Le Journal du Dimanche 10 Janvier 2016
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Le Journal du Dimanche 10 Janvier 2016
www.lejdd.fr I 10 janvier 2016 I N° 3600 I 2 € (JDD + Version Femina) « Sur l’alcool, la loi Santé est un échec » Les accusations de l’ancien ministre Claude évin Goutte-d’or Pages 14-15 Les étranges voyages du mystérieux terroriste Page 12 Plan EmPloi M 00851 - 3600 - F: 2,00 E 3’:HIKKSF=VUWUUU:?n@g@a@a@k"; La lettre ouverte des patrons au Président Exclusif JDD b SoS chômage : les grandes organisations de chefs d’entreprise réclament « une loi d’urgence audacieuse » et un nouveau contrat de travail plus souple Pages 2-3 François Hollande, jeudi, à Paris. Martin Bureau/aFP NoAh BERgER / AFP JEAN-PAUL PELISSIER PoUR LE JDD WANg gANg/SIPA ASIA/SIPA gERARD JULIEN/AFP Christian Estrosi Emmanuel macron Crise chinoise Zinédine Zidane Pages 6-7 Page 17 Page 18 Page 36 Favorable à « la déchéance pour tous » France métropolitaine : 2 € Représentant à Las Vegas de la French Tech Cette fièvre est-elle contagieuse ? Début royal à la tête de la Maison blanche 2| L’événement jdd | 10 janvier 2016 EXCLUSIF Le JDD publie la lettre ouverte au chef de l’État des grands dirigeants de société. Ils appellent à « une mobilisation générale » pour l’emploi Les patrons pressent Hollande d’agir C NICoLaS PrISSEttE @NicolasPri7 ’est la dernière chance. Il reste une semaine. François Hollande doit livrer le 18 janvier l’ultime plan pour l’emploi de son quinquennat. Au moment où l’Élysée planche sur les arbitrages, les principales organisations de chefs d’entreprise lui adressent une lettre ouverte que le JDD publie en exclusivité. Les patrons proposent des mesures d’urgence, ils en appellent au soutien de « l’ensemble des partis politiques » et à « une mobilisation générale » dans un esprit d’unité nationale. Cette initiative rare unit le Medef, l’Association française des entreprises pri- vées (Afep), qui compte les 115 plus grandes multinationales du pays, CroissancePlus, Ethic, EDC (patronat chrétien), le Cercle de l’industrie et le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire. Réforme du contrat de travail, suppression des charges dans les petites sociétés, autoentreprise… Les signataires – qui représentent la majeure partie de l’économie française – ont ciblé cinq propositions, « un socle minimal », selon eux, touchant à l’embauche et au coût du travail. Ils espèrent que le chef de l’État ne se bornera pas à des effets d’annonce. « Hollande a promis un plan, mais il y a un risque de se retrouver avec des mesurettes. Il n’y aura pas d’autre occasion d’agir en profondeur avant 2017 », pointe un haut responsable patronal. La batterie de mesures ne devrait pas susciter d’opposition à droite, où l’on préconise en outre de revoir les 35 heures et de supprimer les seuils sociaux. À gauche, le PS n’a pas cessé depuis 2012 de dénoncer « une surenchère patronale ». Parmi les dispositifs, la création d’un « contrat de travail agile » est le plus sensible. Les syndicats y sont hostiles. Par le passé, le gouvernement a retoqué cette mesure. La promotion de « nouvelles formes d’activités indépendantes » fait aussi débat. Les signataires de la lettre ouverte devraient rencontrer un écho plus favorable sur d’autres points : la suppression de cotisations patronales et l’instauration d’un barème aux prud’hommes. À seize mois de l’élection présidentielle, François Hollande s’apprête à prendre les dernières mesures dont l’efficacité sera visible, ou pas, avant le scrutin de 2017. Le président de la République en a tracé les grandes lignes lors de ses vœux à la télévision. Il espère enfin l’inversion de la courbe du chômage, dont il a fait une condition de sa candidature. Le nombre de demandeurs d’emploi peine à décroître malgré les dispositifs déjà pris, notamment le pacte de responsabilité, et en dépit d’une conjoncture très favorable sur les prix du pétrole, le dollar et les taux d’intérêt. Selon l’Insee, le taux de chômage reculerait seulement de 0,1 % d’ici à fin juin. g Ce que prépare le Président FRANÇOIS HOLLANDE a dévoilé une partie de ses mesures pour l’emploi lors de ses vœux télévisés. Leur mise en œuvre reste à préciser. b 500.000 FormatIoNS PoUr LES ChômEUrS Les organismes de formation ont reçu l’an dernier environ 680.000 chômeurs, inscrits ou non à Pôle emploi. François Hollande veut en former 500.000 supplémentaires. Il a demandé à Bercy de dégager l’enveloppe nécessaire au financement, sachant que les Régions – qui payent la moitié des formations – devraient aussi être sollicitées. Xavier Bertrand (NordPicardie), reçu par Manuel Valls jeudi, a obtenu qu’elles pilotent par expérimentation la politique de Pôle emploi. En moyenne, plus d’un chômeur formé sur deux retrouve un poste dans les six mois, contre un sur trois en l’absence de formation. Mais rien ne dit que les organismes formateurs soient en capacité d’accueillir une hausse de 71 % des effectifs. Tout en saluant cette initiative, les experts du patronat n’y croient pas, et le président du Sénat Gérard Larcher (LR), fin connaisseur du système, non plus. Au contraire, Yvan Ricordeau, le « M. Formation » de la CFDT, estime qu’il est possible d’atteindre l’objectif présidentiel à condition que tous les organismes se mobilisent au maximum. mentaires, formation… soit environ 10 % de la feuille de paie. L’État les prendrait à son compte, pour tout ou partie, dans une durée qui reste à préciser. b aPPrENtISSagE Le gouvernement entend donner un coup d’accélérateur à l’apprentissage, dont les effectifs ont interrompu leur chute l’an dernier. L’idée est d’élargir l’accès aux 120 formations en entreprise, peu connues, appelées « titres du ministère du Travail », qui se distinguent des lycées professionnels et des organismes, et sont gérées par les partenaires sociaux. Cette filière qui accueille 100.000 jeunes de moins de 26 ans par an sera rendue accessible à tout moment de l’année, de sorte que les élèves sortis du système scolaire sans diplôme à l’été puissent l’intégrer sans devoir attendre la rentrée suivante. b LoI EL KhomrI La ministre du Travail Myriam El Khomri prépare une loi, qui sera présentée en conseil des miL’exécutif planche nistres le 9 mars, notamment sur une exonération visant à réformer le Code de cotisations du travail. Son texte va surtout patronales pour rationnaliser les l’embauche d’un négociations entre salarié par une très patronat et syndicats au niveau des petite entreprise entreprises et des branches. Mais il à un salaire touchera aussi aux proche du smic 125 pages régissant le temps de travail (35 heures et congés). Les partenaires sociaux seront autorisés à mettre en œuvre de nouveaux assouplissements. Jusqu’où ? Le gouvernement n’a b EXoNératIoN dE ChargES pas donné de détails. L’exécutif planche sur une exoCette loi doit également fixer nération de cotisations patronales un barème aux indemnités dues pour l’embauche d’un salarié par par les employeurs condamnés aux une très petite entreprise à un saPrud’hommes pour licenciement laire proche du smic. Le dispositif abusif. Cette mesure, attendue actuel d’allègement de charges a par les chefs d’entreprise, figurait certes éliminé les cotisations à la dans la loi Macron, mais le Conseil Sécurité sociale sur les plus bas constitutionnel l’a censurée car le salaires, mais il reste des versements dispositif établissait un distinguo – obligatoires à d’autres caisses : assuinterdit – entre petites et grandes rance-chômage, retraites complésociétés. g Le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre du Travail, Myriam El Khomri, après une réunion à l’Élysée. CHAMUSSY/SIPA Valls contre-attaque Au MILIEu d’une séquence houleuse sur la déchéance de nationalité, Manuel Valls entame une série de rendez-vous économiques et sociaux. Le Premier ministre entend reprendre son leadership réformiste là où Emmanuel Macron a pris la lumière. Il reçoit demain à Matignon, avec Myriam El Khomri, les syndicats et le patronat au cours d’une journée marathon pour recueillir leurs idées en matière d’emploi, une semaine avant le discours de François Hollande. Le chef du gouvernement devrait confier à sa jeune ministre du Travail les mesures sociales ini- tialement prévues dans la loi « Macron 2 » – texte qui n’est plus assuré de voir le jour. une mesure de précaution, dit-on au sein de l’exécutif, sachant que, le cas échéant, le gouvernement ne pourra utiliser le 49-3 qu’une seule fois d’ici à juillet pour le faire passer. Le Premier ministre va passer deux jours à Davos Manuel Valls va occuper le terrain. Il recevra jeudi trois présidents de région pour négocier leur financement du futur plan de formation des chômeurs. Vendredi, il inaugurera la nouvelle usine d’huile Lesieur à Bassens, près de Bordeaux, accompagné de Stéphane Le Foll et d’Alain Juppé. Le géant agroalimentaire Avril (exSofiprotéol) y a investi 31 millions d’euros. Le président du groupe n’est autre que Xavier Beulin, patron de la FNSEA, le syndicat majoritaire des agriculteurs. Point d’orgue, il se rendra les 20 et 21 janvier au forum de Davos, en Suisse, considéré à la gauche du PS comme un temple du libéralisme. Deux jours, une première pour un chef de gouvernement français. Le cabinet du ministre de l’Économie envisage aussi un déplacement dans les Grisons. N.P. avec Marie Nicot Macron-Gattaz, l’escapade américaine MERCREDI SOIR à Las Vegas, Pierre Gattaz entame son discours au salon mondial de la high-tech par un « France is back ! ». Quelques instants plus tard, Emmanuel Macron lui succède au micro et lance la même phrase. Le patron du Medef et le ministre de l’Économie ont affiché une image d’unité cette semaine aux États-unis, où ils se sont retrouvés dans la capitale du jeu puis en Californie. «L’idée, c’est de montrer la France unie. Tout le monde a parfaitement joué le jeu», confie Macron à la fin du séjour. « L’équipe de France joue ensemble, les entrepreneurs que je représente et Emmanuel Macron au nom du gouvernement, renchérit Gattaz. C’est le message que nous avons passé aux Américains, qui y sont très sensibles. Mais attention, il ne faut pas les décevoir. » Un brunch dans la Silicon valley Les deux hommes se sont longuement parlé vendredi après un brunch organisé dans un grand hôtel de la Silicon Valley avec des investisseurs en capital-risque. Le président du Medef a plaidé discrètement auprès du ministre, qu’il apprécie, en faveur de ses revendications pour l’emploi. Ils se sont revus à la réception avec la communauté française à la résidence de France de San Francisco – où s’est rendue Ségolène Royal – et enfin lors d’un dîner offert par John Chambers, le patron de l’équipementier informatique Cisco. Ils ont été « très complémentaires, consensuels, une vraie opération de charme qui a fonctionné auprès des investisseurs », témoigne le sénateur-maire d’Angers Christophe Béchu (LR). Cette nuit, ils devaient reprendre le même vol pour Paris. Emmanuel Macron met la dernière main à ses mesures pour doper l’activité économique, qu’il promet de présenter bientôt, quel que soit leur aiguillage législatif ou réglementaire. N.P. l’événement | 3 jdd | 10 janvier 2016 Laurent Bataille, président des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus élizabeth Ducottet, coprésidente du Meti Pierre Gattaz, président du Medef Sophie de Menthon, présidente d’Ethic Philippe d’Ornano, coprésident du Meti Pierre Pringuet, président de l’Association française des entreprises privées Philippe Varin, président du Cercle de l’industrie « Faciliter la création d’emplois exige de passer d’une “gestion sociale du chômage” à une “politique économique pour l’emploi” » Photos : Francois BoUchon ; haMiLton/ rEa ; V. isorE/iP3 ; r. MEiGnEUX/siPa ; iBo/siPa ; t. PadiLLa/MaXPPP « Pour un plan d’urgence audacieux pour l’emploi » L es entreprises de toutes tailles et de tous secteurs appellent à des mesures d’urgence pour l’emploi, adoptées en procédure d’urgence, afin de débloquer l’embauche. Ces mesures, appelées par l’ensemble du monde économique et soutenues par l’ensemble des partis politiques signeraient enfin la mobilisation générale contre le chômage. La situation actuelle reste celle d’une dégradation continue sur le front de l’emploi. Tant que les mesures nécessaires ne seront pas prises pour lever les freins à l’embauche, les chiffres du chômage resteront à la peine. Faciliter la création d’emplois exige de passer d’une « gestion sociale du chômage » à une « politique économique pour l’emploi ». Nous demandons en conséquence l’adoption d’une loi d’urgence, permettant de mettre en œuvre dès le premier trimestre 2016 plusieurs mesures essentielles, qui constitueraient au travers d’un premier train de mesures un socle minimal pour débloquer la situation de l’emploi : Une sécurisation pour un contrat de travail agile, prévoyant un plafonnement des indemnités prud’homales lié à l’ancienneté du salarié, et des motifs de rupture liés à la situation de l’entreprise ou la réalisation d’un projet ; Une exonération totale de cotisations sociales patronales durant deux ans pour toute nouvelle embauche dans les petites entreprises ; Une exonération sociale totale pour tout recours à un alternant (apprenti ou contrat de professionnalisation) ; Des dispositions facilitant l’embauche de chômeurs de longue durée ou de personnes éloignées de l’emploi en s’inspirant des expérimentations en cours et combinant formation et abondement par des aides sociales pour alléger le coût pour l’entreprise ; Une facilitation des nouvelles formes d’activité indépendante. 1 2 3 4 5 moyen et long terme, en passant Nous considérons que le coût de ces mesures sera largement notamment par un assainissement compensé par les économies sur des finances publiques, sans pénales comptes sociaux grâce à la liser l’investissement, et par une montée en compétence des nouréduction du chômage résultant de leur mise en œuvre. velles générations, seuls gages Plus largement, les entreprises d’un rétablissement durable de souhaitent qu’il puisse être fait la compétitivité. recours à l’expérimentation, pour Coût du travail, fiscalité et être en mesure de démontrer les complexité constituent encore des effets concrets obstacles majeurs des mesures susà la compétitivité, ceptibles de créer « Ces mesures malgré les efforts de l’emploi. engagés via le signeraient enfin La politique Pacte de responéconomique de la mobilisation sabilité. Les lois la France doit générale contre en préparation plus que jamais sur le droit du travail et sur les s’appuyer sur les le chômage » entreprises, en nouvelles opporcréant les conditunités éconotions de leur commiques, ainsi que pétitivité, de leur agilité, et plus la prochaine négociation sur l’assurance chômage, devront globalement d’une confiance dans l’avenir. C’est ainsi que notre pays contribuer à lever ces obstacles, retrouvera une véritable dynaà l’inverse de ce qui vient de se mique d’emploi, d’entrepreneuriat passer avec la pénibilité. Notre sous toutes ses formes, d’invesconviction profonde est que notre tissement et de croissance. Cette pays a un potentiel fabuleux : politique doit se développer à une capacité à innover, inventer le futur, se projeter, prendre des risques, se réinventer… Par cette lettre ouverte, nous affirmons notre volonté de relancer l’emploi dans notre pays, pour redonner espoir à l’ensemble de nos concitoyens. Nous appelons tous les partis politiques à soutenir ce plan d’urgence pour l’emploi, pour permettre aux entrepreneurs de se consacrer au développement de leur entreprise, créant par là même activité et emploi. Au-delà de ces mesures d’urgence, les organisations signataires décident de mettre en place un travail collectif durable, en développant des propositions communes, et en apportant au débat public leurs analyses. Pierre Pringuet, président de l’Afep ; Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus ; Philippe Varin, président du Cercle de l’industrie ; Laurent Bataille, président des EDC ; Sophie de Menthon, présidente d’Ethic ; Pierre Gattaz, président du Medef ; Elizabeth Ducottet et Philippe d’Ornano, coprésidents du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti). Un contrat de travail « agile » qui attise les débats Marie Nicot @marie_nicot La lettre ouverte à François Hollande des organisations de chefs d’entreprise (voir ci-dessus) relance l’idée du contrat de travail « sécurisé », une revendication de longue date du patronat. Il s’agit d’y inscrire au moment de l’embauche les motifs éventuels de rupture. À condition qu’une clause le prévoie, le salarié pourrait être licencié si, par exemple, le chiffre d’affaires de l’entreprise est en baisse ou s’il ne remplit pas certains objectifs. Comme si, avant leur mariage, les futurs époux fixaient les causes d’un divorce. Cette proposition répond, dans l’esprit de ses promoteurs, au besoin de lever « la peur de l’embauche ». En prévoyant les modalités individuelles de rupture du contrat, l’employeur s’éviterait une source d’imbroglios longs et coûteux aux prud’hommes. Pierre Gattaz, comme son homologue de la CGPME, François Asselin, estime que le risque de contentieux bloque les créations d’emplois. « Le CDI aménagé facilitera le recrutement » « La peur des procédures aux prud’hommes tétanise les chefs d’entreprise », confirme Augustin Landier, professeur d’économie à l’école de Toulouse. « Ce CDI aménagé éliminera les risques liés aux licenciements. Par ricochet, il facilitera le recrutement ou la conversion de CDD en engagement de longue durée. Le dirigeant pourra conserver les jeunes talents. » Mais cette initiative divise. Outre les syndicats, qui y sont très hostiles, économistes et experts du droit social ne sont pas tous convaincus de son bien-fondé. Gilbert Cette, économiste à l’université Aix-Marseille, est contre si elle est limitée au niveau de l’entreprise : « Le CDI sécurisé est une proposition aberrante. Quel est le pouvoir de négociation d’un candidat à un poste qui discute seul face à l’employeur ? La relation est déséquilibrée. On peut s’interroger si les législations française et européenne autoriseraient une telle relation contractuelle. » « Un marqueur idéologique du patronat » Coauteur avec Jacques Barthélémy de Réformer le droit du travail (Odile Jacob), il préconise d’autres pistes : « Clauses et motifs de licenciement devraient être définis par les partenaires sociaux au niveau de la branche ou d’une société. Ces discussions doivent être collectives. » Gilbert Cette recommande surtout l’arbitrage pour régler les conflits et une refonte des prud’hommes avec l’intégration de magistrats professionnels. Proche du terrain, Jean-Paul Charlez, président de l’association nationale des DRH, estime que « le contrat sécurisé peut convenir à certains cadres, qui discutent déjà leurs conditions de départ au moment du recrutement. Mais ce sont des exceptions. Un salarié a besoin de sécurité et de confiance. Il ne peut travailler sous la menace d’une épée de Damoclès. » Un avis partagé par Philippe Ravisy, avocat au cabinet Astaé, spécialisé en droit du travail : « La loi permet déjà de licencier lorsque la performance n’est pas au rendez-vous. » Au sein de l’exécutif, on y voit « un marqueur idéologique du patronat et une source de contentieux ». g 4 | instantanés JDD | 10 janvier 2016 Les indiscrets Le top 5 twitter copé fait son mea culpa « L’excès de confiance, c’est le pire ennemi qui soit. » C’est l’étonnante confession de Jean-François Copé sur Le Divan de Marc-Olivier Fogiel (France 3, le 19 janvier). Pendant soixante-dix minutes, Copé aborde tous les sujets, de son éviction de la présidence de l’UMP à sa guerre contre Fillon en passant par l’affaire Bygmalion. « En perdant tout, j’ai retrouvé la liberté », assure-t-il. Après dix-huit mois de silence imposé, « on ne peut pas revenir pareil ». Les bonnes feuilles de son livre Le Sursaut français (Stock) seront publiées jeudi dans l’hebdo droitier Valeurs actuelles. Tout un programme avant la primaire républicaine. 1 Patrick Pelloux, médecin urgentiste un syrien à l’Élysée Le coordinateur de l’opposition syrienne à la table des négociations, Riad Hijab, sera reçu demain au Quai d’Orsay puis à l’Élysée par François Hollande en personne. Cet ancien Premier ministre de Bachar El-Assad a fait défection en 2012. « Il n’a pas un charisme foudroyant mais il est crédible », estime un diplomate français. La première séance de négociations avec des représentants du régime syrien est prévue le 25 janvier à Genève. Larcher, le dialogue constitutionnel Le Drian lance l’offensive turque Mardi à Ankara, Jean-Yves Le Drian a plaidé la cause du système de défense sol-air Eurosam (Thales et MBDA) pour équiper l’armée turque. Le contrat est évalué à 3 milliards d’euros. « Sur cet appel d’offres, les Chinois ont été retoqués, le champ est ouvert pour nous », confie une source proche des discussions. En froid avec la Russie et les États-Unis, la Turquie « se cherche de nouveaux amis ». Après avoir présenté ses vœux à la presse, François Fillon s’adressera mardi à ses soutiens via Facebook, avant de lancer officiellement son nouveau site de candidat : fillon2017.fr, « à la pointe de la technologie et à forte dimension participative » selon son entourage. Il a été conçu à l’aide du logiciel NationBuilder, un outil utilisé par Obama en 2008 et qui permet de mieux identifier et mobiliser les électeurs potentiels sur le terrain. Toutes les propositions formulées par François Fillon à ce jour seront consultables, ouvertes au vote et aux commentaires. Manuel Valls reçoit les principaux leaders syndicaux et patronaux à Matignon pour discuter du nouveau plan pour l’emploi. g Procès de l’affaire Nóos, à Palma de Majorque (Espagne), où l’infante Cristina (photo), sœur du roi d’Espagne, et son mari, Iñaki Urdangarin, comparaissent pour corruption politique. à l’âge de 69 ans. La veille de son enterrement, sa belle-fille, Pauline Delpech, écrivaine et actrice, lui a rendu un dernier hommage. @paulinedelpech À demain, mon si beau père. 4 L’animateur et médecin Michel Cymes est touché : il a fait directement son entrée à la 9e place du classement des personnalités préférées des Français. @michelcymes Derrière le déconneur se cache un hypersensible très ému par une telle marque d’affection. Sincèrement. #JDD #cayestjeparledemoiala3emepers 5 Le président mexicain, Enrique Peña Jean-Luc Barré plaide pour Jérôme cahuzac Nieto, a annoncé vendredi sur Twitter l’arrestation du narcotrafiquant le plus recherché du pays, Joaquín Guzmán dit « el Chapo ». @EPN Mission accomplie : nous l’avons eu. Je veux informer les Mexicains que Joaquín Guzmán Loera a été arrêté. Il fut son adversaire politique à Villeneuve-sur-Lot avant de devenir son confident. Jean-Luc Barré, biographe de Chirac et de Mauriac, publie chez Fayard le 25 janvier Dissimulations, un ouvrage très attendu sur l’affaire Cahuzac. Nourri de nombreuses confidences de Jérôme Cahuzac, le livre suggère que le compte caché à l’étranger aurait pu trouver son origine dans des financements politiques, notamment des réseaux rocardiens. « J’ai menti pour sauver ma vie, mais aussi par devoir, par nécessité politique », assure l’ancien ministre du Budget, relançant les spéculations sur ce que savait vraiment François Hollande. Barré détaille également le rôle de Patricia Cahuzac dans la chute de son ex-mari. HaNNaH assoUliNE/oPalE/lEEMaGE ; BERNaRd BissoN/Jdd un nouveau porte-parole pour Juppé Elle avait commencé en janvier à l’Olympia son Aimons-nous les uns les autres avant de s’installer pendant six mois sur la scène de l’Alhambra. Ce soir, à 21 heures, Anne Roumanoff jouera une dernière fois dans cette salle proche du canal Saint-Martin son show qui fait rire sur le mariage gay, le FN ou la phobie administrative. L’intégralité de la dernière recette sera reversée aux Pièces jaunes. du député européen Aymeric Chauprade pour provocation à la haine envers les musulmans. g Festival international du film de comédie à l’Alpe-d’Huez. Mardi Mercredi Jeudi Barack Obama prononce son dernier discours sur l’état de l’Union devant le Congrès américain. g Le tribunal de Bordeaux rend son jugement dans Délibéré du procès Guérini-Ciot pour détournement de fonds publics et recel de détournement, à Aixen-Provence. g Procès François Hollande et JeanYves Le Drian présentent leurs vœux aux armées, à Coëtquidan (Morbihan). g L’Agence mondiale antidopage (AMA) publie du Ballon d’or à Zurich. g Ouverture du Salon international de l’automobile de Détroit (États-Unis). tendances de recherches du 1er au 7 janvier (plus fortes progressions) Tous les sujets France Personnalités politiques 1. Michel Delpech 2. Zinédine Zidane 3. Euro 2016 4. Thierry Lhermitte 5. PlayStation Network 1. François Hollande 2. Nicolas Sarkozy 3. Marine Le Pen 4. Manuel Valls 5. Emmanuel Macron Nos classements et analyses sur lejdd.fr retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur le volet des écoutes de l’affaire Bettencourt. g Inhumation de Michel Galabru au cimetière Montmartre après une cérémonie à l’église SaintRoch, à Paris. g Cérémonie de remise Le top 5 Google ce soir, roumanoff joue pour les Pièces jaunes Le jeune sénateur-maire LR d’Angers, Christophe Béchu, 41 ans, va figurer parmi les porte-parole d’Alain Juppé pour la primaire de la droite et du centre aux côtés de Benoist Apparu et d’Édouard Philippe. Béchu avait annoncé son ralliement à l’ancien premier ministre l’an passé. à suivre cette semaine Lundi 2 Michel Delpech est mort le 2 janvier, 3 La disparition lundi à 93 ans de l’acteur Michel Galabru a également suscité de nombreuses réactions, parmi lesquelles celle de la gendarmerie nationale en souvenir de son célèbre rôle. @Gendarmerie #Hommage à Michel #Galabru : #CoupDeKépi au dernier gendarme de Saint-Tropez ! #ILoveLesGendarmes Le président du Sénat, Gérard Larcher, doit procéder à une nomination au Conseil constitutionnel aux côtés de celles de François Hollande et de Claude Bartolone. Il espère un dialogue constructif avec le président de la République et celui de l’Assemblée afin d’équilibrer les nominations entre politiques et juristes. Fillon, la campagne geek et collaborateur de Charlie Hebdo, est revenu mercredi sur l’attentat du 7 janvier 2015. @PatrickPelloux Putain y a un an Nicolas MaRQUEs PoUR lE Jdd ; ViNcENt isoRE/iP3/MaXPPP ; PJB/siPa ; aloNso M GaMERo/EFE/siPa ; MEl EVaNs/aP/siPa la deuxième partie de son rapport sur le dopage dans l’athlétisme. g Ouverture du procès de l’acteur américain Bill Cosby (photo) pour agression sexuelle, à Philadelphie. g Annonce des nominations aux Oscars du cinéma. Vendredi Procès de Samir Bouabout, en fuite, soupçonné d’avoir projeté de faire le djihad en 2012 avec Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan. g Début des championnats d’Europe de handball masculin en Pologne. Samedi Élections présidentielle et législatives à Taïwan. g Manifestation de harkis à Toulouse, en vue de la reconnaissance de leur situation et du rôle de l’État dans leur abandon en Algérie. Dimanche Le pape François à la grande synagogue de Rome à l’invitation de la communauté juive. g Quatrième débat télévisé entre les candidats démocrates à la MaisonBlanche, à Charleston. 6| Politique jdd | 10 janvier 2016 DéChéANCe De LA NAtIONALIté Début février, le projet de réforme de la Constitution arrivera à l’Assemblée nationale. Divisés, les socialistes espèrent toujours un accord avec l’exécutif Recherche compromis désespérément D « Nous ne sommes pas dans un débat entre l’exécutif et le PS. es errances de ratioLe débat parlementaire est libre, nalité. Sur ce point, mais il faut, avant de convoquer le au moins, les sociaCongrès, que la réforme soit votée listes sont d’accord. de façon identique dans les deux Ils savent qu’avec la chambres, dont une, le Sénat, est à déchéance de nationalité pour les droite », rappelle-t-on à l’Élysée. binationaux ils se sont piégés tout « Sur un sujet comme celui-ci, ce seuls. Ils ont fracturé une gauche ne peut pas être “silence dans les déjà en mauvais état et se sont rangs”, mais il faut aller vite », mis au pied un boulet qu’ils vont avertit Didier Guillaume, le patron traîner jusqu’à hollandais du PS la réunion du au Sénat. Congrès à Ver- « Ce n’est pas Valls L’exécutif le sailles. Le tout qui décide, c’est sait : la grogne va bien au-delà pour une mesure de l’habituel qui ne fera pas au Parlement cercle des fronreculer le terro- de le faire » deurs. « Au sein risme. Du coup, du groupe, c’est plusieurs dirigeants hollandais environ 80 contre, cherchent encore 30 pour, et le reste la synthèse magique tout en soud’indécis », avance un pilier de l’Ashaitant que la question soit transemblée nationale. Vendredi, lors chée au plus vite, d’ici demain d’un repas de travail, une vingtaine ou mardi. de députés PS de la commission En milieu de semaine derdes lois se sont réunis pour faire nière, alors que la piste d’une le point. S’il n’y a pas eu formeldéchéance pour tous prenait de lement de vote, le tour de table a l’ampleur, Manuel Valls a voulu au moins permis un constat : à une sonner la fin de la récréation en très grande majorité, le projet de écartant cette hypothèse pour réforme actuel de la Constitution revenir au texte initial du goune leur convient pas : « Il faut que vernement : pas question de faire l’exécutif sache que les plus fidèles des apatrides. Hier, à Évry, le Predes hollandais ne se laisseront pas mier ministre a réaffirmé que le embarquer là-dedans. Ce n’est pas discours de Hollande devant le Valls qui décide, c’est au Parlement Congrès était « un pacte, un serde le faire », lance un des convives. ment », un « bloc [dont] on ne peut « Aucune proposition nette n’est pas enlever tel ou tel élément ». Un sortie de cette réunion », regrette bloc auquel la droite a dit oui. Or toutefois un autre député. pour faire adopter une modifiAvant Noël, soucieux de troucation de la Constitution, il faut ver une solution, le président de la les trois cinquièmes au Congrès, République avait reçu Claude Baret donc un compromis avec la tolone et Dominique Raimbourg, droite. Fin de la discussion ? le vice-président de la commisArthur NAzAret @ArthurNazaret Christiane Taubira, hier à Montrouge, lors de l’hommage à Clarissa Jean-Philippe, tuée par Amédy Coulibaly le 8 janvier 2015. Bernard Bisson pour le Jdd sion des lois. Devant un François Hollande attentif et intéressé, Raimbourg avait plaidé pour une « dégradation républicaine », une peine privative des droits civiques ressemblant fort à l’indignité nationale et susceptible de faire consensus à gauche. Mais le président ne l’a finalement pas retenue. « On est du côté obscur du bordel » Alors, les socialistes moulinent encore. « Valls va devoir atténuer sa position. Sinon, il n’y aura pas de piste d’atterrissage », prévient un député pourtant très loyaliste. « Les textes internationaux prévoient des exceptions sur la question de l’apatridie. La déchéance de nationalité pour tous est la seule solution. Il n’y aurait pas de discrimination entre les Français, et cela respecte ce qu’a dit le président », poursuit-il. « Pour que les binationaux ne se sentent pas stigmatisés, il faut trouver des mesures qui amènent plus de sérénité », lance Didier Guillaume, imaginant compléter le projet avec une forme d’indignité nationale pour tous ou alors revenir « à la déchéance pour tous s’il est possible de régler la question de l’apatridie ». « Pourquoi, comme le fait Valls, s’enferrer dans la proclamation autoritaire d’une solution et fermer toute possibilité de dialogue ? », se demande Christian Paul, l’un des leaders de l’aile gauche du PS. « Nous ne nous opposerions pas à l’indignité nationale », ajoute-t-il. S’il fallait un signe de plus du malaise socialiste, la fédération de Haute-Garonne – une des plus grosses – vient de voter Sarkozy met la pression sur Le patron des républicains s’est dit « très étonné de ce qui se passe » au gouvernement « Imaginez que moi, président de la république, j’aie fait la même chose… » ChrIstINe OLLIvIer @Chr_Ollivier La déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, Nicolas Sarkozy est à 100 % pour… surtout quand elle embarrasse le gouvernement. Alors que la gauche se déchire sur la question, le patron des Républicains a appuyé samedi là où ça fait mal en apportant un soutien sans ambiguïté – et sans condition – à la mesure proposée par François Hollande et Manuel Valls. « Quand on a la double nationalité et qu’on trahit la France […] on ne mérite plus d’être français », a-t-il lancé devant plusieurs centaines de nouveaux adhérents LR conviés au siège du parti. « C’est notre position, et je n’ai pas l’intention qu’on y aille en s’excusant au prétexte que c’est porté par François Hollande. » Et de se référer au discours qu’il avait prononcé à Grenoble en 2010, dans lequel il se prononçait pour la déchéance de nationalité pour quiconque porterait atteinte à la vie d’un policier : « Le fameux [discours]…, qui paraît tellement d’actualité et en même temps tellement modéré par rapport à ce qu’on entend aujourd’hui », a-t-il ironisé. Nicolas Sarkozy, hier, au siège des Républicains. philippe sTerC/panoramiC Goguenard, Nicolas Sarkozy s’est dit « très étonné de ce qui se passe » dans la majorité : « On a donc François Hollande qui a changé du tout au tout sa position sur le retrait de la nationalité – ça peut arriver – […], et la ministre [qu’il] choisit pour porter cette réforme répète matin, midi et soir qu’elle est opposée à la réforme qu’elle va devoir présenter… Imaginez que moi, président de la République, j’aie fait la même chose… », s’est-il moqué, dans une allusion grinçante à la désormais célèbre anaphore de François Hollande. Nicolas Sarkozy s’est donc longuement fait l’avocat de la réforme de la déchéance de nationalité. Symbolique, elle ne « sert à rien » ? « C’est bien la première fois que j’entends dire que dans la République les symboles ne servent à rien. » En outre, elle permet d’« expulser manu militari une fois sa peine exécutée » un binational condamné pour activité terroriste, a-t-il souligné. Il veut « être sûr qu’on ne mente pas aux Français » Concernant ceux, à gauche en particulier mais pas seulement, qui proposent de retirer la nationalité aux Français qui ne seraient pas Politique | 7 jdd | 10 janvier 2016 Taubira sauvée ! à l’unanimité une résolution refusant la déchéance. D’autres pourraient suivre et amplifier la rébellion de la base. Dès demain, celle des Hauts-de-Seine doit se prononcer. Le PS, lui, tranchera le 18 janvier, au risque d’arriver après la bataille. « À ce stade, il n’y a pas de majorité au PS pour avaliser le texte du gouvernement », assure un membre de la direction. « C’est une saga comme Star Wars. Il y a tous les jours un épisode, et là on est du côté obscur du bordel », conclut un socialiste dépité. g Hollande binationaux, l’ex-chef de l’État a ces mots : « Dans ma vie, j’en ai entendu, des bêtises, mais là on franchit toutes les barrières ! » Déchu, un terroriste français « sera apatride, donc on devra le garder ». « Je ne vois vraiment pas en quoi on aurait résolu le problème », fait remarquer le patron des Républicains. Si Nicolas Sarkozy avait semblé dans un premier temps vouloir conditionner son soutien à l’adoption par le gouvernement d’autres mesures contre le terrorisme, il n’en est désormais plus question. Simplement, il veut « être sûr qu’on ne mente pas aux Français » et « qu’il s’agisse bien d’une déchéance de nationalité et pas d’un artifice de communication ou – comment dit-on ? – de triangulation », a-t-il mis en garde. C’est pourquoi la droite veut connaître le contenu de la loi d’exécution de la réforme constitutionnelle au moment de voter lors du Congrès : « Sinon, nous risquons de voter un principe et d’avoir une loi d’exécution soit qui n’arrive pas, soit qui dit le contraire du principe. » Un temps désarçonné par le coup de Jarnac d’un François Hollande qui avait désarmé la droite en reprenant une bonne part de ses propositions, Nicolas Sarkozy espère désormais prendre à son propre piège son successeur à l’Élysée. Et le met au défi de faire passer la réforme de la déchéance avec les voix de droite. g L’Élysée a choisi de passer l’éponge pour l’instant Il est possible que Christiane Taubira change un jour d’affectation ministérielle. Et qu’on la voie, par exemple, passer de la place Vendôme – siège du ministère de la Justice – à la rue de Valois – au ministère de la Culture. Mais pour l’heure, quoi qu’elle dise (ou ne dise pas), l’icône ne risque rien. A fortiori quand la droite réclame à François Hollande sa tête. Certes, la ministre vient encore de faire des siennes en déclarant jeudi qu’elle était totalement loyale envers François Hollande mais plus que jamais radicalement hostile à l’idée pourtant hollandaise de déchéance de la nationalité pour les binationaux. Le lendemain, Manuel Valls lui rappelle sèchement qu’une « ligne politique » a été définie, et qu’un membre du gouvernement doit s’y tenir. Jack Lang lui-même, après avoir prudemment couvert la ministre de fleurs, lui glisse à l’oreille : « Un gouvernement, c’est une équipe. » Mais, déjà, l’orage s’éloigne. Hier matin à Montrouge, lors de l’hommage rendu à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, François Hollande et Christiane Taubira se retrouvent côte à côte. Un proche du chef de l’État rappelle que le « cap » a été fixé et que le Président ne transigera pas : « La seule chose qui compte, c’est la protection des Français ». Pour cela, une priorité s’impose : le rassemblement des Français. Mais attention, ce rassemblement doit inclure la droite, mais ne pas commencer par la mise à l’écart d’une « figure » de la gauche. Dans un sondage Ifop-iTélé, 54 % des Français jugent d’ailleurs qu’elle peut rester au gouvernement. « On fait de la politique, pas du droit » Un membre du premier cercle vallsiste évoque, lui, ce qu’il appelle crûment « l’accident industriel d’Alger », autrement dit ce 22 décembre où Christiane Taubira avait annoncé depuis Alger que la réforme de la déchéance était… abandonnée. Mais le même homme qui prévoit, il est vrai, que près de 100 députés de gauche au Parlement pourraient prendre leurs distances, se montre aujourd’hui compréhensif : « Cela nous arrange que Christiane Taubira tienne le discours qu’elle tient car elle porte les sentiments de ceux qui éprouvent une grande émotion et beaucoup de réserves. » Et d’ajouter, sans ménager cette fois la garde des Sceaux : « Aujourd’hui, on fait de la politique, pas du droit. » D.de M. lejdd. fr La politique en coulisses : Christiane Taubira, le contre-gouvernement Estrosi : « Je suis pour la déchéance pour tous » LeS RÉPuBLICAINS Élu président de la région Paca en rassemblant contre le FN les voix de droite et de gauche, il rappelle à ses amis que l’adversaire à battre en 2017, ce sera le FN IntervIew DoMINIQue De MoNTVALoN eT CHRISTINe oLLIVIeR @Demontvalon1 @Chr_Ollivier janvier, un accord pour mettre des portiques électroniques dans les gares TER de ma région, de la vidéosurveillance dans toutes les rames de train, et créer une police régionale des transports. de 5 millions d’habitants, sur l’économie, la formation, l’emploi ou la sécurité. Le moment venu, je veillerai, si les résultats sont, comme je l’espère, au rendezvous, à ce que ces actions soient reprises et portées dans le débat de la primaire. Vous avez pris vos distances avec Nicolas Sarkozy. Pourriez-vous malgré tout voter pour lui à la primaire de novembre ? Diriez-vous, comme Nicolas Sarkozy entre les deux tours des régionales, que le vote FN n’est « pas immoral » ? Nicolas Sarkozy est le patron de ma famille politique. Il a ma Êtes-vous favorable solidarité. Pour l’instant, il ne Je dis que le FN est immoral. s’est pas officiellement déclaré C’est la politique économique et à la déchéance de nationalité candidat à la primaire. Ce qu’il sociale du gouvernement qui a pour les binationaux ? exaspéré les Français avec, par Je n’ai pas de raison de voter y a de formidable avec lui, c’est aujourd’hui contre une disposique nous pouvons nous dire les exemple, la fiscalité, le chômage tion que j’approuvais avec mes choses, y compris quand on n’est ou la montée de l’insécurité, et qui a participé à la montée du collègues, debout, au Congrès. En pas d’accord. Nicolas Sarkozy m’a politique, il faut de la constance. fait confiance aux régionales. Je FN. Nous avons le devoir de réhaMais parce que je ne vois pas lui ai demandé de me laisser faire, biliter la politique à leurs yeux. au nom de quoi dans ma région et Il faut leur montrer qu’on peut un Français ne alors que l’enjeu vraiment changer les choses. J’y disposant que « Créer des était de battre mettrai toute mon énergie à la tête de la nationa- apatrides ? J’en Le Pen, ce qui de cette région, pour convaincre me paraissait lité française qui que la parole donnée peut se transle mieux pour trahit son pays prends le risque » former en parole tenue. Et très répondre aux ne serait pas lui vite, dans les six mois. Si, comme attentes de la aussi déchu de je l’ai promis, je baisse de 25% les population. Le sa nationalité, je frais de fonctionnement du conseil discours sur le « ni-ni », ça resuis pour la déchéance pour tous, régional, je redonnerai du crédit pour tous les traîtres. Quand on monte à l’âge de pierre. Le second à la parole publique. Si, comme est un traître à sa patrie, on est un tour de la présidentielle se jouera je le promets – et je le tiendrai –, traître à sa patrie, qu’on ait la binaentre notre candidat – ou celui on monte dans six mois dans le tionalité ou pas. Cela créera des de la gauche –, et un Le Pen. Il se TER en passant un portique de apatrides ? J’en prends le risque. jouera donc exactement dans la sécurité et qu’il n’y a plus d’agresUn homme qui aurait tiré au Batamême configuration que celle que sions aux heures tardives grâce à clan pourrait, après avoir purgé j’ai vécue en Paca. Aujourd’hui, la vidéosurveillance, j’aurai fait sa peine dans trente ans, se voir je suis simplement un homme la démonstration que le vote FN redonner ses droits ? Il pourrait libre qui, le moment venu, fera était une impasse. Le FN, je vais devenir maire ou député ? Eh bien son choix. Je compte ne pas rester le combattre comme je l’ai comnon. Quand on a trahi son pays, absent de cette primaire. Je n’y battu aux régionales, et je veux on n’est plus français. serai pas candidat mais j’y parque chacun comprenne, chez Les Contre le terrorisme, les mesures ticiperai en faisant valoir mes Républicains, que l’adversaire à idées et mes valeurs gaullistes. battre, parce que c’est à lui qu’on prises par le gouvernement Pendant six mois, je vais expésera confronté en 2017, c’est le FN. sont-elles suffisantes ? Les mesures proposées rimenter un certain nombre de Ce combat commence aujourd’hui aujourd’hui sont celles que je choses à l’échelle d’un territoire dans chacune de nos régions. g défendais il y a un an. Il n’y avait alors pas de mots assez sévères pour me les reprocher… Mais je souhaite que nous allions plus loin. Je veux être sûr qu’on prononce l’expulsion des imams étrangers qui prêchent contre la République, que soient fermés sans délai les centres islamistes où on prêche la haine, qu’on interdise le financement étranger des lieux de culte, qu’on mette sous contrôle par tous moyens – bracelet électronique, assignation à résidence ou rétention administrative – les personnes fichées, qu’on réprime la consultation de sites faisant l’apologie du terrorisme, qu’on exclue des réductions de peine les auteurs d’actes terroristes. Et en tant que président de région, j’agis : je négocie avec Christian Estrosi, vendredi, sur la terrasse du conseil régional de Provence-Alpes-Côte la SNCF, qui le signera d’ici à fin d’Azur, à Marseille. JEAN-PAUL PELISSIER PoUR LE JDD Les invités politiques du dimanche Jack Lang (PS) : L’Interview politique du 7/9 du week-end, France Inter, à 8 h 20. g Aliza Bin-Noun (ambassadrice d’Israël en France) : L’Invité d’Askolovitch, iTélé, à 8 h 50. g Bernard Cazeneuve (PS), Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) : Le Grand Rendez-vous, Europe 1/ Le Monde/iTélé, à 10 heures. g Jack Lang (PS) : Bureau politique, LCI, à 10 h 30. g Julien Dray (PS) : Agora, France Inter/L’Obs, à 12 heures. g Jacques Sapir (économiste) : Le Brunch politique, Sud Radio, à 12 heures. g Patrick Kanner (PS) : 12/13 Dimanche, France 3, à 12 h 10. g Paul Quilès (PS) : Internationales, TV5 Monde/RFI, à 12 h 10. g Valérie Pécresse (LR) : Le Grand Jury, RTL/Le Figaro/LCI, à 12 h 30. g Gilles Kepel (politologue, spécialiste de l’islam et du monde arabe) : Le Supplément, Canal+, à 12 h 55. g Henri Guaino (LR) : Forum, Radio J, à 14 h 20. g Marc Trévidic : 18 H Politique, iTélé, à 18 heures. g Xavier Bertrand (LR) : C politique, France 5, à 18 h 35. g Valérie Debord (LR) : Soir 3, France 3, à 0 h 30. g 8| InternatIonal jdd | 10 janvier 2016 ÉTATS-UNIS Le président américain prononcera mardi son dernier discours sur l’état de l’Union afin d’évoquer les résultats de son mandat, marqué par son impuissance face au lobby des armes à feu Obama défend déjà son bilan O ù est passé le bon sens ? » À trois reprises cette semaine, Barack Obama a multiplié dans ses interventions publiques l’expression common sense. Comme si lui, professeur de droit public et Prix Nobel de la paix, dénigré pour un tempérament plus intellectuel qu’instinctif, ne parvenait pas à faire comprendre l’absurdité sanglante du scandale des armes à feu. Mardi, dans son discours à la Maison-Blanche, les larmes aux yeux, puis jeudi soir, devant le public de CNN lors d’un débat avec de simples citoyens sur le thème de la violence par armes à feu, et enfin hier matin dans une tribune publiée par le New York Times, le président des États-Unis a tenté de convaincre. En utilisant toutes les comparaisons possibles. Rendre plus sûr l’usage des armes, amendement de la Constitution c’est comme améliorer la sécurité (lire interview ci-dessous). d’une voiture ou la rendre moins Après-demain, devant les deux polluante. C’est ce qu’on réclame chambres du Congrès réunies comme chaque année pour le aussi à l’industrie agroalimentraditionnel distaire afin d’obtenir des produits cours sur l’état de plus sains. « Si l’on Six États seulement l’Union, Barack Obama suppliera rend plus difficile à sur cinquante, un enfant l’ouverà nouveau les élus. ture d’un flacon de comme la Californie, Ceux de droite cachets d’aspirine, ont adopté jusqu’ici comme ceux de on devrait aussi tant il est des lois restrictives gauche, f a i re e n s o r t e vrai que nombre qu’il n’ait jamais sur les armes de barons de son à appuyer sur la propre parti, sous détente d’une arme à feu », écrit la pression de la National Rifle Assole Président. Visiblement exaspéré ciation (NRA) et de leurs électeurs, que cet argument de « bon sens » sont paralysés par toute idée de se heurte à l’intransigeance du régulation du commerce et du port lobby des armes à feu, qui refuse d’armes. Mais il appellera aussi les toute régulation ou toute intergouverneurs et les élus de chaque prétation restrictive du deuxième assemblée locale dans les États fédé- rés à rejoindre son combat. Six États seulement sur cinquante, comme la Californie (lire le reportage cicontre) ont adopté jusqu’ici des lois restrictives sur les armes. Un chiffre qui pourrait progresser, lentement mais sûrement, comme c’est le cas sur l’autre thème ultrasensible, la peine de mort, de moins en moins appliquée. Devant un Congrès qui lui est hostile depuis 2010, Barack Obama mettra en avant que les plus grandes réformes accomplies aux États-Unis ne se sont pas faites en un jour. Ce fut le cas pour celle de l’assurance santé, qu’il a eu tant de mal à faire adopter et que les républicains se sont juré d’abolir s’ils parviennent à reprendre la MaisonBlanche en novembre prochain. Il est assez paradoxal, pour une grande démocratie comme les États-Unis, que la plupart des progrès réalisés sous le double mandat d’Obama aient été portés par des décrets présidentiels et non par des lois. Qu’il s’agisse des normes antipollution pour lutter contre le réchauffement climatique ou des accords internationaux signés avec l’Iran et Cuba. Il est également curieux de voir à quel point l’opinion publique est si ingrate vis-à-vis d’un président qui, en sept ans, a vu baisser le chômage de plus de moitié, avec des créations d’emplois, notamment ce mois-ci, qui battent des records inédits depuis les années 1990. Hillary Clinton est bien la seule à le remercier à ce sujet. Mais si elle gagne la présidentielle et que le Congrès reste à droite, il lui sera tout aussi difficile de réformer, singulièrement en matière d’armes à feu. g François ClemenCeau @Frclemenceau Vincent michelot, historien des États-unis et directeur de sciences-Po lyon « Le président aura tout essayé » La volonté de Barack Obama d’agir au niveau exécutif pour mieux contrôler les ventes d’armes sans passer par le Congrès a-t-elle des chances d’aboutir ? Ce qu’il a annoncé tient du symbolique et de la rhétorique. Il n’a pas pris de décret exécutif mais a donné des instructions afin que la loi fédérale soit appliquée plus strictement. Il sait bien que sur ce dossier sa capacité d’action est limitée et que la législation dépend des États fédérés. Le président aura tout essayé. La vérité est qu’il ne dispose pas des moyens législatifs, techniques et financiers pour éradiquer un fléau qui est perçu par la majorité de l’opinion, toutes tendances confondues, comme une fatalité. Quels sont les principaux obstacles juridiques ou techniques à une réforme des ventes et du port d’armes ? Chacun des États a sa propre législation. Mais il existe au niveau fédéral une base de données à laquelle tous ont accès pour vérifier le passé criminel ou psychiatrique des potentiels acheteurs d’armes. Or certains États prétextent de l’incompatibilité de leur système informatique avec ceux d’autres États pour croiser leurs données et estiment que c’est à l’État fédéral de financer cette modernisation technique, ce que le Congrès à Washington refuse de faire. Cela dit, si vous prenez les auteurs des 25 plus grandes tueries par armes à feu de ces dernières années, leurs armes ont été achetées le plus légalement du monde ou du fait de failles dans les bases de données. En outre, 40 % des armes achetées échappent au contrôle des antécédents parce qu’elles sont vendues par des particuliers ou dans des foires où les stocks ne sont pas suffisants pour être systématiquement contrôlés. Barack Obama dit qu’il a l’opinion publique de son côté pour que les contrôles soient renforcés… Oui, mais cette majorité d’Américains ne veut pas pour autant qu’il y ait moins d’armes en circulation. Ils souhaitent juste que les armes à feu ne tombent pas entre de mauvaises mains. Lors du débat de jeudi soir sur CNN entre le président et des citoyens pro- ou anti-armes à feu, il n’a pas voulu désavouer ceux qui disaient qu’ils auraient pu prévenir un crime s’ils avaient été armés. Les larmes d’Obama, le 5 janvier. LAMARQUE/REUTERS ; LAfAbREgUE/ALpAcA/AndiA Ce qui revient à dire qu’il faut plus d’armes encore en circulation. Il y a là un effet pervers. Chaque fois qu’il y a un mass shooting et que le président s’exprime dans la foulée pour demander des contrôles plus stricts, les gens se ruent vers les armureries ! Que faut-il faire alors ? Attendre que la Cour suprême devienne plus progressiste pour que ses arrêts s’imposent à tous ? Il y a dans l’histoire des États-Unis des moments et des crises où des responsables politiques parviennent à agir. Ce fut le cas lors du mouvement des droits civiques pour combattre la ségrégation. À l’époque, bien des élus démocrates du Sud étaient contre ces réformes de déségrégation voulues par leur propre camp. Mais pour la Cour suprême, n’oublions pas que bien souvent elle accompagne les mouvements de la société plus qu’elle ne les anticipe. On l’a vu récemment sur le mariage gay. Je note aussi que les premiers juges en âge d’être remplacés sont d’abord des progressistes, pas des conservateurs. Autrement dit, même si Hillary Clinton gagne en 2016, il n’est pas dit qu’elle pourra modifier l’équilibre politique de la Cour durant son mandat. interView F.C. InternatIonal | 9 jdd | 10 janvier 2016 40 % de la clientèle du LAX Firing Range est féminine. Giselle Sarria (ci-contre) est venue vendredi à Inglewood, en Californie, avec son ami policier pour apprendre à se défendre lorsqu’elle aura fait l’acquisition d’une arme. La jeune femme trouve l’atmosphère du stand de tir exaltante, même si elle approuve les mesures annoncées par Obama. Un jeune homme de 19 ans (à gauche sur la photo du milieu) forme ses amis au maniement des armes. NaNcy Pasteur/Polaris images Le modèle californien « Moi, je trouve que c’est trop. Ces lois vont à l’encontre du deuxième amendement », lâche Moises Baltazar, ancien marine de 26 ans, juste avant de tirer à son tour. Cet amendement à la Constitution, adopté dès 1791, stipule que tout Américain a le droit de porter une Los AngeLes (ÉtAts-Unis) arme. Comme la liberté d’expresCorrespondanCe gUiLLAUme sÉRinA sion ou de prier le dieu que l’on veut, ce droit est comme gravé L’odeur de la poudre. Les douilles dans le marbre. Moises préférequi giclent. Le bruit assourdisrait « que toutes les bonnes persant que même le casque ne sonnes puissent utiliser une arme peut totalement étouffer. Giselle pour neutraliser les criminels ou les Sarria, 22 ans, adore ça. « Quelle terroristes ». Raison pour laquelle adrénaline ! », s’écrit-elle. C’est la il émet l’idée d’une « formation au première fois que la jeune femme tir de plusieurs heures ». s’empare d’une arme à feu et tire Mark Medina, 35 ans, est le sur une cible. Son ami Aaron manager du LAX Firing Range. Il White est policier dans le comté est du même avis et souhaite même de Los Angeles. Il l’a emmenée aller plus loin. « Les mesures sur sur un stand de tir « pour le fun ». le background check n’apportent Giselle compte avoir sa propre rien de nouveau », dit-il en maniarme un jour, pulant un fusil sechez elle, « pour mi-automatique. « Acheter une arme, [se] défendre ». « Ac h e t e r u n e arme, ça devrait Mais tout comme ça devrait être être comme pour Aaron, elle approuve les me- comme pour une voiture : il faut sures annoncées une voiture : il faut savoir l’utiliser. » par Barack Obama Il préconise donc cette semaine. savoir l’utiliser » une formation. Mark Medina, manager « Les lois ne sont « Il faut acquérir pas assez strictes. du LAX Firing Range certaines compétences et les Cela devrait être entretenir, sinon plus difficile de se procurer une arme à feu », dit le on les perd », dit-il en soulignant policier, au repos ce vendredi et le nombre de tués par accident à que son quotidien confronte à des cause d’une mauvaise manipulacitoyens potentiellement armés à tion ou de stress mal contrôlé. Il chaque coin de rue. estime aussi que les lois califorLes nouvelles règles comprises niennes « sont un peu trop strictes dans les décrets annoncés cette et empêchent le business ». Selon semaine par Barack Obama sont lui, « les extrémistes sont très minodéjà, dans les grandes lignes, appliritaires ». « Pour la plupart de nos quées dans l’État de Californie. Les clients, c’est un loisir ou un sport. États fédérés ont en effet le droit de Je remarque aussi beaucoup plus légiférer comme ils l’entendent en de femmes qui viennent. Au moins 40 % de notre clientèle. » la matière. Et le Golden State est sans doute le plus restrictif lorsqu’il s’agit de l’accès aux armes. Le venUn cadeau de 100 dollars par pistolet rendu deur et l’acheteur doivent obtenir un permis ; les background checks Depuis 2010, le nombre de tués (contrôle du casier judiciaire du par balles à Los Angeles a été divisé client) sont obligatoires et durent par deux, pour atteindre environ dix jours ; l’acheteur doit passer un mille victimes par an début 2015. test écrit. En outre, les armes et les L’une des raisons avancées par le munitions sont eux-mêmes limimaire démocrate Eric Garcetti est le tés : les « chargeurs » ne peuvent succès rencontré par le programme contenir que 10 balles maximum de buy back. Deux fois par an, la et il est impossible d’acheter plus Ville offre ainsi des cartes-cadeaux d’une arme par mois. Quant aux à tous ceux qui rapportent leurs armes à la police. Un cadeau de armes d’assaut automatiques, elles 100 dollars par pistolet rendu, à sont interdites. Dans d’autres États, aucune régulation ou presque dépenser dans les supermarchés n’existe alors que la loi califorRalphs. Et même 200 dollars par nienne autorise les municipalités fusil automatique. Depuis que cette mesure est passée, près de à agir d’elles-mêmes si elles veulent être plus restrictives. 15.000 armes ont été restituées aux L’État le plus peuplé des États-Unis est aussi l’un des plus restrictifs sur le port d’armes. Le nombre de tués par balles à Los Angeles a été divisé par deux depuis 2010. Reportage forces de l’ordre. « Presque tous les jours dans cette ville, quelqu’un est victime de la violence par balles », déplore Eric Garcetti. « Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour protéger nos communautés et enlever ces armes de la circulation. » Une « discussion au plus haut sommet de l’État fédéral » Récemment, la Californie n’a pas été épargnée par les massacres collectifs. L’attaque, désormais qualifiée de terroriste, à San Bernardino, le 2 décembre dernier, a marqué les esprits. On se souvient aussi de ces parents effondrés après la fusillade d’Isla Vista, en marge du campus de l’université de Santa Barbara. Le 23 mai 2014, le jeune Elliot Rodger tuait six étudiants et en blessait quatorze avant de se suicider. Le père de l’une des victimes a même créé une association baptisée Everytown for Gun Safety qui encourage les maires à prendre des mesures restrictives. Tom Mauser avait pris la même décision il y a déjà quinze ans. Il a perdu son fils Daniel dans le tristement célèbre massacre de Columbine, dans le Colorado (Ouest). Daniel avait 15 ans. Le père a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et a créé une fondation. « À l’époque, j’étais le seul à me battre, dit-il au JDD. Aujourd’hui, il y a une autre mère de famille qui parle fort. Elle était d’ailleurs à la Maison-Blanche cette semaine. » Ce militant de longue date ne pense que du bien des mesures annoncées par Barack Obama. « Je me dis : enfin ! Ç’aurait dû être fait depuis si longtemps !, lâche-t-il. Mais je suis content que la discussion ait désormais lieu au plus haut sommet de Pour le JDD l’État fédéral, et plus uniquement localement. » Tom Mauser, comme la plupart des proches de victimes et des autres militants anti-armes à feu, réclame des background checks approfondis et au niveau national. « Il faut aller bien plus loin. Avec la mesure annoncée, on vérifie le casier judiciaire mais on ne peut pas surveiller les conversations privées » sur les réseaux sociaux, argumente-til. Quant à l’idée d’une formation suivie pour les porteurs d’armes, « c’est l’évidence, il faut absolument un permis ». Malheureusement, le Colorado est à la traîne. La culture de l’arme à feu y est très enracinée et le site Gun Laws ScoreCards, qui classe les États en fonction de la sévérité de leur législation sur les armes, lui donne la note de C–. La Californie, elle, détient la note A–, mais 26 autres États sont classés F, l’équivalent d’un zéro pointé. g 10 | InternatIonal JDD | 10 janvier 2016 Ce qui s’est vraiment passé à Cologne AllemAgne Des heurts ont éclaté hier en marge d’une manifestation de l’extrême droite dans la ville où les agressions de la Saint-Sylvestre ont déclenché le plus de plaintes. La contre-enquête du JDD met en avant la complexité des faits b Cette nuit de violenCes A-t-elle été plAnifiée ? Selon les informations du JDD, les enquêteurs y voient la main de la mafia marocaine, de plus en plus puissante dans la région. Une commission spéciale (Sonderkommission) dite « Soko Casablanca » a surveillé plus de 2.000 suspects l’an passé et a alerté en décembre sur l’infiltration de ce gang de trafiquants et de pickpockets dans les foyers de réfugiés. « Il pourrait s’agir d’une démonstration de force, un fait d’armes pour lequel ils sont allés chercher du renfort parmi les réfugiés arabophones et désœuvrés de la ville », avance Sebastian Fiedler, représentant du syndicat de la police criminelle en Allemagne (Bund deutscher Kriminalbeamter). « On a assisté à une opération similaire à Francfort cet automne : la mafia locale de la drogue a recruté des Érythréens pour un gros coup aux abords de la gare. » Berlin (AllemAgne) CorrespondanCe Hélène KoHl b ComBien d’Agressions ont été Commises ? Dix jours après les faits, l’enquête de la police fédérale a permis d’enregistrer 32 crimes ou délits, dont 3 à caractère sexuel. Une femme a notamment subi de graves et multiples attouchements qualifiés de viol. Selon le ministère fédéral de l’Intérieur, l’essentiel des investigations porte sur des vols et des intimidations ou attaques physiques. Le nombre de plaintes déposées se montait hier à 379 selon la police locale, dont 40% pour agression sexuelle, mais le chiffre est resté longtemps confus car certaines plaignantes se sont rétractées. Cette séquence de violence reste en tout cas inédite dans l’histoire contemporaine allemande. b Y A-t-il eu des déBordements dAns d’Autres villes ? Des plaintes pour agressions physiques et sexuelles ont été déposées à Hambourg, Francfort, Bielefeld ou encore Stuttgart. Mais elles sont le fait de groupes isolés. Dans le sud du pays, quatre jeunes Syriens ont été reconnus coupables d’un viol en réunion, mais pas dans un espace public, au cours de l’après-midi du 31 décembre. b lA gAre de Cologne A-t-elle été une zone de non-droit ? Un rapport interne de la police fédérale fait état d’une situation « chaotique » et « honteuse » pour les forces de l’ordre. Uwe, un habitant de Cologne, habitué des Saint-Sylvestre traditionnellement électriques de la ville, avec batailles Hier, à Cologne, dispersion d’une manifestation d’extrême droite au canon à eau. WOLFGANG RATTAY/REUTERS géantes de pétards et de feux d’artifice, témoigne pour le JDD : « Je n’ai jamais vu ça. La foule était agressive. Des groupes se formaient, compacts, bloquant toute circulation ou interpellation. » Un policier raconte, dans le Spiegel publié hier, avoir évacué à plusieurs reprises la place devant la gare. Mais la foule se reformait immédiatement : « On comptait pour du beurre, ces jeunes n’étaient pas du tout impressionnés. » À 21 heures, la zone est déjà de facto « tenue » par une bande de 500 hommes saouls ou drogués. À 23 heures, malgré le déploiement de deux brigades d’intervention, ils étaient 1.500. Le calme ne reviendra qu’à 7 heures. Le chef de la police de Cologne a été suspendu de ses fonctions. b Qui ComposAit Cette foule déCHAînée ? 71 contrôles d’identité ont été effectués sur place. La plupart des personnes ne présentent pas de papiers et sont qualifiées, sans plus de vérification, de « réfugiés » dans le procès-verbal de la nuit. Les victimes, les témoins et les vidéos de surveillance ne laissent pas de doute : la foule est composée de jeunes hommes de type arabe ou nord-africain. Plusieurs policiers ont noté la présence de nombreux francophones. « Pas de problème », crient-ils, en français, aux passants en leur jetant des pétards dans les jambes. Uwe, lui, reconnaît avoir été étonné par l’absence de Turcs à la gare, point de ralliement pour les jeunes des quartiers les soirs de réveillon. b Qui sont les premiers suspeCts ? La police estime que, sous la protection de la foule qui les entourait voire les encourageait, environ 100 personnes sont passées à l’acte. Parmi lesquelles 31 suspects ont été formellement identifiés et font l’objet d’une enquête. On compte 22 demandeurs d’asile – des Syriens, des Iraniens, un Irakien, des Maghrébins. Dans la liste fournie par le ministère fédéral de l’Intérieur, ces derniers sont surreprésentés (9 Algériens et 8 Marocains). On compte aussi 2 Allemands et 1 Américain. b Quelles ConséQuenCes politiQues pour merKel ? Hier, la chancelière a tapé du poing sur la table. Elle réclame l’expulsion des étrangers condamnés par la justice allemande, y compris à des peines avec sursis. La rupture est frappante avec son allocution de la soirée de Saint-Sylvestre, soustitrée en arabe, au cours de laquelle elle a répété que les réfugiés étaient « une chance pour l’Allemagne ». Mais la fronde gronde à nouveau au sein de son propre parti (CDU) inquiet de l’incompréhension grandissante de la base. On vote dans trois Länder au mois de mars : ces scrutins régionaux feront figure de test pour Angela Merkel. Si elle ne parvient pas à endiguer la poussée des populistes de l’AFD, son leadership sera contesté. g La France s’impatiente pour la Libye dAeCH Après les attentats de cette semaine, les plus meurtriers depuis le début de la guerre, les occidentaux veulent accélérer la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour mieux frapper ensemble l’état islamique Jeudi, à Zliten, après l’attaque d’un camp d’entraînement de la police à la voiture piégée. L’attentat a fait plus de 50 morts. Antoine mAlo et frAnçois ClemenCeAu (à AnKArA) @AntoineMalo2 @Frclemenceau EPA/MAxPPP 2016, année de la Libye ? Les événements de ces derniers jours semblent donner raison aux pronostics des conseillers du ministère de la Défense, inquiets il y a quelques semaines de l’avancée de l’État islamique dans le pays. Lundi, les djihadistes s’emparaient de Ben Jawad, première ville du stratégique croissant pétrolier de l’Est, où sont concentrés les principaux terminaux du pays. Dans la foulée, ils attaquaient les installations d’Al-Sedra et de Ras Lanouf. Jeudi, Daech a perpétré l’attentat le plus meurtrier depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, dans une école de police de Zliten, 170 km à l’est de Tripoli, faisant plus de 50 morts. Une attaque suivie d’une autre explosion à Ras Lanouf, qui a fait 6 morts. Indéniablement, l’EI bénéficie du chaos dans lequel est plongée la Libye. Le groupe terroriste a vu ses rangs grossir au cours de l’année écoulée et compterait désormais, selon diverses sources militaires françaises, entre 3.000 et 5.000 combattants. Il s’est aussi structuré avec l’arrivée de cadres importants de Daech, même si, selon un diplomate de haut rang, « il n’y a pas eu non plus un exode massif de la Syrie vers la Libye ». Géographiquement, le groupe terroriste contrôlerait déjà 300 km de côtes autour de son fief de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli. « La vraie crainte est de les voir s’étendre vers le sud et les champs pétroliers », s’inquiétait fin décembre une source militaire française. Tout aussi préoccupantes est la situation à Ajdabiya, ville où l’EI rallie des partisans et mène actuellement attaques et assassinats. Si cette dernière tombe entre ses mains, c’est un verrou de l’Est libyen qui sauterait. Le Drian veut aider Sarraj Comment contrer cette avancée djihadiste ? Les Occidentaux misent tout sur le futur Premier ministre Fayez El-Sarraj. Mi-décembre, au Maroc, il a, avec l’émissaire spécial de l’ONU Martin Kobler, arraché un accord pour un gouvernement unifié à des représentants des Parlements de Tobrouk et de Tripoli. Reste à l’entériner avant le 17 janvier et à implanter son futur gouvernement à Tripoli. « Il faut que Sarraj ait le contrôle sur l’armée, la banque centrale, le pétrole », prévient-on dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense était mardi à Ankara, où il a pu vérifier que le président Erdogan était sur la même longueur d’onde. Plus facile à dire qu’à faire car rien ne se mettra en place sans un consensus des dizaines de milices présentes dans le pays et sans régler le cas du général Haftar, ministre de la Défense à Tobrouk : honni par les islamistes qui l’accusent d’être un nouveau Kadhafi, il est pourtant un personnage incontournable car il a la main sur une partie de l’armée. « On ne peut pas faire sans lui », souffle-t-on à Paris. Si Sarraj parvient à ses fins, l’idée serait d’abord de créer une « zone verte » à Tripoli, sécurisée par des soldats italiens, où siégerait le gouvernement. L’Union européenne s’est dite prête hier à soutenir ce futur gouvernement dans sa lutte contre le terrorisme à hauteur de 100 millions d’euros. Selon l’heb- domadaire allemand Der Spiegel, une centaine de soldats allemands pourraient alors prendre part à ce travail de conseil et de formation des nouvelles forces de sécurité. Alors, Sarraj pourrait « se taper » l’EI, comme on le dit au ministère français de la Défense. Cela pourrait passer par une résolution à l’ONU qui autorise le soutien aérien d’une coalition militaire. Qui pour en être membre ? « Il n’y a pas un appétit énorme pour y aller », regrette un conseiller élyséen. Les Américains, qui font voler depuis des années leurs drones dans le ciel libyen, pourraient également participer. Les Italiens, eux, revendiquent déjà un rôle de nation cadre. « Mais serontils vraiment là le jour J et seront-ils acceptés par les Libyens ? », s’interroge un diplomate français. « Pour nous, cela se cantonnera à de l’aérien », prévient-on au ministère de la Défense, où l’on reconnaît que des vols de reconnaissance au-dessus de la Libye, entamés fin 2015 se poursuivent actuellement. « C’est pour surveiller l’évolution des métastases de l’État islamique », justifie-t-on. Et pour éviter d’être « pris au dépourvu comme nous l’avons été en Syrie ». g Autour du monde | 11 jdd | 10 janvier 2016 EspagnE Pourquoi la gauche ne veut pas gouverner avec la droite ? lejdd.fr Le grand angle diplo de François Clemenceau : « Fabius, stop ou encore ? » Un Parlement sans gouvernement ? À trois jours de la rentrée des députés élus le 20 décembre, l’Espagne n’a toujours pas d’équipe exécutive. Le Premier ministre conservateur, Mariano Rajoy, a remporté le scrutin, mais sa piteuse moisson (123 sièges, sur 350) l’a obligé à se tourner vers le socialiste Pedro Sánchez pour former une grande coalition à l’allemande. Du jamais-vu en trente-sept ans de démocratie. Mais le jeune et fringant chef de file du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ne veut pas entendre parler d’un pacte avec « la droite de l’austérité et de la corruption ». « Nous n’avons pas la culture de la coalition » À la tête du PSOE depuis seulement un an et demi, Pedro Sánchez est arrivé avec la difficile mission de relever un parti atone qui enchaîne les défaites depuis 2008. Personne ne connaissait ce simple député sans éclat particulier, absent des organes de direction. Mais en quelques mois, celui que l’on surnomme « El Guapo », le beau gosse, pour sa prestance et son sourire de commande, est devenu un candidat agressif et ambitieux qui rêve de prendre le gouvernail de l’Espagne. Pas question donc de céder le premier rôle à un Mariano Pedro Sánchez à Lisbonne, jeudi. ARmAndo FRAncA/AP/SiPA Rajoy qui « appartient au passé ». Pour lui, une intimité avec le PP risquerait de coûter cher au PSOE, qui a déjà failli céder la tête de la gauche à Podemos, grand vainqueur avec ses 69 sièges, contre zéro il y a quatre ans. Le PSOE a perdu au passage une bonne partie de l’électorat urbain, à Madrid ainsi qu’à Barcelone, à Valence ou au Pays basque. L’honneur du parti a été sauvé grâce à la fidélité du vote rural, tout spécialement en 1.000 C’est le nombre d’habitants de porter ranch (Californie) ayant engagé une action collective contre la société soCalgas, après une fuite massive de gaz. La célèbre militante écologiste Erin Brockovich est en première ligne dans ce scandale environnemental, le plus grave depuis la fuite de pétrole d’une plate-forme BP dans le golfe du Mexique en 2010. LE LEadEr dE La sEmainE Un an seulement après son élection au suffrage universel, il espère un second souffle. Avec, notamment, la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur, le cinquième en quatre ans. « Nouvelle équipe… sans nouveauté », a immédiatement raillé le quotidien arabophone Echourouk. Béji Caïd Essebsi, 89 ans, sait que 2016 sera décisif pour la fragile démocratie tunisienne. L’année 2015 fut marquée par l’incapacité criante de l’État à assurer la sécurité des citoyens, avec trois attentats perCinq ans après pétrés à Tunis et à Sousse la Révolution de par Daech. Et par une jasmin, le président économie en berne et une tunisien appelle crise politique au sein de son fils Hafedh son propre parti gouverà la rescousse alors nemental, Nidaa Tounes, que l’État est ébranlé créé en 2012. Prisonnier de par le terrorisme et la récession l’alliance scellée avec les économique islamistes d’Ennahdha, le président tunisien organise désormais la montée en puissance de son fils Hafedh Caïd Essebsi. Affublé du surnom « W » – en référence à un autre « fils de », George W. Bush –, ce chef d’entreprise de 53 ans a été adoubé par son père au comité exécutif de Nidaa Tounes. Il est perçu comme le grand gagnant du remaniement de cette semaine, quitte à provoquer un sentiment de « révolution trahie »…. « On le soupçonne de vouloir rétablir la logique de clan qui prévalait sous Ben Ali, avec un pouvoir héréditaire, familial, dynastique, et de remettre en place des cadres de cette époque », estime Mansouria Mokhefi, conseillère pour le Maghreb à l’Ifri. « C’est le retour de l’ancien régime, celui sur lequel les Tunisiens voulaient tourner la page. » Alors que son rival Moncef Marzouki – président de 2011 à 2014 – a lancé fin décembre un nouveau parti, dénonçant un « gouvernement totalement impuissant », « Béji » n’a pas cillé lors de ses vœux du Nouvel An. « Notre État est toujours debout, a-t-il déclaré. Et nous avançons. » CamiLLe NeVeUX %@camille_neveux BÉJI CAÏD ESSEBSI afrique du sud Le président sud-africain, Jacob Zuma, a dénoncé hier le « démon du racisme » lors d’une allocution célébrant l’anniversaire de la naissance du Congrès national africain (ANC). La « nation arc-en-ciel » promise par Nelson Mandela est sous tension : une agente immobilière blanche a comparé, sur Facebook, les Noirs à des singes, tandis qu’un fonctionnaire noir a été suspendu après avoir déclaré, toujours sur Facebook, que le pays devrait être « nettoyé » des Blancs. ReuteRS DiaNe CamboN (à maDriD) Le président tunisien, 89 ans, cherche un second souffle. HAmmi/SiPA dErnièrE hEurE pologne Des dizaines de milliers de Polonais ont manifesté hier dans plusieurs villes du pays contre une nouvelle loi soumettant les médias publics au contrôle du parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir. Le texte, promulgué jeudi, a déjà permis de remplacer vendredi les dirigeants de la télévision et de la radio publiques. Pour l’opposition, la loi est une nouvelle étape – après le blocage du Tribunal constitutionnel – dans la prise de contrôle de tous les leviers du pouvoir par les conservateurs. AFP Andalousie, où l’impétueuse Susana Díaz est une des plus opposées à un pacte avec les conservateurs, qu’elle considère comme une « anomalie historique ». Depuis la fin du franquisme, la droite et la gauche n’ont jamais formé de front commun et chacun a gouverné selon une alternance bien huilée. « Nous n’avons pas la culture de la coalition. Tout pacte est perçu comme une défaite, une concession à l’adversaire perçue comme quelque chose d’inacceptable », commente le politologue Fernando Vallespín. Enterrée, la coalition d’entente nationale avec la droite ? Sánchez souhaite en revanche reproduire le modèle portugais autour d’une coalition de gauche avec l’appui du parti centriste Ciudadanos et les cruciaux 69 députés de Podemos. Or Pablo Iglesias, leader de Podemos, exige une condition maximaliste, qui représente un fil rouge pour les socialistes : la tenue d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, rejeté par l’ensemble de la classe politique au nom de l’unité nationale. Dans ce contexte d’affrontement politique, nombreux sont les observateurs à pencher vers de nouvelles élections d’ici au printemps comme seul dénouement possible. syrie Vingt-trois personnes sont mortes de faim depuis le 1er décembre dans la ville syrienne de Madaya, une banlieue de Damas assiégée depuis six mois par l’armée du régime de Bachar El-Assad, selon les chiffres révélés vendredi par Médecins sans frontières. Six d’entre elles avaient moins de 1 mois. L’ONU doit acheminer à partir d’aujourd’hui de l’aide aux 42.000 habitants, dont la moitié sont des enfants. Damas a autorisé jeudi la livraison de nourriture par l’ONU et la Croix-Rouge. Le Conseil de sécurité doit se réunir demain sur ce sujet. AP/SiPA La phrasE « nous prendrons d’autres mesures contre l’iran si ce pays poursuit ses agressions » Le Conseil de coopération du golfe (arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), réuni hier en réunion extraordinaire pour exprimer son soutien à ryad dans la crise qui l’oppose à Téhéran après l’exécution du dignitaire chiite saoudien nimr al-nimr, critique du pouvoir monarchique * 12 | société jdd | 10 janvier 2016 teRRoRISMe Sans-papiers désespéré ou fanatique obéissant aux injonctions de Daech ? Tarek Belgacem est mort le jour anniversaire du massacre de « Charlie » L’énigme du Tunisien de la Goutte-d’Or A « Stéphane Joahny ubergines, aubergines… » Samedi, c ’e st j o u r d e marchés à Barbès. L’officiel, sous le métro aérien. Et le clandestin, en bordure du boulevard de la Chapelle, où briques de lait, vêtements d’occasion et brosses à dents s’échangent à des prix défiant toute concurrence. Quarante-huit heures après le premier acte qualifié de terrorisme perpétré en France en 2016, le sujet reste au cœur des conversations. Mais la vie, déjà, reprend son cours. Les deux policiers en faction devant le commissariat de la Goutte-d’Or, repliés derrière des barrières métalliques, n’ont eux-mêmes pas l’air trop stressés. À quelques rues de là, les vendeurs de cigarettes à la sauvette se cachent à peine pour écouler leurs « Marlboro, Marlboro ! » de contrebande… Le corps de Tarek Belgacem, jeudi, devant le commissariat du 18e arrondissement de Paris. ANNA POLONYI/AFP « Abou Jihad Tounsi » Le jeune homme tué jeudi devant le commissariat du 18e arrondissement – trois balles sur les six tirées par deux policiers l’ont mortellement blessé – était-il l’un de ces jeunes Maghrébins généralement sans papiers vivant d’expédients ? Dans le quartier, son visage ne dit rien à personne, hormis un jeune qui croit se souvenir de lui. C’était il y a deux ans environ : « Il vendait des cigarettes juste là », soutient-il en désignant le boulevard de la Chapelle. « Ça m’étonnerait, corrige un autre, ça fait trois ans que je suis là et je ne l’ai jamais vu. En plus, ce sont les Algériens qui tiennent le business… » Selon toute vraisemblance, la victime est née en mars 1991 en Tunisie et s’appelle Tarek Belgacem. Mais qui était exactement ce quasi-inconnu, et quel a été son parcours ? Les policiers de la section antiterroriste de la brigade criminelle tentent depuis jeudi de répondre à ces questions. Sur la foi de la comparaison de ses empreintes digitales avec celles enregistrées en juillet 2013 par la gendarmerie, suite au vol avec deux complices d’une paire de lunettes sur une plage de Sainte-Maxime (Var), les enquêteurs ont d’abord pensé avoir affaire à un jeune Marocain de 20 ans. Le clandestin avait prétendu alors s’appeler Sallah Ali, natif de Casablanca, et être parvenu sur la Côte d’Azur après un périple en Italie. Bilan : un rappel à la loi et une OQTF, sigle d’obligation de quitter le territoire français. Il a vécu dans un foyer de demandeurs d’asile en Allemagne Mais depuis la diffusion de son portrait dans les médias, sa famille – une cousine en région parisienne et ses parents en Tunisie – s’est manifestée pour révéler sa véritable identité. Elle figurait d’ailleurs sur l’étrange texte manuscrit retrouvé dans sa veste : un vague dessin du drapeau de Daech suivi de la profes- sion de foi musulmane ; son pseudo islamiste, « Abou Jihad Tounsi », précédant son nom d’état civil, Tarek Belgacem, et le mot « Tunis » ; enfin, un texte en arabe signifiant son allégeance à Al-Baghdadi et son souhait de venger les morts en Syrie… En attendant le résultat de l’examen des images vidéo des caméras parisiennes, les enquêteurs ont commencé à « faire parler » le téléphone du jeune homme ; surtout sa carte SIM, achetée en Allemagne et activée cet automne. Ils ont ainsi établi que Belgacem était arrivé en France le 24 décembre 2015 et s’était depuis déplacé sur un axe Valenciennes-Paris-Marseille. La PJ a également enregistré les premiers retours de coopération judiciaire en provenance de Suisse, du Luxembourg et d’Allemagne, mais aussi de Roumanie, autant de pays où, selon une source proche de l’enquête, Belgacem s’est fait remarquer ces dernières années pour de menus larcins et des infractions à la législation sur les étrangers, sous différentes identités. Hier soir, la police judiciaire allemande a indiqué avoir perquisitionné un foyer de demandeurs d’asile où il vivait, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. « Aucun indice de possibles autres attaques » n’a été trouvé. « Pour l’instant, nous n’avons aucune certitude » Sollicités par une radio tunisienne, ses proches, basés dans la région de Mahdia, soutiennent que Tarek Belgacem « n’appartenait à aucune organisation extrémiste ». « Il est allé [au commissariat] pour son passeport », insiste sa mère. « Il y a trois, quatre jours, il nous a appelés pour nous demander de lui envoyer des extraits de naissance », confirme son père. Aucune explication en revanche sur la note manuscrite, le couteau de boucher et la mystérieuse sacoche entourée de ruban adhésif et équipée d’un fil électrique qui a mobilisé un robot de déminage pour lever le doute sur la présence d’explosifs… Si les applications retrouvées sur le téléphone du jeune homme trahissent, selon une source judiciaire, un « intérêt pour le djihad et l’islam radical », elles n’auraient, selon une source policière, pu servir qu’à recopier la profession de foi musulmane. « Pour l’instant, nous n’avons aucune certitude. » g Hommages aux victimes des attentats Ce matin, à paris, la place de la République est le centre des commémorations, en présence de François hollande Un an après la marche républicaine qui avait réuni près de 4 millions de personnes en France le 11 janvier 2015, un hommage est prévu en deux temps aujourd’hui place de la République, à Paris. À 11 heures, François Hollande et Anne Hidalgo dévoileront une plaque au pied d’un « chêne du souvenir » en mémoire des 149 victimes du terrorisme en France dans l’année. Suivront des chansons – notamment Un dimanche de janvier par Johnny Hallyday –, ainsi qu’une minute de silence et une Marseillaise. À 17 h 30, les Parisiens sont invités à se rassembler munis d’une bougie devant le chêne, la statue de la République et la fresque Fluctuat nec mergitur illuminés. En parallèle, l’invitation de tous les citoyens à un « thé de la fraternité », qui a débuté hier à l’appel du Conseil français du culte musulman (CFCM) dans de nombreuses mosquées, se poursuit aujourd’hui. L’objectif est de défendre un islam de concorde, de « perpétuer l’esprit de solidarité du 11 janvier », « de mieux se connaître pour mieux se reconnaître », a expliqué Anouar Kbibech, le président du CFCM. Hier aprèsmidi, celui-ci a accueilli Bernard Cazeneuve à la mosquée de SaintOuen-l’Aumône (Val-d’Oise). Recueillement devant l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes Le ministre de l’Intérieur a martelé que « la République [avait] besoin, plus que jamais, de l’engagement de tous les musulmans de France ». « Lorsque des barbares frappent la jeunesse sans distinction de religion, les premiers à souffrir en termes de dégradation d’image de leur religion sont les musulmans amoureux de la République », a-t-il ajouté en Bernard Cazeneuve, hier, dans une mosquée du Val-d’Oise. érIc dessONs/Jdd condamnant les « actes imbéciles » commis contre des lieux de culte musulmans. En 2015, le CFCM a recensé 400 actes antimusulmans, dont 174 sur le mois de janvier. Hier à 19 h 30, les deux hommes se sont retrouvés au « rassemblement unitaire d’hommage » aux victimes des attentats de janvier, organisé devant l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à l’appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif ). « L’année 2015 a été une année horrible pour les juifs, pour les journalistes, pour les policiers et finalement pour tous les Français. Mais ce soir, nous ne sommes pas seuls », a rappelé son président, Roger Cukierman. Dix-neuf bougies – pour les 17 victimes de janvier, plus une pour celles du 13 novembre et une pour toutes les victimes du terrorisme – ont été allumées par des personnalités, dont Anne Hidalgo, Nicolas Sarkozy, le grand rabbin de France Haïm Korsia, l’archevêque de Paris André Vingt-Trois et le « héros » Lassana Bathily, ovationné. « La flamme du judaïsme et l’âme de la République, ce soir, sont unies », a martelé le Premier ministre, Manuel Valls, dans un discours très applaudi, évoquant « l’angoisse légitime » des juifs de France, qui « ne doit plus jamais être sous-estimée ». « Je ne cesserai de le répéter parce que c’est une conviction profonde : sans les juifs de France, la France ne serait pas la France ! » J.D. lejdd.fr De République à Nation, notre reporter refait aujourd’hui le parcours de la marche républicaine du dimanche 11 janvier 2015 société | 13 jdd | 10 janvier 2016 Carte scolaire, le remue-méninges ÉDUCATION Favoriser la mixité sociale dans les collèges, c’est l’objectif. Selon le ministère, 20 départements doivent mener des expériences à la rentrée 2016. Ce ne sera pas le cas… MArIe QUeNeT En finir avec les collèges ghettos, c’était l’un des objectifs affichés par le gouvernement au lendemain des attentats de janvier 2015. Le 10 novembre, la ministre de l’Éducation annonçait des expérimentations pour favoriser la mixité sociale dès la rentrée 2016. Avec une liste de 17 départements « volontaires », de droite comme de gauche, prêts à tester la démarche sur un ou deux « territoires pilotes ». L’idée phare ? Créer des secteurs de recrutement communs à plusieurs collèges afin de mélanger davantage les enfants (aujourd’hui, chaque élève dépend, selon son adresse, d’un seul collège). Deux mois plus tard, chacun avance avec une prudence de Sioux, conscient que tout ce qui touche à la carte scolaire, au devenir des enfants, reste un sujet ultrasensible. La liste des secteurs pilotes demeure donc confidentielle. Le ministère prévoit un point d’étape le 20 janvier avec le comité scientifique censé accompagner ces pionniers de la mixité. Tout sera rendu public fin janvier-début février. « On aura 25 à 30 territoires pilotes, six fois l’objectif initial », se félicite-t-on déjà rue de Grenelle, en annonçant trois départements de plus : la Vienne, la Marne et le Gard. « C’est surréaliste, nous n’avons pas donné notre accord ! » Le JDD a donc questionné les 20 conseils départementaux, seuls compétents en matière de sectorisation. Premier constat : deux « volontaires » ne semblent pas au courant. La Marne, dirigée par la droite, tombe des nues : « C’est surréaliste, nous n’avons pas donné notre accord ! » L’Indre-et-Loire, présidé par l’UDI, botte en touche : « Nous ne possédons pas assez d’éléments pour travailler à la mise en place d’un tel dispositif, susceptible de susciter chez les parents d’élèves de très vives réactions. » Ailleurs, dans un département PS, on se présente comme un « désigné volontaire ». Deuxième constat : près de la moitié des volontaires ne se lanceront probablement pas à la rentrée 2016, date fixée par le ministère. En Haute-Savoie, par exemple, il faudra attendre la rentrée 2017 et l’ouverture du 49e collège du département. En Meurthe-et-Moselle, un secteur multicollèges verra le jour à Nancy en septembre 2017. « On ne doit pas imposer d’en haut la mixité sociale », martelait la ministre en no- Les 20 départements « volontaires » Charente-Maritime, Doubs, Eure-et-Loir, Gard, Haute-Garonne, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Loire, Haute-Loire, Maine-et-Loire, Marne, Meurthe-et-Moselle, Puy-de-Dôme, Bas-Rhin, Haute-Savoie, Paris, Vienne, Tarn et Seine-Saint-Denis. vembre. Beaucoup de départements prendront donc leur temps. « Nous en sommes au stade du scénario », estime-t-on en Haute-Garonne. « Les parents doivent déposer les dossiers d’entrée en sixième au tout début du printemps, la période de travail est trop courte pour des évolutions importantes à la rentrée 2016 », juge encore Henri Colin, vice-président de la Vienne chargé des collèges. D’autres, comme le Maine-et-Loire, risquent de décaler leur test – a priori un secteur multicollèges autour du collège Jean-Lurçat à Angers, classé REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcé) – pour des raisons administratives : leur interlocuteur au rectorat vient d’être muté dans les Bouches-du-Rhône ! « Redonner envie de faire le choix du collège public de son quartier » Pour corser le tout, sous couvert d’expérimentations locales, les approches sont très variées. En réalité, à la rentrée 2016, seuls quelques départements, comme le Bas-Rhin et le Gard, comptent tester le secteur multicollèges mis en avant par la ministre. Le Doubs, l’Eure-et-Loir et la Loire peut-être aussi. Mais pour 2016, la plupart privilégient d’autres approches. Paris, par exemple, corrige simplement des périmètres de recrutement dans plusieurs territoires – la limite entre arrondissements : les 12e et 20e, les 18e et 19e –, rectifiant l’affectation d’un bout de rue, d’un morceau de quartier, s’appuyant sur les nouveaux outils fournis par l’Éducation nationale. Et les secteurs multicollèges ? Peut-être à la rentrée 2017… La Seine-Saint-Denis, elle, conjugue en priorité révision de la sectorisation face aux évolutions démographiques (par exemple à Clichy-sous-Bois) et nouvelle offre pédagogique. « Il faut surtout redonner envie aux familles de faire le choix du collège public de leur quartier », martèle Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental. Même raisonnement dans l’Hérault. Ici, on ne touche même pas à la carte scolaire. « Le collège Las-Cazes, à Montpellier, concerné par l’expérimentation, ne rencontre pas de problèmes de mixité dans sa zone de recrutement. Mais près de 300 familles préfèrent mettre leurs enfants ailleurs, regrette Renaud Calvat, vice-président délégué à l’Éducation. Tout notre travail consiste donc à rendre ce collège plus attractif. » Avec de multiples mesures : travail sur la place des sciences, passerelles avec le lycée et l’enseignement supérieur, théâtre, projet numérique… Aux confins de la Loire, on soigne l’offre pédagogique. Ce département, qui ne compte aucun collège en REP, fait aussi partie des « expérimentateurs ». Son projet porte sur un collège (moins de 100 élèves), avec la création d’une « section sportive option équitation ». Objectif : « favoriser la revitalisation du territoire par un recrutement des élèves sur le plan départemental, académique, voire interacadémique ». La mixité par petites touches ? « Je ne prépare pas le grand soir », prévenait Najat Vallaud-Belkacem en novembre. g lejdd.fr Ce qui va se passer dans chacun des 20 départements Devant le collège Jean-Lurcat, à Angers (Maine-et-Loire). Un établissement qui souffre d’un manque de mixité sociale. N. MARQUES poUR lE JDD 14 | société JDD | 10 janvier 2016 « La loi Santé est un échec total INTErvIEw Claude Évin, ex-ministre de la Santé et ancien directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, réagit IntervIew ANNE-LAUrE BArrET ET MATThIEU PEchBErTy @AnneLaureBarret @mpechberty La loi Santé détruit-elle la vôtre, qui encadre la publicité pour l’alcool ? Sur l’alcool, responsable de 135 morts par jour en France, le combat est en train d’être perdu. Durant vingt-cinq ans, ce texte, qui réglemente la publicité pour l’alcool, a été sans cesse attaqué. Sous la pression des publicitaires et celle des viticulteurs qui dans cette affaire sont instrumentalisés, la publicité sur des affiches dans la rue a été rétablie trois ans après, celle sur Internet a été autorisée en 2009. Dire aujourd’hui qu’on ne peut diffuser la photographie d’un vignoble ou faire un article sur la Bourgogne est absurde. Ce qu’on ne peut accepter, c’est de présenter l’alcool, quel que soit le produit, de manière à inciter à la consommation, que ce soit sous la forme de visuels ou d’articles. La consommation excessive d’alcool tue, brise des familles (violence conjugale) et des vies (accidents de voiture), on ne peut donc pas en faire la promotion comme on le ferait par exemple d’un parfum. Claude Évin, jeudi, à Paris. Sa loi a 25 ans aujourd’hui même. Bernard BISSOn POUr Le Jdd ce nouveau texte marque-t-il un recul dangereux ? La loi Santé est un échec total sur l’alcool : elle légitime le contournement de la loi Évin. Sous couvert d’œnotourisme, on pourra promouvoir n’importe quel produit. On a introduit dans la loi une fausse distinction, entre publicité et information, qui permettra de présenter le vin ou d’autres alcools comme un produit attractif. On verra, à l’heure où les jeunes sont devant la télé ou le samedi soir au cinéma, des pubs estampillées terroir pour des vodkas polonaises ou du whisky écossais. Les grands vainqueurs de ce recul sanitaire seront les publicitaires qui lorgnent ce marché gigantesque et les vendeurs de bières et d’alcools forts, qui vont s’engouffrer dans la brèche. La crise est là, le gouvernement a tranché en faveur des exportations. Est-ce un scandale ? C’est un faux argument : enca- drer la publicité ne limite pas les « binge drinking », en augmentation exportations. La qualité des proconstante chez les jeunes, n’a-t-elle duits détermine notre capacité à pas été menée ? Ces sujets n’ont les vendre. Certes, la viticulture, ce pas été portés politiquement par sont des hommes et des femmes, la ministre de la Santé. Il n’y a ni de l’activité économique, une parpédagogie ni éducation sanitaire. tie de l’image de la France. Mais L’alcool est un tabou en France, on ne peut pas sacrifier la santé sans doute du fait que nous sommes au nom de l’économie. En 1991, un grand pays de production… et le Conseil constitutionnel l’avait de consommation. d’ailleurs confirmé en validant comment aviez-vous combattu ma loi. Une démarche intelligente les lobbys en 1991 ? consisterait aujourd’hui à trouver L’opinion avait été préparée à un accord entre défenseurs de la ce débat par cinq grands professanté et acteurs économiques, seurs de médecine qui avaient pour instaurer fait de la santé un code de bonne un des enjeux du conduite. Marisol « Si un fumeur n’a duel MitterrandTouraine avait pas décidé d’arrêter, Chirac de 1988. Les échanges promis un groupe entre ministres de travail sur ce paquet neutre sujet. Je regrette ou pas, il ira acheter ont été vifs. Le qu’il n’ait pas été Premier ministre, mis en place. On ses cigarettes » Michel Rocard, a n’aurait peut-être tranché en ma fapas eu ce vote par veur et, au Conseil la suite. des ministres, j’ai eu la surprise De nombreux professionnels d’entendre François Mitterrand, souvent silencieux lorsqu’il s’agisde santé critiquent l’inaction sait de la présentation d’un texte du gouvernement en matière de loi, s’engager. Il a insisté sur le de prévention… La politique de santé publique fait qu’il y avait, dans notre pays, ne se résume pas à une loi. Pourune trop grande tendance à banaquoi aucune action contre le liser l’alcoolisme, générateur de Lobbying sans modération au Parlement ENQUÊTE Une centaine de députés des régions viticoles ont mené une intense bataille pour assouplir la loi Évin. D’autres ont failli tuer le paquet de cigarettes neutre « Il n’y a plus de loi Évin. Les publicités pour l’alcool fleurissent à chaque coin de rue. Elles envahiront bientôt les écrans. On ne sait plus ce qui est interdit et ce qui est autorisé. » Ce haut responsable du ministère de la Santé ne décolère pas. La loi Santé, qui va être examinée dans dix jours par le Conseil constitutionnel, assouplit, par le biais d’un amendement, le volet alcool de la loi Évin de 1991. « Les politiques sont irresponsables. Quand la pub pour l’alcool augmente, la consommation augmente aussi. Nos députés et sénateurs, qui ont épousé la cause des lobbys, nous préparent une catastrophe sanitaire… » Catherine Lemorton, députée (PS) de Haute-Garonne et présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, partage le même sentiment d’avoir « perdu la bataille » face à de « l’électoralisme pur » et à « des intérêts riches et puissants ». Cette pharmacienne de profession n’a pas réussi à convaincre ses confrères de faire passer la santé avant les intérêts économiques. La bataille a commencé il y a trois ans, au moment de l’annonce d’une loi Santé. À la manœuvre, Vin & Société, fédération représentant 500.000 producteurs, qui a lancé pour l’occasion une vaste campagne de communication. La plupart des 200 députés ayant des vignobles dans leur circonscription ont reçu la visite des lobbyistes. Outre celui de l’Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev), ces derniers ont pu compter sur le soutien de la grosse centaine de parlementaires membres du groupe viticulture de l’Assemblée nationale. Ce club très couru n’a cessé de réclamer « une clarification responsable de la loi Évin ». À sa tête, Catherine Quéré, députée (PS) de CharenteMaritime, patrie du cognac et du pineau. Cette ancienne viticultrice reconnaît volontiers que le lobby de l’alcool a murmuré à son oreille. « Le problème n’est pas de recevoir tel ou tel mais de faire preuve d’indépendance au moment de prendre une décision. Je manquerais de cette indépendance si j’avais été payée, cela n’a pas été le cas. » Manipulation à la Commission des affaires sociales L’offensive finale a été lancée durant l’été 2015 par trois députés de régions viticoles. Denys Robiliard (vallée de la Loire), Gilles Savary (Bordelais) et Laurent Grandguillaume (Bourgogne) ont tenté d’introduire un amendement pour assouplir la loi Évin dans la loi Macron. En vain. À la rentrée, la pression est revenue au Sénat cOLcanOPa avec le sénateur de Gironde Gérard César, également viticulteur. Le président du groupe d’étude de la vigne au Sénat réunit derrière lui une quarantaine de ses collègues de gauche et de droite des régions viticoles, favorables à autoriser l’information sur le vin et l’œnotourisme. « Il s’est beaucoup battu, reconnaît un professionnel. Sans lui, le sujet aurait été enterré. » Car à l’Assemblée nationale, la commission des affaires sociales ne compte aucun élu de terroirs plantés de vignes. « Il y avait un vrai blocage, on n’arrivait pas à avoir de rendez-vous », admet un lobbyiste de la filière viticole. Début novembre, deux députées PS réalisent un tour de force. Catherine Quéré et Anne-Yvonne Le Dain (Hérault) font pression pour intégrer cette commission et remporter le vote en faveur de « l’amendement alcool ». Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux, orchestre ce jeu de chaises musicales : il demande à Sylviane Bulteau et Jean-Jacques Vlody de laisser leurs places au sein de la commission. Les régionales ont pesé sur les votes « Jean-Jacques Vlody était opposé à cette mesure, explique sa collaboratrice. Mais il a obéi à la consigne du groupe. » « Oui, c’est inhabituel et cela s’est fait assez tard avant le vote », admet du bout des lèvres un proche de Le Roux, pas très à l’aise. Objectif rempli : la commission des affaires sociales vote l’amendement. « Ce parachutage est une véritable manipulation », accuse Catherine Lemorton. Catherine Quéré, elle, rétorque : « C’est tout à fait légal et pas rare de changer de commission. Le vote a été largement majoritaire. De toute façon, le groupe PS était quasi unanime sur ce thème et François Hollande nous a soutenus. » La campagne des régionales a aussi servi de levier politique. « Les viticulteurs ont mis la pression dans toutes les régions où ils sont présents », explique Michèle Delaunay, députée (PS) de Gironde. « Et les buralistes ont fait la même chose. » Quinze jours après, une nouvelle offensive, cette fois-ci sur le paquet neutre, a bien failli faire vaciller la loi Santé. Dans la nuit du 25 au 26 novembre, le député socialiste du Doubs Frédéric Barbier réussit à rassembler une cinquantaine de collègues pour s’opposer à cette mesure phare de la loi de Marisol Touraine. Tous députés de régions frontalières, qui souffrent des achats de tabac à l’étranger, beaucoup venaient du Tarn, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales. « Ils se sont mobilisés après que des buralistes locaux ont perturbé un meeting de la candidate PS en Midi-Pyrénées, Carole Delga , décrypte l’un d’eux. Ils l’ont menacée de lui faire perdre les élections. » Le paquet neutre a finalement été voté à deux voix d’écart seulement. Et Carole Delga a été élue. A.-L.B. ET M.P. société | 15 jdd | 10 janvier 2016 sur l’alcool » à la loi qui doit entrer en vigueur cette année violence familiale. Aujourd’hui, Marisol Touraine n’a pas bénéficié du soutien de François Hollande. Les sujets de santé n’intéressent pas, comme s’il n’y avait plus le souci de sauver des vies. Dans la loi touraine, il y a tout de même le « paquet neutre » pour lutter contre le tabagisme… « Il faut un électrochoc pour changer les comportements ! Il faut augmenter les prix de manière forte et brutale » Ce n’est pas une mesure qui incite à l’arrêt du tabac. À titre personnel, je n’y crois pas. Si un fumeur n’a pas décidé d’arrêter, paquet neutre ou pas, il ira acheter ses cigarettes. C’est un symbole pour se donner bonne conscience. Il sera un élément supplémentaire pour lutter contre le tabagisme mais ne sera pas déterminant. Qu’aurait dû faire Marisol touraine ? Il faut les augmenter de manière forte et brutale. De faibles hausses régulières, comme cela a été fait pendant des années, ne servent à rien. Je ne nie pas les conséquences pour les buralistes mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Il faut un électrochoc pour changer les comportements ! La ministre aurait dû se battre pour augmenter les prix, la meilleure façon de limiter la consommation. Les aspects financiers ont-ils primé ? Le tabac assure à l’État des t a xe s i m p o rt a n t e s ( 14 m i l l i a rd s d’euros). Mais il coûte 47 milliards d’euros chaque année à la Sécurité sociale et fait 78.000 victimes. Ce drame humain ne se mesure pas avec des chiffres. Sur le tabac, votre loi a-t-elle également été contournée ? Le texte n’a pas changé mais il est insuffisamment appliqué, par exemple dans les bars et les restaurants qui, en hiver, installent des terrasses fermées et couvertes. Il n’y a pas, là encore, de volonté politique pour que des contrôles fassent respecter la réglementation. g Quand les prix montent, la consommation baisse Prix du paquet le plus vendu en euros Cigarettes fumées par jour/adulte 8 7 6 5 4 3 2 4,8 4,6 € 5€ 5 € 5,3 € 5,6 € 5,9 € 6,6 € 6,2 € 2002 6,8 € 5,3€ 3,35€ 3,9 € 3,6 € 3,2 € 2000 7 € 7€ Estimation JDD 2,9 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Source : C. HILL (Sept. 2013) La consommation de tabac repart à la hausse eXCLUSIF Les ventes de cigarettes ont augmenté de 1 % en 2015, celles de tabac à rouler de 6,3 %. Les taxes progressent aussi MAttHIeU PeCHBertY @mpechberty C’est une première depuis 2009 : la consommation de tabac repart à la hausse. Les ventes de cigarettes ont augmenté de 1 % l’an passé après avoir baissé de 7,6 % en 2013 et de 5,3 % en 2014. Pire, celles de tabac à rouler, alternative prisée par les jeunes, continuent à exploser : elles ont progressé de 6,3 % alors qu’elles avaient reculé de 3 % en 2014. La reprise de la consommation est très nette. Elle intervient alors que les prix des cigarettes n’ont pas augmenté depuis le 1er janvier 2014. Un lien évident pour les professionnels. « La stabilité des prix a joué énormément, c’est incontestable, estime un industriel. On n’avait pas fait une telle année depuis longtemps. » Étonnant coup de pouce, la fermeture des frontières décrétée par l’état d’urgence a limité les achats de cigarettes dans les pays frontaliers et profité aux buralistes en France au mois de décembre. Les recettes fiscales ont progressé de 1,8 % Ce rebond tombe mal alors que vient d’être votée la loi de santé de Marisol Touraine. « À force de se concentrer sur le paquet neutre, le gouvernement a oublié l’essentiel : augmenter les prix ! », s’étonne un autre professionnel. À moins que l’État l’ait fait volontairement. Car ses recettes fiscales ont aussi profité des bonnes ventes en progressant de 1,8 %, soit près de 250 millions d’euros. Un rattrapage qui réjouira Bercy après une année 2014 désastreuse quand les taxes avaient baissé de 200 millions d’euros. Tout le monde surfe sur la vague puisque les buralistes, qui touchent 6,9 % sur chaque paquet vendu, ont aussi vu leurs commissions s’améliorer de 37 millions d’euros. g * 16 | société JDD | 10 janvier 2016 Gabegie, fromage et recasage… Notre-Damedes-Landes : CRS contre agriculteurs INSTITUTIONS Peu HIER SOIR, vers 23 heures, après une première tentative avortée de négociation entre la police et des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (LoireAtlantique), des CRS équipés de lances à eau sont intervenus pour tenter de déloger les agriculteurs qui bloquaient totalement le pont de Cheviré, sur la Loire, coupant ainsi la circulation sur le périphérique nantais. Charge avec gaz lacrymogène d’un côté, fusées d’artifice et feu de paille de l’autre, la situation était très confuse aux alentours de minuit. En début de nuit, alors qu’une importante colonne de CRS passait le pont dans le sens nord-sud en direction du barrage des opposants, les agriculteurs avaient positionné en épis leurs tracteurs – entre 40 et 60 – pour faire face aux forces de l’ordre. Ils voulaient couper le périphérique nantais tant que François Hollande ne renoncerait pas à l’expulsion des personnes habitant sur le site du futur aéroport. consulté, le Conseil économique, social et environnemental est dans le collimateur. Son nouveau patron, Patrick Bernasconi, recevra dans huit jours le président de la République pour ses vœux aux forces vives de la nation MarIe-ChrISTINe TabeT @mc_tabet Le 18 janvier, François Hollande lancera le dernier round social du quinquennat au palais d’Iéna. Au programme : réforme du Code du travail et du régime chômage. Il sera accueilli sur le perron du Conseil économique social et environnemental (Cese) par l’ancien patron de la Fédération nationale du bâtiment, Patrick Bernasconi, ex-dirigeant du Medef, qui en a ravi la présidence le 1er décembre à Jean-Paul Delevoye. Une provocation ou du moins un faux pas pour FO et la CGT… C’est en mai dernier que Delevoye a compris que ses jours étaient comptés à la tête de la troisième assemblée de la République, celle des partenaires sociaux. Ce jour-là, il recevait Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Désireux de briguer un second mandat, Delevoye, élu en 2010 pour cinq ans, voulait savoir s’il aurait le soutien du syndicat réformateur. Berger l’a félicité pour son « bon bilan d’assainissement » mais ne lui a laissé aucun espoir : « Il m’a gentiment fait comprendre que la gestion du Cese devait revenir aux partenaires sociaux… » « J’ai voulu remettre la maison en ordre de marche » La greffe Delevoye n’a jamais pris. Le personnel s’est rapidement méfié des ambitions réformatrices de l’ancien médiateur de la République, fustigeant « la brutalité de son management » et un « manque d’investissement ». En témoigne un audit réalisé par le cabinet Technologia. Jamais rendu public, ce document remis en mars 2014 – dont le JDD a pu consulter une synthèse – montre que, si 81 % des personnels jugeaient des évolutions nécessaires, 51 % n’approuvaient aucun des chantiers engagés par le président Delevoye. « J’ai voulu remettre la maison en ordre de marche, se défend-il. En arrivant, je me suis aperçu que la maison gonflait ses effectifs et distribuait des primes sans compter. Pour un salaire moyen de 55.000 €, les fonctionnaires du Cese travaillaient en moyenne 1.350 heures annuelles, soit largement moins que les 1.607 heures obligatoires de la fonction publique… Sans compter les arrangements extérieurs et les contrats léonins. Lorsque le directeur de cabinet de mon prédécesseur, un préfet qui percevait 15.000 € par mois, a quitté À Paris, le palais d’Iéna abrite le Conseil économique, social et environnemental. CHARLES PLATIAU/REUTERS le Cese pour rejoindre la Cour des dical, professionnel, agricole… Chaque organisation y désigne comptes, j’ai dû continuer à payer des représentants. Pour la plupendant trois mois son salaire… au Medef. Je me suis aperçu qu’en 2008, part, l’opération est très juteuse. on avait puisé dans la caisse de À commencer par la CFDT et la retraite pour subventionner à hauCGT, qui y envoient parmi les plus teur de 260.000 € les Assises de la gros contingents (18 personnes) jeunesse. Caisse déficitaire et renet perçoivent une rente annuelle flouée par l’État ! À l’époque, j’avais de 640.000 €. FO empoche préféré taire toutes ces dérives pour quelque 500.000 €. Les conseilprotéger l’institution. Des députés lers reversent à leur organisation réclamaient sa disparition ! » l’intégralité de leurs indemnités Ses tentatives de réorganisation de 3.000 € mensuels. Leur profit n’ont pas convaincu. Et il a dû recupersonnel est différé mais tout ler sur certains dossiers. Exemple aussi important. Il prend la forme édifiant : la pointeuse en début et d’une super-épargne retraite : 350 € fin de journée qu’il a imposée pour de pension pour un mandat de augmenter le temps de travail ne cinq ans, 700 € pour deux mandats. prend pas en compte les pauses Le barème a été révisé en juillet. déjeuner à l’intérieur du palais Auparavant, la pension atteiet les diverses activités de loisirs gnait près de 1.200 € au terme de deux mandats, pour deux offertes sur place. « Pour diriger le jours de travail Conseil, il faut être par semaine en au moins francmoyenne et des maçon ou syndica- Le conseiller social liste, fait observer du PS vient de frais de déplaceun... syndicaliste, ments additionnels. Les « PQ », et Delevoye n’est décrocher l’un des ni l’un ni l’autre. Il deux prestigieux personnalités n’a obtenu le poste qualifiées choisies de manière totaleque parce que la postes de questeur maison n’avait pas au Cese, avec ment discrétionréussi à trouver naire par l’exéun accord interne bureau et chauffeur cutif, bénéficient après la présidu même régime dence de Jacques e t c o n s e r ve n t leur « traitement ». Un groupe Dermagne. » Le 1 er décembre, Jean-Paul de personnalités associées (PA) Delevoye a été battu à plates couparticipe également aux travaux tures au premier tour par Patrick de l’assemblée mais pas aux votes. Bernasconi, le candidat de la Elles perçoivent une indemnité de CFDT, qui a obtenu 131 voix contre quelque 1.500 €. seulement 60 à son adversaire. La campagne pour la présiLa CGT lui avait promis son soudence du Cese a laissé des traces. tien… au second tour. Les accords Yves Veyrier, ancien conseiller CGT-FO du Cese, ne décoélectoraux au sein du Conseil dépassent largement les logiques lère pas. « Sarkozy avait nommé de lutte des classes. Le Cese et ses ses conseillers Pierre Charon et 38 millions d’euros de budget sont Raymond Soubie, mais il me semble une affaire financière de la plus que c’est la première fois que l’exéhaute importance. Un des plus cutif envoie à l’évidence un permabeaux fromages de la République nent national du parti de la majoassurent ses détracteurs. rité », fustige-t-il. Sur le banc des Le Conseil est composé de accusés, Jean Grosset, le conseiller 233 conseillers issus de la société social du PS qui, après avoir effeccivile, du monde associatif, syntué un premier mandat au Conseil dans le groupe Unsa, revient sur la liste des 40 personnalités qualifiées, le quota de l’exécutif. La potion est amère pour FO car Grosset est issu de ses rangs et a fait ouvertement campagne pour Patrick Bernasconi. Or cet ancien trotskiste, surnommé « Saïgon » chez les lambertistes et proche de l’actuel premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dont il est conseiller social, vient de décrocher l’un des deux prestigieux postes de questeur au Cese, avec bureau et chauffeur. « On a besoin de retrouver une légitimité » Sur les 40 PQ, 25 seraient proches du PS… dont l’ancien député Jean-Marie Cambacérès ou le candidat malheureux aux régionales dans le Vaucluse, Jean-Louis Joseph, nommé avant même l’échéance électorale. Jacky Bontems, le représentant du groupe des PQ, vient de publier un ouvrage d’économie très louangeur sur François Hollande, que ce dernier a d’ailleurs pris soin de préfacer. « On a besoin de retrouver une légitimité, se plaint un conseiller environnement, cette assemblée est un des rares lieux de débat non conflictuel de la République, un endroit où la société civile peut faire entendre sa voix sans être obligée de pétitionner ou de manifester. Quel gâchis… » Le dernier rapport de la Cour des comptes, publié en février dernier, dressait un bilan sans appel de l’institution. « Le Cese a pour mission première de donner son avis sur les projets de loi qui lui sont soumis […]. Malgré les évolutions institutionnelles, la place du Cese […] est caractérisée par la faiblesse du nombre de saisines gouvernementales (5 en 2013, 2 en 2012, 11 en 2011) et parlementaire (1 seule à ce jour)… » Depuis la rédaction du document, le Sénat et l’Assemblée ont saisi une fois chacun le Cese. Donc trois saisines parlementaires en cinq ans. g 20.000 manifestants selon les organisateurs Plus tôt dans la journée, les antiaéroport avaient réuni des milliers de personnes – 20.000 selon l’Acipa, principale association d’opposants, 7.200 selon la police, dont un millier de cyclistes –, la mobilisation la plus forte depuis la manifestation du 22 février 2014, lorsqu’au moins 20.000 personnes s’étaient réunies dans le centre de Nantes. Le rassemblement d’hier a lieu plus de deux mois après l’annonce, le 30 octobre, d’une relance « pour 2016 » du chantier, après la validation par le tribunal administratif de Nantes des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux. Une audience doit avoir lieu mercredi au tribunal de grande instance de Nantes, le groupe Vinci, concessionnaire du projet d’aéroport, demandant que soit prononcée l’expulsion immédiate de onze familles et de quatre agriculteurs vivant sur ce site. Hier, Nicolas Hulot, ex-envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, a par ailleurs estimé dans les colonnes du Monde que le projet de NotreDame-des-Landes était « la preuve que nous n’avons pas encore intégré qu’il y a des projets auxquels il va falloir renoncer ». La dirigeante d’EELV, Emmanuelle Cosse, a de nouveau appelé à l’abandon du projet d’aéroport. Le transfert de l’actuel aéroport vers le site de Notre-Damedes-Landes, à 20 km au nord de l’agglomération nantaise, devait initialement s’achever en 2017 avec l’inauguration de la nouvelle infrastructure, mais les travaux sont arrêtés depuis 2012. r.b. (aveC aFP) Hier, les manifestants ont bloqué le trafic sur le pont de Cheviré. AFP économie jdd | 10 janvier 2016 | 17 NUMÉRIQUE Le salon mondial de Las Vegas a vu passer des dizaines de jeunes entrepreneurs en quête de financements. Ou comment transformer une idée en business Start-up françaises cherchent jackpot constituent un petit monde qui peut changer d’avis très facilement. Quelques signes, comme cette forte présence française au CES, peuvent les faire revenir », est persuadé Jean-David Chamboredon. À Las Vegas, beaucoup de startup françaises étaient aussi venues convaincre un public international friand d’innovation de la pertinence de leur technologie. « On T LAS VEGAS (ÉtAtS-UNIS) ENVOYÉE SPÉCIALE SYLVIE ANDREAU @sylvieandreau enter sa chance à Las Vegas pour toucher le jackpot aux machines à sous ou pour épouser un millionnaire n’a jamais si bien marché. Décrocher le million avec une semelle chauffante ou une enceinte intelligente est un pari beaucoup plus risqué. C’est pourtant celui dans lequel se sont lancées les quelque 200 startup embarquées dans la caravane de la French Tech, dispersée hier soir après trois jours « mémorables » dans la capitale du jeu. Le Consumer Electronic Show (CES) a pris cette année les allures d’un concours de beauté géant qui doit permettre à ces entrepreneurs de convaincre des investisseurs de les accompagner dans leur aventure ou des futurs clients, distributeurs ou partenaires commerciaux de donner une chance à des produits souvent audacieux. Un distributeur de vin en dosette, connecté Morgan Acas a débarqué à Las Vegas avec une étonnante machine baptisée « Figure ». Elle se propose de traiter les données récoltées par un smartphone ou une montre connectée, comme la météo ou la pollution, et de concocter une crème de soin pour le visage sur mesure. Un peu plus loin sur un autre stand, Thibaut Jarrousse a lui enchaîné les démonstrations de son distributeur de vin en dosette d’un verre, lui aussi connecté, afin de le servir à température idéale. Pour les deux entrepreneurs, le calcul est vite fait : une poignée de millions de dollars ferait passer leur machine du stade de prototype à la phase industrielle. Elle « Quelque chose est en train de changer dans notre pays. Une véritable révolution culturelle est en cours » Emmanuel Macron Des visiteurs du Salon découvrent les nouvelles lunettes connectées de Google. GENE BlEvINS/DAIlY NEWS/ZUMA/vISUAl leur permettrait aussi d’ouvrir des bureaux là où leur projet peut rencontrer de nouveaux marchés, aux États-Unis, bien sûr, ou en Chine. À Las Vegas, les chances de rencontrer ce partenaire providentiel sont bien plus importantes qu’à Paris. En France, les sommes consacrées au financement de l’innovation plafonnent sous la barre des 700 millions d’euros par an. Aux États-Unis, ce sont près de 47 milliards de dollars qui ont été injectés l’an dernier dans des entreprises de nouvelles technologies. Les French entrepreneurs sont bien décidés à en capter une part. « Les financiers américains ne s’intéressaient plus à la France qu’ils avaient rayée de leur agenda. Ils nous considéraient comme le Sénégal de la technologie… Les choses commencent à changer », reconnaît Jean-David Chamboredon, investisseur français, notamment au capital de Blablacar et président du fonds Isai. Une enceinte musicale intelligente La communauté des investisseurs américains a eu droit à une visite d’Emmanuel Macron, qui a fait un crochet par San Francisco flanqué d’une délégation de golden boys français comme Frédéric Mazzella, de Blablacar ou Ludovic Le Moan, de Sigfox. Plus tôt dans la semaine, Mister Macron a été accueilli comme une rockstar à Las Vegas. « Quelque chose est en train de changer dans notre pays. Une véritable révolution culturelle est en cours », s’est enflammé le ministre devant un parterre d’entrepreneurs conquis. « Les Américains Ces entrepreneurs déjà millionnaires Henri Seydoux, Parrot Son dernier drone, le Disco, restera l’une des attractions du CES de Las Vegas. Il y faisait des ronds dans une cage, montée sur l’imposant stand du français. Henri Seydoux, fondateur du groupe Parrot, est fan de ce rendez-vous annuel qu’il honore depuis des années. L’enjeu, cette fois, est de prouver que le français est incontournable sur le marché des drones grand public. Son chiffre d’affaires s’est envolé autour des 250 millions d’euros. Le groupe vient aussi de lever 300 millions pour accélérer son développement sur un marché qui explose. « J’étais un peu sceptique face à cette histoire de French Tech. Je craignais l’image de village gaulois… Je dois reconnaître qu’une vraie dynamique s’est créée, avec une belle énergie. J’espère que l’idée de chasser en meute sera payante. » SIPA Ludovic Le Moan, Sigfox Le champion français, créateur d’un réseau pour objets connectés, s’est contenté cette année d’un petit espace sur le stand d’Engie (ex-GDF-Suez). Mais son fondateur Ludovic Le Moan a été embarqué dans la délégation officielle d’Emmanuel Macron. Le ministre, qui lui fait la bise, est un fan de Sigfox, dont la valorisation s’est élevée à 800 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 3 millions en 2013 et de 12 l’an dernier. Ils sont nombreux à parier que cette progression va continuer sur le même rythme. SIPA Igor Duc, Native Union Le jeune entrepreneur français, basé à Hongkong depuis des années, a assisté amusé à l’offensive French Tech. Sa société, Native Union, a su profiter de l’incroyable filon de l’iPhone et au problème numéro 1 de ses utilisateurs : le recharger. Elle a mis au point des câbles malins et design, dotés d’un nœud de touline qui évite qu’ils ne tombent de la table de chevet ou du bureau. Sa gamme de produits a séduit des distributeurs comme Darty ou la Fnac en France, et les Apple Store du monde entier. S.A. SINOPIX-REA a eu plein de contacts », se réjouit Tamim El Zein, arrivé de Nancy avec les semelles Zhor Tech qui, glissées dans un escarpin comme dans une chaussure de ski, assurent un chauffage du pied tout au long de la journée. Le père de Zhor rêve d’un succès comme celui qui semble à la portée de l’inventeur de Prizm, une enceinte musicale intelligente : celle-ci choisit l’ambiance sonore d’une pièce en fonction du nombre de personnes et de leurs goûts, grâce à la détection des morceaux sélectionnés dans leur téléphone portable. Via la plateforme américaine de financement Kickstarter, Prizm est déjà forte de centaines d’adeptes qui ont déboursé au total 160.000 $ pour lui permettre de développer son produit. Le million n’est plus très loin… g LE GÉANt VALEo, SoLIDAIRE DE LA FRENch tEch Jacques Aschenbroich Du haut de ses 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le patron de l’équipementier automobile Valeo, pourrait donner quelques leçons aux start-up françaises venues tenter leur chance à Las Vegas. Ce n’est pas le genre de la maison. Pour sa première visite au CES, et la troisième année consécutive de présence de son groupe sur le salon, l’industriel a mis le paquet avec un immense stand et surtout un circuit de conduite pour tester la voiture autonome. Il a dévoilé un système d’écrans intérieurs qui remplacent les rétroviseurs, ou encore de dégivrage à distance qui se déclenche grâce au smartphone. Mais Jacques Aschenbroich a surtout été bluffé par l’audace des jeunes entrepreneurs qu’il a croisés. Que certains aient disparu d’ici à la prochaine édition du CES ne le choque pas : « L’innovation et la création d’entreprises participent à un principe darwinien. Il y a une sélection naturelle. Certaines vont vivre et se IP3/MAXPPP développer, d’autres ne résisteront pas. » 18 | économiE Elle ose Melissa Ferrick réclame 200 millions de dollars à Spotify Ce n’est pas une star, mais sa popularité va monter en flèche. La chanteuse indie-folk Melissa Ferrick attaque le leader de la musique en streaming Spotify. Elle JDD | 10 janvier 2016 Le chiffre affirme que ses chansons ont été écoutées ou téléchargées plus d’un million de fois ces trois dernières années, mais que Spotify n’a pas géré les droits d’auteur comme il le fallait. L’artiste réclame au géant suédois 200 millions de dollars. C’est la troisième plainte après celle de David Lowery, fondateur des groupes de rock Cracker et Camper Van Beethoven. Ce dernier exige, lui, la somme de 150 millions de dollars. M.N. 480 C’est, en millions d’euros, les différents émoluments en actions que les collaborateurs d’Axa ont perçus en 2015. L’assureur va débourser cette somme pour racheter ces 20 millions d’actions distribuées sous forme de plan d’épargne à 24.000 salariés ou offertes Coulisses à la totalité des salariés. Le plan d’épargne, proposé chaque année depuis vingt ans, s’est élevé à 375 millions d’euros en 2015. Les salariés détiennent aujourd’hui environ 7 % du capital d’Axa. De leur côté, les 7.300 plus hauts cadres dirigeants se sont partagé environ 20 millions d’euros. Les quelque 80 millions d’euros restants couvrent les actions gratuites versées à tous les salariés du groupe Axa. M.P. La fièvre chinoise est-elle contagieuse ? BOURSE Pékin a multiplié les interventions après deux tempêtes cette semaine. Ce qu’il faut craindre pour l’économie mondiale : débat INTERvIEw BRUNa BaSINI @BrunaBasini Folle semaine en Bourse, de Shenzhen à Shanghai. À deux reprises, les 4 et 7 janvier, les marchés phares de Chine ont abandonné plus de 7 %, obligeant les autorités à intervenir pour éviter un effondrement : baisse du yuan, injection de liquidités, restrictions de vente pour les actionnaires… Deuxième économie mondiale, le pays est dans le radar des principales places financières, qui se sont affolées aussi (– 6,54% à Paris sur la semaine). Au point que le financier George Soros a cru bon d’agiter l’épouvantail d’un retour de la crise de 2008. Le JDD a sondé deux économistes sur le sujet. Ludovic subran, chef économiste d’Euler Hermes « 50 nuances d’économie de marché » Peut-on résister aux turbulences chinoises ? N’agitons pas le chiffon rouge du risque de contagion parce que la Chine ne tourne plus à plein régime. Pour l’instant, nous avons subi une bourrasque financière. Les économies qui ont le plus à perdre sont celles des pays usines qui travaillent pour la Chine : Vietnam, Philippines ou Indonésie, ainsi que les hubs financiers régionaux Hongkong et Singapour. Le reste de la planète n’a pas à redouter une onde de choc sauf scénario catastrophe. J’en vois deux : la croissance chinoise chute brutalement sous la barre des 6 % ; une crise sévère de solvabilité qui détourne les investisseurs de la dette chinoise et des entreprises étatiques et privées, aujourd’hui sous perfusion. Quels sont les ressorts de Pékin pour rebondir ? Une formidable réserve de consommateurs. Si le gouvernement leur donne une sécurité sociale et des emplois, il peut les inciter à puiser dans leurs économies qui représentent 56 % du PIB. Le matelas de réserves de change reste très solide avec 3.200 milliards de dollars. Les autorités peuvent aussi appuyer sur l’accélérateur des programmes d’infrastructure qui génèrent emplois et profits. Et la stratégie dite de la « nouvelle route de la soie », qui repose sur des produits plus qualitatifs, le développement de la sphère d’influence en Asie et en Afrique et un financement international, va lui redonner de l’élan. Le gouvernement semble hésiter sur la politique à mettre en œuvre… Les caciques du parti se déchirent autour de 50 nuances d’économie de marché. Ils sont face à un « trilemme » en matière de devise, croissance et financement. Pour le moment, le courant « État fort » porté par le président Xi Jinping semble l’emporter et va continuer à provoquer beaucoup de volatilité sur les marchés. g REA La Chine entre le 8 février dans l’année du singe, l’incarnation de tous les excès. AFp Patrick artus, directeur de la recherche et des études de natixis « Le risque existe pour le monde» Peut-on résister aux turbulences chinoises ? Il y a deux courroies de transmission du risque de contagion. La Chine subit une crise industrielle qui contamine ses importations et exportations. Les premières ont ainsi baissé de 15 % en 2015 car le pays ne fabrique plus de biens milieu et bas de gamme. Deuxième facteur de diffusion : le yuan a dévissé de 8 % depuis août et continuera de chuter en 2016. Cela va pénaliser les entreprises qui produisent en Chine ou y exportent. La Bourse a déjà intégré ce risque en marquant sa défiance envers les secteurs exposés. Pour la France, on peut chiffrer l’impact à une perte de quatre dixièmes de point de croissance. D’où provient la crise chinoise ? Elle est principalement due à la chute de la rentabilité du capital dans l’industrie. Depuis quinze ans, les salaires n’ont cessé d’augmenter et les investissements ont explosé. Cette année, les coûts de production ont crû de 5 % et les prix baissé de 7 %, avec à la clé un effondrement des marges des entreprises. Du coup, les investisseurs qui cherchent de meilleurs rendements sortent leurs avoirs de Chine : 150 milliards de dollars chaque mois. Cette hémorragie a entraîné la baisse du yuan et une perte de confiance qui s’est déplacée sur les places financières. Comment gérer la transition vers une économie de la consommation, des services et de l’innovation ? Pékin sait qu’il doit changer de modèle en développant le secteur des services et les investissements dans les infrastructures. Mais l’industrie, qui génère encore un tiers de la richesse nationale et des emplois, doit, elle, monter en gamme. Pour l’instant, c’est le retour de l’étatisme après une période d’ouverture. On peut donc s’interroger sur la capacité du gouvernement à restructurer le secteur en sureffectif des entreprises d’État et à libéraliser l’économie pour favoriser les start-up. g ip3/MAXppp TF1 veut assouplir la loi sur les concentrations dans l’audiovisuel Le futur PDG de TF1, Gilles Pélisson, entame son tour de piste des dossiers dont il aura la charge à partir du 19 février. Il va logiquement s’occuper de l’avenir de LCI sur la TNT gratuite. Mais il va aussi s’atteler à ouvrir le vaste chantier de l’évolution de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Celle-ci interdit à un actionnaire français de détenir plus de 49 % d’une chaîne et à un étranger d’en avoir plus de 20 %. Avec l’aide de Martin Bouygues, dont le groupe familial détient 43,5 % de TF1, il tentera de convaincre les législateurs d’assouplir la loi. Pour faire un jour entrer un partenaire étranger au capital ? Car Gilles Pélisson aura pour mission de transformer et d’adapter le groupe à la dimension internationale des contenus audiovisuels. M.P. Courrèges, c’est toujours demain MODE Le styliste révolutionnaire des années 1960, décédé jeudi à 92 ans, voit sa marque revivre après une transmission originale. Toujours futuriste Avec son total look blanc immaculé, André Courrèges, décédé jeudi à l’âge de 92 ans, laisse une empreinte indélébile sur la scène de la mode. Résolument moderne, ce Palois monté à Paris, diplôme d’ingénieur des Ponts et Chaussées en poche, bouscule les vestiaires féminins dans les années 1960 avec sa femme Coqueline, sa « complémentarité créative ». Ensemble, ils imposent un style qui émancipe les femmes : minijupes, bottes plates vernies, robeschasubles, pantalons pour le soir et le fameux vinyle blanc, orange, rose et jaune vif. « Plus rien n’était comme avant », saluera alors Yves Saint Laurent. Les Courrèges chamboulent aussi les codes de la profession, introduisant de la musique dans leurs défilés et des collections de prêt-àporter. Fabrication en série et prix moins chers garantis. Du temps pour peindre et sculpter Pourtant, la marque a failli disparaître en 1995. Souffrant déjà de la maladie de Parkinson, le styliste abandonne alors son studio pour peindre et sculpter. Coqueline Courrèges poursuit son œuvre pendant une quinzaine d’années avant de trouver le parfait mix humain pour reprendre la marque en 2011, le duo de publicitaires (ex-Young & Rubicam) Jacques Bungert et Frédéric Torloting. « Les Courrèges nous ont transmis l’intransmissible : leur rêve, leur créativité et leur alphabet », exprime Jacques Bungert. La relance est engagée. Deux jeunes créateurs à succès « Nous sommes une griffe patrimoniale française, une grande marque mondiale et une start-up », cadre Jacques Bungert. Diffusée dans des corners et en boutiques multimarques, l’enseigne, qui compte trois magasins en propre, est présente dans 135 points de vente. Rénovée en 2013, son usine de Pau assure une production made in France sur une ligne de collection étoffée. Courrèges a aussi renoué avec les grands rendez-vous de la mode en présentant, durant la Fashion Week de septembre dernier, une collection signée par deux jeunes créateurs à succès, Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer. L’ouverture d’un site d’e-commerce et le développement de parfums et de l’optique complètent le dispositif. Le tandem, qui n’a jamais souhaiter dévoiler le montant de son investissement, s’est offert en octobre dernier un actionnaire minoritaire de choix, Artemis. La holding de la famille Pinault a acquis 30 % de la société. Un gage de longévité. Bruna Basini André Courrèges et trois modèles, dans les années 1960. STiLLS/GAMMA-RApHO économie | 19 jdd | 10 janvier 2016 Année record pour la Française des jeux STÉPHANE PALLEz va présenter, jeudi, ses premiers résultats. Et ils seront très bons pour la nouvelle PDG de la Française des jeux : en dépit d’un contexte général difficile, la FDJ a dépassé l’an dernier les 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2014. Elle réalise la moitié des ventes du secteur, avec le PMU, les casinos et les opérateurs de jeu en ligne. C’est une bonne nouvelle aussi pour l’État, actionnaire à 72 % de l’entreprise publique de loterie, qui va en tirer plus de 3 milliards d’euros de contribution au budget. Ces résultats valident la stratégie de développement numérique impulsée à son arrivée par cette ancienne du Trésor à la forte culture d’entreprise, passée par Orange. Les mises « digitales » croissent en ligne mais aussi dans le réseau physique, adapté pour certains jeux à la dématérialisation. En 2015, la FDJ n’a subi ni la persistance de la crise ni les événements tragiques. Les attentats du vendredi 13 novembre ont conduit Stéphane Pallez à réfléchir aux jackpots habituellement liés à ce jour de chance. Une étude a été commandée à OpinionWay : 85 % des Français sondés demandent le maintien du tirage exceptionnel des vendredis 13, au motif de « continuer à vivre normalement » ou parce que « ce jour fait partie du patrimoine », selon les verbatim recueillis auprès des sondés. Même si le chiffre d’affaires augmente en moyenne d’un tiers ce jour-là, l’enjeu financier reste marginal dans l’année. Et en 2016, il y aura un seul vendredi 13, en mai. G.R. Vente-privee.com pousse les murs COMMERCE Jacques-Antoine Granjon, le patron du site leader de déstockage, inaugure un immeuble spectaculaire à Saint-Denis. En plus du prêt-à-porter, il se développe dans le voyage et la billetterie MARiE NiCOt Le Vérone, nouvel écrin du site de déstockage en ligne, sera inauguré demain, à Saint-Denis (93), en présence du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. @marie_nicot « Plus visible que le Stade de France… » Bravache, opportuniste et visionnaire, Jacques-Antoine Granjon, fondateur de venteprivee.com, dévoilera demain en présence du ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, et de Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du Commerce, Le Vérone, un immeuble de bureaux des années 1980 entièrement repensé avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte (lire encadré). À l’origine, le PDG de 53 ans souhaitait que ce bâtiment atypique constitué de trois hélices héberge des startup. Mais son ami Xavier Niel lui a grillé la politesse en lançant la Halle Freyssinet. Le Vérone accueille au sein de ses murs en béton nu 400 salariés des services marketing, communication, informatique… C’est le sixième bâtiment du groupe à Saint-Denis, preuve d’une fidélité teintée de pragmatisme : « Nous avons ouvert ici le premier entrepôt en 1988 avec une vision de long terme du développement sur ce territoire, se souvient Jacques-Antoine Granjon (JAG). Comme nous n’investissons pas en publicité, il est fondamental d’être présent dans le réel. Les bâtiments racontent la marque par leur créativité. » Chaque jour, le site attire 3,5 millions de visiteurs à Vincent FiLLOn/ Vente-PRiVee l’affût de vêtements, jouets, vins ou boîtes de caviar bradés entre – 50 % et – 70 %. Les premiers arrivés sont les premiers servis. Leader de son créneau avec 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 25 millions de membres, le site cherche la croissance dans le tourisme, les spectacles et les services aux 2.600 marques partenaires. Lancée il y a trois ans, la vente de chambres d’hôtel, de séjours au soleil ou au ski en discount pèse aujourd’hui 150 millions d’euros. En 2015, la prise de participation minoritaire au sein de MisterFly, spécialiste des vols secs à prix cassés (Air France, Iberia…), a donné un coup de fouet à l’activité. Dans le divertissement, le patron médiatique s’est offert le Théâtre de Paris en 2013 et celui de la Michodière un an après. En 2015, l’acquisition de la société de JEAN-MiChEl WilMOttE A RECRéé « uN bâtiMENt fONCtiONNEl Et ESthétiquE » L’architecte, urbaniste et designer a orchestré la renaissance d’un immeuble hors norme bâti au cœur du nœud routier de Saint-Denis, près de Paris, pour en faire l’immeuble étendard de Vente-privee.com. Lorsque Jacques-Antoine Granjon m’a demandé d’intégrer à la façade l’œuvre de son ami designer et plasticien italien Pucci de Rossi, décédé en 2013, je n’ai pas hésité, explique Jean-Michel Wilmotte. C’était lui rendre un bel hommage que de «greffer» cette résille de 42 tonnes en béton fibré constellée de milliers de LED, intégrant l’écran le plus grand d’Europe. À l’intérieur, il a fallu sept mois de travaux pour dévêtir l’immeuble et y installer des bureaux, une salle de sport, un restaurant ouvert sur des jardins. La façade sud est équipée de panneaux photovoltaïques pour alimenter le bâtiment en électricité. Jacques-Antoine Granjon a ajouté sa poésie avec des œuvres d’art contemporain. Chaque jour 350.000 automobilistes contemplent Le Cylope, la sculpture géante de Thomas Houseago, plantée à l’entrée. Ce building est à la fois fonctionnel et esthétique. Il s’inscrira dans la mémoire visuelle des Franciliens et des touristes. » PROPOS RECuEilliS PAR M.N. billetterie en ligne Weezevent a complété l’offre. « L’Allemagne, pays au potentiel énorme » Le soldeur chic propose aussi aux marques de gérer leurs invendus. Pour la première fois, vente-privee. com pilote en direct les soldes du site de lingerie Undiz. Le groupe fabrique des catalogues virtuels, diffuse des coupons de réduction… « Avec notre offre Inshop en test depuis juin, nous proposons des remises sur d’anciennes collections encore en boutique, précise JAG. L’internaute commande via le site, et retire les produits en magasin. Cela répond à un besoin de rapidité.» L’avenir de vente-privee.com se joue aussi en Europe, qui assure 25 % de son activité. En dix ans, le site a jeté ses filets en Espagne, Italie, Autriche, au Benelux, RoyaumeUni et en Allemagne. « Ce pays a un énorme potentiel avec 82 millions d’habitants, commente JAG. Les Allemands adorent acheter en discount. Je ne suis pas favorable à d’éventuelles levées de fonds ou à une introduction en Bourse pour financer l’expansion internationale. L’entreprise a les liquidités nécessaires à ses investissements. Nous marions croissance, profitabilité et vision à long terme. » Rien n’est joué. La concurrence des outlets, ces immenses centres commerciaux focalisés sur le déstockage en périphérie des villes européennes se durcit. La concurrence est rude. « Je le redirai à Emmanuel Macron demain : pour que les entreprises françaises soient compétitives, il faut une Europe unie avec des règles fiscales et sociales harmonisées. » Une inauguration avec tapis rouge et un conseil à un ministre : coup double pour Jacques-Antoine Granjon. g * 20 | RegaRds | Portrait Tarak Ben Ammar L’ami grand écran de Bolloré Neveu de Bourguiba, intime des monstres sacrés du cinéma et de l’audiovisuel, l’homme d’affaires franco-tunisien est à la manœuvre pour Vivendi. En Italie et à Hollywood D IntervIew Bruna BasInI @BrunaBasini rôle d’endroit pour une rencontre ! La villa Montmorency, enclave dorée du village d’Auteuil à Paris, abrite une des plus belles brochettes de milliardaires du pays. C’est là que l’on retrouve, entre deux rendez-vous et un vol pour Los Angeles, l’homme d’affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar. Il a des yeux rieurs, une coupe hérisson et une taille de basketteur rangé des paniers. Collée à ses semelles, sa chienne Taïga, un husky de Sibérie, grommelle. L’homme s’est d’abord fait connaître comme producteur de films, zigzaguant entre la Tunisie, son pays de naissance, l’Italie, son pays d’adoption, et la France, sa seconde patrie. « Père tunisien, mère corse, citoyen du monde, et musulman non pratiquant ouvert à toutes les religions », ponctue l’intéressé. L’essentiel de ses activités, logées sous la bannière Quinta Communications, est en Italie : une chaîne de sport, des fréquences numériques et un catalogue de 1.500 films. Il a aussi investi dans la chaîne tunisienne Nessma et l’égyptienne ONtv ainsi que dans la société de production des frères Weinstein. Un ensemble hétéroclite valorisé 240 millions d’euros. Pourtant, c’est ici qu’en 1999 il s’est installé avec femme et enfants, « malgré l’ISF ». « Un hasard », dit-il, parce que ses amis Carole Bouquet et Gérard Depardieu y vivaient à l’époque. Le hasard fait parfois bien les choses. À l’époque, Tarak Ben Ammar ne connaissait pas son voisin Vincent Bolloré et le magnat breton n’était pas encore président du groupe Vivendi. Depuis, les deux entrepreneurs ont forgé « une amitié de quinze ans » et mené trois campagnes d’Italie : des batailles d’administrateurs manœuvrant au sein du conseil de la banque d’affaires italienne Mediobanca, chez l’assureur de Trieste Generali et aujourd’hui chez Telecom Italia, le premier opérateur du pays, dont Vivendi détient 20 %. Tarak Ben Ammar joue à merveille les rôles de prêcheur de bonne parole auprès de ses amis italiens. Et Vin- cent Bolloré lui en sait gré. Question contacts, il assure comme personne. À 66 ans, il est plus que jamais l’homme qui chuchote à l’oreille des puissants de l’audiovisuel. Le grande negoziatore encensé par la presse italienne. Et un allié clé pour Bolloré qui rêve de transformer son groupe en géant des médias recentré autour des contenus et adossé à Telecom Italia. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’entrée de Tarak Ben Ammar au conseil de surveillance de Vivendi en mai 2015. Des prêtres romains à la « Guerre des étoiles » « Heureusement que j’ai fait du cinéma », soumet-il en guise d’explication. Son père espérait le voir marcher sur les traces de son oncle Habib Bourguiba, premier président d’une Tunisie indépendante. Pensionnaire chez les religieux du lycée catholique international de Rome. Étudiant en relations internationales à l’université de Georgetown, l’école du pouvoir par excellence. À l’arrivée, le jeune homme parle cinq langues. Sous les ors de la République tunisienne naissante, il assiste aux débuts du panarabisme, voit défiler Hassan II, Mouammar Khadafi, Houari Boumediene, Yasser Arafat, Hafez El-Assad et Saddam Hussein. La voie semblait toute tracée. Peine perdue. À la politique il préfère les astres du 7e art et les grands fauves de la télévision . « J’étais Tarak Ben machin, je n’avais pas d’argent mais j’ai vendu la Tunisie et ses magnifiques paysages aux réalisateurs américains. Plus tard, j’ai rencontré Leo Kirch avec lequel j’ai produit La Traviata, puis Silvio Berlusconi qui m’a mis sur la voie des séries télé, et grâce à Rupert Murdoch j’ai appris ce qu’était la télé payante. C’est ça mes vrais diplômes », résume-t-il. Tarak Ben Ammar sait que son histoire a tout pour plaire aux administrateurs de Vivendi. Un scénario hollywoodien doublé d’une plongée dans les mégadeals de l’audiovisuel des trente dernières années et une épure convaincante sur le « next big thing », le mariage des tuyaux et contenus entre les géants des télécoms et les groupes de médias. Dans les années 1970, c’est lui qui avait convaincu George Lucas et Steven « En avril, j’ai dit à Lucas, Scorsese, Coppola, Spielberg que Vivendi pouvait devenir la plateforme des talents indépendants » Tarak Ben Ammar, en septembre 2015. Gilles BassiGnac/DiverGence pour le JDD 1949 Naissance à Tunis 1957 Quitte la Tunisie pour l’Italie et devient élève du lycée catholique international de Rome 1973 Crée Carthago films contre l’avis de son père 1991 Engage un procès contre Universal qui refuse de distribuer Pirates de Roman Polanski 1995 Michael Jackson lui demande de devenir son manager 2011 Sa chaîne de télévision Nessma couvre la révolution du jasmin 2015 Entre au conseil de surveillance de Vivendi Spielberg de tourner plusieurs scènes de La Guerre des étoiles et des Aventuriers de l’Arche perdue dans le désert tunisien. Ses studios d’Hammamet ont attiré des pointures comme Roberto Rossellini, Franco Zeffirelli, Brian de Palma ou le Français Jean-Jacques Annaud qui, en 2011, y filme Or noir, en pleine révolution du jasmin. Il a produit Pirates de Polanski, un échec cuisant suivi d’un procès fleuve aux États-Unis, distribué la très polémique Passion du Christ, de Mel Gibson, et géré pendant trois ans la carrière de l’icône mondiale de la pop Michael Jackson. « Il sait prendre des risques et s’est toujours battu pour ses films, mais c’est aussi un homme d’affaires avisé. Le cinéma est un métier où, comme disent les Américains, vous commencez par être milliardaire si vous voulez devenir millionnaire », appuie Jean-Jacques Annaud. « En avril, je me suis envolé pour Los Angeles et j’ai demandé à Lucas, Scorsese, Coppola et Spielberg comment ils voyaient l’avenir de l’audiovisuel face à un agrégateur de contenus comme Netflix. Je leur ai dit que Vivendi pouvait devenir une plateforme pour les talents indépendants du monde entier. On a une vraie carte à jouer », estime le producteur qui, en plus d’ouvrir son carnet d’adresses à Bolloré, est au cœur du projet de Vivendi 2.0. Un acteur global présent en France, Italie, Espagne et demain en Afrique. Silvio Berlusconi : « Tarak est comme un frère pour moi » Ben Ammar mise aussi sur sa facette d’homme de médias et de faiseur de rois. Rappelle qu’il était à la manœuvre pour aider Silvio Berlusconi à lancer La Cinq en France dans les années 1980. Lorsque le Cavaliere entre en politique en 1992, c’est Ben Ammar qui trouve des actionnaires pour son groupe Fininvest. « Je lui ai apporté Leo Kirch, le Sud-Africain Johann Rupert du groupe de luxe Richemont et le prince saoudien Al-Walid. Puis les deals et les alliances se sont enchaînés. » Les deux hommes ne se quitteront plus. « Tarak est comme un frère pour moi. J’ai l’impression de le connaître depuis toujours. On a les mêmes points de vue sur les gens et les situations. On partage les mêmes valeurs. Je crois en lui et lui en moi », affirme au JDD Silvio Berlusconi. Le charme de Tarak Ben Ammar, qui n’a pourtant pas que des amis, opère aussi auprès du parrain du capitalisme français Claude Bébéar. « Il a une facilité de contact avec les gens inouïe, il est très ouvert, très cultivé, et il ne vous viole pas. Chez Vivendi, il a mis tout le monde dans sa poche. Il sait de quoi il parle. » Aujourd’hui, l’ami des puissants rêve aussi d’écrire une page du roman national tunisien. « Je m’interroge depuis mes débuts comme Kennedy dans son discours inaugural de 1961, sur ce que je peux faire pour mon pays. » Il s’imagine en ambassadeur officieux de la démocratie tunisienne. « Avec ma chaîne Nessma, je tiens mon projet de société. Nous étions né pour être une chaîne de divertissement et nous sommes devenu la chaîne de la liberté, de la laïcité et de la modernité. » Une chaîne du dialogue qu’il rêve d’installer dans le PAF pour les millions de Français musulmans. Avec ou sans Vivendi. g jdd | 10 janvier 2016 Le livre de la semaine I l avait terminé le précédent quinquennat sur les rotules. Il faut dire, six volumes de chroniques du règne bling-bling de Nicolas Ier, il y avait de quoi aspirer à la quiétude et à la paix des âmes ! Et puis Patrick Rambaud a craqué au mitan du quinquennat hollandien, il a repris sa colle, ses ciseaux et son stylo, l’académicien Goncourt travaille à l’ancienne. Un seul François, le Petit et le Grand volume pour deux années et demi de règne ? Bien qu’expert en blagues, François le Petit (une référence à Victor Hugo) n’a pas la puissance comique de Nicolas le Mauvais, ce qui peut se comprendre : Rambaud présente François le Quatrième comme le disciple de Mazarin et de ses préceptes cardinaux : « Affecte un air modeste, candide, affable… Arrange-toi pour que ton visage n’exprime jamais aucun sentiment particulier… » Et dès la page 42, tel le naturel galopant, l’auteur appelle à la rescousse le vrai-faux retraité, Nicolas l’Assoiffé ou le Piaffant ou le Fripon ; les deux monarques ont droit à « Ces parvenus avaient ennuyé le peuple, ils l’avaient trompé, maintenant ils l’exaspéraient » une collection de qualificatifs dont un obsessionnel fera la recension, à n’en pas douter. Il n’y a pas que du rire chez Rambaud le caricaturiste. Sa plume épingle juste : situations remarquablement troussées, portraits acérés et cruels… Le colérique duc d’Évry, la duchesse honoraire de Cayenne, la marquise de Pompatweet, le jeune comte Macron, le duc de Meaux, celui de Sablé, mademoiselle de Montretout… Les débuts du règne sont plaisants, la normalitude amuse, et puis tout se gâte : le fameux tweet assassin contre l’adversaire de l’archiduchesse Ségolène ; la bagarre entre le duc de Nantes et le connétable de Montebourg sur l’aciérie Mittal ; le compte en Suisse du duc de Villeneuve ; la répudiation de Mme T. et l’arrivée de Mademoiselle Julie, on en passe et des meilleures. À mesure que la chronique avance, que la défiance envers nos élites s’accroît (« Ces parvenus avaient ennuyé le peuple, ils l’avaient trompé, maintenant ils l’exaspéraient »), un malaise saisit le lecteur. Toutes pertinentes regards qu’elles soient, ces moqueries ne se font-elles pas complices du populisme ambiant ? Rambaud, soudain plus grave, conclut son volume dédié à ses vieux complices Cabu et Wolinski par un épilogue au vitriol contre les « crétins islamistes » suivi de ces mots terribles : « À suivre ? Hélas ! » L’époque est si glaçante ; on peut trouver plaisant de se transporter au temps du modèle de Hollande, François Mitterrand, dont les vingt ans de la mort suscitent une avalanche de livres et de documentaires. Plusieurs ouvrages avaient devancé l’appel : dans un genre romanesque, celui de Laure Adler, 176 Journées particulières dans la vie de François Mitterrand (Flammarion) ; dans le genre des grandes biographies, celui d’Éric Roussel, François Mitterrand, de l’intime au politique (Robert Laffont), lequel termine son impressionnant travail par ces lignes : « Quel est le vrai Mitterrand ? Le jeune étudiant Croix de feu ? Le petit fonctionnaire pétainiste ? Le résistant giraudiste ? L’élu de droite entré en politique à la Libération ? […] Le chef de l’union de la gauche ? L’adversaire des communistes ? Le promeneur de Venise ? » Hollande et son modèle Mitterrand, le maître des ambiguités Le kaléidoscope explique à lui seul l’écart entre l’amour et la détestation qui entourent le premier président de gauche de la Ve République. L’excellente revue Charles, qui traite la politique comme un sujet culturel, donne la parole à nombre de partisans du « Vieux », comme l’appelle Mélenchon, premier témoin d’une exceptionnelle tendresse à l’égard du maître des ambiguïtés. Son fils Gilbert Mitterrand, sa fille, Mazarine Pingeot, ses très proches Michel Charasse, Édith Cresson, Gilles Ménage et même sa chienne Baltique (confessée par Jean-Baptiste Daoulas) nous livrent des foules d’anecdotes qui racontent autant le Sphinx que ses entourages et leurs rivalités. C’est follement amusant, très instructif ; les historiens se feront une joie de trier tout cela. En ouverture de sa sotie, Patrick Rambaud écrit : « Avant de rejoindre le monde des esprits, François-le-Grand avait estimé que ses successeurs ne seraient au mieux que des comptables. » C’est bien vu mais c’est peutêtre l’époque qui vaut ça, plus que la médiocrité intrinsèque des dirigeants. Les marges de manœuvre sont réduites un peu partout, même pour « le président étasunien Obama », comme dirait Rambaud. Patrice traPier%@patricetrapier François le Petit. chronique d’un règne, Patrick rambaud, Grasset, 234 p., 16,50 €. Le roman Mitterrand, charles n° 16, 162 p., 16 € météo | 21 * « Janvier à ma fenêtre, je regarde la rue/où sont plantés les êtres un rayon de soleil serait pas superflu/Au balcon de mon deux-pièces, je fume en hiver/ en crachant de bons vieux glaires/comme j’aurai craché le noir de ma nuit » Extrait de « Janvier » (1997). Hommage à Mano Solo, décédé le 10 janvier 2010. 5 10 6 10 Cherbourg 5 11 7 11 Rennes Nantes 9 13 11 15 6 Nord 10 Sud 8 13 Jeudi 14 3/5 Nord Sud 2 7 4 12 5 9 Brest Dimanche 10 janvier Indice de confiance 5/5 Lundi 11 5/5 5 Lille 9 Abbeville 5 9 5 10 Paris Tours Clermont-Ferrand 7 11 Bordeaux Toulouse 7 13 Biarritz Mardi 12 5/5 Nord Sud 4 9 7 11 Vendredi 15 2/5 Nord Sud 1 7 3 10 Ensoleillé - 10°/0° 1°/5° Nancy Strasbourg 5 4 9 9 Dijon Besançon 6 6 9 10 Marseille 8 Bastia 16 11 19 Nuageux Pluie 11°/15° 3 8 4 10 Samedi 16 2/5 0 6 3 11 21°/25° 26°/30° Orages Neige Mercredi 13 3/5 Nord Sud 6°/10° Couvert 16°/20° Lyon 8 Grenoble 12 4 9 8 16 Nice Nord Sud Éclaircies 31°/35° 36°/40° * 22 | regards JDD | 10 janvier 2016 À l’Assemblée nationale Rouge vif Anne Roumanoff @anne_roumanoff Déchoir ou ne pas déchoir ? – Dans ma circonscription, les électeurs ne comprennent pas que l’on passe autant de temps à discuter de la déchéance alors qu’ils ont autant de mal à payer leurs échéances. Franchement, vous pensez que c’est une mesure utile ? Vous croyez que le terroriste qui a envie de se faire sauter, va penser « oh ben mince, je vais être déchu de ma nationalité » et qu’il va renoncer à commettre un attentat ? – Ça n’est pas une mesure utile, c’est une mesure symbolique. C’est important les symboles pour la République. C’est un débat d’idées. En France, on adore réfléchir, peser le pour et le contre, c’est ce qui fait la force de notre démocratie. N’oubliez pas que s’il n’y avait plus de débat d’idées, on serait dans une dictature. – Une partie de la gauche s’indigne parce qu’elle estime qu’il n’est pas légitime, au nom de l’égalité entre les citoyens, de déchoir uniquement les binationaux alors que les terroristes qui seraient juste français ne seraient pas déchus. – Mais si on déchoit un Français, il devient apatride, et créer des apatrides est interdit Opinion Stéphane Jacquot Dominique Raimbourg Ancien secrétaire national des Républicains (LR), membre de l’équipe de campagne d’Alain Juppé Député PS, vice-président de la commission des lois de l’Assemblée nationale* Refonder la prison dans et hors les murs “ Ce livre est un message d’espoir en ces temps incertains”, écrit Robert Badinter en préface de notre essai consacré à la prison. Au-delà des clivages politiques, nous portons l’ambition commune de sortir de ce débat stérile gauche-droite. Il est urgent de proposer des solutions afin de sauver un mécanisme pénal à bout de souffle, sur lequel plane la menace d’une politique ultrasécuritaire ! OutRe LA PRivAtiOn de liberté, l’une des principales missions de la prison est de protéger la société et de préparer les personnes détenues à la réinsertion. L’action de réparation doit être privilégiée dans la sanction afin de donner un sens à la peine. Pour lutter contre l’oisiveté en détention et pour permettre davantage aux m a g i st ra t s d e prononcer des travaux d’intérêt général (TIG) en condamnation pour les courtes peines, nous voulons créer une agence nationale de l’activité des personnes placées sous main de justice. La création de cette agence permettrait la multiplication et l’encadrement du travail en détention, notamment par l’instauration d’un contrat de travail de droit administratif et le développement de la formation professionnelle. Elle inciterait les collectivités locales et les entreprises à créer des missions de travail d’intérêt général et à créer des emplois. POuR LimiteR les risques de récidive, il faut contrôler les sortants de prison ( jusqu’en 2014, 80 % d’entre eux ne faisaient l’objet d’aucun suivi). Ce contrôle et ce suivi doivent être renforcés et visibles, car une société a besoin de comprendre les sanctions qu’elle inflige. Cela évitera de reprendre la course à toujours plus de places de prison, car la France a un taux de détention supérieur à ceux de l’Allemagne et des Pays-Bas par exemple. En complément, pour éloigner les sortants de prison de leur milieu criminogène, nous souhaitons qu’un tutorat soit mis en place dès la sortie. Ce tutorat impliquerait ceux qui ont suivi le détenu en détention, à l’accompagner « hors les murs ». Cette mission pourrait être confiée aux associations de visiteurs de prison. enfin, POuR LutteR contre la radicalisation, nous proposons une idée novatrice, celle de renforcer le renseignement en prison en affectant un policier de la direction générale du renseignement intérieur (DGRI) dans chaque établissement et en donnant plus de moyens à l’aumônerie musulmane. En effet, les aumôniers musulmans sont des partenaires privilégiés pour empêcher la radicalisation en prison. Peut-être faut-il modifier le statut de l’ensemble des aumôniers de prison, catholiques, protestants, juifs… pour qu’ils soient intégrés aux personnels, à l’image des aumôniers militaires. Ils deviendront ainsi de véritables acteurs de l’administration pénitentiaire. g « Il faut sortir du débat stérile gauche-droite pour sauver un mécanisme pénal à bout de souffle » *Auteurs de Prison. Le choix de la raison (economica). par les traités internationaux. – Tergiverser depuis trois semaines là-dessus alors qu’il y a tellement de problèmes urgents à régler, est-ce que ça n’est pas un peu stérile ? Ils doivent bien rigoler les terroristes de nous voir passer des heures à nous prendre le chou sur cette mesure. Et puis concrètement, ça va se passer comment ? En admettant qu’on attrape un terroriste vivant, ce qui est assez rare, vous en conviendrez, on va appeler son autre pays et dire « Allô, on a attrapé un terroriste plutôt dangereux, on vous le renvoie. Bonne journée ! » Si l’autre pays refuse de l’accueillir, on fait comment ? – Il y a aussi tous ceux qui sont partis faire le djihad en Syrie et qui reviennent vivre en France comme si de rien n’était. – Pour eux, il y a une mesure qui s’appelle « privation des droits familiaux, sociaux et civiques », pas besoin de faire une révision de la Constitution pour ça. – Je crois que Hollande voulait déstabiliser l’extrême droite, gêner la droite, mais qu’il se retrouve empêtré à gauche dans un bourbier dont il n’arrive pas à sortir. N’est pas Mitterrand qui veut. – N’empêche, 85 % des Français sont favorables à cette mesure. – On ne gouverne pas avec l’émotion mais avec la raison. Dans un journal – Bon, préparez-moi un topo sur la position des principaux leaders politiques sur la déchéance. – Ouh la la, c’est pas simple ! Alors, il y a ceux qui sont pour : Manuel Valls, François Hollande, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, le FN. Il y a ceux qui sont contre : Christiane Taubira, Martine Aubry, Patrick Devedjian, Hervé Mariton, Nathalie Kosciusko-Morizet, Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon… – Et au niveau des votes, ça donne quoi ? – On ne sait pas trop, certains qui sont pour risquent de s’abstenir ; Juppé et Fillon sont plutôt contre, mais ils peuvent voter pour ; il y a ceux qui sont pour mais qui ont des réserves sur la formulation et qui peuvent voter contre, et il y a Christiane Taubira, qui est contre mais qui va demander aux députés de voter pour. – Après, il ne faut pas s’étonner si les Français ne comprennent plus rien à la politique. g regards | 23 * jdd | 10 janvier 2016 Non, les grandes marées et leurs cohortes de pêcheurs à pied ne sont pas remontés jusqu’au canal Saint-Martin. Le grand nettoyage d’hiver a commencé lundi sur les deux kilomètres découverts, le dernier remontait à 2001. Le canal parisien inauguré par Charles X a été vidé de 90.000 mètres cubes d’eau et la pêche miraculeuse a pu commencer. En général, on y découvre des vélos, des lits, des chaises, des chariots, des poussettes, de l’électroménager et même des armes, voire pire… Ensuite, il faudra curer la vase, remettre en état les écluses. Le chômage du canal, c’est le terme consacré, coûtera près de 10 millions d’euros et se terminera en avril. P. KOVARIK/AfP Les photos de la semaine Déchiffrage Axel de Tarlé Orange veut faire sauter la banque O range va proposer des services bancaires. Le champion français des télécoms s’appuie, pour cela, sur le site bancaire de Groupama dont il va acquérir 65 % du capital. Orange ne manque pas d’atouts pour rafler la mise. D’abord, le terrain est favorable. Nombre de clients des banques traditionnelles supportent de moins en moins la cascade de frais plus ou moins justifiés. Désormais, les banques nous facturent des « frais pour tenue de compte ». En clair, il nous faut payer pour être clients ! Un peu comme si Carrefour ou Leclerc rendaient payant l’accès à leurs magasins… Unboulevard pour Orange qui pourra convaincre ses 28 millions de clients mobiles de souscrire une offre Orange Banque, via son réseau de 850 boutiques. et des mots de passe qu’on a évidemment oubliés. Et si faire un virement devenait aussi simple qu’envoyer un e-mail ? Enfin, en matière de sécurité, les banques ne sont pas forcément plus légitimes que les acteurs du Web. Cette semaine, HSBC, la première banque européenne, a connu de gros bugs. Des milliers de Britanniques n’avaient plus accès à leur compte, d ’a u t re s s e faisaient intempestivement facturer 5 £ (6,70 €). « Les champions du Web sont peut-être mieux armés que les banques traditionnelles pour réussir le défi de la banque en ligne » Surtout, les entreprises de la Net économie maîtrisent parfaitement l’ergonomie du Web. Payer avec Apple est un jeu d’enfant. Alors qu’effectuer un virement depuis son compte bancaire peut relever du casse-tête, avec des icônes dans tous les sens, des codes finalEmEnt, les champions du Web sont peutê t re m i e u x armés que les banques traditionnelles pour réussir le défi de la banque en ligne. Orange sert déjà de banque à 15 millions d’Africains avec son offre Orange Money. Apple et Google sont en embuscade. Une bonne nouvelle, cette concurrence va secouer un secteur trop sclérosé : seuls 3 % des Français changent de banque chaque année. Le gros hic, c’est que cette bataille pourrait faire pas mal de casse sociale. Les banques emploient 370.000 salariés en CDI en France. g Sur lejdd.fr g Franck Bondoux : « Le festival d’Angoulême n’est ni sexiste ni misogyne! » g En vidéo, les mystères de la photo de Mitterrand sur son lit de mort g L’histoire du kiosquier de Wolinski et Cabu, braqué par les frères Kouachi le jour de l’attentat contre « Charlie Hebdo » g En carte interactive : Iran-Arabie saoudite, les frères ennemis de l’islam g Des «smart drugs» pour doper nos capacités cérébrales 24 | sciences JDD | 10 janvier 2016 Quatre atomes de plus, du superlourd dans la table de Mendeleïev RichaRd Bellet @richardbellet1 Dix-huit colonnes, sept lignes, et sur la dernière quatre cases vides qui viennent d’être remplies. Le 30 décembre, l’Union internationale de chimie pure et appliquée (UICPA) a validé la découverte de quatre nouveaux atomes « superlourds » qui, jusqu’alors, manquaient dans la table de Mendeleïev. Cette « classification périodique » réunit l’ensemble des éléments connus, rangés en fonction de leur taille et de leurs propriétés. Les derniers trouvés, les 113, 115, 117 et 118 (leur noyau contient ce nombre de protons), se sont longtemps fait désirer. Pour les faire apparaître, des équipes de scientifiques japonais, russes et américains ont en effet dû, grâce à des accélérateurs de particules, « bombarder » des noyaux d’atomes lourds avec des noyaux d’atomes plus légers. « Leur fusion, en synthétisant un nouveau noyau, a donné des éléments encore plus lourds », explique Philippe Chomaz, directeur scientifique de la Direction de la recherche fondamentale du CEA. Ainsi le « 113 » est-il le fruit de milliards de collisions entre des atomes d’américium et de calcium. Mais pour toucher ce jackpot, encore fallait-il, après collision et fusion des noyaux, que les nouveaux survivent assez longtemps (de l’ordre d’une microseconde) pour attirer des électrons et former, réellement, un nouvel atome. Plusieurs raisons poussent les chercheurs à la poursuite de ces atomes géants. D’abord, mieux comprendre leurs noyaux, atypiques, et leurs a Le tableau périodique des éléments, avec les quatre nouveaux venus. SCIENCE PHOTO LIBRARY/COSMOS propriétés chimiques. « Nous explorons, c’est un peu comme au Far West. Ces bêtes de laboratoire nous permettent par exemple de mettre en exergue les propriétés déterminant leur cohésion », constate Philippe Chomaz. À terme, les scientifiques espèrent créer des atomes encore plus lourds permettant d’atteindre un « îlot de stabilité », avec une durée de vie beaucoup plus longue qui permettrait de mieux les étudier. Mais personne ne sait aujourd’hui combien un noyau peut, au maximum, contenir de neutrons et de protons. Ces prochains mois, les quatre petits nouveaux, qui portent des noms provisoires, seront officiellement baptisés. On parle déjà du japonium pour le 113, sa découverte ayant été faite au Japon. En attendant, les chimistes rêvent déjà du prochain élément, celui qui inaugurera la 8e ligne de la table de Mendeleïev. Après le 118, le 119 ? Pas sûr. « Les impairs sont durs à faire, donc plutôt 120 avant 119 », pronostique Philippe Chomaz. g Un village lunaire dans dix ans les missions vers la lune vont se succéder ces prochaines années. d’abord avec des robots, puis ce sera le retour de l’homme. Un des objectifs : apprendre à vivre sur une autre planète, préalable à l’exploration de Mars JUliette deMey @juliettedemey Un village sur la Lune bâti par des robots… Loufoque ? Pas si sûr. Depuis sa prise de fonction à l’été 2015, le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Johann-Dietrich Wörner, ne cesse de défendre cette idée. Et mi-décembre, 200 spécialistes ont planché sur le sujet lors d’un symposium international. Certes, aucun humain n’a foulé le sol lunaire depuis 1972 et la Chine y est le seul pays présent, avec un atterrisseur et un rover actifs depuis 2013. Alors, ce « Moon village » serait-il un doux rêve ? « Non ! Pour l’instant, il n’y a qu’une maison chinoise. Mais il se met en place depuis dix ans », sourit l’astrophysicien Bernard Foing, à la tête du groupe international d’exploration lunaire ILEWG à l’ESA. Si le public a les yeux rivés sur Mars, la course à la Lune n’a pas cessé. En 2003, l’agence européenne a joué les pionnières en lançant la sonde Smart-1, le « bébé » de Bernard Foing : « L’idée était de tester des technologies et d’explorer la Lune depuis l’orbite pour détecter des ressources, chercher des sites pour alunir et peut-être y vivre un jour. » Une flottille de sondes a suivi : japonaise, chinoise, indienne et américaines. De quoi cartographier la Lune et sa face cachée, détecter de l’oxygène dans les roches ou encore des glaces dans les régions polaires… Un premier vol test sans équipage « D’ici cinq à dix ans, on verra l’avènement d’un village robotique lunaire », prédit Bernard Foing. La Chine prépare deux missions robotiques (Chang’e 4 et 5). L’une se posera sur la face cachée, l’autre rapportera des échantillons. La Russie, en collaboration avec l’ESA, prévoit trois missions (Luna 25, 26 et 27) lancées après 2019 : un alunisseur technologique qui se posera près des pôles, un orbiteur et un alunisseur explorant les glaces polaires. L’ESA contribue avec des techniques d’alunissage de précision, des instruments, une foreuse pour mesurer le sous-sol. « C’est un défi technologique de se poser en douceur sur la Lune, car il faut annuler une vitesse de 2 km/s, sans freinage atmosphérique », précise l’astrophysicien. Fait nouveau, des acteurs privés sont dans la course. Une quinzaine d’équipes concourent pour le Google Lunar XPrize, doté de 30 millions de dollars, dont 20 millions pour la première qui posera son robot sur la Lune, lui fera parcourir 500 m et en transmettra les images. En 2021, les Américains lanceront la capsule Orion avec quatre astronautes à bord, pour dix jours en orbite autour de la Lune. L’ESA fournira à la Nasa la navette qui conduit la capsule et la ramène à Terre pour un premier vol test automatique sans équipage en 2017. « Notre contribution aux missions humaines n’est pas encore validée, mais ce vol est un point d’entrée pour envoyer le premier Européen autour de la Lune ! », se réjouit Bernard Foing. L’agence européenne développe déjà des systèmes de pilotage pour manipuler les robots depuis la Station spatiale internationale (ISS) et Orion. Des modules habitables L’étape suivante, le retour de l’homme, interviendrait dès 2025. À moins que les Chinois n’y soient déjà… En tout cas, après 2020, la coopération avec les landers et rovers lunaires s’accélérera. Ceux-ci installeront des modules habitables, résistant aux radiations solaires et cosmiques et aux météorites. Puis un dôme gonflable pourrait être déployé et recouvert d’une coque protectrice en nid d’oiseau, formée par l’impression 3D de poussières lunaires. L’oxygène nécessaire serait extrait des silicates lunaires puis recyclé. À quoi bon viser la Lune ? Selon Johann-Dietrich Wörner, lancer un projet international pacifique et fédérateur est crucial alors que la fin de l’ISS se profile en 2024. L’Inde, la Chine et d’autres pays pourront cette fois être associés. « La Lune est une plateforme naturelle, tout le monde pourra y contribuer, à la carte », plaide Bernard Foing. Y compris des sociétés privées. L’ESA, qui rassemble 22 pays et collabore avec les autres continents, entend jouer un rôle moteur. Côté scientifique, les enjeux sont majeurs. « La Lune, fille de la Terre, est un livre d’histoire pour comprendre les débuts et les collisions du système solaire. » Il faudra aussi concevoir des systèmes de vie autonomes et recyclables. « L’homme va apprendre à vivre sur une autre planète à partir des ressources locales, une première ! On pourra aussi adapter la vie terrestre : on a déjà fait pousser des fleurs de calendula ou des oignons dans du sol lunaire en y ajoutant des bactéries qui dégradent les roches », confie l’astrophysicien. Depuis la face cachée de la Lune, « l’endroit le plus calme du système solaire », les scientifiques écouteront le rayonnement de l’univers et scruteront les galaxies, à l’abri des signaux de la Terre, dans les très basses fréquences. « On pourrait aussi envoyer des astronautes y vivre un an sans voir la Terre », avance Bernard Foing. Une étape clé avant tout voyage vers Mars. L’avantage ? En cas de pépin, ils regagneraient la Terre en cinq jours, contre au moins six mois depuis la planète rouge. g b L’homme pourrait revenir dès 2025 sur la Lune. Les premiers modules habitables de la future base lunaire seraient déployés par des robots. Sur cette vue d’artiste, un dôme couvert de couches de poussières protègerait les astronautes des radiations cosmiques et solaires et des météorites. ESA/FOSTER + PARTNERS Heureux comme un bourdon abstinent POUR GARANTIR la survie de leur espèce, les bourdons ont développé une sexualité originale. Au départ, l’abstinence est générale. Puis la colonie se scinde en deux groupes : les ouvrières qui se reproduisent, et celles qui restent stériles et éternellement au service de la communauté. C’est la conclusion d’une étude publiée cette semaine dans le journal Royal Society Open Science. « Chez les insectes sociaux, les ouvrières sont un excellent exemple de comportement altruiste. Elles évitent de se reproduire et mettent toute leur énergie dans l’éducation de leurs frères et sœurs », explique la coauteure de l’étude, Ann-Marie Rottler-Hoermann, de l’université d’Ulm (Allemagne). Quand la reine de la colonie sort de son hibernation au printemps, elle pond ses premiers œufs : des bourdons « ouvrières » qui s’occupent de collecter la nourriture, de construire le nid et d’alimenter les larves. Quand la colonie a atteint la taille voulue, vers la fin de l’été, certaines ouvrières se mettent alors à leur tour à pondre. Débute une compétition acharnée entre elles mais aussi avec la reine pour nourrir et soigner les larves. Des conflits violents et parfois mortels… tandis que celles qui n’ont pas pondu restent pacifiques. Les jumeaux partagent aussi les cancers SI UN JUMEAU développe un cancer, le risque pour l’autre d’être atteint d’une forme de tumeur cancéreuse augmente de façon significative. Les chercheurs de la faculté de santé publique de Harvard et des universités de Southern Denmark et d’Helsinki ont examiné les données médicales de plus de 200.000 paires de jumeaux monozygotes et dizygotes au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède, qui ont été suivis pendant trente ans jusqu’en 2010. Cette étude, la plus vaste réalisée à ce jour sur le cancer et les jumeaux, a été publiée cette semaine dans le Journal of the American Medical Association. Conclusion : quand on diagnostique un cancer chez l’un des deux jumeaux dizygote, son jumeau a un risque accru de 37 % de développer une tumeur cancéreuse. Chez les jumeaux identiques, le risque augmente davantage, de 46 %. PLAINPICTuRE/WESTENd61 dimancheculture jdd | 10 janvier 2016 | 25 Stylisé, « Bang Gang », premier long métrage d’Éva Husson, met en scène des adolescents libres et débridés découvrant la sexualité seuls ou en groupe Nouveaux jeux interdits George (Marilyn Lima) va se livrer à une sarabande sexuelle avec ses amis, dont Gabriel (Lorenzo Lefebvre), pour s’attirer toute l’attention d’Alex. Prod ALexiS CAMpiOn V ingt ans après Kids, film de référence de Larry Clark sur des ados newyorkais en voie de dépravation, sorti en 1995 alors que l’épidémie de sida faisait encore plus de ravages, on pouvait craindre une resucée du genre vulgaire et tape-à-l’œil. Car dans Bang Gang, a priori, Éva Husson met en scène une génération d’adolescents n’ayant pas beaucoup évolué depuis vingt ans : ne sachant s’adonner qu’au skate et au sexe, la tête pas vraiment encore pleine de poèmes classiques mais déjà vidée par des drogues de notre temps, les mêmes que dans les années 1990 d’ailleurs – alcool, cannabis, voire condensés chimiques. Fort heureusement, ces motifs aussi risqués que rebattus ne sont ici que des prétextes. Au bout du compte, le propos de Bang Gang, si dérangeant soit-il, se fait plus consistant, plus cinématographique et plus actuel qu’il n’y paraît. « Ce n’est pas tant le côté sexuel qui m’intéressait », prévient d’emblée la cinéaste. Devoir l’affronter me terrorisait. J’étais surtout curieuse de comprendre pourquoi Bang Gang (une histoire d’amour moderne) iiif D’Éva Husson avec Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom. 1 h 38. Sortie mercredi. Dans les pavillons proprets de Biarritz, sur la côte atlantique, les lycéens de la classe moyenne aisée s’ennuient vite après les cours. Heureusement, George et Laetitia, les deux bonnes copines qui crèvent l’écran dans Bang Gang, ont quelques avantages physiques. Et du répondant lorsqu’elles se font draguer ! C’est George la blonde, sûre de son sex-appeal et de ses yeux de « Travailler la lumière est l’essence même du cinéma » Cette subjectivité revendiquée va, à l’écran, de pair avec une stylisation appuyée de la musique (de l’électro pseudo-palpitante signée Brodinski, associée à des lieder La ressource essentielle de Bang de Schubert) comme de l’image (travaillée en détail entre ombres, Gang n’en reste pas moins ses jeunes personnages dont quatre, c’est assez demi-teintes et plein éclat avec le chef opérateur danois Mattias original pour être signalé, font aussi Troelstrup). Un choix assumé et fonction de narrateurs. « Le regard maîtrisé par Éva Husson, femme est la clé, la porte d’entrée selon qu’ils d’image dont la formation s’est acle portent sur eux-mêmes, leurs télécomplie en Espagne à la Casa Velásphones, leurs camarades ou leurs quez, et aux États-Unis, à l’Ameriparents. » Effrontés ou flottants, ces can Film Institute regards vont bien de Los Angeles, en avec la singularité « J’étais terrifiée passant notamde l’adolescence. ment par la réalisa- à l’idée de me « Je ne prétends tion de publicités retrouver au pas dépeindre une et de clips musigénération dans sa caux. Selon elle, milieu de cinquante banalité, mais au « s’enticher de la gamins à poil… » contraire révéler laideur au nom du un comportement réalisme, comme si Éva Husson, la réalisatrice extrême. Cela dit, la laideur c’était le oui, je reconnais réel », serait une habitude trop franune partie de moi dans chacun des çaise à laquelle seuls quelques-uns personnages. » ont su échapper, tels Claire Denis et Leos Carax. « Ma génération s’afÉchapper aux visions patriarcales franchit de plus en plus des héritages Les deux héroïnes, la frêle blonde handicapants post-nouvelle vague et George et son amie Laetitia, brune assume avec moins de complexe la boudeuse ressemblant à Isabelle mise en scène du réel affirme-t-elle. Adjani jeunette, sont particulièreTravailler la lumière est l’essence ment bien dessinées, dotées de temmême du cinéma. Pourquoi prétendre péraments forts. D’ailleurs elles ne que toute décision concernant la luressortiront pas si laminées que ça de mière n’est qu’esthétique par essence ? leur erreur de jeunesse en forme de Elle est avant tout narrative. » déflagration sexuelle… Mais plutôt biche, qui s’initiera la première aux joies du sexe. Mais Alex, son jeune partenaire, n’a pas le bon goût de tomber amoureux pour autant. Étranger aux sentiments, il reste dans le registre de l’expérimentation physique frivole et, à force d’alcool et de joints, dans la « défonce ». Par dépit autant que par défi, George, blessée, s’improvise alors initiatrice d’un jeu scabreux qui implique toute leur bande de copains, et qui les pousse à coucher tous ensemble dans une grande orgie échangiste. Dans un vertige stylisé, tour à tour lumineux et mortifère, fiévreux et nauséeux, Éva Husson dépeint avec un tact certain les dérives de ces jeunes corps entre perdition, débauche, solitude et affirmation de soi. Sans jugement ni voyeurisme déplacé, elle malmène ses personnages avec le soin qui convient. In extremis alors que le scandale éclate au grand jour, elle ne les sauve que pour amener des questions légitimes sur le désir, la liberté, le danger. Bang Gang interpelle les révolutions en cours, intimes et non moins technologiques à l’heure du porno, banalisé jusqu’aux écrans des téléphones ces jeunes, sans prédisposition particulière pour ce genre d’expérience, avaient pu aller aussi loin. » Elle-même issue de la classe m oye n n e p rov i n c i a l e, Éva Husson explique s’être inspirée d’un fait divers survenu aux ÉtatsUnis en 1999. « J’avais 22 ans à l’époque. Je me sentais proche des protagonistes de cette histoire scabreuse qui, des années après, m’habitait encore. Mais la transposer en collant trop au réel n’est pas ma démarche. De cet accident, qui aurait pu survenir aussi bien à Nantes ou en Belgique, je n’ai voulu garder que le squelette et les résonances. Le cinéma que je fais et que j’aime est clairement subjectif. » Elle cite spontanément Gus Van Sant, Lars von Trier et Wong Kar wai mais aussi Antonioni au rang de ses maîtres, des œuvres différentes dont elle reconnaît et relie, chaque fois, « les émouvantes imperfections ». instruites ! « George pourrait tomber dans un trou. Dans Kids comme dans Breaking the Waves, des films faits par des hommes que j’adore et qui ont l’avantage de mettre en scène des femmes en pleine puissance sexuelle, l’héroïne finit punie. Il était impératif, pour moi, que George trouve une autre issue et échappe à ces visions patriarcales. » Et le tournage, dans tout ça ? « Je savais que j’avais besoin de temps pour construire la confiance et me sentir amoureuse des visages que je filmais. Grâce à ma productrice, Didar Domehri, géniale, j’ai eu ce temps. Pour les scènes d’orgie, qui ne m’intéressaient pas fondamentalement, j’étais bien sûr terrifiée à l’idée de me retrouver au milieu de cinquante gamins à poil… » Elle trouve la parade en imaginant qu’elle orchestre une danse. « Cela a plutôt bien fonctionné, chaque scène était répétée avec des fringues et je leur répétais de ne jamais confondre leur intimité en tant qu’acteurs avec ces scènes de fiction. Pour eux comme pour moi, il n’y avait pas de confusion, on a su préserver la distance. » Pour un premier film sensuel et sulfureux g Alex (Finnegan Oldfield) reste insensible aux sentiments de ses partenaires. Prod portables. Avec une troupe d’acteurs novices épatants et un brin d’humour, son projet n’évite pas les stéréotypes ni les références. Mais au moyen d’une réalisation habile et aboutie, il les transcende pour aller jusqu’au bout de son inspiration sulfureuse et sensuelle. AL.C. 26 | culture | cinéma JDD | 10 janvier 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Virginie Efira ose tout Le trio formé par Tessa (Géraldine Nakache), sa demi-sœur Marie (Virginie Efira) et Pierrick (Grégoire Ludig) va révéler ses failles dans des situations cocasses et inattendues. À l’affiche de cinq films cette année, l’actrice belge offre une facette plus vulnérable, et très convaincante, en lesbienne tatouée en mal d’enfant BarBara ThéaTe D’emblée, Virginie Efira s’impose comme une fille sympathique. Qui s’installe sans chichis au milieu du brouhaha d’une brasserie bobo-branchée. Remarque quand même que « c’est bizarre de devoir tout dire de soi à quelqu’un qu’on connaît depuis deux minutes ». Et s’excuse de ne pas vous avoir tout de suite souhaité la bonne année. C’est d’ailleurs pour elle que 2016 devrait s’annoncer particulièrement radieuse. L’actrice belge sera à l’affiche de pas moins de cinq films, dans des registres aussi divers qu’inattendus. De quoi satisfaire celle qui s’est vue à ses débuts estampillée « Cameron Diaz made in France ». « Quand on a des grosses joues comme moi et qu’on vient du divertissement, on vous colle une image de drôlerie et de douceur qui ne correspond pas forcément à ce que vous êtes. » « Je me suis mise toute seule dans une case » Aucun traumatisme là-dedans. Virginie Efira s’estime seule responsable de son destin. C’est avec un vrai plaisir, et « une grande curiosité pour la nature humaine », qu’elle s’est lancée pendant dix ans dans une carrière télé, en Belgique puis sur M6. Parce qu’elle a toujours choisi de prendre la vie comme elle est, et de faire au mieux avec. Sans jamais pour autant renoncer à son rêve de comédienne, le fantasme depuis toute petite d’une existence aventureuse. « Pendant longtemps, sachant d’où je venais, je ne m’étais pas autorisé de plus grandes ambitions. Je me suis mise toute seule dans une case, je me disais que ça arriverait plus tard. Le plus important était de rester fidèle à une inspiration, à des valeurs. Sauf que à attendre éternellement, plus tard risquait de devenir trop tard. On met plus ou moins de temps à faire sauter nos barrages. Maintenant, je veux franchir toutes les barrières ! Si je me casse la figure, Et ta sœur iiff De Marion Vernoux, avec Virginie efira, Géraldine Nakache, Grégoire Ludig. 1 h 40. Sortie mercredi. Venu faire le point sur sa vie très désordonnée dans la maison de famille de sa meilleure amie, Tessa, Pierrick tombe sur la demi-sœur de cette dernière, Marie, qui tente de se remettre de sa rupture avec sa Prod je me dis que je trouverai toujours un manière de me relever. » Bousculée par Marion Vernoux Voilà pourquoi celle qui avait osé jouer une cougar dans 20 Ans d’écart a accepté d’incarner une lesbienne tatouée prête à tout pour être mère dans Et ta sœur, de Marion Vernoux. « Comment incarner l’homosexualité sans la caricaturer ? Que fait-on du désir d’enfant quand il n’appartient qu’à une seule petite amie. Le temps d’une soirée bien arrosée, les deux cœurs brisés vont se consoler. À la surprise de Tessa, qui aime Pierrick en secret. Remake d’un film américain, cette comédie sentimentale en forme de triangle amoureux s’interroge sur le désir de maternité, le modèle familial, et les jalousies fraternelles avec sensibilité et loin des clichés. personne ? Toutes ces questions m’intéressaient très fortement. On peut essayer de comprendre sans être forcément d’accord, cela ouvre plus largement l’esprit. » Virginie a adoré se faire bousculer en plateau par la réalisatrice, jamais consensuelle avec ses acteurs. « Le tournage n’a pas été confortable, j’ai beaucoup appris. C’était passionnant de se frotter à l’improvisation, de chercher comment être réellement ensemble dans l’interprétation. Aujourd’hui, Nue sous un gros pull irlandais, pas maquillée, Virginie Efira offre une facette plus vulnérable et émouvante de sa personnalité face à Géraldine Nakache, véritable bulldozer comique. Pris en sandwich entre les deux filles, Grégoire Ludig déploie une nonchalance et une maladresse attachantes. B.T. j’ai envie d’aller plus loin dans mon jeu : oublier totalement le cérébral, n’obéir qu’à mon instinct. » Ce qu’elle a fait sur le mode de la comédie au côté de Jean Dujardin dans Un homme à la hauteur, de Laurent Tirard (en salles le 4 mai). Puis face à des acteurs non professionnels sur le plateau de Victoria, de Justine Triet, encensée par la critique pour La bataille de Solferino. Elle a exploré son côté obscur dans Pris de court, d’Emmanuelle Cuau, en mère de famille dont le mal-être contamine son fils adolescent. Et, petite fierté, Virginie Efira a décroché un rôle dans Elle, le polar que Paul Verhoeven a tourné à Paris avec Isabelle Huppert et Laurent Lafitte (le 21 septembre). « J’étais très impressionnée de passer le casting, mais j’admire tellement ce cinéaste ! Il y a quelques années, je me serais dit : “Ma fille, sois raisonnable !”, et je n’aurais pas osé. » g Rocky : les légendes ne meurent jamais Creed iiff De ryan Coogler, avec Sylvester Stallone, Michael B. Jordan et Tessa Thompson. 1 h 35. Sortie mercredi. STéphaNie BeLpêChe @StephBelpeche En 1976, Sylvester Stallone écrit et interprète Rocky, l’irrésistible ascension d’un boxeur surnommé l’Étalon italien. Réalisé avec moins d’un million de dollars, le film rencontre un succès phénoménal et donne naissance à cinq suites. Trente ans plus tard, Rocky Balboa (2006) montre le champion vieillissant, propriétaire d’un restaurant à Philadelphie, qui par défi remonte sur le ring. Aujourd’hui, il devient l’entraîneur d’Adonis, le fils d’Apollo Creed, son plus redoutable adversaire devenu son meilleur ami avant qu’il se fasse tuer lors d’un combat. Orphelin, Adonis a passé le plus clair de son enfance dans un centre de détention pour mineurs. Adulte, sa routine d’employé de bureau ne lui convient pas. Il démissionne pour emboîter le pas à son père et se consacrer à sa passion pour la boxe. Qui mieux que Rocky pourrait le préparer physiquement à sa première rencontre ? Stallone en route vers l’Oscar ? Bien évidemment, la star rechigne à prendre en charge ce jeune garçon fougueux. Il découvre son Michael B. Jordan et Sylvester Stallone. Prod potentiel inouï et change d’avis… Ce récit initiatique, qui célèbre des valeurs telles que la famille, le dépassement de soi et le courage, est une succession de clichés et pourtant ça marche. On craque devant un Rocky septuagénaire motivé comme à ses débuts au contact de son nouveau disciple qu’il fait trimer au cours de séances de punching-ball et de corde à sauter. Regret, le célèbre thème musical de Rocky n’est pas exploité. Passé et avenir s’entrechoquent dans ce long métrage fédérateur et jubilatoire. Sylvester Stallone, très émouvant car vulnérable, pourrait bien décrocher l’Oscar du meilleur second rôle. Michael B. Jordan, alias Adonis, retrouve le réalisateur Ryan Coogler, qui l’a révélé dans Fruitvale Station (2013), drame indépendant sur le racisme ordinaire aux ÉtatsUnis. Talent à suivre. g cinéma | culture | 27 jdd | 10 janvier 2016 En sallEs mErcrEdi Je suis le peuple iiff Documentaire d’Anna Roussillon. 1 h 51. Comment s’est déroulée la révolution égyptienne à Louxor, loin du Caire et de la place Tahrir ? Ce documentaire mené sur deux ans, depuis la destitution de Moubarak (2011) jusqu’à celle de Mohamed Morsi (2013), distille une belle forme d’espérance grâce à Farraj, un paysan père de famille, qui parle des récentes pénuries (touristes, bouteilles de gaz), de ses attentes et de son affection pour Morsi. Al.C. Le Garçon et la Bête iiif Animation de Mamoru Hosoda. 1 h 58. À Tokyo, un orphelin de 9 ans découvre un monde parallèle peuplé d’animaux. Il est pris en charge par un maître en arts martiaux qui l’élève comme son propre fils. Mamoru Hosoda, remarqué avec Les Enfants Loups (2012), signe une fable initiatique où le fantastique et la légende s’invitent dans le monde réel, et qui n’est pas sans rappeler Le Voyage de Chihiro (2002), le chef-d’œuvre oscarisé de Hayao Miyazaki. Un récit rempli de poésie et de mélancolie, qui interpelle par sa maîtrise formelle et sa profondeur émotionnelle. S.B. House of Time iiff De Jonathan Helpert, avec Pierre Deladonchamps. 1 h 26. Dans un château isolé, un spécialiste de physique quantique propose à un groupe d’amis un saut de soixante-dix ans dans le passé. Jeu de rôle ? Les invités voient bientôt débarquer une jeune femme blessée par une balle de la Seconde Guerre mondiale. Science-fiction sans effets spéciaux, suspense, cinéma fantastique ou farce théâtrale ? Un film insolite qui, en dépit de maladresses, divertit en nous égarant. BA.T. A Second Chance ifff De Susanne Bier, avec Nikolaj Coster-Waldau. 1 h 42. Andreas, inspecteur à la brigade des stups, découvre un nourrisson, visiblement victime de maltraitance, au moment où son propre nouveau-né meurt subitement. Sans réfléchir, il récupère le bébé des junkies pour le substituer au sien… La droiture et l’éthique du héros cèdent face à son chagrin avec les conséquences que cela aura. Malgré une idée de départ vertigineuse, ce mélo n’évite pas le pathos et se révèle prévisible. S.B. Drame sublime ou mélo insipide ? Fable sur papier glacé, « Carol », de Todd Haynes, raconte une histoire d’amour entre deux femmes dans l’Amérique corsetée des années 1950 DANiEllE ATTAli @danielleattali On dit que les cinéastes finissent toujours par tourner le même film. Il y a treize ans, Todd Haynes réalisait Loin du paradis. Même époque à peu de chose près, même déco, mais plus de sentiments que dans Carol, sa réplique d’aujourd’hui. Il a également signé la minisérie Mildred Pierce pour HBO, qui s’ancrait dans les années 1930. Preuve de son attraction pour le XX e siècle costumé, ainsi que pour les histoires d’amours contrariées. Haynes se déclare un « pur produit du cinéma indé- pendant » même s’il est fasciné par l’âge d’or de Hollywood qu’il ne finit pas de décliner dans son cinéma. Pour Carol, coproduction anglo-américaine, il installe son intrigue dans les années 1950 à New York. Une ravissante grande bourgeoise, épouse et mère de famille, dévie des rails de son mariage pour l’amour de Therese, vendeuse dans un grand magasin. L’attirance entre les deux femmes est immédiate. Rooney Mara a partagé le prix d’interprétation féminine, au dernier Festival de Cannes, avec Emmanuelle Bercot pour Mon roi. On a à la fois aimé et détesté ce film. g Carol De Todd Haynes, avec Cate Blanchett et Rooney Mara. 1 h 58. Sortie mercredi. POUR Avec ce film jumeau de Loin du paradis (2002), Todd Haynes, digne héritier du cinéma de Douglas Sirk, parle d’une époque durant laquelle l’homosexualité était considérée comme une déviance. Ce sujet périlleux donne naissance à un drame sublime qui dénonce une société régie par les conventions et les préjugés. Mais qui décrit surtout le cheminement des héroïnes pour acquérir leur indépendance, accepter leur différence et leurs sentiments. Jalonné de moments de grâce, le récit, d’une lucidité bouleversante sur la relation amoureuse, est enlevé par une mise en scène d’une délicatesse, d’une élégance et d’une sensualité inouïes. On ressent l’influence d’Edward Hopper dans la Cate Blanchett et Rooney Mara dans les sens interdits. Prod composition du cadre et la peinture sans fioriture de solitudes qui se rencontrent. Deux magnifiques portraits de femmes en quête d’émancipation, interprétées par un duo exceptionnel, Cate Blanchett et Rooney Mara. S.B. « Le Fils de Saul », prix du film le plus audacieux Prod CE FUT LE FILM CHOC de la saison passée. Une trentaine de journalistes, critiques de cinéma, réunis au sein du tout nouveau Club Média Ciné, ont remis cette semaine leur premier prix Coup de chapeau au Fils de Saul, de László Nemes. Cette nouvelle récompense va à l’œuvre la plus audacieuse de 2015. La cérémonie a eu lieu à Paris en présence de Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, qui lui a déjà décerné en mai le Grand Prix. Le Fils de Saul est une plongée hallucinante et sidérante dans un camp d’extermination. László Nemes fait actuellement campagne aux États-Unis dans la course aux Golden Globes et aux Oscars 2016. g CONTRE Todd Haynes trace une route sans en dévier, défenseur de la cause homosexuelle, dénonçant la discrimination. Dans Carol, adapté d’un roman de Patricia Highsmith (écrit dans les années 1950 sous pseudonyme et on comprend pourquoi au regard de la société corsetée qu’il dépeint), l’image est résolument glamour, l’histoire codifiée quasiment sur le mode d’un roman Harlequin, mais totalement dénuée d’émotion. On contemple à distance cette Amérique Wasp, reflet d’une riche bourgeoisie coincée, incarnée par une Cate Blanchett qui traverse le film telle une « mad woman » en manteau de vison échappée de Vanity Fair, le cheveu laqué, le maquillage parfait jusqu’au fond du lit. Quant à Rooney Mara, en petite fille sage qui s’émancipe, sa composition n’a rien de singulier. Le réalisateur choisit de montrer les mœurs de ces années-là telles qu’on le faisait avant à Hollywood. Mais s’appuyant sur un scénario qui manque de venin, la fable est lisse comme du papier glacé et sage comme une image. Sur un rythme lent, alourdi par une musique lancinante, tous les effets sont soulignés. Mélo aussi classieux par sa forme qu’insipide sur le fond, Carol se réduit à un catalogue muséal ennuyeux à souhait, tout dédié la gloire des années 1950, de ses costumes et de son mobilier. D.A. 28 | culture | théâtre JDD | 10 janvier 2016 Daniel Auteuil joue et met en scène la nouvelle pièce de Florian Zeller sur les affres du couple « Le théâtre fait se sentir immortel » Au Théâtre de Paris, Valérie Bonneton et Daniel Auteuil jouent un couple dans « L’Envers du décor ». BArBArA thÉAtE Il se balade dans les coulisses comme chez lui. Deux ans après l’énorme succès de la pièce Nos femmes, où il donnait la réplique à Richard Berry, Daniel Auteuil se réinstalle sur la scène du Théâtre de Paris avec L’Envers du décor, la comédie que le prolifique Florian Zeller a écrite sur mesure pour lui et que le comédien met en scène. L’histoire d’un homme qui invite à dîner, contre l’avis de son épouse (Valérie Bonneton), son meilleur ami (François-Éric Gendron). Celui-ci vient de se trouver une nouvelle fiancée (Pauline Lefèvre). Il ne sait pas quelle tempête la jolie jeune femme va déclencher dans la tête de chacun. JEAN-MARIE LEROY Flatté d’inspirer l’un des auteurs de théâtre les plus brillants de la nouvelle génération ? J’adore les grands classiques, et avant qu’il ne m’offre ce formidable texte, je regardais du côté de Tchekhov pour remonter sur les planches. Mais c’est un privilège de pouvoir servir les mots de ses contemporains, de parler de l’époque dans laquelle on vit. Florian Zeller a une écriture très forte : avec lui, on est réellement au théâtre. Il est un des grands auteurs de son temps, avec sa déclinaison du couple et son désir de réinventer le théâtre de boulevard. Sa nouvelle bonne idée avec L’Envers du décor est de mettre le spectateur encore plus au cœur de l’action, en lui permettant d’entendre ce que les personnages imaginent dans leur tête. Même Feydeau, qui était dingue, n’a pas osé aller jusque-là ! D’où votre envie de revenir à la abordée avec humilité et de façon artisanale, en me concentrant sur Même si l’aparté est un prinla direction des acteurs. Elle me cipe vieux de permet de transdeux mille ans, mettre ce que j’ai je trouvais amu- « Le temps gLisse appris pendant toutes ces ansant de faire exis- de pLus en pLus nées : comment ter en plateau on transforme le les deux voix vite. pire : un jour, travail en plaisir, des personnages, sans savoir pour soi et pour tout comme de travailler sur l’ex- pourquoi, on se les autres. tension du temps dit qu’iL a passé » à l’approche d’un théâtral. Quelques demi-siècle de secondes de nos pensées dans la carrière, vous êtes toujours dans vie deviennent de longues minutes le cœur du public. votre secret ? sur les planches. Je me suis inspiré J’ai eu la chance de commende la scène du sac des Fourberies cer au cinéma avec des comédies de Scapin, où le héros invente en populaires générationnelles, puis rafales des dizaines de personnages. de rencontrer de très grands réaLa mise en scène, je l’ai toujours lisateurs qui ont inscrit leurs films mise en scène, trente-cinq ans après Le Garçon d’appartement ? dans l’époque. Et moi avec ! C’est émouvant de voir que des longs métrages des années 1990 se baladent encore dans le monde entier. Cela fait durer. Le temps glisse de plus en plus vite. Pire : un jour, sans savoir pourquoi, on se dit qu’il a passé. À partir de ce moment, on a l’impression de mener une course contre la montre. Quand je me vois dans la glace avec mes rides et mes cheveux gris, je dis : « Bonjour, monsieur », mais dans ma tête, j’ai l’impression d’avoir 20 ans et que dans quinze jours je vais jouer Godspell à la Porte-Saint-Martin avec Dave ! Le théâtre fait se sentir immortel. La raison pour laquelle vous ne quittez plus les planches ? Le succès de Nos femmes m’a fait un plaisir énorme. Dans cette période de sinistrose, c’est une démarche très saine de faire rire avec un spectacle qui reste dans la dignité. Le théâtre demeure un lieu privilégié de rencontre avec les gens qui vous aiment. Ils viennent voir sur scène des comédiens qui ne trichent pas, alors il faut leur donner tout ce qu’on a. Me confronter au public me met dans un tel état de vérité que j’ai un besoin quasi existentiel d’y retourner. Ado, j’écoutais les enregistrements de Gérard Philipe et je rêvais d’être un grand romantique. Quand je suis arrivé à Paris, je voyais ma carrière sur les planches. Mais merci mon Dieu de m’avoir aussi offert une vie devant les caméras ! J’adore la vie sur les tournages, découvrir des lieux dans des conditions magiques… J’ai été gâté. Aujourd’hui, les choses sont plus difficiles : on manque de grands metteurs en scène. Quel conseil donneriez-vous à un jeune comédien ? Celui que j’ai reçu il y a longtemps : continuer à se cultiver, à s’intéresser au monde et à regarder le plus possible les autres jouer. Être patient. Pierre Mondy m’avait dit de courir dans mon couloir, sans observer ce qui se passe devant. Pour ne pas souffrir. Je ne dis pas que je n’ai pas jeté un coup d’œil à gauche et à droite, que cela ne m’a pas énervé, mais j’ai fait en sorte de tracer ma route. J’ai vécu, aimé et joué la comédie, tout cela en même temps. Pour ne rien rater. Et qu’estce que j’ai été heureux ! g L’Envers du décor, théâtre de Paris (75009). à partir du 15 janvier. Du mardi au vendredi à 20 h 30 ; le samedi à 17 h et 20 h 30, le dimanche à 15 h 30. rens. : 01 48 74 25 37 et theatredeparis.com Ils s’invitent tous sur les planches Le théâtre privé fait le plein de célébrités aux profils très différents. De Jean Piat, sociétaire honoraire de la Comédie-Française aux extravagants frères Bogdanov en passant par les médiatiques Stéphane Plaza ou PPDA Calbérac (L’Étudiante et Monsieur Henri), le comédien incarne un mari en pleine crise de couple : après trente-cinq années d’amour et de bonheur, sa femme (Évelyne Buyle) ne veut plus remplir ses devoirs conjugaux. Les époux vont trouver ensemble une solution alternative qui ne frustre personne. une famille modèle, à partir du 27 janvier au théâtre montparnasse. b EmmA DE CAunES, En EAux trouBLES L’actrice et animatrice renoue enfin avec les projecteurs : quatre ans après Simpatico, de Sam Shepard, au Théâtre Marigny, elle donne la réplique à Nicolas Briançon dans La Rivière, un drame poétique et fantastique du dramaturge anglais Jez Butterworth qui a connu un beau succès à Broadway avec Hugh Jackman. b StÉPhAnE PLAzA nE SAit PLuS où iL hABitE Après avoir repris le rôle de Pierre Richard dans À gauche en sortant de l’ascenseur, l’agent immobilier de la télé jouera, entre deux ventes d’appartements, dans Le Fusible, un homme d’affaires qui perd la mémoire au moment où il a décidé de changer radicalement de vie. Le Fusible, à partir du 16 janvier au théâtredes Bouffes-Parisiens. La rivière, à partir du 5 février à la Comédie des Champs-Élysées. b PAtriCk ChESnAiS, PortÉ Sur LA ChoSE Dans Une famille modèle, la nouvelle pièce de l’excellent Ivan PhOtOs : PAtRIck chEvALIER/MAXPPP ; FLORENcE LEvILLAIN ; théâtRE dE LA MAdELEINE ; dELALANdE/sIPA b BÉnABAr tEnD L’orEiLLE Pour la deuxième fois de sa carrière, le chanteur monte sur les planches sans donner de la voix. Dans Je vous écoute, pièce qu’il a coécrite avec Héctor Cabedllo Reyes, il se donne le rôle d’un psy qui passe une drôle de journée avec un de ses patients (Pascal Demolon). Tout ça à cause d’une femme (Zoé Félix)… Une comédie qui vire au combat de coqs. Je vous écoute, à partir du 22 janvier au théâtretristan-Bernard. b JEAn PiAt, immEnSE Au fil d’anecdotes personnelles, le comédien de 91 ans nous raconte, seul en scène et avec humour, ses rencontres avec les grands auteurs. Ces Pièces d’identité sont le résumé de soixante-dix ans de bonheur à jouer encore et toujours. Pièces d’identité, à partir du 28 janvier au théâtre des Bouffes-Parisiens. b PPDA, à nouvEAu En DirECt Il n’est jamais trop tard. À 68 ans, l’ancien présentateur du 20 H de TF1 fait ses débuts de comédien sur scène dans Garde alternée, une comédie écrite par la pédiatre Edwige Antier et LouisMichel Colla. Face à Alexandra Kazan, il incarnera un médecin qui s’occupe d’enfants et d’ados en difficulté. Garde alternée, à partir du 19 février au théâtre des mathurins. b GÉrArD DArmon, hommE à tout FAirE Le comédien ne se contente pas de donner la réplique à Philippe Lellouche dans Tout à refaire. Il assure la mise en scène de la nouvelle comédie de l’auteur de théâtre à succès et frère de Gilles. L’histoire de deux amis d’enfance qui remontent le fil de leurs souvenirs un soir d’été à la terrasse d’un café. tout à refaire, à partir du 21 janvier au théâtre de la madeleine. b EFFEtS SPÉCiAux GArAntiS AvEC LES BoGDAnov Après nous avoir fait vivre sur grand écran des expériences scientifiques hors du commun, les frères intergalactiques nous racontent sur scène un Big Bang mélangeant sketches cocasses, effets spéciaux et moments musicaux. De la science-fiction théâtrale. Big Bang, à partir du 12 janvier au théâtre du Gymnase. b QuAnD un BronzÉ rEnContrE un inConnu Deux princes de la comédie populaire s’affrontent sur scène : dans Le Syndrome de l’Écossais, Thierry Lhermitte invite son copain Bernard Campan à dîner avec sa femme, mais l’alcool et les non-dits vont faire sérieusement déraper la soirée. Le Syndrome de l’Écossais, à partir du 15 janvier au théâtre des nouveautés. musique | culture | 29 jdd | 10 janvier 2016 Arno, rockeur sans filtre Le chanteur belge revient avec « Human Incognito », un disque jubilatoire entre blues et colère sur l’état du monde Éric Mandel Plus de quarante ans de carrière, une trentaine d’albums à son actif et une urgence intacte. À 66 ans, Arno récidive avec un nouvel opus à son image : rugueux et racé, orageux et tendre, le tout porté par une énergie vitale et l’authenticité de ceux qui ne trichent pas. Au fil de ses dix chansons aux mélodies accrocheuses mais jamais racoleuses, le rockeur flamand porte un regard courroucé sur l’état du monde (Please Exist, Je veux vivre), célèbre les losers magnifiques (Santé), les femmes vénéneuses (Ask Me for a Dance) et les gueules de bois au petit matin (la superbe ballade Dance Like a Goose). Son charisme vocal lui permet d’alterner avec la même intensité rocks furieux chantés en anglais (Never Trouble Trouble) et ballades habillées d’un simple accordéon. Du Arno pur jus, loufoque et sombre, expansif et intimiste. Rencontre. de coiffure que dans un parti dit « de gauche ». Je ne juge pas les électeurs d’extrême droite. Je suis juste un voyeur. Je ne veux pas changer le monde, et je ne veux surtout pas que tout le monde soit comme moi. Là on serait vraiment dans la merde [rires nerveux]. J’ai deux mains gauches, je n’ai jamais travaillé, je n’ai même pas mon permis de conduire. Heureusement d’ailleurs, je serais un danger pour les autres… Tu vois le bazar ? Ma seule ambition est de mourir d’une overdose de rock’n’roll. b dieu Moi l’athée, j’interpelle Dieu dans ma chanson Please Exist. Je lui demande de se manifester. Et il ne m’a pas encore téléphoné, mais je ne désespère pas. Cette chanson, je l’ai écrite avant les attentats. Là, il doit se sentir très mal quand même. Croire en Dieu peut être une excuse pour faire des trucs beaux, mais aussi mauvais. C’est vieux comme le b rockeur à 66 ans monde… J’ai été évidemment très Je suis né vieux et je vais creattristé par les attentats. Je devais ver jeune. C’est grâce au rock. chanter au Bataclan au mois de Cette musique est très impormars. Je suis triste, vraiment. Pour tante dans ma vie. Le rock’n’roll ma génération, je pensais que le est ma maîtresse, quelle salope ! pire était derrière nous. Mon Mais je l’aime. À père a connu une cause d’elle j’ai vu guerre mondiale. le monde entier « Le conservatisme Mon grand-père, sans jamais tra- est en érection deux. Quand les vailler. Elle m’a nazis ont débarpermis d’acheter comme qué à Ostende, il a mis toute la ma liberté. Mais La tour eiffeL » famille dans un le rock est mort aujourd’hui. Je bateau de pêche cherche une audirection l’Anthenticité et une originalité chez gleterre. Bref, j’étais le premier les jeunes groupes, c’est dur. Les à ne pas avoir connu la guerre. mecs, quand ils parlent ce sont Aujourd’hui, tout est possible car des businessmen. Tout est calon vit dans un film de cow-boys. culé. Ils vendent leur bazar avec b Molenbeeck. beaucoup de sérieux. J’entends surtout des copies de copies de J’habite à 400 m de ce quarcopies. Aujourd’hui je m’éclate tier. Ce n’est pas seulement ce que plus à écouter des groupes underl’on voit aux infos. Je me balade ground technos. souvent là-bas. Il faut le dire aux Français, à Molenbeeck, on a l’eau b urgence chaude et la télé en couleur. J’ai commencé à écrire cet b cinÉMa album en mars dernier, il a été bouclé fin août. En studio, je l’ai Quand je fais de la musique, enregistré vite, en une semaine, je suis le patron. Quand je fais un comme dans les années 1960. Je film, j’obéis au réalisateur, c’est fais une ou deux prises maximum. comme une thérapie. Je vais jouer Je suis très impulsif dans la créaun père au côté de Nathalie Baye tion. Parfois j’en paie le prix quand dans Préjudice, d’Antoine Cuypers je réécoute mes disques. Quand je (en salles le 3 février). C’est un fais de la musique, il ne faut pas drame familial un peu autiste. trop intellectualiser pour garder J’ai jamais vécu ce type d’histoire, la spontanéité. quelle chance ! Je reçois une dizaine de scénarios par an, parfois b colère formidables. Mais je décline. Je Le conservatisme est en suis toujours en tournée, et puis érection comme la tour Eiffel. je ne suis pas acteur, je ne me sens Aujourd’hui, la France est expas capable. Je suis un chanteur trême droite et blonde. Et ce n’est de charme raté. Mon ami Michel pas seulement en France, mais Piccoli m’encourage souvent. dans toute l’Europe, en Belgique J’avais joué dans son film Alors aussi avec la Flandre. À mon âge, Voilà. L’autre jour, je l’ai appelé : je ne pensais pas connaître cette « Ça va ? ». Il me répond : « Non. » révolte réactionnaire. Les gens Je lui demande : « Pourquoi ? ». en ont peut-être marre du sociaIl me dit : « J’ai pas de boulot, je lisme. Je viens d’une famille de m’emmerde. » Je me suis marré. syndicalistes. Aujourd’hui, il y C’est un bon copain, il est le dera plus de gauche dans un salon nier acteur, un monument vivant. À 66 ans, Arno est de retour avec un album aux mélodies accrocheuses. DANNY WILLEMS b Trinquer Je bois moins qu’avant car mon foie pleure. Mais dans la dernière chanson de mon disque, je trinque à la santé de tous les cocus de la terre. On est nombreux dans ce cas. Cette expérience m’est aussi arri- vée. Santé est une chanson de fête et d’amour car on est cocus seulement quand on est amoureux. Je ne parle évidemment pas des cocus de la politique, c’est un autre sujet. g en concert les 19 et 20 mai au Trianon à Paris et en tournée dans toute la France. Human Incognito iiif (Naïve), sortie le 15 janvier. 30 | culture | lire JDD | 10 janvier 2016 Un premier roman de mille pages, acheté 2 millions de dollars aux états-Unis, croise plusieurs destins dans le New York des années 1970 Marie-laUre DelorMe l es uns et les autres. Ils ont tous un rapport avec le meurtre de la jeune Samantha Cicciaro, à Central Park West, le soir du 31 décembre 1976, à une centaine de mètres de la soirée des richissimes Hamilton-Sweeney. On va les suivre, les aimer, les détester, les saisir. Et puis la ville épileptique de New York. Et puis les légendaires années soixante-dix. Et puis la scène punk américaine. City on Fire est un événement. Parce que le manuscrit a été acheté 2 millions de dollars par l’éditeur Knopf ; parce que l’auteur est un inconnu âgé de 37 ans ; parce que la somme de 2 millions de dollars représente un record pour un premier roman ; parce que l’histoire s’étend sur près de mille pages ; parce que les droits pour une éventuelle adaptation cinématographique ont été achetés par le producteur Scott Rudin ; parce que c’est une réussite. Les références viennent immédiatement à l’esprit pour évoquer une œuvre de sang-froid et de sang chaud captant, comme nulle autre pareille, le flux des destinées humaines. On pense au Bûcher des vanités, de Tom Wolfe, à Outremonde, de Don DeLillo, au Chardonneret, de Donna Tartt. Le vaste roman, composé de sept parties et d’allers et retours temporels, connaît son point d’orgue : la panne new-yorkaise du 13 juillet 1977, plongeant New York dans un bain d’acide, et provoquant scènes de pillages et désordres sociaux. Le nouveau petit génie des lettres américaines fait une entrée fracassante dans le monde de l’édition avec « City on Fire ». Miller Mobley/ProFile eXC/SiPA Garth Risk Hallberg Les illusions perdues conduit à une maison squattée de l’East Village, où règnent le nihiliste Nicky Chaos et une bande de Dans la nature comme révolutionnaires archi drogués des ballons dégonflés aux petits pieds nommés les PostLes personnages. William Humanistes. On va aussi croiser le Hamilton- Sweeney III (un punk galeriste autrichien Bruno Augenblafard et héroïnomane de 33 ans, blick et la jolie Américaine d’origine ancien leader des Ex Post Facto de vietnamienne Jenny Nguyen. Ils 1973, se consacrant à la peinture) est n’ont rien à voir les uns avec les en couple avec Mercer Goodman autres ; ils ont tout à voir les uns (un enseignant afro-américain de avec les autres. Le tour de force de Garth Risk 24 ans, rêvant d’écrire un romanmonde, originaire de Géorgie). Hallberg est de se faufiler entre Regan Hamiltonles milieux, les identités, les Sweeney (une sexes, les récits, mère de deux Le tour de force les quartiers, les enfants, sœur de du romancier âges pour monWilliam Hamiltrer une seule et ton-Sweeney III, est de se faufiLer même condition ancienne ano- entre Les miLieux, rexique) divorce humaine. Un bloc, de Keith Lam- Les identités, Les un bloc avec des plighter (un mari sexes, Les récits, fissures, mais un volage, mal en bloc quand même. Les quartiers, Les point, amoureux Si l’on est de bout de son épouse). âges pour montrer en bout du côté du roman dicCharles Weisbarger (un adolescent une seuLe et même ke n s i e n , c ’e st parce que tous juif de 17 ans, aux condition humaine les personnages cheveux roux, ont un compte à adopté par une famille de Long Island et aspirant régler avec leur enfance. Parents à devenir prophète) est amoureux morts, parents défaillants, parents de Samantha Cicciaro (une fille à la envolés. Les jeunes gens admirent dérive, dont la mère est partie avec ici Walt Whitman et Patti Smith. un professeur de yoga, qui est éleRien ne sera à la hauteur de leurs vée par son père artificier). La jeune rêves. Ils se retrouvent lâchés dans fille mineure, deux balles dans la la nature comme des ballons détête à Central Park, se retrouve dans gonflés. Samantha Cicciaro est la le coma à Beth Israel. Un journaliste fille d’un artificier. Les spectacles dépressif (Richard Groskoph) et un pyrotechniques n’ont ni passé ni inspecteur du NYPD boiteux (Larry futur. « Et elle avait appris qu’on ne Pulaski) mènent l’enquête. La piste pouvait pas vraiment constituer des réserves avec ce qui comptait. Les sentiments, les gens, les chansons, le sexe, les feux d’artifice : ils n’existaient que dans le moment présent et, quand le moment se terminait, ils se terminaient eux aussi. » Les Illusions perdues, de Balzac, est l’un des romans préférés de l’enseignant noir Mercer Goodman. Comment en serait-il autrement ? Il est arrivé à New York en pensant « à nous deux maintenant ». Le black-out de juillet 1977 Depuis le remariage de William Halmilton-Sweeney II avec Felicia Gould, la richissime famille a explosé en mille morceaux. Le frère de la seconde épouse, Amory Gould, manipule son entourage au sein du clan. Comme tout roman d’apprentissage abouti, les clés d’entrée dans l’histoire sont multiples : la famille, le punk-rock, le bien et le mal, la création artistique. La ville de New York est le véritable personnage de City on Fire. La scène du black-out de 1977, où les personnages errent dans les rues et se cognent à euxmêmes dans l’obscurité, est emblématique de tout le roman. Que reste-t-il d’un trader, d’un Noir, d’une femme, d’un junkie, d’un bourgeois quand la peur prend au ventre, quand on a besoin de l’autre pour retrouver son chemin, quand on peine à distinguer le visage du danger. Quand on enlève nos repères sociaux comme un tapis tiré de sous des mocassins vernis. Si Garth Risk Hallberg a écrit les illusions perdues new-yorkaises des années 1976-1977, c’est parce qu’il ne reste au final que ça : la beauté dangereuse de la ville. Le génie de Dickens et la série « The Wire » Sa génération d’écrivains : le génie de Dickens et la série The Wire. City on Fire est un roman sur les possibles, le chaos, les incendies. On y lit, en ligne de fuite, le sida et le 11-Septembre. New York : les oiseaux, les junkies, les artistes, les traders, les rats. L’électrocution et l’électricité. Chez les riches Hamilton-Sweeney, père et fils ne se parlent plus depuis longtemps. Alors, le père écrit à son fils pour dire ses regrets : « Que ton père est un homme, mon fils, comme toi : telle est la chose impossible que je te demande d’imaginer. » La ville en feu de Garth Risk Hallberg serait un simple roman réussi, parmi d’autres, sans ses moments de silence. Tout revient toujours à ça : une enfant dans le coma après un meurtre. Les personnages vivent aux côtés de doutes plus grands qu’eux. L’apprenti écrivain Mercer Goodman s’interroge sur la création littéraire : comment se confronter à la complexité de la vie réelle ? En malaxant l’ombre et la lumière pour rester à hauteur d’homme. Il se dit attaché à l’idée désuète que le roman est là pour nous enseigner quelque chose. Garth Risk Hallberg le croit-il, lui aussi, avec son œuvre pyrotechnique ? Une multitude d’oiseaux indifférents à notre sort hantent, de manière obsédante, City on Fire comme pour nous rappeler que c’est nous qui sommes rivés ici-bas. g City on Fire, de Garth Risk Hallberg, trad. Elisabeth Peellaert, Plon, 980 p., 22,90 €. sélection JDD 5 livres français la renverse, Olivier Adam, Flammarion. l’autre Joseph, Kéthévane Davrichewy, Sabine Wespieser. envoyée spéciale, Jean Echenoz, Minuit. la splendeur dans l’herbe, Patrick Lapeyre, P.O.L. Histoire de la violence, Édouard Louis, Seuil. 5 livres étrangers le nouveau nom, Elena Ferrante, Gallimard. la route étroite vers le nord lointain, Richard Flanagan, Actes Sud. City on fire, Garth Risk Hallberg, Plon. eileen, Ottessa Moshfegh, Fayard. tous les vivants, Jayne Anne Phillips, L’Olivier. (Liste établie par : Anne-Julie Bémont, Marie-Laure Delorme, Nicolas Demorand, Laëtitia Favro, Alexandre Fillon, Ilana Moryoussef, Augustin Trapenard) lire | culture | 31 jdd | 10 janvier 2016 Retour par l’Algérie Kéthévane Davrichewy de René-Victor Pilhes Les deux Joseph armes dont il connaissait de visu la détermination, la bravoure, l’intelligence. de l’académie Goncourt Ils s’étaient rencontrés @bernardpivot1 à la prison d’Albi, où Abane Ramdane purgeait une peine de cinq ans pour menées subela fait seize ans que le nom versives. Jean-Michel Leutier, de René-Victor Pilhes avait étudiant à Toulouse, pour disparu de l’actualité littécomplaire à la mère de la jeune raire. Avait-il renoncé à écrire ? fille dont il s’était entiché et Ses derniers romans, Le Fakir, qui était visiteuse de prison, Le Christi, enfin La Jusquiame, l’y avait suivie. Tout oppose au en 1999, n’avaient pas eu le parloir le Kabyle révolutionnaire retentissement et le succès des et le jeune pied-noir, fils d’un premiers : La Rhubarbe, prix gendarme d’Aïn-Témouchent, Médicis 1965, Le Loum (1969), en Oranie, et tout les rapproche. surtout L’Imprécateur (Seuil), L’un est ici contre son gré, dans prix Femina 1974, formidable l’attente de la révolution par les fiction sur le monde inquiétant armes, l’autre pour ses études des entreprises, œuvre persde droit, pour préparer dans picace sur la déshumanisation la métropole son confortable cynique de leurs dirigeants. Les avenir. Mais ils ont en commun romans de René-Victor Pilhes l’amour de l’Algérie, même si ont deux qualités majeures : leur le pays qu’ils ont dans le cœur écriture baroque où verbes et et la mémoire n’est vraiment adjectifs sont souvent inattenpas le même. dus, et le mélange réussi de ce De leur première conversaqu’il a vécu et de ce qu’il pense tion le jeune homme est sorti avec les puissants ressorts de impressionné, son imagination. presque hypOn est heuCette guerre qui, notisé, par la reux de retrouver de tout cela à l’époque, n’osait sincérité brutale du proscrit, dans La Nuit de pas avouer son par sa foi dans Zelemta, roman l’indépendance par lequel René- nom, il l’a faite la liberté, par Victor Pilhes pendant deux ans et sa volonté de lui inscrit pour la ouvrir les yeux première fois et il en est sur une Algérie son nom dans revenu, Comme qu’il habitait la littérature mais qu’il ne du XXIe siècle, beauCoup de connaissait pas. même si le sujet Jean-Michel en est la tragédie soldats du Leutier ne fut de la France des Contingent, amer, plus jamais le années 1950 : la même. guerre d’Algérie. Choqué, révolté Ce qu’il appela Cette guerre « le syndrome qui, à l’époque, d’Abane », une sorte de mauvaise n’osait pas avouer son nom conscience permanente, ne le (« les événements d’Algérie », lâcha plus, même si, convaincu disait-on), il l’a faite pendant des dangers de ses visites, il finit deux ans et il en est revenu, par y renoncer. comme beaucoup de soldats À travers le récit du vieux du contingent, amer, choqué, curé – que le lieutenant, grand révolté. Elle l’a marqué si soldat, grand blessé qui attend profondément que, plus de la mort à l’hôpital, appelle cinquante ans après, il a su en affectueusement « petit curé » –, exposer dans une fiction à susRené-Victor Pilhes restitue pense les malentendus, les aveuadmirablement les états d’âme, glements, les contradictions, les les hantises, la douloureuse déchirements, les utopies, les lucidité d’un jeune pied-noir absurdités. C’est là un roman avant et après la Toussaint 1954, politique sur les débuts d’un date du déclenchement du conflit sauvage qui, de 1954 à soulèvement populaire. De plus 1962, devait durer huit longues en plus convaincu que l’histoire et douloureuses années. Il est exaucera les vœux et ratifiera la dédié « à la mémoire de Pierre violence anticolonialiste d’Abane Cullin ». Est-ce le vrai nom du Ramdane, Jean-Michel Leutier héros du livre, le lieutenant n’en résiliera pas moins son surJean-Michel Leutier ? sis pour s’engager dans l’armée C’est un vieux curé qui et défendre la présence des raconte. Il a été l’ami et le Français en Algérie. Une sorte confident de Jean-Michel de sursaut patriotique et idéoloLeutier. À lui seul il a révélé ce gique le débarrassera même un qui s’était passé au cours de la temps de ce terrible syndrome nuit, à Zelemta, quand il s’était qui lui gâchait la vie. trouvé face à l’un des chefs du Jusqu’à cette nuit de FLN (Front de libération natiomars 1957, dans une mechta nale), Abane Ramdane. Pourquoi du massif de Zelemta… g il avait agi ainsi. Pourquoi et comment et par quel cheminement de son esprit il en était arrivé à adopter ce comporteLa nuit de Zelemta, ment, à obéir à ce réflexe, quand René-Victor Pilhes, les hasards de la guerre lui Albin Michel, 190 p., avaient fait croiser les chemins 17,50 €. clandestins d’un Algérien en Bernard Pivot c pires lâchetés comme de la plus grande bravoure, séducteur impénitent, exilé contraint, aventurier et père absent ? Quand l’auteur choisit d’enquêter sur cette branche de l’histoire familiale, rares sont les vivants capables d’éclairer l’énigme d’une existence d’une complexité telle que la fiction semble un recours naturel et nécessaire. La romancière retrace le parcours de son arrière-grand-père, Joseph Davrichachvili, aviateur et agent secret, dont la destinée fut intimement liée à celle de Staline Laëtitia Favro « Ils ont les yeux bruns, les cheveux noirs, avec un petit quelque chose en plus, dans la forme du visage, qui leur donne un air de famille. » Nés en Géorgie à quelques rues et à quelques années près, Joseph Davrichachvili, l’un des tout premiers aviateurs russes, et Joseph Djougachvili, futur Staline, font ensemble leurs premières armes. Fils du préfet de Gori, le premier bénéficie d’une éducation bourgeoise mais stricte, tandis que le second, dont la mère est couturière et femme de ménage chez les Davrichachvili, grandit dans la crainte d’un père alcoolique et violent. S’ils sont animés d’un même élan patriotique, d’abord incarné par les bandits de la tradition orale caucasienne puis par la révolution bolchevique, leur inimitié croissante les engage sur des voies distinctes, qui ne cesseront pour autant de se croiser. Après un passage tourmenté par le séminaire et quelques faits d’activisme, le futur maître du Kremlin est envoyé en Sibérie où il rédige ses premiers textes, avant de s’illustrer pendant la campagne de 1905. Familier des milieux révolutionnaires parisiens, Photo : PhiliPPe MAtSAS/oPAle/leeMAge Davrichachvili milite, quant à lui, aux côtés d’un certain Lev Rosenfeld, futur Kamenev et membre du triumvirat soviétique au même titre que Zinoviev et Staline. Ce n’est qu’à la mort de son aîné en 1953 que Davrichachvili reviendra sur leur enfance commune et leur supposé lien de sang, se libérera de cet encombrant camarade qui allait modifier son destin et celui de sa descendance. Quel homme était-il, cet aïeul mythique et distant, capable des Les méandres d’une existence bouillonnante Puisant dans ses souve nirs, dans les archives et dans l’évolution sémantique de son patronyme le moindre indice utile à son entreprise de mémoire, Kéthévane Davrichewy retrace les jeunes années de cet « autre Joseph » grandi dans l’ombre de Staline, des premières bagarres dans les rues de Gori aux défilés militants sur fond rouge. La voix de l’auteur, juste, empathique et d’une émouvante sensibilité, accompagne tour à tour son lecteur et son héros dans les méandres d’une existence bouillonnante partagée entre cultures géorgienne et française, prise dans les remous de l’histoire du XXe siècle. g L’Autre Joseph, Kéthévane Davrichewy, Sabine Wespieser, 280 p., 21 €. Philippe Claudel Lettre à un ami perdu Le romancier et cinéaste offre une méditation sur la mort, en hommage à l’éditeur Jean-Marc roberts aLexanDre FiLLon Au printemps 2012, le narrateur du nouveau roman de Philippe Claudel s’est rendu en Indonésie. Sur l’île de Sulawesi. Dans un village Photo : thoURoUDe du pays Toraja où l’on trouve un arbre particulier, « remarquable et majestueux ». L’occasion de penser à la manière d’aborder la question de la mort, du passage du temps. De regarder le monde qui l’entoure et ceux qui y évoluent. Le voyageur en question vient d’avoir 50 ans. Ce cinéaste dont le dernier long métrage a connu un accueil médiocre est divorcé de Florence, avec qui il a longtemps encore continué à dîner et à faire l’amour dans une chambre d’hôtel. À son retour du pays Toraja, le héros de l’auteur des Âmes grises (prix Renaudot) et du Rapport de Brodeck découvre un message sur son répondeur. Message qui lui apprend que son meilleur ami et producteur, Eugène, a un « sale cancer ». De ceux qu’on n’arrive pas à soigner. Eugène, un enchanteur qui rappelle le regretté Jean-Marc Roberts, ne va pas baisser la garde. Et jusqu’au bout conserver sa fantaisie. Nostalgique d’une « amitié de mots », le narrateur oscille entre le présent et le passé. Les souvenirs remontent peu à peu. Celui de Jean-Christophe, camarade de lycée, qui s’est donné la mort à 19 ans par dépit amoureux. Celui de Gary, l’alpiniste disparu à 28 ans dans « l’exubérante beauté de la jeunesse ». Ceux d’une enfance en Lorraine où il se rendait chaque dimanche au cinéma. La vie se charge de vous surprendre. Parfois agréablement. Notre homme se plaît ainsi à observer les mouvements et les courbes de sa jeune voisine du 6e étage. Laquelle va s’avérer se prénommer Elena, être une cher- cheuse d’origine croate à l’haleine parfumée d’orange et à la tête aussi bien faite que le corps. L’arbre du pays Toraja permet aussi de croiser Milan Kundera dans un « bar-tabac sans grâce », ou Michel Piccoli qui donne rendezvous au protagoniste de Claudel dans un McDonald’s proche de son domicile et lui dit appartenir à « des temps révolus ». L’écrivain, cinéaste et dramaturge vient de signer une touchante et sobre lettre à un ami perdu. Une réflexion mélancolique sur la difficulté de trouver la juste distance et sa juste place. g L’Arbre du pays Toraja, Philippe Claudel, Stock, 209 p., 18 €. 32 | personnalités JDD | 10 janvier 2016 « Delpech, cœur sensible et mélancolique » par terre face à Geneviève. Nous nous regardions en silence. Puis, soudain, je me suis levé, j’ai traversé la pièce et je l’ai embrassée. J’ai décidé de rester. » Abba Athanasios mariera en 1985 le jeune couple dans la crypte de l’église Saint-Sulpice. Ce jour-là, il y avait évidemment moins de monde qu’aujourd’hui, un seul photographe assistait à la cérémonie. Trente ans plus tard, au même endroit, Geneviève lit un poème de Baudelaire (Réversibilité) pour l’homme qu’elle a accompagné dans sa retraite près de Saint-Germain-en-Laye, fasciné qu’il était par les Pères du désert, ces porteurs d’Évangile délestés du superflu. « Michel était comme un surfeur trop tôt descendu de la vague », rappelait son confident ecclésiastique. Vendredi, l’évêque copte Abba Athanasios a célébré à Saint-Sulpice les obsèques du chanteur qu’il avait connu il y a trente-cinq ans. La foi était au cœur de leur amitié LudoVic Perrin @LPJDD Catherine Deneuve, Patrick Bruel, Anne Hidalgo, Fleur Pellerin et même Renaud… Vendredi, à 11 heures, l’église Saint-Sulpice était noire de personnalités venues d’horizons divers (François Bayrou, Alain Madelin, Ingrid Betancourt) pour accompagner Michel Delpech vers sa dernière demeure. Pour que le tableau soit complet, il n’aura manqué que Mick Jagger, cette autre star qui se serait, elle aussi, prénommée Michel si elle avait été française et que Delpech évoquait dans son succès Quand j’étais chanteur. Aux côtés de la famille, l’épouse, les enfants, des amis (Bénabar, Didier Barbelivien), l’évêque de l’Église copte orthodoxe Abba Athanasios, coiffé d’une barrette noire, était peut-être l’un de ceux qui connaissaient le mieux Michel Delpech. « Il est venu me voir en 1980 dans mon petit appartement sous les toits donnant sur le Père-Lachaise, se remémore le prêtre. Nous parlions de tout, de Dieu, de saint Paul, du Festival de Cannes… Petit à petit, un dialogue s’est installé et nous nous voyions pour des conseils, des entretiens, des bénédictions. Michel était très sensible à la confession. » En haut, l’évêque copte Abba Athanasios (en blanc). Ci-dessus, Renaud. À droite, Didier Barbelivien, Catherine Deneuve et Dominique Besnehard. JBV NEWS; PaNoramic/StarfacE; SiPa Au début des années 1980, l’auteur des Divorcés entamait une longue descente vers l’abîme. Séparé de sa première épouse, le chanteur des Trente Glorieuses vide sa maison, vend ses droits à sa firme discographique et s’apprête à prendre le large (Los Angeles ? Tahiti ?). C’est alors que la providence sonne à sa porte. Une voisine passe lui dire au revoir. Elle est accompagnée d’une amie, Geneviève. « Un coup de foudre », nous confiera en 2000 Michel Delpech : « À un moment, nous nous sommes retrouvés seuls. J’étais assis Un si grand sourire « Mes parents m’avaient inculqué des principes de vie saine et d’honnêteté, expliquait Delpech en 2000. Je ne sais pas si ces valeurs s’appliquent au show-business. La folie, l’argent, les filles, tout ce que m’offrait la célébrité, j’en ai archiprofité, mais, à un moment donné, je ne pouvais plus m’identifier à mon rôle. » Michel Delpech avait accueilli les deux enfants de Geneviève. Sa bellefille Pauline le rappelle : « J’étais encore bébé. Tu n’étais pas obligé de nous élever, de nous aimer, mon frère et moi, et pourtant tu l’as fait. Tu es mon si beau père. Comme disait l’autre : “Si j’avais su que je t’aimais autant, je t’aurais aimé davantage.” » Avec ses proches et sa famille, le prêtre copte l’a accompagné durant les derniers mois de sa maladie. « Michel prenait ma main gauche avec sa main gauche ; en communion, il s’apaisait. Il est parti dans une paix intérieure. Sous sa livrée de star battait le cœur sensible d’un homme épris de justice et de vérité, doublé d’une mélancolie qu’il avait héritée de sa mère, si aimée, et de l’humour d’un père, si aimé. » Michel Delpech, ce chanteur qui avait voulu vivre sa vie sans craindre de se confronter à ses « joies », comme ses « erreurs » et ses « transgressions », avait dû recevoir beaucoup d’amour enfant pour conserver un si grand sourire. Dernièrement, Didier Barbelivien l’avait taquiné : « Je lui avais dit : “Tu as commencé ta carrière sous l’enveloppe de Justin Bieber et tu la finis sous celle de Jean-Pierre Marielle.” » Là encore, Delpech avait ri. Les orgues de Saint-Sulpice ont rejoué ses succès (Chez Laurette, écrit et chanté en 1965, à 18 ans, Le Chasseur, Wight is Wight, etc.) Son sourire trône sur l’autel, la photo d’un chanteur au temps de sa splendeur. Maintenant que sa dépouille se dirige vers le Père-Lachaise, sa voix résonne dans l’église. Quand j’étais chanteur. La foule applaudit. Le Père-Lachaise, c’est là justement où, trente-cinq ans plus tôt, il avait retrouvé le père Athanasios pour s’assurer de son goût de la vie et de la couleur du ciel. g téléVision | 33 jdd | 10 janvier 2016 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Un Président Ciné dimanChe loin des clichés À l’occasion du 20e anniversaire de la disparition de François Mitterrand, un documentaire revient sur son destin à travers ses albums de famille(s) Éric Mandel Raconter l’homme à travers les photos personnelles d’une vie. Une vie ô combien romanesque faite de multiples amours, de luttes pour le pouvoir et de controverses politiques… L’ambition du film François Mitterrand, albums de familles peut surprendre, voire interpeller. On ignore d’ailleurs si le principal intéressé aurait goûté de voir son intimité ainsi dévoilée, lui qui aura bataillé durant son existence pour préserver sa vie privée. Mais la démarche initiée par Pierre Favier et Hughes Nancy a séduit les trois enfants du défunt président. Ses deux fils, Jean-Christophe et Gilbert, mais aussi Mazarine Pingeot ont accepté d’ouvrir les albums photographiques constitués par François Mitterrand lui-même. Et de témoigner face caméra du père et de l’homme public. Jeune enamouré d’une certaine Marie-Louise Terrasse Ces photos, François Mitterrand prenait soin de les compiler dans des albums, mais aussi de les annoter de sa plume. Cela en dit long sur le lien qu’il entretenait avec sa propre histoire. En majorité totalement inédites, elles montrent le premier président socialiste de la Ve République au fil des époques, dans des situations parfois insolites : étudiant déguisé en curé, jeune enamouré d’une certaine MarieLouise Terrasse, son premier amour et future speakerine sous le nom de Catherine Langeais. Plus tard en vacances les pieds dans le sable à la plage d’Hossegor avec femme et enfants… « Un collector », dixit son fils aîné, Jean-Christophe. Le film débute par l’origine, à Jarnac où il a vu le jour dans une famille de droite traditionnelle et catholique. On le voit gamin au milieu de ses frères et sœurs, avec sa mère, disparue trop tôt, avec son père, Joseph, à Vichy en 1942. S’il fait des allers-retours entre la vie privée et la vie publique de l’homme, le film ne dresse pas le bilan critique maintes fois réalisé des deux septennats du monarque républicain. Elle raconte un père « super marrant » Il retrace plutôt les grandes lignes de son parcours politique, sans omettre les zones d’ombre d’un personnage éminemment complexe. Son passé de « vichystorésistant », d’abord ministre de Pétain puis chef de réseau sous le nom de Morland. Il revient également sur son amitié avec René Bousquet, secrétaire général à la police du régime de Vichy, coupable de déportations de Juifs et de la rafle du Vél’ d’Hiv. Une amitié indéfectible, justifiée par certains en raison de l’aide apportée par Bousquet au réseau du jeune Mitterrand, laquelle aurait permis de sauver des vies, dont celle de Mitterrand lui-même. Pour Mazarine, son père aurait dû rompre les liens avec Bousquet. Sans oublier l’attentat de l’Observatoire et les écoutes téléphoniques de l’Élysée orchestrées pour « protéger » sa vie privée marquée du sceau du secret. Le film montre comment il a parfaitement cloisonné ses vies. Celle officielle avec Danielle Mitterrand et celle cachée avec Anne Pingeot. On découvre alors un père de famille tendre et affectueux, presque « papa gâteau ». Les photos dévoilent une complicité évidente entre le sphinx de la République et sa fille : lors de son anniversaire, en voyage à Venise, à Jérusalem ou au Caire. On connaissait l’animal politique, elle raconte un père « super marrant », amateur de « blagues nulles » et de films « un peu pourris ». Le documentaire exhume d’ailleurs cette vidéo incroyable où François Mitterrand et Mazarine s’amusent à rejouer une scène de la série Dallas. On voit le président endosser le rôle de J.R. face à sa fille en Sue Ellen qui lui reproche ses infidélités et lui son alcoolisme. Un président loin des clichés. g François Mitterrand, albums de familles, demain à 20.55, France 3. À lire : François Mitterrand et Paris Match, c’est toute une histoire dont l’un des faits saillants fut la publication des premières images publiques de Mazarine. Jean-Pierre Bouyxou et Marc Brincourt racontent la vie incroyablement romanesque de l’ancien président dans un livre d’une richesse iconographique inouïe. François Mitterrand. Sa vie est un roman (Éd. du chêne-Paris Match), 296 p., 35 €. lejdd.fr Vidéo : les mystères de la dernière photo de Mitterrand François Mitterrand, son épouse, Danielle, et leurs trois enfants en 1950. Le président et Mazarine Pingeot, en 1984. FTV La sélection de la semaine SÉrie À Londres, en 1827, l’inspecteur John Marlott est chargé d’enquêter sur la découverte d’un cadavre composé de plusieurs membres d’enfants cousus ensemble. Une affaire embarrassante pour le gouvernement, qui s’apprête à faire passer une loi, fort impopulaire, qui autorise les anatomistes à utiliser les indigents décédés pour les dissections. Le policier se lance sur les traces d’un scientifique désireux de continuer l’œuvre du héros de Mary Shelley. Tout en ménageant une intrigue policière palpitante, cette série à la mise en scène soignée nous plonge dans le Londres sale et mal famé de Dickens, avec ses enfants de la rue miséreux et maltraités, un juteux trafic de cadavres, une communauté scientifique prête à toutes les expérimentations pour accélérer la marche du progrès. En policier hanté par la mort de sa femme et de sa fille, Sean Bean finit d’apporter finesse et émotion à cette première saison qui se termine par un formidable twist. B.T. The Frankenstein chronicles, mardi, 20.50, canal+ Séries. FicTion « Stavisky se suicide d’un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant », ironisa Le Canard enchaîné le 10 janvier 1934, deux jours après la mort du « beau Sacha », célèbre escroc qui aurait bénéficié d’appuis politiques. Un charlatan dont les arnaques financières furent utilisées par l’extrême droite pour discréditer la République. Avec Tomer Sisley dans le rôle-titre, ce téléfilm retrace son parcours sur fond de corruption pendant les années 1930. Dommage que cette fiction historique évoque trop brièvement les conséquences de l’affaire qui fit chuter un gouvernement, provoquant des manifestations très violentes. Pas assez de rythme ; trop de bavardages. Ce sujet méritait une écriture et une mise en scène plus audacieuses. Ba.T. Stavisky, l’escroc du siècle, mercredi à 20.55, France 2. cFlight iiif Un pilote de ligne va sauver ses passagers du crash inéluctable de son appareil. L’enquête va révéler la face sombre du héros. Denzel Washington est impeccable. 20.55, TF1. a La Couleur pourpre iiif Le film de Steven Spielberg qui a révélé Whoopi Goldberg. 20.50, HD1. c Le Magnifique iiif Une parodie populaire et réjouissante des films d’espionnage pour notre Bébel national. Avec la très belle Jacqueline Bisset pour partenaire. 20.45, Arte. c Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l’anneau iiif Premier opus de la trilogie adaptée de Tolkien.Une luxuriante fresque d’héroic fantasy. 20.55, France 2. Votre soirée 17.05 Sept à huit. 20.00 Journal. 20.55 Flight iiif Film américain de Robert Zemeckis (2012). Un pilote de ligne réussit un atterrissage en catastrophe miraculeux. Avec Denzel Washington et John Goodman. 23.30 Mentalist. Série américaine. 1.10 Les Experts : Manhattan. Série américaine. D8 21.00 L’Union sacrée ifff F i l m f r a n ç a i s d’Alexandre Arcady (1989). 18.10 Stade 2. 18.45 Vivement dimanche prochain : Thierry Lhermitte. 20.00 Journal. 20.40 Parents, mode d’emploi. 20.55 Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l’anneau iiif Film américano-néo-zélandais de Peter Jackson (2001). Après des siècles de paix, le réveil d’une force maléfique menace de plonger le monde dans le chaos. Avec Elijah Wood et Sean Bean. 23.50 Faites entrer l’accusé. NT1 20.55 Yes Man iiff Film américain de Peyton Reed (2008). 16.10 Du côté de chez Dave. 17.15 Personne n’y avait pensé ! 17.55 Le Grand Slam. 19.00 Le 19.20. 20.25 Zorro. 20.55 Miss Fisher enquête. Série australienne (2015). Les tourments de l’âme ; Valse mortelle au Grand Hôtel ; Le Bourreau assassiné ; Esprit, es-tu là ? Avec Essie Davis et Nathan Page. 0.35 Soir 3. HD1 20.50 La Couleur pourpre iiif Film américain de Steven Spielberg (1985). TMC 20.55 Les Experts : Miami. Série américaine. Gulli 20.50 C’est donc ton frère iiif Film américain de Harry Lachman (1936). 6ter 20.55 Incassable iiff Film américain de M. Night Shyamalan (2000). 17.20 Zapping de la semaine. 17.40 L’Envoyé spécial du Petit Journal. 18.35 Canal Football Numéro 23 20.50 Training Club. 20.55 Avant-match. 21.00 Marseille-Guingamp. Ligue 1, Day iiif Film américain 20e journée. 22.55 Canal Football Club. Le débrief. 23.15 L’Équipe d’Antoine Fuqua (2001). du dimanche. 23.30 Le Journal des jeux vidéo. 0.00 Strike Back. Paris Première 20.45 Lie to me 18.35 C Politique. 20.00 In Vivo, l’intégrale. 20.30 Avis Série américaine. de sorties. 20.40 Quand la galette fait des rois. Documentaire français de Domitille Jobbé-Duval (2015). Enquête RTL 9 20.40 Mon voisin le sur une tradition très lucrative. 21.30 La Fraise, un parfum de tueur ifff Film américain business. Documentaire français (2014). 22.25 Les Anglais dans de Jonathan Lynn (2000). la Résistance. 23.20 La Grande Librairie. Téva 20.40 The Good Wife. 19.15 Cuisine royale au château de Tranekaer. Série américaine. 19.45 Arte journal. 20.00 Karambolage. 20.15 Vox Pop. 20.45 Le Magnifique iiif Film franco-italien de Philippe TCM Cinéma 20.40 Jeremiah de Broca (1973). Un écrivain trop timide s’est inventé un double litté- Johnson iiif Film amériraire doté du courage dont il est totalement dépourvu. Avec Jean-Paul cain de Sydney Pollack (1972). Belmondo et Jacqueline Bisset. 22.20 Borsalino. Documentaire (2015). 23.10 Pierre Boulez, un certain parcours (1/2). FX 20.50 La Fiancée de Frankenstein iiii Film améri16.30 66 Minutes : le doc. 17.20 66 Minutes. 18.40 cain de James Whale (1935). 66 Minutes : grand format. 19.45 Le 19.45. 20.05 Sport 6. 20.10 E = M6. 20.55 Capital. Réparation, OCS Géants 20.40 Géant réclamation, livraison : le client prend le pouvoir. 23.00 Enquête iiff Film américain de Exclusive. Courchevel/Saint-Moritz : duel au sommet du luxe. George Stevens (1955). session de rattrapage du Jdd aVec Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet a Doc. Charlie 712. Histoire d’une couverture France 5 a Divert. La Femme du boulanger France 2 a Doc. Stefan Zweig, histoire d’un européen Arte 34 | JEUX travaille pour des prunes d d pentes vers le sommet b n’est pas de bois est à dégrafer pour les besoins du greffier d d d Y de l’eau de fontaine et des eaux de forges U les deux sont ricHes, un seul nous en fait profiter b d encore plus dur une fois retourné d a fait baptiser tous ses enfants imitation pas forcément pâle le rouge au front d d U d d au cœur du mystère b digramme américain à la peau rouge cogne fort être un pigeon ou celui qui le plume b U plus gros que vu en géo ou le moustique en pHysique et assuré ne mobilisa de piquer pas ses forces d une déjection et une injection U animal d’apparat tête de mort accord tue à plus ou moins petit feu d parfois monté en épingle dans un livre de recettes Gérant-Directeur de la publication Philippe Pignol. Président d’honneur Daniel Filipacchi. éditeur édouard Minc. éditrice adjointe Anne-Violette Revel de Lambert. Communication Nawal Hocine, Anabel Echevarria. Ventes Frédéric Gondolo et Katia Parent 01 41 34 64 78. Diffusion Presstalis Réassortiments 06 68 08 16 67. Imprimé en France par Paris Offset Print Service abonnement CS 50002 – 59718 Lille Cedex 9. Tél. : 02 77 63 11 36 (France / Dom Tom et étranger). Tarif France 6 mois : 32 € ; 1 an : 55 €. Le JDD + Version Femina. 6 mois : 37,90 € ; 1 an : 64,90 €. Tarif étranger nous consulter. Abonnements au journal en ligne www.lejdd.fr Tirage du 3 janvier 2016 : 242.040 exemplaires. Travail exécuté par les ouvriers syndiqués Keno Loto b d b d c’est un rectangle ou un cercle d b b d avec napoléon contre b l’autricHe content, et Ça fait b plaisir à l’entourage moyen solution des jeux Mots croisés 93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print. N° de Commission paritaire 0420 C 86 368. Numéro ISSN 0242-3065. Dépôt légal : à parution. © HFA 2015 Hachette Filipacchi Associés est une filiale de Lagardère Active SAS. Président du directoire Denis Olivennes d b d est pie ou est cHipie b b sudoku b b d d U des atouts qui tombent paire de lolos calculent une distance à partir de la longueur du rectangle b HoriZontalement 1. Indépendantisme. 2. Moëre. Aisée. Out. 3. Mec. Rhin. Visite. 4. Halètement. Us. 5. Rhumes. Routage. 6. Ta. Privai. Égala. 7. Aimé. Tasserez. 8. Leurrer. Sua. Ode. 9. Tee. Initiales. 10. Sue. Freine. Levé. 11. Asexué. Texte. Or. 12. Tu. Essor. Irait. 13. Iran. Travée. Fia. 14. Opposante. Vison. 15. Naine. Aérien. Né. verticalement 1. Immortalisation. 2. Noé. Haie. Usurpa. 3. Déchu. Mutée. Api. 4. Er. Ampère. Xénon. 5. Perler. Refus. Se. 6. Hésite. Resta. 7. Naît. Varie. Orna. 8. Dîneras. Nitrate. 9. As. Moissine. Ver. 10. Neveu. Eutexie. 11. Teinterai. Trêve. 12. Stage. Aléa. In. 13. Soi. Gazole. Ifs. 14. Mutuel. Dévotion. 15. Êtes. Aléser. Ane. Mots fléchés r i e n i s e s w r a y c o r r s k h i a o r i n s T s e LE JOURNAL DU DIMANCHE est édité par : Hachette Filipacchi Associés SNC au capital de 78 300 €, siège social 149 rue Anatole France 92534 Levallois-Perret cedex. RCS Nanterre B 324 286 319. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40. d T r r e i n T r o s a i d e s e T e n r a g e u r s ne soûle pas d’un seul déci en course en jaune d d b Solution du numéro 3599 Publicité : Lagardère Publicité, 10, rue Thierry le Luron, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 41 34 90 00. Fax : 01 41 34 90 01. Présidente Constance Benqué. Directeur général Philippe Pignol. Directrice de la publicité Frédérique Vacquier. Tél. : 01 41 34 92 46 b c o u r entre eux, tout est dit corps étranger Solution la semaine prochaine Directeur Jérôme Bellay. Directeur adjoint de la rédaction Patrice Trapier. Rédacteurs en chef François Clemenceau, Dominique de Montvalon, Cyril Petit (éditions), Guillaume Rebière, Brigitte Suffert (directrice artistique), Laurent Valdiguié. Secrétaire général adjoint Robert Melcher. Rédacteurs en chef adjoints Danielle Attali, Richard Bellet, Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars, Didier Siberchicot. Chef du service économie Bruna Basini. Chef du service photo Aurélie Chateau. botte plutôt cHic morceau b de rosbif ici, lui fait Honneur là lècHe b beau comme un camion de pompier il est dangeou du puncH reux, ils sont gros moustique condamsusceptible nables de piquer d b U extrait du misantHrope tragédie de racine b a c a j o u verticalement 1. Condamnation à perpétuité. — 2. Hommes aux paires. — Séparation de biens. — Changea de place sans autorisation. — 3. N’est plus en état de grâce. — Tout à fait déplacée. — Garniture de chaussons. — 4. Errer à gauche et à droite. — On l’évoque en courant. — Est un peu inspiré. — 5. Arriver aux pores. — Défense passive. — Réfléchi. — 6. Flotte avant de plonger. — Évita les fuites. — 7. Se sépare de sa mère. — Fait divers. — Garnit. — 8. Feras un repas en rêve. — Sel pour engraisser. — 9. On l’abat avec plaisir. — Bien utile pour garder les baies. — La proie pour l’ombre. — 10. Rameau adjacent. — A un point de fusion fixe. — 11. Donnerai de ton. — Arrêt en pleine campagne. — 12. Essai avant de marquer un but. — Coup du sort. — Branché. — 13. Lieu de repli. — Est versé dans une caisse d’épargne. — Se taillent dans le parc. — 14. Pari souvent stupide. — Fait des confits. — 15. Pensez donc ! — Tourner à l’intérieur de la pièce. — Élève au plus bas. évoque le golf, qu’il soit ou non suffixé d’un g b avec du jus HoriZontalement 1. Désir de liberté. — 2. Conquête maritime. — Commode. — Mauvais service. — 3. Mâle de la poule. — Cours d’opéra. — Tour de contrôle. — 4. Résultat des courses. — À suivre. — 5. Riches en roupies. — Préparation d’expédition. — 6. Possessif. — Imposai la ceinture. — Mit à niveau. — 7. Très cher. — Ferez le plein. — 8. Bercer pour endormir. — Mouilla aux pores. — Pièce à louer. — 9. Base sportive. — Lettres d’introduction. — 10. A envoyé promener un vieux juif. — Serre les mâchoires. — Produit de lices en mouvement. — 11. Comme un petit ange. — Mots d’auteur. — Matière à livres. — 12. Pronom. — Belle envolée. — Intention de déplacement. — 13. État peu civil. — Rangée en politique. — Reposa. — 14. Tape sur le système. — Lapin surévalué. — 15. Dame du demi-monde. — Qui nous passe par-dessus la tête. — Pas dans la roture. d b avec spider et de quoi speeder b b Y mi-février ou au début du printemps atomisé par b une bombe poupée gonflante U l’une en tient une coucHe, l’autre exaspère d o g i v e désobéissant de 14-18 un retour à le sHérif de tout casser nottingHam en aurait pris Homme une bonne à pomme trempe d d pleine en septembre et décembre guinness, par exemple Y morceau de cHocolat suisse score nul Sudoku r e i m T u e b cHeZ qui on a ses Habitudes des Habitudes r a s e u s e point final Y n u T e l l a U a peut-être intérêt à onduler du train pour l’éviter [email protected] a b a T 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 dans la brigade, ce n’est pas lui qui a le plus de flair Albert Varennes c c h o r e s p a T g e e c p h i o m e p u a r n T c r a 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 mots fléchés v o l e r [email protected] r u s a Jean Marny a m a i T u l T T o i h o T T s i r T e e d o r e p e s o p e v u g u i l s o m b e l e T r e n a p T o o o n mots croisés JDD | 10 janvier 2016 Spécial neige | tendances | 35 jdd | 10 janvier 2016 Ski de randonnée, évasion nature De nombreuses stations dédient des pistes à cette discipline en plein essor. Découverte à la Plagne : six itinéraires seront inaugurés le week-end prochain Mardi, 7 heures, un croissant de lune éclaire le ciel sombre de la Plagne. Il a neigé toute la nuit en Savoie. On se met en route, lampe frontale sur le bonnet. Des explosions retentissent à travers la montagne : les pisteurs artificiers déclenchent des avalanches pour sécuriser le domaine skiable. Thomas, le moniteur, propose un exercice de conversion. Pas si évident lorsque le talon n’est pas fixé au ski… On monte lentement mais sûrement alors que le jour se lève. Au-dessus du restaurant d’altitude La Bergerie, on retire la peau de phoque synthétique collée sous la spatule. C’est parti pour une descente féerique, à 8 h 30, seul dans la poudreuse fraîche. Les adeptes du ski de randonnée sont de plus en plus nombreux à remonter les pistes avant ou après leur fermeture. Une pratique pouvant se révéler problématique au niveau de la sécurité, avec le risque de croiser une dameuse ou un scooter des neiges. La Plagne a choisi de mettre en place, à partir du weekend prochain, six circuits balisés. En quelques minutes, les télésièges disparaissent du décor, pour une ascension à travers les mélèzes saupoudrés de blanc, le crissement de la neige en bande-son. « Un sport sans forfait, en liberté » Cette discipline connaît un essor spectaculaire depuis cinq ans. D’abord pratiquée comme un ski de printemps une fois les stations fermées, elle s’est développée toute la saison, dès les premiers flocons. Dans la foulée du super-athlète Kilian Jornet, les sportifs font du trail l’été, du ski de randonnée l’hiver. Parallèlement, le matériel est devenu ultraléger, avec des fixations minimalistes. Des courses verticales rassemblent les passionnés, dont celle, chaque mercredi soir, de Courchevel. Dans les traces d’un champion antoine dénériaz, médaillé d’or olympique en descente il y a dix ans, joue les moniteurs à Morillon. en piste ! Grande silhouette un peu raide, il enchaîne ses premiers virages sur un rythme tranquille. Se retourne après chaque courbe pour vérifier qu’on le suit. Intimidé, on glisse dans ses traces avec concentration. Au fil des pistes, un lien de confiance s’instaure. « Les épaules face à la pente, dissocie bien le haut et le bas du corps pour une meilleure angulation et optimiser ta prise de carre », recommande Antoine Dénériaz, l’œil affûté. La sensation de se prendre pour un champion restera fugace : grisé par une longue descente, le moniteur particulier prend de la vitesse et slalome avec souplesse. L’impression vient de se retrouver face à sa télévision, en train de regarder une compétition. Il y a dix ans, le Haut-Savoyard remportait l’or de la descente aux JO de Turin. Son père est maire du village À chaque croisement de pistes, des habitués de Morillon (Haute-Savoie) le saluent. C’est sur les versants de cette station du domaine du Grand Massif que le médaillé olympique a grandi. Le 12 février, le village, dont son père est toujours maire, fêtera les 10 ans de son titre. Pendant les vacances scolaires, les élèves du cours compétition de l’ESF (École de ski fran- « On parle de 150.000 pratiquants, un chiffre toutefois peu significatif pour un sport sans forfait, en liberté », note Nicolas Raynaud, vice-président de la Fédération française des clubs alpins et de montagne. Dans la vallée, le Vieux Campeur d’Albertville vend deux fois plus de skis de randonnée – certes moins accessibles à la location – que de skis de piste. De nombreuses autres stations lancent des pistes spécifiques, jusque dans les Pyrénées, à Gourette. Sans oublier, parmi les pionniers, Saint-Pierre-deChartreuse, en Isère, initiateur d’un espace 100 % ski de rando. Cet encadrement n’empêche pas de s’échapper en pleine nature, la vocation première. À la Plagne, une fois aguerri, on grimpe jusqu’au sommet de Bellecôte, des lièvres ou des chevreuils croisant vos traces au cœur du paradis blanc. initiation à 38 €, oxygene-ski. com et rens. : la-plagne.com Ski de randonnée à la Plagne : la station va ouvrir six pistes balisées. E.SirPArANTA/OT LA PLAGNE Le carnet d’adresses chics de Val-Thorens Antoine Dénériaz. SAm TiNSON/AGENCE zOOm çais) ont droit à ses conseils durant une demi-journée. On peut aussi réserver une journée VIP, à 1.000 €… Ou, plus simplement, participer au challenge Dénériaz du 30 janvier sur la piste portant désormais son nom. « Ado, j’avais aidé à sa construction, en ramassant des branches coupées », se souvient-il. La principale leçon de celui qui chuta si souvent : « Persévérer, y croire. Rien n’est impossible ! » Morillon compte une autre championne du monde, junior : Argeline Tan-Bouquet, couronnée en 2015. Sa spécialité, le télémark. Elle animera une initiation gratuite le 5 mars. À la clé, selon la jeune virtuose : « L’impression de danser, en harmonie avec la montagne ! » D’autres champions olympiques jouent le jeu, comme le snowboarder Paul-Henri de Le Rue, à Saint-Lary, dans les Pyrénées, ou, en ski-cross, Jonathan Midol, au Grand-Bornand. Tous désireux de faire partager leur passion. M.G. morillon.fr Le 12 février 2006, aux JO de Turin en Italie, Antoine Dénériaz devient champion olympique de descente. Il est le 5e français à avoir conquis ce titre. ACTiONPrESS/iCON SPOrT Perchée à 2.300 m, la plus haute station d’Europe a réussi un triplé : elle a été élue pour la troisième année consécutive « meilleure destination européenne de ski », aux Best European Destinations. Le doublé des World Ski Awards n’a, lui, pas été renouvelé. Val-Thorens a cédé la place à Kitzbühel, dans le Tyrol autrichien. Elle reste toutefois, selon ce jury, la meilleure station de France. Ces distinctions répondent aux exigences de la clientèle à 70 % internationale. Souvent associée aux petits appartements loués par la jeunesse scandinave, belge ou néerlandaise attirée par le tout-ski, Val-Thorens gagne en qualité de vie. Il y avait déjà le chef étoilé le plus haut d’Europe, Jean Sulpice. Le carnet d’adresses chics s’étoffe avec désormais quatre hôtels 5 étoiles. Aux côtés du Fitz Roy, du Koh-I Nor et de l’Altapura, le Pashmina vient de sortir de terre. L’établissement a été créé par les Gorini, famille du cru de cette cité alpine inaugurée en 1971 au cœur d’un territoire minéral. Un igloo sur un toit Histoire de rester au sommet, on retrouve les plus hautes cimes de la planète jusque dans la salle de bains : une paroi est entièrement recouverte d’une photo de l’Annapurna. « Elle a été prise par un ami, l’alpiniste Stéphane Benoist. Nous avons AUdrEy mASSON/PAShmiNA Mathilde Giard souhaité associer nos proches à ce refuge de luxe reflétant notre passion pour la montagne », précise Cédric Gorini, le directeur général. Un igloo a été installé sur l’un des toits, une tente de mission scientifique polaire percée d’une fenêtre (photo). Pour une nuit au plus près des étoiles à l’abri du glacier de Péclet. M.G. hotelpashmina.com et valthorens.com Val-d’Isère, un peu plus près des étoiles daMien Burnier @initialsDB Avec ses possibilités de glisse infinies, Val-d’Isère pourrait s’endormir sur son statut de station de référence. Au contraire, elle innove. Après les quarante minutes d’ascension depuis le terminus TGV de Bourg-Saint-Maurice, toujours cette impression de bout du monde, dans un cocon de bois et de vieilles pierres, mais aussi quelques nouveautés. Une connectivité étendue avec le WiFi gratuit sur les quatre secteurs du domaine skiable, pour lequel on cherche d’ailleurs une autre appellation – Espace Killy est jugé un peu daté. Une application pour faciliter l’achat express de forfaits. Sur les pistes, une télécabine high-tech (10 places assises, sièges chauffants) qui permet- tra d’accéder à un nouvel espace pour débutants en haute altitude. À Val, qui culmine à 3.456 m, la blancheur du manteau est rarement un souci et les descentes se prolongent jusqu’au printemps. L’après-ski a aussi de l’allure, plus qu’à l’époque des Bronzés font du ski, tournés dans la station quand l’architecture n’était pas un souci majeur. On est ici dans le cossu, comme en témoigne l’ouverture d’un sixième hôtel 5 étoiles. Face de Bellevarde en toile de fond, le Yule offre son épure scandinave aux esthètes. La curiosité du moment Côté gastronomie, deux chefs étoilés se nichent dans le village : Benoît Vidal à l’Atelier d’Edmond et Alain Lamaison aux Barmes de l’ours. Dans un autre genre, la Fondue Factory est la curiosité du moment : on sait pourquoi l’on y vient mais on reste saisi par les beaux volumes et l’anthologie du ski qui habille le couloir d’entrée. À l’intérieur, en évidence, les Dynamic VR 17 qui ont tracé la gloire de Jean-Claude Killy. Pas un hasard, c’est la famille qui dirige l’établissement. leyule.fr Val-d’Isère, village de haute montagne du massif de la Vanoise en Haute-Tarentaise. JACQUES PiErrE/hEmiS.fr 36 | dimanchesport jdd | 10 janvier 2016 footBall Zinédine Zidane a entamé sa carrière d’entraîneur du Real Madrid par un festival face à La Corogne (5-0). La conclusion idéale d’une semaine folle En état de grâce I Madrid (EspagnE) Envoyé spécial Mickaël caron @CARONJDD l est vite rentré au vestiaire, avec le sentiment du devoir accompli. Pas de démonstration de joie après ses débuts réussis face à un adversaire qui n’avait perdu jusqu’ici qu’une fois à l’extérieur. « J’ai envie de savourer mais ce n’est qu’un début, nous devons continuer » a calmement réagi Zinédine Zidane, qui a pourtant fait mieux que Rafael Benítez ou José Mourinho pour son baptème. Un large succès marqué par un jeu de passes rythmé, un doublé de Karim Benzema (15e, 90e) et un triplé de Gareth Bale (29e, 49e, 63e). Une nouvelle ère a commencé. photo dE faMillE à BErnaBéu Lundi après-midi, Zinédine Zidane préparait le prochain déplacement du Castilla, la réserve du Real en Segunda B (D3 espagnole) quand sa vie a basculé. Un coup de fil a prévenu le Français qu’il remplaçait séance tenante Rafael Benítez, démis de ses fonctions pour manque de résultats et fronde de quelques cadres. À 20 h 08, le président madrilène Florentino Pérez annonçait officiellement la nouvelle, qui s’était largement ébruitée. Jusqu’à devenir l’information la plus commentée au monde sur Twitter. Le temps d’une conférence de presse au stade Santiago-Bernabéu, Zidane le discret a pris la pose aux côtés de son épouse Véronique et de leurs quatre fils, tous licenciés au Real. « La photo de famille, c’était une volonté du président », raconte Alain Migliaccio, l’agent de Zizou. 6.000 spEctatEurs pour son prEMiEr EntraînEMEnt Pérez n’a pas agi sur un coup de tête. En expert de la communication, il a fait coïncider le premier entraînement de Zidane avec le seul jour de l’année où la séance est ouverte au public. Ce mardi matin, près de 6.000 personnes l’ont acclamé à son entrée, dans son survêtement gris. Peu fan de Benítez, Cristiano Ronaldo a affiché un sourire radieux aux photographes pendant le toro. Une joie si bien partagée qu’elle semblait mise en scène. La chronique madrilène assure qu’ils sont nombreux dans le vestiaire à être soulagés par le départ de Benítez, perfidement surnommé El diez (le 10), pour moquer son passé de joueur médiocre. Mardi, c’est un vrai numéro 10 qui s’est adressé à eux. « Des mots importants mais simples », a expliqué l’ancien meneur en début d’après-midi, lors d’une conférence de presse qui a démarré avec une heure en retard. Solennel dans son costume noir cintré mais détendu et tutoyant volontiers, le onzième entraîneur de l’ère Pérez s’est dit « fort, heureux et préparé. » un tExto à lacoMBE : « c’Est dE la foliE » C’est aussi l’avis de Guy Lacombe, qui a été le tuteur de Zizou jusqu’à l’obtention de son diplôme Zinédine Zidane à la baguette d’un Real Madrid bien inspiré pour sa première d’entraîneur professionnel. SUSANA VERA/REUTERS d’entraîneur professionnel, en mai 2015. Mercredi après-midi, dans son bureau de la DTN, l’entraîneur moustachu a reçu un SMS de son ancien élève, qu’il a souvent visité à Madrid : « Merci. C’est de la folie. » « Je lui avais envoyé quelques mots de soutien lundi. Il a répondu au bout de deux jours », sourit Lacombe, qui a pu échanger avec David Bettoni, l’adjoint et « alter ego » de ZZ, connu lui aussi au centre de formation de Cannes, au début des années 1990 : « David m’a dit que Zinédine avait beaucoup progressé depuis six mois. » Au centre d’entraînement de Valdebebas, l’autre adjoint français, Msaidie Hamidou, et le préparateur physique José Parrales, ont concocté une séance musclée ce mercredi. Profitant d’un seul match par semaine jusqu’à la fin du mois de janvier, Zidane entend redonner du souffle à ses joueurs. 2 M€ Et lEs plEins pouvoirs Jeudi matin, il ne restait que 3.000 places à vendre pour la venue de La Corogne, une affiche moyenne. L’affluence sera donc supérieure à 70.000 spectateurs, une bonne nouvelle tant la moyenne avait chuté ces dernières semaines. L’effet Zidane, déjà. Trois jours après sa promotion, il a signé son contrat de deux ans et demi. « Il m’a dit que tout était parfait et conforme à ses souhaits, confie Alain Migliaccio. Son contrat est un peu supérieur aux 2 millions d’euros annoncés ici ou là. Il n’est pas au niveau des entraîneurs les mieux payés [Benítez touchait 5 M€ net par an, Ancelotti entre 7 et 8] mais c’est secondaire. Il veut d’abord faire ses preuves. L’essentiel pour lui, c’est d’avoir obtenu les pleins pouvoirs. » La presse madrilène évoque les premiers renforts possibles : Hazard, Kane. « C’est loin de ses préoccupations, assure Migliaccio. Avec son effectif, il n’a besoin de rien ! » Sa première décision est symbolique : il a insisté pour que le meilleur buteur du Castilla, Mariano Diaz (19 ans), obtienne un contrat de cinq ans. À sa demande, il rejoindra le groupe pro en juillet. partant, il a donné un exemple de son nouveau poids politique : « Cristiano ne partira pas tant que je serai ici, il est l’âme du Real. » Tard dans la soirée, il a quitté Valdebebas pour retrouver sa famille à leur domicile de Conde de Orgaz, un quartier résidentiel haut de gamme au nord de la ville, à dix minutes du centre d’entraînement et du stade. Proche, surtout, du lycée français, où sont scolarisés ses enfants. Avec ses nouvelles fonctions, ce n’est pas demain qu’il invitera à nouveau les copains de Théo et Elyaz, qui reprennent les cours demain, ou leurs parents, à grignoter des sandwiches au poulet à la maison, une habitude selon le quotidien ABC. rEtour tardif à la Maison son Maillot rEMis En vEntE Passée la frénésie des premiers jours, Zidane réalise. « C’est une autre dimension », a-t-il soufflé en préambule à sa troisième conférence de presse de la semaine, vendredi. En survêtement, cette fois. Le temps de l’image est passé, place au jeu. Premiers changements : l’entraînement a été déplacé sur le terrain n° 3 de la Ciudad Deportiva et les jeunes laissés en réserve. Les exercices du jour ont laissé penser qu’Isco serait préféré à James Rodriguez et que Raphaël Varane débuterait sur le banc, au bénéfice de Pepe. Zidane n’a rien dit, confirmant seulement le trio offensif BBC. À la faveur d’une question sur Ronaldo, annoncé Hier, une centaine de curieux patientaient devant le Bernabéu pour apercevoir les joueurs, qui avaient rendez-vous dès 11 h 30 avant d’aller déjeuner au centre d’entraînement. Beaucoup étaient venus de France et se sont précipités vers la boutique officielle où le maillot n° 5 porté par Zizou entre 2001 et 2006 a été opportunément remis en vente, à 120 € pièce. Il a été le plus vendu de la journée. Un aficionado s’est vanté d’en avoir acheté dix, pour toute sa famille. Le génie marketing de Florentino Pérez est sans limite. Sa première journée de match a été longue mais Zidane n’a rien fait pour abréger l’attente. Il est resté dans le vestiaire pendant l’échauffement dirigé par son staff. À sept minutes du coup d’envoi, les écrans géants ont diffusé un florilège de ses actions, un court film s’achevant sur des images de l’icône assise dans le vestiaire, seule, nouant sa cravate noire sur le dernier couplet de l’hymne merengue, Hala Madrid. Le nouveau coach a patienté jusqu’au bout dans le tunnel avec ses joueurs, glissant à l’oreille de Karim Benzema quelques mots qui l’ont fait sourire. Mitraillé par les photographes, il est resté debout jusqu’au coup d’envoi, juste devant son banc, son nouveau territoire. Au fil des minutes, il s’est avancé vers la limite de sa zone technique, jusqu’à poser une chaussure audelà, sur ce terrain où son génie s’est tant de fois exprimé. Mains dans les poches, puis croisées dans le dos, puis battant l’air pour faire signe à sa défense de se placer plus haut. Il ne s’est assis qu’après neuf minutes, pour se relever aussitôt. Sous les yeux de quelques amis proches venus de France, il a fini par s’animer davantage, levant le bras gauche pour saluer l’ouverture du score de Benzema, une talonnade pour le 100e but du Français en Liga. Le match s’est étiré, facile. Jusqu’à cette première victoire. « Je suis reconnaissant pour l’accueil chaleureux du public, mais à l’avenir, a souri ZZ, j’espère que les spectateurs se focaliseront à nouveau sur les joueurs. C’est eux, les stars ! » g football | sport | 37 jdd | 10 janvier 2016 Cyrulnik à Clairefontaine MeNTAL À l’initiative de la dTN, le célèbre neuropsychiatre interviendra demain devant des formateurs SoLeN CHerrier @SolenJdd Non, l’équipe de France ne compte pas sur Boris Cyrulnik pour renaître de ses traumatismes, de Knysna à l’affaire de la sextape. Mais le grand spécialiste de la résilience, cette capacité à surmonter les épreuves, va s’exprimer demain matin à Clairefontaine devant une cinquantaine de personnes, principalement des responsables régionaux de la formation des entraîneurs, réunis dans le cadre d’un séminaire de travail. Sollicité par la Direction technique nationale (DTN), Boris Cyrulnik a été d’autant plus réceptif qu’il avait dirigé un colloque « Sport et résilience » en 2012. « Le sport joue un grand rôle dans le bienêtre et la socialisation des enfants, confie-t-il. Ça ne m’ennuie jamais d’en parler. » Pendant une heure, il évoquera aussi la notion d’attachement, qui traite des relations entre êtres humains, du lien entre l’enfant et l’adulte. « Entraîneurs et éducateurs sont confrontés en permanence à cette dimension. Entre eux et les joueurs, entre joueurs mais aussi avec les membres de leur staff. Il y a tellement de parallèles entre ce type de travaux et notre réalité que c’est bien de faire le transfert », estime Franck Thivilier, conseiller technique national. Un symposium à la FFF en avril Depuis quelques années, la DTN a revu le cadre de la formation de ses entraîneurs. Sa réflexion l’a menée à accorder plus de place à un aspect négligé en France : le mental, la connaissance de soi. « C’est un sujet sensible car on tombe très vite dans la caricature, glisse François Blaquart, le directeur technique national. On cherche des outils pour mieux appréhender cette problématique. » Pas question de former des préparateurs mentaux. L’idée est d’aider les techniciens à mieux connaître leur environnement afin que le joueur soit plus efficace. « On ne va pas dire à Zidane comment faire du foot mais on peut lui donner des pistes de développement de son propre projet », résume François Blaquart. Le nouvel entraîneur du Real, qui a fait ses classes à Clairefontaine, est d’ailleurs très intéressé par cette dimension du métier, que toutes les formations traitent désormais. Cette année, une certification supplémentaire sur le mental a été lancée. La cellule d’optimisation de la performance travaille en relations avec l’Insep et l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba). Elle entretient des contacts avec des scientifiques renommés comme Jacques Fradin, chercheur en neurosciences cognitives, ou donc Boris Cyrulnik. Fin avril, un symposium sur le sujet est prévu à la Fédération. g « Au fond, je suis un grand timide » FrÉdÉriC ANToNeTTi Le nouveau coach à succès du Losc raconte ses deux ans et demi loin du banc. Et revient sur sa réputation volcanique, qu’il sait indélébile Lille Stade Pierre-Mauroy (17 h, beIN) Nice LiLLe (Nord) Envoyé spécial dAMieN BUrNier @initialsDB Près des vestiaires de Luchin, pendant que Frédéric Antonetti, 54 ans, prend la pose, Sofiane Boufal et Mounir Obbadi s’inquiètent de passer dans le champ. « C’est vous qui devriez être à ma place ! » leur lance le coach du Losc, comme pour les dédouaner. Les flashs, il en avait perdu l’habitude depuis mai 2013, date de sa sortie à Rennes, douloureuse. La vacance s’est avérée plus longue que prévu, après vingt saisons non-stop et plus de 500 matches de L1. Mais depuis son arrivée fin novembre et une défaite inaugurale à Angers, les Dogues bavent de plaisir (5 victoires, 1 nul). ce qu’était le métier d’entraîneur. On entend toujours : « Le foot, ça se joue sur des détails. » OK, mais alors parlons-en, des détails ! On se borne à analyser les matches via le résultat. Alors qu’on peut gagner 1-0 en étant mauvais. ver. Et enfin quatre ans encore à Rennes, un record sous l’ère Pinault. Si je suis si ingérable, pourquoi me garde-t-on si longtemps ? on ne vous a jamais licencié, mais vous n’avez jamais gagné de titre… Oui, on peut me reprocher d’avoir donné beaucoup dans la façon dont « On peut me on parle souvent reprocher d’avoir d’espoirs et de les déçus. Je me de vous, la forme donné beaucoup avoir le reproche aussi. Je n’a-t-elle pas aussi pris le pas ? Car ce d’espoirs et de les meurs près du but je constate que sont vos colères avoir déçus. Je me mais mes prédécesseurs qu’on retient. C’est la réa- le reproche aussi » et successeurs sont, lité, on s’intéresse eux, deux crans derrière. Bon, j’ai d ’a b o r d à u n e image. Mais c’est de ma faute : si je quand même gagné l’Intertoto avec n’avais pas eu ces coups de gueule, Bastia (en 1997)… Oui, je sais, ça on irait peut-être plus loin. Reste fait rire ! Mais c’est une qualificaque ces colères ont bien eu lieu. tion européenne. J’ai disputé trois Aviez-vous fini par trouver le temps long ? Entraîneur, on s’occupe beaucoup des autres mais pas de soi. J’avais trop tiré sur la corde. Pendant les six premiers mois, psychologiquement, je n’étais pas bien. Je suis monté à 110 kilos. J’ai fait des analyses qui laissent penser que j’ai peut-être évité de peu la catastrophe. Un vrai déclic. J’ai alors commencé à prendre soin de moi, à faire du sport plutôt que traîner mon spleen. J’ai fini par m’organiser une vie agréable, entre la Corse et Vichy, la région L’entraîneur lillois, jeudi, au centre d’entraînement de Luchin. Franck crUSIaUX POUr LE JDD de ma femme. Les bonnes sensations sont revenues. Dans le En me regardant, je me suis parfinales de Coupe, je me suis donc au moins donné une chance de la même temps, mon expérience à fois détesté. Dans la forme, c’était Canal + (durant la saison 2013-14) catastrophique. Alors qu’au fond, gagner. À Rennes, on était dans les a été importante et enrichissante. je suis un grand timide. C’est même cinq premiers les trois quarts du C’était presque étonnant de vous maladif ! Mais ça temps, sans jamais disparaît sur le être récompensés. retrouver là. Vous veniez de vous Ma femme a été terrain. Je l’ai analysé penaccrocher avec Christophe dugarry, Cette image a-t-elle claire : « Si tu dant ma période de consultant vedette de la chaîne… Il avait dit des choses (sur le Je me suis pu freiner refuses Lille, il faut recul. Stade Rennais) que je n’estimais aperçu que, même des présidents ? pas très justes, même s’il ne faut On m’a souvent que tu arrêtes ! » en étant obsédé par pas y accorder trop d’importance. dit : « Les gens ont le travail, on pouJe ne l’ai jamais recroisé, même peur de travailler vait ne pas être si j’ai fait cinq ou six fois le CFC avec toi. » Ah bon ? Je suis resté performant. On vient à manquer (Canal football club). J’ai surtout six ans à Bastia. Personne n’a duré de lucidité. participé à la création de J + 1, autant depuis, même si j’admets Avez-vous craint d’être oublié ? émission plus familiale. J’ai pris qu’on dise « oui mais là-bas, c’est Oui et non. En 2014, quand Basconscience du prisme à travers chez lui »… Ensuite, trois ans à tia a choisi (Claude) Makelele, ç’a lequel les médias regardent le Saint-Étienne. Puis quatre à Nice. été une déception très forte. Quatre foot. Je n’étais pas un consultant Et là-bas, il faut le faire, même si mois après, les dirigeants m’ont acide. Je voulais surtout montrer Claude Puel est en train d’y arriproposé de prendre sa suite. Et là, Platini joue les prolongations FiFA Le parcours judiciaire continue pour Michel Platini : désormais informé par la Fifa des motivations de sa suspension de huit ans de toute activité liée au football, il va faire appel. « Nous avons reçu dans la nuit de vendredi à samedi les motivations de la sanction. On va les lire, les analyser et déposer un appel lundi devant la commission des recours », a expliqué son avocat, Me Thibaud d’Alès, sans vouloir dévoiler le contenu des documents. La chambre de jugement de la Fifa avait retenu les charges d’« abus de confiance », de « conflit d’intérêts » et de « gestion déloyale » en annonçant la suspension de Platini et de Joseph Blatter pour un paiement controversé de 1,8 million d’euros en 2011 par la Fifa au Français. Selon les deux anciens alliés, c’était le solde d’un travail de conseiller réalisé par Platini entre 1999 et 2002 sur la base d’un contrat oral, jugé récemment « totalement irresponsable » par le prince jordanien Ali, candidat à la présidence de la Fifa. Blatter fera appel lui aussi, son rêve étant de présider le congrès qui verra l’élection de son successeur, le 26 février. Depuis que Platini a annoncé, jeudi, jeter l’éponge pour ils m’ont avoué qu’à l’intersaison, à l’aune des critères dressés, j’étais le premier sur la liste, sans qu’ils m’appellent pour autant. Je n’ai toujours pas compris. J’ai eu des sollicitations à l’étranger. Sion et les Young Boys en Suisse, le Standard de Liège, pas mal de championnats mineurs. Des sélections : Mali, Congo, Burkina Faso, la Côte d’Ivoire deux fois. Pour les clubs, souvent c’était dans l’urgence. Un peu comme ici. Mais ma femme a été claire : « Si tu refuses Lille, il faut que tu arrêtes ! » Avec Hervé renard, votre destin est un peu lié : vous avez refusé Sochaux et la Côte d’ivoire avant qu’il n’y signe, vous lui succédez à Lille… C’est juste. Quand j’ai été nommé, il a eu l’élégance de m’envoyer un SMS pour me féliciter. Je l’ai appelé dans la foulée. C’est toujours délicat, on ne sait pas trop quoi dire dans ces moments-là. Je suis arrivé en respectant ce qui avait été fait. J’ai horreur quand on dit : « Avant c’était le Club Med, maintenant on va se mettre au travail. » Votre nom est souvent revenu à l’oM. Y a-t-il eu un contact après le départ de Bielsa ? Non. Le contact direct a eu lieu en 2012, quand Deschamps est parti. Précisément le 29 juin. Or, je devais reprendre avec Rennes le 1 er juillet… À d’autres reprises, il y a eu des approches. Mais peutêtre que Marseille ne croyait pas assez en moi, tout simplement. il paraît que, pour couper du foot, vous aimez les livres… J’en lis au moins un par semaine. Beaucoup de romans historiques, de biographies. De Richelieu, Machiavel par exemple. En ce moment, je suis sur Opération Napoléon, roman d’espionnage d’un auteur islandais (Arnaldur Indridason). J’ai aussi acheté le livre de Juppé sur l’école. J’aime me plonger dans l’interview d’un coach, mais les petites histoires du foot, en revanche, ne m’intéressent pas. Je m’arrête aux titres. Je n’ai rien lu sur Platini, Ruffier, Benzema-Valbuena… Une sextape, je ne savais même pas ce que c’était. Vous estimez-vous désormais à l’abri de violents coups de colère ? Non. Il y a des choses qui peuvent m’exaspérer. (Il rit.) Je me soigne mais je ne suis pas guéri ! g se consacrer à sa défense, cinq candidats restent en lice : l’ancien membre de la Fifa Jérôme Champagne, le secrétaire général de l’UEFA Gianni Infantino, l’homme d’affaires sud-africain Tokyo Sexwale, le prince Ali et le président de la Confédération asiatique, le cheikh Salman. Si son appel est rejeté, ce qui est très probable, Platini se tournera alors vers le Tribunal arbitral du sport (TAS). L’ancien meneur de jeu des Bleus entend faire annuler sa suspension pour retrouver son poste de président de l’UEFA avant l’Euro. g 38 | sport | football JDD | 10 janvier 2016 20e journée L’OL a inauguré son nouvel écrin par une large victoire. Voyage en coulisses Classement Lyon en classe affaires Lyon 4 Lacazette (18e), Ghezzal (72e), Ferri (81e) Beauvue (93e) Troyes 1 Camus (67 ) e Lyon (RHÔnE) Envoyé spécial SoLEn CHERRiER @SolenJDD Jean-Michel Aulas a eu l’intuition qu’Alexandre Lacazette serait le premier buteur du « Parc OL », il ne s’est pas trompé. Le président lyonnais imagine aussi que ce projet qui a coûté 415 millions et douze ans de batailles placera Lyon dans le top 10 européen, mais cela reste à prouver. En attendant, le Parc OL est bien né avec cette large victoire contre Troyes qui met fin à deux mois de disette en L1. C’est un beau bijou, qui n’est pas totalement fini et où le club n’est pas encore bien installé, mais qui, avec une telle acoustique, est déjà la promesse de belles soirées. Il y avait 55.169 spectateurs hier. Avec 4.000 de plus et une affiche telle que l’OM dans deux semaines, l’ambiance sera au rendez-vous. La billetterie, qui ne représentait que 11,1 millions d’euros de recettes la saison dernière, doit à terme dépasser les 70 millions. L’OL compte sur cet écrin pour que les revenus issus des entreprises 365 jours par an prennent le pas sur ceux issus du spectateur classique le jour du match. Le business model repose en partie sur ce nouveau rapport. « 10 % des places vont rapporter 60 % des recettes, alors qu’à Gerland la partie business ne représentait que 25 % », précise Harry Moyal, directeur commercial et marketing du groupe. J G n p bp bc diff. 1 Paris SG 54 20 17 3 0 50 2 Angers 34 20 9 7 4 19 11 8 3 Monaco 33 20 8 9 3 27 25 2 4 Caen 30 20 9 3 8 21 24 -3 5 nice 29 19 8 5 6 32 23 9 6 Lyon 29 20 8 5 7 27 24 3 7 Saint-Etienne 29 19 9 2 8 22 22 0 8 Rennes 28 20 6 10 4 27 23 4 9 Lorient 27 20 6 9 5 29 28 1 10 Bordeaux 26 20 6 8 6 24 28 -4 11 Marseille Pts 9 41 25 19 6 7 6 28 21 7 12 Gazélec-Ajaccio 25 20 6 7 7 22 24 -2 13 Lille 24 19 5 9 5 15 13 2 14 nantes 24 19 6 6 7 14 17 -3 15 Montpellier 22 20 6 4 10 22 26 -4 16 Bastia 22 20 6 4 10 20 26 -6 17 Reims 21 20 5 6 9 20 27 -7 18 Toulouse 20 20 4 8 8 24 34 -10 19 Guingamp 19 19 5 4 10 17 27 -10 20 Troyes 8 0 8 12 11 39 -28 20 Meilleurs buteurs 15 buts : Ibrahimovic (Paris SG) ; 11 buts : Moukandjo (Lorient), Batshuayi (Marseille) ; 10 buts : Cavani (Paris SG) ; 7 buts : Ben Arfa, Germain (Nice), Lacazette (Lyon)+1 ; 6 buts : Larbi (Ajaccio), Delort (Caen), Lacazette (Lyon), Ninga (Montpellier), Di Maria (Paris SG), Braithwaite (Toulouse)... Alexandre Lacazette a montré la voie en inscrivant le premier but lyonnais, hier, face à Troyes. FrÉdÉric chambert/Panoramic Le nombre de places VIP a presque quadruplé (6.000). Soit 8.000 m2 sur deux étages exclusifs, 105 loges, six salons et quatre « event box ». Le prix des loges oscille entre 100.000 et 200.000 € à l’année. Toutes ne sont pas achevées. Dans la loge de 12 places de la société Manitowoc, qui a fourni les grues pour les travaux du stade, « il manque quelques finitions », s’amuse le patron de la société, Jean-Noël Daguin. Hier, il avait réuni des employés afin de profiter du champagne et des petits fours. Pour la venue de l’OM, ce sera plutôt des clients. Selon le club, plus de 70 % des loges ont déjà trouvé preneurs. L’OL propose aussi une offre à la carte : entre 5.000 et 15.000 € la location à la soirée. Caillettes de porc À ces tarifs, les VIP ont une place de parking d’où ils accèdent directement en tribune, un service de conciergerie pour répondre à toutes leurs demandes, des cadeaux, etc. Trois cent soixante-dix écrans connectés doivent leur permettre d’apprécier au mieux la rencontre. D’ici quelque temps, ils devraient aussi bénéficier d’un WiFi haut débit. Plus largement, l’OL vante l’expérience 2.0 avec ses 500 bornes WiFi permettant 20.000 connexions simultanées, un paiement dématérialisé et une interactivité via une application dédiée. Hier, elles n’étaient pas toutes actives, et, bien qu’efficace pour un stade français, le réseau était instable. Dans l’espace Lumière, le plus grand des six salons pour lesquels les abonnements varient de 1.900 à 10.000 €, les VIP ne s’en sont pas émus. À la pause (1-0), ils se sont attardés devant les caillettes de porc aux épinards et autres mignardises régionales, persuadés que leur équipe allait se faire remonter. C’est ce qui s’est passé. Mais comme c’était un soir particulier, les joueurs ont tiré un feu d’artifice en fin de rencontre. Avant que will.i.am, le leader des Black Eyed Peas, ne clôture la fête. g Vendredi Paris SG-Bastia 2-0 Aujourd’hui Nantes-Saint-Étienne Stade de la Beaujoire (14 h, beIN) Marseille-Guingamp Stade Vélodrome (21 h, Canal+) 21e journée Vendredi 15 janvier Nice-Angers (20 h 30, beIN) Samedi 16 Toulouse-Paris SG (17 h, Canal+). Troyes-Rennes; Guingamp-Nantes; Bordeaux-Lille; Bastia-Montpellier; Ajaccio-Reims(20 h, beIN) Dimanche 17 Lorient-Monaco (14 h, beIN) Caen-Marseille (17 h, beIN et Canal+) Saint-Étienne-Lyon (21 h, Canal+) Gourcuff, le retour Rennes 2 Lorient 2 Dembele (35e), Boga (41e) Diagne (4e csc), Waris (22e) Un sale coup, une grimace, un homme qui boîte. La méchante twittosphère s’est pliée en quatre. Même lui en a rigolé, après le match. On jouait la 90e minute au Roazhon Park, la 15e pour Yoann Gourcuff entré en jeu sous les acclamations près de 300 jours après sa dernière apparition en L1. Le geste discret mais simple comme il aime, le grand blessé du foot français faisait l’événement à sa manière. Au milieu puis côté gauche, il a semblé goûter peu à peu ses sensations, jusqu’à se retrouver en position de frappe dans la surface lorientaise. On imaginait l’épilogue hollywoodien : le but de l’enfant du pays dans les arrêts de jeu pour plier un match si mal embarqué par les Petite frayeur en fin de match. meYer/aFP Rennais. Patatras, ou plutôt patapouf : ce gros lourdaud de Cheick M’Bengué (oui son coéquipier) vient prendre le pied de la fragile idole, qui tombe au front pour sa première. Le Roazhon Park et Karine Ferri sont pris d’une grosse frayeur à la vue de leur chéri traînant la patte. Le remake armoricain d’Un jour sans fin ? Ouf, non. Gourcuff s’est relevé. Welcome back en L1, Yo ! Monaco 2 Montpellier 0 Ajaccio 2 Bordeaux 1 Reims 1 Angers 2 Toulouse 3 Caen 0 Fabinho (51e sp), Carvalho (73e) Boutaïb (8e), Tshibumbu (31e) Devaux (12e) Ben Yedder (51e, 66e, 90e) ) Diabaté (16e) Capelle (40e), Ketkeophompho (74e) sport | 39 * jdd | 10 janvier 2016 VoLLEY Intenables en Télex demi-finale du tournoi qualificatif (3-0 face à la Pologne), les Français ne sont plus qu’à un succès des JO DAMiEN BURNiER Rugby Le Stade Français se rebiffe @initialsDB Si le calendrier de leur discipline s’avère souvent illisible voire inique, les Bleus ont attaqué leur week-end berlinois avec deux matches à disputer et une problématique simple. Deux victoires et Rio, les voilà. Une seule et l’escale rattrapage, en mai au Japon, sera obligatoire. Au lendemain des demi-finales, non seulement le pire (la 4e place) a été évité, mais le meilleur reste à portée de main. Le billet olympique direct se jouera cet après-midi face à la Russie (16 h 30, L’Équipe 21). Qu’il tombe dans les mains de la « Team Yavbou » serait une formidable récompense et une forme de justice. Malgré son nouveau rang sur la scène internationale (championne d’Europe et lauréate de la Ligue mondiale), elle a encore dû empiler quatre victoires en quatre jours pour préserver ses desseins brésiliens. Et que dire de sa dernière performance ? Une leçon administrée à la Pologne, rien moins que championne du monde en titre (29-27, 32-30, 25-20). Ces Bleus sont sans faille et même sans pitié, comme en témoignait la salve du sélectionneur Laurent Tillie dans la dernière manche, alors que l’écart Ils gardent la flamme Rouzier, Ngapeth, Grebennikov, Tillie et Le Roux (de g. à dr.) peuvent se congratuler. Rio se rapproche à grands pas. JoHn macdoUGall/afP était creusé : « On les laisse dans leur merde ! » Pour en arriver là, outre du talent, il fallait avoir des nerfs. Pendant deux manches, la tension s’est ressentie tant à la marque (balle de 1er set sauvée sur un challenge vidéo, le 2e conclu après sept tentatives) qu’à travers les regards en coin et les invectives près du filet. Il faut dire qu’entre ces deux équipes, on se connaît bien. Les trois derniers duels s’étaient réglés au tie-break. Surtout, ce sont ces mêmes Polo- nais, désormais guidés par un duo de coaches français (Antiga-Blain), qui avaient brisé les rêves olympiques bleus il y a quatre ans. Six membres de l’équipe actuelle (Le Roux, Ngapeth, Toniutti, Pujol, Grebennikov, Rouzier) en étaient. « Chapeau à mes joueurs ! » « On a pris les deux premiers sets à l’arrache, mais c’était l’essentiel. Battre les champions du monde 3-0, je dois dire chapeau à mes joueurs », savoure Tillie. Qui sait aussi que les caïpirinhas ne sont pas encore servies. Surtout que les Russes, champions olympiques sortants, gardent un drôle de goût du face à face de mercredi en poule (3-1). « Ce sera certainement un scénario différent. Les Russes auront appris à nous connaître et on n’aura peut-être pas autant de réussite. » Quant à la fatigue, un des soucis majeurs avant cette semaine au long cours, « il ne faut pas y penser, prévient Rouzier. Mais surtout penser à Rio qui nous tend les bras. » g Pourquoi les Experts ont de l’avenir HANDBALL Derrière son équipe en or, qui entame l’Euro cette semaine, la France truste aussi les titres chez les jeunes MickAëL cARoN @CARONJDD Jusqu’à la fin du mois au moins, l’équipe de France détient la triple couronne olympique (2012), mondiale (2015) et européenne (2014). Cette dernière va être remise en jeu à l’Euro en Pologne, qui commence, pour les Experts, vendredi face à la Macédoine. Mais la razzia tricolore ne s’arrête pas là. En 2015, trois équipes de jeunes ont également gagné un titre majeur : les juniors et les moins de 19 ans sont devenus champions du monde, les cadets ont remporté l’or aux Jeux olympiques de la jeunesse. Le résultat d’un travail de fond entamé il y a quinze ans. b UNE DÉTEcTioN PoiNTUE En 2000, un an avant de remporter son deuxième titre mondial, le handball masculin s’organise. Sous la responsabilité de Sylvain Nouet, adjoint historique de Claude Onesta parti depuis en Tunisie, 24 pôles espoirs masculins et féminins sont ouverts. Pour un investissement annuel de 5 millions d’euros, plutôt important pour un budget fédéral de 25 millions d’euros. « C’est une usine qui permet d’identifier les futurs champions dès l’âge de 14 ans », synthétise le DTN, Philippe Bana, qui évoque un « travail obsessionnel pour trouver les Richardson et les Karabatic de demain ». De deux (seniors et juniors), le nombre de sélections nationales est passé à quatre avec les cadets (moins de 17 ans) et les jeunes (moins de 19). Chacune se réunit au moins soixante jours par an pour se confronter à l’élite européenne. Dans un souci de transmission, d’anciens Barjots et Experts sont intégrés aux encadrements des garçons (Éric Quintin, Yohann Delattre, Daouda Karaboué) comme des filles (Laurent Puigségur). La FFHB dépense aussi 500.000 € chaque année dans l’organisation de tournois de détection. « Le maillage est très serré», précise Bana, qui se félicite de l’ouverture en janvier 2015 d’un pôle espoir en Nouvelle-Calédonie. « Nous avons un lien formidable avec l’outre-mer. Ça a commencé à la Réunion, qui nous a donné des champions comme Jackson Richardson et Daniel Narcisse. Nous cherchons toujours des profils physiques différents. » b UNE FoRMATioN SoUS HAUTE SURVEiLLANcE Lancé en 2010, le programme des espoirs fédéraux commence à porter ses fruits. Avant Noël dernier, ces Experts de demain ont été réunis à l’Insep, comme chaque trimestre. Selon les années, leur nombre varie entre six et dix. Adjoint d’Onesta depuis 2013, Didier Dinart assure le suivi en collaboration avec les clubs concernés. « J’ai parlé avec Serdarusic du temps de jeu de Benoît Kounkoud au PSG puis je suis allé à Montpellier pour évoquer Ludovic Fabregas, qui m’avait ébloui », raconte le Guadeloupéen, qui a poussé auprès d’Onesta pour inclure l’ailier droit et le pivot dans la présélection pour l’Euro. D’autres frappent à la porte comme Melvyn Richardson (18 ans), fils de l’icône Jackson, qui En dominant le Munster (27-7), le Stade Français a ravivé ses espoirs de qualification pour les quarts de finale de la Coupe d’Europe. « Il fallait bien qu’on montre un peu de caractère, vu qu’on n’était pas très bon depuis le début de saison », souligne Julien Dupuy, le demi de mêlée. Même satisfaction du côté du Racing 92, autoritaire face à Glasgow (34-10), ce qui lui vaut d’avoir déjà un pied au tour suivant. Tennis La leçon de Djoko Le premier choc de la saison, entre Novak Djokovic et Rafael Nadal, a tourné court à Doha. Le Serbe a été sans pitié pour conquérir le titre (6-1, 6-2), prenant accessoirement l’avantage au bilan des duels (24-23). A Chennai, Benoit Paire a cédé en demi-finale face à son ami Stan Wawrinka, tenant du titre (6-3, 6-4). Ski Vonn année ! 2016 commence fort pour Lindsey Vonn, victorieuse de la descente sprint de Zauchensee. L’Américaine égale du même coup le record de 36 succès dans la discipline de l’Autrichienne Moser-Pröll. Elle revient aussi à 58 points de Lara Gut au général de la Coupe du monde. Rallye Loeb reprend les commandes La France new look a perdu contre le Qatar (25-28) hier à Paris, mais le gaucher Nedim Remili a encore brillé (4 buts) pour sa 2e sélection. Gwendoline le Goff/Panoramic aura droit à une séance individuelle en mars avec Dinart. « On adapte le programme : on mesure leur évolution physique et conseille l’orientation de leur carrière », assume Bana. Au risque de crisper parfois les clubs. À 18 ans, la pépite Dika Mem, l’arrière droit de Saint-Gratien, a ainsi repoussé les avances du PSG pour aller à Tremblay, où son temps de jeu était garanti. Face au nombre croissant d’étrangers en championnat, la fédération espère aussi bientôt faire voter un règlement portant sur un minimum de joueurs formés localement. b UNE iNTÉGRATioN PLUS RAPiDE « Puisque nous sommes déjà qualifiés pour les JO 2016 puis le Mondial 2017, nous en profitons pour installer des nouveaux. Nous voulons construire sur la durée », dit Claude Onesta. L’ouverture s’accélère encore plus avec l’hécatombe de blessés (Barachet, Grébille, Fernandez, N’Guessan). En plus de ceux qui vont participer à leur première grande compétition, comme Fabregas ou le plus ancien Nicolas Claire (Nantes), Onesta a convié au stage trois novices « qui devaient arriver plutôt à l’horizon 2017 ». Des néo-Bleus appelés en préparation, tous ne monteront pas dans l’avion pour la Pologne. La liste sera annoncée demain. Le talent est là, Nedim Remili (Créteil) ayant été élu meilleur joueur du championnat en décembre. Mais rien ne remplace l’expérience. Onesta aime citer l’exemple du gardien Cyril Dumoulin, arrivé dans le groupe pour la préparation des JO 2008 mais qui n’a disputé son premier tournoi international que six ans plus tard ! S’il y en a un qui favorise ce renouvellement en accéléré, c’est Didier Dinart : « À partir du moment où je me charge de l’aspect technique, j’ai besoin d’intégrer certains profils », justifie l’adjoint au poids grandissant, qui commence à choisir ses hommes, comme Ludovic Fabregas. L’Euro pourrait s’en ressentir, mais il s’agit surtout d’éviter une rupture au lendemain du Mondial 2017, qui verra la retraite de plusieurs cadres. Sur ce point, l’inquiétude des responsables fédéraux est limitée tant, disent-ils de concert, « le vivier est immense ». g Dans une journée endeuillée par la mort d’un spectateur, Carlos Sainz (Peugeot) a remporté la 7e étape du Dakar, 817 kilomètres entre Uyuni (Bolivie) et Salta (Argentine), devant son coéquipier Sébastien Loeb. Le bizuth français reprend la tête du classement général. Foot Vagner Love à Monaco A l’issue du nul face à Ajaccio, Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco, a annoncé l’arrivée du Brésilien Vagner Love (Corinthians, 25 sélections entre 2004 et 2007). L’ancien attaquant du CSKA Moscou, 31 ans, fera l’objet d’un transfert. Quant à Falcao, prêté à Chelsea, on ne le reverra pas de sitôt sur le Rocher : « Il est out pour 2 mois. Pour l’instant, nous avons décidé de ne pas le reprendre. » Vasilyev négocie également le départ de El Shaarawy, qui « ne fait pas partie des plans de Jardim. » dimancheparis jdd | 10 janvier 2016 |i décryptaGe La mise en place de cette nouvelle organisation territoriale et politique occasionne des tensions qui risquent d’éclater au grand jour Avis de gros temps sur la Métropole du grand Paris Le centre d’affaires de La Défense fait partie de la MGP et de ses 7 millions d’habitants depuis le 1er janvier. ArnAud robin/divergence Bertrand Gréco J usqu’au bout, la naissance de la Métropole du Grand Paris (MGP) aura été difficile. Instaurée au 1er janvier 2016 dans l’indifférence générale, cette nouvelle instance regroupant la capitale et 130 communes alentour se cherche encore un patron et un exécutif… dans la douleur. L’élection du premier président de l’histoire du Grand Paris – forcément de droite puisque celle-ci y est majoritaire depuis les municipales de 2014 – doit avoir lieu le 22 janvier. Les 209 conseillers métropolitains se réuniront dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (Cese), place d’Iéna (16e), pour désigner leur chef, lequel nommera 20 vice-présidents. Quatre postulants se disputent le fauteuil. En coulisses, les négociations battent leur plein, faites de tractations, pressions et menaces. « Tout le monde grenouille, bidouille et manœuvre », résume un impétrant. « La situation est extrêmement compliquée », soupire un autre. Le mieux placé des candidats – pas encore officiellement déclaré – se nomme Patrick Ollier, députémaire LR de Rueil-Malmaison (92), et ancien président de l’Assemblée nationale. Il avait prévu d’annoncer sa candidature la semaine prochaine, mais tout se précipite. Sa force : il est soutenu fermement par Nicolas Sarkozy, à la tête du parti. Mais aussi, plus discrètement, par Valérie Pécresse, nouvelle présidente de la Région pourtant très hostile à la MGP. Il bénéficie aussi des faveurs de la gauche francilienne, et d’Anne Hidalgo en particulier. La maire PS de Paris le juge suffisamment « consensuel » et reconnaît son statut de « pilier fondateur » du Grand Paris. « Une primaire va être organisée » « Il faut éviter que la MGP démarre dans la polémique. Le but est de faire travailler ensemble et intelligemment des gens qui n’ont pas les mêmes idées sur un même projet », explique-t-il au JDD. Mi-décembre, Nicolas Sarkozy et Anne Hidalgo se sont rencontrés en tête à tête, deux jours après l’éviction de Nathalie Kosciusko-Morizet du poste de numéro 2 au sein de LR. L’ex-chef de l’État a confirmé sa préférence pour Ollier. « Il veut avoir [sa compagne] Michèle Alliot-Marie de son côté pour la primaire présidentielle à droite », décrypte un fin observateur. L’autre élu LR en lice est député-maire du Perreux-sur-Marne (94) et président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Gilles Carrez. Il est soutenu par NKM. « J’irai jusqu’au bout de cette candidature, confie-t-il au JDD. Je suis le seul candidat de l’Est parisien qui est très mal représenté dans le nouvel exécutif régional et dans les grands syndicats intercommunaux. Que Patrick Ollier – pour qui j’ai beaucoup d’estime – soit le candidat de Nicolas Sarkozy ne change rien. Une primaire doit être organisée, conformément aux engagements pris. » Nicolas Sarkozy s’y était engagé en effet. Mais depuis le retrait de la candidature de NKM à ce poste, il n’en était plus question. Vendredi après-midi, Nicolas Sarkozy a organisé une réunion en petit comité dans son bureau rue de Miromesnil, en présence de Frédéric Péchenard (son bras droit), Patrick Ollier, Gilles Carrez, Valérie Pécresse et NKM. Objectif : « débrancher » Carrez. En vain. L’intéressé a opposé une fin de non-recevoir. Il a donc été décidé qu’une primaire serait finalement organisée pour départager les deux hommes. Elle aura lieu mardi à 17 heures au siège des Républicains, rue de Vaugirard (15e). Le corps électoral sera composé des quelque 95 conseillers métro- politains LR (et apparentés) de la nouvelle instance. « Gilles est mon ami, nous ne sommes pas en guerre », précise Ollier. « Ma relation d’amitié avec Patrick est très forte. S’il est élu, je me mettrai à sa disposition sans condition », ajoute Carrez. Anne Hidalgo écartée ? Cette primaire sonnera-t-elle le glas de la candidature d’un autre poids lourd du 92, André Santini ? Le député-maire UDI d’Issy-les-Moulineaux (92), soutenu par son parti, misait sur les dissensions au sein des Républicains. Quand NKM était encore en lice, la garde rapprochée d’Anne Hidalgo avait cherché des alliances au centre pour la contrer. La gauche était prête alors à soutenir Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, ou André Santini, pour la présidence de la MGP. Mais avec 90 conseillers métropolitains (44 %), les élus LR n’ont pas l’intention de se laisser déposséder de cette nouvelle instance par des centristes qui ne pèsent que 12 %. Le dernier candidat en lice, Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux (92), apparaît comme un outsider très combatif. « Les partis sont en train de mettre le grappin sur cette affaire, déplore-t-il. C’est tellement le bazar que tout est encore possible. » Une montée en pUissance progressive – et contestée – jUsqU’en 2021 La métropoLe du Grand Paris (MGP), mastodonte pour l’instant inoffensif, est appelée à monter en puissance progressivement. Créée par les lois Maptam (2014) et NOTRe (2015), la MGP rassemble 131 municipalités (7 millions d’habitants, 814 km²) : Paris, les 123 villes des départements de la petite couronne (92, 93 et 94), ainsi que sept communes volontaires de grande couronne, dont Argenteuil (95) – les autres étant toutes situées en Essonne. Chaque commune dispose d’au moins un représentant – généralement le maire – au conseil métropolitain, lequel dénombre 209 élus, dont 62 parisiens. La métropole est divisée en 12 établissements publics territoriaux (EPT) de plus de 300.000 habitants, le plus grand étant Paris. Ils remplacent les intercommunalités de banlieue. Ce sont eux qui, dans un premier temps, auront le pouvoir. Car, si la MGP percevra dès cette année plus de 3,5 milliards d’euros de ressources fiscales, elle devra les redistribuer aux territoires ; elle ne conservera qu’un budget minuscule d’environ 65 millions d’euros. Les EPT sont d’ores et déjà chargés de compétences locales : gestion des déchets, assainissement, eau, politique de la ville, et surtout plan local d’urbanisme, le nerf de la guerre en matière de logement. En 2018, ils récupéreront l’action sociale et la gestion des équipements culturels et sportifs. De son côté, la MGP n’est dotée que de peu de pouvoir pour ses premiers pas : environnement et développement économique, une compétence déjà exercée par la Région. La première année, elle devra d’abord élaborer son projet métropolitain. Mais dès le 1er janvier 2017, la métropole prendra de la consistance, quand elle disposera pleinement de ses deux autres compétences stratégiques : logement et aménagement urbain. En 2020, le conseil métropolitain doit être élu au suffrage universel, ce qui lui conférera davantage de légitimité. Et en 2021, la MGP récupérera l’intégralité de la fiscalité économique. Entre-temps, la nouvelle présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, entend obtenir « l’abandon » pur et simple de la MGP. Elle l’a dit au Premier ministre, qu’elle a vu jeudi en tête à tête. B.G. Pour compliquer encore le tableau, outre le nom du futur président de la MGP, les élus s’écharpent sur l’identité des 20 vice-présidents qui formeront l’exécutif. Les forces politiques sont tombées d’accord pour attribuer 12 vice-présidences à la droite et au centre, et 8 à la gauche (4 PS, 3 PCF, 1 EELV). « Un exécutif partagé et équilibré », décrit JeanLouis Missika, adjoint en charge du Grand Paris. Jusqu’ici, il semblait acquis que la première vice-présidence échoie à Anne Hidalgo, assortie de la délégation « relations internationales et grands événements ». Car la capitale représente un tiers de la population métropolitaine. « Paris doit être bien traitée », estime Mathias Vicherat, le dircab de l’édile socialiste. Problème : cet accord serait caduc. Les cartes seraient rebattues, au risque de mettre le feu aux poudres. Un deal aurait été conclu vendredi dans le bureau de Nicolas Sarkozy : si Ollier remporte la primaire, Carrez prendrait la viceprésidence ; et inversement. Au détriment d’Anne Hidalgo… Autre problème : les élus parisiens LR, emmenés par NKM et le député-maire du 16 e Claude Goasguen, revendiquent trois vice-présidences, rappelant qu’ils sont 19 conseillers métropolitains (10 %). Vendredi matin, une réunion des membres du syndicat Paris Métropole visant à régler cette question s’est soldée par de « graves tensions » et un blocage. « Hidalgo ne veut aucun représentant de l’opposition parisienne. On n’acceptera pas d’accord sur notre dos », dit-on chez NKM. De son côté, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Bruno Julliard, qui mène les négociations, enrage : « Les exécutifs municipaux doivent être respectés. La MGP n’est pas faite pour s’opposer aux projets des maires. Or, la droite parisienne veut clairement contrer la politique d’Anne Hidalgo. C’est inacceptable ! » Décidément, l’accouchement de la MGP est douloureux. g ii | paris JDD | 10 janvier 2016 Sportifs, ces terrains sont pour vous ! Télex Pécresse veut sauver le passe Navigo unique INFO JDD La Ville lance lundi un « appel à projets sportifs » ouvert aux fédérations, clubs, équipementiers ou architectes pour « expérimenter de nouveaux concepts ou de nouvelles pratiques » BertraND GrécO Paris manque d’équipements sportifs mais dispose de friches non aménagées et de locaux inoccupés. Qu’à cela ne tienne : ces « délaissés urbains » peuvent être transformés en terrains de sport éphémères. Selon nos informations, la Ville a identifié 14 sites* dans la capitale – onze lui appartiennent, trois sont la propriété de l’établissement public de la Villette (19e) – sur lesquels elle lancera demain un « appel à projets sportifs » international. « La densité de Paris implique de trouver de nouveaux lieux dédiés aux activités sportives, pour deux, trois ou cinq ans. Plutôt que de laisser vides ces espaces dits “intercalaires”, autant les utiliser intelligemment avant leur transformation. Les porteurs de projets issus de l’écosystème du sport devront faire preuve de créativité », indique Jean-François Martins (exMoDem), adjoint à la maire de Paris chargé des sports et du tourisme. Escalade, badminton, squash, skatepark ou foot à cinq indoor Les acteurs du monde sportif auront jusqu’au 11 mars pour déposer leurs offres. Les 14 lauréats seront choisis en mai-juin 2016. Et les premiers sites ouvriront dès septembre. La mairie espère recevoir des propositions « originales » – « expérimenter de nouveaux concepts, importer des pratiques nouvelles » –, qui ne grèveront pas son budget puisque la Ville ne dépensera pas un centime dans l’opération. Certains lieux nécessiteront pourtant des travaux À l’image du playground Duperré dans le quartier de Pigalle, 14 sites parisiens inutilisés deviendront des terrains de sport. HUGHES HErvé/HEmiS.fr d’aménagement, comme ces trois niveaux de parking souterrain rue Nationale (13e) ou l’ancien cinéma Cinaxe (1.066 m²) dans le parc de la Villette (19e). Tous les sites retenus sauf un se situent dans les arrondissements périphériques. Ils vont de 550 m2 à 3.500 m2. On trouve un tronçon de la petite ceinture (13e), des dalles surplombant le périphérique porte Brancion (14e-15e), d’anciens terrains de pétanque (13e), des pelouses, des terrains de basket « mal utilisés et à réinventer »… Les candidats ? Les fédérations sportives, les clubs, les grands équipementiers. Mieux encore : des équipes regroupant ces différents protagonistes, associés à des agences d’architectes. Leurs investissements pourront être amortis par du sponsoring, voire des activités/entrées payantes sur certains sites. Jean-François Martins mise beaucoup sur les fédérations qui pourraient « investir, voire à perte » pour « promouvoir leur discipline » gratuitement. On entend déjà les critiques fustigeant la privatisation d’espaces publics. « Ces sites inutilisés ne servent à rien aujourd’hui, nous les rendons au public », rétorque l’adjoint. Et d’ajouter : « Les porteurs de projet qui en tireraient du profit auront une redevance à verser à la Ville. » Il préfère parler de « résidences sportives », comme il existe des résidences d’artistes. Des disciplines traditionnelles sont attendues : escalade, badminton, tennis, squash… Mais aussi des pratiques « urbaines » ou innovantes : sports de glisse (skatepark), foot à cinq indoor, parcours de yamakasi, fitness technologique, sports connectés… « Un tel appel à projets est inédit dans le monde, se félicite Jean-François Martins. C’était une promesse de campagne d’Anne Hidalgo. Et il prend une dimension particulière dans la perspective de la candidature de Paris aux Jeux olympiques 2024 : c’est une réponse modeste à la réflexion des grandes métropoles sur la place du sport en cœur de ville. » g * Retrouvez à 12 heures la carte des 14 sites retenus sur lejdd.fr La nouvelle présidente de la Région a rencontré le Premier ministre, Manuel Valls, en fin de semaine, pour l’alerter sur le financement du passe Navigo à tarif unique. Selon Valérie Pécresse, il manque 300 millions d’euros au budget. La nouvelle patronne de l’Île-de-France compte combler ce déficit, notamment grâce à la lutte contre la fraude dans les transports. Le gouvernement devrait compléter le financement de la mesure (pour 100 millions d’euros). Manuel Valls a accepté de mettre à l’agenda du gouvernement la création d’une police régionale des transports (train et bus). Après Vélib’, voilà Belib’ La première borne publique de recharge pour véhicules électriques – universelle et rapide – sera inaugurée mardi place Saint-Gervais (4e) par Christophe Najdovski, adjoint à la maire chargé des transports. Sur les premiers mois de l’année, 180 points de recharge similaires seront déployés à Paris et créeront un réseau dit Belib’. L’île de la Cité va-t-elle se réveiller ? PatrImOINe Le berceau multimillénaire de la capitale doit se « transformer » pour devenir un « quartier vivant ». explications marIe-aNNe KLeIBer @Makleiber Notre-Dame, la Sainte-Chapelle à la flèche effilée, la Conciergerie et ses tourelles donnant sur le fleuve… L’île de la Cité est l’un des lieux emblématiques de la capitale. Une mission d’étude et d’orientation sur l’avenir de cette « île-monument » vient d’être commandée par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, à l’architecte Dominique Perrault et au président du Centre des monuments nationaux, Philippe Bélaval. Le duo doit « penser l’île dans sa globalité, comme un quartier vivant et ouvert, tourné vers les deux rives de la Seine, conciliant activité économique, accueil amélioré des touristes et mise en valeur d’un patrimoine sans égal ». L’objectif : « transformer » ce site d’ici à 2040 « en un réel lieu de vie, plus intégré encore au reste de la capitale ». L’île est en effet en train de se figer en un joli décor de vieilles pierres quadrillé par les touristes : plus de 14 millions de visiteurs par an pour la cathédrale et ses gargouilles – ce qui en fait le premier monument français en termes de fréquentation – et plus d’un million pour les merveilleux vitraux de la Sainte-Chapelle. Sans parler de la Conciergerie et son demi-million de visiteurs annuels, des tours de Notre-Dame (600.000) ou de la crypte archéologique (170.000)… Bref, un flot de touristes sur un confetti de dix sept hectares, par ailleurs très peu habité. En 2007, l’Insee y recensait encore mille habitants. L’architecte Dominique Perrault. ivAN AGUiNAGA/EPA/mAXPPP Selon une étude de l’Association pour un hébergement et un tourisme professionnel (AhTop), rendue publique en décembre, seuls 650 des 1.800 logements de l’île sont occupés par leurs propriétaires. Et au moins 300 biens (17 % des appartements) ont été repérés par cette association de professionnels du tourisme comme mis en location temporaire, sur des sites comme Airbnb. Dominique Perrault et Philippe Bélaval aux commandes Sur l’île, il reste cependant des institutions qui drainent des milliers d’actifs : l’Hôtel-Dieu, la préfecture de police, la Direction de la police judiciaire (le fameux 36, quai des Orfèvres) et le palais de Justice. Mais l’hôpital historique du cœur de Paris doit se transformer et son avenir reste à définir. Par ailleurs, la direction de la PJ et le tribunal de grande instance (TGI) doivent déménager en 2017 aux Batignolles. Le 36, quai des Orfèvres s’installera dans un bâtiment dessiné par Valode et Pistre, et le TGI dans une tour en escalier de 140 m de haut dessinée par Renzo Piano. Dans l’ancien palais de Justice, resteront seulement la cour d’appel et la Cour de cassation, laissant ainsi d’immenses espaces vides. La destination du 36, quai des Orfèvres n’est pas non plus encore connue. Côté patrimoine, des changements sont aussi en cours : la crypte archéologique a été fermée et en travaux pendant deux mois cette année, et la Conciergerie va de son côté présenter, en juin, un nouvel espace attractif : les cuisines du roi à l’époque médiévale. Pour réfléchir à l’avenir de ce site en mutation, le Centre des monuments nationaux est sans doute le mieux placé : l’institution est en effet chargée, sur l’île de la Cité, des tours de Notre-Dame, de la Conciergerie et de la SainteChapelle. Ces deux monuments royaux sont séparés justement par… le palais de Justice et pourraient gagner en cohérence en récupérant peut-être un passage direct (via la cité judiciaire). Dans Paris, le CMN dirigé par Philippe Bélaval vient par exemple de prendre la main sur l’hôtel de la Marine au 1er janvier 2016. L’architecte Dominique Perrault, auteur de la BNF François-Mitterrand, réalise en ce moment le nouveau pavillon d’accueil de Versailles qui ouvrira début 2016, et la refondation de la Poste du Louvre, contre laquelle des associations de défense du patrimoine comme SOS Paris ont bataillé… Le projet de préfiguration du devenir de l’île de la Cité concocté par Philippe Bélaval et Dominique Perrault devrait être connu en septembre 2016. Dominique Perrault a déjà évoqué des pistes éventuelles à creuser, telle cette promenade piétonne « longitudinale » allant d’un bout de l’île à l’autre, traversant les époques et le palais de Justice. La cour du 36, quai des Orfèvres pourrait être ouverte au public et être couverte comme celle du British Museum. Le marché aux fleurs pourrait gagner une structure en verre « du type du Crystal-Palace » à Londres. L’idée serait de dessiner un « lienpromenade », permettant la révélation des patrimoines, et des différentes séquences historiques. g paris | iii jdd | 10 janvier 2016 Bonnes taBles aurélie chaigneau Des tapas et du bon vin chez Freddy’s. Julien De FOnTenAY POuR le JDD l’adresse du dimanche L’usage du monocycle électrique « monowheel » reste très parisien. Julien De FOnTenAY POuR le JDD Ces étranges objets roulants qui décollent TEndAncE Les gyroroues, « monowheels » et « hoverboards » sont l’un des succès de l’hiver. Mais ils rivalisent avec les piétons sur les trottoirs… MARIE-AnnE KlEIBER @Makleiber Phénomène de mode passager ou nouveau moyen de se déplacer écologique ? Les smartboards et autres gyroroues ont débarqué sur les trottoirs parisiens cet hiver. Hoverboard – sorte de skate électrique où l’on se tient de face –, monowheel – un monocycle électrique – ou moins récents et moins futuristes, les trottinettes électriques et skates motorisés : la gamme des « nouveaux véhicules électriques individuels » est large. Les Segway, apparus sur le bitume il y a treize ans, avaient suscité curiosité et enthousiasme. Mais ces machines au prix important (aux alentours de 7.500 €), n’ont pas conquis le grand public : ils sont surtout utilisés par des groupes de touristes et dans les entrepôts de stockage. Depuis peu, ils ont des petits frères utilisant la même technologie gyroscopique (l’usager déséquilibre la machine en se penchant ; un « capteur d’assiette » rétablit l’équilibre en faisant tourner les roues). Mais ils sont bien moins chers, bien plus cool et swag, et les ventes s’affolent. Les réseaux sociaux sont en partie responsables de cet engouement, avec leurs flux de photos de joueurs du PSG ou de stars prescriptrices comme Justin Bieber. « nous visons les 12.000 ventes en 2016 » Résultat, début novembre aux États-Unis, eBay vendait un smartboard toutes les deux minutes (selon le site Buzzfeed). En France, de multiples sites de revente d’hoverboards chinois ont éclos. Les grands réseaux comme la Fnac ou Boulanger s’y sont mis en fin d’année. Chez Decathlon aussi, « la mise en vente des hoverboards s’est faite il y a quelques semaines seulement, et les chiffres sont, pour le moment, satisfaisants et en accord avec une croissance globale de ce marché ». Mais la vogue pourrait se révéler n’être qu’un feu de paille : les batteries de plusieurs de ces grands jouets ont brûlé aux États-Unis et tout récemment en Australie. Et la chute de Mike Tyson a fait le tour du Web. Un bad buzz. Côté gyroroues, la percée semble moins explosive, mais plus continue. Contrairement aux hoverboards, qui ne peuvent monter ou descendre un trottoir, les monowheels dis- la sécurité en question ces nouveaux véhicules individuels sont tolérés sur les trottoirs, où ils ne doivent pas rouler à plus de 6 km/h (alors que certaines roues montent à 30 km/h). Ils n’ont en revanche pas le droit de circuler sur la chaussée et les pistes cyclables. La police a dressé à Paris 58 procès-verbaux en 2013, 114 en 2014 et plus de 100 pour les huit premiers mois de 2015. L’amende n’est pas franchement dissuasive : 4 €, voire 7 € en cas de majoration. « Les utilisateurs de ces véhicules doivent s’équiper comme en rollers, avec un casque, des genouillères, des protections pour les mains, et se rendre visibles le soir. Ils doivent aussi vérifier qu’ils sont assurés, ajoute Christophe Ramond, directeur des études et recherches à l’association Prévention routière. À 25 km/h, un choc équivaut à une chute du haut d’un premier étage. » Afin d’éviter la mise sur le marché de produit non performants, voire dangereux, une norme technique européenne Afnor doit être édictée en 2016 : elle fixera un cadre d’essais (notamment des tests de freinage) et devrait rendre obligatoire un bouton « mode piéton », bloquant le gyropode à 6 km/h. M.-A.K. posent d’un pneu large et d’une plus grande autonomie. En trois ans, en France, près de 14.000 monowheels se sont vendues, soient autant que les Segway en treize ans. Près de 2.000 roues de la marque Ninebot, le leader mondial du marché, circulent rien qu’en Île-de-France. « Nous visons les 12.000 ventes en 2016 », annonce Olivier Mignot, le directeur marketing. À Paris, le magasin E-roue, quai de la Tournelle, ouvert en 2014, en vend 100 par mois depuis avril 2015 (et 120 à Noël), à environ 1.000 €. « C’est pour l’instant très parisien ; à Bordeaux, où nous venons d’ouvrir un magasin, ça ne décolle pas encore », explique le fondateur, Guillaume Bocs. « Dans la capitale, les premiers clients ont eux-mêmes fait la communication du produit. » Une randonnée en gyroroue, sur le modèle de celle en rollers, rassemble depuis peu une trentaine de « wheelers » tous les vendredis soir au départ de Bastille. Dans la rue, les monocycles font des adeptes rien qu’en roulant… Thierry, Parisien de 41 ans, a été fasciné lorsqu’il a croisé « un comme en train de léviter au-dessus du trottoir », et a acheté une roue il y a trois semaines. « C’est beaucoup plus stylé que l’hoverboard. » Depuis, ce fan de sports de glisse traverse tout Paris avec, et l’utilise pour se rendre au lycée où il enseigne. Il déplore cependant le poids de l’engin (13 kg), qui le rend difficilement portable dans les magasins – il faut acheter une poignée et tirer la roue comme une valise –, et la vigilance que la conduite demande dans l’espace urbain. Comme Thierry, 90 % des clients de la boutique E-roues utilisent leur machine pour se rendre sur leur lieu de travail, et 40 % d’entre eux vivent en banlieue. « Ils se rendent en roue de leur maison à la gare RER, puis de la gare dans Paris à leur bureau », explique Guillaume Bocs. Pour ces quelques milliers de pionniers, tous les jours, c’est « smartboard, boulot, dodo », et pour l’instant, ça roule. g Freddy’s (6e), festif Un bar à manger comme un joyeux refuge. Bruyant, toujours plein – de rires et de bonne humeur – où on joue gentiment des coudes pour commander un verre de vin. Sautez sur un tabouret et vous pourrez aisément y passer la soirée. Au cœur de ce décor en bois et vieilles pierres, on sent l’esprit des grands frères de Freddy’s : Semilla, Le Cosi et Fish la boissonnerie. À l’ardoise, on déniche des petites tapas finaudes pensées par Éric Trochon et réalisées par Thomas Estrader : assiette de 6.5/10 jambon noir de Bigorre fondant, accras et kebab gras comme on les aime. Les couteaux sont gourmands, qui compensent des Saint-Jacques et des langues d’oursins un peu chiches. L’ensemble est plutôt sympathique pour accompagner une belle sélection de vins. Le bémol : les prix grimpent vite et il faut un certain nombre d’assiettes (petites) pour combler les gros appétits. Freddy’s, 54, rue de Seine (6e). 7j/7. Tarifs : de 35 à 70 € selon votre appétit. Et votre soif. la découverte de la semaine Biondi (11e), coup de cœur Biondi, c’est le nouveau lieu de Fernando de Tomaso, le chef patron de la Pulperia, pépite argentine de la rue Richard-Lenoir (11e). Une vaste pièce en pierres apparentes, un bar, des lumières tamisées, du bois et des cuisines ouvertes. Une cuisine française à la sauce argentine chez Biondi. retour chez… il Brigante (18e), 100 % pizza Le pizzaiolo tout en blanc, de dos, qui prépare ses pizze en chantonnant, distille sa bonne humeur jusque sur le trottoir. Chez Il Brigante, il y a trois sortes de clients. Ceux qui trouvent une place tout de suite dans la microsalle ou le couloir ; ceux qui doivent attendre dans la rue – parfois un bon moment – qu’une table se libère ; et ceux qui préfèrent ramener leur pizza pour la manger chez eux. Une fois votre catégorie choisie (le plus sympa reste quand même de manger sur place, quitte à attendre en sirotant un petit vin de table), sélectionnez votre pizza et quelle qu’elle soit, elle aura la 8/10 Cette fois, il s’attaque à la cuisine française qu’il a appris à maîtriser aux côtés de Jean-François Piège puis de Christophe Pelé. Et ça donne, en entrée, de fines lamelles de cœur de bœuf fumé d’une tendreté idéale servies avec des topinambours (14 €). Ensuite étonnant turbot, radis et bouillon d’anchois à la bergamote (29 €). En dessert, on a craqué pour la crème de macha, glace au lait cru et sucre noir du Japon (10 €) ainsi que pour la fine tartelette aux pommes, camomille et citron vert (10 €). Des produits au top, travaillés avec précision, humeur et créativité. Le service ressemble à la cuisine : chaleureux, souriant, drôle et ponctué par l’accent argentin charmant du sommelier qui se fait un plaisir de vous faire goûter « juste pour goûter » quelques crus de sa cave. Biondi, 118, rue Amelot (11e). Fermé le dimanche. À la carte, entre 50 et 60 € (hb). Tél. : 01 47 00 90 18. pâte fine et croustillante. 7/10 De la simple margherita (9 €) ou regina (12,50 €) à la copieuse « pizza 18e » avec tomate, mozzarella di bufala, poivron, shiitaké, bresaola, marinade citron (18 €). À l’extérieur, il fait frais. Mais dedans, derrière les vitres embuées, on se tient chaud, on parle fort, on rit et on se bouscule un peu pour pouvoir se déplacer. Mais l’étroitesse du lieu fait aussi son charme. Et on se laisse bercer par la voix rieuse et chantante du chef dans les odeurs de pizza. Il Brigante, 14, rue du Ruisseau (18e). Fermé le dimanche. Entre 15 et 25 € environ. Tél. : 01 44 92 72 15. iV | Paris | que faire aujourd’hui JDD | 10 janvier 2016 En famille couP de cœur Véhicules anciens 1er stars du handball Pour voir l’équipe de France masculine lors du tournoi de la Golden League. AccorHotels Arena (12e), M° Bercy. À 13 h 30, Norvège-Qatar, à 16 h, France-Danemark. Tarifs : de 30 € à 60 €. accorhotelsarena.com Ciné-ConCert 8e Forum des images, M° Les Halles. Nanouk l’Esquimau, l’un des premiers films documentaires de l’histoire (1920), raconte la vie quotidienne des autochtones du Grand Nord canadien. Le film de Robert Flaherty est mis en musique en direct par le pianiste Ignacio Plaza. À partir de 6 ans. Séance suivie d’un goûter. À 15 h. Tarif : 6 €, 5 € (réduit). forumdesimages.fr 15 e en famille unique Pour le défilé de 700 voitures, motos et autobus de collection. Château de Vincennes (12e), M° Châteaude-Vincennes. À partir de 7 h 30. Gratuit. vincennesenanciennes.com À l’extérieur Portraitiste du XViiie sièCle Grand Palais, M° Champs-Élysées-Clemenceau. Première rétrospective française consacrée à l’une des plus grandes portraitistes du XVIIIe siècle, Élisabeth Louise Vigée Le Brun. L’exposition rassemble 130 œuvres de la peintre officielle de Marie-Antoinette. Fin de l’expo demain. dernier jour cirque équestre arts du congo Pour admirer les 40 chevaux et 20 écuyers et artistes dans Pégase & Icare. Chapiteau Alexis Gruss (16e), M° La Muette. À 15 h. Tarifs : de 31,50 € à 76,50 €. alexis-gruss.com 10e À l’intérieur Pour découvrir le dynamisme revigorant de l’art contemporain en République démocratique du Congo. Fondation Cartier (14e), M° Raspail. De 11 h à 20 h. Tarifs : 10,50 €, 7 €. fondation.cartier.com BrunCh et Vinyles 19e Point Éphémère, M° Jaurès. Le disquaire parisien Born Bad Recordshop, spécialisé dans le rock et le punk, fait découvrir son univers musical lors d’un DJ set et d’un marché de vente de disques vinyles. Possibilité de bruncher sur place. De 11 h 30 à 15 h. Gratuit. pointephemere.org le monde d’emily loizeau Le 104 (19e), M° Riquet. La chanteuse Emily Loizeau dévoile quelques-unes des compositions de son prochain album dans ce spectacle intitulé Mona, pièce musicale. Une fable délirante menée par trois comédiens, deux musiciens et un vidéaste. À 17 h. Tarifs : 20 €, 15 € (réduit). 104.fr De 10 h à 20 h. Tarifs : 13 €, 9 € (réduit). grandpalais.fr 11e tout sur la Plongée Vide-greniers Vintage Paris Expo Porte-de-Versailles, M° Porte-de-Versailles. Le Salon de la plongée propose informations et conseils pour pratiquer la plongée. Démonstration d’équipements innovants, découverte de nouvelles destinations, présentation des différentes formations, etc. Next step, 11, cour Debille, M° Voltaire. Une cinquantaine de stands proposent meubles, objets, vêtements et accessoires rétro des années 1900 à 1980. Salon de coiffure vintage, ambiance musicale des années 1950 et piste de danse. De 10 h à 19 h. Tarif : 12 €. salon-de-la-plongee.com De 10 h à 20 h. Tarif : 2 €. fiftiessound.com 2e 5e duCs de Bourgogne Tour Jean Sans Peur, M° Étienne-Marcel. Gros plan sur les ducs de Bourgogne qui, de 1363 à 1477, constituèrent une des dynasties les plus puissantes de l’Occident. L’exposition s’intéresse à l’expansion de leur royaume et aux fastes de leur cour, de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire. Belle BroCante Place Maubert, M° Maubert-Mutualité. Une centaine de brocanteurs et d’antiquaires professionnels sont attendus pour ce rendez-vous de chineurs. Meubles anciens, objets d’art, décoration, etc. De 7 h à 19 h. Gratuit.spam.fr De 13 h 30 à 18 h. Tarifs : 5 €, 3 € (réduit). tourjeansanspeur.com 16e littérature russe Mairie du 16e, M° Rue-de-la-Pompe. « La Russie aux mille visages » est le thème de cette nouvelle édition du Salon du livre russe qui s’intéresse aux productions des nombreuses minorités du pays. Soixante-dix auteurs russophones et francophones invités dont Victor Erofeev ou Alexander Snegirev. 15e De 10 h à 19 h. Gratuit. russkayaliteratura.fr « dirty danCing » en liVe Palais des Sports, M° Porte de Versailles Après sa tournée en province, la comédie musicale Dirty Dancing, inspirée du film, est de retour à Paris. Vingt-six danseurs et huit musiciens interprètent les chansons originales tandis que les dialogues sont adaptés en français. Dernière date. À 15 h. Tarifs : de 39 € à 89 €. ledomedeparis.com 1er tintin au musée, derniers jours Musée en herbe (1er), M° Les Halles. L’exposition « Le Musée imaginaire de Tintin » présente des planches de BD et des dessins originaux de Hergé. Fin de l’expo le 14 janvier 2016. De 10 h à 19 h. Tarifs : 6 €, 5 € (réduit). musee-en-herbe.com en Île-de-france 77 78 78 94 95 musique de ChamBre Comédie-Ballet CaBinets de Curiosités Vide-greniers enquête sur nos anCêtres Ferme du Buisson, Noisiel (77). Le collectif de musiciens La Famille Arties propose une découverte du quatuor à cordes à travers une œuvre de Dmitri Chostakovitch : le Quatuor opus 110. Un concert dans un cadre confortable avec banquettes, fauteuils et lumière tamisée. À 17 h. Tarifs : 15 €, 12 € (réduit). lafermedubuisson.com Opéra Royal de Versailles (78). Le metteur en scène Clément Hervieu-Léger et le chef d’orchestre William Christie reprennent la comédie-ballet de Molière, Monsieur de Pourceaugnac, portée par la musique de Lully. Cette pièce de 1668 préfigure l’opéra français du XVIIIe siècle. À 16 h. Tarifs : de 45 € à 140 €. chateauversailles-spectacles.fr Château, Maisons-Laffitte (78). L’expo « Les Chambres des merveilles » fait revivre le temps des cabinets de curiosités du XVIIe siècle, quand les collections privées regorgeaient d’objets étranges et rares : bijoux, coquillages, mais aussi dragons, sirènes… De 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h. Tarifs : 7,50 €, 6 € (réduit). maisons.monuments-nationaux.fr J. SCHELLAERT/PROD ; BRigiTTE EnguERAnD/DivERgEnCE/OPuS 64 ; CEnTRE DES MuSéES nATiOnAuX ; DR ; MuSéE ARCHéOLOgiQuE DE guiRY-En-vEXin Parc du Tremblay, Champigny-sur-Marne (94). Plus de 300 exposants attendus pour la grande brocante du parc du Tremblay. Vêtements, jouets et bibelots en tout genre. De 8 h à 19 h. Gratuit. mandon.fr Musée archéologique du Val-d’Oise, Guiry-en-Vexin (95) Mêlant histoire, science et archéologie, l’exposition « Préhistoire[s] l’enquête » propose un parcours interactif sur les sépultures de Téviec, des squelettes de 7.400 ans. Une manière ludique de découvrir les travaux des chercheurs. De 13 h à 18 h. Gratuit. valdoise-tourisme.com
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