La Joie de lire

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La Joie de lire
LES ÉDITIONS "La Joie de lire"
I. Historique
L’histoire de La Joie de lire remonte à 1937, lorsque Paul Robert fonde à Genève la librairie du même nom.
L’idée est pionnière et La Joie de lire devient l’une des premières librairies jeunesse d’Europe.
Francine Bouchet en prend la direction dès 1981 et met sur pied plusieurs activités, dont les mercredis de lecture et
le Prix Enfantaisie qu’elle lance en 1987.
Elle fonde la même année les éditions La Joie de lire, s’inscrivant ainsi dans la longue tradition suisse d’éditeurslibraires engagés, «Je suis venue tardivement à l’édition », commente-t-elle.
Après quelques années en Faculté des Lettres, Francine Bouchet commence à enseigner et s’intéresse à l’approche
junguienne de la psychologie : « Elles ont été mes années de formation en quelque sorte. J’ai beaucoup appris dans
tous les domaines ». Un goût pour l’éclectisme qui se retrouve dans le catalogue qu’elle a étoffé de manière
intuitive, « au gré des rencontres ».
Si l’éditrice fait confiance à son instinct et sait se laisser surprendre, certaines exigences demeurent :
La qualité tout d’abord, du texte et de l’image, mais aussi beaucoup de créativité car si ses livres n’ont pas de
fonction pédagogique, ils doivent avoir une valeur éducative.
Le livre comme espace de liberté, le livre comme « une proposition qui ne fournit pas de réponse ».
Leur production s'articule autour de plusieurs grandes collections dont :
Les Versatiles : une collection ludique de comptines, de chansons et de jeux avec les mots qui enchanteront petits et
grands.
La collection Récits : une collection littéraire d'histoires émouvantes, cocasses, réalistes, fantastiques.
La collection Encrage qui propose des romans d’ici et d’ailleurs pour grands adolescents.
La collection Somnambule qui guide les premiers pas des lecteurs dans la bande dessinée.
II. Le catalogue : Sélection du Ministère
CYCLE 2
CYCLE 3
III. « Enfances » : Plutôt fille ou plutôt garçon ?
Au printemps 2011, la maison d’édition genevoise La Joie de lire a proposé quatre titres qui devraient passionner
le jeune lectorat féminin sans pour autant laisser indifférent les garçons…
Alice Vieira donne Le Mariage de ma mère dans la collection "Récits". Ici, ce titre ne semble pas accessible avant
l’âge de dix ans pas tant par la quantité de texte que par son contenu.
L’héroïne, Vera, a été confiée à sa naissance par sa mère (mannequin parcourant le monde pour son travail) à un
lointain cousin qui décède et c’est sa veuve qui seule continue de s’occuper d’elle. Elle ignore totalement qui peut
être son père et les maîtresses d’école primaire se sont montrées maladroites par rapport à sa situation familiale.
Vera se bâtit un monde épistolaire où elle rédige les lettres qu’elle se persuade recevoir et celles qu’elle se convainc
envoyer. Boulotte, elle pratique un absentéisme important au collège, ce qui renforce son échec scolaire. Sa bouée
de sauvetage est la mère de l’homme qui devient le mari de sa mère, leur rencontre est chaleureuse et une
perspective de vie commune de l’héroïne, de la mère du marié et du jeune couple s’ouvre.
Ce roman dépeint donc, de façon certes secondaire pour l’action, des situations rarement traitées en littérature de
jeunesse : une enfant qui ne sait pas qui est son père, l’absentéisme et l’échec scolaires.
Un autre univers familial éprouvant est décrit dans l’album Vassilia (pour enfants à partir de cinq ans) où l’héroïne
éponyme perd sa mère dès le début de l’album ; toutefois l’héroïne se persuade que sa mère lui a confié une poupée
pour la protéger. Son père doit s’absenter et elle souffre des mauvais traitements dus à sa belle-mère et aux enfants
de celle-ci. Elles l’envoient dans les mains d’une sorcière pour s’en débarrasser définitivement ; toutefois par les
conseils qu’elle croît trouver auprès de sa poupée Vassilia elle repart avec un feu qui immole sa marâtre et les filles
de cette dernière. Recueillie par une grand-mère qui lui apprend à coudre des vêtements aux qualités
extraordinaires, ceux-ci suscitent l’intérêt du roi qui, après avoir fait sa connaissance, se trouve séduit et l’histoire se
conclut par un mariage. Comme il s’agit d’une adaptation d’un conte russe, la sorcière est nommée par les termes de
"Baba Yaga".
L’auteur illustratrice Chiarra Carrer a su rendre la façon terrifiante dont l’héroïne s’imaginait être la sorcière ; elle a
réalisé de nombreuses illustrations de livres pour enfants et elle a été remarquée par ses travaux pour un Alice au
pays des merveilles et un Petit Chaperon rouge.
Beatrice Masini est également italienne, son texte 101 Bonnes raisons de se réjouir d’être une fille est illustré par
Guillaume Long un Suisse qui vit dans le département du Jura en Franche-Comté ; il a une grande expérience de la
BD et son album Anatomie de l'éponge était partiellement autobiographique.
Pour des petites filles qui regardent les actions qui sont tolérées aux garçons avec envie et qui leur sont
déconseillées, ce titre rassemble sous forme d’une petite phrase une des 101 raisons qui décrivent des actions plutôt
propres aux filles. Les propositions font alterner les compétences habituellement attribuées aux filles, la perspective
de ne pas les avoir, des agissements caractérisant traditionnellement les garçons et des comportements originaux.
Chaque proposition est illustrée par un dessin à fort contenu narratif apportant une note supplémentaire
humoristique.
Seules des fillettes d’au moins huit ans peuvent goûter l’humour de l’ouvrage, vues les situations mises en scène, de
ce fait des adolescentes en quête de leur identité féminine découvriront avec grand plaisir ces mêmes situations. Il
est à noter qu’il s’agit là du troisième volume d’un ensemble dont les deux premiers titres s’intitulaient 101 Bonnes
Raisons de se réjouir de lire, et 101 Bonnes Raisons de se réjouir d’être un enfant.
L’ouvrage Si papa, si maman présente une illustration de Bruno Heitz, au style bien connu des jeunes lecteurs, sur
un texte de Francine Bouchet qui dirige la maison d’édition La Joie de lire où ce livre est édité.
La question de l’identité sexuelle est abordée sous un autre angle, impliquant jeunes garçons autant de petites filles.
Cet ouvrage permet une double lecture selon l’âge du lecteur, pour des enfants de l’âge de l’école maternelle il
suscite le rire en permettant de réfléchir sur les caractéristiques traditionnelles des hommes et des femmes, pour les
enfants plus âgés (entre six et dix ans) il incite à une réflexion permettant de remettre en cause les attributs
caractérisant chaque genre.
IV. L’image « féminin/masculin » dans la littérature jeunesse
Il apparaît que de nombreux livres de littérature de jeunesse véhiculent souvent des stéréotypes, attribuant aux
garçons et filles, pères et mères, hommes et femmes, le rôle traditionnel que l'on attend d'eux.
Nous avons donc choisi de travailler essentiellement à partir des livres qui bousculent ces clichés traditionnels et
de proposer des ressources à exploiter dans différentes directions.
Objectifs :
Sensibiliser les filles et les garçons sur les stéréotypes présents dans les personnages des albums , des
bandes dessinées….
Changer les mentalités par l’éducation et l’information.
Ouvrir le champ des possibilités des filles et des garçons et proposer des modèles de filles et de
garçons qui s’émancipent des stéréotypes.
Compétences travaillées :
Maîtrise de la langue française :
Comprendre les informations dans un texte.
Exposer son point de vue dans un débat.
S'exprimer clairement à l'oral en utilisant un vocabulaire approprié.
Compétences sociales et civiques :
Vivre ensemble.
Participer en classe.
Échanger en respectant les règles de la communication.
Respecter les autres et notamment appliquer les principes de l'égalité des filles et des garçons.
Différents axes de travail sont possibles :
1. Jouer sur un jeu de miroir masculin / féminin en explorant des personnages, des situations, des métiers, le
rapport au langage…
2. Rechercher et analyser l'image du féminin, du masculin à travers d'autres cultures que la culture
européenne.
3. Considérer l'évolution de la condition féminine et sa place sociale au fil du temps, à travers les livres de
littérature de jeunesse :
- La femme dans l'histoire
- La femme dans les sciences
- La femme dans le sport
Pistes d'activités :
1. A partir de personnages qui sortent de l'ordinaire (Fifi Brindacier, Alice…), chercher des
personnages de l'autre sexe qu'on peut leur opposer.
- Comparer des personnages masculins et féminins vus d'une façon traditionnelle, vus d'une
façon plus contemporaine.
- Comparer des représentations féminines et masculines dans l'art (Les filles ; Les garçons).
- Comparer le rôle attribué à chacun dans la société, dans l'école, dans la famille, dans le couple.
- Analyser la représentation des hommes et des femmes dans les illustrations : répertorier les images, les
décrire (faire un tableau).
Dégager un vocabulaire pictural pour identifier filles et garçons (accessoires, vêtements, gestuelles, mimiques,
couleurs utilisées…).
Rechercher des livres ou des personnages à mettre en parallèle , quelques oppositions possibles :
- parent seul / deux parents
- deux métiers différents
- mère au foyer / mère au travail (idem père)
- jeux, activités des filles / des garçons
- leurs objets préférés respectifs
Répertorier les métiers des héros ou ceux de leurs parents que l'on rencontre le plus souvent dans les livres de
littérature de jeunesse :
- métiers féminins
- métiers masculins
Du point de vue de la langue : tous les métiers ont-ils un nom masculin et féminin ?
2. - Rechercher dans différentes cultures le rôle, la place, la fonction de l'homme et de la femme, la différence
de l'accueil à la naissance, les différences dans l'éducation (Nakusha, l'indésirable ; Elle s'appelait
Catastrophe ; Tu t'occuperas de Petit frère…)
- Répertorier les activités, les métiers, les rôles des hommes et des femmes représentés dans les récits, les
classer par ordre de fréquence.
- Comparer les représentations féminines ou masculines à la ville, à la campagne, dans des régions
différentes (P'tite mère)
3. Certains héros, garçons ou filles, fascinent le lecteur par leur courage, leurs révoltes, leur fantaisie. On peut
inviter les enfants à les rechercher et analyser leurs représentations de différents points de vue…
- Repérer dans les récits historiques pour la jeunesse les différentes représentations suivant les époques : les loisirs,
les activités sportives, les tenues vestimentaires...
- Répertorier les difficultés rencontrées par les hommes, par les femmes. Les comparer.
- Rechercher dans le domaine politique les rôles féminins, les rôles masculins, les postes occupés par chacun.
- Montrer que les collections ciblées pour filles ou garçons affichent souvent des stéréotypes gênants, aussi bien en
ce qui concerne les couleurs de la couverture que le contenu (rose et sentiment pour les filles, feu et action pour les
garçons).
En prolongement…
50 ACTIVITES POUR L’EGALITE FILLES/GARCONS A L’ECOLE
Le présent ouvrage propose 50 activités qui peuvent .être menées à tous les niveaux et dans toutes les disciplines de
l’école primaire, de la maternelle au cycle 3, à travers des entrées concrètes et diversifiées.
L’objectif est de promouvoir des modèles d’hommes et de femmes qui présentent des qualités intéressantes à
développer, pour aider filles et garçons à percevoir positivement leur genre et celui du sexe opposé.
La prévention des comportements sexistes est abordée de façon positive en valorisant et développant le respect, la
coopération et l’amitié entre filles et garçons.