sans nom
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sans nom
L'escargot matelot Araignée Un escargot fumant sa pipe Portait sa maison sur son dos. C'était un garçon sympathique, Un brave et joyeux escargot. Il avait été matelot Et navigué sur un cargo. Il en avait assez de l'eau Cet ancien marin escargot. Son ami le petit Léon Lui apportait du tabac blond. Et l'escargot fumant sa pipe Évoquait la mer, les tropiques, Et le tour du monde en cargo Qu'il avait fait en escargot, Un escargot fumant la pipe Pour n'être pas mélancolique. Araignée du matin: chagrin, pensait un bébé coccinelle cherchant à libérer ses ailes. Araignée du midi: souci grognait un rat dans son chagrin de voir un chat près de sa belle. Araignée du soir: espoir, disait au briquet l'étincelle mourant dans le vent du jardin. Mais l'araignée dans sa nacelle prisonnière à vie de sa faim rêvait qu'elle était hirondelle. Pierre Béarn Claude Roy L'air en conserve L'orange des rêves Dans une boîte, je rapporte Un peu de l'air de mes vacances Que j'ai enfermé par prudence. Je l'ouvre ! Fermez bien la porte Respirez à fond ! Quelle force ! La campagne en ma boîte enclose Nous redonne l'odeur des roses, Le parfum puissant des écorces, Les arômes de la forêt... Mais couvrez vous bien, je vous prie, Car la boîte est presque finie : C'est que le fond de l'air est frais. Tu peux perdre le nord comme on dit tu peux perdre patience tu peux perdre ton temps perdre la mémoire et ses chemins aveugles Le sommeil peut glisser comme une truite dans tes mains Tu peux perdre ton sourire Mais ne perds pas ne perds jamais l'orange de tes rêves Jacques Charpentreau Jean-Pierre Siméon Le cancre Liberté Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le coeur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur. Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J'écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté. Jacques Prévert Paul Eluard Si... Le pélican Si la sardine avait des ailes, Si Gaston s'appelait Gisèle, Si l'on pleurait lorsque l'on rit, Si le pape habitait Paris, Si l'on mourait avant de naître, Si la porte était la fenêtre, Si l'agneau dévorait le loup, Si les Normands parlaient zoulou, Si la mer Noire était la Manche Et la mer Rouge la mer Blanche, Si le monde était à l'envers, Je marcherais les pieds en l'air, Le jour je garderais la chambre, J'irais à la plage en décembre, Deux et un ne feraient plus trois... Quel ennui ce monde à l'endroit! Le capitaine Jonathan, Etant âgé de dix-huit ans, Capture un jour un pélican Dans une île d'Extrême-Orient. Le pélican de Jonathan, Au matin, pond un oeuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment. Et ce deuxième pélican Pond, à son tour, un oeuf tout blanc D'ou sort, inévitablement, Un autre qui en fait autant. Cela peut durer très longtemps Si l'on ne fait pas d'omelette avant. Robert Desnos Jean-Luc Moreau Demain, dès l'aube... Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Victor Hugo Portrait dégoûtant Il avait mauvaise mine Une langue de vipère Un nez de fouine Des oreilles de cocker Des dents de loup Des yeux de mouche Mais surtout Une bouche d'égout. C'est pourquoi Il ne se sentait pas bien du tout. Antoine Bial C'est tout un art d'être canard Le Corbeau et le Renard C'est tout un art d'être canard C'est tout un art d'être canard canard marchant canard nageant canards au sol vont dandinant canards sur l'eau vont naviguant être canard c'est absorbant terre ou étang c'est différent canards au sol s'en vont en rang canards sur l'eau, s'en vont ramant être canard ça prend du temps c'est tout un art c'est amusant canards au sol vont cancanant canards sur l'eau sont étonnants il faut savoir marcher, nager courir, plonger dans l'abreuvoir canards le jour sont claironnants canards le soir vont clopinant canards aux champs ou sur l'étang c'est tout un art d'être canard. Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : «Hé! bonjour, monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli! que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. » A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : «Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.» Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. Claude Roy Jean de La Fontaine La Cigale et la Fourmi L'oiseau du Colorado La Cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. «Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'oût, foi d'animal, Intérêt et principal.» La Fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. "Que faisiez-vous au temps chaud ?" Dit-elle à cette emprunteuse. "Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous déplaise." "Vous chantiez ? j'en suis fort aise : Eh bien! dansez maintenant." L'oiseau du Colorado Mange du miel et des gâteaux Du chocolat et des mandarines Des dragées des nougatines Des framboises des roudoudous De la glace et du caramel mou. L'oiseau du Colorado Boit du champagne et du sirop Suc de fraise et lait d'autruche Jus d'ananas glacé en cruche Sang de pêche et navet Whisky menthe et café. L'oiseau du Colorado Dans un grand lit fait dodo Puis il s'envole dans les nuages Pour regarder les images Et jouer un bon moment Avec la pluie et le beau temps. Robert Desnos Jean de La Fontaine Witch, witch Snail “Witch, witch, where do you fly?”... “Under the clouds and over the sky.” “Witch, witch, what do you eat?”... “Little black apples from Hurricane Street.” “Witch, witch, what do you drink?”... “Vinegar, blacking and good red ink.” “Witch, witch, where do you sleep?”... “Up in the clouds where pillows are cheap.” Snail upon the wall, Have you got at all Anything to tell About your shell? Only this, my child – When the wind is wild, Or when the sun is hot, It’s all I’ve got. Rose Fyleman John Drinkwater Chanson pour les enfants de l’hiver Le chou Dans la nuit de l’hiver galope un grand homme blanc galope un grand homme blanc C’est un bonhomme de neige avec une pipe en bois un grand bonhomme de neige poursuivi par le froid Il arrive au village il arrive au village voyant de la lumière le voilà rassuré Dans une petite maison il entre sans frapper Dans une petite maison il entre sans frapper et pour se réchauffer et pour se réchauffer s’asseoit sur le poêle rouge et d’un coup disparaît ne laissant que sa pipe au milieu d’une flaque d’eau ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau. Un chou se prenant pour un chat léchant son museau moustachu, sa bedaine de pacha, à ses feuilles s’arracha, pour prouver que sous son poncho couleur d’artichaut, son pelage était doux et chaud, sa queue de soie, sa robe blanche. En miaulant à belle voix, le chou se percha sur un toit, puis dansa le chachacha de branche en branche. Or, le chou n’était pas un chat aux pattes de caoutchouc, sur la ramure il trébucha et c’est ainsi que le chou chût fâcheusement et cacha sa piteuse mésaventure dans un gros tas d’épluchures. Jacques Prévert Charles Dobzynski Le cancre Le bonheur Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le cœur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite. Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer. Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite. Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer. Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite, dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer. Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite, sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer. Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite, sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer. De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite, de pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer. Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite. Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé ! Paul Fort Jacques Prévert Un dragon chez soi Trois escargots Avoir un dragon chez soi Ce n’est pas si mal que ça, Surtout quand il fait très froid. Quand on lui tire la queue Ca le rend tellement furieux Que sa gueule crache du feu. Il réchauffe l’appartement, Il sèche les vêtements, Les parents sont tout contents J'ai rencontré trois escargots Qui s'en allaient cartable au dos Et dans le pré trois limaçons Qui disaient par coeur leur leçon. Puis dans un champ, quatre lézards Qui écrivaient un long devoir. Où peut se trouver leur école ? Au milieu des avoines folles ? Et leur maitre est-il ce corbeau Que je vois dessiner là-haut De belles lettres au tableau ? Corinne Albaut Maurice Carême Conseils donnés par une sorcière Grosgnongnon le cochon Retenez-vous de rire dans le petit matin. N'écoutez pas les arbres qui gardent les chemins. Ne dites votre nom à la terre endormie qu'après minuit sonné. A la neige à la pluie ne tendez pas la main. N'ouvrez votre fenêtre qu'aux petites planètes que vous connaissez bien. Confidence pour confidence vous qui venez me consulter méfiance, méfiance On ne sait pas ce qui peut arriver. Grosgnongnon le cochon Rouspète en toute saison Pour un oui, pour un non Au printemps quand il fait doux Il dit qu'il se sent tout mou En été, quand il fait chaud Et qu'il se met en maillot Il se trouve un peu trop gros Lorsque s'approche l'automne, Grosgnongnon baille et frissonne. Et, quand arrive l'hiver Grosgnongnon est en colère : Il n'aime pas son bonnet Qui lui tombe sur le nez! C'est ainsi toute l'année Ce qu'il aime, c'est rouspéter. Jean Tardieu Claude Clément Le petit chat Hommes de toutes les races Tout d’abord de son nez délicat il le flaire, Le frôle ; puis à coups de langue très petits Il le lampe : et dès lors il est à son affaire. Et l’on entend pendant qu’il boit , un clapotis. Il boit , bougeant la queue , et sans faire une pause ; Et ne relève enfin son joli museau plat Que lorsqu’il a passé sa langue rèche et rose Partout , bien proprement débarbouillé le plat. Alors , il se pourlèche un moment les moustaches, Avec l’air étonné d’avoir déjà fini ; Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques tâches, Il relustre avec soin son pelage terni. Hommes de toutes les races Le malheur n'est pas fatal Il vous appartient de vivre Comme on assemble les roses Mais respirer est un vol Tant que l'on enchaîne et tue Mais manger est criminel Tant qu'un homme a faim sur terre Mais il n'y a pas de roses Dans un jardin sans amour. Edmond Rostand Jean Rousselot Mon cartable La grève des sapins Mon cartable a mille odeurs, Mon cartable sent la pomme, Le livre, l'encre, la gomme, Et les crayons de couleurs. Mon cartable sent l'orange, Le bison et le nougat, Il sent tout ce que l'on mange, Et ce qu'on ne mange pas. La figue, la mandarine, Le papier d'argent ou d'or, Et la coquille marine, Les bateaux sortant du port. Les cowboys et les noisettes, La craie et le caramel, Les confettis de la fête, Les billes remplies de ciel. Les longs cheveux de ma mère, Et les joues de mon papa. Les matins dans la lumière, La rose et le chocolat. C'est la grève des sapins Des aiguilles des pommes de pin Ils veulent tous être palmiers Cerisiers ou bananiers (Citronnier abricotier) Devenir arbres fruitiers (Jujubier ou grenadier) - Les sapins sont fatigués A la fin de chaque année Toutes ces guirlandes à porter Ça leur donne le dos courbé Les sapins sont enrhumés De vivre près des cheminées Sans air pur sans horizon Enfermés dans des maisons -Les sapins en ont assez De faire de l'ombre l'été Sans être remerciés Et l'hiver d'être coupés Les sapins font grise mine Et attrapent des angines Qu’ils soignent avec du parfum A la sève de sapin! -Les sapins ont déclaré Que pour la nouvelle année Ils se mettront en congé La forêt sera fermée Les sapins s'en vont au vert Les sapins quittent l'hiver Pour aller se faire bronzer Au chaud sous les cocotiers! Pierre Gamarra Dominique Dimey Mon école Pour devenir une sorcière Mon école est pleine d'images, Pleine de fleurs et d'animaux, Mon école est pleine de mots Que l'on voit s'échapper des pages, Pleine d'avions, de paysages, De trains qui glissent tout là-bas Où nous attendent les visages Des amis qu'on ne connait pas. Mon école est pleine de lettres, Pleine de chiffres qui s'en vont Grimper du plancher au plafond Puis s'envolent par les fenêtres, Pleine de jacinthes, d'oeillets, Pleine de haricots qu'on sème ; Ils fleurissent chaque semaine Dans un pot et dans nos cahiers. Ma classe est pleine de problèmes Gentils ou coquins quelquefois, De chansons, de vers, de poèmes, Dont on aime la jolie voix Pleine de contes et de rêves, Blancs ou rouges, jaunes ou verts, De bateaux voguant sur la mer Quand une brise les soulève. A l'école des sorcières On apprend les mauvaises manières D'abord ne jamais dire pardon Être méchant et polisson S'amuser de la peur des gens Puis détester tous les enfants A l'école des sorcières On joue dehors dans les cimetières D'abord à saute-crapaud Ou bien au jeu des gros mots Puis on s'habille de noir Et l'on ne sort que le soir A l'école des sorcières On retient des formules entières D'abord des mots très rigolos Comme "chilbernique" et "carlingot" Puis de vraies formules magiques Et là il faut que l'on s'applique. Pierre Gamarra Jacqueline Moreau Cher frère blanc Chanson d’Automne Quand je suis né, j’étais noir, Quand j’ai grandi, j’étais noir, Quand je vais au soleil, je suis noir, Quand je suis malade, je suis noir, Quand je mourrai, je serai noir Tandis que toi, homme blanc, Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu es au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, Quand tu mourras, tu seras gris. Alors, de nous deux, Qui est l’homme de couleur ? Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême , quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure. Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà , delà Pareil à la Feuille morte. Léopold sédar Senghor Paul Verlaine Le blaireau Le vieux et son chien Pour faire ma barbe Je veux un blaireau, Graine de rhubarbe, Graine de poireau. Par mes poils de barbe ! S'écrie le blaireau, Graine de rhubarbe, Graine de poireau, Tu feras ta barbe Avec un poireau, Graine de rhubarbe, T'auras pas ma peau. S’il était le plus laid De tous les chiens du monde Je l’aimerais encore A cause de ses yeux Si j’étais le plus vieux De tous les vieux du monde L’amour luirait encore Dans le fond de ses yeux Et nous serions tous deux Lui si laid , moi si vieux Un peu moins seuls au monde A cause de ses yeux Robert Desnos Pierre Menanteau La vache Mon petit cochon Si la Terre était une vache Ce serait particulier Les continents seraient ses taches Elle brouterait la voie lactée Tous les enfants vivants dessus Auraient du lait à volonté Ce serait la plus dodue Des planètes répertoriées La science serait tentée De répondre à cette question Quelle est donc l'utilité De cette queue à l'horizon? Pas besoin d'être ingénieur Pour trouver la solution C'est un grand ventilateur Pour enlever la pollution ! Un petit cochon rose Était triste et morose. Il errait dans ma cour Pour trouver du secours. Il n'avait pas envie De terminer sa vie Découpés en quartiers Auprès d'un charcutier. Pour éviter le pire, Et cet affreuse martyre Je le mis au cellier Pour se faire oublier. La, sa queue fit merveille Pour oublier les bouteilles ; Car mon petit cochon Était tire-bouchon Flem B.Casadessus Si mon stylo Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?[…] Si mon stylo était magique Avec des mots en herbe, J'écrirais des poèmes superbes, Avec des mots en cage, J'écrirais des poèmes sauvages. Si mon stylo était artiste, Avec les mots les plus bêtes, J'écrirais des poèmes en fête, Avec des mots de tous les jours J'écrirais des poèmes d'amour. Mais mon stylo est un farceur Qui n'en fait qu'à sa tête, Et mes poèmes sur mon cœur Font des pirouettes. Robert Géli Joachim Du Bellay Les hiboux Bonjour monsieur l'hiver Ce sont les mères des hiboux Qui désiraient chercher les poux De leurs enfants, leurs petits choux, En les tenant sur les genoux. Leurs yeux d’or valent des bijoux, Leur bec est dur comme cailloux, Ils sont doux comme des joujoux, Mais aux hiboux point de genoux ! Votre histoire se passait où ? Chez les Zoulous ? Les Andalous ? Ou dans la cabane bambou ? A Moscou ? Ou à Tombouctou ? En Anjou ou dans le Poitou ? Au Pérou ou chez les Mandchous ? Hou ! Hou ! Pas du tout, c’était chez les fous. Hé ! Bonjour monsieur l'hiver ! Ça faisait longtemps ... Bienvenue sur notre terre, Magicien tout blanc. Les montagnes t'espéraient ; Les sapins pleuraient ; Les marmottes s'indignaient ; Reviendra-t-il jamais ? Mes patins s'ennuyaient ; Mes petits skis aussi ; On était tous inquiets ; Reviendra-t-il jamais ? Hé ! Bonjour monsieur l'hiver ! Ça faisait longtemps ... Bienvenue sur notre terre, Magicien tout blanc. Robert Desnos Patrick Bousquet Le Globe Offrons le globe aux enfants, au moins pour une journée. Donnons leur afin qu’ils en jouent comme d’un ballon multicolore Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles. Offrons le globe aux enfants, Donnons leur comme une pomme énorme Comme une boule de pain tout chaude, Qu’une journée au moins ils puissent manger a leur faim. Offrons le globe aux enfants, Qu’une journée au moins le monde apprenne la camaraderie, Les enfants prendront de nos mains le globe Ils y planteront des arbres immortels." Nâzim Hikmet Halloween La soupe de la sorcière Je suis Robert le ver Affreux, visqueux, gluant, J’habite dans un cimetière Avec des morts vivants : Vampires, squelettes, gargouilles, On est copains, copines. Et le soir d’Halloween, Dans les rues, en patrouille Comme une armée en guerre, Nous sortons nos citrouilles Pour conquérir la terre. Parents, parents, ouvrez ! Ouvrez votre maison Et pour nous rassasier Jetez-nous des bonbons Des qu’on suce, des qu’on croque, Des qu’on gobe, des qu’on cloque Jetez-nous tous vos bonbons Parents, contre une chanson Nous saurons les ramasser. Les partager, les manger. Dans son chaudron la sorcière Avait mis quatre vipères Quatre crapauds pustuleux Quatre poils de barbe bleue Quatre rats, quatre souris Quatre cruches d'eau croupies Pour donner un peu de goût Elle ajouta quatre clous Sur le feu pendant quatre heures Ca chauffait dans la vapeur Elle tourne sa tambouille Et touille et touille et ratatouille Sur le feu pendant quatre heures Ca chauffait dans la vapeur Elle tourne sa tambouille Et touille et touille et ratatouille Quand on put passer à table Hélas c'était immangeable La sorcière par malheur Avait oublié le beurre Quand on put passer à table Hélas c'était immangeable La sorcière par malheur Avait oublié le beurre Miguel Jacques Charpentreau L'avion Si mon stylo L’avion, au fond du ciel clair, Se promène dans les étoiles, Tout comme les barques à voile Vont sur la mer. C'est un moulin des anciens âges Qui soudain a quitté le sol Et qui, par dessus les villages A pris son vol. Les oiseaux ont peur de ses ailes, Mais les enfants le trouvent beau, Ce grand cerf-volant sans ficelles Qui va si haut. Mais plus tard, en aéroplane Plus hardi que les hardis, Je compte bien aller sans panne Au paradis. Si mon stylo était magique Avec des mots en herbe, J'écrirais des poèmes superbes, Avec des mots en cage, J'écrirais des poèmes sauvages. Si mon stylo était artiste, Avec les mots les plus bêtes, J'écrirais des poèmes en fête, Avec des mots de tous les jours J'écrirais des poèmes d'amour. Mais mon stylo est un farceur Qui n'en fait qu'à sa tête, Et mes poèmes sur mon cœur Font des pirouettes. Robert Géli Lucie Delarue Mardrus Le dormeur du val La linotte C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Qu’est- ce que j’ai encore oublié se dit la linotte j’ai mis j’ai mis ma culotte j’ai mis j’ai mis mes souliers Qu’ est-ce que j’ai encore oublié : d’embrasser tante Charlotte ? de faire cuire mes échalotes ? de repasser mon tablier ? La linotte s’ envole au vent les moineaux se tordent de rire "ah , c’est trop drôle ! !""ah ! j’expire !" Ils s’en roulent dans la poussière Car en partant elle a oublié quoi ? sa tête de linotte* ! * et moi j'ai oublié une rime. Arthur Rimbaud Jacques Roubaud Lettre aux gens très sages Sévère mais juste Non il n'est pas fou Celui qui parle au vent Aux murs aux rues aux lampadaires A l'ombre du chat sur la fenêtre Aux mains fragiles Qui l'aiment et le connaissent Il n'est pas fou Celui qui voit la mer Dans son miroir Et des chiens bleus Dans les nuages Non il n'est pas fou Il rêve il rêve Et nous attend Sous le manteau de son mystère Au coeur du monde imagé. Hier soir, je rentre chez moi... Qu'est-ce que j'apprends ? Que le chat avait mangé la pâtée du chien... Dehors le chat ! Là-dessus, qu'est-ce que j'apprends ? Que le chien avait mangé la côtelette de ma femme... Dehors le chien ! Là-dessus, qu'est-ce que j'apprends ? Que ma femme avait mangé mon beefsteak. Dehors la femme ! Là-dessus, qu'est-ce que je découvre ? Que le lait que j'avais bu le matin était celui du chat. Alors j'ai fait rentrer tout le monde... Et je suis sorti. Sévère... mais juste. Raymond Devos. Jean-Pierre Siméon La catastrophe Quel malheur ! Ça me désole : On vient de fermer l’école ! On a tout cadenassé ! Que je suis bouleversé ! Au soleil ou sous la pluie, Mon Dieu, que cela m’ennuie ! J’ai beau rire et m’amuser ; J’en ai le cœur brisé. Quand finiront les vacances, Si j’ai survécu par chance, Épuisé de tant souffrir, C’est moi qui viendrai rouvrir. Istvan Csukas J'ai trempé mon doigt J'ai trempé mon doigt dans la confiture Turelure. Ça sentait les abeilles Ça sentait les groseilles Ça sentait le soleil. J'ai trempé mon doigt dans la confiture Puis je l'ai sucé, Comme on suce les joues de bonne grand-maman Qui n'a plus mal aux dents Et qui parle de fées ... Puis je l'ai sucé Sucé Mais tellement sucé Que je l'ai avalé. René de Obaldia La pomme et l'escargot La petite maison Il y avait une pomme A la cime d'un pommier ; Un grand coup de vent d'automne La fit tomber sur le pré ! Pomme, pomme, T'es-tu fait mal ? J'ai le menton en marmelade Le nez fendu Et l'œil poché ! Elle tomba, quel dommage, Sur un petit escargot Qui s'en allait au village Sa demeure sur le dos Ah ! Stupide créature Gémit l'animal cornu T'as défoncé ma toiture Et me voici faible et nu. Dans la pomme à demi blette L’escargot, comme un gros ver Rongea, creusa sa chambrette Afin d'y passer l'hiver. Ah ! mange-moi, dit la pomme, puisque c'est là mon destin ; par testament je te nomme héritier de mes pépins. Tu les mettras dans la terre Vers le mois de février, Il en sortira, j’espère, De jolis petits pommiers. Sur le versant de la montagne, A mi-hauteur, on aperçoit Une petite maison toute seule. D'ici, elle semble accrochée A un pan de muraille nue, Et le soir, on voit sa lumière Agoniser sous le poids de la nuit. - Ah ! Comment peut-on vivre là ? T'exclames-tu en frissonnant. Moi, je ne connais pas l'endroit Mais je sais bien que la montagne N'a pas, pour qui gravit ses pentes, Ce visage fermé qu'on voit de loin. Moi, je sais bien qu'elle est vêtue De fenouil, de myrte et de menthe, De romarin, de lavande et de thym ; Et que sa cime se recule A mesure qu'on va vers elle Et que son flanc parfois se creuse Offrant un sûr et calme asile. Je sais qu'il y a un mûrier, Des amandiers, des pins, des chênes, Un tapis d'herbe et deux chevrettes Derrière la petite maison. Et devant elle, une terrasse Avec son banc et sa table de pierre Où des gens, après leur travail, Dans l'air doré du crépuscule, Boivent frais le vin de leur vigne. Charles Vildrac Charles Vildrac Chevauchée sidérale Le château de Tuileplatte A cheval sur ma fusée Partons pour les galaxies Cueillir des fleurs étoilées Dans les nocturnes prairies. Adieu, les maisons, les prés L'HLM et le verger ! A cheval sur ma fusée Partons pour les nébuleuses Cueillir des pommes dorées Dans les régions ténébreuses. Adieu, l'école et l'hiver La rue, le chemin de fer ! A cheval sur ma fusée Partons pour le fond du ciel Cueillir la roue du soleil Qui fabrique les années. Adieu, les gens qui s’ennuient Dans la peau couleur de suie A cheval sur ma fusée Partons de l’autre côté Cueillir des chansons nouvelles Sur des arbres d’étincelles. Adieu, les bruits, la poussière Et les odeurs de la terre ! Au château de Tuileplatte La révolution éclate J’ai trouvé Vrai de vrai Le poulet Dans le lait Le lapin Dans le vin Le cochon Dans le charbon Le cheval Dans le bocal Le chevreau Dans le pot Le dindon Dans l’édredon L’hirondelle Dans le sel Le pigeon Dans le son La tortue Dans le bahut La grenouille Dans les nouilles La souris Dans le riz Et le chat Tralala Dans le plat De rutabaga Georges Jean Glyraine Le temps des contes Ballade de la soupe aux choux S'il était encore une fois Nous partirions à l'aventure, Moi, je serais Robin des Bois, Et toi tu mettrais ton armure. Nous irions sur nos alezans Animaux de belle prestance, Nous serions armés jusqu'aux dents Parcourant les forêts immenses. S'il était encore une fois Vers le château des contes bleus Je serais le beau-fils du roi, Et toi tu cracherais le feu. Nous irions trouver Blanche-Neige Dormant dans son cercueil de verre, Nous pourrions croiser le cortège De Malbrough revenant de guerre. S'il était encore une fois Au balcon de Monsieur Perrault, Nous irions voir Ma Mère l'Oye Qui me prendrait pour un héros. Et je dirais à ces gens-là : Moi qui suis allé dans la lune, Moi qui vois ce qu'on ne voit pas Quand la télé le soir s'allume; Je vous le dis, vos fées, vos bêtes, Font encore rêver mes copains Et mon grand-père le poète Quand nous marchons main dans la main. Sur feu de hêtre ou de noyer, Qui tremblote, fuse et crépite, Pansue et noiraude, voyez, Au creux de l'âtre qui s'effrite, Comme elle trône, la marmite Où bouillonne à larges remous Le mets que nul autre n'imite, La succulente soupe aux choux ! Lorsque droite y tient la cuiller, Oh ! Par la salle décrépite, Tous les parfums éparpillés... Et, dans le bol plein, la subite Éclosion d'yeux où palpite L'âme fumante du saindoux, Et comme on la déguste vite, La succulente soupe aux choux ! A découvrir le lard, noyé Dans le cœur pommé qui l'abrite, L'appétit est tout égayé... Foin des ragoûts hétéroclites, Du mets savant qui débilite ! Rien ne vaut au corps comme au goût, Dut-on m'accuser de redite, La succulente soupe aux choux ! Prince qui soigne ta gastrite, Ce fumet t'a rendu jaloux... Goûte, crois m'en, selon le rite, La succulente soupe aux choux. Georges Jean Léon Boyer Jeux L’habitant du miroir Un grain de maïs sur un mur juché surprit une poule et la dévora Vous n’en croyez rien et pourtant c’est vrai puisque je l’ai vu quand il l’avala. Un escargot bleu filant au galop heurta un canard et l’écrabouilla Vous n’en croyez rien et pourtant c’est vrai Puisque je l’ai vu quand il trépassa. Une pipistrelle Éprise d’un chat Se coupa les ailes Et les lui donna Vous n’en croyez rien et pourtant c’est vrai Puisque je l’ai vu quand il s’envola. Un agneau rôdant La nuit dans les bois Fit si peur aux loups Qu’un loup en creva Vous n’en croyez rien et pourtant c’est vrai Puisque je l’ai vu quand on l’enterra. Enfants méfiez-vous des miroirs ! Surtout quand tombe le soir, Quand le chien-loup du crépuscule Hurle à la nuit dans la pendule : A l’heure où le jour va dormir S’éveille le miroir vampire. Car cette glace familière Où se mirent les écolières Après les belles jadis, Cette glace, je vous le dis, Abrite un monstre sans visage Qui veut dévorer vos images. Le monstre du miroir attend Le temps qu’il faut, il a le temps, Tapi dans son luisant dédale, Salles de neige et de cristal, Il attend sans un mouvement L’instant d’agir, le bon moment. Quand les yeux dorment, lui se lève Et, tirant profit de vos rêves, Sort du verre et marche invisible Pour aller boire l’eau limpide Des beaux visages endormis C’est de la jeunesse qu’il vit ! Puis il regagne en grand silence Son froid palais de transparences Et vous ne verrez au réveil A la lumière du soleil Qu’un visage presque pareil Un peu griffé par le sommeil. Paul-Marie Fontaine Marc Alain Le secret La paix contre la guerre Sur le chemin près du bois J'ai trouvé tout un trésor : Une coquille de noix Une sauterelle en or Un arc-en-ciel qu'était mort. A personne je n'ai rien dit Dans ma main je les ai pris Et je l'ai tenue fermée Fermée jusqu'à l'étrangler Du lundi au samedi. Le dimanche l'ai rouverte Mais il n'y avait plus rien ! Et j'ai raconté au chien Couché dans sa niche verte Comme j'avais du chagrin. Il m'a dit sans aboyer: « Cette nuit, tu vas rêver. » La nuit, il faisait si noir Que j'ai cru à une histoire Et que tout était perdu. Mais d'un seul coup j'ai bien vu Un navire dans le ciel Traîné par une sauterelle Sur des vagues d'arc-en-ciel ! La paix! La paix! Qu´est qu´on en a rêvé! Malheureusement la guerre a commencé. Pour tous ces gens qui vont peut-être mourir, nous avons un grand Chagrin et aucun Plaisir. Pas de guerre! Que la paix! Ce sont les gens qui ont décidés. Un monde en paix nous le voulons, Pour le créer nous combattons. Nous ne voulons pas la faire cette maudite guerre. René de Obaldia Paola Farber Les noisettes Attention travaux ! Trois noisettes dans le bois Tout au bout d'une brindille Dansaient la capucine vivement au vent En virant ainsi que des filles De roi. Un escargot vint à passer : "Mon bon monsieur, emmenez-moi dans votre carrosse, je serai votre fiancée" disaient-elles toutes trois. Mais le vieux sire sourd et fatigué, Le sire aux quatre cornes sous les feuilles Ne s'est point arrêté, Et, c'est l'ogre de la forêt, je crois C'est le jeune ogre rouge, gourmand et futé Monseigneur l'écureuil Qui les a croquées. C'est une honte ! S'exclama L'inspecteur des travaux infinis Devant le chantier Silencieux : Le vitrier dort, les maçons sommeillent, Le serrurier ronfle, l'architecte rêve, Les peintres reposent, Les menuisiers somnolent, Les plombiers roupillent, Les carreleurs pioncent, Les sanitaires en écrasent Il n'y a que vous, mon cher, que vous A rester debout : Votre zèle est honorable Quelle est votre affectation ? - je suis le marchand de sable. Pierre Ferran Tristan Klingsor Réveil Bonjour le bois ! Cria l’enfant. Bonjour l’enfant ! Cria le bois. Bonjour l’abeille ! Cria l’enfant. Bonjour l’enfant ! Cria l’abeille. Alors, et moi ! dit le soleil, Alors, et moi ! qui me réveille. Je l’ai crié, lui dit l’enfant. Je l’ai crié en m’éveillant, Mais tu avais encore, soleil, ton gros bonnet sur les oreilles. Maurice Carême La télévision Dans le regard d’un enfant Quand on branche la télé, Mes amis, quel défilé ! Le négus, le roi d'Ecosse, De vieux gus et de grands gosses, Cendrillon dans son carrosse, La véloce Carabosse Chevauchant son balai-brosse, Des prélats, des portes crosses, De beaux blonds, des rousses rosses, Des colosses, Des molosses, Des rhinocéros atroces... Et quand c'est le plus joli : "Les enfants ! C'est l'heure ! Au lit !" J'ai vu des continents Des îles lointaines De fabuleux océans Des rives incertaines Dans le regard d'un enfant. J'ai vu des châteaux Des jardins à la française Des bois des coteaux De blancs rochers sous la falaise Dans le regard d'un enfant. J'ai vu les Champs-Elysées L'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel Le Louvre et la Seine irisée Comme un arc-en-ciel Dans le regard d'un enfant. Jean-Luc Moreau Claude Haller Tu dis La rentrée de Poème Tu dis sable Et déjà La mer est à tes pieds Tu dis forêt Et déjà Les arbres te tendent leurs bras Tu dis colline Et déjà Le sentier court avec toi vers le sommet Tu dis nuage Et déjà Un cumulus t’offre la promesse du voyage Tu dis poème Et déjà Les mots volent et dansent comme des étincelles dans ta cheminée C’est un petit mot Tout propre et tout beau Qui ne veut ni école Ni sac sur le dos. Il préfère les flaques d’eau Et les feuilles qui volent, Il préfère les étoiles Et les bateaux à voiles… Pourtant les enfants l’aiment Le petit Poème, Alors, tout propre et tout beau, Son sac sur le dos, Il court sur les cahiers Des petits écoliers Joseph-Paul Schneider Christine Fayolle Lettre aux gens très sages Mice Non il n'est pas fou Celui qui parle au vent Aux murs aux rues aux lampadaires A l'ombre du chat sur la fenêtre Aux mains fragiles Qui l'aiment et le connaissent Il n'est pas fou Celui qui voit la mer Dans son miroir Et des chiens bleus Dans les nuages Non il n'est pas fou Il rêve il rêve Et nous attend Sous le manteau de son mystère Au cœur du monde imagé. I think mice Are rather nice. Their tails are long, Their faces small, They haven’t any Chins at all. Their ears are pink, Their teeth are white, They run about The house at night. They nibble things They shouldn’t touch And no one seems To like them much. Bu I think mice Are nice. Jean-Pierre Siméon Rose Fyleman L'école Le perroquet Dans notre ville, il y a Des tours, des maisons par milliers, Du béton, des blocs, des quartiers, Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas. Dans mon quartier, il y a Des boulevards, des avenues, Des places, des ronds-points, des rues, Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas. Dans notre rue, il y a Des autos, des gens qui s'affolent, Un grand magasin, une école. Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Tout bas. Dans cette école, il y a Des oiseaux chantant tout le jour Dans les marronniers de la cour. Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat Est là. C’est très coquet Un perroquet Des plumes rouges Bleues violettes Ça vit ça bouge Et ça répète C’est très coquet Un perroquet Dans un baquet Un perroquet Ça fait trempette Et ça répète C’est très coquet Un perroquet Tais ton caquet Vieux perroquet Mais ça répète Saperlipopette C’est très coquet Un perroquet Jacques Charpentreau Jean Hugues Malineau Liberté Les moustiques Prenez du soleil Dans le creux des mains, Un peu de soleil Et partez au loin ! Partez dans le vent, Suivez votre rêve; Partez à l'instant, la jeunesse est brève ! Il est des chemins Inconnus des hommes, Il est des chemins Si aériens ! Ne regrettez pas Ce que vous quittez. Regardez, là-bas, L'horizon briller. Loin, toujours plus loin, Partez en chantant ! Le monde appartient A ceux qui n'ont rien. Les moustiques. Piquent, piquent. Les gens qui Pique-niquent. Ils attaquent En oblique Les hamacs Élastiques. Et bivouaquent, Sans panique, Dans les sacs En plastique. Les moustiques Font la nique Aux gens qui Pique-niquent. Et qu’ils piquent Et repiquent En musique. C’est comique Maurice Carême Pierre Coran