaires étrangères l’encourageait à reprendre la négociation avec le régime, voilà que les forces d’Assad pilonnaient la zone rebelle de Douma, à l’est de la capitale syrienne. Le même jour, l’émissaire spécial des Nations unies, Staffan de Mistura, indiquait que le sort du président Assad n’appartenait qu’au seul peuple syrien. « Pourquoi devrionsnous dire à l’avance ce que les Syriens diront, dans la mesure où ils ont la liberté et la possibilité de le faire ? » Riad Hijab se sent lâché par les américains Une allusion des plus ambiguës aux élections législatives que le régime veut organiser en avril et à la présidentielle annoncée par Bachar El-Assad lui-même pour le mois de juillet. Hier, le diplomate onusien a recalibré ses propos : les négociations de Genève doivent précéder la formation d’un gouvernement de transition qui, lui seul, pourra convoquer des élections libres après l’adoption d’une nouvelle constitution. Le chef de l’opposition syrienne dénonce également une fois Mardi, à Kafr Batna, près de Damas, un homme et ses enfants rapportent des sacs de blé fournis par le PAM (Programme alimentaire mondial). AMER ALMOHIBANY/AFP de plus la Russie, accusée d’être juge et partie dans la guerre. Juge de la viabilité de la trêve qu’elle a décrétée via un accord avec les États-Unis et partie prenante aux bombardements qui ont fait cette semaine plus de 150 morts, selon l’opposition. Riad Hijab se sent donc lâché. Les Américains cèdent-ils face à Poutine ? « Franchement oui, répond-il, et leurs concessions se font au détriment de la révolution syrienne. » Lorsqu’on évoque avec lui le rôle des Kurdes, appuyés par les Russes pour lutter contre les rebelles soutenus par la Turquie, et par les États-Unis dans leur combat contre Daech, il répond au JDD : « Les Kurdes viennent de mener des attaques féroces pour couper les routes Le front commun contre Daech n’avance pas au rythme souhaité Pour Paris, la marge de manœuvre est étroite. D’autant que le front commun contre Daech n’avance pas au rythme souhaité. Cette semaine, un responsable français faisait état en privé de « tensions dans l’appareil exécutif américain ». Entre Ashton Carter, à la tête du Pentagone, plaidant pour davantage d’action, et la Maison-Blanche « sur une ligne qui vise plus à affaiblir Daech qu’à l’éradiquer ». Dans cette optique, la reprise de Raqqa, un temps envisagée pour ce printemps, serait d’ores et déjà repoussée à plus tard. g Salem et Halit, à l’école des barbares exCluSiF le JDD a pu rencontrer en Turquie deux jeunes garçons exfiltrés des camps d’entraînement où Daech forme ses enfants-soldats à tuer anTakya (Turquie) Envoyé spécial alFreD HaCkenSberger « Il faut l’attraper fermement par le Les frères Salem et Halit ont réussi à fuir col, ensuite vous lui coupez la tête Daech, qui leur apprenait à tuer. A. ZAvALLIs et vous la posez sur son dos. » En quelques secondes, Salem exéIl y a côtoyé 150 autres mineurs, cute le châtiment, avec une agiâgés de 7 à 15 ans. Totalement isolés lité déconcertante. « C’est comme du reste du monde, ils voyaient leur ça que ça doit être fait », explique quotidien réglé à la minute près. le gamin de 10 ans, vous fixant de Pendant dix semaines, un même ses grands yeux programme répémarron, comme té à l’identique : « Nous voulions s’il s’attendait à lever à 8 heures, être félicité. Bien qu’ils échappent petit déjeuner puis entraînesûr, aujourd’hui, ment physique. tout cela n’est à ce lavage Les garçons qu’un jeu. Son de cerveau » devaient courir couteau n’est lestés de poids. qu’une paille en plastique, la victime, son jeune Quand ils lambinaient, leurs insfrère de 8 ans, Halit. tructeurs n’hésitaient pas à tirer Voilà quatre mois que Salem autour d’eux à balles réelles. ne pratique plus ce genre d’exerEnsuite, tir au fusil et au pistolet. cices, mais pour lui, c’est comme Après le déjeuner, leçon sur la si c’était hier. Ce jeune Syrien fut ceinture explosive. Puis comment l’un de ces milliers d’enfants passés tuer un ennemi en lui plantant un par un camp de l’organisation État couteau dans le cou. Chaque mouislamique où l’on apprend à tuer. vement répété jusqu’à atteindre la Les djihadistes disent ainsi vouloir perfection. Tuer devient la chose bâtir pour le futur « une nouvelle la plus normale au monde. génération » de « guerriers saints ». Halit, le frère de Salem, sait lui aussi décapiter à la façon de Salem a été formé dans deux endroits secrets, en Syrie et en Irak. Daech. Pourtant, il n’a fréquenté qu’une « école » des extrémistes en Syrie. Chaque matin pendant plus d’un an, dans la province de Deir ez-Zor (Est), il s’est rendu dans cette madrasa, où réciter le Coran était la préoccupation principale, avec l’apprentissage des techniques de combat et d’exécution. Avec son frère, il peut donc mimer sans peine l’attaque d’un bâtiment : comment couvrir son camarade pendant qu’il avance sous le feu ennemi. Regarder tous les jours des vidéos d’assassinat « Nos instructeurs étaient très gentils, ils nous donnaient ce que nous voulions, de l’argent ou des vêtements afghans », se souvient Salem. Leurs professeurs se faisaient appeler Abou Moussab, Abou Al-Moukhati Belschiki, Abou Mohamed… Tous portaient une cagoule qu’ils n’enlevaient qu’en de très rares occasions. Ils venaient d’Arabie saoudite, de Tunisie, de Libye, de France ou de Belgique. C’est d’ailleurs un Belge qui, le premier, a montré à l’aîné comment décapiter. À part trois autres Syriens, tous leurs camarades étaient aussi étrangers. « Chinois, Ouzbeks, Irakiens, Français… », pour la plupart enfants de combattants qui souhaitent voir leur progéniture éduquée comme de « vrais guerriers saints » prêts à mourir en martyrs. D’ailleurs, aujourd’hui, la mort survient plus tôt que ne le sou- haiteraient sûrement ces parents. autres enfants, regarder des vidéos Parce que l’organisation terroriste, d’assassinat. « On devait rejouer les ciblée par les frappes de la coaliscènes », se souvient-il. Hilat aussi tion, manque de combattants et de avait droit à ce genre de projections. kamikazes, les adolescents sont utilisés en renfort. Selon une étude de « Celui qui se fait sauter va au paradis » l’université de Géorgie aux ÉtatsUnis, il y a eu, en janvier 2016, trois Tous les vendredis après la prière, l’aîné devait assister aux fois plus de kamikazes de moins de 18 ans qu’il y a un an. exécutions publiques. « On devait Salem et Hilat, eux, se sont voir ça de près », précise-t-il. Souenfuis avant qu’il ne soit trop tard. vent, après ces meurtres, les enfants C’est un oncle, aidé par un réseau n’étaient pas autorisés à dormir. Ils de passeurs, qui a sorti l’aîné de auraient pu faire des cauchemars. Syrie il y a quatre mois. Son petit Ceux qui parvenaient à trouver le frère est parti avec sa mère. S’ils sommeil étaient réveillés à coups de avaient été attrapés par Daech, ils seau d’eau froide. Ils ne mangeaient l’auraient payé de leur vie. « Nous pas non plus, de peur qu’ils ne vovoulions qu’ils échappent à ce lavage missent. Ainsi, les instructeurs pende cerveau », explique leur oncle saient chasser les mauvais souvenirs Youssouf, qui a combattu avec des mémoires des enfants. Comme l’Armée syrienne une récompense, libre contre le « Je n’avais plus ils les autorisaient régime de Bachar à jouer, même au foot. El-Assad. « Salem besoin de mes Aujourd’hui, était particuliè- parents, l’islam rement en danà l’abri, ils contiger, poursuit-il. était mon refuge » nuent d’autres Il avait déjà été jeux. Comme envoyé sur des celui-ci, qui consiste à imiter un kamikaze check-points et portait une arme. » Lavage de cerveau n’est pas partant en mission. C’est Hilat qui qu’un cliché. Pendant plusieurs s’y colle. Salem le couvre, comme mois, Salem a été totalement le ferait un sniper. Alors Hilat isolé. « Toi, en tant que moudjahid, presse un bouton imaginaire sur tu es un être spécial », lui disaient une ceinture qui l’est tout autant. ses instructeurs. « Je n’avais plus « Et boum, c’est fait ! » Il rit. « Celui besoin de mes parents, l’islam était qui se fait sauter va au paradis, se mon refuge », explique le garçon. contente-t-il d’affirmer. Ce sont nos Tous les jours, il devait, avec les instructeurs qui nous l’ont dit. » g Autour du monde | 11 jdd | 6 mars 2016 Libye Pourquoi la France fait-elle des « préparatifs préventifs » ? lejdd.fr Le blog de François Clemenceau « Bureau Ovale, saison 3 » pour suivre les élections américaines « Nous avons déjà connu l’illusion d’interventions sans perspectives à moyen et long termes. Nous devons éviter les erreurs du passé et les fuites en avant. » Les stratèges français ne pourraient que souscrire à cette déclaration du ministre italien des Affaires étrangères. N’est-ce pas un responsable français qui le résumait ainsi récemment : « On ne refera pas au sol les mêmes erreurs que Sarkozy lors de sa campagne aérienne de 2011. » D’où la notion intermédiaire de « préparatifs préventifs » que certains ont voulu traduire par « guerre secrète ». De quoi s’agit-il ? De la présence en Libye de « quelques dizaines – pas des centaines – » de soldats des forces spéciales françaises avec une double mission : préparer le terrain à la sécurisation de Tripoli pour y accueillir le gouvernement d’union nationale du Premier ministre Fayez El-Sarraj, une fois qu’il aura été adoubé par le Parlement, tout en menant des opérations « clandestines » contre Daech. « Tant qu’on n’a pas de gouvernement d’union nationale, nous sommes face à nous-mêmes et nous continuerons de plaider pour des décisions frappantes car nous ne voulons pas que le cancer s’étende », précise-t-on à Paris, qui a déployé sur place et en périphérie toute la panoplie de ses capacités de Sur le porte-avions « Charles-de-Gaulle », en 2011. JeAn-Michel tuRPin / DiveRgence renseignements. C’est ainsi que, par exemple, les militaires auraient repéré dans la ville de Houn, à 200 km au sud de Syrte (contrôlée par Daech), un camp d’entraînement terroriste où s’activeraient tout à la fois des membres de Boko Haram, d’Aqmi, du groupe Al-Morabitoune de Mokhtar Belmokhtar, et de l’État islamique. Le porte-avions arrive Dans ce calendrier incertain, la France pourra bénéficier pendant quelques semaines ou dernière heure quelques mois d’un avantage supplémentaire si le tempo devait s’accélérer. Le porte-avions Charles-de-Gaulle et son escorte doivent prendre part ces jours-ci en Méditerranée à des manœuvres baptisées « Ramsès 2016 » avec la marine égyptienne à proximité de la Libye. En attendant, l’état-major français se coordonne, via une cellule de liaison basée à Rome, avec ses alliés américains, britanniques et italiens, qui disposent tous également de forces spéciales en Libye. La grande question est de savoir si le général Haftar, qui commande une partie de l’armée libyenne nationale engagée sur le terrain, peut devenir le partenaire incontournable de ces « préparatifs » alors qu’il est l’ennemi juré des milices islamistes qui contrôlent Tripoli. « Il faut bien faire avec », avoue une source française qui ne manque pas d’adjectifs pour contester la compétence et le sens politique de ce galonné à l’ambition nationale. Dix-huit mois après avoir tiré la sonnette d’alarme sur le vide libyen qui pouvait profiter à Daech, les forces françaises pourraient donc entrer dans leur quatrième opération extérieure en moins de quatre ans. Un champ de mines des plus imprévisibles. François CLemenCeau @Frclemenceau Mitt Romney en campagne en Floride, en 2012. gARY i ROthstein/ uPi/MAXPPP philippines Les autorités de Manille ont annoncé hier la saisie d’un navire nord-coréen, en vertu d’une résolution adoptée jeudi par le Conseil de sécurité de l’ONU qui alourdit nettement les sanctions internationales décidées après l’essai nucléaire et le test de missile balistique de Pyongyang. Une équipe des Nations unies est attendue pour l’inspection du navire dans le port, situé près d’une ancienne base navale américaine, a précisé un porte-parole du gouvernement. AFP afghanistan Les talibans ont refusé hier de participer aux pourparlers de paix avec le gouvernement de Kaboul, mettant un coup d’arrêt aux espoirs de régler un conflit vieux de plus de quatorze ans qui a fait des dizaines de milliers de victimes. « Tant que l’occupation des forces étrangères n’aura pas pris fin, que les talibans ne seront pas retirés des listes noires internationales et que les prisonniers ne seront pas libérés, ces négociations inutiles et trompeuses ne produiront aucun résultat », peut-on lire sur leur site. ePA 50 C’est, en millions, le nombre d’emplois dont le 13e plan quinquennal chinois vient d’ordonner la création dans les zones urbaines du pays. Le plan revoit la croissance à la baisse – 6,5 % – et prévoit une augmentation de 5 % de la part des services, pour atteindre 56 % de l’activité économique. bénin Trente-trois candidats s’affrontent ce dimanche lors de l’élection présidentielle au Bénin, dont cinq favoris : le Premier ministre sortant Lionel Zinsou, deux des plus gros hommes d’affaires locaux, Patrice Talon et Sébastien Ajavon, et deux banquiers internationaux, Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki. Lionel Zinsou, banquier d’affaires franco-béninois de 61 ans, a été désigné candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) du président sortant Boni Yayi. ReuteRs La phrase « mon fils a transformé la prison en un petit cirque et y réalise des performances pour divertir ses codétenus » La mère de mohammed abu sakha, un jeune clown palestinien sorti de l’école du cirque de bir Zeit en 2008 et arrêté par l’armée israélienne à la mi-décembre. soupçonné d’appartenir au Front populaire de libération de la palestine, il est maintenu depuis en prison, sans inculpation ni procès. Le Leader de La semaine « Instable, malhonnête, cupide, misogyne et vulgaire, charlatan, imposteur »… N’en jetez plus. Mitt Romney, candidat malheureux il y a quatre ans face à Barack Obama, est donc sorti de sa réserve et a tenté de clouer au pilori le milliardaire, depuis ses terres mormones de l’Utah. Certes, Romney n’a guère brillé dans sa vie professionnelle, il avait même été surnommé le « Job Killer » pour sa politique sociale à la tête d’un fonds d’investissement, mais il peut néanmoins se Le candidat targuer de n’avoir jamais républicain fait faillite, à l’inverse de à la présidentielle Trump qui en a accumulé de 2012 a pris quatre tout au long de sa la tête d’une carrière. Pas étonnant fronde anti-Trump donc que, à la suite de Romney, des barons importants du parti aient fini par se liguer et mettre la main à la poche pour financer un super PAC anti-Trump (comité d’action politique pouvant agir pendant une campagne sans limite de dépenses) et notamment 8.500 spots publicitaires incendiaires contre le candidat antiestablishment. Le sénateur de l’Arizona, John McCain, y est, lui aussi, allé de son avertissement. The American Funds, proche des richissimes frères Koch, ardents supporters du Grand Old Party, a également financé des spots, mettant en scène des étudiants croulant sous les dettes, roulés dans la farine par les bobards du candidat « Belle Mèche ». « Si j’avais un couteau, a déclaré Glenn Beck, polémiste enragé et très conservateur, au micro de sa radio, et qu’il [Trump] se trouve à portée de main, il prendrait coup sur coup sans arrêt. » Mitt Romney a donc enfin mis le feu aux poudres, mais le Washington Post se demande déjà si cette offensive n’est pas trop « tardive et surtout terriblement contre-productive ». À moins que cette fronde ne permette de freiner l’ascension de Trump en le privant de majorité pour la convention de juillet. Une sortie « négociée » permettrait alors de nominer un autre candidat capable de fédérer le parti. Un rôle taillé sur mesure pour Mitt Romney. Mitt RoMney Karen Lajon @karenlajon 12 | société jdd | 6 mars 2016 FeMMes À l’avant-veille de la Journée internationale du 8 mars, le JDD a rencontré des membres du collectif Georgette Sand, qui inventent un militantisme festif et pragmatique Les féministes font le buzz R Anne-lAure BArret @AnneLaureBarret ègles, tampons, serviettes hygiéniques… Un petit séisme s’est produit fin 2015 au Sénat et à l’Assemblée nationale lors des discussions sur le budget 2016 : les parlementaires, des hommes en majorité, ont planché sur la fiscalité frappant les protections périodiques. Au bout des débats, le vote d’un taux réduit de TVA à 5,5 %, contre 20 % auparavant. Et si la victoire de la « taxe tampon » était le symbole d’un renouveau féministe, pragmatique et festif, rompu à l’usage des réseaux sociaux et aux codes du marketing ? Et si des associations comme Osez le féminisme !, Stop harcèlement de rue !, des mouvements tels que La Barbe, Culotte Gate ou les Effronté-e-s s’imposaient durablement dans le débat et l’espace public ? Alors que des associations manifesteront ce mardi 8 mars devant le Medef à Paris pour l’égalité dans le travail, la famille et la société, et que François Hollande, en cette Journée internationale des droits des femmes, accueillera le nouveau Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, les militantes historiques ont peut-être trouvé une relève. « Le combat pour faire baisser la TVA, c’était pas prévu que ça marche autant », rigole Ophélie Latil. À 32 ans, la cofondatrice du collectif mixte Georgette Sand, qui a remporté la bataille sur la « taxe tampon », est l’un de ces nouveaux visages. Dans les rangs de Jeudi noir ou de Génération précaire, autres structures sans leader ni organisation pyramidale, elle a à la fois appris le militantisme 2.0 et expérimenté, « en tant que fille », des situations discriminantes qui lui ont donné envie de les dénoncer « de façon décalée et avec humour ». « On cultive un côté sales gosses, on fait des happenings de rue, des vidéos marrantes, on se déguise, mais tout ce qu’on fait est très pensé », dit-elle. Exit les sujets clivants comme le voile ou la prostitution ; les Georgette, une cinquantaine de jeunes trentenaires, se concentrent notamment sur les inégalités économiques. « L’existence d’une “taxe rose” a surpris et choqué » « Au-delà de la taxe tampon, le constat, venu des États-Unis, de l’existence d’une “taxe rose”, avec des produits féminins plus chers, a surpris et choqué bien au-delà des féministes », constate Christophe Driesbach, un membre actif des Georgette. Qu’importe si un rapport officiel a depuis mis en doute ce « sex gate »… Grâce à un tumblr, sorte de blog visuel et participatif, les internautes ont été invités à traquer les inégalités en prenant des photos dans leurs supermarchés. « L’image, c’est beaucoup plus parlant, ça va plus vite. Les gens collaborent, s’approprient la problématique », constate Ophélie Latil. Pour Aurélie Louchart, une autre Georgette, si la taxe tampon a fait le buzz, c’est grâce à la force de « l’exemple concret » : « Le mot “féministe” ou les théories font peur à certains, mais tout le monde est tombé d’accord pour dire que les serviettes hygiéniques sont trop chères ! » Qu’ils soient issus du militantisme ou néoengagés, comme Anne Lazar, neurologue choquée par « les inégalités et le patriarcat à l’hôpital », les membres du collectif font de la politique sans avoir l’air d’y toucher. Ils ne sont pas dupes : si la baisse de la TVA a finalement été votée par le biais d’un amendement alors que le gouvernement avait commencé par s’y opposer, c’est grâce au relais des médias traditionnels, au soutien impromptu de l’humoriste Sophia Aram et surtout à l’engagement de certaines parlementaires. « Cela ne coûte pas grand-chose, et un peu de féminisme, cela redore l’image de la gauche, analyse Aurélie Louchart. La taxe tampon, c’est un bon coup politique. » g Presse : 151 femmes dans le top 1.000 en 2015 enQuÊte selon le 3e baromètre Pressedd de la parité que dévoile le JDD, les femmes sont très peu présentes dans la presse française. en tête : Marine le Pen, ségolène royal et Angela Merkel Qui sont celles dont les journaux parlent le plus ? 14 femmes politiques figurent parmi les 100 personnalités (hommes et femmes) les plus citées dans la presse française en 2015 Anne-ChArlotte DusseAulx @AnneChDusseaulx Pour la deuxième année de suite, le nombre de personnalités féminines dont s’est fait écho l’ensemble de la presse française en 2015 est en baisse : elles ne sont que 151 dans le classement des 1.000 personnalités, contre 192 en 2013 et 173 en 2014, quand fut votée la loi sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Cette année-là, 12.186 articles avaient évoqué la parité, presque deux fois plus qu’en 2015, avec 6.850 articles, selon les décomptes de Pressedd, qui analyse 1.462 titres (journaux et magazines). Les articles qui citent uniquement des femmes sont rares (10 % en 2015), alors que c’est très fréquent pour les hommes (76 %). Une conséquence liée, notamment, aux responsabilités exercées par les femmes, qui occupent moins souvent des postes de premier plan. « La société est encore, vraiment, dans la “non-parité” », commente l’historien et spécialiste des médias Patrick Eveno, qui voit dans ce classement un « reflet » du quotidien. « Le plafond de verre s’élève petit à petit », mais c’est un « phénomène très lent ». Parmi les 100 premiers du classement général, 14 femmes – toutes responsables politiques – parviennent à faire parler d’elles. Ainsi, avec 24.871 citations, Marine Le Pen est celle dont le nom était le plus souvent présent dans la presse écrite l’an dernier. Suivent la ministre Ségolène Royal (16.106 citations) – au cœur de la COP21 – et la chancelière allemande Angela Merkel (12.945 citations), seule personnalité féminine étrangère de ce top 100. « On voit qu’en haut de la pyramide, c’est dur. Les femmes ne sont pas considérées comme des pairs. Par Position générale 117e 120e 122e Le top 3 de la culture 1 Madonna 2 Catherine Deneuve 3 Camille Cottin Position générale 118e 299e 300e Le top 3 des sports 1 Serena Williams 2 Kristina Mladenovic 3 Maria Sharapova Proportion d’articles 2015 citant... ... exclusivement des femmes 1 Marine Le Pen 24.871 citations 4e du classement général 2 Ségolène Royal 16.106 citations 7e du classement général 3 ... des hommes et des femmes 4 5 6 7 8 9 14% Angela Merkel 12.945 citations 11e du classement général (hommes et femmes) Position générale Marisol Touraine 12e Najat Vallaud-Belkacem 17e Christiane Taubira 26e Marion Maréchal-Le Pen 38e Fleur Pellerin 39e Anne Hidalgo 44e 10% Position générale 10 Martine Aubry 46e 11 Carole Delga 49e 12 Valérie Pécresse 73e 13 Cécile Duflot 80e 14 Nathalie Kosciusko-Morizet 87e ... exclusivement des hommes 76% Le top 3 général (hommes et femmes) 1 François Hollande 76.744 citations 2 Manuel Valls 49.567 citations 3 Nicolas Sarkozy 41.904 citations Tous les résultats sur leJDD.fr Source : Pressedd. Étude réalisée sur la base de l’analyse de 1.462 titres de la presse française (presse quotidienne nationale, PQR, presse magazine hebdo et mensuelle, PHR, presse pro et spécialisée). Les articles paraissant dans plusieurs éditions de publications régionales ne sont comptabilisés qu’une fois. Sur la période allant de 1er janvier au 14 décembre 2015. exemple, le “50-50 quantitatif ” au gouvernement n’est pas synonyme d’égalité », explique Réjane Sénac, chargée de recherche CNRS au Cevipof et auteure de L’Égalité sous conditions : genre, parité, diversité. « Les femmes sont désormais incluses dans l’espace public mais, malgré tout, il y a une persistance de l’exclusion des places de numéro 1 », complète-telle, jugeant que, aujourd’hui encore, elles ne sont présentes « qu’au nom de leur différence, parce qu’on estime qu’elles vont apporter une autre manière de faire ». Manque de visibilité Cette place des femmes dans les médias, certains en ont fait un combat. C’est le cas du collectif Prenons la une, qui, depuis mars 2014, plaide pour une représentation plus juste des femmes dans les médias. « On dénonce leur manque de visibilité et aussi leur mauvaise représentation, puisqu’elles sont souvent enfermées dans des rôles stéréotypés, comme la santé ou le bien-être », explique la porte-parole et journaliste Audrey Lebel. Selon une étude mondiale du Global Media Monitoring Project, publiée tous les cinq ans, les femmes ne représentaient que 24 % des personnes présentes dans les médias en 2015, comme en 2010. « Il y a eu une prise de conscience, mais cela ne se traduit pas nécessairement dans les faits », regrette Audrey Lebel, qui veut pourtant rester optimiste : « Laissons le temps faire les choses. Il faut permettre aux jeunes filles de se projeter, d’avoir des modèles de référence. On ne va pas faire bouger les lignes en deux ans. » g société | 13 jdd | 6 mars 2016 Le cardinal Barbarin dans la tourmente PÉDOPHILIE Une enquête préliminaire a été ouverte vendredi à Lyon. D’anciens scouts reprochent au primat des Gaules de ne pas avoir signalé à la justice un prêtre coupable d’abus sexuels entre 1978 et 1991 et 12 ans, des petits blonds avec des yeux bleus, comme moi. » En 1991, lorsque les parents se L’affaire du père Bernard va-t-elle devenir celle du cardinal Barbarin ? sont plaints de ses agissements, Vendredi soir, le parquet de Lyon le patron des scouts avait été déa ouvert une enquête préliminaire placé par le cardinal Decourtray, embarrassante pour l’archevêché. primat des Gaules à l’époque. Le Après la mise en examen, le 27 janpère Bernard avait alors reconnu vier dernier, d’un prêtre, l’abbé les faits et écrit plusieurs lettres Preynat, accusé d’abus sexuels et aux parents des victimes pour de viols entre 1978 et 1991, la jusdemander pardon. Ces courriers tice veut savoir si le clergé lyonnais, exhumés par les plaignants laissent peut-être même couvert par le Vaticependant un étrange sentiment. can, a protégé, ou non, le prêtre. Face aux pressions des familles pour qu’il quitte rapidement sa François Devaux, un ancien scout de 37 ans, a déposé une première paroisse, le prêtre s’étonnait qu’on plainte pour « non-dénonciation l’éloigne aussi vite et demandait de crime et mise en péril » visant un délai pour préparer son départ. nommément six personnes, dont « Je n’ai pas fait que du mal tout de le cardinal Barbarin. Il met égamême », écrivait-il en substance. lement en cause En obtenant son directeur de la mise en exacabinet, Pierre « L’abbé s’attaquait men de Bernard Durieux, Régine à de jeunes garçons Preynat, les plaiMaire, du conseil gnants ont gagné épiscopal du dio- entre 8 et 12 ans, une première bataille. En jancèse de Lyon, des petits blonds vier, l’abbé, auXavier Grillon, vicaire à Roanne, avec des yeux bleus, jourd’hui âgé de ainsi que deux comme moi » 71 ans, a reconnu membres de la ses fautes et s’est curie romaine, le même accusé de cardinal Müller, viols, certes prespréfet de la Congrégation pour la crits mais qui ne lui étaient pas reprochés. Il nie toujours avoir doctrine de la foi, et son secrétaire, agressé des enfants après 1991. le jésuite Luis Ladaria Ferrer. Trois autres anciens scouts devraient en« Nous avons des témoignages qui contredisent cette version », comgager rapidement une procédure judiciaire similaire. mente un plaignant à l’association. L’affaire est d’importance. Le primat des Gaules est l’un des car« Le diocèse nous a sous-estimés » dinaux français les plus influents. Il a la confiance du pape et constiLe deuxième acte de l’affaire est tue l’un de ses solides soutiens plus inédit en France. Car l’assodans la Vieille Europe. L’épisciation La Parole libérée, créée copat français fait bloc autour le 17 décembre dernier par trois de lui. Les sites catholiques ont anciens scouts devenus adultes, repris sobrement son communiveut, elle, dénoncer le silence de qué rappelant qu’il « n’était pas l’épiscopat. Cardiologue, notaire, archevêque de Lyon au moment des trader, ces jeunes pères de famille, faits », qu’il avait « eu connaissance soutenus par leurs amis avocats, de cette affaire en 2007-2008 » et webmaster, psychologues, requ’à l’époque, « convaincu que le cueillent consciencieusement les prêtre avait rompu avec son passé, témoignages. Vendredi soir, ils il n’avait fait que lui renouveler la disaient en avoir collectés 55 « très mission que lui avaient confiée ses crédibles ». Plus de 66.000 perprédécesseurs… ». Ce n’est qu’« en sonnes ont visité leur site. « Le 2014, ayant reçu, pour la première diocèse nous a sous-estimés », fois, le témoignage direct d’une vicraconte Bertrand Virieux. « Surtime pour des faits prescrits qu’il tout, ils n’ont pas compris la force a décidé, après avoir pris l’avis de d’Internet et des réseaux sociaux. » Rome, de suspendre ce prêtre ». Il règne une atmosphère très Spotlight – le film récemment « C’était un véritable prédateur » primé aux Oscars – dans la petite Le premier acte de l’affaire est cellule qu’ils ont constituée. Deux tristement banal. En décembre avocates ont déposé un mémorandernier, une association dévoile dum très complet et étayé auprès des actes de pédophilie commis du procureur de la République. Plusieurs questions précises se entre 1978 et 1991. Les victimes, posent aujourd’hui auxquelles le de jeunes scouts lyonnais, ont mis du temps à révéler les faits. diocèse devra répondre. Dont une, Le charismatique père Preynat centrale : pourquoi le père Preynat aaurait abusé de nombreux enfants, t-il été laissé en compagnie d’enfants mais les règles de la prescription jusqu’à un passé assez récent ? « En – vingt ans après la majorité – 1991, lorsqu’il a été envoyé dans la limitent l’action des victimes qui Loire, les parents n’ont pas déposé se font connaître trop tardivement. plainte car on leur avait promis Bertrand Virieux, cardiologue, qu’il ne serait plus en contact avec 44 ans, est l’une d’elles. « C’était des enfants. Or cela n’a pas été le cas », explique Bertrand Virieux. un véritable prédateur, explique ce dernier. Il s’attaquait principaComment le cardinal Barbarin poulement à de jeunes garçons entre 8 vait-il être sûr, en 2007-2008, que le MarIE-CHrIstInE tabEt @mc_tabet Monseigneur Philippe Barbarin, en décembre 2014. SAFIN HAMED/AFp prêtre « déplacé » en 1991, à l’âge de 45 ans, était guéri de ses déviances ? Devait-il réellement attendre 2014 pour le suspendre de ses fonctions ? « J’appelle tous les commentateurs à la plus grande retenue, prévient l’avocat André Soulier, qui conseille le cardinal. Cette affaire est complexe d’un point de vue humain et juridique. Le cardinal est très affecté pour les victimes et n’a jamais couvert quoi que ce soit. » g 14 | société JDD | 6 mars 2016 « Je crains un principe de précaution maximal en cas d’accident en France » NUCLÉAIRE Jacques Repussard dirige l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Il tire les leçons de la catastrophe de Fukushima et propose une autre manière d’agir IntervIew RIChARd BELLEt @richardbellet1 Rude semaine pour le nucléaire français. Vendredi, l’Allemagne réitérait son souhait de voir Fessenheim « débranchée ». Réplique de l’Autorité de sûreté nucléaire : « Il n’y a pas de raisons de fermer » la centrale alsacienne, celle-ci ayant un niveau de sécurité « globalement satisfaisant ». Deux jours avant, le canton et la ville de Genève déposaient plainte contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui et pollution des eaux ». Visée cette fois, la centrale du Bugey (Ain), à 70 km à vol d’oiseau de notre voisine suisse, et le projet de construction sur son site d’un centre de stockage de déchets nucléaires. « Je ne pense pas que cette plainte débouchera sur quelque chose. Je ne vois pas très bien comment la centrale du Bugey peut polluer le lac Léman », constate Jacques Repussard. le risque d’exposer des personnes à une radioactivité élevée dangereuse pour leur santé… Pour éviter qu’une petite partie de la population reçoive effectivement une dose trop élevée, nous devons mieux informer les habitants sur les radiations, la manière de les mesurer, de s’en prémunir, afin que chacun puisse minimiser la dose reçue. Il faut, là où cela est possible, organiser un retour rapide et restaurer une liberté individuelle vis-à-vis du risque radiologique. Ce faisant, ne jetez-vous pas le principe de précaution par-dessus bord ? C’est pourtant une pierre angulaire de la politique de sûreté nucléaire… Le risque supplémentaire de cancer associé à quelques millisieverts en plus est très marginal. La doctrine en vigueur, qui considère qu’il n’y a pas de radioactivité sans risque sanitaire, crée une sorte de phobie surreprésentant le risque associé à une contamination radio- « Évacuer des gens sans raison sanitaire peut avoir d’autres conséquences que radiologiques » logique, même faible, d’un territoire. Quand le gouvernement japonais a tracé une ligne correspondant à 20 mSv, avec d’un côté un territoire évacué parce qu’il affichait un peu plus, il a généré un impact psycho- Cinq ans après la tragédie de Fukushima, quelles leçons en tirer pour la gestion d’un accident nucléaire majeur, possible en France ? L’approche postaccidentelle a sans doute été trop technocratique. Après la catastrophe, le survol des territoires contaminés par les rejets radioactifs a permis d’établir une cartographie des rayonnements gamma, avec des zones où des doses de plus de 20 millisieverts (mSv) par an pouvaient être reçues par la population. Les autorités japonaises ont alors décidé d’évacuer durablement ces territoires. Mais pour estimer la dose reçue, il faut choisir un scénario d’exposition à ces rayonnements, alors que la dose réelle dépend des modes de vie individuels. Là, les calculs des experts ont à mon sens été faits avec des marges de précaution excessives, qui ont entraîné des mesures de protection très lourdes, alors que le retour des populations aurait pu avoir lieu plus tôt. Comment pouvez-vous affirmer cela ? L’université de Tokyo a mené une expérience avec des travailleurs, munis de dosimètres, autorisés à se rendre dans des territoires contaminés. Or les doses enregistrées étaient pour la plupart d’entre eux inférieures de 30 % à 50 % aux doses théoriques. L’approche retenue au Japon n’est donc pas pertinente. On pourrait en envisager une autre… Que faire alors ? Déjà, ne pas prendre de marges trop importantes sur l’estimation des doses potentiellement reçues lorsqu’on établit des scénarios de contamination, car les populations seront alors doublement victimes. Évacuer des gens, les faire déménager sans raison sanitaire impérative peut en effet avoir d’autres conséquences que radiologiques : traumatismes, dépressions, économie locale qui se désagrège… Ces risques psychosociaux devraient aussi être pris en compte. Mais on peut alors, dans une zone non évacuée, courir Une équipe de techniciens, le 25 février, devant le bâtiment abritant le réacteur 4 de la centrale de Fukushima Daiichi, dans le nord-est du Japon. La piscine proche de ce réacteur, fragilisée, a été la première vidée du combustible nucléaire qu’elle contenait. Furlong/getty Images/aFP Fukushima, quel chantier ! dÉMANtÈLEMENt Les défis à relever dans la centrale dévastée sont titanesques Quelque 8.000 travailleurs (experts, ingénieurs, techniciens…) s’acharnent toujours, quotidiennement, sur le site de la centrale. Le tsunami du 11 mars 2011, provoqué par un mégaséisme de magnitude 9, a fait voler en éclats plusieurs bâtiments réacteurs. La catastrophe aurait entraîné le décès indirect (suicides, maladies aggravées…) de près de 2.000 personnes. Le démantèlement total de la centrale devrait durer une quarantaine d’années, avec trois priorités. Vidange des piscines : 1du retard Après la piscine du réacteur 4, vidée de son combustible nucléaire fin 2014, c’est au tour de celle du réacteur 3. Le retrait devait y démarrer à l’automne dernier. Problème : la radioactivité en partie haute des bâtiments est telle que personne ne peut y accé- der. Qui plus est, l’évacuation des gravats projetés par une explosion d’hydrogène prend beaucoup de temps, d’autant qu’il faut limiter au minimum les rejets de poussières radioactives dans l’atmosphère pendant les travaux. Résultat : l’exploitant, Tokyo Electric Power Company (Tepco), prévoit désormais de commncer l’évacuation – commandée à distance – du combustible de la piscine 3 fin 2017. Initialement prévue en 20172018, celle des piscines 1 et 2 est repoussée. Récupération du combustible 2fondu : pas avant 2020 Le cœur de trois des six réacteurs de la centrale est entré en fusion. On sait que le combustible des réacteurs 1 et 2, entièrement sorti des cuves, est tombé au fond des enceintes de confinement. Les mètres d’épaisseur de béton ont apparemment réussi à le bloquer. « On a un magma solide agrégé au béton, le corium, qui est en permanence refroidi », constate Thierry Charles, directeur général adjoint logique et un stress très lourd. L’expérience nous montre, aussi bien à Tchernobyl qu’à Fukushima, que, lorsqu’une telle ligne est tracée sur une carte, le territoire concerné est durablement marqué au fer rouge. Au Japon, des villages meurent sans raison radiologique. Permettre à des personnes de revenir vivre dans des zones qui ont été contaminées ne doit pas être une décision facile à prendre… C’est compliqué. Il n’y a pas de compromis, on autorise un retour ou pas. Je crains qu’en cas d’accident nucléaire en France les décideurs n’appliquent un principe de précaution maximale, redoutant de possibles procès pour mise en danger de la santé. Après l’accident de Fukushima, François Fillon avait ordonné une revue de la stratégie de gestion d’un accident nucléaire, et l’IRSN a maintenant une mission de pédagogie vis-à-vis du public. La doctrine elle-même n’a pas changé : les territoires où la population pourrait recevoir plus de 20 mSv/an (dose maximale autorisée pour un travailleur) doivent être évacués. Mais le problème de calcul, lui, reste entier, avec celui des marges de sécurité retenues pour décider des limites et de la durée de l’évacuation. Or des décisions administratives fondées sur une démarche de précaution purement radiologique pourraient entraîner un transfert de risques, avec des conséquences psychosociales, sanitaires et économiques élevées au final bien plus lourdes que celles de l’impact radiologique. Nous devons donc à mon sens faire bouger notre doctrine. Vaste controverse, y compris au sein de l’IRSN… g de l’IRSN. Un corium qu’il faut de cette eau (au moins 50 % selon maintenant aller récupérer, une Tepco), pompée en amont des opération très sophistiquée qui ne réacteurs, n’entre plus dans ces devrait débuter, au mieux, qu’en bâtiments. Restent 150 m³ et, par ailleurs, les plus de 300 m³ d’eau 2020. Impossible encore de s’approqui quotidiennement servent à cher des cœurs tant la radioacrefroidir les cœurs fondus. Une tivité est imporeau très radioact a n t e . A u c u n Impossible tive qu’il faut aussi robot n’a même entreposer. Plus de vu, directement, de s’approcher 800.000 m³ sont le corium. Tout des cœurs tant stockés dans un juste connaît-on millier de réserl’état de l’enceinte la radioactivité voirs. « Toutes ces de confinement. est importante eaux ont au moins « Tepco définit des été traitées une fois pour enlever scénarios de démantèlement. Le faire sous l’eau le césium et le strontium, il reste permettrait de limiter la dispersion essentiellement du tritium et de radioéléments, mais il faut pour quelques radioéléments résiduels », cela boucher les trous de l’enceinte, explique Thierry Charles. or ils ne sont toujours pas repérés. » Mais les valeurs précises de contamination de cette eau n’ont Gestion des eaux pas été données par Tepco. « Il radioactives : un mieux faudra avant tout rejet de ces eaux L’an dernier, plus de 300 m³ dans l’océan l’accord de l’autorité d’eau provenant de la nappe de sûreté japonaise, qu’il n’y ait pas phréatique s’infiltraient chaque d’impact significatif sur l’environjour dans les bâtiments de la nement et que la société accepte centrale. Désormais, une partie cela, notamment les pêcheurs. » R.B. 3 16 | société JDD | 6 mars 2016 « Mon métier, c’est père de victime » attentats Le 11 mars 2012, Mohamed Merah abattait sa première victime, Imad Ibn Ziaten. Pour Albert Chennouf- Meyer, père de l’un des militaires abattus à Montauban, la vie est devenue un combat contre les « nazislamistes » Marie-Christine tabet 1946, en France, dans une famille juive d’origine allemande. Ses parents avaient quitté Mannheim en 1937 pour Le Havre, puis Limoges. Lui a grandi à Paris. Sa famille a été dévastée par la mort en déportation d’une grand-mère, d’un oncle, d’une tante et du cousin Jeannot, alors âgé de 8 ans. @mc_tabet Dans son bureau, il a deux photographies : une de son fils Abel, militaire de 25 ans abattu le 15 mars 2012 par Mohamed Merah à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; l’autre de Bernard Squarcini, le patron du renseignement (DCRI) au moment des attentats de Toulouse. Albert Chennouf-Meyer le tient pour responsable de la mort de son fils. Le 7 mai 2012, au lendemain de l’élection perdue par Nicolas Sarkozy, il s’est rendu dans un commissariat pour déposer plainte contre le policier. En 2013, son avocate, Béatrice Dubreuil, a formalisé son coup de colère par une procédure à Paris contre Squarcini et « contre tout autre pour non-empêchement de crime et […] mise en danger de la vie d’autrui ». Un père qui monte au front à la moindre alerte Devant le cercueil de son fils, le père d’Abel a fait une promesse : « Vas-y, mon enfant, dors en paix. Je saurai pourquoi tu as été assassiné. Je ne reculerai devant rien. » Depuis, Albert Chennouf-Meyer est en guerre. Ancien cadre commercial, autodidacte, alsacien par sa mère, kabyle par son père, il monte au front à la moindre alerte. En début d’année, il avait déposé plainte pour « diffamation et négationnisme » contre Nicolas Sarkozy et Éric Woerth. Lors de déclarations publiques, ces derniers avaient oublié Toulouse dans la liste des attentats islamistes. Après des excuses, il y a renoncé. En juin, apprenant que le père de Mohamed Merah était en visite en France, il a débarqué à Toulouse. Dans la cité du Mirail, où il espérait une confrontation, il a essuyé insultes et jets de tomates. « Mon métier aujourd’hui, c’est père de victime, je ne l’ai pas choisi », confie-t-il. Sur les réseaux sociaux, il mène un combat sans relâche contre les « “nazislamistes” qui lui ont pris son fils ». Les menaces de mort qu’il reçoit n’y font rien. Le 21 février, elles sont arrivées par SMS. Le 30 janvier 2015, il avait déjà reçu une lettre envoyée par « Daech France, Toulouse »… Au bout de son lotissement de Manduel, où il vit dans le Gard, un projet de mosquée a vu le jour. Albert Chennouf-Meyer, catholique comme sa mère, ne l’accepte pas. Son père était athée. « Je sais que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, explique-t-il, mais je sais aussi que c’est au nom de cette religion En haut : Albert Chennouf-Meyer, ici chez lui, vendredi, devant le portrait de son fils Abel Chennouf, tué à Montauban, le 15 mars 2012 par Mohamed Merah. Ci-dessus : Latifa Ibn Ziaten, mère de d’Imad Ibn Ziaten, le soldat du 1er régiment du train parachutiste, première victime du tueur, à Toulouse. Pascal PaRROT POuR le JDD eT ulRich lebeuf/M.Y.O.P qu’on a tué Abel. On me prend pour un facho, je ne le suis pas. J’ai voté Hollande en 2012… » Cette nouvelle croisade contre la mosquée a provoqué une rupture avec son fils aîné, qui tentait de raisonner son père. Samuel Sandler, lui aussi, a perdu « ses enfants », son fils Jonathan qui venait d’avoir 30 ans et ses deux petits-fils de 4 et 5 ans, Gabriel et Arieh. Le 19 mars 2012, ils attendaient devant le collège-lycée OzarHatorah la navette qui devait les conduire à l’école. La famille habitait un logement dans l’établissement où le père enseignait. Ils ont été assassinés quatre jours après Abel. Samuel Sandler ne prononce ja- mais le nom de l’assassin. « Ce serait lui donner une humanité qu’il n’avait pas », explique-t-il de sa voix douce. À bientôt 70 ans, cet ingénieur de l’industrie aéronautique se prépare à une retraite qu’il redoute. « Le travail me distrait au sens pascalien, précise-t-il, cela m’empêche de penser. » Samuel est né en Décorée de la Légion d’honneur Aujourd’hui, Samuel Sandler ne veut pas qu’on oublie ses enfants. « On se souvient des assassins, pas des victimes, regrette-t-il, les attentats se succèdent… Qui connaît celui de ce Français décapité en Algérie ? » En 2015, la sœur de Jonathan a quitté la France. C’est au pied de son immeuble qu’Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Cacher, a abattu la jeune policière de Montrouge. « Elle a entendu les coups de feu, raconte son père. Quand elle était petite, elle avait peur d’aller en Israël. Là, elle a eu peur de rester ici. » Profondément religieux, Samuel Sandler n’attend pas grand-chose du procès Merah, dont l’instruction vient de se clore. Il n’en veut pas à l’État. « C’est facile aujourd’hui de dire ce qu’il fallait faire. Comment pouvaiton éviter un tel carnage ? » Il n’en veut pas à l’islam. Il veut se souvenir de jolies choses. De son père qui gérait, près du jardin du Luxembourg, à Paris, un restaurant universitaire casher et se faisait une joie et un honneur d’accueillir des étudiants musulmans. Du jeune camarade de Jonathan à Versailles, Mourad, qui n’avait le droit de manger que chez les Sandler, car sa mère était sûre qu’il n’y avait pas de porc. Latifa Ibn Ziaten, la mère du premier militaire abattu par Merah, le 11 mars 2012, sera décorée de la Légion d’honneur par François Hollande, vendredi prochain. Elle a fondé l’association Imad, jeunesse et paix pour lutter contre l’endoctrinement des jeunes. La famille de Mohamed Legouad, troisième militaire victime du tueur toulousain, vit à Lyon. Le père de Myriam Monsonego, fillette de 7 ans poursuivie par Merah avant d’être elle aussi assassinée dans la cour de l’école, dirige toujours l’établissement et revient chaque matin sur les lieux de son drame. Aujourd’hui, ces familles qui n’ont pour la plupart en partage qu’un assassin et des nuits sans sommeil savent qu’elles sont les premières victimes d’une vague d’attentats qui a commencé à Toulouse… g L’ancien édile de Molenbeek mis en cause par des familles françaises terrOrisMe Une requête visant l’ancien bourgmestre de la banlieue bruxelloise, « berceau » des auteurs des attentats de novembre à Paris, va être déposée devant la Cour européenne des droits de l’homme Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Celle de Philippe Moureaux, l’ancien bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean, berceau du djihadisme européen, ne plaît pas à certaines victimes des attentats de Paris. L’avocate Samia Maktouf, mandatée par ses clients, a demandé au juge Christophe Tessier, chargé des instructions sur les attentats du 13 novembre, de le convoquer. « La lec- ture de son livre, déjà paru en Belgique, est édifiante, explique-t-elle. On découvre qu’il a vu grandir sous ses fenêtres une génération de terroristes. Dans son livre, il prétend avoir recueilli le témoignage d’une amie proche de Salah Abdeslam, le terroriste recherché dans toute l’Europe… Mes clients préféreraient qu’il fasse part de ses informations à la justice plutôt que de s’en servir pour sa promotion personnelle alors qu’il porte une responsabilité politique et morale. Il n’a pas eu un mot à l’attention des morts. » L’avocate, qui défend les intérêts de la mère de Valentin Ribet, un jeune avocat décédé au Bataclan, s’apprête à déposer une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme, mettant en cause des dysfonctionnements graves au sein des autorités belges, en se fondant sur l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, garantissant le droit à la vie. Une procédure audacieuse. Un glissement progressif de sa ville dans un bain islamiste Philippe Moureaux, qui a dirigé de 1992 à 2012 la commune du nord de Bruxelles et dont la gestion, souvent qualifiée de communautariste, a été vivement critiquée après les attentats de 2013, publie cette semaine en France La Vérité sur Molenbeek (éditions La Boîte à Pandore). Il y donne sa lecture de la radicalisation belge et raconte son expérience de terrain ; celle d’un élu vivant dans un milieu arabo-musulman, d’un socialiste se présentant comme agnostique ayant appris à composer avec la religion. Dans ces 169 pages, il raconte le glissement progressif de sa ville dans un bain islamiste. Il relève notamment, à la fin de son mandat, la difficulté à conserver des relations chaleureuses avec certains de ses administrés. Évoque aussi les liens avec les penseurs de l’islam, tel Tariq Ramadan – qu’il apprécie –, ainsi que ces recruteurs qu’il tente de débusquer. En Belgique, de nombreux critiques ont reproché à l’auteur, ancien ministre de la Justice, son manque d’autocritique. M.-C.t. société | 17 jdd | 6 mars 2016 Des drones hors de contrôle AVIATION Angoisse après la rencontre entre un drone et un Airbus près de l’aéroport de Roissy. N’importe quel amateur peut s’acheter un drone puissant sans qualification ni être enregistré JulIeTTe Demey @juliettedemey Les 138 passagers du vol Barcelone -Paris d’Air France n’ont sans doute rien perçu du danger auquel ils ont échappé le 19 février quand leur Airbus A320, en descente à l’approche de Roissy-Charles-de-Gaulle, s’est retrouvé face à un drone. Ces rencontres se multiplient dans le ciel français : 4 en 2014, 9 en 2015 et déjà 3 en 2016. Mais cette semaine, pour la première fois, le Bureau d’enquête et d’analyses (BEA) a ouvert une enquête sur ce qu’il qualifie « d’incident grave ». Celle-ci sera complexe, admet une source au BEA : « Il nous manque une des deux parties, car on n’a pas encore retrouvé l’appareil. » Première piste, le lieu : « L’Airbus se trouvait à environ 15 milles nautiques [soit 30 km] au sud-est de la piste 26, dans la région de Meaux », indique un professionnel de l’aérien souhaitant conserver l’anonymat. Seconde piste, le modèle du drone. Le commandant de bord, qui dit l’avoir vu passer à environ 5 mètres sous l’aile gauche alors que le copilote tirait sur le manche pour éviter la collision, ne l’aurait pas identifié. « Techniquement, il n’est pas impossible qu’il s’agisse d’un engin de loisir », estime Paul Guermonprez, auteur du livre Les drones débarquent ! (éd. FYP). « Mais vu la vitesse et l’altitude de l’avion [400 km/h et 1.600 m], si le copilote l’a repéré, cela suggère un drone d’une certaine envergure, pesant au moins 1,5 ou 2 kg, plutôt utilisé dans un cadre professionnel. » Des engins de SenseFly d’environ 2 m ou des modèles d’usage mixte comme les Phantom du chinois DJI, très populaires. Plusieurs pistes pour revoir la réglementation Environ 200.000 drones de loisir de toutes tailles circulent en France. Problème : que l’on s’offre un mini-quadroptère de salon ou des modèles plus puissants, l’acheteur ne doit justifier d’aucune qualification et n’est pas enregistré. Seules limites, le prix et le respect de la réglementation. « Un amateur peut acheter un modèle utilisé par des pros et démarrer un drone de 12 kg dans son jardin ! », relève Stéphane Morelli, qui préside la Fédération professionnelle du drone civil (FPDC). Côté professionnels, 2.300 opérateurs sont déclarés. « Ils possèdent 4.222 drones, tous identifiés avec une plaque au nom de la société. » Les pilotes justifient en outre d’une formation théorique. Sauf dérogation de la Direction générale de l’aviation civile ou du préfêt, aucun drone civil n’est autorisé à évoluer hors de la vue, ni à dépasser 150 m d’altitude, ni à survoler espaces publics, agglomérations ou sites sensibles. Alors, acte délibéré ? télex Radicalisation Lycéennes soupçonnées de fuite en Syrie Domiciliées en Haute-Savoie et en fugue, deux lycéennes « radicalisées » de 15 et 16 ans sont recherchées depuis vendredi par la gendarmerie, qui a lancé hier un appel à témoins. Scolarisées à Seynod, les deux mineures sont « susceptibles de quitter le territoire national par tous les moyens et d’utiliser de fausses identités ». Soupçonnées de vouloir se rendre en Syrie, elles avaient pour projet de prendre un train pour Paris depuis Chambéry, précise le parquet d’Annecy. Déraillement du TGV d’essai La SNCF rencontre les familles des victimes Quatre mois après le déraillement en Alsace d’une rame d’essai de TGV qui a fait 11 morts et 42 blessés, la SNCF a réuni hier les familles des victimes pour aborder les questions de l’indemnisation, de la sécurité ferroviaire et de l’enquête. Selon Me Chemla, avocat de plusieurs familles, celles-ci en sont sorties « plutôt satisfaites ». Mi-février, une note d’étape du bureau d’enquête a estimé que la vitesse était la cause unique du déraillement, le TGV ayant abordé une courbe à 265 km/h alors que la vitesse prévue était de 176 km/h. Concours d’altitude d’amateurs inconscients ? Perte de contrôle ? « Les drones intègrent un logiciel qui, en cas de problème, les ramène au point de décollage ou les fait redescendre au sol », note Paul Guermonprez. À moins d’un bug… Le 29 février, un drone belge de près de 4 m d’envergure, volant à 1.000 m d’altitude, a échappé à ses pilotes près d’Anvers. Escorté par deux F16 belges puis par un Rafale français, il a fini dans un champ à 50 km de Reims. En octobre, un rapport du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale a livré plusieurs pistes pour revoir la réglementation des drones civils, en vue d’une proposition de L’altitude maximale autorisée pour un vol de drone est de 150 mètres. VISUAL loi attendue pour l’été. Les identifier avec des puces électroniques, y intégrer une balise, intégrer les coor- données GPS de zones interdites. Ou encore enregistrer tout acquéreur d’un drone de plus de 1 kg… g 18 | sciences JDD | 6 mars 2016 Des bustes de Rodin passés au synchrotron C’est un éClairage inédit sur le processus créatif d’auguste rodin. une équipe vient de publier une étude* lancée pour une exposition, en 2009, au musée rodin, à Paris. deux bustes – l’un de Clemenceau (1911-1913), l’autre d’Hanako (19081912) – étaient en si mauvais état qu’ils ne pouvaient être présentés sans restauration. des échantillons millimétriques ont été prélevés pour être analysés au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2rMF). « Le laboratoire a utilisé des techniques d’analyse chimique pour déterminer la composition des pâtes à modeler utilisées par Rodin », explique Marine Cotte, du synchrotron européen à grenoble, qui a participé à l’étude**. les chercheurs montrent que les matériaux présents dans les pâtes à modeler de rodin ont des similarités avec les recettes anglaise (plasticine) et italienne (plastiline) inventées au XiXe siècle. « La pâte à modeler ne sèchant presque pas, Rodin pouvait revenir sur son travail jusqu’à obtenir le modelage parfait. » Problème : ces matériaux (paraffine, savons de zinc, corps gras) ne sont pas stables et fixent les poussières. d’où des dégradations : la pâte initialement blanche prend un aspect gras et noirci. l’équipe a voulu déterminer la composition chimique de celles-ci et leurs origines : environnement (humidité, polluants), migration des matériaux… les techniques utilisées au C2rMF (chromatographie en phase gazeuse, spectroscopie infrarouge, diffraction des rayons X) ne permettaient qu’une analyse globale des matériaux. Pour les caractériser finement et sonder au choix la surface ou le cœur des échantillons, de tout petits fragments – environ du diamètre d’un cheveu – ont été envoyés à grenoble à l’installation européenne de rayonnement synchrotron. « Grâce à la lumière infrarouge et aux rayons X produits par le synchrotron, nous avons vu que la surface contenait un corps gras qui piège les poussières. Le carbonate de calcium donnant initialement la teinte blanche n’a pas migré en surface. D’où la différence de couleur », poursuit Marine Cotte. sur d’autres échantillons, l’équipe a détecté de petits cristaux de sulfates dont l’origine reste à déterminer. Juliette Demey a Auguste Rodin, buste de Hanako, après restauration. Bluzat, CasCio, Mary @juliettedemey * «Studies in conservation», J. Langlois, G. Mary, H. Bluzat, A. Cascio, N. Balcar, Y. Vandenberghe, M. Cotte. ** ESRF et CNRS/UPMC. aFsP © déPartEMEnt 24 - d. nidos Les aînés plus forts à l’école Tous les enfants d’une fratrie ne sont pas égaux. Plus les frères et sœurs sont nombreux, moins les chances de réussite scolaire sont importantes. Quant aux plus âgés, ils réussissent en général mieux que les plus jeunes MARiE QUENET Les aînés réussissent souvent mieux que les cadets… En janvier, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation pointait l’inégalité au sein des fratries dans une note d’information consacrée au choix d’orientation : « Les parents envisagent plus volontiers une orientation vers l’enseignement professionnel pour les cadets. Un tel comportement peut être relié à une moindre ambition à l’égard des enfants les plus tardifs. » Quelle est donc l’influence de la taille de la fratrie et du rang de naissance sur la scolarité de notre progéniture ? Premier constat : grandir dans une famille nombreuse a, en général, un effet négatif sur les parcours scolaires. En 2013, François-Charles Wolff, professeur en sciences économiques et chercheur associé à l’Ined (Institut national d’études démographiques), écrit ainsi (1) dans la revue Politiques sociales et familiales : « La probabilité d’être diplômé du supérieur est d’environ 50 % pour les enfants ayant au plus un frère ou une sœur, de 42,8 % pour ceux qui en ont deux, de 37,7 % pour ceux qui en ont trois et de 23,2 % pour les fratries les plus grandes. » Les aînés redoublent moins Autre constat : l’aîné s’en sort mieux. « On observe une corrélation négative entre le rang de naissance et le diplôme », estime l’économiste sur la base des enquêtes patrimoine de l’Insee de 1998 et 2004. D’autres chercheurs aboutissent aux mêmes conclusions. « Les aînés redoublent moins que leurs frères et sœurs au primaire et au collège. Ils s’orientent davantage vers des cycles longs à la fin de la troisième, obtiennent plus souvent le bac et accèdent plus largement à l’enseignement supérieur », analyse Laure Moguérou, chercheuse associée à l’Ined et coauteure, en 2013, d’une étude (2) s’intéressant aux familles nombreuses immigrées. Bien sûr, soulignent les chercheurs, les différences scolaires s’expliquent d’abord par les inégalités sociales entre familles. Reste que, au sein de chaque catégorie sociale, taille de fratrie et rang de naissance semblent avoir une incidence. Plusieurs raisons peuvent expliquer Lascaux 4 ouvrira en décembre cela. D’abord, les ressources sont limitées. Quand la famille s’agrandit, difficile d’offrir une chambre ou des cours particuliers à chaque enfant… Puis, si l’aîné est au départ enfant unique et peut, un temps, capter toute l’attention de ses parents, les suivants doivent partager. « Il existe un vrai investissement éducatif en faveur du premier enfant », observe Laure Moguérou. « Dans notre étude, 43 % des pères avaient aidé l’aîné à faire des devoirs, contre seulement 32 % pour les enfants d’un autre rang. Pour les mères, le chiffre passait de 71 % à 63 %. » Des similitudes de trajectoire par sexe La composition de la fratrie joue également. Les enfants de même sexe, en particulier les filles, ont plus souvent des itinéraires semblables : si l’aînée fait de longues études, il y a de grandes chances qu’elle soit imitée par sa sœur. D’après une étude publiée en 2015 (3), réalisée auprès d’environ 30.000 individus, l’influence familiale est de 60 % pour deux sœurs, de 56 % pour deux frères et de 52 % pour un frère et une sœur. « Les enfants prennent plus directement pour modèle leur aîné s’il est du même sexe, explique Sébastien Grobon, l’un des auteurs, chercheur à l’Insee. De plus, les attentes des parents diffèrent selon le sexe de leur enfant. » Les écarts d’âge pèsent aussi. Plus ils sont élevés, plus les trajectoires sont différentes. Selon cette étude de 2015, l’impact familial sur les résultats scolaires passe de 59 %, si l’écart est inférieur ou égal à 5 ans, à 51 % entre 6 et 9 ans et 44 % entre 10 et 15 ans. « Des frères et sœurs proches en âge ont plus de chances de se prendre pour modèles et de s’entraider, analyse Sébastien Grobon. Puis la situation économique des parents et leur méthode éducative peuvent évoluer pour un enfant né longtemps après le premier. » Une grande différence d’âge peut même réserver des surprises. Comme l’a mis en évidence une étude de 2013 (4) : « Dans les milieux populaires, on voit parfois des benjamins qui réussissent mieux que leurs frères et sœurs », témoigne l’une des auteurs, Gaële Henri-Panabière, enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation au Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis). « Leurs aîné(e)s, qui ont fait plus d’études que leurs parents, peuvent jouer un rôle décisif en les accompagnant dans leur scolarité. » g (1) « inégalités d’éducation et de position sociale au sein des fratries ». (2) Parue dans Migrations-Société et menée à partir de l’enquête « Trajectoires et origines ». (3) « Quantifier l’influence totale de la famille d’origine sur le devenir scolaire et professionnel des individus » (4) « La Fratrie comme ressource ». b Les fratries de même sexe, surtout les filles, ont davantage des parcours semblables. Ainsi, si l’aînée suit de longues études, il y a des chances que sa sœur en fasse autant. arnaud roBin/ diVErGEnCE La première répLique intégrale de la grotte de Lascaux, classée au patrimoine mondial de l’humanité et fermée au public depuis 1963 pour la préserver des dégradations, ouvrira ses portes au public le 15 décembre. Le bâtiment, baptisé Lascaux 4 le temps des travaux (après Lascaux 2, le fac-similé que les visiteurs arpentent depuis 1983, et Lascaux 3, l’exposition itinérante qui tourne depuis 2012), porte désormais un nom officiel : le Centre international de l’art pariétal montignac-Lascaux. installée dans un bâtiment de 150 m de long et 70 m de profondeur ancré dans la colline de Lascaux, à 1,5 km de la grotte originelle, cette réplique reproduit la grotte à échelle réelle. Les artistes de l’atelier des fac-similés du périgord (aFSp) ont retrouvé les gestes de nos ancêtres qui, il y a vingt mille ans, ont peint et gravé ces aurochs, chevaux et cerfs sur les parois, à la lueur de lampes à graisse. Un cœur brisé par la joie LeS ruptureS amoureuSeS ou les décès ne sont pas les seuls événements capables de nous briser le cœur. un choc émotionnel joyeux le peut aussi. C’est ce que montre une étude suisse publiée dans le journal de la Société européenne de cardiologie. Les chercheurs ont étudié les données de patients de plusieurs pays, chez qui ce « syndrome du cœur brisé », une maladie cardiaque liée au stress, a été diagnostiqué. Sur 1.750 cas de ce syndrome aussi appelé takotsubo, une origine émotionnelle a été établie pour 485 d’entre eux. et d’après l’étude, pour 4 % des patients, c’est un événement joyeux qui l’a déclenché : fête d’anniversaire, mariage d’un fils, naissance d’un petit-enfant ou victoire de l’équipe favorite de rugby ! Les chercheurs ont surnommé cette variante « syndrome du cœur heureux ». repéré au Japon dans les années 1990, le takotsubo touche surtout les femmes après la ménopause. économie jdd | 6 mars 2016 | 19 FINANCEMENT Emmanuel Macron peaufine un dispositif, présenté en Conseil des ministres le 30 mars. Pour encourager « un capitalisme français de long terme », dit-il au JDD Le retour des fonds de pension à la française S BruNA BAsINI Où sont les business angels français ? @BrunaBasini ur l’arche de NOE, ils devaient embarquer les mesures dites « nouvelles opportunités économiques » portées par Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. Les fonds de pension à la française prendront finalement place à bord du « porte-avions Sapin ». La formule, signée du ministre des Finances lui-même, fait référence au projet de loi Sapin 2 attendu fin mars au Conseil des ministres. Et tout semble indiquer, cette fois, que ces véhicules d’investissements, sources d’innombrables crispations idéologiques et politiques, devraient voir le jour. Pas question, toutefois, de révolutionner le régime français des retraites, en remplaçant le sacro-saint régime de répartition basé sur la solidarité entre générations par un système de capitalisation où les salariés épargnent pour constituer leur capital retraite. Le financement des starts-up et le noyau dur des groupes Les régimes visés sont ceux des engagements de retraite complémentaire d’entreprise. Des contrats auxquels cotisent peu de salariés en France – ils représentent 2,5 % des versements, contre 50 % outreManche – et dont l’encours s’élève à 130 milliards d’euros. Gérés par les assureurs, ils sont soumis à une réglementation européenne (Solvabilité 2). Cela dissuade les sociétés d’assurances d’investir les fonds en actions d’entreprises parce qu’ils doivent alors immobiliser plus de fonds propres pour garantir aux assurés leur capital. « La France a choisi historiquement de réguler ces régimes comme de l’assurance-vie, ce qui les empêche Emmanuel Macron visite L’Atelier des compagnons, une entreprise du BTP à Saint-Ouen, en 2015. AlAin GUilHOT/DiVERGEnCE de contribuer au financement de l’économie. Il est donc important de créer les conditions en France de véritables fonds de pension », explique Emmanuel Macron au JDD. La solution ? Un « régime ad hoc » qui exonère ces fonds de la réglementation Solvabilité 2. Ce que les Anglo-Saxons ont déjà obtenu. En France, selon Bercy, ce changement permettrait de flécher 15 à 20 milliards d’euros vers ce type de placements. Et de créer « un capitalisme français de long terme », estime le ministre de l’Économie, qui pointe un déficit d’investisseurs en fonds propres. Avec deux effets néfastes : « Les start-up manquent d’investisseurs pour les accompagner dans leur croissance et partent à l’étranger pour financer leur développement. Et les grands groupes manquent de noyaux durs d’actionnaires nationaux pour stabiliser leur capital et sont dépendants de fonds étrangers plus exigeants en matière de dividendes », poursuit Emmanuel Macron. Pour Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurances, le projet Macron « est à la fois une réponse pragmatique aux contraintes réglementaires et un gage de meilleure rentabilité de leurs économies pour les bénéficiaires ». Mais les fonds les plus convoités pour relancer le financement de l’économie réelle sont ceux de l’assurance-vie. Une manne de 1.500 milliards d’euros, dix fois plus élevée que l’encours des retraites complémentaires d’entreprise. « Son encours ne cesse d’augmenter alors même que ces produits ne sont que très peu orientés vers le financement de l’économie réelle – pour rester pudique », regrettait en novembre dernier Emmanuel Macron. L’objectif : dynamiser les fonds eurocroissance mis en place en 2014. Ces nouveaux contrats, qui peinent à décoller, se veulent un troisième pilier de l’assurance-vie entre les fonds euros peu dynamiques et les unités de compte perçues comme trop risquées. g Personne ne peut mieux comprendre un entrepreneur qu’un autre entrepreneur, surtout quand il a déjà fait fortune avec un projet à fort contenu technologique. Les business angels constituent des investisseurs puissants dans une majorité d’économies. Sauf en France. Les 100 millions d’euros qu’ils ont injectés l’an dernier ne sont rien face aux 30 milliards de dollars que leurs homologues américains ont consacrés au soutien des start-up. Pour Jean-David Chamboredon, fer de lance des « pigeons » qui s’étaient mobilisés à l’arrivée de François Hollande, la fiscalité française est à l’origine de cette contreperformance. L’investisseur professionnel, patron du fonds Isai et coprésident de France Digitale, regrette de voir la moitié des entrepreneurs qui ont empoché des millions en vendant leur affaire quitter le pays. Ceux qui restent ne voient pas l’intérêt d’investir en capital dans des start-up… Pour les y encourager, le gouvernement serait en train de mettre au point un « compte épargne investisseur ». Il permettrait d’éviter une imposition trop forte en cas de plus-values et de les compenser par les moins-values éventuelles. La mesure devra attendre le collectif budgétaire de juin. Jean-David Chamboredon espère que le gouvernement va introduire une autre mesure dans son projet. Il milite pour un allongement à deux ans de la durée du sursis fiscal dont bénéficie un entrepreneur ayant vendu sa société s’il s’engage à réinvestir une partie de ses gains dans de jeunes pousses. s.A. SNCF : les syndicats annoncent « une grève de grande ampleur » TrANsPOrTs La journée de mercredi s’annonce noire pour les usagers du train, mais aussi de la rATP syLvIE ANdrEAu Un jour de grève à la gare de Lyon. AnOUk DESURY/MAXPPP Les équipes de Guillaume Pepy ne sont plus sûres de rien. Il y a dix jours, elles prévoyaient une grève « carrée ». Les quatre syndicats qui appellent à l’arrêt du travail mercredi représentent 70 % des salariés du groupe ferroviaire. Leur mouvement commence le mardi à 19 heures pour se terminer le jeudi à 10 heures. La SNCF pouvait établir un plan de trafic assez précis pour anticiper cette journée noire. Mobiliser avant la publication du décret La feuille de route qu’elle diffusera demain après-midi va être plus compliquée à définir. Le mouvement social contre le projet de réforme du Code du travail porté par Myriam El Khomri, prévu lui aussi mercredi, est venu se greffer sur le mot d’ordre ferroviaire. Le nombre des cheminots grévistes devrait dépasser largement les premières estimations. « Ce sera un mouvement de grande ampleur », assuraient les représentants syndicaux à l’issue d’une rencontre avec la direction, le 2 mars. Côté cheminots, on entend se mobiliser avant la publication du décret qui doit définir « les conditions d’utilisation des personnels du ferroviaire ». Ce nouveau cadre, qui fixe la durée du temps de travail, est censé répondre à l’ouverture du rail français à la concurrence et promet une révision du statut des cheminots. Elle concerne la SNCF, les rares acteurs du fret ferroviaire et Thello, la petite compagnie opérant entre la France et l’Italie. Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, peaufine encore sa copie, qu’il a promis de rendre pour le 15 mars. Le sujet est sensible et doit passer par le Conseil d’État pour validation. Pour les cheminots de la SNCF et les salariés de la RATP, les revendications sont aussi salariales. Pour la Régie parisienne, le mouvement tombe le jour de la date prévue pour le démarrage des négociations sur les salaires. Une occasion trop belle de mettre la pression sur la direction. g 20 | économiE JDD | 6 mars 2016 Jean Tirol sur tous les fronts Le Prix Nobel d’économie 2014 prépare un nouveau livre qui aura pour thème le rôle d’éclaireur des économistes dans la société. Le directeur scientifique de la Toulouse School of Economics vient d’apporter son soutien au projet de loi El Khomri, « une avancée pour les Le chiffre plus fragiles ». Jean Tirole, 63 ans, souhaite par ce livre démontrer en quoi les économistes sont, par leurs travaux, aptes à changer le regard des citoyens. L’idée lui est venue après avoir reçu l’éminente distinction de la Banque de Suède et entamé un tour du monde. Son opus sera publié aux PUF mi-mai. C’est Denis Kessler, patron de Scor, qui a racheté la maison d’édition, qui l’a invité à se livrer. B.B. 7% C’est l’hypothèse haute de croissance économique que se fixe la Chine pour 2016. Annoncé hier par le Premier ministre devant le Parlement, cet objectif tient compte d’une conjoncture difficile et des difficultés structurelles de la deuxième économie mondiale. Il est à peine plus Coulisses élevé que le taux de 6,9 % réalisé, selon Pékin, en 2015, le plus faible enregistré depuis 25 ans. Autres objectifs chiffrés de la feuille de route pour la période 2016-2020, en vue de « l’édification de la société de moyenne aisance » : construire au moins 50 nouveaux aéroports, créer 50 millions d’emplois dans les villes et augmenter à 58 gigawatts la production d’énergie nucléaire. B.B. Alerte sur Saint-Barth La petite île française des Antilles, collectivité d’outre-mer depuis 2007, est en péril. Selon les représentants de l’association Saint-Barth Essentiel, en tournée à Paris cette semaine, la situation environnementale du petit territoire se dégrade à vitesse accélérée. Les permis de construire se seraient multipliés pour atteindre le nombre de 2.200 en dix ans, pour un territoire de 9.000 âmes, qui accueille 70.000 touristes par an. Certains porteraient atteinte à des zones protégées et à l’équilibre de la biodiversité de l’île, au point d’entraîner des recours en justice de la part de l’association. Ses membres entendent alerter le gouvernement sur ces dérives. S.A. Chez Sanofi Pasteur, une épidémie de vaccins SANTE Après la dengue, le numéro 1 mondial s’attaque à un traitement contre le virus Zika. Avec une organisation industrielle sans précédent À Genève, demain et mardi, la communauté scientifique mondiale se retrouve une nouvelle fois pour une réunion d’urgence sur l’épidémie de Zika. Les représentants de Sanofi Pasteur, la plus grande société de vaccins au monde, seront autour de la table. La division de ce groupe pharmaceutique est devenue incontournable dans la lutte contre les épidémies provoquées par des moustiques dans les zones tropicales. Elle est la première, après vingt ans de recherche, à avoir mis au point un vaccin contre la dengue. Son traitement, commercialisé depuis quelques semaines, place Sanofi en première ligne dans la lutte contre le fléau Zika, provoqué par la même espèce de moustique. Le français a annoncé cette semaine terminer la mise au point d’un vaccin qu’il produira bientôt, sur des petits volumes, afin de démarrer au printemps une phase de tests précliniques sur des animaux. Ce développement accéléré correspond à l’expertise des équipes du groupe basé à Lyon dont le portefeuille de vaccins couvre déjà 20 maladies infectieuses. Mais c’est grâce à ses tra- vaux sur le « projet dengue » que Sanofi Pasteur promet de lancer dans trois ans un premier traitement contre Zika. Toutes premières vaccinations Les toutes premières doses du vaccin Dengvaxia ont été injectées ces jours-ci aux Philippines. Les candidats au traitement se sont manifestés dans des cliniques privées, mais bientôt, l’ensemble des Philippins bénéficieront d’une campagne nationale. Depuis la fin de l’année dernière, une demidouzaine de pays ont autorisé la mise sur le marché de ce traitement. Sanofi Pasteur attend le feu Centre de production du vaccin contre la dengue à l’usine Sanofi de Neuville-sur-Saône. VINCENT MONCORGE/SANOFI vert imminent d’une vingtaine de nouveaux gouvernements. Si la population sous la menace de Zika est encore inconnue, celle qui est concernée par la dengue est estimée à 3,9 milliards de personnes. L’an dernier, rien qu’au Brésil, le virus a touché plus de 1,5 million de personnes et causé 800 morts. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) vise une réduction de 50 % de la mortalité et de 25 % de la morbidité, car, outre le lourd bilan humain, chaque pic épidémique entraîne une désorganisation des systèmes de santé des pays. Les hôpitaux voient débarquer en quelques jours des dizaines de milliers de patients. « La dengue est aussi une maladie très anxiogène pour des personnes qui peuvent être contaminées jusqu’à quatre fois dans leur vie », remarque Guillaume Leroy, vice-président de Sanofi Dengue Vaccine Company. Pour Sanofi Pasteur, le projet a représenté une organisation industrielle sans précédent. La construction d’un nouveau site dédié a démarré dès 2009, à Neuville-sur-Saône, près de Lyon. Il fournira cette année 100 millions de doses. Et se mobilisera contre Zika dès que le traitement sera au point. g Nicholas Jackson, directeur de la recherche de Sanofi Pasteur « Zika est notre priorité numéro un » A-t-on une idée précise de l’ampleur de l’épidémie de Zika ? phOTO V. MONCORGE/SANOFI-pASTEUR SylviE ANdrEAu On sait qu’au moins 30 pays sont touchés et que les personnes infectées se chiffrent par millions. L’agressivité du moustique inquiète aussi beaucoup. Il se déplace, peut piquer plusieurs fois, ne s’attaque qu’à des humains… De plus, on n’a pas encore mesuré toutes les conséquences de la maladie sur le patient, les complications qui peuvent survenir, les séquelles potentielles. Des études démontrent que les risques sont peut-être plus importants que nous ne l’avions envisagé. Comment pensez-vous aboutir à un vaccin en trois ans ? Zika est devenu la priorité numéro un de Sanofi Pasteur. Notre programme bénéficie d’une équipe de recherche dédiée de 80 personnes, issues de plusieurs horizons, qui mettent à contribution les experts du groupe à travers le monde. Ce réseau s’est avéré très efficace pour le programme dengue qui vient d’aboutir à une homologation dans de nombreux pays. Cette technologie, également développée contre l’encéphalite japonaise, devrait nous permettre d’accélérer le développement d’un vaccin contre Zika, qui appartient à la même famille des flavivirus. Propos recueillis par S.A. WITT/SIpA Il ose business | 21 jdd | 6 mars 2016 La bataille des tablettes pros HIGH-tecH Stylet ou clavier, les géants du secteur accessoirisent leurs outils avec le marché des professionnels pour cible. Un relais de croissance face à la stagnation des modèles grand public Moctar Kane « Qui voudrait d’un stylet ? », demandait Steve Jobs en présentant l’interface tactile révolutionnaire de l’iPhone en 2007. Et pourtant… Il y a quelques mois, Apple lançait l’iPad Pro, assorti de deux accessoires maison : le stylet Pencil et le clavier Smart Keyboard. Sur le site de la firme, un nouveau credo : ce clavier « révolutionne complètement le mode de saisie séculaire » ! « Cela prouve que Microsoft n’avait pas faux en restant fidèle au clavier et au stylet », estime Stéphane Torres, depuis longtemps expert en tablettes de l’éternel concurrent de la marque à la pomme. Le stylet, Microsoft s’y agrippe depuis le début des années 2000 sur les Tablet PC, ancêtres des tablettes actuelles. La version 4 de sa Surface Pro, lancée à la fin de l’année dernière, en est équipée. Les stylets d’antan n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. L’Apple Pencil est sans doute l’un des plus précis. Ces multiples degrés de pression font varier l’épaisseur du trait : remarquable pour le dessin. L’ajout de clavier répond, lui, à la demande d’utilisateurs désireux de combiner le meilleur des deux mondes : la tablette pour consommer du contenu et le clavier de l’ordinateur portable pour produire efficacement. Face aux iPad Pro et Surface Pro (au-dessus de 900 €), l’autre géant, Samsung, sort ce mois-ci son Galaxy TabPro S. Comme Google a mis au point son premier modèle Android : la tablette Pixel C, pourvue d’un clavier à fixation magnétique originale et d’un bouton de recherche dédié. Apple Ipad pro avec stylet. DR Microsoft Surface Pro 4. DR « Nous entrons dans une consommation du partage » coMMerce Leboncoin est devenu un des meilleurs observatoires de la consommation des Français. Pour Antoine Jouteau, son directeur général, l’envie de partager en est le nouveau moteur IntervIew BrUna BaSInI L’arrivée quasi simultanée de machines haut de gamme n’est pas un hasard. Les ventes de tablettes grand public plafonnent. « En 2015, il s’est vendu 5.166.000 tablettes en France, une baisse de 16 % par rapport à 2014 », avance Tristan Bruchet de l’institut GfK. Mondialement, le constat est du même ordre selon l’étude d’IDC : - 13,7 % au dernier trimestre. Le marché des tablettes serait saturé, notamment par les modèles Android d’entrée de gamme. Avec un taux d’équipement des foyers français d’environ 40 %, il se renouvelle peu. Au lieu de racheter une simple tablette, les clients regardent du côté des « convertibles et des ultrabooks [portables fins et relativement puissants] », explique Tristan Bruchet. Le bastion de Microsoft dans les entreprises Si Apple et Google, à travers leurs systèmes d’exploitation, dominent largement le marché grand public, la bataille des convertibles chez les pros est loin d’être gagnée. « Le monde de l’entreprise est quand même inféodé à Microsoft », dit Stéphane Torres. Grâce au système Windows et aux logiciels associés tels Office. Agnès Van de Walle, directrice de la division Windows et Surface chez Microsoft France, annonce que « le chiffre d’affaires de la gamme Surface est en croissance constante de 30 % depuis le lancement de Surface Pro 4 ». Ranjit Atwal, directeur de recherche chez Gartner, estime que Microsoft bénéficie de l’adoption rapide par les entreprises de son dernier système Windows 10, présent sur les tablettes et les ordinateurs. Quant à Apple, pour voir ses tablettes pénétrer vraiment l’entreprise, il « doit prendre une décision, affirme Ranjit Atwal. Ils ont Mac OS pour les ordinateurs et iOS pour les tablettes. Pourquoi garder deux systèmes d’exploitation chez les pros ? » g @BrunaBasini des millions de Français vident leurs placards sur Leboncoin, qu’apprend-t-on sur leurs pratiques de consommation ? Quand on s’est lancé en 2006, on fonctionnait comme une brocante virtuelle. Aujourd’hui, nos clients nous écrivent. Ils nous demandent de plus en plus de services et des nouvelles fonctionnalités, comme la géolocalisation ou la messagerie intégrée. En supprimant le commerçant, on leur a donné l’envie du partage et la curiosité de leur voisinage. Quand ils vendent pour 1 € un cageot de pommes, ce n’est pas pour gagner de l’argent, c’est parce qu’ils ont vidé leur arbre et veulent en faire profiter quelqu’un et le rencontrer. c’est la crise de 2008 ou l’explosion du commerce en ligne qui a fait le succès des ventes d’occasion ? La crise a eu un impact mineur. C’est l’Internet haut débit qui a provoqué le déclic en drainant des millions de consommateurs vers le Web. Du jour au lendemain, ils se sont mis à jouer à la marchande. Mais ce sont des consommateurs raisonnés : ils peuvent s’offrir un vélo neuf très cher et acheter des meubles d’occasion. Ils arbitrent. Surtout, ils ne veulent plus jeter ou stocker. Et ils cherchent des objets rares et uniques, comme des vêtements vintage chez les jeunes de 15 à 29 ans, qui ne veulent ressembler à personne d’autre. nos habitudes de consommation ont-elles fondamentalement changé ? Nous entrons dans une consommation du partage. Avant, un bien avait un prix. Aujourd’hui, il a une Antoine Jouteau, DG du site de vente entre particuliers. Jacques GRaF/DIVeRGeNce POuR Le JDD valeur d’usage et de partage. Quand il a épuisé son utilité, on le remet sur le marché et cela crée une circulation vertueuse. Les smartphones deviennent ainsi accessibles à une population qui ne pouvait pas se les offrir à prix neuf. Et parce que les objets bougent, cela apporte aux marques une nouvelle clientèle qu’elles n’avaient souvent pas ciblée. ressentez-vous les effets conjoncturels de la crise à travers vos petites annonces ? Nous avons nos propres indicateurs de marché : le nombre d’offres déposées et la durée de vie des annonces. Mais nous nous portons mieux quand il y a de la croissance. On ressent aussi très vite les crises sectorielles ou propres à une marque. La crise du diesel, on l’a vue dans nos chiffres de septembre à novembre. Pour nos annonces d’emplois, nous avons déjà constaté des mouvements de reprise l’an dernier et clairement depuis le début de l’année. Au cours des trois dernières semaines, nous avons reçu 40.000 offres. Leboncoin crée du lien entre vendeurs et acheteurs : êtes-vous prêts à devenir un réseau social ? Nous gérons une communauté de 23 millions de visiteurs par mois. Et nous voulons leur fournir un meilleur service et des petits bonheurs au quotidien. Notre ADN reste la transaction. Nous nous interrogeons sur notre capacité à aller plus loin pour offrir notamment des moyens de paiement. Nous avons déjà ouvert 15 millions de comptes pour nos utilisateurs réguliers, qui nous demandent aussi de les informer sur les événements de leur ville ou de leur quartier. Et certaines associations détournent nos annonces pour faire passer des messages. g LeBoncoIn : dU GrILLe-paIn aU cdI LeAder inconteSté des petites annonces entre particuliers, Leboncoin fait plus que proposer à la vente des vinyles ou des nains de jardin. Le 5e site le plus visité de France s’est aussi imposé sur le marché du travail avec plus de 200.000 offres, juste derrière Pôle emploi. Pour grimper à 500.000 annonces dans les prochains mois, Leboncoin parle notamment avec Paul Duan, le fondateur de l’ONG Bayes Impact. Sa société fournit des solutions technologiques pour fluidifier le marché de l’emploi. Le « génie français des algorithmes » a proposé à François Hollande de l’aider à inverser la courbe du chômage. Et au site Leboncoin de travailler sur sa data. Des données qui, une fois agrégées, peuvent apporter à quelqu’un qui cherche un travail, outre une annonce, des informations de proximité personnalisées : valeur d’une maison, montant d’un loyer, prix d’une voiture d’occasion. Et d’un micro-ondes quasi neuf. B.B. Infiniti bat ses records aUtoMoBILe La marque premium du japonais nissan dévoile au Salon de Genève une gamme enfin complète SyLvIe andreaU @SylvieAndreau Le chiffre des immatriculations de février vient de tomber et avec lui un nouveau record. Infiniti enchaîne en France son dix-huitième mois consécutif de croissance. Après des ventes à + 70 % l’an dernier, la marque haut de gamme de Nissan continue de tracer sa route. Les volumes restent modestes en France mais devraient passer la barre des 2.000 véhicules cette année. « Nous sommes déjà dans les flottes de la plupart des groupes du CAC 40 », s’enthousiasme le représentant en France du constructeur. Elle a fait sa toute première apparition en Europe en 2008, lors du Salon de Genève. Cette année, Infiniti y expose son nouveau coupé sportif, le Q60, et le QX30, déclinaison crossover de son modèle phare, le Q30. Commercialisée depuis janvier, la petite berline vient de faire son apparition en France, avec les premières livraisons mi-février. Sa production, 100 % européenne, est assurée sur le site de Sunderland au Royaume-Uni, qui a bénéficié de 300 millions d’euros d’investissement. Infiniti, très bien implantée aux États-Unis – son premier marché – et en Chine, espère tripler ses ventes en Europe avec le Q30. Son réseau de distribution français s’y prépare. Le constructeur annonce demain l’ouverture d’un dix-neuvième point de vente dans l’Hexagone. Lors du récent lancement de la nouvelle Alpine, Carlos Ghosn, le patron de l’alliance Renault-Nissan, n’a pas exclu que le modèle sport du français soit distribué dans les concessions Infiniti. g Le prix d’une Infiniti commence à 26.000 € et peut monter jusqu’à 44.000. NIssaN/PR JDD 22| Théma Deux mois après son extension théorique à tous les salariés, la complémentaire santé d’entreprise s’est largement répandue. Mais dans les petites entreprises, ce sont souvent les formules les plus basiques qui ont été souscrites La complémentaire santé se généralise L Éric Leroux ’ultimatum était fixé au 1er janvier 2016 : toutes les entreprises qui emploient au moins un salarié devaient, à cette date, avoir souscrit une complémentaire santé à leur profit en payant la moitié au moins de la cotisation, dans le cadre de la mise en place de l’ANI (accord national interprofessionnel) et de la loi de Sécurisation de l’emploi. Visiblement, beaucoup d’entreprises n’ont pas pu tenir ce délai : « Nous avons enregistré cinq fois plus de souscriptions en janvier 2016 que pendant toute l’année 2015 », témoigne Patricia Delaux, directrice des assurances collectives chez Axa Entreprises, avant de préciser que « de nombreux contrats s’ouvrent encore tous les jours ». « Ce sont surtout les salariés de très petites entreprises – commerçants, artisans, libéraux – qui n’étaient pas encore bénéficiaires d’une complémentaire, mais quelques grosses PME figurent aussi parmi les retardataires », précise Frédéric Rousseau, dirigeant de la mutuelle Humanis. D’après les professionnels, il faudra attendre encore trois à six mois pour boucher les derniers trous, en particulier dans les très petites entreprises où l’introduction de l’ANI se traduit par un surcroît de charges et de travail administratif. Un retard à l’allumage finalement limité, alors qu’aucune sanction ne vient frapper les entreprises qui ne Des « surcomplémentaires » peuvent venir renforcer les postes mal pris en charge par les contrats collectifs. Luc Seba/cocktaiL Santé s’y conforment pas, le seul risque étant d’être attaqué aux prud’hommes par un salarié. « Une couverture assez basique » Les salariés, eux, manquent encore à l’appel, puisque « 50 % d’entre eux seulement auraient adhéré au contrat collectif », rapporte Pascal Compet, directeur associé du cabinet de conseil Weave, d’après des informations rassemblées auprès des grands opérateurs. « Dans bon nombre de cas, ils n’ont pas été convaincus par la couverture proposée par l’entreprise et ont utilisé les cas de dispense pour s’en exonérer », explique-t-il. « Nous avons observé peu de résiliations, confirme Arnaud Giraudon, à la tête du courtier Acomme Assure. Les salariés ont principalement besoin de protection en dentaire et optique, et sur ces deux points, l’ANI n’apporte pas une bonne réponse. » Et pour cause : « La moitié des contrats souscrits dans le cadre de l’ANI n’offrent que le Côté optique ou dentaire, panier de soins minimal, qui ou pour les dépassements d’honone procure raires, ils qu’une cousont en verture assez « Les salariés revanche b a s i q u e » , ont surtout besoin d’un faible observe secours. Pascal Com- de protection C ’e st l a pet, même si en dentaire contreparces contrats tie de tarifs ont la vertu et optique » très serrés : de couvrir le plus gros la cotisation risque, à savoir le ticket moyenne pour le « panier de modérateur laissé par la Sésoins ANI » s’élève entre 20 curité sociale à la charge des et 30 € par mois et par salarié. assurés, et l’hospitalisation. « Le niveau de garantie dé- pend de la stratégie sociale de l’entreprise, détaille Frédéric Rousseau. Lorsqu’elle dépend d’un accord de branche professionnelle, la protection minimale est presque toujours supérieure au socle de l’ANI. » Rares sont toutefois ceux qui offrent une couverture familiale. « La tendance lors des mises en place penche nettement du côté des contrats individuels, indique Patricia Delaux. Dans la mesure où souvent les deux conjoints travaillent, ils bénéficient chacun d’une couverture par leur entreprise. » Les conjoints sans activité et les enfants en sont donc souvent exclus. Pour rentabiliser ces contrats collectifs parfois vendus à prix cassés (dès 15 € par mois), les assureurs ont une botte secrète : ils proposent, à côté du contrat de base, des « surcomplémentaires », qui viennent renforcer les postes mal pris en charge, l’optique et le dentaire notamment. Cellesci ne sont pas obligatoires et ne coûtent rien à l’entreprise, puisque ce sont les salariés qui choisissent ou non de les souscrire (plusieurs options sont proposées) et qui paient l’intégralité des cotisations. « Leurs coûts sont très variables, mais elles sont chères, ce qui fait que peu de salariés y ont adhéré pour l’instant », poursuit Pascal Compet. Bon nombre de professionnels estiment cependant que les salariés pourraient être plus nombreux à y recourir s’ils estiment que les remboursements de la complémentaire de base sont insuffisants. g CDD, temps partiel, chômage, retraite : êtes-vous CoUVERt ? Pas couvert ? Pour certains salariés qui ne sont pas en contrat à durée indéterminée, la complémentaire d’entreprise peut tourner au casse-tête. Les salariés en CDD, par exemple, sont couverts dès lors que leur contrat est signé pour au moins un mois et pour toute sa durée. Ils doivent donc contribuer également à la cotisation. Il existe cepen- dant de nombreux cas où ils peuvent refuser de s’affilier, notamment si le CDD est inférieur à un an. Si le CDD est d’une durée supérieure à un an, le refus d’adhérer ne sera acceptable qu’à condition de justifier de la détention d’une couverture santé par ailleurs (celle de votre conjoint ou un contrat personnel). C’est la même chose pour les apprentis. Les salariés à temps partiel sont, eux aussi, couverts par le contrat de l’entreprise complet. Pour éviter que cela ne pèse trop sur leur salaire, il est toutefois prévu Les salariés en CDD sont couverts dès lors que leur contrat est signé pour au moins un mois et financent leur complémentaire en payant le même tarif qu’un salarié à temps qu’ils puissent la refuser si la cotisation représente plus de 10 % de leur salaire. En cas de chômage non consécutif à une faute lourde, les anciens salariés d’une entreprise conservent le bénéfice de la mutuelle pendant une durée équivalente à celle pendant laquelle ils y ont travaillé, avec un maximum de douze mois. Si vous avez travaillé six mois dans une entreprise, vous continuerez donc à profiter de sa couverture pendant six mois (sauf si vous retrouvez un emploi plus tôt), et cela sans rien payer, car la cotisation est totalement prise en charge par l’employeur. Maintien des garanties Lors du départ à la retraite, les anciens salariés peuvent demander à l’assureur le maintien des garanties dont ils disposaient dans l’entreprise. Cependant, le prix de la Complémentaires santé théma JDD Les critères d’une bonne couverture Avant de souscrire une complémentaire santé, il faut regarder le tarif, bien sûr, mais aussi le contenu des garanties. Comment s’y retrouver en fonction des différentes situations ÉriC Leroux Si vous n’avez pas la chance d’avoir une complémentaire santé payée en partie par votre entreprise, c’est à vous de choisir le contrat qui vous conviendra le mieux. Le tarif est évidemment un critère de choix alors que le montant peut vite atteindre plusieurs milliers d’euros par an pour un couple ou une famille. Le contenu des garanties mérite aussi votre attention, d’autant plus qu’il n’est pas toujours très clair. Voici les points qui font la différence. b Les dÉpAssements d’honorAires C’est l’un des principaux points qui fait varier les tarifs. Les contrats les moins chers ne couvrent pas ces dépassements d’honoraires, alors que les plus étendus les couvrent parfois jusqu’à 2, 3 ou 4 fois le tarif de la Sécurité sociale (d’où les appellations « 200 % », « 300 % » ou « 400 % »). En clair, pour une consultation chez un spécialiste, où le tarif de convention est de 25 €, vous serez remboursé à concurrence de 24 € (Sécurité sociale comprise, il reste 1 € « de responsabilité » à votre charge) avec une mutuelle de base, et jusqu’à 99 € avec une qui couvre à « 400 % ». Notre conseil : si vous n’avez recours qu’occasionnellement à des professionnels qui pratiquent des dépassements d’honoraires, vous pouvez vous contenter d’une formule de base. Avec les sommes économisées sur la cotisation, vous affronterez facilement ces dépassements. b Les prothèses dentAires Bien qu’il s’agisse du poids lourd des dépenses de santé pour un grand nombre de personnes, les remboursements des prothèses dentaires sont difficiles à évaluer, car exprimés, eux aussi, en pourcentage du tarif de la convention de la Sécu. Seul souci : peu de gens connaissent ces tarifs. Pour une couronne, par exemple, ce tarif est de 107,50 €. Un contrat qui couvre à 200 % vous permettra d’être remboursé à hauteur de 315 € (107,50 x 2), y compris la part de la Sécurité sociale. Attention : il faut parfois attendre un an ou deux pour bénéficier du remboursement maximal prévu par le contrat. Et les implants ne sont jamais remboursés : dans le meilleur des cas – et les contrats les plus chers –, vous n’aurez droit qu’à une participation symbolique. Notre conseil : trouvez le juste compromis entre des remboursements assez hauts pour ne pas vous freiner dans la réalisation des soins nécessaires, mais pas trop élevés afin de garder un budget mutuelle raisonnable. Sur plusieurs années, vous risquez de payer bien plus à l’assureur que ce à quoi vous avez droit… b L’optique Vu les tarifs ridicules de la Sécurité sociale, les prestations des complémentaires sont faciles à comparer, car elles sont toujours exprimées en forfait. Celuici varie de 50 à 150 € dans les contrats basiques, mais peut atteindre 800 € pour des verres complexes dans les contrats les plus étendus. Notre conseil : choisissez un niveau de forfait correspondant au type de verres dont vous avez besoin. Il est possible de faire évoluer les garanties quand les besoins changent. b Les prothèses Auditives Comme pour l’optique, les tarifs de la Sécu sont sans rapport avec la dépense. Les contrats les moins onéreux, qui remboursent en pourcentage de ce tarif, ne vous seront donc d’aucun secours. Mieux vaut opter pour une offre plus haut de gamme, avec un forfait de quelques centaines d’euros. Notre conseil : les personnes âgées ont intérêt à se tourner vers des formules spécifiques si elles désirent une meilleure prise concerné ? cotisation peut augmenter de moitié, et il n’y a plus de participation de la part de l’entreprise. Cela revient donc à payer trois fois plus cher, pour un contrat qui n’est plus forcément adapté à vos besoins. Avant d’opter pour ce maintien, mieux vaut donc comparer la couverture et le prix avec ceux d’un contrat individuel. g Un forfait « haut de gamme » pour les prothèses auditives. BURGER/PHANIE en charge des frais liés au vieillissement. b L’hospitALisAtion La différence entre contrat d’entrée de gamme et contrat haut de gamme se fait uniquement sur la prise en charge d’une chambre particulière et sur le montant remboursé, qui peut aller de 30 à 80 € par jour en général. Notre conseil : la durée moyenne d’hospitalisation étant courte, ce n’est généralement pas indispensable. g à l’hôpital, la prise en charge d’une chambre particulière sera intégrée à un contrat haut de gamme. AJ PHOTO/BSIP 24| JDD Théma ComplémenTaires sanTé Ce que couvrent les contrats d’entreprise Entre les formules basiques choisies par de nombreuses petites entreprises et les couvertures étendues proposées dans les grandes entreprises, les complémentaires santé de l’ANI font le grand écart Éric Leroux Les complémentaires santé d’entreprise n’apportent pas toutes les mêmes protections, même si elles couvrent au minimum une série de soins définis dans l’ANI. D’un employeur à l’autre, les salariés peuvent bénéficier de couvertures très variables. Voici ce que vous pouvez en attendre. Maximum : vous bénéficiez d’un forfait de 150 € par an pour l’homéopathie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la podologie, etc. b mÉdicaments Minimum : vous êtes remboursé du ticket modérateur (35 %) et n’avez donc que 50 centimes par boîte à votre charge, dans le cadre de la « franchise médicale ». Cela ne vaut b consuLtations que pour les médicaments mÉdicaLes remboursés à 65 % par la Minimum : vous êtes Sécu, ceux dont le service remboursé du ticket modé- médical rendu est majeur. rateur à 30 %, c’est-à-dire la Les autres, remboursés à part du tarif de convention 30 % ou 15 % par la Sécu, ne non prise en charge par la donnent généralement droit Sécurité sociale, dans le à aucun remboursement, car cadre du parcours de soins. il n’existe pour eux aucune Pour une consultation à 23 € obligation. chez le médecin généraliste, Maximum: le prix des vous n’aurez que 1 €, dit de médicaments étant d’ordre « responpublic, vous sabilité », à obtiendrez les mêmes payer. Idem D’un employeur c h e z u n à l’autre, les salariés r e m b o u r sements. spécialiste qui pratique peuvent bénéficier C e r t a i n e s complédes tarifs de de couvertures m e n t a i re s convention. peuvent En revanche, très variables toutefois s i l e p ro prendre fessionnel facture des dépassements également en charge le ticd’honoraires, c’est vous qui ket modérateur sur les médevrez payer ce supplément. dicaments à service rendu Cela vaut pour les médecins, modéré ou faible. mais aussi pour les actes de biologie, analyses et radios. b soins dentaires Maximum : les dépas- et prothèses sements d’honoraires sont Minimum : pour les remboursés pour des consul- soins proprement dits, vous tations facturées jusqu’à êtes remboursé du ticket 51,75 € si le médecin n’a pas modérateur et n’avez donc signé le contrat d’accès aux rien à rembourser chez un soins (CAS). À partir de 2017, professionnel pratiquant ce plafond sera réduit à 46 €. des tarifs de convention. Toutes les sommes payées Les dépassements d’honoau-delà restent à votre raires éventuels sont à votre charge, le cas échéant. charge. Les prothèses sont Il n’y a pas de limite si le prises en charge à hauteur médecin est signataire de ce de 125 % du tarif de convencontrat. Dans tous les cas, 1 € tion (remboursement Sécu reste à votre charge. compris), soit 134 € au maximum pour une couronne. b mÉdecine douce Un tarif qui laisse souvent Minimum : elles ne sont plusieurs centaines d’euros pas remboursées, hormis à votre charge. le ticket modérateur de la Un détartrage complet consultation si le profession- est parfois intégré, car les nel est un médecin conven- contrats doivent prendre en tionné. charge au moins deux actes Sur l’optique, les garanties peuvent évoluer en fonction des évolutions de la vue. N. KOVARIK/ReseRVOIR PhOtO PAtRIcK ALLARD/ReA de prévention par an pour l’ensemble des questions de santé. Maximum : la loi ne fixant pas de plafond dans ce domaine pour les contrats responsables, il n’y a théoriquement aucune limite aux remboursements proposés. La couverture dépend donc de l’étendue de la couverture choisie par votre entreprise. b Lunettes et optique Minimum : un forfait de 100 € pour des verres simples et jusqu’à 200 € au maximum pour des verres complexes (y compris la monture) vous est attribué tous les deux ans pour vos lunettes ou lentilles. En cas d’évolution de votre vue, ce forfait est annuel. Il l’est également pour vos enfants s’ils sont couverts par le contrat. Maximum : n’espérez pas plus de 100 € pour la monture, mais les plafonds pour les verres peuvent être très généreux : 470 € pour une correction simple, et jusqu’à 800 € pour les verres les plus onéreux. Ces plafonds s’entendent pour la paire de verres et tous les contrats ne vont pas jusque-là… b hôpitaL Minimum : en cas d’hospitalisation, vous n’aurez pas à payer le ticket modérateur ni le forfait journalier, et cela sans limitation de durée. En hôpital public ou clinique conventionnée, vous n’aurez donc rien à débourser pour les soins et le séjour. En revanche, si vous Les avantages et Les contraintes des rÉseaux de soins Carte BlanChe Partenaire, Kalivia, Seveane, Santéclair… Pour des millions de personnes, la complémentaire santé donne également accès à des réseaux de soins qu’il est parfois très intéressant d’utiliser pour réduire le reste à charge sur les soins les plus mal remboursés par la Sécurité sociale et les complémentaires de base. Ces réseaux passent des accords avec des professionnels de santé afin de s’assurer une limitation des tarifs et la fourniture de prestations de qualité. Chez Santéclair, on met ainsi en avant « des réductions de 40 % sur les verres par rapport aux mêmes équipements et 15 % sur les montures, de 45 % pour les audio-prothèses, de 15 % dans le domaine dentaire… » Tous ces professionnels s’engagent à fournir des devis clairs dans lesquels apparaît la part des dépenses restant à la charge de l’assuré. Ils acceptent également le tiers payant, ce qui évite d’avancer la part prise en charge par la complémentaire. Seule condition à respecter pour Les surcomplémentaires valent-elles le coût ? pour de nombreux salariés, surtout dans les très petites entreprises, les couvertures sont proches du minimum légal. il est possible d’aller plus loin, à titre individuel, grâce à des surcomplémentaires Proposées par l’assureur de l’entreprise, les surcomplémentaires permettent d’obtenir des remboursements plus élevés, ou de couvrir d’autres membres de la famille, mais pas question ici de la faire financer par l’employeur : la cotisa- demandez une chambre particulière, vous n’aurez droit à rien. Et les éventuels dépassements d’honoraires resteront à votre charge. Maximum : les dépassements d’honoraires sont couverts à condition que la consultation ne dépasse pas 51,75 € (voir consultations médicales). La loi ne fixant aucune autre limite, il est fréquent que les chambres particulières soient remboursées dans les formules les plus étendues, à hauteur de 50 ou 80 € par jour. g En dentaire, la couverture dépend de l’étendue de celle choisie par l’entreprise. PAtRIcK ALLARD/ReA étendue de la protection) et peut atteindre plusieurs centaines d’euros par an. tion incombe entièrement au salarié. Son montant dépend de nombreux paramètres (âge, région, Elles ne couvrent pas toute la dépense Faut-il y succomber ? Pas forcément… À l’inverse de la mutuelle de l’entreprise qui couvre les gros risques, ces garanties complémentaires sont surtout utiles pour les dépassements d’honoraires, l’optique et le dentaire. Mais, dans bénéficier de ces tarifs : passer par des professionnels affiliés au réseau. Cela peut parfois être ressenti comme une contrainte, bien qu’il ne s’agisse pas d’une obligation : il est possible de consulter le professionnel de votre choix et d’acheter vos équipements où vous voulez. Mais vous ne bénéficierez alors pas de l’effet « achat groupé » ni, dans certains cas, de la prise en charge totale de votre dépense, car certains assureurs la conditionnent au recours à ces réseaux. e.L presque tous les cas, leurs remboursements ne couvrent pas toute la dépense. Exemple : pour un implant dentaire, les contrats les plus généreux avancent une prise en charge à 500 % du tarif de convention pour la prothèse, ce qui correspond à 537,50 €, alors que la dépense totale dépasse généralement 1.500 €. Mieux vaut donc estimer si vous n’avez pas intérêt, pour ces soins, à être votre propre assureur : en mettant de côté l’équivalent des cotisations, vous avez certainement des chances d’être gagnant à long terme. Ces surcomplémentaires s’adressent donc, en priorité, à des gros consommateurs de soins, qui fréquentent régulièrement des médecins pratiquant des dépassements d’honoraires, qui changent souvent de lunettes et qui désirent pouvoir payer une chambre particulière en cas d’hospitalisation. Une « antisélection » dans le jargon des assureurs : cela veut dire que seuls les clients dépensiers souscrivent. Ce qui pourrait faire s’envoler des prix déjà élevés… e.L. 26 | regards JDD | 6 mars 2016 Chère Myriam El Khomri, Rouge vif Quand on vous a proposé d’être ministre du Travail, vous avez accepté parce qu’une proposition pareille, ça ne se refuse pas. Et puis, si les plus grands personnages de l’État vous pensaient capable d’occuper ce poste, c’est que vous l’étiez. Comme vous êtes honnête, vous leur avez dit que vous ne connaissiez pas bien le monde de l’entreprise, que votre spécialité, c’était la politique de la ville. Ces messieurs vous ont rassurée, des conseillers hyperspécialisés allaient vous entourer pour vous aider à maîtriser les points techniques. Anne Roumanoff @anne_roumanoff Lettre à Myriam El Khomri Au début, les médiAs vous aimaient bien, vous sortiez de nulle part, vous n’aviez pas le cuir tanné comme les vieux crocodiles de la politique. Vous n’étiez pas désabusée comme Rebsamen, vous étiez plus spontanée que Michel Sapin. Il y avait une empathie réelle avec les chômeurs, un sincère désir de bien faire. On a aimé votre visite surprise dans une agence Pôle emploi. On a loué votre fraîcheur, votre jeunesse : pas d’ennuyeux tailleurs pastel, pas de brushing impeccable. Une robe rouge Zara, un blouson noir H&M, des cheveux bouclés qui s’envolent dès qu’il y a un peu de vent, de jolies rondeurs. Vous alliez à l’Élysée habillée comme pour prendre un pot aux Abbesses avec des copains un soir de Fête de la musique. Ensuite, il y a eu l’épisode Bourdin. Questionnée un peu abruptement sur le CDD, vous perdez vos moyens. On raille votre ignorance. Mortifiée, vous passez des nuits à potasser le Code du travail. Le mois suivant, quand vous annoncez les chiffres du chômage, vous êtes devenue incollable sur les chômeurs de catégorie A, B et C. Le Premier ministre vous charge de « porter » la réforme du Code du travail. Vous demandez : « C’est quoi exactement porter ? » « Porter, ça veut dire soutenir, défendre, expliquer », a répondu Manuel Valls. Il a ajouté : « Ne t’inquiète pas, Badinter et son équipe ont fait tout le boulot préparatoire. Moi et le Président, on fera les arbitrages, et toi, tu vendras la réforme au grand public et aux médias. » « et les syndiCAts ? », vous avez demandé un peu naïvement. « On ne dit plus “syndicats”, on dit “partenaires sociaux” », a rétorqué Manuel. « Les partenaires sociaux, tu les recevras pour la forme mais les décisions auront Il a 84 ans, et ça se voit un peu. Elle a 59 ans et ne les fait pas du tout. Rupert Murdoch et Jerry Hall se sont mariés religieusement hier à la St. Bride’s Church de Londres, au lendemain d’une cérémonie privée. Le magnat des médias australien et l’ex-mannequin se sont rencontrés l’an dernier. C’est le quatrième mariage de Murdoch qui en avait publié l’annonce dans « The Times », l’un de ses journaux. Jerry Hall, elle, avait été l’épouse de Mick Jagger de 1990 à 1999. REUTERS Opinion Jean-François Di Meglio Président d’Asia Centre La Chine, une économie de marché ? J. CHATIN/REA La photo de la semaine L a fin est proche des années fastes de la « mondialisation heureuse ». Alors que, jusqu’en 2008, le commerce mondial croissait deux fois plus vite que la richesse globale, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans ce contexte, la Chine a un rôle crucial. Lui octroyer ou non le statut d’économie de marché au sein de l’OMC, où elle est entrée en 2001 comme économie non marchande pour une durée de quinze ans, est un enjeu majeur de 2016. Quelles conséquences cette accession aurait-elle ? La possibilité d’échapper à toutes sanctions sur ses exportations. En 2014, la Chine a fait l’objet de plus de 40 séries de mesures antidumping (pratique de prix cassés), en tête des pays qui ont eu à en subir. L’Europe et les États-Unis n’ont pas été les plus agressifs dans l’imposition des mesures punitives vis-à-vis de la Chine : l’Inde, par exemple, vient loin devant. Un certain nombre d’analystes font valoir aujourd’hui que ce statut d’économie de marché peut être obtenu si le pays candidat donne des preuves convaincantes. Ce serait une voie plus saine et plus sereine qu’une simple ratification automatique par les partenaires. Voilà donc que c’est au tour de la Chine de s’inquiéter. Il est normal qu’elle amalgame aux pressions américaines les hésitations européennes. L’Europe peut affirmer sa capacité à penser les questions commerciales de façon indépendante, mais aussi discerner cyniquement ou pragmatiquement la meilleure posture. D’évidence, la Chine n’est pas une économie de marché. Les principaux tenants du « camp occidental », Christine Lagarde en tête, ont, tactiquement, soutenu la candidature de la devise chinoise, non convertible, à l’inclusion dans le panier de devises du FMI, imposant en théorie des critères qui ne sont qu’en partie respectés par le yuan. De même, pour l’« économie de marché », la question doit être posée en termes tactiques : il ne s’agit pas de faire plaisir à la Chine. Il faut peser le contrecoup éventuel d’un refus ou d’un report. Sanctions en retour de la Chine ? Mais le pays, en voie de ralentissement, peut-il en imposer, au-delà d’un goût de plus en plus affirmé pour la « préférence nationale » ? Fermeture sur une sphère d’influence plus restreinte et recréant un monde bipolaire ? Là, sans doute, serait le danger. Engager les plus progressistes des dirigeants chinois vers la réforme et l’acceptation des règles internationales serait un pas vers l’intégration du pays. Une illustration intéressante des débats à attendre est donnée par les escarmouches actuelles autour de la question du dumping de l’acier. C’est un bon test de la capacité chinoise à négocier, reculer habilement et donner des gages constructifs de bonne volonté. Sa première réaction a été typique : plutôt que de plier en cessant tout dumping, elle a annoncé qu’elle restructurerait son secteur domestique de la sidérurgie pour le rendre plus compétitif et plus conforme aux règles internationales. Il est encore temps d’aider la Chine à s’aider elle-même. Quand elle sera « économie de marché », il sera trop tard. g « Il est encore temps d’aider le géant asiatique à s’aider lui-même » été prises avant. Il faut arriver à réformer ce pays. » On a donné votre nom à la réforme décidée à Matignon : loi El Khomri. Violente contestation à gauche. Vous courez les médias pour défendre des mesures décidées par d’autres. Vous répétez avec application que licencier sans contrainte permettra de réduire le nombre de chômeurs, que ça n’est pas de la précarisation mais de la flexibilité. Vaillant petit soldat fragile pris au milieu d’une rafale de mitraillette. Une pétition de 1 million de signatures. Des quolibets sur les réseaux sociaux. Le Premier ministre parle de réécrire la loi. Vous faites un malaise. On se moque encore. Le Président évoque un accident domestique et ce mot « domestique » résonne curieusement. Bernard Debré fait une plaisanterie douteuse sur votre nom de famille avec la condescendance méprisante des misogynes bourgeois de 70 ans. C’est lA Journée de lA femme dans quelques jours. Je ne sais pas si vous arriverez à réformer peu ou prou le code du travail, mais c’est bien triste de constater qu’en ce début 2016 le machisme de la classe dirigeante française est toujours aussi fort. g Déchiffrage Axel de Tarlé Éloge de la simplicité Q ui n’a jamais pesté avec ses trois télécommandes, incapable de programmer un enregistrement, voire d’allumer la télé ! Le monde numérique peut vite devenir un cauchemar de complexité. D’où le succès des acteurs qui ont tout misé sur la simplicité. C’est l’histoire de Google qui a tué Yahoo!. Pourtant, à l’origine, Yahoo! était leader, mais Google a vite pris le dessus, avec sa page d’accueil épurée, une simple barre de recherche sur fond blanc. Une simplicité esthétique et rassurante, comparée à la page d’accueil surchargée et criarde de Yahoo! avec ses choix multiples… plutôt perturbants, surtout à une époque – le début des années 2000 – où Internet était en bas débit. même histoire pour Leboncoin, qui a laminé le géant américain eBay, ex-star du Web. Son succès : un nom ringard et franchouillard assumé. Leboncoin a même failli s’appeler Chez Georgette, du nom de la grand-mère du patron français. Un accueil simpliste avec une carte de France qui rappelle les cartes scolaires du CM2. Et voilà comment le plus basique des sites Web a balayé eBay avec ses enchères compliquées et son compte à mot de passe. APPle, également, a établi son succès sur la simplicité d’usage, avec ses commandes intuitives. On reproche à Apple d’être un système fermé. Mais c’est ce qui fait sa force : on ne se perd pas dans son univers. L’utilisateur est obligé de suivre un chemin balisé. Il faut croire que le cyberconsommateur est prêt à perdre un peu de sa liberté, au nom de la simplicité. le résultAt est limpide. Apple et Google se disputent la place de plus grosse capitalisation boursière du monde. Leboncoin est le premier site français pour la vente de voitures, d’immobilier… Des expériences à méditer. Le monde de la banque, par exemple, pourrait s’en inspirer. Qui n’a jamais pesté au moment de faire un virement – perdu au milieu de multiples options – avec des codes qu’on a naturellement oubliés – et des clés Iban à 25 chiffres ! g jdd | 6 mars 2016 Le livre de la semaine C ’est une petite brune à la langue bien pendue, apparue en dernière page de L’Obs. Chaque semaine, Riad Sattouf, auteur de BD surdoué, y décrit le quotidien de la fillette à La vraie vie d’Esther l’école, en famille ou en colo. Un album réunit – enfin ! – ces planches hebdomadaires. Et le lecteur se régale Après avoir raconté, avec succès, les mésaventures d’ados boutonneux (entre autres dans son premier film Les Beaux Gosses) ou son enfance en Libye et en Syrie (sa série L’Arabe du futur), le dessinateur met cette fois en scène la vie d’une petite écolière futée, à l’aise dans ses baskets. Et le résultat sonne juste. Tout y est : les meilleures amies, le mariage avec l’amoureux dans la cour de l’école, les récits d’horreur qui empêchent de dormir, les gros mots dont le sens lui échappe et les idées toutes faites, du style « pour être belle, il faut être souple et blonde »… Sans oublier la cruauté des enfants. Capables de se moquer du petit L’histoire de ma maison T out se passe ici, c’est-àdire à l’angle d’un salon que le lecteur découvre en une double page dès l’ouverture du livre. La page de gauche représente un mur percé d’une fenêtre. La page de droite représente le fond de la salle où se trouve une cheminée. L’angle formé par le mur de gauche et le mur du fond se trouve figuré par le mors du livre puis la charnière des pages. Le point de vue ne change pas au fil des quelque 160 doubles pages, mais le décor réserve vite des surprises… Ici se déroule en effet dans cet unique lieu – l’angle du salon d’une maison de Perth Amboy, NewJersey – mais à travers le temps. Le lecteur assiste à plusieurs scènes survenues dans ce salon, de la construction de la maison (1907) jusqu’à sa destruction (2111). Ces souvenirs sont ceux de la demeure autant que des personnages qui l’occupèrent, y compris le dessinateur américain Richard McGuire, auteur de l’album. Ce sont aussi les souvenirs du sol car le lecteur se trouve bientôt, non plus dans le salon, mais toujours ici avant que la maison soit construite : en 8.000 regards Mitchell qui pleure devant un pigeon écrasé en train d’agoniser. « Le pire de tout, juge Esther, impitoyable, c’est qu’il continue à être gentil alors que tout le monde le hait. » Chaque épisode s’inspire d’une « histoire vraie » confiée par la fille d’un couple d’amis. Riad Sattouf l’appelle régulièrement pour recueillir ses confidences. Puis traduit à sa façon. L’héroïne adore son père, « quelqu’un de très, très beau ». Beaucoup moins son grand frère, « assez con, mais c’est normal pour un garçon ». Ou sa maîtresse, « la plus moche de France », qui enseigne la guerre de Cent Ans. La demoiselle soupire : « Je vois pas à quoi ça sert d’apprendre des trucs qui se sont passés y a si longtemps. » Avec Esther, Riad Sattouf dépeint à nouveau son thème favori : la jeunesse d’aujourd’hui. Et nous offre un savoureux portrait de cette nouvelle génération qui rêve de l’iPhone 6, adule Maître Gims, se régale avec des têtes brûlées, ces bonbons acides qui arrachent le palais, et ne comprend pas bien qui est le « Charlie » attaqué par les terroristes… De quoi réfléchir. L’auteur aimerait suivre sa protégée jusqu’à ses 18 ans. Nous aussi ! MariE QuENEt Les Cahiers d’Esther, Histoires de mes 10 ans, Allary Éditions, 56 p., 16,90 €. av. J.-C. aussi bien qu’à l’époque des Indiens, avant l’arrivée des premiers Européens ; dans les commencements de la vie sur Terre aussi bien que pendant la guerre de Sécession ou la crise des années 1930. Les murs s’ouvrent alors, comme des fenêtres d’ordinateur, pour révéler ces épisodes à travers le temps. Passé, présent, futur se mêlent de manière fascinante grâce à un montage dont la virtuosité se transcende en poésie, non dénuée d’humour. La chronique familiale s’inscrit dans l’histoire et dans un flux de mémoire porteur de longues songeries. Richard McGuire joue aussi d’un camaïeu de teintes bistre ou délicatement embrumées comme si tout était vu du fond d’un futur peut-être lui-même passé. Bien qu’avec des procédés radicalement différents, Richard McGuire s’inscrit dans la continuité du Wonderland de Little Nemo. La mise en pages et l’exploitation des espaces sont une aventure en soi d’une grande richesse. Le livre vient de recevoir le Fauve d’or, pleinement justifié, du Festival de la BD d’Angoulême. JEaN-MauricE dE MoNtrEMy Ici, de Richard McGuire. Traduit de l’anglais par Isabelle Troin. Gallimard, 320 p., 29 €. météo | 27 « Le ciel le plus cabotin de la planète, avec des effets et des édifices de nuages qui feraient passer Véronèse et son atelier pour des fainéants » Extrait du « Poisson-scorpion » Hommage à Nicolas Bouvier, né le 6 mars 1929 2 8 3 8 2 Lille 7 Abbeville 3 6 Cherbourg 2 8 Brest Dimanche 6 mars Indice de confiance 5/5 1 10 Rennes 1 9 Nantes 1 8 Paris Tours Clermont-Ferrand 1 7 Bordeaux 2 10 6 10 Lundi 7 5/5 Nord Sud 0 7 2 10 Jeudi 10 3/5 2 Nord 10 Sud 5 12 Toulouse 3 10 Biarritz Mardi 8 5/5 Nord Sud -1 8 0 10 Ensoleillé - 10°/0° 1°/5° Nancy Strasbourg 0 2 6 7 6°/10° Nuageux 11°/15° Dijon Besançon 0 0 6 5 Couvert 16°/20° Lyon Grenoble 1 0 8 8 5 13 Nice Marseille 3 Bastia 12 8 14 Pluie 2 8 2 11 Vendredi 11 3/5 Samedi 12 3/5 5 Nord 11 Sud 6 14 6 Nord 12 Sud 7 15 21°/25° 26°/30° Orages Neige Mercredi 9 3/5 Nord Sud Éclaircies 31°/35° 36°/40° 28 | RegaRds | Portrait Ghada Hatem Réparer les vivantes Mardi, la gynécologue-obstétricienne inaugure une Maison pour les femmes, victimes de l’excision et de violences conjugales. Retour sur son parcours, du Liban à Saint-Denis, en passant par un hôpital de la CGT et un établissement militaire C Anne-LAure BArret @AnneLaureBarret ’est l’histoire d’un « holdup » dans le 9-3. Son auteure, malicieuse, rit d’avoir le profil cliché d’une délinquante : nom et prénom arabes, double nationalité franco-libanaise, dotée de trois frères donc surentraînée à la castagne, rétive à l’autorité quand ce n’est pas elle qui l’exerce. Ghada Hatem, gynécologueobstétricienne à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, a entrepris de rançonner les riches pour mieux soigner les pauvres. Les faits se sont déroulés le 8 mars 2014, durant cette journée « presque humiliante, superdébile comme la fête des grands-mères » mais « utile quand même puisqu’elle permet de témoigner, de trouver des sous ». À l’époque patronne de la maternité, la docteure Hatem berce une idée : créer une « maison », en lisière de l’hôpital, ouverte sur la ville, pour mieux prendre en charge la santé, physique et psychique, des femmes du département. Conquise, la directrice du centre hospitalier accepte de fournir le terrain (une friche polluée) mais pas un euro pour payer les murs. Les collectivités locales, endettées, traînent des pieds, et les mécènes des beaux quartiers envoient des lettres types de refus. « Je n’avais pas grand-chose dans les poches alors j’ai décidé de poser la première pierre, au bluff. » Ce jour-là, celle qui était alors son unique financeur, la présidente de la fondation Kering (François Pinault), met quasiment le pistolet sur la tempe du président du conseil départemental : « J’ai donné 75.000 €, à vous d’en faire autant ! » un I derrière son bouclier de gouaille et d’humour. À ses côtés, ce 8 mars, pour l’inauguration, plusieurs pros du social ou de la santé, féministes engagées de longue date en SeineSaint-Denis. « Sa capacité à trouver de l’argent, à fédérer les énergies, son entregent, c’est rare. Ghada a rêvé un truc, elle l’a fait », admire l’une d’elles, la docteure Emmanuelle Piet. Beau joueur, Stéphane Troussel, le président PS du conseil départemental, vante, lui aussi, « son énergie, sa force de conviction, son autorité » : « La preuve, elle a réussi à m’arracher 50.000 € ! » Quand ses jeunes collègues l’interrogent sur les secrets d’une vie pleine, Ghada Hatem évoque « l’âme aventureuse et conquérante des Libanais, partout chez eux à condition de pouvoir se faire un café turc. » Elle ressort son « couplet sur la sérendipité » : « Lorsqu’il se passe quelque chose par hasard, vous savez quoi en faire. La CGT, qui gère les Bluets, une maternité magique où a été inventé l’accouchement sans douleur, un esprit pro-IVG, s’était mis en tête de changer l’équipe médicale. Certes, je n’avais que 32 ans et je venais d’avoir mon troisième enfant, mais j’ai dit oui ! » Quelques années plus tard, un ancien interne la recrute à l’hôpital militaire Bégin, à SaintMandé. « La petite Libanaise antimilitariste et de gauche » passera huit ans sous le calot de colonelle. « J’y ai appris l’organisation, le management des hommes. » Depuis qu’elle a atterri à Saint-Denis en 2010, c’est-à-dire en terre inconnue, cette femme issue de la bourgeoisie libanaise francophile, ancrée avec son époux, un ingénieur français, dans la très chic Vincennes, cherche à y marier « l’âme de fraternité » de la maternité Saint-Vincent-de-Paul, où elle a appris l’obstétrique et noué des amitiés à vie, l’esprit militant des Bluets et l’organisation carrée de l’armée. « J’ai la chance d’avoir une équipe solide, une superbande de jeunes. Il est difficile de construire quand on est seul. » En peu de temps, la bosseuse, allergique aux 35 heures, qui visite des hôpitaux à l’étranger durant ses vacances en quête d’inspiration, a fait exploser le nombre des naissances, révisé les procédures de sécurité, monté un centre Son père a bâti le réseau téléphonique au Liban : « Il était heureux que je n’aie pas un destin de fille. Il m’a libérée. » « Elle a réussi à m’arracher 50.000 € » Moins de deux ans et demi plus tard et après avoir collecté 900.000 €, la Maison des femmes ouvrira ses portes en juin 2016. L’établissement, qui abritera un planning familial (contraception, avortement), proposera des consultations pour les femmes excisées, victimes de violences conjugales, de viols ou d’inceste. « Le créneau, c’est femmes en galère », résume Ghada Hatem, 56 ans, droite comme Ghada Hatem, mardi, à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). éric Dessons/JDD 1959 Naissance à Beyrouth (Liban) 1977 étudiante en médecine à Paris 1992 Chef de service à l’hôpital parisien des Bluets 2010 Arrivée à la maternité de l’hôpital de Saint-Denis 2013 Création d’une unité de chirurgie réparatrice pour femmes excisées 2016 Inaugure la Maison des femmes de fécondation in vitro. Pour lutter contre le désarroi qui la guette comme tous les soignants inquiets de voir l’humain sacrifié au nom de la rentabilité, elle compte sur ses patientes. « Elles me font trop rire. » Ce matin, une Bangladaise mal à l’aise en français a confondu la balance et la table d’examen. La médecin l’a incitée à poursuivre son apprentissage de la langue. « Je veux revoir vous », a osé la timide dame en sortant. Souvent, elle aurait envie de pleurer en entendant leurs histoires. « Je serais morte douze fois à la place de certaines », soupire-t-elle. « En novembre, on se serait cru à Beyrouth dans les bons jours ! » Pourquoi s’acharner à réparer les vivantes, jusqu’à apprendre la chirurgie reconstructrice de l’excision à 50 ans passés, auprès de l’urologue pionnier Pierre Foldes ? « Allez, on sort les mouchoirs ? » En 1977, Ghada Hatem quitte Beyrouth pour étudier à Paris, son père avant elle, mais surtout pour fuir la guerre. Depuis des mois, la jeune fille ne va presque plus au lycée français et « habite dans l’escalier » afin « d’échapper aux obus ». « Très pratique pour lire Sartre et Beauvoir ! », rigole cette grande lectrice. « Avec un peu de chance, ça ne tombe pas sur vous. » Le 18 novembre 2015, Ghada Hatem est appelée à 7 heures du matin par la médecin de garde à la maternité. Ça tonne sec à SaintDenis : le Raid a lancé l’assaut contre la planque d’Abaoud, coordinateur présumé des attentats du 13 novembre. « Tout le monde était tétanisé. Moi, non. On se serait cru à Beyrouth dans les bons jours ! » Sous le second degré, une inquiétude face au terrorisme et à toutes les entorses quotidiennes à la laïcité qui menacent à ses yeux son refuge, la France des Lumières. « Je viens d’un pays où un musulman ne peut pas épouser une chrétienne puisque le mariage civil n’existe pas. » Issue d’une famille chrétienne maronite assez ouverte pour avoir donné des prénoms musulmans à trois de ses enfants, Ghadam Hatem n’a « encore jamais rencontré Dieu ». Comme nombre de féministes de sa génération, elle rabroue ceux qui brandissent le leur. « À l’hôpital, on soigne beaucoup d’“emballées”. Quand la confiance est établie, je leur demande pourquoi ce voile. » Il y a deux ans, le 8 mars 2014, en posant la vraie fausse première pierre de la Maison des femmes, Ghada Hatem a serré les dents. Son père, Georges, un grand bâtisseur qui a notamment construit le réseau téléphonique du Liban, avait été enterré la veille. L’ingénieur passionné de poésie lui a transmis la force d’aller au bout de ses rêves et surtout de penser par elle-même. « Il m’a appris que tout se questionnait. Il était heureux que je n’aie pas un destin de fille. Je n’ai pas été, comme mes copines élevées dans les écoles religieuses, obligée d’être sage. Il m’a libérée. » g lejdd.fr Notre interview vidéo dimancheculture jdd | 6 mars 2016 | 29 La comédienne oscarisée incarne dans « Room » une jeune fille séquestrée, qui protège le fils qu’elle a eu de son geôlier La grande évasion de Brie Larson BArBArA ThéATe L a concurrence était rude. Face à elle, les multirécompensées Cate Blanchett et Jennifer Lawrence. Pourtant, c’est elle qui est sortie gagnante. Brie Larson a tout raflé : le Golden Globe, le Bafta et, dimanche dernier, l’oscar de la meilleure actrice. Unanimement saluée pour sa composition tout en délicatesse et en intensité d’une jeune fille qui survit en captivité avec le petit garçon qu’elle a eu de son kidnappeur. Avec Room, la comédienne de 26 ans, cantonnée jusque-là aux seconds rôles, fait enfin connaître son nom et son talent. La vocation, Brie Sidonie Desaulniers l’a eue toute petite. À 3 ans, elle déboule dans la cuisine de sa mère en déclarant : « Je connais mon dharma : je suis destinée à être actrice. » Elle n’en a jamais démordu. L’année suivante, elle devient la plus jeune élève à intégrer le conservatoire de théâtre de San Francisco. Dès l’âge de 6 ans, elle interprète des sketches dans le Tonight Show de Jay Leno, et enchaîne les séries télé pour enfants. Celle qui a troqué son imprononçable patronyme d’origine française pour celui plus passe-partout de sa grand-mère maternelle ne se voit pourtant pas en idole des jeunes made in Disney, façon Miley Cyrus. Un beau tempérament qui finit par intéresser les studios Alors elle galère, comme beaucoup d’autres graines de star, apparaissant au générique de comédies à peine vues et vite oubliées. Les dieux de Hollywood commencent à lui sourire pour ses 20 ans, avec la série The United States of Tara, produite par Spielberg. Pendant trois saisons face à Toni Collette, elle incarne une ado aussi délurée qu’attachante. Un beau tempéra- Room iiii De Lenny Abrahamson, avec Brie Larson, Jacob Tremblay. 2 h. Sortie mercredi. Retenue en captivité depuis huit ans, Joy élève dans les quelques mètres carrés d’un cabanon de jardin le fils qu’elle a eu avec son kidnappeur. Le jour des 5 ans de son garçon, elle décide d’organiser son évasion… Comment se réadapter à un monde dont on a été coupé ? Comment le comprendre quand on ne l’a vu qu’à travers la télé ? Sans jamais rechercher l’effet ni les larmes, ment qui finit par intéresser les studios. Après des partitions de jolie fille dans Greenberg, 21 Jump Street et Don Jon, elle se fait remarquer en jeune éducatrice pour enfants en difficulté dans States of Grace, de Destin Cretton, et décroche le prix de la meilleure actrice aux festivals de Deauville et Locarno. Le roi de la comédie romantique Judd Apatow lui offre un rôle amusant l’an passé dans Crazy Amy. Mais Brie Larson rêve de films plus ambitieux et personnels. Quand elle apprend que le roman d’Emma Donoghue, Room, paru en 2010, va être adapté au cinéma, elle se débrouille pour décrocher un rendez-vous avec le réalisateur, Lenny Abrahamson. « C’était la première fois depuis le CM1 qu’un livre me faisait pleurer ! Quand on s’est enfin rencontrés, ce qui devait être un bavardage informel de quelques minutes autour d’un café s’est transformé en discussion passionnée de quatre heures. J’ai fini par décrocher le rôle. » Inspirée des histoires de Natascha Kampusch et d’Elisabeth Fritzl Sans doute parce que la comédienne s’est retrouvée dans le lien qui unit la jeune Joy à son fils. « Après le divorce de mes parents, à 6 ans, j’ai vécu avec ma mère et ma petite sœur. Les choses n’ont pas été faciles. On ne roulait pas sur l’or, on n’avait pas beaucoup de vêtements ni de jouets. Mais maman réussissait à transformer en foyer heureux le studio miteux dans lequel on inventait sans cesse de nouveaux jeux avec des objets du quotidien. » Pour s’immerger totalement dans son personnage, Brie Larson a lu tout ce qu’elle a trouvé sur les histoires dramatiques de Natascha Kampusch et d’Elisabeth Fritzl. C’est le destin de cette dernière, violée et séquestrée par son père pendant vingt-quatre ans avec trois de ses sept enfants nés en captiLenny Abrahamson filme au plus près les deux prisonniers pour rendre palpables la promiscuité et la tension qui règnent dans cette cellule que la mère s’efforce de transformer en terrain de jeu. C’est finalement la libération qui va se révéler la plus étouffante. Brie Larson est bouleversante en mère qui protège son enfant et tente de se reconstruire. On lit l’innocence, l’intelligence et la peur dans les yeux du jeune Jacob Tremblay, véritable éponge à émotions. Heureusement, l’amour est plus fort que tout. B.T. Enfermée dans son cabanon, Joy (Brie Larson) se sert de tous les objets du quotidien pour occuper son fils Jack (Jacob Tremblay). PROD vité qui a inspiré l’auteure Emma Donaghue. Après avoir discuté avec des psychiatres, l’actrice a compris que pour éprouver un sentiment d’abandon et de solitude extrêmes, elle devait jouer ellemême les recluses. Elle s’est donc enfermée dans son appartement pendant un mois, coupant tout contact avec son entourage. « On ne peut comprendre l’horreur d’une telle situation qu’en la vivant. » Une préparation très Actors Studio, qui lui a permis d’affronter les cinq premières semaines du tournage dans une pièce de 13 m², avec celui qui incarne son fils, le petit Jacob Tremblay, 7 ans. « On a parlé de Star Wars, on est allés manger des pizzas et on est devenus les meilleurs copains du monde. Si bien que lors des scènes difficiles, il était bouleversé de me voir triste. On jouait ensemble hors caméra pendant des heures, on fabriquait des trucs. Je ne me suis jamais sentie aussi proche d’un acteur sur un plateau. » C’est d’ailleurs lui qu’elle a remercié en recevant son oscar. « Il a été mon partenaire à travers tout ça, dans tous les sens du terme. » Tout en écrivant des chansons et en réfléchissant au scénario du film qu’elle veut réaliser, Brie Larson murmurera bientôt à l’oreille du gorille le plus célèbre du cinéma dans le blockbuster, Kong : Skull Island, aux côtés de Tom Hiddleston et Samuel L. Jackson. Si Brie Larson s’est sentie claustrophobe avec Room, les portes de Hollywood lui sont désormais grandes ouvertes. g 30 | culture | cinéma JDD | 6 mars 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff En sallEs mErcrEdi Alias Maria iiff De José Luis Rugeles. 1 h 32. María, 13 ans, survit dans la jungle colombienne. L’enfant-soldat a juré fidélité aux guérilleros, sa seule famille. Elle se voit confier une mission périlleuse : convoyer en lieu sûr le dernier-né la compagne du chef. En chemin, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte… Ce drame colombien mise sur une atmosphère crépusculaire et un rythme lancinant, le récit dresse un constat accablant sur la condition de la femme au sein des groupes paramilitaires type Farc. S.B. The Assassin iiff De Hou Hsiao Hsien. 1 h 45 François Damiens ou comment se débarrasser du chien de sa sœur, et apprivoiser la copine (Veerle Baetens) un peu zinzin de son collègue de bureau. prod François Damiens, acteur belge préféré des Français, joue un père divorcé dont la vie bascule dans l’ovni martien de Dominik Moll «Je ne sais pas faire semblant» IntervIew StéPHAnie BeLPêCHe @StephBelpeche et qu’il pète un câble. C’est ce qui va lui arriver. Votre pire angoisse ? Il y a une semaine, il concourait Gaspiller les années, rouler pour le César du meilleur acteur sur une autoroute où rien ne se avec Les Cowboys, de Thomas passe. Philippe Mars est en cage, Bidegain. Mais souhaitait de tout immobile, triste à en mourir. On son cœur que Vincent Lindon lui vend de la liberté, mais il s’agit l’emporte. Il est comme ça, Frand’un leurre. Regardez les open çois Damiens, d’une gentillesse et spaces dans les entreprises. Ceux d’une lucidité désarmantes. Fort qui les imposent ont en général du succès phénoménal de La Faun bureau fermé où ils surfent en mille Bélier, d’Éric Lartigau, avec toute tranquillité sur Internet, près de 7,5 millions d’entrées en cachés derrière une plante verte. France, le Belge joue aujourd’hui Aujourd’hui, les choses vont trop Philippe Mars, un informaticien vite, on n’a jamais le temps. On ne dont la routine est bouleversée se parle plus, trop occupés avec par Jérôme (Vinnos téléphones portables et nos cent Macaigne), un collègue de bureau « je voulAis tablettes. On surexcentrique, dans être mArin, charge les enfants Des nouvelles de la avec des activités planète Mars, de fAire lA course extrascolaires. En Dominik Moll. voyage, on parAu lArge. c’est court des milliers importAnt de Vous sentez-vous de kilomètres, on sillonne un pays proche de Philippe voir ce qui se du nord au sud. Et Mars ? pAsse Ailleurs » Je r é a g i r a i s on ne se souvient exactement pareil. de rien, à part des S’il laisse entrer un électron libre journées « perdues ». Alors que comme Jérôme dans son existence se poser à la terrasse d’un café et sclérosée, ce n’est pas par hasard. savourer l’instant est inestimable. Il n’a jamais pris de grandes déciQu’est-ce qui vous énerve le plus ? sions, il mène une petite vie. Il ne Le système qui met la pression sait pas dire non. J’ai envie de lui et nous pousse à tout acheter à acheter une raquette de tennis crédit. Pour ensuite nous obliger et de lui dire d’aller jouer deux à rembourser, à garder notre travail heures par semaine. De boire et à nous laisser maltraiter. Le film quelques bières avec ses potes et de se trouver une copine. Philippe n’est que dans le devoir. Au bout Des nouvelles d’un moment, il implose. Il exorde la planète Mars iiff cise son mal-être en s’ouvrant à De Dominik Moll, avec François Damiens et Vincent Macaigne. 1 h 41. un inconnu. Ce n’est pas un loser. Au contraire, il assume avec courage et dignité. Il pense qu’il n’a pas de quoi se plaindre : en bonne santé, il a un toit, un emploi et des enfants. Mais sa réalité est sinistre : les courses, le linge, les factures, préparer le dîner et se coucher tôt. Où est la folie dans tout ça ? Il ne rigole pas. On l’aime, ce personnage, on a envie qu’il se réveille Sortie mercredi. Philippe rêve d’ailleurs. Entre son métier d’ingénieur en informatique, ses adolescents en crise et l’absence de son ex-femme, il gère tant bien que mal une existence morose. Affecté dans un nouveau service, il rencontre Jérôme, victime d’un burn-out. Philippe accepte de lui venir en aide… Le dernier ovni de parle aussi d’écologie et d’élevage après sa mise en ligne, le teaser de poulets en batterie. Quand on totalisait un million de vues sur va chez le Chinois du coin et qu’on YouTube. Un jour, je suis allé à la achète un plat à emporter à 5 €, poste. La quinzaine de personnes on se doute bien que ce n’est pas à l’intérieur s’est retournée et le soleil qui a fait bronzer le besm’a applaudi. J’ai eu un coup de tiau mais le curry ! Quand j’ai un chaud, et un mouvement de recul. truc à dire, je déballe tout. Car si Je suis de nature très timide. Pas le j’essaie de le cacher, ça se voit très genre à me planter à la terrasse de vite. Je ne sais pas Sénéquier en août faire semblant. à Saint-Tropez. Les nuisibles, je « Aujourd’hui, Un projet autre les évite. que celui de les choses vont Quels étaient vos rêves de jeunesse ? trop vite... Alors que se poser à lA terrAsse d’un cAfé et sAvourer l’instAnt est inestimAble » Je vo u l a i s être marin, faire la course au large. Je loue un bateau chaque année avec ma famille et mes amis. C’est important de voir ce qui se passe ailleurs. Je n’aime pas dormir, j’ai l’impression de rater quelque chose. J’ai fait des études de commerce parce que je n’avais pas envie de tenter ma chance dans la comédie sans filet. Je suis parti en stage en Australie. En vérité, j’ai travaillé quinze jours puis j’ai baroudé avec mon sac à dos. Comment avez-vous vécu le succès de La Famille Bélier ? J’ai affronté, je n’avais pas le choix. Dès le début, on a senti les choses bouger. Trois heures Dominik Moll séduit par un ton délicieusement décalé au service d’une peinture sans concession de notre société contemporaine qui isole les individus. L’humour, mordant et impitoyable, est véhiculé par Philippe Mars, citoyen modèle de 49 ans, qui disjoncte à force de se laisser envahir par un entourage toxique. Une catharsis indispensable à la survie de cet antihéros tragicomique interprété par l’excellent François Damiens. S.B. En Chine, au IXe siècle, la belle Yinniang revient d’un long exil au cours duquel une nonne l’a formée aux arts martiaux. Devenue justicière, la voilà chargée de tuer son cousin bien-aimé, gouverneur de la province de Weibo. Sublime de bout en bout avec ses images travaillées comme des tableaux vivants, cette fresque se caractérise par sa lenteur. Empruntant au théâtre d’ombres, à la peinture classique et aux films de fantômes, le film a l’élégance et l’inconvénient de se cantonner à un récit minimaliste dont il n’y a pas grand-chose à tirer. AL.C. Seul contre tous iiff De Peter Landesman. 2 h 03. jouer ? J’écris un long métrage que je vais mettre en scène au début de l’année prochaine. Une succession de caméras cachées en Belgique. Ça ne m’a jamais quitté depuis vingt ans. J’adore tout contrôler, car c’est frustrant de n’être qu’un rouage d’une énorme machinerie. Se déguiser pour piéger les gens, cela demande une sacrée préparation. J’ai aussi envie de me produire en one-man-show, le contact avec le public me manque. Quelle a été votre réaction au moment de la sortie des Cowboys, qui a coïncidé avec les attentats du 13 novembre ? Je me trouvais en promo à Marseille ce soir-là. Dans le restaurant où je dînais, la patronne a fait une crise de nerfs. Quant au film, il y avait autant de policiers devant les salles que dedans. Les médias en ont rajouté en faisant des couvertures de presse avec la tête des djihadistes décédés, je ne vois pas l’intérêt de faire la publicité à des types lamentables. Puis quand le couvre-feu a été décrété à Bruxelles, l’atmosphère était glauque. Une ville morte. Il faut continuer à vivre. Il est impossible de se préparer à ça. Si vous venez avec une kalachnikov et moi avec des fléchettes, on ne se bat pas avec les mêmes armes. g Will Smith et Alec Baldwin. prod À Pittsburgh, Bennet Omalu, brillant légiste, autopsie le corps d’un joueur de football américain décédé à 50 ans et découvre son cerveau en piteux état… Cette affaire a ébranlé le monde du sport en 2002 quand Bennet Omalu a attribué des milliers de morts à la toute-puissante ligue de football américain, conséquences des multiples chocs reçus à la tête durant les matches. La mise en scène est au service de son sujet enlevé par la prestation de Will Smith. S.B. Divergente 3 : au-delà du mur iiff De Robert Schwentke. 2 h 01. Conduire une expérience scientifique façon télé-réalité pour tester l’instinct de survie d’individus soumis à une dictature : la métaphore politique est là, malgré quelques baisses de régime dans cet avant-dernier volet de la saga d’anticipation. S.B. cinéma | culture | 31 jdd | 6 mars 2016 Le choix d’Eilis Brooklyn iiif De John Crowley, avec Saoirse Ronan, Emory Cohen. 1 h 55. Sortie mercredi. En 1952, la jeune Eilis quitte son Irlande natale pour tenter sa chance à New York. Vendeuse dans un grand magasin de Brooklyn mais seule dans un pays dont elle n’a pas les codes, elle est vite rattrapée par le mal du pays. Des cours du soir en comptabilité et la rencontre d’un séduisant plombier vont lui redonner le moral. Nick Hornby prouve une nouvelle fois son talent de scénariste avec ce mélo joliment vintage à l’image, mais résolument moderne dans son propos. Hier comme aujourd’hui, le déracinement reste pour beaucoup un drame. Dans une mise en scène élégante, John Crowley traque le vague à l’âme dans le regard clair et déterminé de Saoirse Ronan, attachant petit bout de femme tiraillé entre deux mondes et en quête d’un nouveau « chez-elle ». B.T. Ce mélo élégant et romanesque suit le destin d’une jeune Irlandaise qui émigre seule à Brooklyn en 1952 BaRBaRa ThéaTE Il y a vingt ans, le jeune John Crowley quittait son Irlande natale pour diriger une pièce dans le prestigieux West End de Londres. « Une formidable opportunité ! J’avais 27 ans, une carrière prometteuse au théâtre s’ouvrait à moi. Dublin n’était pas si loin, je n’avais pas de problème d’argent, je rencontrais des gens passionnants… Pourtant, j’ai très vite eu le mal du pays. Un sentiment inexplicable, contre lequel on ne peut pas lutter. Nos racines nous permettent de bien grandir, mais peuvent aussi nous étouffer. » L’immigration d’un point de vue féminin En 2009, John Crowley a été touché par le roman de son compatriote Colm Tóibín, Brooklyn, sur le destin d’une jeune Irlandaise au début des années 1950, qui s’installe à New York en quête d’une vie meilleure, mais a du mal à s’épanouir loin des siens. Ravi aussi que les producteurs qui en avaient racheté les droits aient pensé à lui pour réaliser le film. « Je n’avais rien demandé ! Je savais quelles images je voulais faire, quelles émotions mettre en avant… Mais je m’apprêtais à tourner un autre long métrage. J’ai dû décliner l’offre la mort dans l’âme ! Mais il y a parfois de belles histoires dans la vie, on m’a reproposé Brooklyn un an plus tard. Avec en prime un scénario écrit par Nick Hornby, tout à fait fidèle à l’ADN du roman. Et pourtant, le garçon est anglais ! » Le réalisateur a tenu à mettre sa caméra au service des turbulences du cœur de son héroïne. « Il fallait susciter de l’émotion, mais éviter le À Coney Island, l’Irlandaise Eilis (Saoirse Ronan) découvre les plaisirs de la plage à l’américaine avec son ami Tony (Emory Cohen). prod sentimentalisme. » John Crowley a donc réglé le rythme du film sur celui d’Eilis. « Cette jeune fille presque candide doit subitement se débrouiller seule, elle réfléchit pour prendre les bonnes décisions. Il faut du temps pour grandir. Et en plus d’être tiraillée entre deux pays, elle est obligée de choisir entre deux hommes. C’est assez rare que l’immigration soit abordée au cinéma d’un point de vue féminin. » La raison pour laquelle, selon lui, Brooklyn a rallié tous les publics dans les pays où il a été montré. « D’habitude, c’est un univers noir et violent qui est montré sur le sujet. Là, il y a de l’amour, du romanesque et de l’humour. Et le thème est universel : beaucoup de gens sur la planète ne vivent plus là où ils sont nés. C’est difficile de se sentir chez soi ailleurs, même à quelques centaines de kilomètres de distance. On pense forcément aux drames que vivent aujourd’hui les migrants que la guerre a chassés de leurs foyers. » Élu meilleur film anglais aux Bafta, Brooklyn n’a pas eu la même chance aux Golden Globes ni aux Oscars, où il était plusieurs fois nommé. « Dommage ! Ça aurait été amusant que notre héroïne gagne aussi un prix dans son pays d’adoption. » g déjà En sallEs Dieumerci ifff De et avec Lucien Jean-Baptiste. 1 h 35. comédie est néanmoins portée par de bonnes intentions. D.a. Pursuit of Loneliness iiff De Laurence Thrush. 1 h 35. Lucien Jean-Baptiste et Baptiste Lecaplain. prod Non seulement Dieumerci sort de prison, est noir et a 44 ans, mais en plus il veut devenir comédien, histoire de réaliser son rêve d’enfant. Grâce à des petits boulots, il s’inscrit dans un grand cours de théâtre où il croise Clément, un gosse de riche, emmerdeur planétaire… On avait aimé Première Étoile. Lucien Jean-Baptiste revient avec ce qu’il sait faire : un film populaire qui parle de racisme, de solitude et ici du désir d’être acteur mais qui enchaîne des situations attendues. Inégale, cette À Los Angeles, Cynthia, une vieille dame solitaire, meurt. Une infirmière et une assistante sociale tentent de contacter ses proches. Un enquêteur et un « curateur » entrent en scène. Que se passe-t-il quand une personne décède seule, sans parents ni aucun proche à prévenir ? À cette question désagréable, le réalisateur britannique Laurence Thrush apporte des éléments de réponse. Avec des acteurs non professionnels, il a accouché de ce long métrage noir et blanc dont on ressort étourdi, et qui dépeint avec minutie la façon dont une ville règle le « problème » de ces invisibles qui se font si discrets de leur vivant mais encombrants une fois morts. aL.C. 32 | culture | cinéma | expositions JDD | 6 mars 2016 Retour au pays natal En quête de souvenirs perdus, Pascale Breton nous embarque dans sa « Suite armoricaine» ALExiS CAmPion Native de Morlaix, Pascale Breton, la bien nommée, a longtemps cherché sa voie à Paris, où elle a été, entre autres, coscénariste de Catherine Corsini (Les Amoureux, La Répétition). En 2004, elle a sorti Illumination, jolie fiction qui révèle son talent pour surprendre, réunir des comédiens atypiques, chanter librement son attachement tellurique à son pays natal, où elle a fini par se réinstaller. Un choix fécond puisque aujourd’hui elle propose un film émouvant aussi singulier que réussi, Suite armoricaine. Le projet germe alors que la cinéaste retrouve Villejean, le campus universitaire rennais où elle avait étudié la géographie juste après son baccalauréat. « J’avais gardé le souvenir d’un grand ensemble aux arbres maigres ; trente ans après, c’était devenu une sorte de forêt d’où surnageaient à peine les immeubles, comme dans une ville abandonnée à cause d’une catastrophe. » Partie de cette vision et du désir de tourner en collaboration avec des étudiants, elle improvise un scénario duquel émergent deux personnages qui, pour elle, « sont comme le recto et le verso d’une même médaille ». D’un côté, Françoise l’historienne, jouée par la comédienne habitée Valérie Dréville, revient là d’où elle s’est échappée. De l’autre Ion, l’apprenti géographe incarné Suite armoricaine iiif De Pascale Breton, avec Valérie Dréville, Kaou Langoët, Elina Löwensohn. 2 h 28. Sortie mercredi. Françoise, professeure en histoire de l’art, obtient un poste en Bretagne, région de son enfance. Elle y est confrontée à des souvenirs embués, des sensations enfouies. À Rennes, elle croise Ion, un étudiant en géographie bien gaillard mais hanté par sa mère SDF et, lui aussi, en crise. Avec ces trois personnages centraux délicieusement trempés, plus tout un par le chanteur rock Kaou Langoët, fuit tout ce qui lui rappelle son enfance abîmée par sa mère SDF. Dans les deux cas, la mémoire joue des tours et une sorte de voyage guérisseur s’impose… Un périple qui s’assimile à une traversée houleuse peut-être, mais « sans doute pour le meilleur », note la réalisatrice. « Albert Camus disait que rien ne se paie plus cher que le mépris des origines. » Bergers d’Arcadie Tourné en scope, le film enchante par la façon dont il égare et retrouve chacun des personnages dans des paysages forts. Urbains ou champêtres, rarement clichés ou marins, ces espaces sont ici révélés à la façon d’un labyrinthe reliant le parcours cabossé du jeune Ion à l’inconscient buté de Françoise. À cet égard, la psyché de l’historienne réserve de belles surprises, s’incarne aussi bien au détour de minuscules herbes sauvages que dans de magnifiques tableaux Renaissance. Parmi ces œuvres, les célèbres Bergers d’Arcadie, de Nicolas Poussin, visibles au Louvre. Pascale Breton leur offre une place toute singulière pour invoquer les merveilles que nous sacrifions sur l’autel de la civilisation industrielle. Un motif infiniment poignant qu’elle fait agir crescendo sans pour autant sombrer dans le désespoir ou la régression, mais au contraire en nous invitant à redécouvrir ce qui n’a pas encore disparu. g cortège d’universitaires filmé avec grâce, Pascale Breton compose une suite à la fois mélancolique et vivifiante, lyrique, pétrie d’émotions sensorielles allant du bruissement du vent dans les arbres au chahut de vieux airs punk. Parsemé d’interstices lumineux laissant entrevoir nos paradis perdus, ce voyage sensible interroge avec tact et originalité notre relation à la nature, au territoire, au savoir, à la mémoire. Autant d’héritages qui aident à vivre tant qu’on ne les a pas ensevelis. AL.C. Huile sur toile de Modigliani de 1917 : « Nu assis à la chemise » et « Zborowski à la canne ». Centre PomPidou, musée national d’art moderne, Paris Modigliani l’immortel Dans le nord, le Lam célèbre le peintre italien avec une rétrospective foisonnante de 120 œuvres ViLLEnEuVE-D’ASCq (norD) EnvoyéE spécialE StéPhAniE BELPêChE @StephBelpeche Une femme à genoux regarde de côté. Le teint mat, des cheveux bruns tombant en cascade sur ses épaules, une poitrine généreuse, un linge blanc dissimulant à peine l’ombre de son entrejambe. Durant les dernières années de sa courte vie, Amedeo Modigliani (1884-1920) exécute une série de portraits de muses dans leur plus simple appareil, dont ce sensuel et émouvant Nu assis (1917). Dans l’exposition personnelle que le marchand Léopold Zborowski organise à la galerie Berthe Weill, les tableaux présentés en vitrine font scandale au point d’être décrochés par la police à cause de la pilosité apparente des modèles. Alliant radicalité et douceur, ils figurent dans la rétrospective que consacre le LaM au peintre italien, 120 œuvres (huiles, dessins, sculptures) à l’appui. « Nous travaillons sur ce projet depuis trois ans, souligne Sophie Lévy, directrice du musée de Villeneuve-d’Ascq. Avec comme point de départ la collection Roger Dutilleul, que nous hébergeons, riche de 14 pièces. » Un nu couché à 180 millions de dollars Le reste provient essentiellement du Centre Pompidou, de l’Orangerie, du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, mais aussi des États-Unis, de Scandinavie, d’Israël, d’Italie, de Suisse… « Roger Dutilleul a été un des rares à s’intéresser à Modigliani de son vivant. Le marché a explosé dans les années 1940, la diaspora juive a acheté plusieurs de ses toiles, qui ont été par la suite dispersées un peu partout dans le monde. Certaines ne voyagent jamais, comme la collection Albert C. Barnes de Philadelphie. Nous avons mené une enquête approfondie pour retrouver la trace de celles qui ont été vendues aux enchères, détenues par des particuliers. » On se souvient, en novembre, du record de vente chez Christie’s à New York du Nu couché (1917-1918), acquis par un Chinois pour la modique somme de 180 millions de dollars. S’il se trouve actuellement à Shanghai, d’autres compositions majeures qui jalonnent le parcours se chargent de retracer la carrière du maître toscan à la santé précaire. Ses parents font faillite quand Amedeo Modigliani voit le jour en 1884. Son grand-père lui transmet sa passion pour la littérature et la philosophie. Atteint de la tuberculose, le jeune garçon développe un goût pour la peinture, sillonnant pendant des mois son pays pour visiter les musées et les églises de Naples, Rome, Florence et Venise. Il décide de s’installer à Paris en 1906. Il n’a que 22 ans quand il loue un atelier près du Bateau-Lavoir, sur la butte Montmartre. Il découvre le Louvre. « Son art est la synthèse de « Tête de femme », marbre de 1913. ce qu’il a vu ailleurs : les caryatides grecques, les reliefs égyptiens, les masques africains et les fragments du temple d’Angkor. Ses yeux en amande, dont on ignore s’ils sont clos ou sans pupilles, évoquent probablement ceux des bouddhas. » Il fréquente Brancusi, Picasso, Soutine, et peaufine son trait. « Nous ne disposons que de témoignages a posteriori sur l’artiste et ses pratiques, donc tout est sujet à caution. Une certitude cependant : il croquait sans arrêt. » Sa compagne enceinte se suicide Dans une scénographie labyrinthique qui monte en puissance, on prend conscience de son obsession pour la figure humaine et de sa volonté de créer un canon de beauté féminin. Le visage n’est jamais symétrique, ce qui le rend dynamique et expressif. Il adopte rapidement le code de l’œil vide. « Face à son portrait, l’artiste russe Léopold Survage dit à Modigliani qu’il a raté ses yeux. Ils représentent une voie d’accès à l’intériorité de l’individu. En plus de l’apparence, il capte l’essence. Jamais réalistes, ses esquisses sont pourtant troublantes de ressemblance. » Le coloriste fait des tentatives de paysages cézanniens durant un séjour à Nice. En 1920, il meurt d’une méningite. Sa compagne, Jeanne Hébuterne, enceinte, met fin à ses jours le surlendemain. « Sa maladresse, sa fragilité, sa bizarrerie et sa mélancolie me touchent, conclut Sophie Lévy. Le fait qu’à la différence de Picasso ou de Degas il ne soit pas un génie absolu et révolutionnaire. Plutôt un homme qui se cherche, tout le contraire d’un stratège. » g Amedeo modigliani, l’œil intérieur, Lam, Villeneuve-d’Ascq (59). Jusqu’au 5 juin. rens. : musee-lam.fr et 03 20 19 68 68. Catalogue : Gallimard/Lam, 192 p., 35 €. culture | 33 jdd | 6 mars 2016 Divertir et instruire le spectateur vers des œuvres qu’il va juger en fonction de son ressenti, et pas en se disant : “Ah ! bien, c’est un Rembrandt.” » Au Grand Palais, « Carambolages » fait se percuter 185 œuvres sans chronologie, date, ordre. une expérience DAnielle AttAli @danielleattali Qu’y a-t-il de commun entre Hitler, Churchill Eisenhower ? Gloria Freidmann : elle présente une série de reproductions de paysages peints par les trois premiers. En revanche, inutile de chercher des liens entre le tableau de Joseph Steib, charge contre le Führer, intitulé Le Conquérant (1942), et celui de François Boucher, La Jupe relevée (1742), où l’on voit les fesses d’une jeune fille. Pourtant, ces rapprochements audacieux ont bel et bien lieu au Grand Palais, dans une exposition insolite, inhabituelle, dans laquelle se télescopent 185 œuvres disparates, présentées à la façon d’un véritable « jeu de piste ». C’est ce que revendique son commissaire, Jean-Hubert Martin. Ce dernier, décidé à faire bouger les sacrosaintes présentations chronologiques ou thématiques des expos dans les musées, a choisi d’étonner. Et pas qu’un peu ! Sur le fond et sur la forme : « J’ai opté pour des œuvres souvent surprenantes. Elles couvrent toutes les époques et toutes les cultures. Je les ai regroupées par affinités. Elles ont de plus un vrai impact visuel. » Dès l’entrée, un panneau vous prévient : « “Carambolages” sollicite votre regard, votre imagination et vos interprétations pour une découverte ludique et sen- École française. Un œil qui regarde. Miniature sur tabatière en écaille. Musée du Louvre, dist. rMN-GraNd PaLais/M. Beck-coPPoLa sible… » Avec une ambition tout de même : divertir et instruire. Un long ruban kaléidoscopique Pas d’autre choix donc que de pénétrer dans ces galeries en laissant à la porte tous ses a priori. Le parcours propose sous vitrines 3.000 ans d’art, secoués comme un puzzle dans sa boîte, puis reconstruit à la façon d’un long ruban kaléidoscopique sur deux niveaux. Si le commissaire confie s’être « bien amusé à faire cela », il reconnaît également « bousculer les habitudes pour sortir des rigidités de l’histoire de l’art ». « J’ai le sentiment que c’est neuf. Cette exposition oblige à rebattre les cartes et pousse Toujours de l’audace, peut-être trop Toujours de l’audace. Peut-être trop. Pas de date, pas de cartel sous chaque tableau, sculpture, objet. « Quand un artiste regarde l’art dans un musée, c’est pour lui une façon de chercher des réponses à ses préoccupations, dit JeanHubert Martin. Ses références visuelles sont libres, sans logique. J’invite le public à faire de même. Car c’est cet élan qui m’a inspiré. » On peut ainsi papillonner et se perdre dans un dessin de Charles Lebrun, un crâne indonésien du XIXe, un masque de dragon bolivien de 1995, une estampe d’Hokusai ou la fantasque allégorie des cinq sens de Passerotti (XVIe). Ma i s s ’a f f ra n c h i r d e s contraintes des scénographies classiques nécessite un effort qui pourrait bien dérouter le visiteur. Il y a des chances que ce dernier se sente abandonné devant des œuvres dont il ne connaîtra pas d’emblée le nom de l’auteur. Information qu’il devra aller chercher sur les tablettes numériques accrochées non loin de là. Un dispositif contraignant puisqu’accessible par deux personnes à la fois, qui risque, lui aussi, de provoquer, un petit carambolage. g Carambolages, Grand Palais, Paris (75001). Jusqu’au 4 juillet. Ouvert tlj sauf le mardi. grandpalais.fr « Absurdistan », 2010, de Gloria Friedmann, œuvre formée par deux paires de jambes en forme de croix gammée, vêtue d’un pantalon de la Wehrmacht et également des trois reproductions (au fond) des paysages peints par Churchill, Eisenhower, Hitler. iaN LaNGsdoN/ePa/MaxPPP En scènE Encore une histoire d’amour iiff Studio des Champs-Élysées, 15, avenue Montaigne, Paris (75008) Réserv. : 01 53 23 99 19 et comediedeschampselysees.com Tout commence par un coup de fil, celui d’une jeune comédienne américaine à un auteur dramatique anglais. Elle veut jouer une de ses pièces. Elle est handicapée, ne sait pas qu’il est névrosé et agoraphobe. Leur relation téléphonique, d’abord professionnelle, devient au fil du temps plus intime… En écrivant cette pièce, Tom Kempinski, devenu obèse et agoraphobe après le succès de Duo pour violon seul, évoquait ses propres difficultés. Il y approche avec sensibilité l’appréhension de la rencontre, la découverte et le besoin de l’autre. La mise en scène de Ladislas Chollat passe de Manhattan à Londres grâce à l’adroit décor d’Emmanuelle Roy. Elle joue sur la vivacité des échanges, la nervosité du style (la traduction est de Jean-Claude Grumberg) et l’intensité de l’interprétation vibrante, profonde, vigoureuse d’Élodie Navarre et de Thierry Godard. Annie ChÉnieux lejdd.fr Retrouvez « Fauteuil d’orchestre », la chronique d’Annie Chénieux 34 | culture | lire JDD | 6 mars 2016 Tania Crasnianski Hermann Göring, sa femme, Emmy, et leur fille Edda, en 1939. Les pères et les péchés KEYSTONE-FRANCE L’auteure se penche sur le devenir des fils et filles de huit hauts dignitaires nazis, enfants de Göring, Himmler ou Mengele, à travers une série de portraits Marie-Laure DeLorMe I « meurtrier du siècle », s’est pourtant convaincu de sa grandeur morale. Enfants rois, enfants déchus. Les fils et filles d’Enfants de nazis ont découvert la vérité sur le passé criminel de leur père après la défaite allemande. Ils sont nés entre 1927 et 1944. Les plus âgés ont moins de 18 ans lors de la débâcle. Ils sont nombreux à avoir vécu en Bavière, autour du chalet de montagne du Führer, sur le massif de l’Obersalzberg. Une zone protégée. Ils sont une minorité à traverser le pont menant de l’inconscience à la prise de conscience. Les enfants qui légitiment les actes de leurs parents manient un raisonnement simple. Dans le contexte de l’époque, leurs pères se sont contentés de faire leur devoir. Le Führer est l’unique responsable. ci, ils sont huit. Fils et filles des pires criminels de l’Histoire. Ils sont enfants de dignitaires nazis. Les noms de leurs pères : Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer, Mengele. Aucun d’entre eux n’a eu le courage de révéler à ses enfants l’ampleur de ses crimes. Tous ont plaidé non coupable des faits reprochés au procès de Nuremberg. Les enfants se sentent-ils coupables de ces pères qui ne se sentent pas coupables d’être responsables de la Shoah ? Ce qui frappe, dans la manière dont ces fils et filles se comportent face au passé familial, c’est la diversité des réactions. Ils aiment et ne condamnent pas (Gudrun Himmler) ; ils condamnent et haïssent (Niklas Frank) ; ils ne haïssent pas mais condamnent Des sympathisantes du nazisme (Martin Adolf Bormann Jr). L’esL’essayiste Tania Crasnianski sayiste Tania Crasnianski est avocate s’interdit d’émettre des jugements pénaliste de formation. Elle a une sur le comportement des enfants triple origine. Allemande, française, des principaux acteurs du IIIe Reich. russe. Tania Crasnianski est née en Elle rend compte de l’attitude de chacun d’eux pour comprendre France d’une mère allemande et d’un père franco-russe. Elle constate comment on fait quand on naît avec combien on identifie l’Allemagne une histoire plus grande que soi ; au nazisme. Ce quand on ressent qui l’intéresse : le à la fois haine et poids du passé sur EllE rEnd comptE amour pour ses nos vies. Comment dE l’attitudE dE parents ; quand être un sujet à part on sait que l’on entière quand le chacun dEs Enfants n ’ h é r i t e p a s des péchés de fardeau familial pour comprEndrE nos pères dans est si lourd ? commEnt on fait les textes mais Le nazi Rudolf dans le regard Höss, commandant quand on naît avEc du camp d’extermides autres, oui. unE histoirE plus nation d’Auschwitz, Aucune surétait un bon père de grandE quE soi prise. Plus on a été aimés par famille. La famille était, selon ses ses parents, plus propres termes, une chose sacrée. il est difficile de se séparer de ses Tania Crasnianski rappelle que les parents. Gudrun Himmler (fille psychiatres n’ont jamais réussi à se de Heinrich Himmler, homme clé mettre d’accord sur une personnalité de la Gestapo et de la SS) et Edda propre aux nazis. Primo Levi : « Les Göring (fille de Hermann Göring, monstres existent, mais ils sont trop Reichsmarschall), petites princesses peu nombreux pour être vraiment choyées par leur famille, sont restées dangereux, ceux qui sont plus dangejusqu’au bout des sympathisantes reux, ce sont les hommes ordinaires. » du nazisme. Elles demeurent dans On retrouve, chez eux, des traits le culte du père et nient leur implicommuns : l’absence d’empathie cation dans la solution finale en (ils sont incapables de se mettre à Europe. Gudrun Himmler (née en la place des autres) et les défaillances 1929) et Edda Göring (née en 1938) de la mémoire (ils sont incapables ne se contentent pas de défendre de remords et de regrets). Un seul l’image de leurs pères. Elles n’aupoint de vue existe : le leur. Les ront de cesse de se reconnaître dans bourreaux font moins de dépresl’idéologie nazie, mettant ainsi leurs sions que les victimes car ils sont pas dans ceux de leurs géniteurs. persuadés d’être dans leur bon droit. Elles vivront l’après-guerre à MuniIls n’ont aucune conscience morale, ch, dans des maisons musées. Le fils mais mettent en avant leur morale. de Rudolf Hess (dauphin de Hitler Heinrich Himmler fut au centre de et troisième homme du Reich) est la mise en place du système concenné en 1937. Wolf Rüdiger Hess prend trationnaire et de l’extermination aussi fait et cause pour son père, indes Juifs d’Europe. L’architecte de la carcéré à vie. Il lui rendra visite cent solution finale, considéré comme le deux fois durant son incarcération à Ci-contre, Hans Frank, sa femme, Maria Brigitte, et leur fils Niklas dans leur château à Cracovie. NICOLAS REYNARD/GAMMA À droite, en 1935, Heinrich Himmler, en Bavière avec sa fille Gudrun (de dos), et son fils Gerhard (à droite). REALwORKS LTD/ DIE wELT/AP/SIPA Spandau. Le fils n’a jamais accepté la condamnation de son père et nie la solution finale. Trois enfants. Gudrun Himmler, Wolf Rüdiger Hess, Edda Göring ont consacré leur vie à tenter de réhabiliter leur père. Ils sont des parents distants et froids. Niklas Frank, fils du gouverneur général de Pologne condamné à mort et exécuté en 1946, hait son père et sa mère. Le fils de Hans Frank, le « boucher de Cracovie », est né en 1939. On surnomme le petit garçon, au sein de sa famille, « l’étranger ». Il a toujours eu le sentiment diffus d’appartenir à un clan criminel. Niklas Frank sera mû par la recherche de la vérité. Il décrit son père comme un pauvre type, obnubilé par l’argent et l’apparence. « Tout ce qui l’intéressait, c’étaient les bijoux, les châteaux, les beaux uniformes. » Le fils ne se noie pas dans des raisonnements psychologiques car la cupidité et l’arrivisme sans limites du père lui suffisent à expliquer le comportement de ce dernier. « Et malgré les déclarations atroces qu’il a faites sur les Juifs, je crois qu’il s’en fichait et n’était pas un vrai antisémite. Si Hitler avait appelé à faire la même chose avec les Français ou les Chinois, il aurait fabriqué contre eux des discours enflammés en appelant Nietzsche, Schiller, Goethe, Corneille à la rescousse. » Ils grandissent à proximité de la mort Niklas Frank est écœuré par l’attitude d’autres enfants de dignitaires nazis. Martin Adolf Bormann JR est né en 1930 à Grunwald. Il est le fils aîné des dix enfants du secrétaire particulier de Hitler, éminence grise du parti nazi. Le tribunal de Nuremberg condamnera le père à mort par contumace pour crime de guerre et crime contre l’humanité. Martin Bormann a été un adversaire sans pitié de l’Église catholique. Le fils se tournera vers le christianisme. Il se fait baptiser en 1947 et ordonner prêtre en 1958. Le salut en Dieu et par Dieu. « Je ne hais pas mon père. Pendant plusieurs années j’ai appris à né en 1944. Il est considéré comme un gauchiste radical par sa famille. distinguer mon père en tant qu’individu et mon père en tant que politicien Seul le sang le lie à eux. Rolf Menet officier nazi. » Une attitude jugée gele rendra visite à son père, caché indigne par Niklas Frank. Le portrait dans la banlieue de São Paulo, à de Martin Adolf Bormann JR est l’un l’âge de 33 ans. Il ne décèle en lui des plus passionnants d’Enfants de aucun regret. Le père demeurera à jamais un étranger pour le fils. Rolf nazis par la complexité de la trajecMengele le méprise plus qu’il ne le toire exposée. Un bon père de famille lisant des hait. Mais il refusera de donner la contes à ses enfants et un serviteur moindre indication susceptible de zélé veillant à ce que des millions provoquer son arrestation. Il décidede personnes soient exécutées. ra, dans les années 1980, de changer Rudolf Höss, affecté à Dachau, à de nom. Il désire pour ses propres Sachsenhausen, à enfants deux choses : Auschwitz, a été un la vérité et la liberté. père exemplaire. Sa niklas frank Rolf Mengele a donc ligne de conduite décrit son pèrE eu l’occasion de lui semble irréproparler en face à face chable. Il obéit aux commE un pauvrE avec son père et n’a ordres. Il veut exé- typE, obnubilé obtenu de lui aucun éclaircissement. cuter et non pas décider. Il espère ainsi par l’argEnt Josef Mengele est mort, après trente fuir toute responsa- Et l’apparEncE années de fuite en bilité. La famille vit Amérique latine, à Auschwitz. Les enfants du commandant d’Aussans avoir répondu de ses actes. chwitz grandissent à proximité de Niklas Frank : « C’est un principe la mort. Rudolf Höss sera pendu, en qui remonte à la nuit des temps : on 1947, devant le camp d’Auschwitz. n’assassine pas ses parents. » L’auLe futur mannequin Brigitte Höss, teure analyse le poids du passé famitroisième des cinq enfants, a nié lial, livre des portraits des épouses puis a minoré le rôle de son père. complices des dignitaires nazis, L’attitude du fils de l’« architecte du s’interroge sur l’effondrement moral diable » est différente. Albert Speer marqué par l’absence de culpabilité. est considéré comme un homme C’est la grande différence entre les brillant. Il a pourtant adhéré aux uns et les autres. Parmi les enfants idéaux nazis jusqu’au bout du de dignitaires nazis, certains rerégime. Il est condamné en 1946 à prennent à leur compte l’absence vingt ans de prison pour crime de de remords de leurs parents alors guerre et crime contre l’humanité. que d’autres rejettent d’autant plus Le prisonnier refusera durant des leurs parents à cause de l’absence de années, comme Rudolf Hess, que remords. Que faire des péchés de ses enfants lui rendent visite. Albert nos pères ? Les six enfants de Joseph Speer Jr, premier des six enfants, est Goebbels, ministre de la Propagande né en 1934. Il sera architecte comme du Reich, n’auront pas à se poser la son père. Mais les enfants tenteront question. Ils ont été assassinés par en vain d’établir une relation avec leurs parents dans le bunker du un père lointain refusant de donner Führer. g les réponses tant attendues par eux. « On n’assassine pas ses parents » Le fils unique de Josef Mengele, médecin à Auschwitz, deviendra avocat à Fribourg. Rolf Mengele est Enfants de nazis, Tania Crasnianski, Grasset, 300 p., 20,90 € (en librairies mercredi). lire | culture | 35 jdd | 6 mars 2016 Fabrice Luchini, utile et dangereux Le cinéaste était justement en train de lire Nietzsche, mais lui en allemand. « C’est notre de l’académie Goncourt rencontre. Elle a duré sept ans. » @bernardpivot1 La première projection de Perceval ou le Conte du Graal devant 1.500 personnes, 113 à la abrice Luchini a raison, fin. Sa fierté – le mot est faible « l’autodidacte plaît beau– d’avoir obtenu le téléphone de coup ». Seul, il a pioché dur Roland Barthes devant le public et profond. C’est un courageux. du Collège de France, médusé, Un obstiné. Un passionné. Il ne jaloux. La première visite à possède pas une culture aussi Roland Barthes. La scène est vaste que celle du normalien ou racontée avec autant de drôlerie de l’énarque, mais ce qu’il sait, il que les précédentes, mais, y tient, et il est carrément incollà, Luchini délire. « Roland lable. Surtout, il ne ressort pas Barthes, pour ma génération, ce que les autres ont appris dans c’est le penseur, le seigneur, les grandes écoles, il a tiré de sa l’homme le plus adoré. […] tête et de son cœur des points Barthes, c’est notre Proust, notre de vue, des émotions, des rapSartre ! » À 64 ans, Luchini n’a prochements, des interrogations toujours pas jugulé ses enthouqu’on ne trouve pas ailleurs. siasmes de jeune homme. Ses Fabrice Luchini plaît beaufeux persistants sont bien symcoup. Parce qu’à ses talents pathiques. d’acteur il a Cependant, ajouté les mérites Alceste ne se de l’autodidacte. L’acteur prend-il pas pour L’apprenti coifautodidacte quand il feur de 14 ans signe son premier Barthes réfléchit sur le a été ébouriffé concept du feu par Molière, La Livre, une rouge (« le feu Fontaine, Céline, autobiographie rouge subi, c’est Nietzsche, etc., élus, élus, relus. Littéraire coupée le rien », bigre !), le concept du Dans combien de des pages paillasson ou théâtres, à comcelui de l’ancien bien de dizaines d’un journaL de Provence. de milliers de tenu à La diabLe mas Comment ne pas personnes les aavoir été influent-il fait découvrir cé, il est vrai, par ou redécouvrir, le sémiologue et dans ce cas du Collège de déshabillés France quand il commençait autrement ou habillés de neuf ? ainsi son cours : « Aujourd’hui, Ce n’est pas seulement c’est le concept du c’est ça, le Luchini qui plaît au banquier concept du temps qu’il fait » ? retraité du 7e arrondissement On connaît l’agilité d’esprit et à la journaliste de Télérama, de Luchini. La vitesse à laquelle au pipier de Saint-Claude et à il peut passer d’un sujet à un la châtelaine de Saint-Émilion, autre. Cette effarante mobilité c’est aussi Molière, La Fontaine, se retrouve dans le livre. Céline, Nietzsche, etc. qui Éloge de la propriété privée, de séduisent tous ces gens-là par le Macron, une citation de Cioran truchement de Luchini, incisif, ou de Jouvet, les visites à son jouissif et persuasif professeur psychanalyste, son impossibilité de littérature. Cet homme est à être de gauche, son besoin utile parce qu’il donne envie de d’être aimé, éloge de Nagui lire, cet homme est dangereux et de Pujadas, ce mot d’Audiard : parce qu’il donne envie d’écrire. « Moi, le pognon, ça m’émeut », Dans son premier livre, ou encore cette phrase de Comédie française, on renoue Céline, tirée du Voyage, qui évidemment avec le Luchini le hante, dit-il, depuis des pédagogue. Il vous emmènera décennies : « La tante à Bébert sur Le Bateau ivre de Rimbaud. rentrait des commissions. » « Les gens n’ont rien à comIl y a trois ou quatre pages prendre, il faut qu’ils sentent », qui n’ont l’air de rien sur écrit-il à propos de la fameuse l’autobus 80 et son parcours. scène des Femmes savantes qui Il démarre de la mairie oppose « deux intellos bas de du 18e et laissait Robert Luchini gamme », Vadius et Trissotin. Il se dit Alceste, il est Alceste, au rond-point des Champset il polémique avec Philinte Élysées, dans le salon de à propos du portable et de sa coiffure où il va être rebaptisé « barbarie ». Fabrice. « Du monde fermé, celui Comédie française est aussi de l’enfance et des angoisses, une manière d’autobiographie j’entre dans un autre. » coupée des pages d’un journal Ces pages-là sur le 80 sont tenu à la diable. Luchini est un d’un écrivain. g homme de scènes. Comment il a été dépucelé dans un appartement couvert de portraits Comédie française, de Mao. Comment il est arrivé Fabrice Luchini, pour la première fois chez Éric Flammarion, 250 p., 18 €. Rohmer en citant Zarathoustra. Bernard Pivot F Franz-Olivier Giesbert Plaisirs et déboires d’une aventurière L’auteur de « La Cuisinière d’Himmler » relate l’épopée d’une justicière au caractère bien trempé, à cheval entre la France de la Terreur et l’Amérique de la conquête de l’Ouest Dans son nouveau roman, « L’Arracheuse de dents », Franz-Olivier Giesbert passe en revue un siècle d’Histoire. LAëTiTiA FAvrO « La meilleure façon de ne pas rater sa vie, c’est de la refaire tout le temps. » Du haut de ses 99 printemps, Lucile Bradsock a eu son compte d’aventures mais ne semble pas près de raccrocher, l’esprit toujours alerte, la jambe agile et le tempérament rieur d’une gamine à qui on ne la fait pas. Si ses Mémoires débutent le jour de la bataille de Little Big Horn, si elle s’engage un temps dans l’armée américaine sous les ordres du lieutenantcolonel George A. Custer et devient le témoin écœuré du génocide indien, c’est en Normandie que cette audacieuse au caractère bien trempé voit le jour et assiste aux premiers soubresauts de la Révolution qui, telle une chape de plomb, contamine bientôt la France de ses exécutions sommaires et de son climat de terreur. Réfugiée à Paris, la jeune fille n’est pas plus haute que trois pommes lorsqu’elle apprend le métier de dentiste qui, une fois qu’elle sera passée maîtresse en la matière, lui ouvrira les portes de quelques illustres contemporains que l’Histoire (la guillotine) n’a ou pas oubliés, et lui permettra d’embarquer vers l’Amérique pour sauver sa peau. Car, en plus de la dentisterie, Lucile a un don : celui C.HELIE / GALLIMARD de s’attirer les pires ennuis et de s’en tirer par d’invraisemblables pirouettes relevant d’une chance aussi insolente que le parler fleuri de ce bout de femme épris de liberté et de grands espaces. Régler leur compte aux « fripouilles » À cheval entre la France et l’Amérique, entre une société exsangue où s’amoncellent les cadavres de la Révolution et un monde nouveau-né du massacre des Indiens et de la traite des Noirs, la trajectoire de notre héroïne s’écrit dans le sang, suivant les aléas de son temps et les destins croisés dont elle s’autorise parfois à modifier le cours, de Robespierre à Napoléon, de Charlotte Corday aux premiers présidents américains en passant par quelques têtes couronnées. Séductrice impénitente et gourmande, elle a un goût pour les hommes (qu’elle épouse et assassine à l’envi) qui lui attire plaisirs et déboires mais ne freine guère sa course aux quatre vents. Anti esclavagiste, farouchement opposée aux sans-culottes et dégoûtée par l’arbitraire de la Terreur, l’arracheuse de dents sait aussi redresser les torts quand l’injustice croise son chemin, et rédige ses Mémoires dans le but de régler leur compte à toutes les « fripouilles » rencontrées, de Buffalo Bill aux prétendus « héros » de la guerre de Sécession. Aussi savoureux qu’une ballade des Black Hills, ce récit à l’imaginaire débridé emprunte à plusieurs genres, plusieurs époques, plusieurs espaces pour réécrire l’Histoire du point de vue de l’irrévérence. g L’Arracheuse de dents, Franz-Olivier Giesbert, Gallimard (collection Blanche), 448 p, 21 € (en librairies jeudi). 36 | personnalités JDD | 6 mars 2016 Mélanie Thierry « J’aurais pu me jeter dans la gueule du loup » faisais des pubs. Avec le recul, je mesure notre grande naïveté. Même si ma mère était là, j’aurais pu me jeter dans la gueule du loup. J’étais fluette et gracieuse. Mon éducation m’a sauvée. Je n’étais pas perverse, je ne me suis pas retrouvée dans des situations qui auraient pu déraper. Dans « A Perfect Day », l’ex-femme-enfant de Sartrouville campe une jeune humanitaire en mission pendant la guerre des Balkans. Une étoile renaît @LPJDD b LA fiLLe De GooGLe Le cinéaste espagnol Fernando León de Aranoa cherchait une actrice blonde pour son film. « A Perfect Day » se déroule pendant une mission humanitaire dans les Balkans. Il y a toujours une Française, m’a-t-il appris. Il a dû voir toutes les blondinettes du moment à Paris. C’est tombé sur moi. Mais il fallait l’accord de Benicio Del Toro. Il a dû me googliser et me reconnaître. Je jouais dans La Princesse de Montpensier lorsqu’il était juré à Cannes, en 2010. b Une mAmAn entre DeUx vALLéeS Je suis alors tombée enceinte. Quoique réjouie, j’étais anéantie de devoir renoncer à ce film. Finalement, ça a été décalé. Dix jours après avoir accouché, Fernando m’a rappelée. Quinze jours plus tard, j’étais à Grenade. Nous tournions dans une ancienne ville minière nichée entre deux vallées. C’était notre décor de guerre. Mon fils venait de naître. Mais je ne pouvais me déplacer. Durant ces six mois de tournage, c’est eux [son compagnon, le chanteur Raphael, et leurs deux enfants] qui ont fait le déplacement. b LA mémoire DAnS LA PeAU J’ai rencontré mon personnage. b Pretty WomAn C’est mon regret : ne pas avoir fait d’études. J’ai arrêté l’école en troisième. Si je m’étais montrée plus curieuse, j’aurais pu être une bonne élève. Mais je ne sais pas pourquoi, je n’aimais pas ça. J’ai dû apprendre autrement par moimême. Je ne connaissais rien au cinéma. Même pas d’actrice favorite. Marilyn Monroe, j’étais bien incapable de citer un seul de ses films. J’avais dû voir Julia Roberts dans Pretty Woman et Demi Moore dans Ghost. Et c’est tout : milieu populaire basique, sans gravité mais lambda. Depuis, je me suis rattrapée. L'ex-muse de Peter Lindbergh tourne avec Benicio Del Toro. ÉRiC DESSONS/JDD C’est une Espagnole qui a travaillé comme spécialiste de la purification de l’eau pour Médecins sans frontières [Paula Farias a par la suite était présidente de la section espagnole de l’association]. Elle en a tiré un roman, Dejarse Llover. Elle a fait ça durant des années. Elle n’arrivait plus à redescendre. Sa vie, c’était ce mouvement, sans cesse changer d’endroit, pouvoir dormir dans des caisses et manger des conserves pour apporter un peu d’aide et de compassion aux gens. C’est plus que des souvenirs pour la vie. J’en ai fait un personnage sur le qui-vive. b en BAnLieUe J’ai grandi en banlieue parisienne, au milieu de garçons. Au collège, on s’empoignait souvent. On formait une bande. Pourtant très timide, il m’arrivait de monter au créneau. Je suis une combative, pas le genre de fille dans la séduction, plutôt une bonne camarade. Je m’en veux d’ailleurs parfois d’être trop sèche, pas assez langoureuse. b « AU revoir Là-hAUt » Deux tournages par an, ça me va ; j’ai une vie de famille. Et j’aime sentir que je redémarre une aventure. Là, je viens de tourner dans un film, La Danseuse, où Lily-Rose Depp joue le rôle d’Isadora Duncan. Et je commence bientôt le tournage d’Au revoir là-haut, l’adaptation du Goncourt 2013 par Albert Dupontel. J’y ai un petit rôle mais délicieux. g b cheveUx LonGS Je retourne parfois à Sartrouville ; mon père y vit toujours. J’ai revu mon ancien collège. Mais je n’ai gardé aucun lien d’amitié. C’est mon problème dans la vie ; je pars sans me retourner. J’avais une frange et des cheveux courts. Je faisais du vélocross et courais dans les champs. Puis, en sixième, j’ai eu les cheveux longs. À 13 ans, j’ai envoyé une photo pour des castings. Ma mère était d’accord. Je A Perfect Day de fernando León de Aranoa, avec mélanie thierry, Benicio del toro, tim robbins et olga Kurylenko… en salles le 16 mars 2016. perso Noureev, 50 ans après ROGER-ViOLLET LUDovic Perrin Aurélie Dupont avait sa photo accrochée dans sa loge de danseuse étoile. Mais elle n’a pas pu côtoyer le danseur star échappé de russie : il quittait l’opéra de paris quand elle intégrait la compagnie de ballet. l’actuelle directrice de l’opéra de paris peut aujourd’hui se plonger dans les Mémoires de son illustre aîné. Couchées en 1962, alors que le danseur de 24 ans vient de fausser compagnie à ses gardes du KGB à l’aéroport du Bourget, elles viennent pour la première fois d’être publiées en français (Noureev, éd. Arthaud). outre l’épisode détaillé de son exil fondateur, on y parcourt la trajectoire d’une future icône née dans un train le long du lac Baïkal, en Sibérie. Sa mère lui raconta un jour cette histoire incroyable : alors qu’elle était partie visiter des parents lointains, elle s’était retrouvée à la nuit tombante dans un bois entourée d’une meute de loups. pour les éloigner, elle avait ôté la couverture qui la protégeait du froid pour y mettre le feu. C’est peut-être ce que fit aussi le jeune génie traqué par le KGB : foudroyer ses oppresseurs par la force de son art. L.P. L’artiste dans sa boutique, près du métro Blanche. GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP Tin-Tin tatoue Alors que se clôture aujourd’hui le mondial du tatouage à Paris, son initiateur réclame un statut pour son art qui touche toutes les couches de la société 1981. C’était l’époque des Stray Cats, le groupe américain ravivait la mode du tatouage en même temps que le rockabilly d’Eddie Cochran. Internet n’existait pas plus que les selfies, on se passait le nom des tatoueurs sous le manteau. Tin-Tin, que l’on prénommait alors Constantin, peut encore citer le nom des tatoueurs des Stray Cats, Dennis Cockell et Bob Roberts, l’un habitait à Londres, l’autre à New York. Mais lui, le fils de cuistot élevé entre Vanves et Malakoff, s’était contenté de voir la Sainte Vierge, enfin plutôt un tatouage de la Sainte Vierge sur un corps en Italie. Il avait 16 ans. Autodidacte, ce passionné de dessin, de Michel-Ange à Norman Rockwell, attendait de trouver son média. Tout le show-biz dans son échoppe Trente-quatre ans et plusieurs ouvertures de boutiques plus tard, Tin-Tin est devenu à son tour un tatoueur star. De JoeyStarr à Pascal Obispo en passant par Jean Paul Gaultier, Zazie, Daphné Bürki (la marraine du Mondial du tatouage vient de lui demander de lui graver une pivoine sur l’épaule) ou bien encore Maïtena Biraben, toute l’aristocratie du spectacle a poussé la porte de son échoppe, située entre deux bars à hôtesses et deux magasins de guitares, à deux pas du Moulin-Rouge. Six tatoueurs travaillent sous sa vigilance, un bon ZZ Top en fond sonore. « Ici, j’accueille tout le monde, rectifie ce jeune quinquagénaire que l’on confond parfois avec l’avocat DupondMoretti. Il y a toujours eu des rois et des reines, des flics et des voyous, des riches et des pauvres. La différence, c’est que la clientèle s’affiche désormais. » Tin-Tin a été consultant pour l’exposition «Tatoueurs tatoués» au musée du Quai Branly, mais il se désole que malgré cela l’État rechigne encore à reconnaître le tatouage comme un art officiel. « Cela m’empêche, par exemple, de prendre des apprentis. C’est pourtant l’une des rares disciplines qui ne soit pas uniquement réservée à une élite. » L.P. téléVision | 37 jdd | 6 mars 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Alexandra Lamy Ciné dimanChe « Je prends goût à de belles histoires » La comédienne signe son retour à la télévision dans un rôle dramatique, inspiré d’une histoire vraie 9 Mois ferme iiif Une comédie vacharde, déjantée et désopilante avec Kiberlain et Dupontel qui font des étincelles. 20.55, France 2. Gremlins iiif Le film fantastique et culte de Joe Dante, qui reste un formidable divertissement familial. 20.45, Arte. L’actrice interprète Marie-Laure Picat,une mère de quatre enfants, gravement malade. Prod IntervIew Éric MandeL de l’humour également. Marie-Laure Picat possédait cette force vitale, cette manière de mettre à distance sa mort si proche par le rire. Je pense à cette séquence où je choisis mon cercueil sur un ton assez décalé. C’est une scène authentique, vécue. Rien n’est inventé ni romancé. Le scénario colle à la vérité. La dernière fois qu’on l’avait vue à la télévision, c’était en octobre dans Une chance de trop. Une série adaptée du polar de Harlan Coben sur TF1. Plus de huit millions de téléspectateurs avaient suivi les aventures de cette urgentiste prête à tout comment avez-vous préparé pour sauver sa fille kidnappée. On ce rôle ? retrouve Alexandra Lamy dans un Je n’ai pas lu le livre de Marienouveau rôle de mère courage avec Laure Picat, Le Courage d’une mère. Après moi le bonheur. Dans ce téléJe n’ai pas non plus souhaité renfilm réalisé par Nicolas Cuche, elle contrer ses enfants ni son mari. J’ai incarne Marie-Laure Picat, maman juste visionné ses interviews donde quatre enfants, décédée en 2009, nées à l’époque pour m’imprégner qui avait ému de son tempéral’opinion par son ment. Dans la vie, « Harlan Coben destin tragique et je parle de façon saisissant. Avant de veut me proposer assez rapide. J’ai mourir d’un cande ralenun nouveau projet essayé tir mon rythme, cer, elle avait mené le combat pour que pour le Cinéma » d’avoir des gestes ses petits soient plus lents, plus élevés ensemble lourds, pour faire dans une même ressentir la doufamille d’accueil. Alexandra Lamy leur, donner à voir la progression de livre une composition tout en nuance la maladie. C’est une responsabilité et subtilité dans ce téléfilm touchant d’interpréter un tel personnage. Ses porté par un scénario habile (la scène propres enfants ont regardé le téléfinale est de toute beauté) et par une film une vingtaine de fois et m’ont belle galerie de comédiens. dit : « On a vu maman. » C’est le plus beau des compliments. il semble que vous preniez goût à la télévision… Je prends surtout goût à de bons scénarios. Moi, je viens de la télévision, et je n’ai jamais eu ce snobisme très français par rapport à ce média, qui a longtemps été considéré avec une certaine condescendance par le milieu du cinéma. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de comédiens aller vers la télé même si la France accuse encore un certain retard par rapport aux Anglo-Saxons, qui savent traiter de sujets difficiles sur le ton de la comédie. Vous avez accepté ici un rôle assez éprouvant… Je n’ai pas hésité une seconde. Le combat de Marie-Laure Picat est tellement extraordinaire et exemplaire. Et puis je suis tombée amoureuse de l’écriture de Claire Lemaréchal. Elle tient parfaitement son sujet. Il y a de l’émotion, de la noirceur, mais « de toutes nos forces », « Une chance de trop », « après moi l’amour ». Que des mères courage. Ça vous stimule ? Oui, c’est aussi lié à l’âge. J’ai 44 ans et d’autres personnages s’offrent à moi, des rôles plus intéressants, plus profonds avec des idées à défendre. Votre terre natale est au cœur des cévennes, où en est votre projet de film sur les camisards ? J’y travaille depuis huit ans. Là on repart enfin sur l’écriture. Je veux raconter cet épisode crucial de l’histoire de France à travers le destin de Jean Cavalier. Ce paysan de 20 ans, chef camisard, n’avait jamais touché une arme mais s’est imposé comme un génie militaire. Et ce, pour défendre la liberté de conscience et de culte après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, qui voulait imposer une seule religion : « Une foi, une loi, un roi. » C’est un sujet qui aborde le fanatisme religieux, les relations contre-nature entre politique et religion, comment on peut pervertir Dieu pour persécuter son prochain. Des problématiques très actuelles finalement… des nouvelles de Harlan coben ? Je vais aller le voir très prochainement à New York. Il veut me proposer un nouveau projet pour le cinéma cette fois. Il était très content de mon prix d’interprétation au festival de La Rochelle pour mon rôle dans Une chance de trop. Il m’avait envoyé un e-mail : « Maintenant il faut que je t’écrive un film pour que tu décroches un César, et ensuite un autre film pour les Oscars. » des projets au cinéma ? Beaucoup. Je viens de terminer une comédie, Retour chez ma mère, d’Éric Lavaine, avec Mathilde Seigner et Josiane Balasko. Je vais partager l’affiche avec Jacques Gamblin dans un film dédié à Joseph Ferdinand Cheval, ce facteur qui a bâti de ses mains, durant trente-trois ans, un palais de pierre, devenu un chef-d’œuvre d’architecture naïve. Et aussi tourner avec Denis Podalydès sur le premier résistant noir pendant l’Occupation. Vous préparez également un documentaire pour France 3 sur alice Guy… Oui, nous sommes en tournage. Je serai à la fois voix off et comédienne pour raconter son destin extraordinaire. Elle a commencé comme secrétaire pour Gaumont et s’est imposée comme la première femme réalisatrice avec La Fée aux choux (1896), puis la première femme à diriger, pendant dix-sept ans, un studio américain. Elle a inventé la fiction, la profondeur de champ, produit et réalisé près de 600 films, des westerns, des comédies… Elle est largement méconnue en France, mais régulièrement célébrée aux États-Unis par des pointures comme Scorsese. Il était temps de lui rendre hommage. C’est nous qui avons inventé le cinéma. Une vérité bonne à rappeler, surtout quand c’est une femme ! g après moi le bonheur, lundi à 20.55, TF1. Nikita iiif Polar violent et rédempteur, le meilleur film de Luc Besson a rapporté un César à Anne Parillaud. 21.00, D8. Les Pleins Pouvoirs iiif Le thriller politique de Clint Eastwood, toujours efficace vingt ans après. 20.50, HD1. Votre soirée 17.15 Sept à huit. 20.00 Journal. 20.55 Hollywoo ifff Film français de Frédéric Berthe et Pascal Serieis (2011). La doublure française d’une star américaine part à Los Angeles pour la persuader de reprendre le chemin des studios. Avec Florence Foresti, Jamel Debbouze. 23.00 Esprits criminels. 0.45 Les Experts : Manhattan. 17.30 Stade 2. 18.50 Vivement dimanche prochain: Fabrice Luchini. 20.00 Journal. 20.40 Parents, mode d’emploi et D’art d’art. 20.55 9 Mois ferme iiif Une juge psychorigide se retrouve enceinte d’un présumé tueur en série. Avec Albert Dupontel, Sandrine Kiberlain. 22.20 Faites entrer l’accusé : Didier Lacote, la dose mortelle. 17.15 Personne n’y avait pensé ! 17.55 Le Grand Slam. 19.00 Le 19/20. 20.25 Zorro. 20.55 Les Enquêtes de Vera. Série britannique (2015). De vieilles blessures ; Voix silencieuses. Avec Brenda Blethyn, Kenny Doughty. 0.00 Soir 3. 0.20 Révolte au zoo ** Film américain de Rowland V. Lee (1933). 16.15 La Rochelle-Toulon. Rugby. Top 14, 17e journée. 18.10 Canal rugby club. 19.10 Canal football club. 20.55 Lyon-Guingamp. Football. Ligue 1, 29e journée. 22.55 Canal football club. 23.15 L’Équipe du dimanche. 0.00 Le Journal des jeux vidéo. D8 21.00 Nikita iiif Film franco-italien de Luc Besson (1990). W9 20.55 Murder. Série. TMC 20.55 Les Experts : Miami. Série. NT1 20.55 Coup de foudre à Manhattan ifff Film américain de Wayne Wang (2002). Gulli 20.50 Les Trois Mousquetaires iiff Film franco-italien d’André Hunebelle (1953). HD1 20.50 Les Pleins Pouvoirs iiif Film américain de Clint Eastwood (1997). 6ter 20.55 Astérix et le Coup du menhir iiff Film francoallemand de Philippe Grimond (1989). 18.35 C politique. 20.00 In vivo, l’intégrale. 20.25 Avis de sorties. 20.40 Météo, un marché au beau fixe. Documentaire français de Lila Salmi. Les consommateurs sont tous « météo-sensibles ». 21.30 La Grande Aventure des petits zoos. 22.25 La 2e D.B. : de Paris au refuge d’Hitler. 23.20 La Grande Librairie. Numéro 23 20.50 Inspecteur Gadget ifff Film américain de David Kellogg (1999). 17.20 66 Minutes. 18.40 66 Minutes grand format. 19.45 Le 19.45. 20.10 E = M6. 20.55 Zone interdite. Bêtes de concours et produits d’exception : les champions du Salon de l’agriculture. 23.00 Enquête exclusive. Béziers, une ville sous haute surveillance ; France-Espagne : l’autoroute de tous les trafics. Polar 21.00 Breakdown iiff Film américain de Jonathan Mostow (1997). RTL 9 20.40 Sept Ans au Tibet ifff Film américano-britannique de Jean-Jacques Annaud 17.00 Personne ne bouge ! 17.35 Franz Marc. (1997). 18.30 Rolando Villazón présente les stars de demain. 19.15 Cuisines des terroirs. 19.45 Arte Journal. 20.00 TCM Cinéma 20.40 L’Ultime Karambolage. 20.15 Vox Pop. Hongrie : Orbán, sinon rien ! 20.45 Attaque iiff Film amériGremlins iiif Film américain de Joe Dante (1984). La nuit de cain de Douglas Hickox (1979). Noël, une paisible petite ville des États-Unis est envahie d’affreux Gremlins, des lutins monstrueux, particulièrement destructeurs. OCS Géants 20.40 Nimitz, retour Avec Hoyt Axton, Zach Galligan. 22.30 Gremlins 2, la nouvelle vers l’enfer iiff Film amérigénération ** Film américain de Joe Dante (1990). cain de Don Taylor (1980). Paramount 20.40 Je pleure mon amour (1958). session de rattrapage du Jdd aVec Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet a Doc Une Saison chez les Bonobos France 4 a Doc Claude Monet, l’instant et la lumière France 5 a Doc La France sous les bombes alliées France 3 38 | JEUX JDD | 6 mars 2016 mots croisés Jean-Paul Vuillaume [email protected] 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 milan et tout autour 2 d Albert Varennes Y une est une carrière fervente avec de adepte du chapeau l’ancienneté U 1 mots fléchés Y des chiffres & et des lettres autre ancienne vedette de la télé d [email protected] Y caisse de vin dalle des foyers d Y monsieur du cinéma français fille à papas d Y duo romain un peu trop d’affection la fait rougir n’est pas d’habitude à droite et si haut d d exercices de physique 3 4 5 6 7 tout autour b ses fils sont de vrais boulets b se colore si la rate se dilate autre souci par là d b 9 eut la réputation d’être de mauvais conseil pallie le père parti vouloir ou qu’on peut savoir 12 capacité à la voracité b d b d d n’est qu’à moitié fou pour nettoyer aux cabinets b d 13 d ouï pour un non b peloton qui exécute 10 11 sur la boussole b U 8 coupant des tissus pâté de campagne d pour la draguer, voire après si succès a on aurait pu penser thallium, ou thulium, mais non... d une femme à sa fenêtre b ouï autrefois, oui ailleurs espionnent en retour U d hauteur d’homme dégât des bombes b entre deux U d bibliquement connue mènent en groupe mené en groupe dont l’oiseau a préludé au printemps pas bien élevée U U d b termes de chimie accord sans réserve dorait et adoré b d d LE JOURNAL DU DIMANCHE est édité par : Hachette Filipacchi Associés SNC au capital de 78 300 €, siège social 149 rue Anatole France 92534 Levallois-Perret cedex. RCS Nanterre B 324 286 319. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40. Gérant-Directeur de la publication Philippe Pignol. Président d’honneur Daniel Filipacchi. éditeur édouard Minc. éditrice adjointe Anne-Violette Revel de Lambert. Communication Nawal Hocine, Anabel Echevarria. Ventes Frédéric Gondolo et Katia Parent 01 41 34 64 78. Diffusion Presstalis Réassortiments 06 68 08 16 67. Imprimé en France par Paris Offset Print 93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print. N° de Commission paritaire 0420 C 86 368. Numéro ISSN 0242-3065. Dépôt légal : à parution. © HFA 2015 Hachette Filipacchi Associés est une filiale de Lagardère Active SAS. Président du directoire Denis Olivennes Publicité : Lagardère Publicité, 10, rue Thierry le Luron, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 41 34 90 00. Fax : 01 41 34 90 01. Présidente Constance Benqué. Directeur général Philippe Pignol. 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Rédacteurs en chef adjoints Danielle Attali, Bruna Basini, Richard Bellet, Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars, Nicolas Prissette, Didier Siberchicot. Chef du service photo Aurélie Chateau. onze une réplique des plus confon- b dante Mots croisés Solution la semaine prochaine jaune orangé ici... b belle de fontenay, passe parfois pour une patate moyen b d pensant selon pascal perso b sudoku b d b d qui ne rime à rien le fleuve ou alors et la sirène camusien espèce d’oie refait paradis pour les musulmans b du tissu en est issu une partie d b d menai une guerre de position promet a et en oublie horizontalement 1. Timbre-poste. Job. - 2. Egaré. Puce. Gère. - 3. Un. Ais. Situe. In. - 4. Féministe. Salée. - 5. Tees. Lieutenant. - 6. Règle. Sortit. - 7. URL. Ronger. Etés. - 8. Foisonne. Désaxé. - 9. Unau. En-but. GPL. - 10. Ce. Missel. Avers. - 11. Erable. Pactise. - 12. Rival. Mimosa. SS. - 13. CEI. Aniser. Dose. - 14. Vénus. Sœur. - 15. Emeutier. Tocsin. verticalement 1. Teuf-teuf. Cercle. - 2. Ignée. Rouerie. 3. Ma. Merlin. Avivé. - 4. Braise. Samba. Eu. - 5. Rein. Grouillant. - 6. Sillon. S.E. Nui. 7. PP. Siennes. Mise. - 8. Ouste. Génépis. - 9. Scieuse. Blâmés. 10. Tet. Tordu. Corot. - 11. User. Etats. E.O. - 12. Géantes. Viaduc. - 13. Je. Laitages. Ors. - 14. Orient-Express. - 15. Benêt. Sels. Sein. Mots fléchés e T i r e m e n T s pièce de pleven b i u l e s verticalement 1. Permanente mais qui a tendance à défriser. - 2. Taxe sur le blé. Arme de pointe. Chemise à l’envers. - 3. Reconnaissance de propriété. Pris à ne pas tomber. Fait descendre dans un tube. - 4. Favorise les transports. Effectuer un rétablissement. - 5. Possédés en étant dépossédés. Voir sans voir. Entendu vieux. - 6. S’est rendue ridicule. Endroit exposé à tous les vents. Parti de l’Allemagne, il y est toujours. - 7. Fait cul sec en tenant la bouteille. Ont toutes les cartes en main. Il marche sur la tête. - 8. Petit pain. La guerre du feu. Incontinent. 9. Préparées à la fraise. Cité de source sûre. - 10. Entre dans la composition de l’air. Croisée dans une église. Blanc en neige. - 11. A la carte avec le gin. A dire vrai, on le vide. Nez de vedette. - 12. Trop populaire pour être du château. Les armes d’un général russe. - 13. Furieuse envie de boxer. Fait carrière dans le bâtiment. Favorise le retour à la terre. - 14. Fait une belle chute de reins. Un peu de sueur. - 15. Poétiquement verte. Prises de haut. Lettres suivent. b d p r i d e s u r x n e r a n n e n n m e n T o a T h i e r e n n e m i d e d a i o m e T e a d e r u a u v i n s k r o s e a e n k s o s i m i s horizontalement 1. Ils tournent de plus en plus pour la télévision. Pied grec. - 2. Perdu en chemin. Soutenir en appuyant. - 3. Indicateur du milieu. Réunion d’anciens combattants. Ne sert qu’à prendre du poids. Base d’échafaudage. - 4. Femmes qui se dépêchent. Mater affectueusement. - 5. Critique qui ne s’embarrasse pas. Chercher à obtenir une rallonge. - 6. Pots à or. Etre pour la libre circulation. Guide de l’Italie. - 7. Sont maintenues sous bonne garde. Impressions de voyages. Gros à gagner. - 8. Encaissement de liquide. Neuf de cœur. Passage à tabac. - 9. Cellule de réflexion. Bon avec raison. - 10. Touché. Arrive dans l’au-delà. Equipe de voile. - 11. Mortes pour Gogol. Ne fait pas la fine bouche. - 12. Faire des ronds sur le câble. Pâte sur une patte. Plis qui se repassent. - 13. Devance l’appel. Centre de relégation. Récolter du son. - 14. Nom de pipe. Repliée sur elle-même. - 15. Distingué sans plus. Elles mettent les bouchées doubles. d b Sudoku e 15 il faudra la prendre de force sujet n°1 en philo b b p i T i T e v u l o r e T e g r T r a e p e a g c o l i e T r a e y a m r d e a s s 14 duo romain r a c c i o r b m a p y l i l e i i r e m e u d e T n e i T T l e v u s a s s j e r s a a a b s u b e T * tendances | 39 jdd | 6 mars 2016 Mode : la saison des incubateurs Pendant la semaine des défilés, les jeunes créateurs espèrent se distinguer dans les concours de nouveaux talents tels que le prix LVMH. L’avenir de leur propre label est en jeu Charlotte langrand Le selfie du jury du prix LVMH, avec Marc Jacobs, Karl Lagerfeld, Carol Lim, Nicolas Ghesquière, Phoebe Philo. @Chalangrand La saison des incubateurs bat son plein. Pendant que les designers stars défilent à la fashion week, les jeunes créateurs, eux, courent les concours pour se faire connaître, en profitant des contacts et de la vitrine médiatique que leur offrent les différents prix de créateurs. De nombreuses collectivités ont leurs compétitions, comme le Grand Prix de la création de la Mairie de Paris, qui récompense un débutant (10.000 €) et un confirmé (16.000 €) ; les Maisons de mode de Lille-Roubaix (25.000 €) ou encore les Talents de mode, à Lyon (5.000 €). Sans compter le prestigieux prix de l’Andam, fondé en 1989, dont le premier lauréat fut l’iconique Maison Martin Margiela. Le lauréat de l’Andam repartira avec… un chèque de 250.000 € : de quoi créer en toute liberté. Pendant toute la fashion week et pour la huitième fois, le Designers Appartment de la Fédération française de la couture met aussi à l’honneur une dizaine de créateurs ayant une société en France : regroupés dans un même appartement parisien, ils exposent leurs collections à la presse et aux acheteurs invités par la Fédération. Cette année, Belle Ninon, Each x Other ou Y/Project auront la possibilité de montrer leur univers aux personnages clés de la mode. « Nous recrutons un candidat sur son talent, sa passion créative, son point de vue » Au même moment, un autre showroom a présenté ses semi-finalistes, ceux du prix LVMH, qui, pour sa troisième édition, poursuit sa sélection internationale de jeunes designers : France, Japon, Finlande, États-Unis, Iran… Les 23 candidats encore en lice auront le privilège d’échanger et d’être évalués par l’impressionnant casting du jury, composé des directeurs artistiques du groupe : Karl Lagerfeld (Fendi), Nicolas Ghesquière (Vuitton), Marc Jacobs, Phoebe Philo (Céline), Riccardo Tisci (Givenchy)… « Nous n’avons pas de critères de sélection préétablis, affirme Delphine Arnault, membre du jury, qui supervise le prix depuis sa création en 2013. Nous recrutons un candidat sur son talent, sa passion créative et son point de vue, qui permet de le distinguer. C’est très difficile aujourd’hui de percer en tant que jeune créa- MaRc JacOBs/ lVMH PRiZe PasCale Caussat Sans connaître son nom, on connaît son allure, à base de bijoux démesurés et de grosses lunettes rondes. On connaît aussi son âge, qu’aucune chirurgie ne saurait dissimuler. Iris Apfel a 94 ans et, comme elle le souligne elle-même, « il n’y a pas beaucoup de cover girls de mon âge ». Dix ans après une rétrospective au Metropolitan Museum of Art de New York, qui l’a sacrée icône de style, l’Américaine est à l’honneur au Bon Marché Rive gauche, à Paris, jusqu’au 16 avril. L’exposition « Iris in Paris » présente dix silhouettes inspirées par la capitale : Iris aux Tuileries, Iris aux puces, à l’Opéra… À chaque fois, l’ancienne rédactrice en chef de Women’s Wear Daily a composé des tenues à partir de sa collection personnelle. Elle a aussi conçu une ligne d’accessoires à son image, colliers en céramique, lunettes Mickael a. Bandassak/OMniVORe Gastronomie sans frontières teur. Il faut avoir quelque chose de différent, une façon unique de présenter son travail, être charismatique et avoir un univers. » Ces compétitions et leurs dotations providentielles, jusqu’à 300.000 € pour le vainqueur du prix LVMH, font office de béquille salvatrice dans une industrie de la mode qui laisse peu de latitude aux autodidactes sans le sou. Récompensant le talent de création en premier lieu, ces concours aident les designers à gagner la bataille de la réalité du métier, celle du développement de leur marque. Créer est une chose, devenir entrepreneur est une tout autre affaire. Les prix s’accompagnent souvent de la mise à disposition d’ateliers, d’espaces dédiés dans les salons et même d’accompagnement au développement économique et stratégique à moyen terme. Ainsi, le futur lauréat du prix LVMH, décerné le 16 juin, bénéficiera d’un mentorat d’un an avec une équipe de professionnels du groupe. « Cela aide les créateurs à répondre aux questions qu’ils se posent en matière de production ou à fixer le prix pour la commercialisation de leurs produits, explique Delphine Arnault. Les jeunes créateurs ont souvent des problèmes de trésorerie car ils ont besoin d’un fonds de roulement pour payer les tissus, les prototypes et la production avant de recevoir le paiement de la collection par les clients. Les 300.000 € aident à combler ces problèmes de trésorerie et parfois à embaucher pour consolider les équipes. » Les vaincus du concours en tirent au moins la possibilité de toucher du doigt le monde qu’ils rêvent d’intégrer, avec l’espoir de retenir l’attention d’une critique de mode influente ou d’échanger avec un créateur star. Comme ce jeune designer qui, l’année dernière, s’est vu offrir un chemisier par le grand Karl en personne… g L’œil fashion d’Iris Apfel Mannequin et icône de mode à 94 ans, la designer américaine présente sa conception du style dans l’exposition « Iris in Paris », au Bon Marché jusqu’au 16 avril Le village Omnivore à Paris rassemble le meilleur de la cuisine mondiale. XXL ou sac moelleux en laine de Mongolie. Alors que s’ouvrait la fashion week parisienne, l’excentrique vieille dame a traversé l’Atlantique pour inaugurer son exposition. « J’adore travailler, confie-t-elle de sa voix grave. Trop de personnes âgées se laissent aller. Il faut se secouer pour rester actif. » Si elle s’appuie sur une canne et est un peu dure d’oreille, Iris Apfel n’a pas sa langue dans sa poche. Il est vrai que l’ancienne designer d’intérieur n’a jamais cultivé l’oisiveté. Avec son mari, Carl, elle a fondé l’entreprise de textile Old World Weavers dans les années 1950, parcourant le monde pour dénicher des pièces issues de différentes cultures. « On peut se créer des milliers de tenues » De 1950 à 1992, elle s’est occupée de la décoration de la Maison-Blanche pour neuf présidents américains et leurs épouses. « Mme Nixon était passionnée par le textile, elle était ravie d’apprendre, se souvient-elle. Jacqueline Kennedy, elle, se contentait de passer commande. Mais on ne redécore pas la MaisonBlanche. Il faut respecter le style d’origine. » Inconditionnelle de Paris (« un plaisir pour les yeux et le palais »), elle aime chiner au marché Saint-Pierre. « Je suis une fabric freak, une toquée de tissus. » Depuis la mort de son époux, l’été dernier, Iris Apfel redouble même d’activité. Elle est la nouvelle ambassadrice de DS, la marque premium de Citroën, même si elle confie n’avoir jamais conduit de sa vie. Elle représente aussi la marque australienne Blue Illusion, travaille pour les bijoux Swarovski, les bracelets connectés Wisewear, la chaîne Home Shopping Network… « Je crois beaucoup aux accessoires sur des vêtements simples. Ainsi on peut se créer des milliers de tenues, assure-t-elle. Mais donner des conseils de mode dans l’abstrait n’a aucun intérêt. Tout dépend de la personne. Pour ma part, je suis à l’aise dans mon style. Je ne m’habille pas pour plaire aux gens mais parce que ça me plaît. » Iris Apfel a passé l’âge de faire les choses par obligation. On la comprend. g illustRatiOn ÉRic GiRiat devenu international, le festival omnivore est le cadre de rencontres entre chefs cuisiniers français et étrangers La gastronomie a son festival de Cannes. Un événement international où les chefs français partagent la vedette et la cuisine avec leurs homologues étrangers. Pour sa 11e édition, le festival Omnivore revient avec une programmation culinaire foisonnante faite de dîners à plusieurs mains, de démonstrations salées, sucrées et même liquides, avec des chefs stars (Marx, Pic, Piège, Couvreur…), des valeurs sûres (Grattard, Ledeuil, Berteau…), de jeunes cuisiniers prometteurs « à surveiller » (Farnesi, Garcia…), et des bartenders en grande forme. Avec toutes ces tendances confondues, ce festival sans classements ni étiquettes est logiquement devenu sans frontières. Voyageur, Omnivore a donné naissance à des éditions annuelles à Moscou, Shanghai, Montréal, Londres et Istanbul. « La France est trop autocentrée et pense que tout se passe chez elle, constate Luc Dubanchet, le fondateur. Notre festival est à l’opposé de cela. Nous accueillons tous les chefs, connus ou inconnus. La gastronomie française devrait se libérer de son patrimoine culinaire impérialiste, précieux mais trop lourd à porter, pour aller voir ce qui se passe ailleurs et échanger. » « La cuisine est un langage » Avec Omnivore, Luc Dubanchet aime à emmener les chefs dans ses valises pour organiser des rencontres entre cuisiniers de tous horizons. Aux côtés de nos toques hexagonales, on trouve dans la programmation 2016 des chefs québécois (Charles-Antoine Crête, Marc-Alexandre Mercier), mexicains (Eduardo García), brésiliens (Rafael Costa e Silva), hongkongais (Jowett Yu), etc. « La cuisine n’est pas une compétition ou un classement des meilleurs, poursuit le fondateur. C’est un langage universel, moderne et commun, pas seulement un hédonisme. » Cette année, le festival met à l’honneur la très méconnue gastronomie de Montréal et « sa culture hybride et magnifique, qui se fiche de savoir si elle est plus européenne que d’Amérique du Nord ». En attendant, peut-être, de voir s’implanter Omnivore en Amérique centrale, à Mexico. C.l. Maison de la Mutualité, Paris 5e. de 9 h 30 à 18 h. du dimanche au mardi. Passe journée 39 €; trois jours : 99 €. omnivore.com 40 | dimanchesport jdd|6 mars 2016 VaDiM VasiLYeV Alors que l’AS Monaco se dirige vers une place de dauphin du PSG, son vice-président s’interroge sur le mode de gouvernance de l’élite « Le foot français me rappelle l’Union soviétique » INTERVIEW DaMien buRnieR eT sTépHane JObY L Vadim Vasilyev, vendredi à l’hôtel Molitor, avant de se rendre à Caen où l’ASM a fait match nul (2-2). @initialsDB @JobyJdd a vitrine est moins clinquante mais Vadim Vasilyev garde ses petits plaisirs : « On a quand même la deuxième attaque derrière Paris. » Et Monaco fait un solide dauphin au classement, même si la manière reste sujette à caution. « Oui, moi aussi j’aimerais parfois un jeu plus excitant », admet du bout des lèvres le vice-président russe de l’ASM. Désormais bien installé dans le paysage, cet ancien diplomate a aussi d’autres souhaits, bien au-delà des contingences de son club. Éric dessons/Jdd près de trois ans après le retour en L1, le club est-il là où vous souhaitiez le mener ? Quand je suis arrivé en 2013, il y avait un déficit cumulé de 200 millions d’euros. Et cette saison, alors qu’on est 2e, on va faire des bénéfices pour la première fois. Le but n’est pas de gagner de l’argent, mais il faut au moins ne pas en perdre. Je suis donc très satisfait. La marque Monaco reste attractive et j’espère générer des recettes à l’international. J’étais récemment en Chine et on a senti de l’intérêt. On va mettre en place des opérations là-bas. Mais pour l’heure, la réalité est que sans transferts on n’arrive pas à l’équilibre. L’asM donne l’impression d’être d’abord une machine à spéculer… On n’a pas le choix. Imaginez que pendant une saison ou deux on garde tout le monde et on augmente les salaires. Si les résultats ne suivent pas, nous n’aurons plus les recettes de la Ligue des champions et le club tombera. Or, on a encore obtenu récemment un feu vert de la DNCG car tout est clair. Quant au fair-play financier, on a passé des accords. On paie une amende raisonnable, 1 million d’euros pendant trois ans. avez-vous hésité quand la proposition de Manchester united pour Martial (50 millions d’euros plus bonus) est arrivée ? Oui, car j’imaginais que la saison 2015-2016 serait la sienne. C’est pour ça qu’on avait prolongé son contrat en juillet. Les autres transferts étaient plus ou moins prévus, pas celui-là. Il y avait les chiffres, mais aussi le fait qu’Anthony m’ait dit : « Monsieur Vasilyev, c’est mon rêve d’enfant. » Si on tue ce rêve, on peut aussi perdre le gamin pendant plusieurs mois. Il m’a envoyé et dédicacé son premier maillot en me remerciant de lui avoir donné cette chance. La meilleure décision depuis que vous êtes aux commandes ? Le fait d’avoir compris à temps qu’il fallait changer le modèle économique dans le contexte du fair-play financier. Je suis très fier que l’équipe reste compétitive avec des finances assainies. Même si le bilan n’aurait sans doute pas été positif sans la vente de Martial. On a aussi investi 85 millions d’euros, dont une bonne partie auprès des clubs français, qui peuvent nous dire merci. un plafond d’achat a-t-il été institué ? Non. Pour preuve, on a fait une offre de 25 millions d’euros pour Alex Teixeira. Sans réussite L’épineux cas Mbappé « La négociation est un de mes points forts », a dit un jour Vadim Vasilyev. Aussi sourit-il quand on lui demande pourquoi il peine tant à faire signer un premier contrat pro à Kylian Mbappé, 17 ans et plus jeune buteur de l’histoire de l’ASM. « C’est vrai que j’ai ce dossier en main depuis quelques mois. Kylian est un joueur très talentueux qui, j’en suis sûr, ne peut pas trouver meilleur projet sportif que Monaco. » Si Vasilyev « préfère ne pas évoquer les négociations », qui portent notamment sur une forte prime à la signature, il se dit « optimiste ». La logique voudrait que le milieu offensif poursuive l’aventure avec son club formateur. D.b. puisqu’il a signé en Chine [en janvier, pour le double]. Je le dis avec humour mais la façon dont il est dirigé me rappelle On évoque l’intérêt du propriétaire un peu l’Union soviétique. C’est trop politisé. On n’a pas d’intérêts comDmitry Rybolovlev pour acquérir des muns. Il faudrait le gérer comme une parts du club anglais de Reading. entreprise et non à la manière d’un pour disposer d’un club satellite ? Grâce à nos succès et à la puisministère. Le système ne fonctionne sance de l’actionnaire, on a pas mal pas, avec un président de Ligue issu de propositions. Elles viennent d’un collège des indépendants, difféd’Angleterre mais rentes « familles » pas seulement. qui interviennent On réfléchit à la « Martial m’a dit : sur des sujets qui meilleure façon de ‘‘Monsieur Vasilyev, ne les concernent développer le propas directement. J’ai aussi lu la jet de l’AS Monaco. c’est mon rêve Aucune décision n’a d’enfant [d’aller charte : on ne peut encore été prise. pas sanctionner les à MU].” Il m’a pensez-vous que le joueurs. Ce sont des stars, qui gapsG vous considère dédicacé son gnent parfois des encore comme un premier maillot » millions, et ils sont rival dangereux ? On a aujourd’hui protégés. Mais il faut aussi protéun championnat à ger les clubs. Notamment quand deux vitesses. Il y a derrière le PSG un pays si riche [le Qatar] qu’on ne survient un cas comme celui dont peut pas le concurrencer. Mais la on a parlé récemment [Serge Aurier L1 a quand même de bons clubs au PSG]. Aucun club n’est à l’abri de comme Lyon ou Marseille, et il ça. Les joueurs ressemblent parfois faut réfléchir à la façon d’attirer des à des enfants gâtés. investisseurs et de développer le Votre favori pour le poste de directeur spectacle. Il y a différentes pistes. général de la Ligue, bientôt nommé ? Quand Monaco était attaqué pour Je ne veux pas porter préjudice ses avantages fiscaux, j’ai lancé, en à nos prochaines réunions. Mais il vain, l’idée d’un salary cap, comme faudra un professionnel et lui dondans les sports américains. Cela ner beaucoup de pouvoirs, comme permettrait d’avoir une compétiun vrai chef d’entreprise. Dans ce tion moins dépendante de l’argent. schéma, les clubs seraient comme Même si c’est difficile vu la concurdes actionnaires. Le modèle de la rence européenne. Premier League doit nous inspirer. Le football français est-il bien Nous ne sommes pas tous unis, mais je constate que les présidents de organisé ? club ont la volonté d’avancer. On est déjà en train de séparer les pouvoirs, avec un président de Ligue représentant du football français et un nouveau DG qui devra oxygéner son économie. Notamment pour le rendre plus attractif à l’international. En Angleterre, on joue à midi, 14 heures, 15 heures… En Asie, ils peuvent donc voir les matches. Alors qu’ils sont en pleine nuit lors de la plupart des matches de L1. Quel est l’apport de claude Makelele, directeur technique depuis janvier ? J’avais besoin de quelqu’un de très pro à mes côtés pour faire le lien entre le groupe et la direction. Car même s’il m’est arrivé d’intervenir pour mettre un peu de pression, je garde mes distances avec le vestiaire. Pour Claude, qui n’est pas quelqu’un de conflictuel, c’est un rôle nouveau mais ça marche. Même si c’est vrai que certains au club, comme Leonardo Jardim, ont été surpris de cette arrivée. Dans une biographie de Jorge Mendes (Talent sport), vous dites que votre relation va au-delà du plan professionnel… est-ce indispensable d’être proche de l’agent le plus influent ? Non, mais c’est vrai qu’il est devenu un ami. Ce qui ne nous empêche pas d’avoir des discussions très dures, et même des désaccords. Mais c’est quelqu’un de très sympa, toujours actif et qui tient sa parole. Il a toujours deux ou trois téléphones avec lui et m’appelle plus qu’il ne faut ! g football | sport | 41 jdd | 6 mars 2016 Paris, horizon Blues Paris Sg 0 Montpellier 0 Malgré le nul, Laurent Blanc est satisfait : il a géré son effectif comme il l’espérait. Ligue 1 Profondément remanié, le PSg a encore été accroché avant d’affronter Chelsea. Plus important : aucun nouveau pépin à déplorer MiCkaëL Caron Franck FiFe/aFP @CARONJDD Comme contre Lille (0-0) avant la réception de Chelsea à l’aller (2-1), le PSG a calé au Parc. À quatre jours du rendez-vous le plus attendu de la saison, ce vilain résultat face à Montpellier aurait pu contrarier Laurent Blanc. Au lieu de ça, l’entraîneur parisien a entamé sa brève allocution par une boutade. Intrigué par un téléphone filmant en direct sa conférence de presse, il a souri, dans une allusion à Serge Aurier : « Vous savez, je n’ai pas de très bons souvenirs avec les vidéos sur Internet ! » Sa façon de dédramatiser la performance fade de l’équipe B qu’il venait d’aligner. « Un match sans but, ce n’est pas extraordinaire pour les gens qui regardent mais je demande de l’indulgence pour nos jeunes [Nkunku, Kimpembe…] qui n’ont pas de repères collectifs. À part la victoire, tout s’est bien passé comme on l’avait prévu », at-il surpris, avant d’enfiler sa blouse blanche pour communiquer le bilan de santé de ses troupes, son unique préoccupation du soir. À l’heure du match, Blaise Matuidi recevait des soins au Camp des Loges. Blanc évoque « une dynamique positive » à propos de sa participation au huitième retour. En revanche, le diagnostic n’est pas plus rassurant pour Verratti, à l’arrêt depuis le 20 février. S’il considère que l’on s’inquiète pour « pas grand-chose », le coach parisien reste évasif. « On traite son inflammation, il va guérir. J’ai bon espoir de le revoir bientôt, mais sa blessure est délicate », souffle Blanc qui avait annoncé que l’Italien ne jouerait pas le match aller, avant de finalement le titulariser. Chelsea fatigué et contrarié Verratti avait rayonné. Sans lui, le milieu parisien ronronne. Javier Pastore pourrait combler ce vide. S’il n’était pas titulaire hier, l’Argentin pourrait l’être à Stamford Bridge. « C’est envisageable, confirme Blanc. On dirait qu’il est en pleine préparation de début de saison. Il n’a pas démarré contre Montpellier car nous voulons qu’il soit en pleine possession de ses moyens. » Pour le reste, ce n’est pas un 29e journée L’OGCN remonte sur le podium nice Germain (12e), Traoré (72e) Troyes Jean (26e) 2 1 MiLLe-Fa Nice avançait à la vitesse de ses retraités sur ses plages de galets, deux points en quatre journées. Un succès contre Troyes, le SMIC de la L1, les revoilà sur le podium. Le cousin Germain et le fréro Traoré ont fait le job. A l’heure de jeu, les reins des défenseurs de L1 ont grincé : blessé depuis un mois, Ben Arfa a fait son retour. angers Saint-Étienne Classement 0 0 J g n p bp bc diff. 1 Paris Sg 74 29 23 5 1 68 15 53 2 Monaco 51 29 13 12 4 42 32 10 3 nice 44 29 12 8 9 41 33 8 4 Caen 43 29 13 4 12 32 38 -6 Pts 5 Lyon 42 28 12 6 10 40 30 10 6 Saint-etienne 42 29 12 6 11 33 32 1 7 rennes 41 28 10 11 7 36 33 3 8 nantes 40 27 10 10 7 26 24 2 9 angers 39 29 10 9 10 29 29 0 10 Lorient 38 29 11 9 40 41 -1 9 11 Bastia 38 28 11 5 12 27 29 -2 12 Bordeaux 38 29 9 11 9 38 44 -6 13 Lille 37 29 8 13 8 23 23 0 14 Marseille 36 27 8 12 7 37 28 9 15 Montpellier 36 29 10 6 13 36 33 3 16 guingamp 32 28 8 8 12 33 40 -7 17 reims 13 32 41 -9 32 29 8 8 18 gazélec-ajaccio 29 28 6 11 11 29 39 -10 19 Toulouse 22 28 4 10 14 27 47 -20 20 Troyes 14 29 2 8 Bastia 0 Lorient 0 Lille 2 reims 0 Bordeaux 1 Vendredi Caen-Monaco 2-2 ajaccio 1 30e journée Lopes (63e) Eder (90e + 2) Diabaté (38e sp) Larbi (89 ) e aujourd’hui Rennes-Nantes Roazhon Park (17 h, beIN) Lyon-Guingamp Parc OL (21 h, Canal+) 19 21 59 -38 Meilleurs buteurs 23 buts : Ibrahimovic (PSG) ; 13 buts : Batshuayi (Marseille) ; 12 buts : Moukandjo (Lorient), Cavani (PSG) ; 11 buts : Ben Arfa (Nice) ; 10 buts : Lacazette (Lyon), Delort (Caen) ; 9 buts : Di Maria (PSG), Ben Yedder (Toulouse). Vendredi 11 mars : Monaco-Reims (20 h 30, beIN). Samedi 12 : Lorient-Marseille (17 h, Canal+). Montpellier-Nice; Guingamp-SaintÉtienne; Bastia-Lille; Toulouse-Bordeaux; Ajaccio-Caen (20 h, beIN). Dimanche 13 : Troyes-Paris SG (14 h, beIN et Canal+); NantesAngers (17 h, beIN); Rennes-Lyon (21 h, Canal+). soir à faire la fine bouche. Ça n’empêchera pas le PSG de rafler un quatrième titre consécutif, possiblement dès dimanche prochain à Troyes, en fonction du résultat de Monaco. Puis d’ajouter un trophée, voire deux, à la collection de coupes. Mais voilà longtemps que l’enjeu n’est plus national… L’observateur envoyé par Chelsea n’a rien vu car le PSG n’a rien montré. Un parfait stratagème. Dans le même temps, Guus Hiddink n’a pu se passer que de Fabregas car ses Blues n’ont aucune marge pour espérer chiper la quatrième place de la Premier League. N’empêche, chez eux, les Londoniens se sont laissés rejoindre par Stoke en fin de rencontre [1-1]. John Terry devrait encore manquer Paris. Fatigue et contrariété : c’est la double peine. Côté PSG, en comparaison des crises hivernales qui ont fait sa légende, la zone de turbulence traversée depuis dix jours prête à sourire : au-delà de l’affaire Aurier, entre parenthèses, ces deux matches sans victoire en L1, après le revers à Lyon (2-1), n’inquiètent personne, même si ce n’était plus arrivé depuis septembre, au moment où l’équipe se rodait. « On a bien joué et respecté les consignes du jeu, s’est satisfait Marquinhos. Toute l’équipe se sent bien. » Il faudra quand même montrer autre chose pour éliminer Chelsea, qui n’a plus perdu depuis que Mourinho a passé la main à Hiddink, il y a trois mois. Mercredi, Stamford Bridge peut devenir le tombeau du PSG, comme en 2014. Ou un marchepied vers le progrès, dans la lignée de l’an passé. La Ligue des champions est l’unique baromètre valable du QSG. Quart de finaliste ces trois dernières saisons, il ne peut en aucun cas s’arrêter en huitième sans que cela soit vu comme une régression. g La frayeur de Dupraz INTrONISé mardi à la tête d’un TFC mal en point, Pascal Dupraz a causé une belle frayeur à ses joueurs hier en début d’aprèsmidi. À la veille d’un premier déplacement sur la pelouse de l’OM, qu’il fignolait sur le terrain d’entraînement, le technicien a été victime d’un malaise, a révélé lequipe.fr. Suffisamment sérieux pour que les pompiers soient appelés et qu’ils décident de l’hospitaliser. Les dernières nouvelles étaient plutôt rassurantes : Dupraz devait passer la nuit en observation et sortir ce matin. Mais il ne sera pas du voyage à Marseille. Son adjoint, Mickaël Debève, le remplacera. Le 25 avril dernier, le Savoyard avait déjà subi une alerte cardiaque à l’issue d’ETG-Bastia, alors que son club luttait contre la relégation. Il avait vite récupéré, tenant normalement sa conférence de presse. Mais il a surtout été victime d’un infarctus en 2001. À Marseille, on est évidemment un peu plus serein, surtout après la qualification en demi-finale de Coupe de France cette semaine. Sauf que le syndrome du Vélodrome continue de peser : seulement deux victoires en treize matches. « C’est le moment le plus important de la saison, pose Michel. Notre sprint final commence, nous avons besoin de gagner. » g Marseille Stade Vélodrome (14 h, beIN) Toulouse * 42 | sport JDD | 6 mars 2016 Télex Football La vidéo déboule L’aide de la vidéo pour l’arbitrage a été autorisée en match à titre expérimental, à compter de la saison prochaine et pour au moins deux ans, a annoncé le Board, organe gardien des lois du jeu. La Fédération française de football s’est portée candidate pour mener l’expérience, comme une dizaine d’autres pays. Karim Benzema lors d’un déplacement avec le Real, le 16 février dernier. teleneWs/ePA/MAXPPP Benzema, l’étau se desserre SEXTAPE L’hypothèse d’un retour en Bleu avant l’Euro prend de plus en plus d’épaisseur SoLEN ChERRIER @SolenJDD Le 11 mars, Karim Benzema saura s’il peut bien côtoyer Mathieu Valbuena de nouveau. Vendredi, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Versailles a mis sa décision en délibéré, mais les indices sont positifs pour l’attaquant du Real Madrid : le parquet général ne s’oppose pas à la levée du contrôle judiciaire, l’avocat de Valbuena non plus. Les défenseurs de Benzema s’en sont réjouis. Me Alain Jakubowicz entend « blanchir » son client. Il a déjà porté plainte pour violation du secret de l’instruction et n’a pas manqué d’indiquer que c’est la juge d’instruction qui, de sa propre initiative, avait ordonné la levée partielle mi-février sans qu’il en fasse la demande. La FFF ne se précipitera pas forcément En l’état, le Madrilène n’est toujours pas sélectionnable en équipe de France, comme l’a rappelé Noël Le Graët cette semaine lors de sa tournée médiatique à 100 jours de l’Euro. Mais il devrait le redevenir. L’étau juridique se desserre autour de lui et certains échos laissent penser que ce n’est pas fini. Jusqu’à la requalification, avant la compétition, de son statut de mis en examen pour « complicité de tentative de chantage » et « participation à une association de malfaiteurs » à celui de témoin assisté ? Même ténue, l’hypothèse circule. Dans cette affaire de sex tape, la Fédération a choisi de manière assez commode de se ranger derrière la justice. Elle pourrait avancer qu’un joueur mis en examen est sélectionnable au nom de la présomption d’innocence ; cela a déjà été le cas de Benzema dans l’affaire Zahia. Mais elle pourrait aussi considérer que sa décision, qui prêtera forcément à la polémique, gagnera en poids si la situation judiciaire de Benzema s’éclaircit encore. La FFF ne se précipitera donc pas forcément si la levée du contrôle judiciaire est confirmée vendredi prochain. D’autant que la blessure à la cuisse de Benzema, qui devrait être encore indisponible pendant deux semaines, évacue la question de sa présence dans la prochaine liste de Didier Deschamps, le 17 mars (matches aux Pays-Bas le 25 et contre la Russie le 29). L’opinion publique est largement hostile à son retour ? Même au cœur de la tempête, Noël Le Graët a refusé d’accabler l’ancien Lyonnais, on l’imagine mal céder ou saisir la commission de discipline. Le sélectionneur, lui, est pragmatique. Il souhaite juste avoir la meilleure équipe. Et pour lui, c’est avec Benzema. g Kita et la taille du pénis INSoLITE Waldemar Kita, l’entrepreneur président du FC Nantes, s’est trouvé une nouvelle lubie, qui pourrait se révéler payante. Le produit de comblement des rides, qui a fait sa fortune avec la société Cornéal (vendue 170 millions d’euros en 2006), est aussi un traitement efficace pour… allonger la taille des pénis ! La pénoplastie permet de gagner quelques précieux centimètres grâce à l’injection d’acide hyaluronique, dont il s’est fait la spécialité et que commercialise sa nouvelle société Vivacy. Kita assure qu’aucun joueur des Canaris ne s’est porté volontaire pour tester le traitement, qui permettrait aussi de remédier à l’éjaculation précoce. « Mais je sais que des sportifs ont déjà essayé. Cela n’a rien de surprenant dans un milieu aussi macho », s’amuse le président nantais. Pour l’heure, il vise plutôt le marché asiatique. « Les Chinois sont très demandeurs, mais d’ici à dix ans la pratique entrera dans les mœurs, même ici », pronostique l’homme d’affaires francopolonais de 61 ans, qui vient de s’associer à un puissant investisseur de Hongkong. On pourrait bientôt apercevoir ce nouveau partenaire dans les tribunes de la Beaujoire… S.A. Leicester s’envole En Angleterre, Leicester a fait la très bonne affaire de la 29e journée en allant s’imposer (1-0) à Watford grâce à Riyad Marhez, pendant que Tottenham et Arsenal se séparaient sur un nul (2-2). Le leader accentue son avance sur les deux autres occupants du podium, respectivement à cinq et huit points. Ronaldo cartonne Grâce à son quadruplé avec le Real Madrid contre le Celta Vigo (7-1), Cristiano Ronaldo est devenu le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la Liga avec 252 buts (en 228 matches), derrière Lionel Messi, 305 buts (en 337 matches). Rugby/Top 14 Toulouse cale Incroyable dénouement entre Brive et Toulouse (21-21) lors de la 17e journée : alors que les Toulousains venaient d’inscrire un essai entre les poteaux dans les derniers instants du match, la transformation de Sébastien Bézy a été contrée par deux Brivistes qui se sont élancés au coup de sifflet de l’arbitre. Un fait de jeu très rare. Grenoble-Clermont 12-45 Brive-Toulouse 21-21 Racing 92-Agen 38-13 Pau-Stade Français 19-12 B.-Bègles-Oyonnax 46-20 Montpellier-Castres 22-19. Aujourd’hui : La Rochelle-Toulon (16 h 15, Canal +) Classement. 1. Racing 92, Clermont 53 pts ; 3. Toulon 51 ; 4. Bordeaux-Bègles 50 ; 5. Toulouse 46 ; 6. Montpellier 45 ; 7. Castres, Brives 38 ; 9. Grenoble 33 ; 10. La Rochelle 31 ; 11. Pau 28 ; 12. Stade Français 26 ; 14 Agen 15 ; 14. Oyonnax 14. Prêts pour une TENNIS Les Bleus ont dignement célébré le retour de de finale de Coupe Davis après leur démonstration DAMIEN BURNIER Dans ce France-Canada de rentrée, tout a été long, voire feuilletonesque. Le changement de capitaine, le choix du lieu d’organisation, le stage de préparation. Tout, sauf le match. Quel contraste entre la persistance des polémiques entourant le retour de Noah au capitanat et la sécheresse d’une rencontre pliée en deux temps, trois matches et neuf sets. En soi, c’est évidemment une bonne nouvelle. Le débrief sera positif et souriant, tout le contraire des explications qui avaient suivi l’élimination en Grande-Bretagne l’été dernier, en quart de finale. En attendant, la soirée promettait d’être douce et festive. Quoique, « par rapport aux Forget et Leconte, ils sont assez sérieux, les mecs », plaisantait Noah au micro de beIN, la qualification à peine en poche. Quatre balles de set sauvées Un peu de sérénité, voilà qui est toujours à prendre. Même si, il faut bien en convenir, on n’en attendait pas moins. Depuis l’annonce du forfait de Milos Raonic, récent demi-finaliste de l’Open d’Australie, l’histoire semblait déjà écrite. Sans compter celui de Daniel Nestor, pilier du double. Difficile dès lors de tirer de vrais enseignements de ce 3-0. Cela dit, la dernière fois qu’on avait donné partie gagnée à la France avant l’heure, en 2014 face à une Allemagne B voire C, les choses n’avaient pas été simples. Au soir des simples, à 0-2, la crispation irriguait les rangs. Noah avait alors envoyé un SMS mobilisateur à Arnaud Clément et la logique avait fini par prévaloir. Cette fois, pas de frayeur. Vendredi, Simon et Monfils ont tranquillement assuré. Le second, sous les regards énamourés de Baie-Mahault, en a profité pour étirer sa série d’invincibilité en Coupe Davis, qui remonte à la finale 2010 (défaite face à Djokovic). Devant Frank Dancevic (245e mondial), le risque était il est vrai limité. Hier, la paire TsongaGasquet a plié l’affaire avec moins de maîtrise (7-6, 6-1, 7-6 face à Pospisil-Bester), mais en se montrant Lavillenie plane Avec une barre à 6,03 m en salle à Jablonec (République Tchèque), Renaud Lavillenie s’est offert une nouvelle meilleure performance mondiale de la saison. « Un bon signe avant [les Mondiaux en salle de] Portland », apprécie le perchiste français. soudée et consistante sur les points importants. Comme sur ces quatre balles de premier set sauvées, dont trois de suite. Une fois libéré, le duo a fait parler sa supériorité, même si Tsonga ne s’est pas toujours montré saignant, notamment à la volée. « Quand on voit le premier set, c’est presque inespéré de gagner en trois », admettait Gasquet, seul homme sur le court à ne pas avoir été breaké. S’il faudra encore attendre pour réellement juger de l’impact de Noah, on peut déjà noter qu’il n’a rien perdu de son exubérance, quand bien même sa dernière campagne remontait à 1998. Pendant deux jours, on l’aura vu serrer énergiquement le poing des dizaines de Dave Brailsford : CYCLISME À l’heure de retrouver les routes françaises lors de Paris-Nice, le manager de Sky réclame la publication généralisée des données de puissance, sous l’égide de l’UCI MICKAËL CARoN Athlétisme Sous les yeux de Noah, le double Gasquet-Tsonga a arr @CARONJDD Sept mois ont passé depuis le Tour de France remporté pour la troisième fois par la formation britannique Sky. Pour Chris Froome, un deuxième maillot jaune conquis sous les crachats et l’urine lancés par quelques spectateurs haineux à l’égard d’une équipe qui a annihilé le suspense après une seule semaine de course. « Chris n’a jamais envisagé de tourner le dos à la France et nous non plus car c’est le cœur du cyclisme, assure aujourd’hui son patron, Dave Brailsford. Des individus ont com- mis des actes stupides mais le Tour, ce sont des millions de personnes. Nous tenons compte du contexte global. » À partir de ce matin, pour le prologue de Paris-Nice à ConflansSainte-Honorine (Yvelines), Sky retrouve les routes françaises et se lance dans une opération de séduction à l’égard des sceptiques. « Peut-être qu’une partie du public ne nous aime pas, reconnaît l’homme fort du cyclisme britannique. Nous sommes des passionnés mais on ne le montre pas encore assez bien. Il est possible d’être plus transparent sur notre travail et nos méthodes d’entraînement. » Froome a montré l’exemple. Le 7 décembre dernier, il a révélé au magazine américain Esquire ses données de puissance pendant la Grande Boucle, analysées par sport | 43 * jdd | 6 mars 2016 nouvelle saga Noah au poste de capitaine. Les voilà en quart face au Canada (3-0) aché le dernier point pour l’équipe de France. Antoine CouverCelle/tennis MAgAzine/PAnorAMiC fois, ou tapoter celui de ses ouailles face à la Suisse, Noah goûte ce début au changement de côté. Toujours de reconquête. Sans pour autant se jeune, Yannick. « J’ai encore le cœur barder de certitudes. « On repart renforcés. Je suis qui bat pour ce jeu que j’adore », dit-il. tellement heureux Les joueurs, « Je suis honoré et honoré d’avoir eux, sont déjà de la confiance des été bien reçu par conquis. Gasquet : les gars qui m’ont « C’était nouveau gars. Les liens sont fait confiance. Les et il y avait un peu maintenant créés » liens sont mainted’appréhension. nant créés. Mais Noah c’était juste un 1er L’avant-match a été différent, les mots tour, il ne faut pas le sont aussi. Mais trop en faire. » On Yannick dégage un tel charisme… » attend donc la suite. Ce sera miTsonga, plus imagé : « Il transforme juillet. Soit face à l’Allemagne, soit tout le négatif en positif. » Conscient en République tchèque. La seconde des mauvaises ondes qui entourent option tient la corde, la bande à Berl’équipe, surtout depuis la finale 2014 dych menant 2-1 à Hanovre. g BIATHLON Après son succès avec le relais mixte, le Français a remporté le sprint des championnats du monde. Prélude d’une semaine record ? Entre souverains, on se comprend. En s’adjugeant le sprint (10 km) des championnats du monde, Martin Fourcade a conquis le privilège d’une brève rencontre avec le roi de Norvège, Harald V, spectateur privilégié d’une compétition disputée sur son sol. « Je lui ai dit que je voulais revenir le plus souvent possible. Il m’a dit “oui, mais pas trop quand même” », a plaisanté Fourcade, parti pour gâcher les Mondiaux des sujets de Sa Majesté Harald. Déjà couronné avec le relais mixte tricolore jeudi, le Français a remporté, hier à Oslo, la première des quatre épreuves individuelles. « C’est génial, je suis super heureux, apprécie-t-il. Je n’avais pas gagné le sprint des Mondiaux depuis 2012. Pour moi, c’est vraiment le meilleur qui gagne cette course. C’est simple, c’est rapide. » À 27 ans, il a décroché son huitième sacre mondial, égalant son compatriote Raphaël Poirée. Il ne rejoindra sans doute jamais la légende Ole Einar Bjoerndalen, 19 titres, qui a pris, à 42 ans, la deuxième place, à près de 27 secondes de l’or. « Fourcade est actuellement le meilleur car il gagne tous les types de compétition, mais je ne crois pas qu’il faille comparer entre nos époques », a commenté le Norvégien. La poursuite, où Fourcade s’élancera en tête aujourd’hui grâce à son succès en sprint, le 20 km jeudi et la mass start dimanche prochain offriront néanmoins au Français l’occasion d’un exploit inédit : quatre titres, synonymes de grand chelem sur les épreuves La joie de Martin Fourcade après son 8e sacre mondial. JonAtHAn nACKstrAnD/AFP Fourcade au top individuelles. En 2012, Fourcade en avait conquis trois, record partagé avec Poirée (2004) et Bjoerndalen (2005 et 2009). Le relais hommes, samedi, peut encore enrichir sa moisson. Dorin-Habert en argent Le Pyrénéen refuse d’évoquer cette chasse au record, mais sa performance a parlé pour lui. Il a de nouveau surclassé la concurrence, confortant son ascendant psychologique. Preuve de sa confiance en lui, il a été l’un des rares favoris à décider de s’élancer dans le premier groupe, alors que Norvégiens et Al- lemands avaient choisi d’attendre en espérant profiter d’une glisse plus favorable. « Je voulais lancer ma course, ne pas me poser trop de questions, a-t-il justifié. Ce n’est pas parce qu’on est aux championnats du monde qu’il faut inventer des choses. Le biathlon, c’est simple. Si on tire dedans, la balle est dedans. Si on pousse fort sur les bâtons, on va vite. » Imparable. Marie Dorin-Habert ne le démentira pas. Vainqueur avec lui du relais mixte, elle a remporté l’argent hier au sprint individuel, à 15 secondes de la Norvégienne Tiril Eckhoff. S.CO. Hirscher dompte Pinturault SKI ALPIN Ces deux-là ne se quittent plus et ce n’est pas près de s’arrêter. À 27 et 24 ans, Marcel Hirscher et Alexis Pinturault incarnent non seulement le présent du ski mondial, mais tracent aussi ses perspectives. Hier, sur l’affiche de Kranjska Gora, l’Autrichien et le Français ont pris toute la place. Sauf que la conjoncture a évolué : alors que Pintu restait sur quatre éclatants succès en géant, il s’est fait doubler par celui qui reste le maître de la discipline sur l’exercice. Rien à regretter : ses deux manches ont été remarquables d’engagement (53 centièmes de retard au final). Le record national de 15 victoires en Coupe du monde, propriété de Killy, attendra encore un peu. En revanche, c’est la totale pour Hirscher : un petit globe en géant, donc, et surtout un cinquième gros globe de cristal d’affilée. Qui c’est le patron ? « Vu mes statistiques, c’est ma meilleure saison. Mais c’est aussi celle où j’ai le plus dû me battre, voire me débattre. » La menace première se nomme donc Pinturault, qui loue « la régularité impressionnante de Marcel, très souvent sur le podium même quand il ne gagne pas, y compris en super-G. » Mais le Norvégien Kristoffersen, deuxième du général à seulement 21 ans, s’affirme un peu plus. Il tentera même aujourd’hui dans la station slovène de s’adjuger le petit globe de slalom. En attendant, il se lève et applaudit : « Hirscher et Pinturault sont sans conteste les deux meilleurs coureurs du monde du moment. » D.B. « Il est possible d’être plus transparent » des experts indépendants. Une démarche totalement individuelle mais qui a donné une idée à Brailsford : dévoiler les chiffres de puissance, en course et à l’entraînement, tout au long de l’année. À une condition : ne pas être seul à le faire. Dave Brailsford et Christopher Froome, l’année dernière pendant le Tour. roDolPHe Réunion avec Cookson la veille de Milan-San Remo Pour concrétiser son projet, il a adressé un courrier à Brian Cookson, le président de l’Union cycliste internationale (UCI). Rendez-vous a été pris le 18 mars, à la veille de Milan-San Remo. « Depuis 2012, on m’a posé plus de questions sur les données de puissance qu’à n’importe quel autre patron d’équipe. C’est un aspect important de notre sport mais il ne doit pas reposer sur une seule personne ni une seule formation, regrette esCHer/ DivergenCe Pour le JDD Brailsford. L’UCI doit avoir un rôle de régulateur et mettre en place, avec la collaboration des équipes, le bon protocole. » Qui pourrait prendre la forme d’une publication périodique émanant de l’instance. L’ancien directeur de la performance à la fédération britannique espère ensuite réunir tous les patrons d’équipe pour discuter d’un accord. Il devine qu’il va se heurter à des résistances de la part de ceux qui craignent de révéler des informations cruciales à leurs concurrents. Il anticipe : « Si tout le monde est logé à la même enseigne, sous le contrôle de l’UCI, ce sera une garantie et un bond en avant. Il est temps de prendre les choses en main. » Brailsford prêche d’abord pour sa paroisse car il est celui qui a le plus à y gagner. L’an dernier, seule l’équipe Sky a été pressée de questions, parfois véhémentes, sur la puissance de Froome dans la montée de la Pierre-Saint-Martin, où s’est joué le Tour, comparable à celle de coureurs convaincus de dopage dans le passé. Il estime que si l’UCI fait ses propres mesures et les diffuse sitôt la fin de certaines épreuves ou étapes de montagne critiques, « Cela évitera que plein de gens essaient de calculer les puissances, les watts, de manière approximative. Toutes ces estimations ne sont pas bonnes pour le cyclisme. » Surtout quand ces calculs concluent que certaines performances, comme celles de Froome, seraient surhumaines. Depuis le début de l’année, l’UCI a davantage porté son attention sur un autre dossier prioritaire : les vélos à moteur. Alors, en attendant qu’émerge un accord sur la question épineuse des données de puissance, Sky espère enlever Paris-Nice pour la quatrième fois en cinq ans. Après les succès de Bradley Wiggins (2012) et Richie Porte (2013, 2015), c’est Geraint Thomas, 15e du Tour 2015, qui assumera le rôle de leader. Pendant ce temps, Froome se prépare en toute discrétion dans un camp d’entraînement en Afrique du Sud. g dimancheparis jdd | 6 mars 2016 Place de la Bastille. photos dr |i Place de la Nation. eXclusiF Le JDD dévoile les choix de la maire de Paris pour les sept lieux emblématiques de la capitale qu’elle entend réaménager. Entre sobriété et solutions radicales Sept places métamorphosées Bertrand Gréco S ept d’un coup ! Comme dans le conte des frères Grimm, Anne Hidalgo a décidé de s’attaquer à sept places parisiennes emblématiques d’ici à 2020 – quand son prédécesseur, Bertrand Delanoë, n’avait transformé que la place de la République. Ainsi, parfois de manière spectaculaire, Bastille, Nation, Panthéon, Italie, Madeleine, Gambetta et place des Fêtes s’apprêtent à changer de visage. Le JDD dévoile les choix de réaménagement retenus par la maire parmi différents scénarios envisagés lors de la phase de concertation. Avec un leitmotiv : réduire la surface dévolue aux voitures, pour la « rendre » aux piétons et cyclistes. « Ils gagneront 50 % d’espaces en moyenne », indique Christophe Najdovski (EELV), l’adjoint chargé de la voirie. L’entourage de l’édile annonce « l’acte III » de ces places, après leur conception, puis leur « invasion par le tout-automobile ». Malgré la radicalité de certaines mues, le mot d’ordre reste la « sobriété ». Restrictions budgétaires obligent, la maire n’a prévu qu’un budget de 30 millions d’euros pour les sept places, alors que la République reconfigurée en avait coûté 24 millions. « On n’est pas obligés de faire une Rolls Royce à chaque fois, admet dans un sourire Jean-Louis Missika (apparenté PS), adjoint chargé de l’urbanisme, qui précise : « On ne va pas tout casser, ni utiliser des matériaux onéreux. L’idée est de faire des lieux de vie, agréables et rééquilibrés, et pas seulement des lieux de passage. Aujourd’hui, les automobiles représentent 7 % des déplacements et 77 % d’occupation de l’espace public ! » Fini donc les concours d’architectes internationaux et les travaux pharaoniques. Des appels à candidatures seront lancés pour confier ces chantiers à des collectifs regroupants architectes, urbanistes, paysagistes et médiateurs, qui feront de la « coconception avec les habitants ». Une règle sera appliquée partout : la chaussée circulée ne devra jamais dépasser 12 m de large, afin de permettre les traversées piétonnes en un seul temps. Quant au trafic automobile, les ingénieurs de la direction de la voirie et des déplacements de la Ville assurent qu’il ne devrait pas – ou peu – en pâtir. « Ces giratoires sont aujourd’hui surdimensionnés. Il n’y aura pas de reports de circulation », estime Christophe Najdovski. À voir… b Place de la Bastille (4e-11e-12e) Le scénario retenu pour cette place de 140 m par 190 m consiste à rattacher le socle de la colonne de Juillet – qui porte Le Génie de Agrandissement des espaces piétons Zones de rencontre (circulation à 20 km/h) Aires piétonnes (autorisées aux seuls bus et taxis) Place du Panthéon. Place d’Italie. la Liberté – au bassin de l’Arsenal. L’actuel rond-point est donc supprimé. Révolutionnaire ! Seule une voie exclusivement réservée aux bus, taxis et vélos traversera ce vaste terre-plein piéton. Ce qui ne manquera pas de susciter l’ire des automobilistes. D’autant que les voies de circulation restantes ne seront pas mises en double sens comme à République. En revanche, les rues de Lyon et du Faubourg-Saint-Antoine pourraient passer en sens unique, avec bus à contresens. Quant aux rues de la Roquette et de la Bastille, elles seront limitées à 20 km/h. Sur Passages piétons Espaces à transformer (usages temporaires, artistiques, ludiques…) avec du mobilier urbain la place, plusieurs passages piétons sont prévus, facilitant la traversée est-ouest et la liaison avec le boulevard Richard-Lenoir au nord. Ainsi que l’accès à la colonne et à la crypte, qui doit ouvrir au public. d’ailleurs leur apparition. Et deux contre-allées, de part et d’autre de la mairie du 13e, se transformeront en « zones de rencontre », où les voitures ne peuvent rouler qu’au pas (20 km/h), le long des commerces. b Place de la nation (11e-12e) Les 5 hectares (250 m de diamètre) de l’ancienne place du Trône – puis du Trône-Renversé après la Révolution – vont sentir le vent du couperet. Le rond-point central doit être considérablement élargi, et végétalisé. Les huit files de circulation en giratoire (27 m de large) passeront à quatre (12 m). « Largement suffisant », juge la mairie. Une multitude de traversées piétonnes fleuriront pour accéder au square central, sa statue colossale (Le Triomphe de la République) et ses talus engazonnés. En périphérie, les terre-pleins seront également végétalisés et toutes les contreallées transformées en « zones de rencontre », avec circulation limitée à 20 km/h. Enfin, trois avenues radiales – de Bouvines, du Bel-Air et Dorian – doivent être piétonnisées à l’intérieur de la place monumentale. b Place de la Madeleine (8e) Les études de report de trafic n’étant pas bouclées, le choix n’est pas encore définitivement arbitré entre deux scénarios : soit deux files de circulation sont maintenues de chaque côté de l’église ; soit toutes les voies latérales sont piétonnisées (réservées aux seuls bus, taxis et livraisons). Une solution radicale. Quelques certitudes toutefois : les contre-allées disparaîtront le long des grilles, remplacées par des alignements d’arbres. Tous les trottoirs seront agrandis, ainsi que le parvis au nord, vers Saint-Lazare, de manière à accueillir des événements temporaires. Et la place-monument sera « désencombrée des mobiliers et édicules inutiles ». b Place du Panthéon (5e) Le monument des grands hommes sera « magnifié », grâce à la disparition de 60 % des parkings qui l’encerclent : 86 places de stationnement subsisteront côté immeubles ; mais les 117 emplacements supprimés le long des grilles deviendront une zone piétonne végétalisée. La grogne se fait déjà entendre. « Ce sera neutre, car les places supprimées sont compensées par une offre de stationnement résidentiel excédentaire en sous-sol », rétorque le cabinet d’Anne Hidalgo. Autre changement : la circulation automobile sera interdite – hormis pour les bus, taxis et livraisons – sur le tronçon reliant les rues Cujas et Valette, afin de créer un parvis devant la bibliothèque Sainte-Geneviève. b Place d’italie (13e) Au centre de ce cercle de 200 m de diamètre, le square sera élargi d’un anneau de 8 m, histoire de traverser à pied plus facilement. Trois nouveaux passages piétons feront b Place GaMBetta (20e) L’ambition est de redonner à cette place de 85 m de diamètre son « caractère vivant et animé », en élargissant tous les trottoirs périphériques, également végétalisés et désencombrés. Les contre-allées, limitées à 20 km/h, doivent être débarrassées des bus, puisque la rue du Japon, derrière la mairie du 20e, accueillera les terminus. Les rues alentour (Gâtines, Malte-Brun, de la Cour-des-Noues, du Cher) pourraient être réservées aux bus et taxis. b Place des Fêtes (19e) Le scénario choisi reprend les principes approuvés lors de la votation de décembre 2014 : le cœur de la place « rendu aux piétons » et végétalisé, l’éclairage amélioré, la pyramide controversée supprimée, ainsi que les circulations et stationnements illicites liés au marché trihebdomadaire. Tout autour, l’ensemble de la voirie sera réduit au profit des piétons, et les rues mises en zone 30. g lejdd.fr Retrouvez le portfolio des réaménagements prévus pour les sept places ii | paris JDD | 6 mars 2016 La Seine fragilisée par le réchauffement envIronneMent Le fleuve qui traverse Paris est non seulement menacé d’une crue géante mais aussi d’une diminution de 30 % de son débit d’ici à la fin de siècle à cause des changements climatiques. Les autorités lancent un plan d’action Hervé Guénot Depuis des années, Paris vit sous la menace de la fameuse crue centennale de la Seine, du type de celle de 1910. Pour se préparer à cette « inéluctable » montée des eaux qui devrait inonder une grande partie de l’Île-de-France, une simulation grandeur nature est organisée à partir de demain (lire l’encadré). Mais un autre risque, que l’on pourrait croire antinomique, pèse sur le fleuve : son débit pourrait baisser de 30 % ou plus d’ici à la fin de siècle, à cause du réchauffement climatique. Une hypothèse prise très au sérieux par les pouvoirs publics et les acteurs de l’eau. Jean-François Carenco, préfet coordonnateur de bassin de la Seine (également préfet de région), et François Sauvadet (UDI)*, président du Comité de bassin SeineNormandie, viennent de lancer l’élaboration d’un plan d’action. Objectif : faire face, à long terme, à ces modifications climatiques et à leurs conséquences. le plan de paris face aU dérèglement climatiqUe Les berges de l’île de Puteaux (92), où sont amarrées de nombreuses péniches habitées. François renault/PhotononstoP Photo M. Gibert, non contractuelle. Merci à Alain Cordier pour Hortus Gallery.com. « traduction » au niveau français. coulées de boue. « Cette baisse des « À partir de modèles à l’échelle Inondations débits entraînerait aussi une polluet coulées de boue tion accrue des eaux par une moindre mondiale, les scientifiques font des Les conséquences ? Avec la dilution des rejets des Parisiens. Ainsi, travaux de régionalisation ensuite hausse des températures, une à volume de pollution égal, avec un utilisés pour effectuer des simulations chute du débit des cours d’eau et débit des eaux amoindri, la concentrahydrologiques au niveau local », préune aggravation des étiages (niveau tion des pollutions sera plus élevée », cise Sarah Feuillette. À partir du 5e le plus bas des eaux) impliquerait souligne Sarah Feuillette, chef du rapport du Giec, le climatologue une diminution des nappes phréaservice prévisions et prospective à Julien Boé, qui travaille au Cerfacs tiques, une sécheresse des sols et l’Agence de l’eau Seine-Normandie. de Toulouse (Centre européen de une augmentation de l’évaporation. La base scientifique qui permet recherche et de formation avancée de tirer le signal d’alarme est issue En hiver, les pluies fortes, plus fréen calcul scientifique), a tiré quatre quentes et plus violentes, pourraient des travaux du Groupe d’experts scénarios hydrologiques pour le intergouvernemental sur l’évoprovoquer des inondations locales bassin de la Seine. « L’hypothèse la climat (Giec), et duleur par entraînant desHauteurlution moins sévère, à + 2 °C de hausse des LE ruissellement, JDD • Paris 3 • 148 x 150 mm • 1/4 de page • FU • Q •du Remise le 03/03/2016 • Parution 06/03/2016 pgi • BAG températures, entraînerait une baisse de 10 % du débit annuel en été, et 5 % en hiver. L’hypothèse la plus sévère (+ 4 °C) donne une baisse de 30 % des débits sur l’année », explique le chercheur du CNRS. L’hiver serait moins bousculé. « En été, on enregistrerait une diminution de 20 à 40 % suivant les scénarios », ajoute-t-il. Il convient toutefois de rester prudent sur les projections de précipitations les plus extrêmes. S’agissant des modèles mondiaux, il est difficile de modéliser la dynamique des nuages. Et plus on descend à une échelle régionale – la France, le bassin Seine-Normandie –, plus on cumule les incertitudes. « Privilégier les solutions naturelles » Que faire pour éviter le scénario catastrophe ? Deux réponses. L’une internationale : lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et donc l’augmentation des températures. L’autre locale : prendre des dispositions d’adaptation à l’échelle du bassin. « L’objectif de la COP21 – limiter à 2 °C la montée de températures d’ici à la fin de siècle – est essentiel pour endiguer la baisse des débits de la Seine », fait valoir Sarah Feuillette. Quant aux mesures à prendre à l’échelle du bassin, l’organisation se précise. François Sauvadet s’est officiellement engagé lors de la COP21 à mettre en place un plan d’adaptation : un comité de pilotage a été désigné. Le 31 mars, le Comité de bassin se il se décline en qUatre axes. 1. Lutter contre la chaleur estivale – quatre fois plus de jours à 30 ° d’ici à 2080 : ouvrir certains parcs et jardins 24 h/24 pendant les canicules, créer des « parcours fraîcheur »... 2. S’adapter : renforcer la présence de l’eau en ville – miroirs d’eau, baignades –, multiplier les végétalisations. 3. Accompagner les nouveaux modes de vie : aménager les horaires des équipements publics et les conditions de travail, encourager la solidarité envers les seniors... 4. veiller à l’approvisionnement en eau potable. « Paris est bien sécurisée, précise l’adjointe à la maire Célia Blauel (EELV). Pour la qualité, nous avons passé un accord avec 137 agriculteurs du territoire de La Vanne (Yonne) afin qu’ils réduisent l’usage des intrants ou mieux qu’ils se convertissent à l’agriculture bio. Quelque 4.000 ha sont déjà passés au bio. » réunira pour lancer les travaux, à partir de solutions éprouvées. Pour éviter que des pluies diluviennes donnent lieu à des inondations, on peut opter pour l’infiltration de l’eau au droit de la parcelle, limitant les ruissellements. On peut également restaurer des haies en milieu rural. Pour maîtriser les îlots de chaleur urbains, il faut végétaliser la ville. Ou encore réduire davantage la pollution à la source pour limiter d’autant sa concentration dans les cours d’eau. Voire aider la flore et la faune à s’adapter au réchauffement, par exemple, en permettant aux poissons de remonter vers des zones plus fraîches. Planter des arbres au bord des cours d’eau apporte de l’ombre et atténue les montées de températures. « Les scientifiques préconisent de privilégier les solutions naturelles et de fuir les mesures dites de “mal-adaptation” comme les climatiseurs pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, car ils utilisent de l’énergie et produisent des GES », remarque Sarah Feuillette. En fin d’année, les grandes lignes de ce plan d’adaptation du bassin Seine-Normandie devraient être arrêtées. Il y a urgence, même si l’enjeu porte sur le demi-siècle. g * également député et président du conseil départemental de Côte-d’or, où la Seine prend sa source. Une simUlation grandeUr natUre de la crUe dU siècle PARIS 3e * • PARIS 12e * • PARIS 7e * • PARIS 14 e * • PARIS 17e * • ATHIS-MONS • COIGNIÈRES • DOMUS C. CIAL (1) /ROSNY-S/BOIS • HERBLAY/MONTIGNY-LES-C.(1) ORGEVAL • SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS • SURESNES • VAL D’EUROPE C. CIAL/SERRIS • VERSAILLES*. (1) Magasin franchisé indépendant. OUVERTURES EXCEPTIONNELLES LES DIMANCHES 6, 13 ET 20 MARS (sauf * ouverts uniquement les 13 et 20 mars). le préfet d’Île-de-france et le préfet de police de Paris organisent dès demain et jusqu’au 18 mars une « simulation grandeur nature », baptisée EU Sequana 2016, afin de préparer la région aux risques d’une inondation d’ampleur. Une crue géante de la Seine est jugée « inéluctable » par les autorités. Dans un bassin de population qui abrite 12 millions d’habitants, un tiers de l’activité économique et les principaux lieux de décision, les dommages directs sont estimés à 30 milliards d’euros. Le PIB serait impacté de 2 points. Soutenue financièrement par la Commission européenne, l’opération EU Sequana 2016 va activer 90 opérateurs franciliens, publics ou privés. Mené également en Belgique, Espagne, Italie et République tchèque, l’exercice permettra de tester la coordination des différents acteurs de la gestion de crise, les chaînes de commandement, les plans de secours ou encore le déploiement des moyens sur le terrain. Dans le but de… limiter les dégâts. H.G paris | iii jdd | 6 mars 2016 Bonnes taBles auréLie Chaigneau la découverte de la semaine u Mulinu, pur maquis Du 100 % corse. À deux pas de la gare d’Austerlitz et du Jardin des Plantes siège U Mulinu, planque parisienne de l’île de Beauté : cave à vins, murs en pierres, petites tables installées dans une salle tout en longueur qui se termine sur un bar et une pièce pour les copains, quand ils ont envie de chanter, voire de jouer un morceau de guitare. Plutôt entraînant. Dans les assiettes, du corse pur maquis : un bon velouté de potiron cuit à l’os de prizuttu et brisures de châtaignes (12 €) et un carpaccio de coppa 6,5/10 au salinu, miel, tomme, huile de noisette, roquette (12,50 €). Ensuite, cap (Corse) sur une cuisine des familles mijotée : statufo de « veau tigre » aux olives et pommes de terre fondantes (23 €) ou encore des linguine de langoustines et leur bisque (24 €). Généreux et plein de saveurs. Service aux petits soins. Clientèle jeunette et enjouée. Escale corse près du Jardin des Plantes, dans la cave accueillante d’U Mulinu. U Mulinu, 28, boulevard de l’Hôpital (5e). Fermé dimanche. Tarifs : à la carte, 44 à 50 € (hb). Tél. : 01 43 37 78 76. Lewis JOLY POUR Le JDD Lewis JOLY POUR Le JDD l’adresse du dimanche retour chez… Le Camion qui fume, burgers en mezzanine Attention, Le Camion qui fume, le food truck qui distribue ses burgers de compét’ aux quatre coins de Paris, est entré dans un mur. Celui d’un immeuble de la rue Montmartre. C’est donc désormais assis, dans un décor à l’américaine sur deux niveaux, avec des néons au plafond, le tout derrière d’immenses baies vitrées, que l’on peut donner libre cours à ses envies carnivores. Pour cela, il vous faudra affronter la longue file d’attente d’addicts avant de vous installer perchés sur la mezzanine. Et à vous les burgers ! 6,5/10 À manger avec les doigts. Classique, Barbecue, Bleu, Californie ou même Végétarien… Les mêmes que dans la rue, généreux, viande juteuse, pain chaud… Et à chaque fois servis avec frites maison, coleslaw ou alors pour les aventuriers, des chili cheese fries au cheddar et crème fraîche. Tout est bon dans le camion. Le Camion qui fume, 168, rue Montmartre (2e). Pas de réservation. Tarifs : burger 8,90 € ; menus entre 10,90 et 14,90 €. lecamionquifume.com. Filakia, à l’heure grecque Le souvlaki, c’est le sandwich en Grèce. Ici, il est à croquer dans un décor épuré – pierres apparentes et tables blanches – plutôt… scandinave. Qu’importe, à chacun son souvlaki : agneau grillé en brochette et crème d’olive Kalamata (9 €) ; beignets de courgette et féta aux herbes (7 €) ; bifteki de bœuf haché, cumin et oignon (9 €). Toujours servi dans une pita avec des petits légumes, du jus de viande et de la sauce 7/10 au yaourt. Tendre, savoureux. Du souvlaki cuisiné, mijoté, réconfort. À aimer avec des pommes de terre confites au citron ou alors des frites (3 €). Sur place ou à emporter. Et on embarque un cake citron meringué pour son goûter. Filakia, 9, rue Mandar (2e). De 11 h 30 à 15 h et de 18 h 30 à 22 h 30 ; service continu le samedi ; fermé le dimanche. Tarifs : formules de 11,90 € à 15,90 €. Tél. : 01 42 21 42 88. iV | Paris | que faire aujourd’hui JDD | 6 mars 2016 En famille À l’extérieur À l’intérieur Plein air CouP de Cœur gratuit dernier jour Cortège festif tatoués et ambianCe roCk à vous Le Centre PomPidou ! trésors d’égyPte parce que c’est le Carnaval des femmes et que l’on peut défiler en costume de reine. Le circuit effectue une boucle entre la place du Châtelet et la place de l’Hôtel-de-Ville. Place du Châtelet (1er), M° Châtelet. De 13 h à 18 h. Gratuit. carnaval-des-femmes.org parce que c’est l’occasion de rencontrer 350 tatoueurs au Mondial du tatouage. Concours, concerts, exposition de guitares Fender et hommage au dessinateur Coyote. parce que Beaubourg ouvre ses portes à tous les publics. Pour écouter un concert live face aux œuvres, investir les coursives du musée et découvrir la vue sur Paris avec des comédiens... Une journée exceptionnelle. Centre Pompidou (4e), M° Rambuteau. De 11 h à 21 h. Gratuit. centrepompidou.fr parce que l’on peut découvrir des trésors engloutis dans la mer au VIIe siècle : statues, instruments rituels et autres vestiges de la cérémonie des mystères d’Osiris. Institut du monde arabe (5e), M° Jussieu. De 10 h à 20 h. Tarifs : 15,50 €, 10,50 € (réduit). imarabe.org 17e Opéra rOck Grande Halle de la Villette (19e), M° Portede-Pantin. De 11 h 30 à 19 h. Tarifs : 27 €, 18 € (réduit). mondialdutatouage.com 3e Palais des Congrès, M° Porte-Maillot. Groupe phare de la scène metal américaine, Dream Theater est en tournée pour présenter son dernier opus, The Astonishing, un grandiloquent opéra rock progressif. À 18 h. Tarifs : de 52 € à 91 €. viparis.com Design et inventiOn Musée des Arts et Métiers, M° Arts-et-Métiers. À travers une centaine d’objets de notre quotidien, l’expo « Inventions/Design » met en lumière le rapport entre le travail de l’inventeur et celui du designer. De la simple ampoule à des pièces plus étonnantes, comme un drone dépollueur des mers. Dernier jour. 8e phOtOs De verDun 4e Rond-Point des Champs-Élysées, M° Champs-ElyséesClemenceau. Dans le cadre du centenaire de la bataille de Verdun, qui a marqué la Première Guerre mondiale, une exposition de travaux de photographes contemporains sur les lieux du champ de bataille désormais pacifié. 24 h/24. Gratuit. centenaire.org De 10 h à 18 h. Tarifs : 8 €, 5,50 € (réduit). arts-et-metiers.net 13e Art ludique, M° Gare-d’Austerlitz. Parce que le jeu vidéo est aussi une démarche artistique, l’exposition « L’Art dans le jeu vidéo » présente 800 œuvres de créateurs ayant participé à l’élaboration de jeux. Esquisses, aquarelles, tableaux animés, installations, etc. Dernier jour. 19e De 10 h à 20 h. Tarifs : 15,50 €, 12,50 € (réduit). artludique.com 15 JOnglage et électrO Espace chapiteaux, la Villette, M° Porte-de-la-Villette. Rencontre entre le duo de jongleurs du cirque Bang Bang et le groupe d’électro Zombie Zombie. Ils ont créé ensemble le spectacle Slow Futur, réflexion poétique autour du temps et du mouvement dans le cadre du festival Villette en cirques. À 16 h. Tarifs : 20 €, 16 € (réduit). lavillette.com la plus granDe ferme De france Parc des expositions, M° Porte-de-Versailles. Dernier jour pour aller à la rencontre des 1.000 éleveurs et de leurs 2.500 bêtes au Salon de l’agriculture. Les pratiques citoyennes dans l’alimentation et l’agriculture sont au cœur de cette nouvelle édition. 12e De 9 h à 19 h. Tarifs : 13 €, 6 € (– 12 ans). salon-agriculture.com 7e affiches pOlitiques Cour d’honneur des Invalides, M° Invalides. Une sélection d’affiches des années 1970 aux années 1990 est présentée à l’exposition « Internationales graphiques ». Plongée dans l’histoire politique de la période (guerre du Vietnam, apartheid…) mise en valeur par des illustrateurs de talent. 10, rue de Turenne, M° Saint-Paul. Nos aînées sont à l’honneur à l’occasion de l’événement I love my grand-mère. Ateliers d’échanges de savoir-faire intergénérationnel dans les domaines de la cuisine, de la mode, de la danse, de la déco, etc. Également, une expo photo de portraits de grands-mères. De 14 h à 19 h. Gratuit. ilovemagrandmere.fr art et Jeu viDéO e vive les granDs-mères ! Danse hip-hOp AccorHotels Arena, M° Bercy. Les meilleurs danseurs de hip-hop du monde entier s’affrontent lors du concours Juste debout. Des concurrents à suivre dans les catégories hip-hop, house, popping, locking, experimental et dancehall. À partir de 14 h. Tarif : 30 €. juste-debout.com 5e BrOcante Place Jussieu, M° Jussieu. Une centaine d’exposants en tout genre, professionnels et particuliers, sont attendus pour une brocante place Jussieu. De 8 h à 18 h. Gratuit. francebraderie.com De 10 h à 17 h. Tarifs : 5 €, 3 € (réduit). internationalesgraphiques.tumblr.com 20e Bal Brésilien La Bellevilloise, M° Gambetta. Soirée 100 % brésilienne. Pour commencer, un cour de forró, puis un concert de samba jazz avec le saxophoniste Ademir Junior. Enfin, place au bal animé par un orchestre de musique forró suivi d’un DJ set. À 19 h. Tarif : 12 €. labellevilloise.com en ÎLe-de-franCe 78 92 93 94 94 festival De cirque a BOrD De l’Orient-express éluarD et picassO pique-nique artistique viDe-greniers À 11 h et 15 h 30. Tarifs : 12 €, 7 € (réduit). lesmureaux.fr De 14 h 30 à 18 h 30. Gratuit. meudon.fr De 14 h à 18 h 30. Tarifs : 5 €, 3 € (réduit). musee-saint-denis.com De 12 h à 19 h. Tarifs : 5 €, 2,50 € (réduit). macval.fr À partir de 8 h. Gratuit. Parc du Sautour, Les Mureaux. Fauves, éléphants, acrobates, jongleurs et clowns au programme des numéros du Festival international du cirque des Mureaux. Une quinzaine de troupes participent à l’événement. Le tarif de la séance de 15 h 30 est majoré de 2 €. Centre d’art et de culture, Meudon. Retour sur l’histoire de l’Orient-Express. L’exposition « De Meudon à Istanbul, l’épopée de l’Orient-Express » raconte l’histoire de ce train mythique à travers une série d’objets de collection, de photos, ainsi que la reconstitution d’un wagon d’époque. Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis. L’exposition « Éluard/Picasso : une amitié créatrice » revient sur la relation amicale et artistique entre l’écrivain et le plasticien. Créations littéraires, portraits, cadavres exquis et poèmes jalonnent le parcours. MacVal, Vitry-sur-Seine. Pour le dernier jour de l’exposition « Seven Corridors », la création de François Morellet, installée dans un espace de 1.300 m², vous accueille pour un pique-nique. À 15 h 30 et 17 h, performance théâtrale et sonore. Villejuif et Champigny-sur-Marne. Deux vide-greniers d’importance aujourd’hui dans le Val-de-Marne. Quelque 400 exposants attendus sur le parking de Carrefour, avenue de Stalingrad, à Villejuif. Également, 300 exposants au parc du Tremblay, à Champigny-sur-Marne.
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