Les logiciels de correction mis à l`épreuve
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Les logiciels de correction mis à l`épreuve
Les logiciels de correction mis à l’épreuve par Elise St-Hilaire Croyez-vous qu’un logiciel de correction puisse vous permettre d’accélérer votre travail quand vient le temps de corriger vos textes ? Oui ? Erreur ! C’est au contraire plus long. Par contre, selon vos besoins, un bon correcteur peut vous faciliter la tâche si vous savez comment l’utiliser. Dans le monde de la rédaction, le marché des logiciels de correction se développe et fait des p’tits. La règle d’or des créateurs de ces outils : invente r LA version qui vous assistera le mieux. Au Québec, le marché de la correction se partage entre deux logiciels : Antidote et le Correcteur 101, les plus reconnus depuis les années 1990. Bien sûr – et c’est une question de préférence – les Québécois, comme d’autres francophones, emploient aussi le correcteur intégré dans Microsoft Word, qui n’offre pas tout à fait les mêmes fonctions qu’un logiciel de correction. Le Correcteur 101, lancé en 1993, a révolutionné le marché, car il permettait pour la première fois de faire l’analyse d’une phrase complète. Antidote, sur les tablettes en 1996, a quant à lui été le premier à présenter des dictionnaires intégrés. La venue de ces logiciels a changé la façon de procéder de bien des individus et de certaines entreprises. De quoi faire fuir les fautes… Pas sûr ! lequel s’avère le meilleur n’est pas chose aisée. Toutefois, intéressés par ces nouveaux outils rédactionnels, des pros ont tenté l’aventure. Si on se fie aux tests effectués entre 1996 et 2000, la plupart des experts ont conclu qu’Antidote devançait légèrement son concurrent grâce à sa convivialité. Marie-Éva de Villers, auteure du Multidictionnaire des difficultés de la langue française, a testé ces logiciels pour le journal Voir en 1997. Soumis à un texte truffé de fautes, Antidote a battu tous ses concurrents. Entre autres prouesses, il a fini bon premier en syntaxe, bête noire de bien des étudiants. Le magazine Protégez-vous a fait un test similaire en février 1998. Les résultats : Antidote a mis ses adversaires au tapis tant du point de vue linguistique que sur le chapitre de l’environnement informatique. Même son de cloche chez les fervents d’informatique. « Antidote affiche une bien meilleure interactivité entre ses différents outils, et ses dictionnaires sont plus riches et mieux agencés », estime le magazine Guide Internet. Jacques Ladouceur, professeur agrégé en linguistique à l’Université Laval et spécialiste des nouvelles technologies, mise lui aussi sur Antidote. Unanimité ? Non. Mais, à en croire ces appréciations, Antidote a la cote ! Correcteur 101 ou Antidote ? Entendons-nous : comparer les deux correcteurs les plus réputés pour évaluer Rédiger. Le magazine de la rédaction professionnelle no 4, 2001 Antidote : le remède à tous vos « mots » ! L’année dernière encore, Antidote constituait probablement LE meilleur achat, notamment compte tenu de sa rapidité d’exécution et de son dictionnaire original. En 1996, le journal Voir notait d’ailleurs la particularité de ce produit : « Le dictionnaire Antidote est le dictionnaire usuel de langue française le plus récent et le plus branché. Les néologismes du cyberespace ne l’effraient pas et y sont rigoureusement définis. Fureteur, internaute et cyberespace côtoient des mots plus usuels, [comme] table [...] ». gourmand » en mémoire vive, plus rapide et combien plus facile à utiliser. Interface repensée, nouvelles fonctionnalités, rapidité accrue… Le Correcteur 101 n’a plus à envier la renommée de son principal concurrent. Claude Coulombe, vice-président de Machina Sapiens, manifeste sa satisfaction dans un communiqué émis en octobre 2000 : « Cette nouvelle édition du Correcteur 101 définit une nouvelle norme pour les logiciels d’aide à la rédaction. » Mais il y a des « mais » ! Éric Brunelle, président de Druide informatique, est plus que fier du fruit de son équipe de travail : « Antidote est une suite d’outils d’aide à la rédaction et non pas seulement un correcteur. Nous accordons le même rang et la même attention à tous les outils, dictionnaires, conjugueur et grammaire, qu’au correcteur. Antidote n’est pas le plus rapide ni le plus lent, mais il est celui qui trouve le plus d’erreurs et qui a les réglages les plus efficaces. » Aux dires de la critique informatique, la version 2000 se veut le remède par excellence. Le Correcteur 101 : 100 % revu et corrigé ! En 2001, Machina Sapiens a mis sur le marché sa nouvelle version : Correcteur 101Symbiose Plus. Selon certains experts, c’est à en confondre les adeptes d’Antidote. Les versions antérieures du Correcteur 101 étaient évidemment performantes, mais elles présentaient diverses faiblesses qu’on ne retrouvait pas dans Antidote. Louangée par la critique informatique, la version Symbiose Plus assure ses lettres de noblesse au Correcteur 101 : Michel Dumais du Devoir qualifie le produit de « mature » et le dit plus « véloce » ; Yves Therrien du Soleil apprécie ce nouveau produit « moins 19 Qu’en pensent les rédacteurs professionnels ? Pour sa part, Jocelyne Bisaillon, réviseure et professeure de rédaction à l’Université Laval, préfère le correcteur intégré dans Microsoft Word, qui lui permet de « corriger les coquilles, les erreurs d’orthographe et certaines erreurs grammaticales ». Les correcteurs comme Antidote ou le Correcteur 101 n’apportent pas la rapidité que la réviseure attend d’un tel outil. « Je les trouve lents. Ils posent beaucoup de questions non pertinentes pour les personnes qui maîtrisent bien le français », précise-t-elle. Le logiciel a tendance à vouloir mettre des majuscules après tous les points, mais tous ne sont pas signe qu’une phrase est terminée. » Comme la plupart des rédacteurs et des réviseurs, cette professionnelle soutient qu’il faut bien connaître son français pour exploiter adéquatement de tels outils – ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas des gens qui choissent de les adopter –, car les explications grammaticales ne sont pas plus simples à comprendre que dans notre bonne veille grammaire. Marie-Éva de Villers abonde dans le même sens : « […] il importe vraiment de maîtriser les règles d’accord de la langue pour être en mesure de [faire les accords] soi-même, parce qu’on ne peut pas se fier au correcteur pour le faire et même, il y a un danger que le Rédiger. Le magazine de la rédaction professionnelle no 4, 2001 correcteur introduise des erreurs. », soulignait-elle au journal Voir. Comme ces habituées du crayon rouge, Jacques Ladouceur est d’avis qu’un rédacteur professionnel devrait pouvoir se passer de tels logiciels : « Ils sont tous imparfaits ! », dit-il. Caroline Lavallée, chargée de projet à Protégez-vous, corrobore ces opinions. D’après son analyse, les correcteurs ne sont pas efficaces à 100 % ni même à 80 % ! Ils négligent des erreurs, en ajoutent d’autres et tiennent peu compte de la ponctuation. De plus, le sens n’est pas corrigé. Dans une phrase comme « La maison a bien fleuri cet été », le correcteur n’y verra que du feu. Bien sûr, on se doit de nuancer et de tenir compte des limites de l’intelligence linguistique. La machine n’en est pas encore rendue à penser à notre place ! Mais nous pouvons certes profiter du fait qu’elle puisse maintenant nous rafraîchir la mémoire. réponse se trouvera peut -être un jour au bout de nos doigts… Visitez-les ! Druide informatique (Antidote) http://www.druide.com/ Machina Sapiens (Correcteur 101) http://www.machinasapiens.qc.ca/ Le saviez-vous ? ü En plus de proposer plusieurs outils d’aide à la rédaction en un seul coffret, Druide informatique et Machina Sapiens offrent des mises à jour gratuites de leur logiciel dans leur site Internet. ü Parmi ses nombreux produits, Machina Sapiens offre également un correcteur bilingue, un correcteur de l’anglais à l’usage des francophones et le premier logiciel de correction au monde à effectuer l’analyse complète de phrases complexes en espagnol. ü Pour chaque lot de dix exemplaires d’Antidote vendus au détail au Canada, Druide informatique remet un exemplaire gratuit à une école. L’avenir des correcteurs Les correcteurs s’amélioreront-ils dans les prochaines années? Oui ! Éric Brunelle le promet. « Tout s’améliorera encore, en vitesse, en puissance de traitement de la langue… Nous espérons qu’avec nos outils, les francophones vont continuer d’aimer leur langue, qu’ils vont contourner plus facilement ses écueils et qu’ils manipuleront plus aisément et plus justement sa grande richesse », souhaite le créateur d’Antidote. Jacques Ladouceur va aussi dans le même sens : « Je suis persuadé que les correcteurs s’amélioreront dans les prochaines années, mais je serais très étonné qu’ils deviennent parfaits, du moins à moyen terme ». Les logiciels se développeront-ils jusqu’à nous permettre de nous reposer entièrement sur eux ? Devrons-nous plutôt toujours nous méfier de cette technologie qui ne peut cerner tous les méandres de notre langue ? La 20 Rédiger. Le magazine de la rédaction professionnelle no 4, 2001
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