D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 4 Jean

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D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 4 Jean
D. Guillaume
LETTRES : PROGRAMME 4
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
Dates
Cours
1) Lundi 12 février
Intro. 1
Mardi 13 février
Intro. 2
Samedi 17 février
DS 1bis
2) Lundi 5 mars
Corrigé Ronsard
Mardi 6 mars
Thème 1 : Rhétorique et philosophie
>>>Résumés
>>Colles X (Ronsard)
3) Lundi 12 mars
Thème 2 : Amour et société
Mardi 13 mars
Thème 3 : Le théâtre des apparences
Explication 1 : pp. 132-133, « Qu’est-ce que le
talent des comédiens ? […] mal faire. »
Explication 2 : pp. 181-182, « Quoi ! ne faut-il
donc […] afin que tous en soient mieux unis. »
>>>Citations
4) Lundi 19 mars
Thème 4 : Morale et politique
Mardi 20 mars
Explication 3 : pp. 103-104, « Dans quelle
disposition […] ont épousé Bérénice. »
Explication 4 : pp. 178-179, « Je m’appuie
toujours […] tombe des mains à cette idée. »
Explication 5 : pp. 192-193 (note), « Une
danse de gens […] moment en leur vie ? »
Mercredi 21 mars
5) Semaine du 26 mars
>>Colles W
CB2
>>>DS2 (Rousseau)
6) Semaine du 2 avril
CB2
Corrigé DS2
BIBLIOGRAPHIE
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— 1) Stylistique et poétique
. Michel JARRETY (dir.), Le Lexique des termes littéraires, Le Livre de poche, 2001
. Nicolas LAURENT, Initiation à la stylistique, « Ancrages », Hachette, 2001
. Bernard DUPRIEZ, Gradus, « 10x18 »
. Anne HERSCHBERG-PIERROT, Stylistique de la prose, Belin, « Lettres sup », 1993
— 2) Sur les genres (théâtre, discours, lettre)
. Dominique BERTRAND (et alii) : Le Théâtre, « Grand Amphi »Bréal, 1996
. Alain VIALA (dir.), Le Théâtre en France des origines à nos jours, PUF, « Premier
cycle », 1997
. Michel CORVIN (dir.), Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Larousse, 1995
. Paul ARON et alii, Le Dictionnaire du littéraire, PUF, 2002 : articles
« argumentation », « catharsis », « didactique », « discours », « épistolaire », « philosophie »,
« théâtre » (« lyrique »)…
— 3) Textes de Jean-Jacques Rousseau :
. Lettre à d’Alembert sur les spectacles, éd. Marce Buffat, Garnier-Flammarion
n°1165, 2003 — avec le dossier
. Les Confessions, (en particulier livres IX et X) Gallimard, « Folio »
— 3) Sur Jean-Jacques Rousseau :
. George MAY, Rousseau, Seuil, « Écrivains de toujours », 1994 (1961)
. Ernst CASSIRER, Le problème Jean-Jacques Rousseau, Hachette, « Pluriel », 2006
(1932) ; La Philosophie des Lumières, Fayard, « Presse Pocket », 1993 (1932)
. Raymond TROUSSON et Frédéric S. EIGELDINGER, Jean-Jacques Rousseau au jour
le jour, Chronologie, Champion, 1998
. Raymond TROUSSON et Frédéric S. EIGELDINGER (dir.), Dictionnaire de JeanJacques Rousseau, Champion, 1996
. Jean ROUSSET, Introduction à la Lettre à d’Alembert, in Jean-Jacques Rousseau, Écrits
sur la musique, la langue et le théâtre, Œuvres complètes V, B. Gagnebin et M.
Raymond, Gallimard, « Pléiade », 1995
. Jean STAROBINSKI, Jean-Jacques Rousseau, La transparence et l’obstacle, Gallimard,
« Tel », 1985 (1971) ; en particulier « La fête », pp. 117-121
. Philippe LEJEUNE, Le Pacte autobiographique, Seuil, 1975, chap. « Le livre I des
Confessions », p. 144 sq. et 154 sq. (« Le sens de l’histoire », « Le désir et la loi »)
. Jacques DERRIDA, De la grammatologie, Minuit, 1967 ; « Le débat actuel : l’économie
de la pitié », pp. 243 sq. ; « Le théorème et le théâtre », pp. 428 sq.
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RÉSUMÉ
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— 0. Préface
+ [49] Réticence / attaquer d’Alembert, ms devoir ; transcrit passage sur le théâtre ; [51] doit réagir à ce
conseil dangereux et tentant ; [52] a déjà écrit des ch. moins nécessaire + lié aux Encyclopédiste > silence signe
de possible adhésion ; dévalue son ouvrage : froid malgré son zèle ; ms pas vain babil phi, vérité pratique >
diffus par souci de clarté ; [53] était malade et triste, d’où amusement et digression ; n’a plus et ne veut plus
avoir son Aristarque ; ms solitude apaise, ne hait presque plus les méchants, doit les oublier ; [54] maladie >
est au-dessous de lui-même, n’est plus, lecteur reçoit son ombre.
J.-J. Rousseau, citoyen de Genève, à Monsieur d’Alembert
— 1. La foi [57]
+ [57] Louanges nuisibles de D / pasteurs de G < nom de secte : [58] « socinianisme parfait » = pas se
prononcer par conjecture sur foi d’autrui ; [59] seul aveu secret au philosophe possible > publication par
l’écrivain = montre absence de l’aveu : pas dt de leur imputer si ne la reconnaissent pas ; Rss ne sait pas ce que
c’est que le soc. ms ami de tte religion paisible : pas croire l’absurde = pas faute de l’h ms de sa raison /N :
pas de mesure commune évidente à cette raison/ ; [60] /N à D pas protestant : distingue l’absurde et le
mystère : existe dogmes mystérieux ms incontestables ≠ absurdité/ soc pose qu’absurde de raisonner sur ce que
l’on entend pas : le laisser donc en paix ; pas choqué par rejet de l’éternité des peines ; [61] plus croyable que
Bible altérée que Dieu injuste ou malfaisant ; remercie donc D de l’esprit de philosophie et d’humanité qu’il
voit ds clergé de G ≠ hérétiques, ce que suppose nom de parti et dogme posés par D ; [62] jugeons les actions,
et laissons D juger de la foi /N : déclaration publique de défense de pasteurs 10 février 1758 rend db lettre Rss.
superflue/ ; telles disputes loin de son inclination ; [63] qu’on laisse officiers de vertu et ministres de la morale
en paix ;
— 2. Le théâtre [63]
Entre pas ds conjectures sur motifs de D ; disputes sur th entre préjugés des gens d’église et du monde
+ 21. Le spectacle en lui-même [64]
= amusement, donc mal si inutile ; oisiveté, mécontentement de soi-même rend nécess amusement ;
isolement de chacun au spectacle ; [65] gde diversité < h un ms modifié par historie et institutions : Ménandre
fait pour Athènes > déplacé Rome, gladiateurs pour République > [66] goût du sang Empire ; type spectacle
selon celui du plaisir, qui est l’essentiel : Trahit sua quemque voluptas > pour plaire = favoriser penchant au
lieu de les modérer ; sc. = tableau des passions humaines gales / seules quelques unes très partic sont haïes de
tous ; seule raison bonne à rien sur sc. ;
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[67] th ne peut changer des mœurs qu’il ne fait que suivre et embellir : cf. Mol. attaque mode et
ridicule ms choque pas le goût — jamais bne pièce ne tombe > ne choque pas les mœurs du temps /N : contre-ex
du Misanth./ ; [68] mœurs étrangères adaptées sur scènes aux nôtres : cf. Arlequin sauvage (Fr. Delisle de La
Drevetière, 1721 : th ital > 1 base du répertoire) ; th charge et non change les mœurs > bon aux bons et mauvais
aux méchants ; péotique du th prétend purger les passions en les excitant : mais j’ai peine à concevoir cette
règle
partisans du théâtre (Du Bos) disent que tragédie doit susciter passion inverse à celle du protagoniste ;
intérêt mal placé [69] tient à dépravation des auteurs et non à l’art ; peinture fidèle des passions suffit à les faire
éviter ; mauvaises foi ; pourquoi peines subséquentes aus passions feraient oublier joies de leur naissance ? ttes
passions sont sœurs et s’entraînent ; auteur doit choisir passion que ns aimons, et qui dépend du lieu (exs) ; [70]
th purge passion qu’on n’a pas, et fomente celles qu’on a > remède bien administré ?
agir sur les mœurs < force des lois, empire de l’opinion, attrait du plaisir ; or lois accèdent pas vraiment
au th (cf.N : forme et cadre, non humeur), opinion dicte au th, plaisir y ramène ; pas grand prodige, de faire
aimer vertu et haïr le vice, ce que nature et raison font déjà ; [71] doute même que l’on détestera moins Phèdre et
Médée à la fin d’une pièce si l’on a raconté leurs crimes avant ; amour du beau moral est naturel à l’homme
autant que l’amour de soi-même et ne lui vient pas de l’art, comme l’a déjà montré (ex. N = Nanine de Volt.
1749, tenue par seule réputation de l’auteur) ;
[72] tt le monde convaincu d’avance des principes gx de la comédie la plus parfaite ; sentiment ne se
corrompt qu’avec notre intérêt > méchant voit sur scène règles de vertu dont il s’excepte : vertueux d’immolent à
leur devoir et l’on attend rien de lui ; tgdie mène à pitié par terreur (Arist. + Crébillon) : restes faibles de pitié
naturelle (ex. de tyran [73] pleurant à des maux non faits par eux : Sylla, Pélopidas / Andq.) ; cœur s’attendrit
plus volontiers à des maux feints (D. Laërce) > croyons avoir satisfait à ts les dts de l’humanité : rien / infortunes
réelles > [74] cœur se resserre ; admirer de belles actions au th > content de soi, plus rien à faire ;
le représenté s’éloigne de ns (ex. Comte d’Essex de Th Corneille, 1678) ; th a ses règles propres : cf.
vertu aussi ridicule que parler en vers et se draper à la romaine ; [75] se rapprocher du monde = le peindre et non
le corriger ; charge ne rend pas vices haïssables ms ridicules, ce qui est arme du vice car éteint respect puis
amour / vertu ; diriger par leur forme les spectacle vers l’utilité public = une erreur ; Muralt dit bien que poète
altère rapport des choses pour les rapporter à notre goût : comique rabaisse et tragique élève par rapport à nous,
cf. règle Arist. = imitation bien entendue selon lui ; [76] se propose pour O ce qui n’est pt ; essentiel =
illusion, piquer curiosité du peuple ; but = applaudissement, bien nul et reste le mal > affaire décidée : cf.
exs.
Th fr aussi parfait qu’il peut l’être, pour l’agrément ou pour l’utilité ; nveau genre éphémère, trop lié au
génie d’un auteur (Diderot) > revenir aux moyens communs de plaire : du gd ds tragédie, comique et plaisant ds
comédie, amour ds les deux (≠ Gcs) ; [77] indifférence vice ou vertu < essentiel = air de grandeur ; sc fr, la
plus parfaite ou du moins + régulière = donc triomphe des gds scélérats (Catilina de Crébillon 1748 ; Mahomet
de Volt. 1741 ; Atrée et Thyeste de Créb. 1707) ; certes pas s’en tenir à la catastrophe pour l’effet moral d’une
tgdie : on préfère être Britannicus que Néron (Racien) ; ms Caton pédant, Cic. [78] rhéteur lâche, et Cat. le
criminel fait le grand homme > l’encourage : < notre goût = / savoir, esprit et courage et non vertu ; h qui abuse
de ses talents naturels mérite mépris et haine ; Atrée et Mahomet jouissent de leurs forfaits ; [79] pourtant,
Mahom. opposé en une scène au vertueux Zopire (N ≠ Omar, âme damnée de Mahom.) ; pièce justifiée par
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dénonciation du fanatisme, [80] ms prendre le glaive est le seul moyen de lutte, et grandeur diminue l’atrocité ;
Atrée lui n’a aucune excuse, critique du doucereux Plisthène, intrigue galante (entre ce fils de Thyeste que l’on
croit d’Atrée, et Théodamie, fille du même Thy) ; rôle de Thyeste = sent le plus l’antique < [81] homme et
malheureux donc intéressant, ≠ tendance du temps à faire héros sur scène et pas hs ds R ; anecdote Plutarque /
vieillard au théâtre, à qui seuls ambassadeurs de Sparte font place ; leçons claires de Phèdre racine, Œdipe
Corneille 1659 et Volt. 1718, [82] Médée de Corneille 1635 et Longepierre 1694 ; ms les montrer accoutume au
crime que le th tend même à présenter comme excusable : cf. Horace poignarde sa sœur (Corneille),
Agamemnon immole sa fille (Iphigénie de Racine), Oreste égorge sa mère (Électre Crébillon 1708 et Oreste
Volt. 1750) ; maximes des méchants paraissent avec éclat ; pour les Gcs = antiquités nationales ; [83] chez nous,
plus barbares que spectacles gladiateurs ; ms si loin de nous que moins nocive ≠ comédie
tout est mvais et pernicieux ds comédie, d’autant plus qu’elle est agréable et parfaite ; cf. ds sa
perfection cad naissance : Molière, école de vice et de mauvaises mœurs ; [84] honnêtes gens parlent, vicieux
agissent et réussissent : sots victimes des méchants > exciter perfides à punir sous nom de sottise candeur des
honnêtes gens = esprit gal de Mol et imitateurs ; dérision / dt des pères, maris, maîtres > d’autant plus coupable
que fait rire, charme invincible entraîne même les sages ; Bourgeois gentilhomme moins blâmable que le fripon
qui le trompe ; [85] Georges Dandin idem / sa femme infidèle, menteuse et impudente ; Avare id / son fils
insolent et voleur ; condamne comme tt le monde les valets /N ms vaut pê mieux que soient chargés du mal que
leurs maîtres ;
passons au Misanthrope : = découvre au mieux esprit de composition de Mol. = compose tableau
contraire au goût dominant pour le rendre comique ; [86] pour former homme du monde et corriger ridicules >
s’en prend aau ridicule de la vertu ; Alceste = homme de bien + Mol. lui confère rôle ridicule ; vrai misanthrope
serait un monstre qui ferait horreur, cf. à la comédie italienne La Vie est un songe de Louis de Boissy 1732 (<
Calderon : Sigismond violent et haineux avant d’être transformé par amour) ; ≠ misth : h de bien qui n’aime pas
mœurs de son siècle, justt car aime les hs ; [87] /N avertit que sans livre > citations pê inexactes/ dit haïr les hs
quand son ami est complaisant au mal > s’emporte ; supporte pas méchanceté et complaisance > tt h de bien
misth : ennemi max des hs = ami de tt le monde ; [88] malgré brusquerie, Alc. plaît par sa droiture : vertu du
pers. emporte sur art de l’auteur, même si Mol a mis ds sa bouche de ses propres maximes ; son ridicule apparaît
par opposition / Philinte, sage de la pièce, honnête h dont maximes ressemblent à celles des fripons : tt va bien
car leur intérêt est que rien n’aille mieux (liste) ; tort de Mol = d’avoir donné à Allc. fureurs puériles sur sujets le
méritant pas, incohérent / caractère, passion dominante du pers. ; froides railleries de Philinte [90] déclenchent
logiquement sa colère, ms pas trahison de Célimène, trahisons et abandons/ Mol. a donc mal saisi le misth. ;
après scène du sonnet, ne doit pas s’étonner qu’Oronte lui intente procès [VOIR] ; face à Dubois IV.4, doit rester
flegmatique ; [91] marquer différence entre misanthrope et h emporté ; Rss. propose de faire entrer A et P en
opposition avec principes, et accord avec leur caractère : A furieux contre vice public, et tranquille contre
méchanceté pers. ≠ P inverse ; cf. locataire irlandais au lit quand maison brûle > + vrai et théâtral, ms parterre
n’aurait pu rire qu’aux dépens [92] de P et non d’A /N. : possible pièce excellente aussi naturel que Timon
d’Athènes : cf. comédie Delisle de la Drevetière, T le misanthrope 1722 ; ms réussirait pas car on ne rit pas de
soi/ ; pointe mal venue / dépit de A qui en plus conseille chanson du Roi Henri comme modèle de goût : avilir la
vertu pour faire rire le parterre ; [93] Mol. émousse traits essentiels au caractère : A ne devrait pas hésiter à
donner son avis à Oronte ; son ami devrait pas l’inciter à aller corrompre des juges ; effet max. du pers. = quand
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doit être plus théâtral et plus comique de contraste, silence puis sentence / conversation chez coquette ; ms vrai
que serait galt moins comique si + misth ; en outre, doit bien vivre ds le monde > [95] atténuer pour le montrer
ridicule et non pas fou ; pièce admirable faite pour plaire à des esprits corrompus, prêchant un faux bien pire que
le mal, préférant usage du monde à la probité, milieu entre vice et vertu ;
successeurs de Mol ss génie flattent jeunesse débauchée et fs ss mœurs ; Dancourt (Chevalier à la
mode, 1687) : ne laisse que les oreilles de chastes ; Regnard + modeste ms pas – dgrx : [96] encourage filous :
cf. Légataire universel 1708 = incroyable qu’à Ps avec accord police possible jouer pièce où neveu d’un h qui
vient de mourir plaisante ds son appart > mort ressuscité se voit extorqué consentement de force > spect. se sent
complice de crimes qu’il a vu commettre ; chacun serait un peu fâché de voir tours échouer : on s’intéresse pour
filou ; [97] auteurs modernes épurent pièces > ennuient encore plus qu’elles n’instruisent : autant aller au
sermon.
Décadence du th, plus de force comique et de caractère > renforcer intérêt par l’amour, idem ds
tragédie : ne réussissent plus au th que des romans ; amour = règne des femmes à qui appartient la résistance
selon ordre de la Nature, ce que hs ne peuvent vaincre qu’aux dépens de leur liberté > cette évolution du th étend
empire des fs ≠ bien gvner hs ; [98] + charmant O de la nature = f aimable et vertueuse : où se cache-t-elle ? jne
h séduit par tel tableau imaginaire cherchera en vain ds le monde une Constance (cf. Préjugé à la mode de
Nivelle de La Chausssée 1735 + Fils naturel Diderot 1757) ou une Cénie (Mme de Grafigny, 1750) et courra se
perdre ; > pb. : respect des anciens pour les fs /N Matres Virgiles ≠ Dames…/ > [99] mœurs pures si l’on parle
peu des fs ; représentation seult. de fs esclaves ou publiques ≠ chez ns fs estimée si fait du bruit, on la voit, elle
juge, tranche ; pire sur scène : [100] tj dame de cour qui fait cathé au petit Jean de Saintré (roman Atoine de La
Sale, 1456) ; de même ascendant des jnes sur les vx ≠ nature ; obstacles ou amoureux ridicules ; heureusement
Lusignan (Zaïre 1732) et Philippe Humbert (Nanine) chez Volt. ; [101] vieillards tournés en ridicule par jnes et
par leur comportement à Ps où th ; même si sacrifié au devoir ou à la vertu, spectacle de l’amour prédispose à ce
sentiment : cf. patricien Manulus chassé du Sénat < baiser à sa f devant sa fille < feux purs peuvent en inspirer
d’impurs ; [103] spect. tj. du parti de l’amant faible ; rappelle à D spectacle vu avec lui avec plaisir : Bérénice de
Rac. ; db. =mépris / hésitation de l’empereur > intérêt max pour Bérénice, amoindrit dignité de Titus ; [104]
spect. pleurent, chacun veut que Titus de laisse vaincre : il reste le seul romain, ts les spect. ont épousé Bérénice ;
plutôt heureux et faible ; [105] tableaux de l’amour font tj plus d’effet que les maximes de la sagesse ; preuve par
Zaïre : amour coûte la vie aux deux amants + Orosmane se tue d’avoir poignardé sa maîtresse > qui en sort
prémuni contre amour ? [106] qq soit peinture, amour séduit tj. ; malhs ne le rendent que plus intéressant ; douce
image amollit le cœur, pers se croit obligé d’être un héros ; agrément achève dger ; [107] facile de montrer
rebutant amour non partagé, au lieu de se défier / illusions de l’amour qui croi que fondé sur estime : cf.. coup de
génie d’avoir rendu le misth amoureux d’une coquette (≠ tendance gale : fs modèles de perfection)
spectacle en gal, meilleures formes, [108] lumière d’un siècle éclairé > effet moral du spectacle pas bon
en lui-même ; ne peut qu’altérer les mœurs ; favorise penchants ; intérêt pour vertu n’y satisfait qu’amour
propre ; pas seult ch représentées ms aussi représentants,par leur goût du luxe, parure, dissipation, qui peuvent
nuire aux spectateurs
+ 22. Les spectateurs [108]
[109] favoriser amusement chez ceux dont occupations nuisibles, en détourner ceux dont
occupations utiles ; veiller à ceux des oisifs et corrompus (gde ville : th > cafés : épargnent honneur des fils et
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filles) / laisser libres pple simple et laborieux ; [110] pas multiplier divertissement ds petite ville où police
facile ; désœuvrement seult apparent : h de génie qui brillent à Ps viennent svent de province où ne se comparent
à pers. ; [111] ttes ses ressources en lui-même ; ds solitude relative, fermentation sup de l’esprit ;
cf. spectacle jeunesse = haut jura neuchâtelois, maisons séparées par terres qui dépendent de chacune
> isolement et société ; paysans libres de corvées et taxes diverses travaillent pour eux-mêmes et emploient loisir
à faire ouvrages de leurs mains ; nott. hiver ; [112] ds sa maison de bois, chacun est menuisier, serrurier etc. pour
lui-même + inventions qu’ils vendent aux étrangers : horloge, montres ; lisent, raisonnent, fabriquent instrument
divers ; dessinent et calculent ; [113] musique ; tradition ; psaumes à 4 parties avec fs et enfants ; finesse et
simplicité ;
hypothèse : établissement d’un théâtre au sommet de cette montagne ; tvx cessent d’être leur
amusement > [114] relâchement du tvl ; doivent le payer ; > nécess. augmenter les prix, ce qui fera partir certains
marchands ; faire des chemins l’hiver pour la troupe > augmenter dépenses publiques ; fs voudront se parer car
vues ensemble > [115] émulation > intro du luxe ; change R contre apparence > pple se ruine dès qu’il veut
briller ;
spectacle peut être utile en certains lieux : [116] pour empêcher que mauvaises mœurs dégénèrent en
brigandage ; ailleurs rend peuple inactif et lâche, morale douteuse > conséquence inverse d’av. : qd pple
corrompu, spectacle bon, et mauvais qd il est bon ; ms renforcement bien et mal tient à l’esprit des pièces et donc
variable et très faible ; effet d’inversion tient à l’existence du spectacle > constant et fort ; contenir mauvais ex
des comédiens par lois sévères et bien exécutées ? [118] difficile est de concevoir lois appropriées et d’exécution
évidentes, sinon avilit la loi ; mœurs ne se règlent pas par loi ; cf. Éphore de Spartes proclamant injonction
d’aimer les lois ; vraie prise gvt. / mœurs = par opinion publique >
[119] pb. instrument la dirigeant, cf. tribunal des Maréchaux de France établis juge du pt.
d’honneur (1643, 1657) ; Rss. préfère cour d’honneur, avec appariteur touchant accusé d’une baguette blanche
ss autre contrainte [120] sinon infamie ; juges de gde autorité = anciens militaires blanchis sous les lauriers ;
svrain devait s’abstenir de s’en mêler > pas condamner (comme fit LXIV) ts duellistes indistinctement > oppose
loi et honneur ; pas juste de s’adresser aux maréchaux et de proposer réparations cérémonieuses < pas
d’accommodement possible avec honneur ; pas logique d’applaudir sur sc Cid qui serait pendu place de Grève ;
> art de changer opinion ne tient ni à raison ni vertu ni lois ni violence ; moyens établis ne serviraient qu’à punir
les braves et sauver [122] les lâches : absurdes, et donc duels ont simplement changé de nom ; fallait laisser aux
maréchaux possibilité d’accorder le champ (> pas suspecter intervention royale) : décri des appels secrets ;
réputation croissante de la cour > [123] sévérité id et duels abolis d’eux-mêmes — alors que rares aujourd’hui <
chgt mœurs ; ts états doivent ressortir de cette cour, et pas seult nobles et militaires, aller à la racine (pple,
femmes) ; cour doit être redoutée de ts, roi compris (anecdote de la canne jetée par fenêtre pour ne pas frapper
Lauzun), [125] car réparation exigée : même pour roi, signe simple ms visible ; ms fort douteux que réussît <
contraire à l’esprit de la monarchie ; ms les négligeant, compromis autorité royale et perte de valeur / loi
excédant son pouvoir ; or préjugé en question = barbare : tt devoir social suppléé par bravoure, raison si tue ou
fait saigner : le boire ? ; [126] rois mêmes donc esclaves de l’opinion.
Fin de la digression ; th changera ds petite ville comme nôtre opinion publique > mœurs ; gvt ne peut
agir sur elles que par institutions primitives, puis peine seult à les maintenir / hasard ; on ne peut que prévenir
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ses changements ; [127] Consistoire laisse établir comédie = déjà marque de son impuissance > sera tourné en
ridicule ou comédiens chassés.
+ 23. Les acteurs [127]
Envisager hypothèse des comédiens honnêtes gens, même si conséquences néfastes indépendantes de ce
pt. ; état gal de mvses mœurs ; [128] profession partt méprisée /N exception anglaise / Mlle Olfield = pour
talent/ ; d’autant plus que mœurs pures ; préjugés certes, ms universelles et donc causes id ; cf. Romains avant
christianisme : acteurs infâmes et actrices prostituées ; [129] pourtant spectacles inclus ds religion, ms État doit
parfois protéger professions déshonorantes ; comédiens et histrions idem (cf. Cic. / Ésope et Roscius) ; [130]
comédiens esclaves si public pas content ; seul pple ≠ : Gcs < tgdie inventée là, profession dont on connaissait
pas les effets donc ; tgdie sacrée > acteurs proches prêtres ; sujets pièces tirés antiquités nationales ; pple se
rappelait avec plaisir ses anciens malh et crimes ≠ liberté présente ; tgdie d’abord jouée que par hs ; [131] pas
d’intérêt matériel ; spectacles donnés sous le ciel + victoires et prix, émulation, élévation de l’âme ; ms Grèce
pas citée pour ses mœurs, sf Sparte, qui ne souffrait pas de th. ; lois des Romains ne faisaient que suivre nature
des choses : [132] pas seult préjugé ?
Talent du comédien = se contrefaire, paraître ≠ de ce qu’on est ; profession = se donner en
représentation pour de l’argent, met sa personne en vente = qqch de servile ; esprit = bas, faux, orgueil,
avilissement > propre à tt pers hors celui d’h qu’il abandonne ; certes donne imitation pour telle et donc
innocente ; lui pas fourbe ; ms talent de tromper = [133] innocent seult à la scène ; pas en user pour séduire
jnes ? voler ?; ≠ orateur, qui se montre pour parler et ne représente que lui-même : h = personnage ; ms
comédien montrant d’autres sentiments que les siens, s’annule avec son héros ; le pire = [134] honnête h
jouant rôle de scélérat ;
source de mauvaises mœurs < désordre des actrices entraînant les acteurs ; pourquoi = demandé
seult en ce siècle où erreur et préjugés règnent sous nom de philosophie ; mœurs des deux sexes tj liées : cf. Angl
durs et féroces / douces et timides > exs, [135] se retrouvent ds recherche d’un bonh pas d’apparence ; vie des fs
découlent de leurs mœurs / hs à cause affaires à juger ds plaisirs ; étudier fs pour connaître hs ; seules bonnes
mœurs pour elles = ds vie retirée et domestique ; tte f qui se montre se déshonore : malgré protestation de la
philosophie qui étouffe loi de la nature ; affirme convention des lois sociales, [136] pourquoi manifestations
différentes de désirs identiques ? ms honte aussi naturel que le sentiment > cf. auteur de tte chose ; on ne peut
rendre compte des raisons de la nature ; honte naturelle protège deux sexes ds faiblesse et oubli d’eux-mêmes ;
pudeur comme arme naturelle du sexe destiné à se défendre ; [137] si ordre attaque / défense changé, amour
serait destructeur et fléau de la nature ; en outre, pudeur enflamme désir, et donne du prix à ce qu’elle
donne ; ts austères devoir de la f dérive du seul fait qu’un enfant doit avoir un père = voix de la nature, crime de
l’étouffer ; [138] /N audace masculine ≠ brutalité ; art d’aimer = lire consentement ds les yx/ nature donne
douceur d’apparence et de caractère et moindre force physique aux fs ; [139] du raisont. à l’expérience : pas
préjugé cult., puisque pudeur max ds état social le plus proche du primitif, cf. filles des montagnes ; ex. des
anx ne vaut pas < n’ont pas en eux image du bien et du beau ; ms se cachent pour certains besoins ; [140]
agaceries entre deux pigeons ; pas de spectacle + touchant qu’une mère entourée de ses enfants : f hors de sa
maison (laquelle comme corps ss âme) perd son plus grand lustre ; [141] f ds monde plaît ss intéresser ;
universellt. respect à proportion de la modestie ; chez les anciens, vivaient retirées : place en retrait au
spectacle (peine de mort si se montrent aux JO), id. maison ; [142] pas d’assemblée commune > plaisir de se
8
revoir ; [143] tt changé depuis armées barbares traînant fs ds leur armée : licence des camps + froideur
septentrionale > autre manière de vivre favorisée par livre de chevalerie avec enlèvement etc. : école de
galanterie > cours et villes > politesse en progrès devient grossièreté ; cf. embarras des provinciaux et étrangers ;
comédiennes : se montrer au public pour de l’argent : incompatible / bnes mœurs ; mise à prix en
représentation > en personne ; [144] trop à rougir > ne rougit plus ; f vertueuse actrice = exception incroyable, et
scène lui ferait perdre ce caractère ; [145] cf. morale sur scène > pas ds foyers ; état déshonorant > sentiments
déshonnêtes ; seul moyen = ôter la cause ; défendre vice au comédien = comme défendre maladie à l’h ; dc
comédien honnête doublement estimable ;
— 3. Genève [146]
+ 3.1. Impossibilité pratique
[146] répugnance de mettre concitoyens sur scène > diffère d’en parler, ms nécess. pour précision de sa
démonstration ; Genève riche, ms sans énorme disproportions, et surtt par force du travail ; chacun n’a le
nécessaire qu’en se refusant le superflus > loi somptuaire ; [147] vie et activité ; cf. quartier St. Gervais /
horlogerie etc. ; trésor = bras, emploi du temps, vigilance, parcimonie ; 80 mille âme Genève ; Lyon + riche et 56x plus peuplé = entretient juste un théâtre ; Ps. = 3, + 1 une partie année > [148] à peine 1000-1200 spectateurs
en tt ; gds ports Bdx et Rouen, ville de G Lille et Stsbg = 1 th, au prix de taxes involontaires ; bcp d’autres
villes + gdes que G ne peuvent soutenir un th. ; proportion / Ps 600 mille habitants > Genève = 48 max.… ;
[149] habit et parures coûtent ; pas possible que spectacles austères ; troupe ne peut être trop peu nombreuse ;
manque spectateurs : Genevois aiment la campagne : chasse, beautés ; [150] portes fermées avant nuit > peu de
gens aisés y résident l’été, voire n’y possèdent pas d’habitation l’hiver ; ≠ Ps, où campagne lointaine et difficile
d’accès ; > seule solution pour avoir + de spectateurs = laisser portes ouvertes, cad. compromettre sûreté pour
plaisir < proximité de 3 puissances ennemis (Fr., Savoir, canton de Berne) ; [151] en outre, spectacle déserté
pour raisons morales, patriotiques et religieuses /N ne croit plus qu’on puisse être vertueux ss religion/ ; > th ne
peut se soutenir par seul biais des spectateurs > cotisation des riches ou appui de l’État : retrancher
dépense ? [152] prendre sur réserve ? baisser diverses dépenses ? augmenter taxes par décision solennelle du
Conseil général ;
+ 3.2. Conséquence : rupture d’un équilibre social — les cercles
voir conséquences si théâtre établi, avec comédiens contenus par lois ; révolution ds les usages > ds les
mœurs : [153] bonne ou mvaise ? en tt État existent usage tenant à la forme du gvt ; cf. coteries en Angl.,
tournées en dérision par Spectator > cafés et mauvais lieux ; à Genève = « cercles » ; « sociétés » ds enfance
Rss., ms moins régulières = armes au ptps > prix : fêtes militaires ; chasse > table, campagne et amitiés ; après
discordes civiles des années 1734-38 > assemblées fréquentes et calmes, sociétés tumultueuses > RDV +
honnêtes : cercles ; 12-15 se réunissent ts après-midi ds apt loué, meublé et équipé en commun : jouer, causer,
lire, boire, promenade ; fs et filles de leur côté id, tantôt chez l’une ou l’autre : carte, goûter, babil ; simples et
innocents amusts convenant à des mœurs républicaines ; adieu si comédie ; pourquoi leur abolition mauvaise ?
[155] doit s’expliquer < n’écrit pas que pour des d’Alembert ;
selon indications de la nature, hs et fs doivent galt être séparés ; trop de contact > fs perdent mœurs,
hs id + leur constitution : fs les rendent fs : or ds une Rép., faut des hs /N. : rois a besoin d’hs pour la G, peut
prendre 3x + de fs + autre N 1782 : plaisanterie a été prise à la lettre en Fr./ ; anciens passaient vie en plein air
9
[156] presque tj tête nue /N : Égyptiens crâne dur car tête nue ≠ Perse coiffés de tiares <ms perse Cambyse bat
Psammétique III à Péluse> ; pt de fs ; hs d’aujourd’hui méprisent fs qu’ils servent et méprisent, étouffant et
s’agitant ds leurs salons, ≠ Orientaux assis en plein air ; [157] exs de l’académie = jeu d’enfants / gymnase
d’av. ; plus paume ; cf. marche des soldats gcs et romains, même effeminé Othon armé de fer à la tête de la
sienne ; ns sommes déchus en tt ; pourtant, Barbares du nord + gs et fort / petits Romains /N : ms discipline a
prévalu sur nature/ ; [158] barbares comme spartiates imitaient pas les fs ms les rendaient fortes ; contrarier la
nature amollit aussi l’esprit, dont productions s’en ressentent /N : fs en gal n’aiment et ne se connaissent en
aucun art, n’ont aucun génie : seult petits ouvrage, ms pas grandeur sublime : exception = Sapho et Héloïse/ ;
[159] ouvrages de notre temps donc petits et froids, éphémères comme lui ; fs perdent à cet usage ; galanterie
gale étouffent génie et amour ; critique de ce maussade jargon ; [160] amour = passion si terrible que même
« je vous aime » est fadeur à repousser ;
cercles conservent qqch des mœurs antiques ; hs entre eux pvent parler patrie et vertu ; ni bon mot ni
ménagement > esprit juste et vigoureux ; qqs propos licencieux ms pê pas les moins honnêtes ; on eut bouger au
gd air ; [161] forment amis, citoyens, soldats > bons pour pple libre ; commérages fém. valent mieux que tête à
tête avec hs ; horreur de la calomnie ; fs font office de censeurs, cf. accusations publiques à Rome par zèle pour
justice, qui avec corruption gale devinrent délateurs infâmes ; [162] qu’elle médisent tant que c’est entre elles ;
conforme à la nature que deux sexes aient goûts et occupations diverses /N dvlper ds ms autre > 1782 : = NH/ ;
abus tj possible, ms règle simple = [163] si bien surpasse le mal ou non ; mvais en soi le sera tj. > ≠ce entre
cercles et spectacles ; cercles = meilleures liaisons possible car publiques, permises, ordre et raison ; tt excès
mauvais : cf. vin ; ms pas un crime ; rend plutôt cordial et franc /N sinon ; révèle vérité d’un mvais caractère/ ;
ceux qui dénonce ivresse ont des raisons de s’en méfier : cf. Napolitains / Suisses ; mieux vaut être sobre et vrai ;
// moral-politque : pple péri jamais du vin, mais tj des fs < ce dernier engendre ts vices, l’autre en détourne ;
[165] vieil ivrogne moins pernicieux qu’un jne séducteur, dont mieux valu qu’il ne fût point ; abus du jeu =
affaire de police : suffit de mettre en honneur jeu d’ex et d’adresse ; défauts pas ds cercles, ms ds hs ; pas
chercher perfection chimérique, ms mieux possible selon nature h et constt° société ;
[166] 2 ans de comédie > tt blversé : heure du th = des cercles > les fera dissoudre ; réunions
journelles des deux sexes etc. > agréable vie de Ps et bons airs de Fr substitués à ancienne simplicité ;
intentions dtes encore ms mœurs inclinent vers décadence ; [167] enfants plus policés > + impertinents ;
enfants formés à distraire les fs > leur ressemblent, même garçons ; plus grossiers de mon temps : à la chasse
avec pères, timides devant adultes et fiers querelleurs entre eux ; [168] défis physiques, petits polissons qui
deviendraient hs ; reste vrai du plus gd nbre ;
+ 3.3 Conséquence : vers une destruction du régime de l’État
succès des comédiens rompra équilibre qui doit régner entre diverses parties de l’État ; cf.
argent ; spectacle comme taxe ; [169] or mauvaise car rien n’en revient au souverain + ne peut être
proportionnelle à la fortune des spectateurs /N même si chgt : pauvre se ruinerait à payer meilleures places,
comme à la foire/ ; inique comme impôts sur blé, vin, sel ; [170] /N sur fait que taxe portent tj sur le nécessaire,
de façon à n’accabler que le pple/ ; pvre va au spectacle par tentation + pour échapper à rudesse de sa condition ;
> favorise inégalité des fortunes, cq pas gênant ds une monarchie avec ordres, ms [171] emporte démocratie où
S et souverain sont mêmes hs, par perte d’équilibre ; ds une Rép, opulence d’un particulier peut le mettre audessus des lois ;
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fruits de pièces ? orienteraient goûts vers ce qui convient le moins ; tgdie vers tyrans et héros ; [172]
vaine admiration de la gdeur ; comédie > tort de mépriser des vices estimés ailleurs : Platon bannissait Homère
et ns admettrions Molière ? héros raciniens doucereux, et tt th fr ne respire que tendresse, à quoi on sacrifie tte
autre vertu ; [173] peinture amour de la patrie et de l’humanité touche le plus les vertueux, ms si sentiments
éteints, ne reste que l’amour simple, + naturel, à admettre seult comme supplément des bons sentiments ; le
plus méchant s’isole ; ms attachements désordonnés détourne de ts les autres ; passions max dgreuses pour
Genevois, qui n’ont que trop de penchants à aimer, cachent âme ardente et sensible ; [174] s’exposer au combat
de la vertu contre amour par spectacle = mériter s’y succomber, d’autant qu’amour peut prendre masque de la
vertu ; même goût <175 = art de se connaître en petites choses> acquis serait faux, car y faut imitation,
comparaison, réflexion, gdes villes, beaux arts et luxe, galanterie voire débauche, vices à embellir ;
[175] comédiens ds ville de 24 mille âmes seraient mauvais ; pas importer pièces ss examen, ms les
composer sur place, par imitation de ch honnêtes /N. Plat. Rép. III/ ; [176] héros du passé comme chez Gcs >
Berthelelier ? Lévrery ? [combattants duc de Savoie qui voulait assujettir G ; exécutés 1519 et 24] ms leurs noms
communs déshonorent leurs grandes âmes /N : B = leur Caton (d’Utique), arrêté jouant avec belette ; L = leur
Favonius (proche de Caton, l’imitant) ; tyrans = gentilhs de la cuiller /N : savoyards ayant fait vœu de
brigandage contre G/, évêques G, comtes de Savoie, Diable et Anéchrist il y a 50 ans /N lu telle ds sa jeunesse :
comte = vrai Diable apparaît > effroi ; plus terrible serait main sortant du mur et traçant mots au festin de
Balthazar roi de Babylone [déchiffrés par Daniel : mané, thécel, phares] ; poètes lyriques n’en savent autant ;
[177] tt pvait être sérieux chez Gcs ; à présent n’échappent au ridicule que gds États, même si vrai
héroïsme se trouve ds les petits ; comédie pas possible, car ds petite ville deviendra tj satire partic. ; au th
se prépara mort de Socrate + Athène périt par fureur du th : chagrin de Solon au 1er spectacle de Thespis ; [178]
G mal parti si travestisst en beaux esprits fr. ; ms que Volt. compose tgdies comme Mort de César et Brutus I (ss
amour) et vive autant que ses pièces ; établisst des comédiens = signe que déjà goût de la dissipation ; honorés,
seraient égaux de ts ; [179] bientôt impunité et imitation d’eux > en moins de 30 ans, comédiens seraient les
maîtres de l’État /N comédie ne peut tenir à G que si fureur ; ou réforment leur mœurs, ou corrompent les
nôtres ;
Voilà réponse à partie superflue d’un article ; [180] quelle urgente nécessité ? vice a déjà fait tel
progrès ? farces pas comparables < passagère + leur grossièreté les rend inoffensives, plus contraire à la
politesse qu’aux bnes mœurs : qu’une fille voie cent parades plutôt qu’une fois L’Oracle (1740, Germain
François Poullain de Ste-Foix) ; [181] mieux d’enlever les tréteaux, ms pas les remplacer par comédiens : cf. ex.
de Marseille ds pays de D = résiste même aux ordres du ministre ; essai impossible : forcément ss retour car
départ > ennui
+ 3.4. Apothéose : la fête [181]
Aucun spectacle ds Rép ? Au contraire, bcp ; [182] sous forme fêtes publiques dont G a déjà
plusieurs ; pas d’enfermement ds antre obscur avec cloisons et pointes et soldats ; plain air ; plaisirs ni
efféminés ni mercenaires ; on n’y montrera rien ; liberté > affluence = bien être ; piquet couronné de fleurs au
milieu d’une place ; spectateurs = spectacle ; revues ts les ans, prix publics : arquebuse, canon, navig. ; [183]
/N : utilité des spectacles car peuple doit vivre agréablement pour bnes mœurs et assiette de l’État/ faire id. pour
se rendre dispos et robuste : prix gym comme militaires ; joutes de bateliers ; ardeur [184] métamorphose ce
pple si rangé qui devient méconnaissable : vif, gai, uni ; l’hiver = favoriser bals entre jne pers à marier ; notre
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religion suivant et réglant la nature montre son institution divine ; [185] que jnes se voient et se plaisent sous les
yx de ts ; si pasteur prêche gêne servile > contournée en têtes-à-têtes clandestins : vice ami des ténèbres ; >
autoriser ces rassemblts ; [186] qu’un magistrat préside à ces bals /N. cf. « Seigneurs-Commis » pour corporation
de chaque métier/ enceinte de gens âgés à saluer > larmes de joie et svnir ; pers la plus honnête et modeste
couronnée reine du bal par seigneur commis ; [187] si mariée ds l’année, présent de la Seigneurie (Ptt Conseil) ;
si plus belle, plus méritoire de résister ; ds intervalles, chq sexe se livrerait à ses occupations + patiemment ;
occasion de paix entre familles ; premier choix des jnes [188] dépendrait plus de leur cœur ; liaisons + faciles >
+ de mariages et moins d’inégalités > conservation, concorde et prospérité de la République /N. Rss. s’amuse du
apradoxe / jugt sur son livre : aime les fs, Racine et Molière ; respecte Crébillon père, ms vue partic ne doit
détourner sa plume : vitam impendere vero (< Juvénal)/ ;
[189] > admiration des étrangers, dont Rss. pense que n’ont apporté que mal à sa patrie ; encourager
les Genevois à revenir chez eux, qui partent tant, moitié éparses en Europe ; [190] que voix leur crie de revenir
au milieu de la pompe des gds États ; cf. Sparte où tt était plaisir et spectacle ; [191] et danse de jnes
Lacédémoniennes, nues ? si aussi chastes qu’élèves de Lycurgue ; et d’ailleurs parure + dgreuse car fait appel à
l’It°, alors que seuls sens restent bornés ; cf. ravage d’une Chinoise avançant bout du pied à Pékin ; [192]
dévoilement stratégique > pampre défend mal grappes mûres (Virgile, Géorgiques I) ; terminer digressions ;
fêtes Spartes = aussi simplicité et esprit martial /N. svnir d’enfance : ex régiment de St.Gvais > dîner par
cies > rassemblt sur place pour danser : 5-600 hs serpentant en cadence, certain aspect militaire ds plaisir >
sensation très vive ; spectatrices aux fenêtres (alors que couchées car tard) > descendent > arrêt danse et
attendrissement gal ; son père l’embrasse et tressaille ce qu’il sent encore : aime ton pays et vois ces Genevois, ts
amis ; ts trop ivres de joie pour reprendre danse ; seule joie = publique, et nature ne règne que sur pple/ [193]
ex. Plutarque : à Sparte, trois danses en trois gpes selon âge > couplets : vx, hs, enfants ; [194] = spectacles
qu’il faut à des Rép. ; pour ce dont a dû traiter pour répondre à l’article « Genève », vigilance des magistrats
saura le prévenir ; ne peut instruire + sage que lui ; console jnesse de ne pas avoir cet amust et lise fin article D ;
solide bonh préférable aux vains plaisirs ; vertus à transmettre = vœu par lql achèvera ses écrits, et sa vie.
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INTRODUCTION
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
I. Aventure, dogmes et utopies :
itinéraire de Jean-Jacques Rousseau
— 1) Enfance et aventures (1712-1731)
+ a> Genève (1712-1728)
. a1. En famille (1712-1722)
— Mère meurt en couches ; père : horloger huguenot, qui doit quitter ; lui
donne goût du romanesque et amour de la patrie (cf. fin LAS) ; dispute
avec pers. important de la ville > doit la quitter et se remarie à Nyon : peu
de contacts.
. a2. À Bossey, chez le pasteur Lambercier (1722-1724)
— Confié par son oncle maternel ; apprentissage scolaire ; découverte de la
volupté < fessée de Mlle Lambercier, sœur du pasteur.
. a3. En apprentissage à Genève (1724-1728)
— Chez un greffier, puis maître graveur ; dimanche 14 mars 1728 : grilles d al
ville se ferment avant qu’il puisse rentrer de promenade > s’en va.
+ b> Une double conversion : Mme de Warens et le catholicisme (1728)
. b1. Annecy et Mme de Warens (1728)
— Arrive à Annecy, chez Françoise-Louise de Warens (1699-1762) : devient
aussitôt son « prosélyte » ; protestante convertie au catholicisme (1726), et
qui reçoit pension de l’église pour diffuser cette religion ds région de
Genève (fait annuler même année son mariage : f. très libre pour son
temps).
. b2. Turin (1728-1729) : catholicisme, amour et domesticité
13
— Va à pied à Turin pour officialiser abjuration du protestantisme et
conversion (baptême) ; amourettes et domesticité : épisode du ruban rose,
dont accuse de vol l’innocente Marion.
+ c> Périple (1728-1731)
— À Annecy, Mme de W (« maman ») lui veut métier : tente religion au
séminaire, musique à la maîtrise de la cathédrale.
— > vagabondage de presque un an :Suisse, Paris, Lyon = découvre ce qui
sera son seul gagne-pain régulier : copie de la musique.
— 2) Le bonheur et la gloire (1732-1750)
+ a> Amour et musique (1732-1739)
. a1. Maître de musique à Chambéry (1732)
— Tj. sur injonction MW, après emploi au bureau du cadastre de Savoie :
auprès de jne filles de bonnes familles qui le troublent.
. a2. Mme de Warens : l’initiation (1733), l’idylle et le partage (1736-1739)
— Pour l’écarter de la tentation : MW décide de le « traiter en homme » ; Rss.
rassuré de la partager avec amant en titre, intendant jardinier Claude Anet,
qui meurt en 34 ; R. la partage avec divers amants, dont nvel intendant :
Wintzenried ; reste période de l’idylle des Charmettes (maison de
campagne aux portes de Chambéry).
+ b> Musique et monde (1740-1744)
. a1. Lyon (1740-1741)
— MW donne à Rss. de l’ambition (+ souhaite l’éloigner ?) > précepteur à
Lyon, où se fait surtt. des relations > vise Ps. : cf. Épitre à Parisot,
« J’appris à respecter une noblesse illustre, / Qui même à la vertu sait
ajouter du lustre. / Il ne serait pas bon dans la société / Qu’il fût entre les
rangs moins d’inégalité. »
. a2. Paris (1741-1744) : musique et mondanité
— Propose à l’Académie des sciences nvlle méthode de notation musicale +
fréquente milieux financier (Dupin) > proposition :
. a3. Secrétaire d’ambassade à Venise (1743)
— Secrétaire du comte de Montaigu, ambassadeur de France : échec > chassé
pour insolence ; « fiasco » aurpès de la courtisane Zulietta, au sein borgne.
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+ c> Paris, la littérature et la philosophie (1744-1750)
. c1. Rencontre Thérèse Levasseur (1745, 1746 ?)
— Servante illettrée (1721-1801) qui sera compagne de Rss. : encore plus
timide que lui ; satisfaction sensuelle sans passion, ms attachement
grandissant ; l’épouse symboliquement en 1768.
— 5 enfants entre 1746 et 1753 : donnés à l’Hospice des Enfants trouvés >
dénoncé par Voltaire en 1764.
. c2. Diderot : de L’Encyclopédie à l’illumination de Vincennes (1744-1749)
— Reprend brillantes fréquentations : fait connaissance avec les d’Épinay +
jne sœur de M. d’Épinay : future comtesse d’Houdetot.
— Tente de se lancer avec opéra : Les Muses galantes (échec) + met au point
pour la scène opéra de Voltaire et Rameau, Les Fêtes de Ramire.
— Rencontre Diderot, isolé comme lui de sa famille et qui comme lui forme
un couple asymétrique (Antoinette Champion).
* Rss. peut être effarouché par matérialisme vitaliste de Did., qui va
s’affirmant (Lettre sur les aveugles, 1749) — ms qui lui présente
sensualiste Condillac.
* C’est pour ses compétences musicales que Diderot le recrute, fin 1748,
pour l’Encyclopédie : = Rss. écrit db. 1749 près de 400 articles portant sur
le domaine musical.
* Did. écroué à Vincennes en juillet 1749 < son œuvre : Rss. bouleversé lui
rend visite > « illumination » (ss doute fictive) d’où sortit le premier
discours : « À l’instant de cette lecture je vis un autre univers, et je devins
un autre homme. »
. c3. Le Discours sur les Sciences et les arts (1750)
— Réponse à la question posée par Académie de Dijon : « Si le rétablissement
des sciences et des arts a contribué à épurer nos mœurs. »
* JJR. publie son texte couronné, anonymement : « Par un citoyen de
Genève » = n’a plus ce titre depuis sa conversion au catholicisme à Turin
1728 ; positionnement extérieur.
— Démonstration historique : àp. d’un « rétablissement » situé à la
Renaissance ; montre que sciences, lettres et arts ne font que poser « des
guirlandes de fleurs sur des chaînes de fer » < étrangers à la morale ; idem.
15
/ politesse liée au raffinement des mœurs = seult. parure, « étrangère à la
vertu, qui est la force et la vigueur de l’âme » ; Socrate loue ignorance,
Caton conseille sur devoirs ; prosopopée de Fabricius [consul IIIe siècle :
prototype de la vertu chez Juvénal et Plutarque] revivant sous l’Empire :
« Dieux, eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces
foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? Quelle
splendeur funeste a succédé à la simplicité romaine ? »
— Démonstration logique (rationnelle) : chaque science liée à un vice ; max. =
« vaine curiosité » (soif de vérité) ≠ vertu (utile) ; corruption du goût suit
celle des mœurs (> dégradation de l’art même) ; conseils du roi doit
comporter gens vertueux : « O vertu, science sublime des âmes simples
[…] Tes principes ne sont-ils pas gravés dans les cœurs ? Et ne suffit-il pas,
pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même et d’écouter la voix de la
conscience dans le silence des passions ? Voilà la véritable philosophie… »
— Premiers fondements de la révolution rousseauiste :
* S’écarte de tous les encyclopédistes, convaincu que les progrès de la
« civilisation » accompagnent ceux des mœurs : raffinement de l’esprit >
plus grande délicatesse morale et accroissement du bonheur individuel,
dont bien-être collectif découle ; Lumière suivent un tropisme de la
sociabilité, comme révélateur et amplificateur de la rationalité : thèse de
Voltaire, de Diderot aussi qui veut donc « rendre la philosophie populaire »
[> primauté absolue de la liberté d’expression].
* Rss. conteste radicalement foi ds unité entre « conscience morale » et
« conscience culturelle » (Cass. 344) > « le rationalisme éthique […]
désormais l’emporte sur le rationaliste théorique » (Cassirer, PL. 349) :
« monde du savoir » subordonné au « monde de la volonté ».
— Succès éclatant :
* Couronné par Dijon : ss doute aussi en opposition / Paris.
* Db. de la renommée de Rss. : salué par d’Alembert ds « Discours
liminaire » à l’Encyclopédie (1751) + répond à diverses réfutations qui lui
permettent d’affirmer sa pensée [≠ Volt. : pas tps de lire « thème que les
écoliers composent pour des prix de l’Académie de Dijon »].
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— 3) Apogée du système (1751-1762)
+ a> Paris (1751-1755)
. a1. Une « réforme personnelle » (1751)
— Prix accordé au discours > Rss. décide de conformer sa vie à ses principes :
« Je ne trouvais plus rien de grand et de beau que d’être libre et vertueux,
au-dessus de la fortune et de l’opinion, et de se suffire à soi-même. »
— > quitte emploi de secrétaire auprès de Mme Dupin (femme de fermier gal)
> copiste de musique à dix sous la page.
. a2. La scène : Le Devin du village (1752-53) et la « querelle des Bouffons » (1753)
— août 1752 : troupe de comédiens italiens (dits « bouffons ») s’installent à
l’Académie royale de musique < y jouer « opéra-bouffe » = opéra sur
registre comique, parfois proche du populaire (≠ « opéra-comique » <
entièrement chanté) > déclenche opposition entre « coin du roi » [favorable
à tradition française de la tragédie lyrique, cf. Rameau] et « coin de la
reine » [pour ouverture à ce nouveau genre, connaissant déjà succès
européen] > 1754
— Le Devin du village (octobre 1752 à Fontainebleau > mars 1753 à
l’Académie royale de musique) : intermède chanté et dansé qui met en
scène Colette et Colin se soupçonnant d’infidélité (/ dame de la ville…) >
réconciliés par le devin ; proche du genre italien : très grand succès (>
source d’inspiration pour jne Mozart : Bastien et Bastienne, son premier
opéra), avec notamment innovation de récitatifs tentant de s’approcher /
langage quotidien ; Rss. refuse présentation au roi, qui aurait permis
pension — ms dépendance…
— Lettre sur la musique française (août-décembre 1752 > publié novembre
1753) : = prône prédominance de la mélodie, elle-même liée à la langue
nationale > valorise musique italienne (en particulier Serva padrona, de
Pergolese / française, où domine le principe d’harmonie théorisé et mis en
pratique par Jean-Philippe Rameau, à la suite de Lulli : Rss. impose idée de
la « musique qui parle au cœur » et accroît l’expressivité du texte +
articulation livret / musique / théorie > nveau profil de compositeur : cf.
Wagner…
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— Au bout du compte (1754) : bouffons chassés et opéra français se referme
sur lui-même ; ms. : fermentation formelle à la Comédie italienne et à la
Foire…
. a3. Le Discours sur l’origine de l’inégalité (1753-1754 > 1755)
— Décide en nov. 1753 de répondre au nouveau sujet du concours de
l’Académie de Dijon : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les
hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? »
* 1754 : retourne à Genève, et y voit MW pour la dernière fois.
* Juillet : revient officiellement à la religion protestante et retrouve ses
droits de citoyen + compose son discours.
— Méthode = se fonder sur la nature de l’homme > écarter tous les faits.
— > I. Tableau de l’homme primitif :
* Robuste et sain, sans réflexion (< « l’homme qui médite est un animal
dépravé ») ; dimension spirituelle = volonté ; perfectibilité.
* Longue réflexion sur la naissance du langage : cris et gestes (expression >
convention…) ; discussion abandonnée < « La parole paraît avoir été
nécessaire pour établir l’usage de la parole. » ; origine non purement
humaine.
* Ni bon ni méchant, mais doué de pitié
* Surtout : solitaire ; pas de relation suivie / d’autres hommes > pas de
dépendance.
— > II. Étapes ds l’instauration de l’inégalité :
* Recherche de sécurité > groupement pour action commune : agriculture >
partage et propriété > inégalité [raison pratique et économique].
* Groupement > préférence > inégalité [raison sociale] — autre
conséquence = pour son avantage, « se montrer autre que ce que l’on était
en effet », disjonction de l’être et du paraître (amour de soi > amourpropre).
* Riche veut employer à son service pauvres cherchant protection > société
et lois, de fondation inégalitaires : « magistrats » (cf. Contrat social) ;
deviennent héréditaires > pouvoir arbitraire.
— Précise autre renversement théorique majeur (outre disjonction savoir /
conscience) :
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* Réfute toute idée d’une nature humaine originellement mauvaise : ≠
Église, ms aussi Hobbes > Dieu innocenté de l’existence du mal ( = Rss.
résout pb. de la théodicée).
* Impute tte responsabilité à la vie en société, et plus précisément aux
formes (politiques) de cette société, cf. Confessions IX : « J’avais vu que
tout tenait radicalement à la politique, et que, de quelque façon qu’on s’y
prît, aucun peuple ne serait jamais que ce que la nature de son
gouvernement le ferait être » > « grande question du meilleur
gouvernement possible » = « quelle est la nature du gouvernement propre à
former un peuple le plus vertueux, le plus éclairé, le plus sage […] ? » ; soit
germe du CS et de l’Émile.
— > lettre célèbre de Voltaire, 30 août 1755 : « J’ai reçu, monsieur, votre
nouveau livre contre le genre humain. […] On n’a jamais tant employé
d’esprit à vouloir nous rendre bête. »
+ b> Grandes années d’écriture à Montmorency (1756-1762)
. b1. À l’Hermitage, chez Mme d’Épinay (1756)
— Invitée par cette femme de fermier gal (rencontrée à Ps. vers 1748), qui fait
construire pour lui maison de campagne isolée, non loin de Montmorency :
y vit solitaire pendant deux ans.
— Période de tvl intensif : ds isolement, se met en particulier à écriture de la
NH < libres rêverie amoureuse, qu’il se reproche : « voilà le grave citoyen
de Genève, voilà l’austère Jean-Jacques, à près de quarante-cinq ans,
redevenu tt à coup le berger extravagant. »
. b2. Crises et brouilles (1757)
— Refroidissement / Diderot (février) < Fils naturel : « Il n’y a que le
méchant qui soit seul. »
— Amour pour Mme d’Houdetot (amante de St-Lambert, poète) > Mme
d’Epinay (maîtresse de Grimm > lien / clan ou « coterie holbachique »)
essaie de surprendre sa correspondance.
— > brouille et rupture : doit quitter L’Hermitage.
. b3. Le Mont-Louis (1757-1758) : genèse de la Lettre à d’Alembert [et fin de La
Nouvelle Héloïse].
— b31. Voltaire
19
* 1755 : Voltaire s’installe aux Délices, territoire de Genève (< brouille
avec Louis XV depuis 1747 + déception / roi de Prusse FII 1750-53 ; = auteur
dramatique reconnu (notamment < Œdipe 1718, Zaïre, 1733 : « J’eusse été
près du Gange esclave de faux dieux. » + / soudan Orosmane = « S’il était né
chrétien, que serait-il de plus ? ») = fait venir acteur connu (Lekain) + jouer
Zaïre devant bonne société genevoise, avec gd succès > volonté de faire
construire un théâtre
* > protestation de la Cie des pasteurs > décision officielle du 31 juillet
1755 lui conseille de s’abstenir > Volt. se rabat sur théâtre amateur
(Monrepos, ds sa prop. de Montriond à Lausanne : Zaïre en février 1757).
* parti du théâtre : patriciens ouverts à l’influence française / parti
populaire, traditionaliste.
— b32. D’Alembert
* Se rend à Genève en août 1756 pour prépare article « Genève » de
l’Encyclopédie ; volonté, avec Diderot, de se rapprocher de Voltaire
(engagé à leur côté) > s’informe ss doute maxt. auprès de lui (théologie >
rapide…) + relaye son désir de théâtre à Genève.
* > Rss. (lettre d’octobre 58) : « Je n’ignorais pas que l’article « Genève »
était en partie de Voltaire ; […] je savais en l’écrivant à quoi m’en tenir. » ;
cf. LAS. 198 lettre dès juillet 58.
— b33. L’article « Genève » de l’Encyclopédie (tome VII, 10 octobre 1757)
* Analyse : 1. histoire (LAS. 203-5) > 2. constitution 206-7 > 3. droit civil
207-9 : succession, mariage, crime, accès aux charges, lois somptuaire (>
max. mariages heureux < ≠ « nos mœurs » : pas de luxe et donc pas crainte
/ multitude des enfants), proscription de la comédie (208-9) > 4.
Enseignement, faveur des sciences et des arts [inoculation de la petite
vérole + accueil de M. de Voltaire] 209-10 > 5. Activité économique [+
pratique de la charité : hôpitaux] 210 > 6. Religion 210-13 : constitution
ecclésiastique purement presbytérienne (ministres peu fortunés), plusieurs
ne croient plus en la divinité de Jésus [alors que Calvin a fait brûler Servet
pour défendre ce point : moins grave que la Saint-Barthélémy — ms
reconnaissance de ce crime de Calvin paraît à Volt. un « exemple de la
raison humaine » > critique d’Alb. / pays où la vérité est encore captive »]),
20
n’admettent que le purgatoire et pas l’enfer > « Pour tout dire en un mot,
plusieurs pasteurs de Genève n’ont d’autre religion qu’un socinianisme
parfait […] la religion y est presque réduite à l’adoration d’un seul dieu, du
moins chez presque tout ce qui n’est pas le peuple » (seule ≠ce / « pur
déisme » = respect pour JC et Écritures) ; tolérance, soumission du clergé
aux lois civiles, culte simple (recueillement ms peu de goût) > 7. éloge final
213 : plus vastes monarchies ne méritent pas aussi grand article < « ce n’est
pê que ds les petits États qu’on peut trouver le modèle d’une parfaite
administration politique » ; religion > genevois ne font pas tt le nécessaire
pour leur salut ds l’autre monde, ms « la raison nous oblige à croire qu’ils
sont à peu près aussi heureux qu’on le peut être ds celui-ci. » [> Virgile,
Georgiques : « Ô trop heureux les cultivateurs, s’ils connaissaient leur
bonheur ! »]
* Argumentation pour l’introduction d’un théâtre (cité in extenso par Rss.
ds préface de sa lettre) : 1. Régler libertinage des comédiens « par des lois
sévères et bien exécutées » 2. Offrir une possibilité de rachat pour une
profession injustement méprisée (≠ traitant dispendieux, courtisan
endetté…) [préoccupation de Voltaire : cf. Mlle Adrienne Lecouvreur jetée
à la voirie 1730] 3. Accroître le rayonnement de la ville : « cette troupe
deviendrait bientôt la meilleure de l’Europe » > « Le séjour de cette ville,
que bien des Français regardent comme triste par la privation des
spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs honnêtes, comme il est
celui de la Philosophie et de la liberté. » 4. Exemplarité européenne.
* Rss. apprend l’existence de cet article par Diderot, en visite le 5
décembre 1757 à l’Ermitage de Montmonrency > Rss. reçoit le volume le
20 décembre à Mont-Louis, où il vient de s’installer (lettre annonçant son
départ à Mme d’Épinay : 17 décembre).
* Ds Confessions, X = relate lecture et réaction juste après avoir exposé
système de complot généralisé, orchestré par Grimm (amant de Mme
d’Épinay + proche de Diderot et d’Alembert) contre lui, après son départ de
l’Ermitage : « il forma le projet de renverser ma réputation de fond en
comble […] en commençant par élever autour de moi un édifice de
ténèbres » > « les faibles rayons qui perçaient ds mon asile ne servaient
qu’à me laisser voir la noirceur des mystères qu’on me cachait. »
21
— b34. La rédaction par Rousseau de sa Lettre à d’Alembert sur les spectacles
(février-mars 1758 > impression achevée mi-août à Amsterdam > mise en
vente octobre à Ps.) : cf. Confessions X.
* b341. Une mise en scène spectaculaire et précise (LAS. 200) : 2hs matin
et après-midi, en 3 semaines, « ds un donjon tout ouvert, que j’avais au
bout du jardin où était on habitation » ; donne sur vallée et étang de
Montmorency (nature) + « terme du point de vue » = château de SaintGratien, « retraite du vertueux Catinat » (= maréchal de France d’origine
modeste) : glace extérieur (ascèse + persécution), « donjon tt ouvert »
comme réplique aux ténèbres (transparence et obstacle), feu intérieur
(passion)
* b342. Un emportement romanesque (cf. naissance de la NH, juin 1756 :
« L’impossibilité d’atteindre aux êtres réels me jeta ds le pays des
chimères » IX. 181 [> stoppé par maladie]) : « [mon cœur] mêlait le
sentiment de ses peines aux idées que la méditation de mon sujet avait fait
naître » > « Sans m’en apercevoir, j’y décrivais ma situation actuelle » =
Grimm, Épinay, d’Houdetot, St-Lambert et lui > « En l’écrivant, que je
versais de délicieuses larmes ! », « amour […] pas encore sorti de mon
cœur », « un certain attendrissement sur moi-même », « regret de quitter
mes semblables » (< aussi maladie, rétention urinaire : db. X « on n’a plus
le cœur jeune impunément quand le corps a cessé de l’être » < cf. RDV
avec Houdetot : « je ne crois pas qu’il me soit jamais arrivé de faire seul ce
trajet impunément », « je ne sentais plus auprès d’elle que l’importunité
d’une vigueur inépuisable et tj. inutile », « trois mois d’irritation
continuelle et de privation » = « finit par me donner une descente [hernie]
que j’emporterai ou qui m’emportera au tombeau » IX. 201-2).
* b343. Une trahison : Rss. apprend peu après par lettre de Mme
d’Houdetot que tout Paris la croit sa maîtresse (comme Épinay / Grimm) >
s’est réconciliée avec son mari, ms doit rompre tt commerce avec Rss. ;
visite de St. Lambert > (ne voit que Thérèse ms) confirmation des soupçons
= secrets confiés à Diderot sous le sceau de l’amitié rapportés par celui-ci à
St.-Lambert > (juin, alors que db. d’impression mai) insère citation de
l’Ecclésiastique en note de sa préface : LAS. 53 « J’avais un Aristarque
sévère et judicieux, je ne l’ai plus, je n’en veux plus » > réconciliation
22
possible / épée et paroles fâcheuses, ms pas / révélation secret et trahison ;
> rupture [momentanée] de St.-Lambert (< Did. essuie des persécutions, ne
mérite pas insulte publique).
— b35. Réception
* Malesherbes, directeur de la librairie royale et ami des encyclopédistes,
confie le ms. à d’Alembert, qui se charge de la censure et donne son
approbation.
* Livre adressé à M. d’Épinay > jeudi 26 octobre 1758, invite Rss. à un
dîner où revoit ss dommage Mme d’Houdetot et St. Lambert.
* Efficacité à Genève, où pas de théâtre avant 1782 ; approbation des
pasteurs, ms appréciation global d’un portrait trop vertueux (≠ Sparte).
* À Paris, accueil favorable du public et du clergé ms aussi critiques ds des
périodiques : Fréron (ennemi Voltaire), Grimm, 5 réfutations de
Marmontel, comédiens.
— b36. Réponse circonstanciée de d’Alembert : Lettre à M. Rousseau, citoyen
de Genève (mai 1759) [LAS. 215 sq.] :
* Position très classique à certains égards : cf. Horace / castigat ridendo
mores + Sénèque (Quintilien) / rhétorique comme miel sur le bord de la
coupe amère.
— cf. spectacles = « comme un jouet qu’on donne à des enfants qui
souffrent » ; « des leçons utiles déguisées sous l’apparence du plaisir »
(LAS. 215) = cq Rss croit pas.
* Contre dénonciation d’un conformisme des auteurs = galité comme
critère de valeur (rationalisme néo-classique) : « L’estime publique est le
but principal de tout écrivain » (215) < « récompense flatteuse » + « Une
voix secrète et importune nous crie, que ce qui est beau, grand et vrai, plaît
à tout le monde » (216).
* Défense de la poétique de la catharsis : « affections criminelles »
représentées sur scène = « le théâtre les corrige en nous rappelant aux
affections naturelles ou vertueuses que le Créateur nous a données pour
combattre ces mêmes passions » (217).
* Utilité du théâtre, malgré bonté naturelle de l’homme (≠ action sociale
possible) : « vous ne croyez apparemment pas que le fœtus et les enfants à
23
la mamelles aient aucune notion du juste et de l’injuste » (217) > nécessité
de consulter sa raison : « le sentiment de la vertu a besoin d’être réveillé
dans nous ; c’est un feu qu’il faut de temps en temps ranimer et nourrir
pour l’empêcher de s’éteindre. » (218)
* Sollicitation nécessaire de la sensibilité > la tragédie : « Quand nous
irions à ces tragédies, moins pour être instruits que pour être remués, quel
serait en cela notre crime et le leur ? elles seraient pour les honnêtes gens
[…] ce que les supplices sont pour le peuple, un spectacle où ils
assisteraient par le seul besoin d’être émus. » (219)
* L’amour : pas davantage possible de le bannir du théâtre que de la société
> « le diriger vers une fin honnête » (221) ; devrait avoir une moindre place
ds les tragédies : seult si caractère « de la véhémence, du trouble et du
désespoir : ôtez-lui ces qualités, ce n’est plus, si je j’ose parler ainsi, qu’une
passion commune et bourgeoise. » > autre sujets : « les malheurs de
l’ambition, le spectacle d’un héros dans l’infortune, la haine de la
superstition et des tyrans, l’amour de la patrie, la tendresse maternelle »
(223).
* La comédie : nous apprend « cette vérité si utile, que les ridicules de la
société y sont une source de désordre » (223) > « elle nous suppose pour le
vice cette horreur qu’elle inspire à toute âme bien née » (224) ; Le
Misanthrope = occasion de prôner honnêteté et charité (mondaine) :
« Molière a voulu nous apprendre que l’esprit et la vertu ne suffisent pas
pour la société, si nous ne savons compatir aux faiblesses de nos
semblables, et supporter leurs vices même » > « On rit de sa mauvaise
humeur, comme de celle d’un enfant bien né et de beaucoup d’esprit. »
(224) ; reproche a Molière de montrer un Philinte (raisonneur) qui n’a pas
tj. raison / Alceste [didactisme].
* Le drame : « notre changement de goût » > « nous voulons ds la tragédie
plus d’action, et dans la comédie plus de finesse. » (226) > défend genre
des pièces « où l’on se propose de faire couler nos larmes par des situations
intéressantes, et de nous offrir dans la vie commune des modèles de
courage et de vertu » [= autant aller au sermon, selon Rss., qui reproche
pourtant aux tragédies d’être trop lointaines] > « j’avoue que je suis encore
24
plu touché des scène pathétiques de L’Enfant prodigue (Voltaire, 1736),
que des pleurs d’Andromaque et d’Iphigénie. » (226)
* Le mauvais exemple des comédiens : « Votre philosophie n’épargne
personne. » (227) > reproche de céder au préjugés contre eux > combattre
les passions par la vanité : « accorder des distinctions aux comédiennes
sages » (228) + faudrait plus de vertu ds la société elle-même (femmes du
monde ne se privent pas d’avoir des amants) > satire polie / « sortie »
contre les fs en gal : « Je ne sais si vous êtes du petit nombre des sages
qu’elles ont quelque fois su rendre malheureux, et si par le mal que vous en
dites, vous avez voulu leur restituer celui qu’elles vous ont fait. Cependant
[…] on voit percer à travers vos reproches le goût très pardonnable que
vous avez conservé pour elle, peut-être même quelque chose de plus
vif […] ».
— b37. Brouille avec Voltaire :
* Celui-ci voit Rss. prendre un parti rétrograde et clérical : traître / cause
philosophique (d’autant que s’en prend / Diderot, directeur de
l’Encyclopédie).
* Rss. comprend qu’il a idéalisé Genève (cf. longue dédicace 2e Discours
« À la République de Genève ») : en tient Volt. pour partiellt responsable >
lettre de rupture 1760 : « Je ne vous aime point, Monsieur […] Vous avez
perdu Genève […] Je vous hais. »
* > guerre qui s’envenime peu à peu > 1764, Sentiment des citoyens
anonyme = dénonce abandon des enfants, lubrique, maladie vénérienne,
« on punit capitalement un vil séditieux ».
. b4. Dernier fruit de l’Ermitage : La Nouvelle Héloïse (1761)
— Roman épistolaire (écrit àp. 1756) qui connut succès jamais vu auprès des
lecteurs : relais et diffusion d’une sensibilité (relation entre émotion et
vertu — recherche bourgeoise ≠ libertinage aristocratique — ; sensibilité à
la nature).
— Alliance de rêverie romanesque et d’utopie philosophique > conscience de
Rss. / projet paradoxal ds son œuvre, cf. préface : « Il faut des spectacles
dans les grandes villes, et des romans aux peuples corrompus. »
25
* I. [La faute] Amour entre Julie d’Étange et Saint-Preux, son
précepteur, sur les bords du lac de Genève ; Claire, cousine de J., est
leur confidente et alliée ; mésalliance rend union impossible > baiser ds
un bosquet // Julie promise à M. de Wolmar, noble suédois > J. se
donne à son amant.
* II. [Le renoncement] Refus des parents, SP. doit partir (> lettres
critiques / Paris et spectacles) ;
* III. Mère meurt de chagrin ; J. tombe malade de la petite vérole et se
résout à épouser M. de W.. Milord Edouard, ami anglais des deux
amants, emmène SP. faire le tour du monde.
* IV-V. [La rédemption ?] <ellipse de 6 ans> SP. invité par J. et MW.
auprès d’eux dans leur domaine de Clarence = ordre du sentiment et de
la vertu, dont Julie est le centre rayonnant (fête des vendanges ;
Élysée) ; SP. refuse d’épouser Claire.
* VI. Un de ses fils tombe ds le lac > J. plonge pour le sauver > tombre
gravement malade et meurt ; lettre nous apprend après sa mort qu’elle
n’a jamais cessé de lutter contre une passion dévorante : « Non, je ne te
quitte pas, je vais t’attendre. La vertu qui nous sépara sur la terre nous
unira dans le séjour éternel. Je meurs dans cette douce attente, trop
heureuse d’acheter au prix de ma vie le droit de t’aimer toujours sans
crime, et de te le dire encore une fois ! »
. b5. Entre Mont-Louis et le Petit Château du Maréchal de Luxembourg (1759-1762) :
Du Contrat social et l’Émile, ou le système parachevé.
— Était arrivé à l’Ermitage avec plusieurs ouvrages en projet voire en
chantier : conçu depuis Venise (1743-44), Institutions politiques auxquelles
travaille 1754 (> 1759 Montmorency : Contrat social) ; La Morale
sensitive, ou le matérialisme du sage ( = comment « forcer l’économie
animale à favoriser l’ordre moral qu’elle trouble si souvent » : <
sensualisme Locke et Condillac : 3e élt. d’une morale / société et éducation
> Émile, qui en contient élts comme autres ouvrages) ; Rss. considère que
ses livres remontent vers principes de sa pensée > Émile = livre somme.
— b51. Du Contrat social (db. 1759 > publié avril 1762)
26
* Réfléchit sur notion qui existe déjà ds pensée politique médiévale
(pactum associationis + subjectionis > monarchie élective : cf. Diète /
Empire des Habsbourg), ainsi que chez Grotius et Hobbes.
* Conteste leur modèle familial (soumission au père) > mode de
constitution légitime d’un peuple (qui peut se soumettre à un souverain) :
sortie de la « liberté naturelle » par association visant à la sauvegarde du
genre humain = contrat social : « Chacun de nous met en commun sa
personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté
générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout. » [volonté gale = à la fois instrument de l’État, et noyau
le plus intime de la conscience morale : tend à l’égalité / volonté
particulière : à la « préférence »] ; vraie liberté dans obéissance à une loi
commune que chacun s’est donné : « chacun se donnant à tous ne se donne
à personne » (Rss.) [personne publique ainsi créée = « corps politique »] +
« L’aliénation se faisant sans réserve, l’union est aussi parfaite qu’elle peut
l’être, et nul associé n’a plus rien à réclamer. » > « absolutisme sans limite
de la volonté étatique » (Cassirer) [État quand passif, souverain qd actif,
puissance / d’autres]
* Pb. max = expression concrète de la volonté général : refus de la
représentation (// théâtre : refus tendanciel, tangentiel, de toute médiation
dans l’expression, personnelle comme politique) ; cf. Livre II = « Que la
souveraineté est inaliénable » ; nécessité d’un « législateur » = personnage
quasi divin : « Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes. » ;
députés du peuple ne peuvent être que ses « commissaires », chargés de
missions provisoires ; députés existent < dépérissement de l’esprit civique,
perverti par « le tracas du commerce et des arts, […] l’intérêt avide du gain
[…] et l’amour des commodités » ; ds État vraiment libre, citoyens requis
en permanence par « service public » : « font tout avec leurs bras et rien
avec leur argent » < les « corvées sont moins contraires à la liberté que les
taxes » ; « à l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus
libre ; il n’est plus » ; pb. = idéal de démocratie directe : possible à Athènes
< esclaves ; Rome exemplaire ? Souverain ne peut aujourd’hui bien exercer
sa souveraineté que ds « une très petite cité » (> Genève…).
— L’Émile ou De l’éducation (db. : 1758 > achevé 1760 > publié mai 1762)
27
* [livre I] Postule un « gouverneur » qui soit quasi l’égal de Dieu (comme
législateur in CS.) + un orphelin riche > relation de 20 ans, but = « il sera
premièrement homme » ; projet considéré comme celui d’une éducation
normale (≠ monde corrompu) et non idéale (dimension pratique).
* [livre II] Vie à la campagne, et surtt fortification du corps > 12 ans :
éducation négative (< postulat d’une nature bonne : empêcher sa
dénaturation) = créer équilibre entre forces, besoin et volonté de l’enfant (≠
raisonner, comme Locke) ; apprentissage de la lecture et éléments de
géométrie, ms le laisser jouir de ce temps de la vie.
* [livre III] > 15 ans : « âge paisible de l’intelligence » > formation
intellectuelle max. ms selon démarche d’appropriation par l’élève ; orienté
selon perception de l’utilité > travail manuel, permettant aussi de surmonter
préjugé sociaux, car prise de conscience de l’inégalité.
* [livre IV] à 15 ans, « une orageuse révolution s’annonce par le murmure
des passions naissantes » > détourner sentiments : charité / indigents, leçon
d’histoire, réflexions sur morale et politique ; initiation à la religion >
« Profession de foi du vicaire savoyard » = découverte de l’idée de Dieu et
de la conscience morale par raisonnement + méditation personnelle :
« Conscience, conscience ! instinct divin » ; gouverneur, usant pour
première fois de son autorité, guidera élève ds sa vie amoureuse (passage
chez libertins de Ps, ms surtt recherche d’une épouse).
— [livre V] Femme doit recevoir, en raison de sa nature, éducation différente
de l’homme : amour précoce de la vertu et de la chasteté ; rencontre
romanesque de Sophie et Émile > séparation par long voyage d’Émile qui
découvre mœurs et institutions diverses > livre s’achève sur attente d’un
enfant.
. b6. Condamnations
— L’Émile : en France, livre dénoncé par faculté de théologie comme impie et
dangereux pour l’ordre public ; confisqué à l’éditeur, Rss. décrété de prise
de corps et livre brûlé à Paris > fuite en Suisse ; à Genève : condamnation
par le Petit Conseil (tribunal civil).
— Du Contrat social : brûlé avec l’Émile en juin à Genève.
28
— 4) Persécution (1762-1778)
+ a> L’errance (1762-1770)
. a1. Môtiers (1762-1765)
— Principauté neuchâteloise dépendant du roi de Prusse > protection de FII et
surtt du gouverneur local.
— 1763 : Rss. écrit au premier syndic de Genève pour proclamer son
renoncement à la citoyenneté.
— / persécutions réelles et imaginaires, écriture de Rss. ne propose plus de
dvlppts. philosophiques = se replie sur musique, méditation personnelle et
surtt. écriture de défense et justification personnelle, dont Confessions
(mentionnée 1ère fois 1765) est une pièce majeure.
— 1765 : pasteur de Môtier prononce sermon contre Rss. > sa maison est
lapidée par population > fuite.
. a2. L’île Saint-Pierre, lac de Bienne (1765)
— Près de Berne ; qqs semaines de bonheur (commence à herboriser :
confection d’herbiers), avant que Petit Conseil de la ville ordonne
expulsion.
. a3. L’Angleterre et Hume (1766)
— Séjour malheureux < brouille (largement paranoïaque) avec le philosophe +
infidélité de sa femme ; un des épisodes qui assombrirent le plus maturité
de Rss. et nuisirent le plus à sa réputation (> folie, méchanceté).
. a4. Retour en France (1767)
— Accueilli par Prince de Conti ; puis errance, au cours de laquelle « épouse »
Thérèse.
+ b> Fin parisienne (1770-1778)
. b1. Fin des Confessions (1765-1770) et combat autobiographique (1772-1776)
— Lectures publiques des C. doivent être interrompues < police ; pour
parachever justification : àp. 1772, dialogue Rss. juge de Jean-Jacques >
tente de le déposer 1776 sur cœur de Notre-Dame : grilles fermées ;
distribue tract au passant (« À tout Français aimant encore la justice et la
vérité »).
. b2. Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) et la mort.
— Après renoncement à l’œuvre de justification ; nature, mémoire, sensation.
29
— Marquis de Girardin l’invite à Ermenonville > enterré ds l’île des Peupliers.
II. Le contexte d’une querelle :
les Lumières françaises et leur théâtre
— 1 ) La société des ordres entre blocage et mouvement
+ a> Des intérêts nouveaux
. Fortune devient critère majeur de différenciation au sein des ordres (clergé, noblesse,
tiers) qu’elle divise en classes.
. Groupe allant de la noblesse traditionnelle aux roturiers fortunés (également gds
propriétaires terriens : « seigneurs » [gentilshommes pauvres à l’écart : ms cf. apr ex. fermiers
généraux : perçoit impôts indirects + distribue salaire à des employés de l’État]) = confisque
écrasante part de la richesse + des rouages du pouvoir (partlts, bénéfices ecclésiastiques,
hautes fct° ds marine et armée).
+ b> Une double confrontation : d’un front à l’autre, vers une révolution
. Opposition permanente des privilégiés à l’absolutisme : défense des « privilèges »
traditionnels (offices, droits seigneuriaux) = de plus en vindicative.
— 1771-1774 : suppression des parlements par Maupéou, remplacé par de
simples tribunaux > tenter absolutisme pur, ss contre-pouvoir ; cède avec
mort de L15.
— Lumières diffusent parmi les privilégiés et les milieux dirigeants des idées
contradictoires / survie du régime ms qu’ils accommodent à leurs intérêts :
valeur de l’esprit d’examen appliqué à tte chose, lutte contre ttes autorités,
« traditions » et « préjugés » (plans religieux et politiques : « vaines
distinctions »).
. Lumières = opposées au « despotisme » monarchique ss remettre en cause, lgtps, la
société d’ordres : idée de « liberté » = au bénéfice des privilèges, et ration = par exemple
améliorer rendement agricole (physiocratie) pour augmenter rendement de l’impôt et de la
rente foncière [contre « usages » trad protégeant intérêts de la petite paysannerie >
soulèvement final de celle-ci].
— 2) L’esprit des Lumières
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+ a> Des libertins aux philosophes
. Qd « libertin » apparaît au 16e siècle (< lat. libertinus = « esclave affranchi »)
= désigne (péjorativement) des libres penseurs (secte protestante). ; vers 1650 = homme qui
désire se libérer des croyance de son temps et en particulier de la doctrine chrétienne >
élargissement : pers épris de liberté, contre tte autorité admise (cf. « esprit fort » du temps de
Corneille).
— France 17e = rayonnt ds tt milieu intellectuel (très large partie de « honnêtes
gens ») où épicurisme a pris relais du stoïcisme (cf. Molière ss doute, La
Fontaine).
— Type de pensée qui doit se faire secrète ou du moins discrète < poursuites
officielles, exils ; libération àp de la Régence.
. Db. 18e = perte de cette valeur théorique > seulement = « débauché », « dissolu » ≠
« philosophe », qui recueille acceptions perdues de « libertin ».
— relation des pensées et des mœurs.
+ b> Le brillant des salons
. b1. Classes privilégiées communient ds un même art de vivre qui sera imité ds toute
l’Europe, avec appétit exacerbé par mort de Louis XIV (< dernière période = rigorisme dévot,
sous la coupe de Mme de Maintenon) :
— Construction d’hôtels particuliers et de folies, modes, Os de luxe venus des
colonies ; constructions de prestige aussi par l’État (d’utilité variable),nott
sous influence de la Pompadour : place de la Concorde, École militaire,
petit Trianon, église Ste Geneviève (Panthéon), St-Sulpice, opéra de
Versailles (+ distribution de + en + de pensions et de « grâces »).
— Sous la Régence, Ps reprend son éclat (> retour de la cour à Versailles en
1722 : avant : Tuileries et Palais Royal) ; cafés, nott Procope.
— Nveau dvlppt des salons, où discussions mondaines, ms aussi littéraires et
philosophiques : duchesse du Maine à Sceaux (très huppé ; régence) >
Mme Geoffroy (bourgeoise), Mme du Deffand (aristocratique).
. b2. Opposition sourde, toute de même, d’une culture et d’une classe bourgeoise.
— Popularité du jansénisme, comme forme de résistance à l’absolutisme royal
(depuis 17e, introspection rigoureuse ≠ autorité), lié lui à la Contre-Réforme
(malgré gallicanisme).
31
— Opposition / noblesse gaspilleuse et jouisseuse ; plus de simplicité et de
vertu (valeurs qui montent ds le siècle : cf. Rousseau).
+ c> Nuances de la subversion
. c1. L’esprit d’examen
— Influence anglaise (modèle aussi < monarchie parlementaire depuis
révolution de 1688) : cf. notamment Essais sur l’entendement humain de
Locke (1690 > moultes traductions) = empirisme [tte science a pour base
expérience] et sensualisme [tte connaissance vient des sens] > analyse des
faits préférée aux traditions et autorité + idée d’une influence du physique
sur le moral + limitation de l’ambition de connaître au domaine empirique
(foi [déisme] ou septicisme autant qu’athéisme ms surtout tolérance) >
. Approche expérimentale voir clinique des réalités morales : Rss, Laclos,
Sade (émergence ironique chez Créb.).
. Analyse des mœurs en relation avec la politique : Montesquieu >
Rousseau.
. Approche nouvelle de l’éducation (Rss.) + développement de l’esthétique
(primauté de la sensibilité : Diderot).
— = relayée par tradition du cartésianisme français, appliqué aux domaines
historiques et religieux nott. :
. oratorien Richard Simon : examen critique des textes religieux (≠ parole
divine), Histoire critique du Vx Testament (1678)
. Pierre Bayle : Pensées sur la comète (1680), Dictionnaire historique et
critique (1697) [stratégie des notes].
. Fontenelle (neveu des frères Corneille > secrétaire perpétuelle de
l’Académie des sciences 1697-1757) : De l’origine des fables (1684 :
mythologie antique comme ignorance > vise christianisme), Entretiens sur
la pluralité des mondes (1686 = discussions d’astronomie ss métaphysique,
possibilité de progrès scientifique ; vulgarisation mondaine, dialoguée).
. c2. La recherche raisonnée du bonheur
— Affirmation d’une valeur s’opposant au moins à deux traditions :
. tradition chrétienne : purification par l’épreuve et la souffrance.
. tradition nobiliaire (féodale) : prééminence des vertus héroïques [plus
présent ds le libertinage]
32
— Liée à une conception de l’activité humaine comme mue par l’amour
propre, ou recherche par chacun de son propre intérêt.
. > séparation de la morale et de la religion.
. > manière de comprendre tte organisation humaine (dt, gvt : cf.
Montesquieu)
— > pb. = conciliation sociale des intérêts particuliers [recherche du bonheur
humain comme critère du bon gvt.]
. Conception d’un contrat social (Montesquieu > Rousseau)
. Opposition quant aux fondement psychologiques possible d’un tel
contrat : sympathie spontanée entre les hommes (Montesq et Rss) ou, plus
galt, intrication d’exploitations mutuelles (Voltaire, Condillac, Helvétius)
. À la fois confiance et conscience d’un progrès vers un tel bonheur (contre
exploitation de l’ignorance par les autorités, appuyées sur croyance), et
certain pessimisme ds la vision de l’histoire (raison peut errer, être mal
conduite ; cf. Montesquieu, Volt, Rousseau).
. c3. Une critique politique
— Position globalement assez conservatrice ou du moins modérée, malgré
audace des principes :
. Cf. Encyclopédie prône monarchie constitutionnelle à l’Anglaise.
. Morale sociale nuancée, entre défense du luxe (Voltaire) et sa modération
(Diderot) [rare égalitarisme spartiate].
. Pas de remise en cause de la propriété.
. Acceptation de la religion, si séparée de l’État, et avec valeur sociale et
consolatrice (adaptation aux différents peuples).
— Réformes constitutionnelles envisagées : entre
. absolutisme constitutionnel de Voltaire (cf. despote éclairé : Frédéric II ;
Cath II de Russie pour Did.) [noblesse égoïste / masse ignorante ;
abslutisme + bons sens]
. monarchie aristocratique = contrôle concret du pvr royal par la noblesse et
des corps arist [féodalisme + défense de la « robe »]
. démocratie politique de Rousseau [force révolutionnaire] : doctrine de la
souveraineté populaire [seule légitime : supérieure à tt dt individuel] > gvt
n’est que son organe administratif, entièrement sous son contrôle.
33
— 3) Théâtre et Lumières
+ a> Conditions
. a1. Les théâtres
— Trois théâtres officiels à Paris : Comédie-Française (1680), Opéra =
Académie royale de musique (1671) et Théâtre italien (Luigi Riccoboni ;
retour 1716).
* Encouragement de l’activité théâtrale en province : véritable colonisation
culturelle (envoi de troupe + construction de théâtres, aux frai des villes).
— ≠ théâtres des foires, se développant d’abord suite à l’expulsion des italiens
1697 > troupe de l’Opéra-Comique fusionne avec Italiens 1762 +
libéralisation 2e/2 siècle = développement des théâtres de Boulevard :
public plus populaire, genres plus mobiles [tolérés à Genève : LAS. 51,
d’Albt. s’en étonne].
— Certains désintérêt de la cour pour le théâtre > Mme de Pompadour / L15
ds « Petits Cabinets » de Vslles, duchesse du Maine à Sceaux = font jouer
ds petits théâtres
* > idem chez nobles et bourgeois : dvlppt. des théâtres privées : cf.
Voltaire en Suisse.
. a2. Théâtre et autorités
— Privilège royale accorde à chaque salle officielle le monopole d’un genre +
censure interdit tte allusion / religion, politique, corps constitués,
personnes, morale publique (peu rigoureuse, ms contient liberté des
auteurs).
— Surtt. : tension de la part de l’Église (malgré recours des jésuites au théâtre
ds leurs collèges).
* Acteurs restent excommuniés ; ne peuvent ni se marier, ni recevoir
sacrements, être enterrés en terre consacrée.
— Revalorisation par les philosophes — à l’exception de Rousseau.
* Cf. Voltaire, Nanine ou le Préjugé vaincu (1749) : adaptation / roman
Pamela de Richardson : amour entre paysanne vertueuse et aristocrate =
finit par un mariage ; étrangement approuvé par Rss. (LAS. 71)
34
* Diderot in Discours de la poésie dramatique, 1758 = partisan d’un art
utile (théorie du drame), qui puisse moraliser et dès lors régénérer la
société : « l’honnête, l’honnête, il nous touche d’une manière plus intime et
plus douce que ce qui excite notre mépris et nos ris […] O quel bien il en
reviendrait aux hommes, si tous les arts d’imitation se proposaient un objet
commun, et concouraient un jour avec les lois pour nous faire aimer la
vertu et haïr le vice ! […] et les pièces honnêtes et sérieuses réussissent
partout ; mais plus sûrement encore chez un peuple corrompu qu’ailleurs. »
. a3. La mise en scène
— Évolution de l’espace théâtral :
* 1759 : Voltaire et acteur Lekain > suppression des banquettes occupées
sur scène par spectateurs nobles : autonomisation de l’espace théâtral.
— Évolution du jeu :
* Décor et costume évoluent vers plus de réalisme.
* De même pour le jeu : moins déclamatoire (favoriser cohérence du jeu ds
troupe et indentification : cf. réflexion Paradoxe sur le comédien de
Diderot, 1770) + (cf. aussi agrandissement de l’espace scénique > mvt.)
insistance sur le jeu muet (gestes)
+ b> Les genres
. b1. Tendances
— Amour du théâtre, chez un public socialement diversifié (siècle va de la
séparation à un mélange croissant — avec prédominance de la bourgeoisie
ds les salles [financiers et négociants, après avocats, médecins, gens de lois,
professeurs] — : montée d’une présence populaire ds théâtre privilégié à
Ps., ds 30 dernières années du siècle).
— > renouvellement rapide de l’offre scénique : développement de la création
/ tradition > évolution des genres, surtout :
* sous la Régence (1715-1723) : inventions de la foire > opéra comique +
renouveau comédie par Mvx + tragédie par Voltaire.
* milieu du siècle : théâtre comme tribune / lutte philosophique.
. b2. Les genres sérieux
— b21. Vie et renouvellement de la tragédie :
35
* Triple héritage : Corneille / histoire, Racine / amour [presque tj. : goût du
larmoyant], Quinault / romanesque ; galt. 5 actes et alexandrins, 3 unités
(assouplies) ; dominance du sentimental, puis du romanesque.
* Découverte de Shakespeare (Lettres philosophiques 1734 > trad. 1745) >
sujets ds histoire nationale + assouplissement des unités et bienséance : cf.
Zaïre (1732) ds passé des croisades = illustre aussi dégagement d’un
nouveau type d’héroïne, innocente sacrifiée [germe du mélodrame] — Z =
esclave chrétienne non baptisée, prisonnière du soudan de Jérusalem
Orosmane : amour réciproque et prochain mariage ; arrive chevalier
chrétien Nérestan, qui demande libération de prisonnier : O accepte, sauf
pour Z et vieux Lusignan, de sang royal : celui-ci découvre que Z et N sont
ses enfants > Z s’engage à se baptiser et O refuse tte libération ; surprend
RDV secret de Z et N pour baptême > tue Z puis se tue ;
* Renouvellement de la tragédie par exacerbation de l’effet de terreur >
Crébillon (gd rival de Volt.) : « Corneille a pris la terre, Racine le ciel ; il
me reste l’enfer » ; cf. Atrée et Thyeste (1707) = A présente à son frère T
coupe pleine du sang de ses enfants ; in Le Triumvirat (1755), Tullie
découvre tête de son père Cicéron sous le voile qu’elle soulève :
développement du spectaculaire.
* Voltaire fait de la tragédie support d’un théâtre d’idées (avec précaution
et mesure / censure) : cf. Zaïre perçue comme déiste ; surtout procès du
fanatisme défense de la tolérance : cf. « J’eusse été près du Gange esclave
de faux dieux. » + / O = « S’il était né chrétien, que serait-il de plus ? » ; in
Mahomet (1741 : interdit à Ps.), critique de la tartufferie, de la superstition
et du fanatisme — et tragédie de plus en plus antimonarchiste au fil du
siècle : cf. Spartacus de Saurin (1760) comme apologie de la liberté.
— b22. Le drame :
* Théorisation par Diderot à partir des Entretiens sur « Le Fils
naturel »(1757) et DPD (1758) ms aussi par Beaumarchais in Essais sur le
genre dramatique sérieux (1767) : LAS écrite en pleine conversion
didactique de la comédie.
— Idée = éduquer non par le vice dénoncé, ms par l’exemple de la vertu
< état plus propice au retour sur soi et à l’instruction morale ; implique
vraisemblance accrue > prose et fusion des tons [genre moyen : « comédie
36
sérieuse »], représentation de pers. contemporains appartenant à des
catégories sociales moyennes (bourgeois > identification) : Did. conçoit
« La comédie sérieuse qui a pour objet la vertu et les devoirs de l’homme.
Une tragédie qui a pour objet nos malheurs domestiques. » (très proches :
« drame »).
* Une pratique problématique :
— Didactisme : Diderot montre vertus de la famille (Le Père de famille,
1758), devoir de l’amitié (Le Fils naturel, 1757 — Dorval renonce à aimer
une femme < son ami en est épris ; découvre en outre qu’elle est sa propre
sœur) ; Sedaine chante grandeur du négociant in Le Philosophe sans le
savoir (1765).
— Effort de naturel (décor, diction) / romanesque excessif de l’intrigue
et idéalisation (absence du mal : pers. négatif) > déclin ap. 1770 ; succès
par débordement du pathétique pour public pop. + assombrissement : cf. Le
Déserteur de Louis-Sébastien Mercier (1771) : père doit commander
peloton d’exécution de son propre fils = vers le mélodrame.
. b3. Les genres comiques
— b31. Évolution de la comédie
* Comédie de caractère héritière de Molière (Destouches, Le Glorieux,
1732) > comédie de mœurs, montrant travers de types sociaux, ds univers
dominé par l’argent : cf. Turcaret de Lesage (1709) / financier sans
scrupule et son valet Frontin de même (profite de sa ruine) : cynisme,
montre sans condamner.
* > devient avec Destouches comédie moralisante montrant pour finir
triomphe de la vertu + comédie larmoyante de Nivelle de La Chaussée =
provoquer surtout l’attendrissement (pers, de condition moyenne, bons /
méchants + intrigue romanesque) : cf. L’École des mères, 1744. Volt. en
dégage leçons sociales et politiques, cf. Nanine, 1749. Peu de
renouvellement des trames à l’italienne ds cadre classique (malgré montée
de la prose) + pers. récurent (noble au grand cœur, femme sensible, libertin
cynique, soubrettes et valets vifs…)
* Marivaux et la comédie d’analyse : ravive et allège comédie en travaillant
avec troupe italienne de Riccoboni (> canevas moins contraignants /
vraisemblance ; 1 ou 3 actes ; vivacité d’un jeu plus corporel) ; ms. grande
37
place faite à l’analyse ou du moins dévoilement du sentiment amoureux (cf.
valet confident et adjuvant) / résistance de l’amour propre ou des préjugés
sociaux = aspect romanesque et philosophique de son théâtre ; àp.
d’Arlequin poli par l’amour (1720) [approfondissement, attendrissement] >
Le Jeu de l’amour et du hasard (1730) ; équilibre ds langage entre naturel
et stylisation (préciosité, ingéniosité, rythme haché).
— b32. Multiplication des nouveaux/petits genres :
* Pratique de la « petite pièce » avant la grande : de la foire aux boulevards,
et jusque ds les théâtres privilégiés < divertir le parterre, plus populaire.
* parade = boniment de bateleur avec obscénité et coups de bâton > vers
1730 ds théâtres de société : saynète avec inflexions libertines ; cf. débuts
de Baumarchais ; Isabelle grosse par vertu, de Gueullette (1738).
* comédie poissarde = imite parler populaire de Ps, dont celui des
marchandes de poisson fournit le modèle ; mode 1730-1750 (foire > 1760
société) > comique ms aussi réaliste : aussi goût des classes privilégiées
pour une certaine vulgarité.
* pièces à écriteaux < 1710 = théâtres officiels du centre de Ps font
interdire tout dialogue sur scène des Bds et des Foires (où reprise insolente
du répertoire des Italiens, chassés 1697) ; > txt. chanté sur rouleaux de
parchemin = « vaudevilles », chantés par spectateur ; accord (monnayé)
avec Opéra >
— « comédie en vaudevilles » ou « opéra comique » < mélange
entre chant (vaudeville) et comédie (en prose, entre les écriteaux) :
genre autonome 1e/2 18e, avec développement de l’exotisme puis de
la pastorale (Favart > cf. Verlaine, « Ariettes oubliées »).`
— > pantomime > mélodrame (1832 ?) ; pantomime (grande,
héroïque) : jeu muet sur fond musical ; Arlequin vite 1 des pers.
préférés > 2e/2 18e = élaboration croissante, ds sens du
spectaculaire : tj. thème de la persécution de héros sympathiques par
des pers. malfaisants (< contes populaires) ; temps forts et cadres
fantastiques, puis sujets exotiques ; multiplications des lieux,
importance des décors ;
38
INTRODUCTION
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
I. Aventure, dogmes et utopies :
itinéraire de Jean-Jacques Rousseau
— 1) Enfance et aventures (1712-1731)
+ a> Genève (1712-1728)
. a1. En famille (1712-1722)
. a2. À Bossey, chez le pasteur Lambercier (1722-1724) /a3. En apprentissage à Genève (1724-1728)
+ b> Une double conversion : Mme de Warens et le catholicisme (1728)
. b1. Annecy et Mme de Warens (1728) [1699-1762]
. b2. Turin (1728-1729) : catholicisme, amour et domesticité
+ c> Périple (1728-1731)
— 2) Le bonheur et la gloire (1732-1750)
+ a> Amour et musique (1732-1739)
. a1. Maître de musique à Chambéry (1732)
. a2. Mme de Warens : l’initiation (1733), l’idylle des Charmettes et le partage (1736-1739) ; Claude
Anet, Wintzenried
+ b> Musique et monde (1740-1744)
. a1. Lyon (1740-1741) : Épitre à Parisot, « J’appris à respecter une noblesse illustre, / Qui même à la
vertu sait ajouter du lustre. / Il ne serait pas bon dans la société / Qu’il fût entre les rangs moins d’inégalité. »
. a2. Paris (1741-1744) : musique et mondanité
. a3. Secrétaire d’ambassade à Venise (1743) ; comte de Montaigu ; Zulietta
+ c> Paris, la littérature et la philosophie (1744-1750)
. c1. Rencontre Thérèse Levasseur (1745, 1746 ?)
. c2. Diderot : de L’Encyclopédie à l’illumination de Vincennes (1744-1749)
— Les Muses galantes ; Voltaire et Rameau, Les Fêtes de Ramire ; Diderot, Lettre sur les
aveugles, 1749 ; Condillac ; « À l’instant de cette lecture je vis un autre univers, et je
devins un autre homme. »
. c3. Le Discours sur les Sciences et les arts (1750)
— c30. Académie de Dijon : « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à
épurer nos mœurs. »
— c31. Démonstration historique : « des guirlandes de fleurs sur des chaînes de fer » ;
politesse « étrangère à la vertu, qui est la force et la vigueur de l’âme » ; Fabricius :
« Dieux, eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques
qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? Quelle splendeur funeste a succédé à la
simplicité romaine ? »
— c32. Démonstration logique : « vaine curiosité » ≠ vertu (utile) ; « O vertu, science sublime
des âmes simples […] Tes principes ne sont-ils pas gravés dans les cœurs ? Et ne suffit-il
pas, pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même et d’écouter la voix de la conscience
dans le silence des passions ? Voilà la véritable philosophie… »
— c33. Premiers fondements de la révolution rousseauiste : « conscience morale » ≠
« conscience culturelle » (Cassirer. PL. 344) > « le rationalisme éthique […] désormais
l’emporte sur le rationaliste théorique » (Cassirer, PL. 349) : « monde du savoir » <
« monde de la volonté » ;
— c43 Succès éclatant ; mais Voltaire : « thème que les écoliers composent pour des prix de
l’Académie de Dijon »
— 3) Apogée du système (1751-1762)
+ a> Paris (1751-1755)
. a1. Une « réforme personnelle » (1751) : « Je ne trouvais plus rien de grand et de beau que d’être libre
et vertueux, au-dessus de la fortune et de l’opinion, et de se suffire à soi-même. »
. a2. La scène : Le Devin du village (1752-53) et la « querelle des Bouffons » (1753)
— a21. Les « Bouffons » / a22. Le Devin du village / a23. Lettre sur la musique française ; Serva
padrona, de Pergolese
. a3. Le Discours sur l’origine de l’inégalité (1753-1754 > 1755)
39
— a30. « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi
naturelle ? »
— a31. Tableau de l’homme primitif : « l’homme qui médite est un animal dépravé » ; « La
parole paraît avoir été nécessaire pour établir l’usage de la parole. »
— a32. Étapes dans l’instauration de l’inégalité : « se montrer autre que ce que l’on était en
effet »
— a33. Deux renversements théoriques majeurs ; cf. Confessions IX : « J’avais vu que tout
tenait radicalement à la politique, et que, de quelque façon qu’on s’y prît, aucun peuple ne
serait jamais que ce que la nature de son gouvernement le ferait être » > « grande question
du meilleur gouvernement possible » = « quelle est la nature du gouvernement propre à
former un peuple le plus vertueux, le plus éclairé, le plus sage […] ? » ; Voltaire, 30 août
1755 : « J’ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain. […] On n’a
jamais tant employé d’esprit à vouloir nous rendre bête. »
+ b> Grandes années d’écriture à Montmorency (1756-1762)
. b1. À l’Hermitage, chez Mme d’Épinay (1756) : Nouvelle Héloïse > « voilà le grave citoyen de
Genève, voilà l’austère Jean-Jacques, à près de quarante-cinq ans, redevenu tt à coup le berger extravagant. »
. b2. Crises et brouilles (1757) : Diderot (février) in Fils naturel : « Il n’y a que le méchant qui soit
seul. » ; Mme d’Houdetot (St-Lambert, poète) > Mme d’Epinay (Grimm et « coterie holbachique »)
. b3. Le Mont-Louis (1757-1758) : genèse de la Lettre à d’Alembert
— b31. Voltaire ; Délices ; Lekain ; Monrepos, à Montriond
— b32. D’Alembert ; Rss. (oct. 1758) : « Je n’ignorais pas que l’article « Genève » était en partie
de Voltaire ; […] je savais en l’écrivant à quoi m’en tenir. »
— b33. L’article « Genève » de l’Encyclopédie (tome VII, 10 octobre 1757)
* b331. Analyse : « Pour tout dire en un mot, plusieurs pasteurs de Genève n’ont d’autre
religion qu’un socinianisme parfait […] la religion y est presque réduite à l’adoration d’un seul dieu,
du moins chez presque tout ce qui n’est pas le peuple » ; « ce n’est pê que ds les petits États qu’on
peut trouver le modèle d’une parfaite administration politique » ; « la raison nous oblige à croire
qu’ils sont à peu près aussi heureux qu’on le peut être ds celui-ci [monde]. »
* b332. Pour l’introduction d’un théâtre : « Le séjour de cette ville, que bien des Français
regardent comme triste par la privation des spectacles, deviendrait alors le séjour des plaisirs
honnêtes, comme il est celui de la Philosophie et de la liberté. »
* b333. Réaction de Rousseau ; Confessions, X : « [Grimm] forma le projet de renverser ma
réputation de fond en comble […] en commençant par élever autour de moi un édifice de ténèbres »
> « les faibles rayons qui perçaient dans mon asile ne servaient qu’à me laisser voir la noirceur des
mystères qu’on me cachait. »
— b34. Rédaction de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles
* b341. Une mise en scène spectaculaire et précise (LAS. 200)
* b342. Un emportement romanesque (cf. NH, juin 1756 in Conf. IX : « L’impossibilité
d’atteindre aux êtres réels me jeta ds le pays des chimères » ; « [mon cœur] mêlait le sentiment de
ses peines aux idées que la méditation de mon sujet avait fait naître » > « Sans m’en apercevoir, j’y
décrivais ma situation actuelle » ; « En l’écrivant, que je versais de délicieuses larmes ! », « amour
[…] pas encore sorti de mon cœur », « un certain attendrissement sur moi-même », « regret de
quitter mes semblables » ; cf. maladie, Conf. X : « on n’a plus le cœur jeune impunément quand le
corps a cessé de l’être » ; IX : « je ne crois pas qu’il me soit jamais arrivé de faire seul ce trajet
impunément », « je ne sentais plus auprès d’elle que l’importunité d’une vigueur inépuisable et tj.
inutile », « trois mois d’irritation continuelle et de privation » = « finit par me donner une descente
[hernie] que j’emporterai ou qui m’emportera au tombeau »
* b343. La trahison de Diderot ; LAS. 53 « J’avais un Aristarque sévère et judicieux, je ne
l’ai plus, je n’en veux plus ».
— b35. Réception : Montmorency, Paris et Genève
— b36. Réponse circonstanciée de d’Alembert : Lettre à M. Rousseau, citoyen de Genève (mai
1759) [LAS. 215 sq.] :
* b361. Une position classique : spectacles = « comme un jouet qu’on donne à des enfants
qui souffrent » ; « des leçons utiles déguisées sous l’apparence du plaisir » (LAS. 215)
* b362. Valeur et généralité : « L’estime publique est le but principal de tout écrivain »
(215) < « récompense flatteuse » + « Une voix secrète et importune nous crie, que ce qui est beau,
grand et vrai, plaît à tout le monde » (216).
* b363. Défense de la catharsis : « affections criminelles » = « le théâtre les corrige en nous
rappelant aux affections naturelles ou vertueuses que le Créateur nous a données pour combattre ces
mêmes passions » (217) ; « vous ne croyez apparemment pas que le fœtus et les enfants à la
40
mamelles aient aucune notion du juste et de l’injuste » (217) ; « le sentiment de la vertu a besoin
d’être réveillé dans nous ; c’est un feu qu’il faut de temps en temps ranimer et nourrir pour
l’empêcher de s’éteindre. » (218)
* b364. Sollicitation nécessaire de la sensibilité : tragédie et amour ; « Quand nous irions à
ces tragédies, moins pour être instruits que pour être remués, quel serait en cela notre crime et le
leur ? elles seraient pour les honnêtes gens […] ce que les supplices sont pour le peuple, un
spectacle où ils assisteraient par le seul besoin d’être émus. » (219) ; « le diriger [l’amour] vers une
fin honnête » (221) ; caractère « de la véhémence, du trouble et du désespoir : ôtez-lui ces qualités,
ce n’est plus, si je j’ose parler ainsi, qu’une passion commune et bourgeoise. » > « les malheurs de
l’ambition, le spectacle d’un héros dans l’infortune, la haine de la superstition et des tyrans, l’amour
de la patrie, la tendresse maternelle » (223).
* b365. La comédie : « cette vérité si utile, que les ridicules de la société y sont une source
de désordre » (223) > « elle nous suppose pour le vice cette horreur qu’elle inspire à toute âme bien
née » (224) ; Le Misanthrope « Molière a voulu nous apprendre que l’esprit et la vertu ne suffisent
pas pour la société, si nous ne savons compatir aux faiblesses de nos semblables, et supporter leurs
vices même » > « On rit de sa mauvaise humeur, comme de celle d’un enfant bien né et de beaucoup
d’esprit. » (224).
* b366. Le drame : « notre changement de goût » > « nous voulons ds la tragédie plus
d’action, et dans la comédie plus de finesse. » (226) ; pièces « où l’on se propose de faire couler nos
larmes par des situations intéressantes, et de nous offrir dans la vie commune des modèles de
courage et de vertu » > « j’avoue que je suis encore plu touché des scène pathétiques de L’Enfant
prodigue [Voltaire, 1736], que des pleurs d’Andromaque et d’Iphigénie. » (226)
* b367. Comédiens et femmes : « Votre philosophie n’épargne personne. » (227) ;
« accorder des distinctions aux comédiennes sages » (228) ; « Je ne sais si vous êtes du petit nombre
des sages qu’elles ont quelque fois su rendre malheureux, et si par le mal que vous en dites, vous
avez voulu leur restituer celui qu’elles vous ont fait. Cependant […] on voit percer à travers vos
reproches le goût très pardonnable que vous avez conservé pour elle, peut-être même quelque chose
de plus vif […] » (228).
— b37. Brouille avec Voltaire ; 1760 : « Je ne vous aime point, Monsieur […] Vous avez perdu
Genève […] Je vous hais. » ; 1764, Sentiment des citoyens
. b4. Dernier fruit de l’Ermitage : La Nouvelle Héloïse (1761)
— b40. Une œuvre paradoxale ; préface : « Il faut des spectacles dans les grandes villes, et des
romans aux peuples corrompus. »
— b41. La faute (I) ; b42. Le renoncement (II-III) ; b43. La rédemption ? (IV-V-VI) « Non, je ne
te quitte pas, je vais t’attendre. La vertu qui nous sépara sur la terre nous unira dans le séjour
éternel. Je meurs dans cette douce attente, trop heureuse d’acheter au prix de ma vie le droit de
t’aimer toujours sans crime, et de te le dire encore une fois ! »
. b5. Entre Mont-Louis et le Petit Château du Maréchal de Luxembourg (1759-1762) : Du Contrat
social et l’Émile, ou le système parachevé.
— b50. Institutions politiques et La Morale sensitive, ou le matérialisme du sage
— b51. Du Contrat social
* b511. Pacte et volonté ; « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa
puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque
membre comme partie indivisible du tout. » ; « chacun se donnant à tous ne se donne à personne » +
« L’aliénation se faisant sans réserve, l’union est aussi parfaite qu’elle peut l’être, et nul associé n’a
plus rien à réclamer. » > (Cassirer) « absolutisme sans limite de la volonté étatique »
* b512. Refus de la représentation ; Livre II = « Que la souveraineté est inaliénable » ; « Il
faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes. » ; « députés » esprit civique, perverti par « le
tracas du commerce et des arts, […] l’intérêt avide du gain […] et l’amour des commodités » ;
citoyens libres « font tout avec leurs bras et rien avec leur argent » < les « corvées sont moins
contraires à la liberté que les taxes » ; « à l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est
plus libre ; il n’est plus » .
— b52. L’Émile ou De l’éducation (db. : 1758 > achevé 1760 > publié mai 1762)
* b521. Conditions [livre I] : « gouverneur » > enfant « sera premièrement homme » ;
b522. Campagne et corps [livre II] ; b523. L’« âge paisible de l’intelligence » [livre III] ; b524
Sentiment et religion [livre IV] : « une orageuse révolution s’annonce par le murmure des
passions naissantes » > « Profession de foi du vicaire savoyard » : « Conscience, conscience !
instinct divin » ; b525. Amour et mariage [livre V]
. b6. Condamnations
41
— 4) Persécution (1762-1778)
+ a> L’errance (1762-1770)
. a1. Môtiers (1762-1765) / a2. L’île Saint-Pierre, lac de Bienne (1765) / a3. L’Angleterre et Hume
(1766) /a4. Retour en France (1767)
+ b> Fin parisienne (1770-1778)
. b1. Fin des Confessions (1765-1770) et combat autobiographique (1772-1776)
. b2. Les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) et la mort.
II. Le contexte d’une querelle :
les Lumières françaises et leur théâtre
— 1 ) La société des ordres entre blocage et mouvement
+ a> Des intérêts nouveaux
+ b> Une double confrontation : d’un front à l’autre, vers une révolution
— 2) L’esprit des Lumières
+ a> Des libertins aux philosophes
+ b> Le brillant des salons
. b1. Classes privilégiées ; Procope ; duchesse du Maine à Sceaux > Mme Geoffroy, Mme du Deffand.
. b2. Culture bourgeoise.
+ c> Nuances de la subversion
. c1. L’esprit d’examen
— Essais sur l’entendement humain de Locke (1690) ; Richard Simon, Histoire critique du Vieux
Testament (1678), Pierre Bayle, Pensées sur la comète (1680), Dictionnaire historique et
critique (1697) ; Fontenelle, De l’origine des fables (1684), Entretiens sur la pluralité des
mondes (1686)
. c2. La recherche raisonnée du bonheur /c3. Une critique politique
— 3) Théâtre et Lumières
+ a> Conditions
. a1. Les théâtres
— Comédie-Française (1680), Académie royale de musique (1671) et Théâtre italien (Luigi
Riccoboni ; retour 1716) ; ≠ Foire àp. 1697 > Opéra-Comique + Italiens 1762 > Boulevard.
. a2. Théâtre et autorités
— Voltaire, Nanine ou le Préjugé vaincu (1749) < Pamela de Richardson ; Diderot in Discours de
la poésie dramatique, 1758 : « l’honnête, l’honnête, il nous touche d’une manière plus intime et
plus douce que ce qui excite notre mépris et nos ris […] O quel bien il en reviendrait aux hommes,
si tous les arts d’imitation se proposaient un objet commun, et concouraient un jour avec les lois
pour nous faire aimer la vertu et haïr le vice ! […] et les pièces honnêtes et sérieuses réussissent
partout ; mais plus sûrement encore chez un peuple corrompu qu’ailleurs. »
. a3. La mise en scène
+ b> Les genres
. b1. Tendances
. b2. Les genres sérieux
— b21. Vie et renouvellement de la tragédie :
* Corneille / Racine / Quinault ; Shakespeare (Voltaire, Lettres philosophiques 1734 > trad.
1745) > cf. Zaïre (1732) ; Crébillon : « Corneille a pris la terre, Racine le ciel ; il me reste
l’enfer » ; cf. Atrée et Thyeste (1707), Le Triumvirat (1755) ; Zaïre : « J’eusse été près du
Gange esclave de faux dieux. » + « S’il était né chrétien, que serait-il de plus ? » ; Mahomet
(1741) ; Spartacus de Saurin (1760).
— b22. Le drame :
* Diderot, Entretiens sur « Le Fils naturel »(1757) et De la poésie dramatique (1758) ;
Beaumarchais in Essais sur le genre dramatique sérieux (1767) ; Diderot : « La comédie
sérieuse qui a pour objet la vertu et les devoirs de l’homme. Une tragédie qui a pour objet
nos malheurs domestiques. » ; Le Père de famille (1758), Le Fils naturel (1757) ; Sedaine,
Le Philosophe sans le savoir (1765) ; Le Déserteur de Louis-Sébastien Mercier (1771).
. b3. Les genres comiques
— b31. Évolution de la comédie
* Destouches, Le Glorieux (1732) > Turcaret de Lesage (1709) ; Nivelle de La Chaussée,
L’École des mères (1744) ; Marivaux, Arlequin poli par l’amour (1720) > Le Jeu de
l’amour et du hasard (1730).
— b32. Multiplication des nouveaux genres ; Isabelle grosse par vertu, de Gueullette (1738)
42
RHÉTORIQUE ET PHILOSOPHIE
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Introduction
+ Attaque :
+ Analyse :
. Binôme pose question du genre de texte : cf. après deux Discours (sciences et arts 50,
origine de l’inégalité 55), juste avant traité (Du contrat social, De l’éducation 62) et roman
(NH 61) ms aussi Confessions 81 et Rêveries 82 (divisées en « Promenades »).
— = œuvre qui joue des styles (bas, moyen, sublime), ms aussi des situations
d’énonciation (degré d’implication et de personnalisation ; position des
destinataires) et des modes de relation à la vérité.
— Lettre = premier texte en son nom propre : tradition épistolaire antique
(Sénèque) reprise par philosophes du 18e (cf. Volt. : Lettres philosophiques
1734 ; Diderot : Lettre sur les aveugles, 1749)
. Rhétorique : art de la persuasion, auquel s’oppose ou dont se distingue philosophie <
— Platon la dénonce comme art du discours fallacieux (Phèdre), où règnent
les sophistes démagogues — jouent de la persuasion (mobilisation de
l’affect) plus que de la conviction (recherche d’une adhésion rationnelle par
démonstration).
— > Aristote lui assigne place précise parmi les arts du discours (> rédige une
Rhétorique) :
* logique = art du discours portant sur connaissances certaines (> sciences)
* dialectique = interrogation sur la vérité (> champ de la philosophie)
* rhétorique = raisonne à partir d’opinions et croyances, non prouvées ms
galt admises > distinction :
— histoire : porte sur le passé
— art poétique (fiction) : possible vraisemblable, non réel (cf.
Poétique)
43
— rhétorique à proprement parler (éloquence) : porte sur le présent et
futur > distingue : délibératif (gvt), judiciaire (tribunal), épidictique
(éloge ou blâme : fonctionnel / ornemental)
— Rem. : littérature = ds champ de la rhétorique (< porte sur le vraisemblable)
ms marginale (< fictionnelle — esthétique : vise un plaisir et non l’utilité) ;
— > ds quelle mesure texte proposant un discours sur l’essence (vérité) des
spectacles peut-il recourir à des techniques oratoires de séduction ?
* Visée pragmatique évidente, ds contexte politique précis : Rss-Genève /
D(Volt.)-Ps.
* Ms : dénonciation des apparences séduisantes, ds un discours qui en joue
(paradoxe platonicien du recours au mythe — manière de faire comprendre
vérités éternelles ds des formes spatiales et temporelles : idéalisme de
Rss. ?) ; cf. tradition chrétienne prônant sobriété de l’éloquence sacrée
(Augustin > protestants… ≠ pompes grand siècle et mondaine).
. Philosophie : amour de la sagesse [éthique] ms aussi, presque originairement en
occident recherche du vrai [connaissance : physique, métaphysique] (cf. premier philosophes
= mathématiciens : Pythagore / surtt. physiciens : Thalès, Héraclite) — alethéia cf. Hedegger
= dévoilement (absence de parure, de spectacle…).
— inflexion forte 18e [cf. relation / libertins] ds opposition en particulier à la
tradition religieuse, ms aussi métaphysique (prolonge rationalisme
humaniste et classique en passant par empirisme anglais : Locke) = esprit
d’examen incite ne chercher de démonstration assurée que ds le domaine de
l’expérience > fait porter son effort sur les domaines physiques, ms aussi
sociaux et politiques > effort de diffusion de la pensée « philosophiques ».
— Philosophe à affaire avec la mondanité, avec lutte contre tt dogmatisme et
tte autorité en place (> alliance avec classes aisées ou aristocratique dont
pouvoirs et avantages bornés par absolutisme monarchique).
* > Rss. est et n’est pas « philosophe » en ce sens : critique rationaliste +
engagement politique / accorde place à la foi + prône morale rigoureuse et
s’oppose au raffinement culturel (ms place importante de l’esthétique :
comme Did. nott.).
* LAS intervient alors que l’Encyclopédie rencontre difficultés : deux
volumes successivement interdits en 1751 et 52 ; campagne de pamphlets
44
du parti dévot : d’Alb. abandonne l’entreprise après 1758 (et querelle /
Rss.) : Did. continue seul ; interdiction Conseil d’État 1759 ms protection
Malesherbes, directeur librairie ; parution 1760-80 = succès immense.
* > incompréhension puis rancœur : St.Lambert, Did., Voltaire.
+ Pbmatique :
Ds quelle mesure l’intervention de Rss., par sa réflexion sur les spectacles,
peut-elle se comprendre comme recherche d’une morale et d’une vérité ?
— I. Une intervention citoyenne ?
+ 1) Genève contre les philosophes
. a> La parole d’un citoyen
. b> Aux marges de la mondanité
+ 2) Propositions de juste gouvernement
. a> Le spectacle et la cité
. b> Comment agir sur les mœurs
45
— II. La vérité en situation
+ 1) Une construction argumentative
. a> Ethos et pathos
. b> Logos
+ 2) Dieu et la Nature : un singulier philosophe
. a> Foi rationnelle
. b> Raisons naturelles
. c> Évidence morale
— III. Le trébuchet des apparences
+ 1) Raison du spectacle
. a> Trahison originelle
46
. b> Irrésistibles offrandes
+ 2) Voix du philosophe
. a> Images d’une conviction
. b> Le texte, scène de la parole
. c> Confessions
47
RHÉTORIQUE ET PHILOSOPHIE
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Problématique :
Dans quelle mesure l’intervention de Rss., par sa réflexion sur les spectacles, peut-elle se comprendre
comme recherche d’une morale et d’une vérité ?
— I. Une intervention citoyenne ?
+ 1) Genève contre les philosophes
. a> La parole d’un citoyen
. b> Aux marges de la mondanité
+ 2) Propositions de juste gouvernement
. a> Le spectacle et la cité
. b> Comment agir sur les mœurs
— II. La vérité en situation
+ 1) Une construction argumentative
. a> Ethos
. b> Pathos
. c> Logos
+ 2) Dieu et la Nature : un singulier philosophe
. a> Foi rationnelle
. b> Raisons naturelles
. c> Évidence morale
— III. Le trébuchet des apparences
+ 1) Raison du spectacle
. a> Trahison originelle
. b> Irrésistibles offrandes
+ 2) Voix du philosophe
. a> Images d’une conviction
. b> Le texte, scène de la parole
. c> Confessions
— Conclusion
L’éloquence philosophique de Rousseau, dans la LAS., se comprend comme pensée de la présence, et
demeure inséparable de la mise en scène subjective de soi.
48
AMOUR ET SOCIÉTÉ
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Introduction
+ Attaque :
. Œuvre pê la plus paradoxale de Rss. = NH. 1761, roman d’amour entrepris alors
même que Rss. se conforme le + à sa « réforme » personnelle de 1751 = retraite à
Montmorency : devient « berger extravagant » (de même qu’il le redevient ds la solitude qui
suite rupture / Mmes d’Épinay et d’Houdetot, pendant conception LAS. : cf. aussi Conf. IX) >
préface NH : « Il faut des théâtres ds les grandes villes, et des romans aux peuples
corrompus. »
— première association = se retrouve ds LAS. : empêche sujets dépravés de
plus mal agir encore = fait du théâtre une forme avant tout sociale (marque
de sociabilité en ce qu’elle a de vicieux) > idem. / « romans », que Rss.
(comme époque) associe à de récits d’amour : cf. LAS. 97 = « décadence »
/ tgdie et comédie > renforcer « l’intérêt de l’amour » > « on ne voit plus
réussir au théâtre que des romans ».
— > associe forme de perversion sociale [constitutive ?] et excès de la passion
= critique du théâtre peut porter / amour et société, qu’elle lie.
+ Analyse : deux notions qui, des Discours (1750-55) à la NH et au CS (61-62) [LAS entre
les 2] oscillent entre bien et mal.
. Amour : pas sentiment que connaît homme de l’état de nature, qui n’a d’ailleurs pas
de sentiment = à part « amour de soi » (logique d’auto-conservation : cf. amour pour la mère,
pitié en est une manifestation) ; état social > dégénère en « amour-propre » : non pas
seulement s’aimer, ms se préférer aux autres et dès lors vouloir être préféré d’eux : impossible
> spirale de malheurs.
— ds état de nature, rencontre entre hs et femmes et plaisir en découlant trop
éphémère pour être survalorisé > pas d’amour ; celui-ci = d’abord forme
d’amour-propre : vouloir posséder la femme reconnue par tous comme la
plus belle + être préféré d’elle = manière de se préférer soi-même (forme de
dépravation liée à la société : besoin imaginaire > désir excédant capacités
49
de le satisfaire) : coïncide avec disjonction être / paraître (racine du
spectacle).
* cf. 2nd Disc. (GF. 200) : « le moral de l’amour est un sentiment factice ;
né de l’usage de la société, et célébré par les fs avec beaucoup d’habileté et
de soin pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait
obéir. » ; « n’a acquis que ds la société cette ardeur impétueuse qui le rend
si souvent funeste aux hommes ».
— ce mal peut devenir un bien (cf. NH. = forte inspiration pétrarquiste et néoplatonicienne) : en tant qu’occasion d’une victoire (spirituelle) de la
volonté sur ce qui s’oppose à sa liberté (passion, domaine du corps) >
régulation d’une pulsion qui coupe de fait l’homme de la sociabilité
(primauté du désir égoïste) = approche du domaine de la loi. cete
— Ambivalence <
* amour source d’illusion en ce que l’h tj. épris d’une perfection imaginaire
à laquelle R ne correspond pas (filiation platonicienne : amour de la beauté)
* cette différence est la ressource d’un progrès moral : imagination du désir
donne accès à une vérité supérieure / immédiateté empirique (chimère >
vérité) > soit ascèse maintenant contradiction max. entre désir et être moral
(NH), soit régulation par formation de l’I et maîtrise du sentiment (Émile et
Sophie : tendresse, confiance, respect) > « Jouis à la fois de l’amour et de
l’innocence. » (Julie)
— Implique dialectique de la volupté :
* plaisir signale satisfaction d’un besoin > ancre ds vie terrestre : « vivre est
une douce chose » (Art de jouir) > plaisir simples et naturels sont bons : <
« les vrais besoins n’ont jamais d’excès » (NH) ; sagesse humaine =
« mettre en égalité parfaite la puissance et la volonté » (Ém.)
* ≠ libertinage = laisse imagination se porter au-delà du besoin naturel >
« se déprave pour se soutenir » (NH) ; > Cl. à Julie : « s’abstenir pour jouir
c’est ta philosophie ; c’est l’épicuréisme de la raison »
* > volupté la plus profonde, attendrissement proche des larmes = désir de
ce qui n’est pas, sentiment d’une absence : « il n’y a rien de beau que ce qui
n’existe pas » (Ém.)
. Société = État civil :
50
. À la fois sorte résultat d’une sorte de catastrophe : groupement pour survie >
propriété et inégalité + scission être / apparence : 2nd discours.
. Et : changement de paradigme (< « perfectibilité » humaine : principe,
capacité de chgt, en bien ou en mal) qui rend possible « ordre social » élevant
l’homme vers vérités morales [« peuple » ne peut vivre sans « lois » :nécessiré
d’un « législateur »] > « devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui […],
d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme. » (CS. 1762).
+ Pbmatique : lien moralisation du désir / de l’ordre social
Dans quelle mesure et pourquoi la réflexion esthétique et morale de
Rousseau sur les spectacles lie-t-elle analyse du désir et critique sociale ?
— I. Obscénité du théâtre
+ 1) Un même poison social (besoin imaginaire > isolement)
. a> Divertissement (perversion : règne des fs ?)
. b> Dissimulation
+ 2) Une propagation ravageuse
. a> La scène et l’amour-propre
. b> Identification et contamination (> destruction)
— II. Utopie communautaire
+ 1) L’amour du beau moral
51
. a> La voix de la conscience
. b> Pédagogie de gouvernement (duel : amour-propre et opinion)
+ 2) Fêtes innocentes
. a> L’auto-contemplation du bien
. b> Régulation amoureuse
— III. Solitude et volupté
+ 1) Dialectique du misanthrope
. a> Haine des hommes ?
. b> Le héros de la vertu
+ 2) De si doux spectacles
. a> Philanthropie d’un solitaire
. b> Chimères d’amour pour tous
52
AMOUR ET SOCIÉTÉ
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Problématique
Dans quelle mesure et pourquoi la réflexion esthétique et morale de Rousseau sur les
spectacles lie-t-elle analyse du désir et critique sociale ?
— I. Avaritia
+ 1) Un même poison social
. a> Divertissement
. b> Dissimulation
+ 2) Une propagation ravageuse
. a> La scène et l’amour-propre
. b> La contamination galante
— II. Eros et virtu
+ 1) Pratique de la vertu
. a> L’honneur : amour de soi et égalité
. b> L’amour : de l’aliénation à l’élévation
+ 2) Utopie
. a> Morale native
. b> Régulation amoureuse
— III. Eros et caritas
+ 1) Dialectique du misanthrope
. a> Haine des hommes ?
. b> Le héros de la vertu
+ 2) De si doux spectacles
. a> Philanthropie solitaire
. b> Voluptueuses chimères de la vertu
— Conclusion
La critique rousseauiste associe constitutivement vies amoureuses et sociales dans l’ordre de l’amourpropre. Le théâtre en est une manifestation privilégiée, à laquelle l’œuvre oppose la jouissance des
communautés vertueuses qu’elle imagine : représentation solitaires aimées contre le théâtre social
honni.
53
LE THÉÂTRE DES APPARENCES
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Introduction
+ Attaque :
. Guy Debord, La Société du spectacle (1967) : §6 « Le spectacle, compris ds sa
totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. » > §18 « Là où le
monde réel se change en simples images, les simples images deviennent des être réels, et les
motivations efficientes d’un comportement hypnotique. » = critique de la société
contemporaine (marchande) comme règne aliénant de l’apparence : portée sociale et politique
/ analyse critique d’un mode de représentation (publicité, information…) > Rss. id. / théâtre.
+ Analyse :
. Théâtre =
— Étymt. (< gc. theorein = « observer, contempler »), lieu où l’on regarde,
espace porteur d’un sens propre à un moment historique = convergence cité
gc, univers médiéval (cosmique et métaphysique), abstraction classique
(politique et psy.), appropriation bourgeoise du monde (dont sc. est une
partie : 18e > 19e), jeu sémiotique 20e.
* > Rss. ds un moment de glissement entre réarticulation intellectuelle
(spiritualisation élitiste) et redoublement sensible (incarnation expressive >
ouverture sociale) [fonction déterminante des genres populaires : commedia
dell’arte, opéra comique, opéra bouffe]
* relation [antinomique ?] / théorie : cf. gc. theoria = « action d’observer »
> « méditation, spéculation » > ensemble organisé de concepts (sytsème).
— > cf. analyse Derrida / « Le théorème et le théâtre » = même dénonciation
par Rss. du langage mathématique et de la représentation scénique comme
« substituts » / présence réelle (native) des être et des choses de la nature
[perspective gale = critique de l’écriture comme logique de l’absence /
présence pleine de la voix comme manifestation à soi de la subj.]
* > cf. critique aussi de la « philosophie » (froide, vaine) qui se veut pure
construction rationnelle, ss l’évidence (la présence — sensible) de la
conscience > « philosophie » de Rss. en porte-à-faux : à la fois proche et
54
opposé du théâtre et de la théorie (philosophique) par relation à
l’abstraction et la sensibilité.
— Théâtre enfin pas seulement espace du spectacle ms aussi fiction scénique :
* > envisager critique des apparences au sein de la fiction théâtrale ellemême.
* envisager txt.-pensée de Rss / apparences comme théâtre / théâtral :
artifice, emphase destinée à susciter des effets (notamment émotionnels).
. Apparences :
— Notion classique en philosophie de « phénomène » [ce qui apparaît =
affecte les sens] : soit voile illusoire (parce que muable) / réalité, qui est
d’ordre théorique, idéal (cf. marque platonicienne très forte chez Rss.) —
ou au contraire seul moyen d’accès à la vérité : cf. notion d’actualisation,
relation matière / forme chez Arist. > empirisme et sensualisme 18e >
phlogie.
— Position complexe de Rss. / phénomènes : <
* à la fois idéaliste — méthode : écarter ts les faits ; + valeur :
moralisation par ascèse comme conformation à un idéal, élévation au-dessus de
la logique [naturelle] des sens.
* et empiriste — par méthode : raisonne à partir de la R concrète : cf.
théâtre, éducation + valeur : expérience intime de la vertu par la conscience
(sensibilité morale — et non seulement matérielle).
— Par ailleurs : apparence chez Rousseau = notion générale dont théâtre est
cas particulier : dévoiement de l’homme social qui se préfère et veut être
préféré (> galanterie, manières du monde).
. > Théâtre des apparences :
— Génitif objectif >
* leur mise en scène : rhétorique / fictionnelle (retourner th. contre Rss.)
* leur théorisation (abstraite / sensible)
— Génitif subjectif >
* cf. argumentation de Rss. : les apparences font (par essence) théâtre >
veulent séduire ? peuvent enseigner ?
+ Pbmatique :
La représentation théâtrale est-elle plutôt l’objet ou le moyen par lequel
Rousseau développe sa pensée du monde ?
55
— I. Le théâtre de la société
+ 1) Masques et mœurs
. a> Pudeur ou parure
. b> Cercles ou galanterie
+ 2) Scènes institutionnelles
. a> Tribunal de la cour
. b> Fêtes civiques
— II. Le théâtre du théâtre
+ 1) Faux miroir servile
. a> Dictature du monde
. b> Tentation didactique
+ 2) Appât sensible
. a> Grandeur à tout prix
56
. b> Amour et déshonneur
— III. Le théâtre de soi-même
+ 1) Une lettre de vive voix
. a> Apparence épistolaire
. b> Élévation oratoire
+ 2) Histoire prodigieuse et lamentable du citoyen Jean-Jacques Rousseau
. a> Schéma actanciel
. b> Intrigue
57
LE THÉÂTRE DES APPARENCES
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Problématique
La représentation théâtrale est-elle plutôt l’objet ou le moyen par lequel Rousseau développe sa
pensée du monde ?
— I. Le théâtre de la société
+ 1) Masques et mœurs
. a> Pudeur ou parure
. b> Cercles ou galanterie
+ 2) Scènes institutionnelles
. a> Tribunal de la cour
. b> Fêtes civiques
— II. Le théâtre du théâtre
+ 1) Faux miroir servile
. a> Dictature du monde
. b> Tentation didactique
+ 2) Appât sensible
. a> Grandeur amorale
. b> Amour et déshonneur
— III. Le théâtre de soi-même
+ 1) Une lettre de vive voix
. a> Apparence épistolaire
. b> Élévation oratoire
+ 2) Histoire prodigieuse et lamentable du citoyen Jean-Jacques Rousseau
. a> Schéma actanciel : le héros, la cité, l’inoculation du mal
. b> Intrigue : une tragédie de l’énonciation ?
— Conclusion
Dans la LAS, le théâtre est à la fois objet et moyen de pensée : il permet à Rousseau une théorisation
du paraître social, et lui offre les modalités d’une pensée de lui-même et du monde.
58
MORALE ET POLITIQUE
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Introduction
+ Attaque :
. Voltaire affirme : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » < nott. : Dieu
comme notion qui peut prendre force symbolique / moralité individuelle et collective, morale
et politique. Rss. reprend parfois cette idée, mais fonde av. tt. son éthique sur le sentiment
intime de la conscience > pb. = relation à autrui ds pensée d’une régulation des
comportements.
+ Analyse :
. Morale : sens gale = (cf. éthique) pensée du comportement humain (> fondement :
explication + surtt. légitimation / bien [accomplissement de l’h / sa propre fin : plaisir,
bonheur, utilité : Aristote, Épicure, Locke > Helvétius] ou /+ devoir [relation / règle
considérée comme nécessaire en elle-même : Évangiles, Kant]) ; rousseauiste :
— fondement : évidence intime / amour de soi (> médiations : pitié, raison) /
plaisir (ds pratique de la vertu : comme réalisation moralisée / amour de
soi) : « rien n’est plus aimable que la vertu, mais il faut en jouir pour la
trouver telle »
— pratique : vertu, comme force-effort / satisfaction immédiate ; respect des
lois en est une forme (insistance sur incitation : « Les Lois qui parlent ss
cesse de punir et jamais de récompenser sont plus propres à contenir les
scélérats qu’à former d’honnêtes gens » [composante pédagogique de cette
morale civique›])
. Le / la politique : conception et organisation, exercice [sens + abstrait et général] /
action concrète de conquête et conservation du pouvoir = Rss. plutôt du côté de la
conceptualisation, et posture de renoncement à tout rapport avec le pvr (éloignement de la
cour et du monde), ms. LAS. = texte d’intervention politique (esthétique et poétique > poltq.).
— pas oublier à cet égard étymologie : polis = cité > cf. Genève, comme
bonne échelle selon Rss. pour la démocratie (> marque d’un pessimisme
politique : refuge ds la quasi utopie ; cf. proposition de constt° / Pologne et
Corse…).
59
— Importance singulière de la réflexion politique chez Rss. : en particulier (y
compris / Volt ;), manière d’enlever à la réflexion philosophique sa
dominante métaphysique ; cf. Conf. : a compris à Venise que « tt tient
radicalement à la politique.
— Paradoxe de la réflexion Rss. / politique :
* condition politique de l’homme = source de ts ses malheurs (DOI)
— pense l’homme au fond comme radicalement solitaire : cf. état de
nature, et sens de la perversion de l’amour de soi en amour propre ; cf.
SOLITUDE
— axe de la pensée politique, voire morale de Rss. = détourner h. / désir
de possession ss fin lié au développement d’un nouveau système
économique (libéral de marché : développement du luxe > de la production
et de la consommation ; saut archaïque de Rss. / cette évolution) :
« économisme » de Rss. // critique des excès sur le plan moral ;
« économie » comme bon angle : gvt de la maison (> interméd. entre
l’indiv. et le collectif).
* constitution politique = aussi (seule ?) voie de son salut (CS < ? LAS ; cf.
aussi Clarens in NH) > nécessaires difficultés :
— penser communauté àp. conception individualiste de l’h. > refus de
toute médiation (représentation) + nécessaire unification radicale de la cité :
souverain = peuple (« tt gvt. légitime est républicain »), abolition de toute
individualité ds volonté gale (qu’exprime la loi > pb. de l’exécutif [forme
de gvt] : royauté idéal serait forme préférable — nostalgie Plat. — ;
démocratie inefficace sf en petit ; aristocratie comme compromis), ss
résoudre contradiction / volontés particulières (leur conformité = vertu).
+ Pbmatique :
. Élts. à lier / réflexion sur le th. + forme épistolaire partic. de LAS.
. Ds quelle mesure la protestation solitaire qu’émet Rss. contre le monde de son
temps, dans sa critique du théâtre, résout-elle ou aggrave-t-elle la tension de sa pensée
(morale et politique) entre individu et société ?
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— I. Critique de l’économie symbolique
+ 1) Contre les philosophes
. a> Indélicatesse de d’Alembert
. b> Perversité philosophique
+ 2) Contre le théâtre
. a> Dénaturation des citoyens
. b> Ruine de la cité
— II. Économie de la valeur
+ 1) Vertu du citoyen
. a> Mobilisation permanente
. b> Politique de l’amour
+ 2) La maison
61
. a> La femme ou l’âme du logis
. b> La voix de la nature
+ 2) Les mœurs et la cité
. a> Lois civiles
. b> Fêtes laïques
— III. Dépenses et recels d’un épistolier
+ 1) L’épanchement citoyen
. a> Devoir, amour de la patrie
. b> Discrétion de Ses Seigneuries
+ 2) Un retrait vertueux ?
. a> Un misanthrope ?
. b> Voluptés civiques ?
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MORALE ET POLITIQUE
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Problématique :
. Ds quelle mesure la protestation solitaire qu’émet Rss. contre le monde de son temps, dans sa
critique du théâtre, résout-elle ou aggrave-t-elle la tension de sa pensée (morale et politique) entre individu
et société ?
— I. Critique de l’économie symbolique
+ 1) Contre les philosophes
. a> Indélicatesse de d’Alembert
. b> Perversité philosophique
+ 2) Contre le théâtre
. a> Dénaturation des citoyens
. b> Ruine de la cité
— II. Économie de la valeur
+ 1) Vertu du citoyen
. a> Mobilisation permanente
. b> Politique de l’amour
+ 2) La maison
. a> La femme ou l’âme du logis
. b> La voix de la nature
+ 3) Les mœurs et la cité
. a> Lois civiles
. b> Fêtes laïques
— III. Dépenses et recels d’un épistolier
+ 1) L’épanchement citoyen
. a> Devoir, amour de la patrie
. b> Discrétion de Sa Seigneurie
+ 2) Un retrait vertueux ?
. a> Un misanthrope ?
. b> Voluptés civiques ?
— Conclusion :
Loin de la résoudre, la LAS montre exemplairement que la relation aporétique entre individu et
communauté, qui fait osciller la pensée rousseauiste entre ascèse et culte d’une véritable volupté morale,
pessimisme radical et utopie politique, constitue le geste même de son écriture.
63
EXPLICATIONS 3, 4, 5
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Explication 3 : pp. 103-104
+ Contexte : dénonciation de la place accrue de l’amour dans les pièces, conséquences morales de ce
phénomène > exemple de Bérénice, vu jadis avec d’Alembert.
+ Plan : 1) 1-15 Affaiblissement moral du spectateur ; 2) 15-26 La direction d’intérêt ; 3) 26-38 Inanité morale
du dénouement.
+ Problématique : une écriture de la sensibilité désigne la sollicitation de celle-ci à mauvais escient.
+ 1) 1-15. L’affaiblissement moral ; double construction binaire (question > réponse en 3 temps)
. a> 1-10 État initial : interro rhétorique > Réponse ternaire à partir d’un GN + 3x PSR en « qui » ;
lexique péjoratif (côté féminin) / mélioratif hyperbolique (vertu romaine et grandeur historique). b> 10-15 État
final : variation sur la question (mais bis « spectateur ») ; atténuation par aspect terminatif (« finit par ») > 3 x
« par + infinitif » : lexique de la sensibilité / rappel par 3 PSR (« qu’il », « dont », « qu’il ») = rappel temporalité
de l’exp. vécu (imparfait) / développement présent gal P3 > glissement : déixis = « Voilà… nous… »
+ 2) 15-26. La direction d’intérêt ; construction majeure par opposition (« mais ») ; rappel d’une expérience
vécue
. a> 15-19 Choix du protagoniste : incise > sensibilité / dignité ; « mais » + « tous sentirent » > analyse
abstraite (P3 + lexique gal > métapoétique) d’une direction déterminée, artificieuse, de la sensibilité. b> 19-29
Pathétique Bérénice : déroulement = « Non que » + dérision de la composante lyrique > dénouement = « mais »
+ analyse du jeu créant l’émotion (cf. Diderot) : « œil » + « voix » > « art de l’actrice » (≠ « pathétique du rôle »)
> spect. pleurent / actrice non
+ 3) 26-38. Inanité morale du dénouement ;
. a> 26-32 De l’identification à l’absence de catharsis : « Que… sinon + 3x « que » (complétive) :
relation « on », « chacun » / « elle », « son », « Titus » ; lexique de la sensibilité ; dérision de la catharsis : ironie
dans l’interrogation négative antiphrastique (passage au passé composé, ancrage ds l’énonciation). b> 33-38 Un
dénouement perverti : axiome au présent de galité : l’effet dominant l’emporte sur la structure > actualité ?
humour dans variation sur Suétone-Racine + confusion scène/salle (fable/réel)
+ Conclusion : portée par une construction logique rigoureuse, une empathie à la fois critiquée au théâtre et
sollicitée dans l’écriture (amplification, lexique, temps…)
— Explication 4 : pp. 178-179
+ Contexte : pointe de l’argumentation contre un théâtre à Genève ; pièces sérieuses impossibles 175 sq. <
manque de grandeur ; comédies idem 177 < risque de la satire ; désastre de l’installation des comédiens.
+ Problématique : causes et modalités d’une dramatisation de la pensée.
+ Plan commenté :
. 1) 1-8. L’égalité : pervertie par les comédiens (« tout égaux »≠ « égaux de tout le monde » : extériorité
+ mondanité ; avantage de la « faveur » publique), dont logique est celle de l’inégalité et du rapport de force
(« tenus en respect par les grands »).
. 2) 8-14. Le ver dans le fruit : les magistrats. Concession à un lecteur potentiel (« soit ») ; glissement de
l’inégalité (« particuliers » > « familiers » > « liaisons » [relations particulières] : « indulgence » +
« protection ».
. 3) 14-24. Le torrent des plaisirs. Adv. « Bientôt » amorce le processus de débordement irrésistible des
passions d’amour-propre (préparé par usage, depuis le db., du futur de l’indicatif comme temps du désir
irrépressible, projection d’un instant au-delà de lui-même) ; « on ne voit plus » l.17 // « j’ai peine à concevoir »
p.78 /catharsis = débordement fatal des passions ; 17sq. 4GN (cadre rhétorique débordé) > 3x « tout » (animé >
inanimé) ; analyse : « chacun » + illusion ; l’impossible rétention : image élémentaire du « torrent » ≠ « quel
homme » + « ancien pasteur » (origine dévoyée).
. 4) 25-31. L’ultime catastrophe. Adv. « Enfin » > P1 + présent de l’indicatif + CCT : projection dans
avenir d’une apocalypse de la République [note : rappelle nécessité de l’excès — « fureur » — dans le
raisonnement, exhibé comme tel : « raison », « effets », « cause » ; compensation didactique de l’hyperbole
64
fantasmatique ?] ; 27 sq. : « On » (cf. valeurs diverses depuis 17, 23) > ternaire avec oppositions croissantes des
termes > acmé de la dramatisation : actualité explicite de l’écriture (mise en scène concrète + présent).
+ Conclusion : la dramatisation repose sur une vision de l’histoire et du désir, elle passe par une mise en
scène systématique de l’excès, mais aussi de l’énonciation.
— Explication 5 : pp. 192-193 (la note)
+ Contexte : exemple des fêtes qui conviennent à une République > Spartes, ms note / St. Gervais = seul
exemple moderne développé, entre danse des Lacédémoniennes et divertissement civique spartiate des trois
générations.
+ Plan (toute la note) : 1) 0-14. Récit de la danse (souvenir/fête > hommes > femmes) 2) 14-34. Commentaires
(attendrissement général > paternel > ivresse > péroraison Rss. P1)
+ Problématique : Pourquoi ce récit, important pour la démonstration de Rss., ne figure-t-il qu’en note ?
+ 1) 0-14 Le récit d’un souvenir
. 0-1. Un souvenir : P1 + « spectacle » (sens) : « assez simple » [cf. « assez agréable » : p. 111/
« Montagnons »] / « pourtant l’impression » ; Dispositif de la fête : ordre militaire (vertu), autonomie et aspect
inchoatif de l’action (« se rassemblèrent », « se mirent ») > harmonie musicale + centrage sur nature [cf. 182]
(fontaine / flambeaux). a> 1-9. Danse des hommes : pt. de vue extérieur au cond. (cf. l. 30) / adv. « cependant »
+ énumération souple en 5 sujets (1 totalisant [« accord »] > 4 = structure [« choix »] + intensité x2 [« bruit »,
« éclat »] + structure [« appareil »]) > synthèse par 6e « tout cela » : fluidité et amplification + éléments de
construction. b> 9-14. Arrivée des femmes et des enfants : transformation des spectateurs en acteurs et récipt. :
processus irrésistible (11 : « elles ne purent » : cf. 8-9 « on ne pouvait »), expression de la conséquence par
parataxe 12 ; conversion de l’excès en vertu (« maîtresse », « vin », « demi-vêtus ».
+ 2) 14-34. Commentaires
. a> 14-18. Attendrissement général : procès impersonnels (passif, tournure présentative : « ce ne
furent » puis impersonnel : « Il résulta ») + absence de déterminant pour substantifs ne fixant ainsi guère le
procès qu’ils signifient (« embrassements » etc.) > id. / indéfini (« un attendrissement général » : substantif
dynamique — cf. dérivation d’un adjectif + préfixe et suffixe — qui peine à trouver contours, logique de
diffusion : cf. « universelle ») > expression déniée ou indéfinie : « ne saurai peindre » > « on » ≠ « nous », « tout
ce qui » ; b> 18-23. Attendrissement du père : saisi de l’émotion ds son actualité malgré passé simples <
gérondif en incise + relative au présent + P1 + « encore » > discours direct au présent avec incise à l’imparfait
(imperfectif) : impératif / sentiments et sensations (« aime », « vois ») ; unanimité (« tous » > « joie »,
« concorde » : principe d’harmonie, cf. musique) + équivalence » : « ils sont » > « tu es » / « amis », « frères »,
« Genevois » ; discordance finale entre Genevois / « autres peuples » + flottement ds comparaison mobile avec le
père (« autant » voyager / « jamais » trouver ; cf. série en [p] de la rechercher d’identité ? père, partager, pays,
peuple, père, pareil) ; c> 24-29. Ivresse : de nouveau indéfini et impersonnel pour la communion vertueuse
(« on » > « chacun », « il n’y eut » > « il fallut » ; parataxe, équivalence ; lieux de la vertu : « place » >
« familles » ; virilisation des femmes ds partage d’un plaisir vertueux ; 29-34. Péroraison subjective : P1 +
actualité / sensations et sentiments (clôture par retour du « spectacle » ; « Non » = mise en scène dialogique,
forme de péroraison de soi-même ; équivalence « pure » / « vraie », « publique » / « Nature » (abolition de la
politique par son accomplissement esthétique) ; personnification / « Dignité » + développement allégorique :
mise à l’écart de la distinction en même temps que de la représentation littéraire au travers d’une figure
transparente à laquelle se voit préférée l’expérience pure et simple (de nouveau « pareil » > ancrage ds une
origine rêvée abolissant la différence sexuelle : père + patrie).
+ Conclusion : marginalisation de ce texte en note infrapaginale témoigne de son caractère utopique au sens
propre et figuré = à travers une mise en scène intime et sensible, semble d’une part rêver une résolution des
oppositions auxquelles se heurtent l’écriture et la pensée de Rss. (représentation / présence immédiate, fiction
/ réalité, volonté générale / particulière), et d’autre part, montrer une plénitude de l’origine familiale et
civile (appartenance / père + patrie) à laquelle l’élaboration littéraire rousseauiste ne trouve littéralement pas
de place (cf. énonciation / LAS).
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DS2
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
Dans sa Lettre à Rousseau sur l’intérêt littéraire (PUF, 2005), Alain Viala affirme :
« Parce qu’elle suscite des mobilisations de l’esprit et de l’énergie mais qu’elle échappe à tout
contrôle efficace et que le lecteur reste hors d’inquisition sur ses réactions, oui, la littérature
peut tout magnifier, et tout dénigrer. C’est sa liberté, sa puissance. »
Dans quelle mesure ces considérations peuvent-elles éclairer la lecture de la Lettre à
d’Alembert sur les spectacles, de Jean-Jacques Rousseau ?
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DS2
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Lettre à d’Alembert sur les spectacles (1758)
— Sujet :
Dans sa Lettre à Rousseau sur l’intérêt littéraire (PUF, 2005), Alain Viala affirme : « Parce qu’elle
suscite des mobilisations de l’esprit et de l’énergie mais qu’elle échappe à tout contrôle efficace et que le lecteur
reste hors d’inquisition sur ses réactions, oui, la littérature peut tout magnifier, et tout dénigrer. C’est sa liberté,
sa puissance. »
— Analyse :
Monde
Action 1
Sujet
Action 2
Lecteur
esprit
suscite
la littérature
suscite
esprit
énergie
mobilise
mobilise
énergie
tout contrôle
échappe
échappe
tout contrôle
Action 3
[écrivain]
peut
tout
le lecteur
magnifier
reste hors
d’inquisition
dénigrer
= liberté,
= liberté,
puissance
puissance
psychologie
psychologie
poétique
psychologie
psychologie
sociologie
poétique
sociologie
poétique
poétique
politique
éthique
politique
éthique
sociologie
politique
métaphysique
— Problématique :
Dans quelle mesure les critiques et propositions de Rousseau dans sa Lettre à d’Alembert sur les
spectacles reconnaissent-elles que la dynamique poétique des œuvres littéraires leur confère une liberté légitime
de représentation et de jugement ?
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Rousseau combat la « puissance » de la « littérature » mondaine comme symptôme d’un
fonctionnement social pervers : à Genève au moins, il faut lui opposer un « contrôle efficace » (I) [LA
PUISSANCE LITTÉRAIRE CONTEMPORAINE EST ILLÉGITIME : LA REFONDER SOCIALEMENT]. Dans LAS,
une véritable « inquisition » rousseauiste — enquête et dénonciation — porte sur le principe même de la
représentation, dont le théâtre constitue le révélateur, « magnifiant » les passions et « dénigrant » la vertu, sans
morale aucune (1.1). Si des formes esthétiques peuvent « suscit(er) des mobilisations de l’esprit et de l’énergie »,
que ce soit au service d’une légalité républicaine idéale, totale, régissant jusqu’aux spectacles et à la vie
amoureuse (1.2).
— I. Le censeur des Belles Lettres : contrôler la littérature
+ 1) Inquisition et galanterie
. a> Critique de la représentation littéraire
. b> Critique de la représentation sociale
+ 2) « La Terreur dans les Lettres » (Jean Paulhan)
. a> L’annihilation de la littérature ?
. b> Une poétique de la société
Pour Rousseau, l’ultime « puissance » de « la littérature » consisterait ainsi à se dépasser elle-même
pour que des valeurs morales trouvent une réalisation politique et sociale. Elle quitterait ainsi le domaine de la
fiction pour le réel, passant de la « puissance » à l’actualisation d’une force (I). Et c’est bien en acte que la
représentation littéraire participe du mal social : aussi offre-t-elle la ressource d’une « réaction » — d’une
intervention (II) [À UNE PUISSANCE CONFORMISTE, OPPOSER LA FORCE EXPRESSIVE D’UN CŒUR LIBRE
ET PUR]. Car si le théâtre se découvre au principe même de l’aliénation où la civilisation contemporaine
s’enferre, et qui semble « contrôl(er) […] tout » (2.1), la « liberté » d’un sujet autonome parce que vertueux ne se
manifeste jamais mieux que par le charme d’une voix : entre rhétorique et cri d’indignation, la LAS met en scène
au plus près la parole d’un citoyen solitaire (2.2).
— II. Diatribe d’un « berger extravagant » : agir par la littérature
+ 1) De la puissance destructrice des Lettres
. a> Perversion de l’être
. b> Tableaux d’apocalypse
+ 2) L’épître d’un proscrit
. a> Résister aux puissants
. b> Seul contre tous : rhétorique et présence
Est-ce à dire qu’en bonne logique préromantique, « l’énergie » emportant tout « esprit », la vraie
« littérature » ne pourrait opposer au conformisme social que la vertu singulière d’un génie (II) ? L’effort de
« liberté », chez Rousseau, tient à la recherche d’un « contrôle » sur « l’énergie » qui nous « mobilise » au plus
intime (III) [ROUSSEAU TENTE D’ALLIER LÉGITIMITÉ RATIONNELLE ET PUISSANCE IMAGINATIVE]— ce
que montre bien son attaque d’un théâtre perçu, au fond, fort comme un père et fascinant comme une femme.
Aussi la LAS s’appuie-t-elle sur une véritable systématisation rationnelle (3.1) alors même que son mouvement
« échappe » à la seule abstraction des principes pour « magnifier » la vertu en de parfois troubles images (3.2).
— III. Poétique d’une philosophie romanesque ? Penser par la littérature
+ 1) Un système
. a> Une démonstration méthodique
. b> Éléments d’une construction philosophique
+ 2) Rêveries d’un penseur solitaire
. a> Un texte rhapsodique
. b> « La pente de la rêverie » (Victor Hugo)
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