Mise en page 1 - La Presse de la Manche
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LA PRESSE DE LA MANCHE DANS LE COTENTIN EN CE MOIS D’AVRIL 1912 MARTINVAST - Dans le Journal de Coutances, on trouve le compte-rendu de la Fête des couturières qui s’est traditionnellement déroulée à Martinvast à Pâques : “le lundi de Pâques, malgré un temps indécis, les Cherbourgeois se sont rendus en foule à la fête des couturières. L’excellente musique L’Union Cherbourgeoise, qui a donné un concert place de la mairie, avait convié les promeneurs à lui emboîter le pas pour se rendre à la fête. D’autre part, l’Ouest-Etat avait organisé des trains supplémentaires qui ont transporté à Martinvast un grand nombre de promeneurs. Martinvast est, chacun le sait, l’un des endroits préférés des Cherbourgeois : aussi, à un certain moment de l’après-midi, le parc du château et le champ de l’assemblée, étaient-ils envahis. Les petits marchands, restaurateurs et marchands forains ont dû faire d’excellentes recettes”. - La saison de football se clôt en ce mois d’avril et l’équipe locale de l’US Valognes joue son dernier match contre une équipe de lycéens du département. Le match a lieu à Brix, et les joueurs locaux sont convoqués en ces termes dans le Journal de l’arrondissement de Valognes : “les joueurs de Valognes se rendront à Brix en bicyclette, et sont priés en conséquence de se trouver à midi moins un quart route de Cherbourg, près le passage à niveau du chemin de fer. Le match aura lieu vers 2 heures et demie”. - La mise en place de ce qu’on appelle Les grands marchés, deux fois par mois le lundi, rencontre immédiatement le succès : les éleveurs de la région y amènent nombre de bêtes, en particulier des veaux gras qui intéressent beaucoup les grossistes venus de Paris pour l’occasion. Porcs et moutons sont montrés et vendus sur la place des Buttes, les veaux sur la place des Halles. VALOGNES LA HAGUE - On parle beaucoup en ce moment des auto-messageries de la Hague. Leur promoteur, René Félix, a entamé une série de conférences dans la région pour convaincre ses auditeurs de participer à la souscription étayant le capital de la compagnie. La construction des deux autobus qui doivent sillonner la Hague est paraît-il, bien avancée. le minerai extrait de la mine. Puis le minerai doit être chargé directement à bord de cargos amarrés au caisson. On espère que les tempêtes laisseront suffisamment de répit pour permettre l’installation définitive du caisson en mer et des quatre pylônes qui le relient à la terre ferme en même temps qu’ils servent de relais au chemin de fer aérien. - Le conseil municipal vote un emprunt de 700 000 francs pour doter la ville d’un système de filtration des eaux, identique à BARNEVILLE - Les travaux pour l’édification d’un chalet de plage destiné à la princesse de Chimay, viennent de - Le port est régulièrement visité par des navires de transport effectuant du cabotage entre les différents ports de la Manche : Le Havre, Boulogne… pour y amener des marchandises diverses : grains, charbon... QUETTEHOU - Une conférence en faveur de la création d’une Société de tir et de préparation militaire, remporte un franc succès. Sur la proposition de Mr Jouet, instituteur et initiateur de la conférence, la société a été créée et dénommée La Patriote : son président est Mr Fargeas, ancien de Saint-Cyr et percepteur, et le maire de la commune, Mr Quentin, en est le vice-président. QUINÉVILLE-PLAGE Ancienne Maison FONTAINE - GOUHIER ---------- Hôtel de la Plage AGNES-ROLAND, Succ Cuisine recommandée ---------- r SERVICE A LA GARE - CABINES à louer à la journée ---------- Agence de Location de Villas et Chalets SAINTE-MÈRE-EGLISE - A Sainte-Mère-Eglise, l’actualité locale est dominée par l’inauguration de l’hôtel de ville le 21 avril, avec une soirée-concert donnée pour l’occasion par la Société des anciens élèves et amis de l’école publique. L’hôtel de ville de Sainte-Mère-Eglise. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 523-16). 3-2 à la mi-temps. Cinq minutes de repos et la partie reprend : “cette deuxième mi-temps fut tout à l’avantage de La Haye-Pesnel : les joueurs dans toute leur ligne paraissaient bien supérieurs à leurs adversaires”. Après trois nouveaux buts marqués, la partie se termine sur le score de 5-3 pour La HayePesnel, et par “une collation soupante au terme de laquelle les deux sociétés se sont quittés en toute cordialité”. - Dans le centre du Cotentin, la mise aux marais des bestiaux se fait de manière avancée dans plusieurs communes à cause de la pénurie de foin. La marque du bétail se fait la veille que pour les locaux, le jour même pour les bêtes appartenant à des "étrangers”. Dans de nombreuses communes, des droits sont à vendre. AU CONSEIL DE RÉVISION à l’achat de fournitures scolaires pour les enfant des écoles publiques de la commune. mystère de ses objectifs : tirer à boulets rouges sur certains citoyens qui se présentent devant les électeurs locaux. Comme par exemple, le chef du Comité des intérêts de Saint-Vaast, qui “se promène dans les rues de notre ville, la démarche posée, le geste lent, l’air inspiré comme il convient à un penseur. Tel qu’il est, il n’est pas méchant, et en temps ordinaire, c’est un mouton. Malheureusement pour lui, c’est l’époque des élections, aussi le printemps aidant, il s’est éveillé et le mouton est devenu enragé. Il est allé prendre ses ordres chez le voisin d’en face : Mr le Curé qui lui dicte sa ligne de conduite, car c’est un chef bien pâle et quelque peu timoré”. On ne sait pas si les électeurs de Saint-Vaast ont été des lecteurs assidus de La gueule de fer… - C’est le derby manchois (football) entre l’Avant-Garde de La Haye-du-Puits et le club de La HayePesnel, dont on trouve le compterendu dans Le Réveil Avranchinais. Menés rapidement 2-0, “les joueurs de La Haye-Pesnel, qui ont à coeur de gagner, en mettent terriblement et après de nombreuses descentes vers les buts adverses, réussissent bientôt un but suivi peu après d’un second et d’un troisième”. - On ne fait pas de cadeaux aux jeunes conscrits puisque la France a besoin de soldats en cette époque très revancharde contre l’Allemagne : au conseil de révision du canton de Valognes, qui examinait 102 jeunes hommes de la classe 1911, 80 ont SAINT-VAAST-LA-HOUGUE - On apprend dans Le journal de l’arrondissement de Valognes, la publication prochaine à Saint-Vaast de La gueule de fer, “grand journal littéraire, amusant, humoristique, nullement politique”. Edité tous les 8 jours et tiré à 2 500 exemplaires, il se propose de publier la biographie des “grands hommes de notre ville” et “pourra être lu aussi bien par les jeunes filles que par leurs mamans” : “son but est de léguer à la postérité les faits et gestes de nos concitoyens marquants et de les présenter aux lecteurs sous leur vrai jour, en exhaltant leurs vertus - pour ceux qui en ont - et aussi en faisant connaître leurs petits travers - car chaque grand homme a ses faiblesses”. Même s’il se proclame “nullement politique”, La gueule de fer, publié à quelques jours des élections municipaux, ne fait pas A Southampton, une collision évitée de justesse ! -- Le navire repart ce soir pour l’Irlande LES MARAIS commencer. On estime la facture à 100 000 francs de l’époque. CARENTAN RAUVILLE-LA-BIGOT celui déjà installé à Cherbourg. Les eaux filtrées seront ensuite stérilisées avec des appareils à ultra-violets. LA HAYE-DU-PUITS Manche/ CG50. Fonds Victor Lefrançois (32 Num 58). - La municipalité décide que les revenus tirés des propriétés appartenant à la commune seront dédiés Cherbourg salue le Titanic SAINT-LÔ La grande jetée de Diélette, avec au premier plan, une structure métallique destinée au téléphérique en cours de construction pour la mine sous-marine. (Archives départementales (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 82 - 319). MARDI 10 AVRIL 2012 Supplément gratuit de La Presse de la Manche du mardi 10 avril 2012 - N° 20 612 - Ne peut être vendu séparément DIÉLETTE - L’exploitation de la mine de fer a repris, et ce sont actuellement 300 ouvriers qui travaillent à creuser des nouvelles galeries en plein granit. A Cherbourg, un caisson est en construction, qui doit être positionné en mer, au large de Diélette, pour constituer le terminus d’un chemin de fer aérien qui servira à acheminer les wagons transportant EDITION SPECIALE 9, rue Gambetta - BP 408 - 50104 Cherbourg Cedex BRICQUEBEC A Bricquebec, les grands marchés aux bestiaux du lundi, ont rencontré aussitôt le succès. MERCREDI 10 AVRIL 1912 été déclarés bons pour le service et seuls 4 ont été exemptés. A Bricquebec, sur 80 hommes, 67 bons pour le service et 3 exemptés. Et enfin à Barneville, sur 79 inscrits, 63 ont été déclarés bons pour le service et 3 exemptés. CINÉMA - Un peu partout, le cinématographe est déjà répandu dans le Cotentin. Ainsi à Valognes, lors de la fête de l’aviation militaire qui a lieu à la salle des fêtes le 14 avril 1912, le conférencier invité s’appuie sur une projection de films pour appuyer son discours. A Saint-PierreEglise, on mentionné la présence d’un cinéma, sans que l’on sache s’il s’agit d’un cinéma en dur ou d’un cinéma ambulant. A Néhou/Colomby, lors d’une soirée récréative donnée à l’école des garçons sous les auspices de la municipalité, on donne le programme cinématographique suivant : Corrida de taureaux au Chili, Droit seigneurial (drame), Rigalin est fier d’être témoin (comique), La purée est enragé (comique), Jalousie de Gitane (drame), Gross country (origi- Grain, charbon et autres marchandises : le port de Carentan est très actif en ce début de XXe siècle. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 99 - 443). TRIBEHOU - On annonce la prochaine installation d’un bureau de poste à Tribehou (la nouvelle est parue dans Combien ça coûte ? Voilà quelques salaires de l’époque relevés pour différentes professions : l’architecte de la ville de Cherbourg touche en 1912, 8 500 francs par an. Le chef machiniste du théâtre de Cherbourg est à 2 200 francs par an et le chef cantonnier de la ville, 1 350 francs par an. Un garçon de bureau gagne 1 200 francs par an. Pour une journée de travail, le contremaître de l’atelier municipal gagne 5,25 francs (soit 1 638 francs par an), un manœuvre 3,90 francs (1 216 francs par an). Voilà maintenant quelques prix relevés à la même époque : - Un ticket de tramway Cherbourg (place du Château/ Urville) : 60 centimes. - Un aller en train de Cherbourg à Barfleur : 2,40 francs (première classe), 1,75 franc (deuxième classe). - Une séance de cinématographe au Palace d’Equeurdreville : de 0,70 à 0,25 francs. - Une bicyclette routière (vendue par la maison Cardet, Equeurdreville) : 105 francs. - Une douzaine d’œufs au marché de Sainte-Mère-Eglise : 90 centimes. - Le pain : 2,10 francs les 6 kilos au marché de Sainte-Mère-Eglise. - Le beurre : 3,40 francs le kilo de première qualité au marché de Sainte-Mère-Eglise. - Le lait : 0,25 francs le litre à Cherbourg. - Une poule : 4,25 francs à Cherbourg. - De la viande de bœuf : 1,80 francs le kilo à Cherbourg. - Des haricots : 40 francs l’hectolitre à Cherbourg. - Du cidre : 13,50 francs l’hectolitre à Cherbourg. Pour conclure le tout, le prix moyen d’un passage sur le Titanic L’Officiel). On cherche un local et on parle d’inauguration pour le mois de juillet prochain. en troisième classe était de 7 livres sterling par personne : presque deux mois de salaire d’un garçon de bureau de la ville de Cherbourg en 1912. Charlotte Cardeza, passagère de première classe sur le Titanic, a payé sa cabine 512 livres de l’époque : un peu plus de dix ans de salaire du même garçon de bureau… - Pas de faits divers sanglants à la une des journaux locaux de ce mois d’avril 1912 : rien que l’habituel film des petits évènements de la rue d’alors. - Des accidents de circulation : un cheval qui s’emballe, un néo-cycliste qui éprouve quelques difficultés à maîtriser sa monture, un paysan tombé de sa charrette et qui se fait enfoncer les côtes par la roue lui passant dessus. - Des scènes d’ivrognerie assez fréquentes : on ramasse dans la rue un homme (ou une femme) plus ou moins imbibé, parfois raide-mort d’avoir forcé sur la bouteille. - Des bagarres : c’est assez fréquent à l’époque que l’on s’empoigne pour un larcin ou un mot de trop. Ça se termine souvent au tribunal de police par une remontrance et une amende. Mais quand un militaire est mêlé à l’histoire, il y a souvent effusion de sang, les coloniaux en garnison à Cherbourg, voire les équipages des torpilleurs, ayant le sang chaud et le coup de poing facile : parfois, ils n’hésitent pas à utiliser leurs armes de service pour faire admettre leur point de vue sur la question… Faits divers nal, comique), Noël du peintre (comédie), En Suisse, promenade sur le lac des quatre cantons, et Julot a du jarret (comique). Il est précisé qu’”entre chaque vue, le gramophone se fera entendre”. Il faut croire que ces séances ont beaucoup de succès, puisque le même journal rend compte une semaine plus tard de cette soirée récréative : “on applaudit longuement à la fin de chaque film, car il faut louer chez Mr Férey (l’organisateur de la projection), à la fois l’habileté du mécanicien et le goût heureux de l’artiste ! Les airs du phonographe et les chants des enfants ajoutèrent à l’intérêt de la séance. un dîner fut offert à Mr Férey par la municipalité. On y but à l’école et à la République”. 10 avril 1912, 18 h 30. Le paquebot Titanic vient enfin de faire son entrée dans la grande rade par la passe de l’Ouest. Attendu initialement à Cherbourg à 17 h 30, le paquebot de la White Star a frôlé la collision avec le paquebot New York au moment de son départ de Southampton sur le coup de midi. Le temps de régler l’incident, le Titanic a repris la mer avec une heure de retard sur son horaire. Mais enfin le voilà. Partis de la gare Saint-Lazare le matin même par le New York Express, 274 passagers l’attendent à bord des deux transbordeurs de la White Star affectés à Cherbourg, le Nomadic et le Traffic. Celui-ci s’avance en premier vers le Titanic pour que les passagers de troisième classe et les bagages puissent monter à bord du paquebot. Puis c’est au tour du Nomadic d’opérer la même manœuvre afin de transborder les passagers de première et seconde classe. Une fois tout le monde à bord, une vingtaine de passagers qui n’ont pris qu’un aller simple entre Southampton et Cherbourg, quittent le Titanic et embarquent à bord du Nomadic qui les ramène à terre. Une opération qui dans sa globalité, n’a pris qu’une petite heure et demie. A 20 heures, le Titanic lève l’ancre, effectue un demi-tour, et repart par la même passe de l’Ouest. Direction, le port irlandais de Queenstown, où il doit faire une dernière escale le lendemain. Avant d’affronter l’Atlantique… Les deux photos que nous reproduisons ici, montrent le Titanic dans la grande rade de Cherbourg, sous deux angles différents. Le premier cliché a été pris par un jeune agent de la compagnie transatlantique allemande Norddeutscher Lloyd : le bateau est ancré au large du fort de l’Ouest, que l’on voit sur la droite (collection Claude Molteni de Villermont). Le deuxième cliché, dont l’auteur est inconnu, montre le Titanic ancré au même endroit, mais pris de l’autre côté : on aperçoit au fond, les hauteurs dominant Cherbourg. Peut-être l’auteur de ce cliché était-il sur le fort de l’Ouest ? (collection Valéry Bouet). Sources - Cherbourg-Eclair et Le Réveil, avril 1912. ------- Bulletin municipal officiel de la ville de Cherbourg, 1912. ------- Nouveau guide illustré de Cherbourg et ses environs, 1911. ------- Agenda illustré de la Dépêche de Cherbourg, 1913. ------- Cherbourg et le Cotentin/ Congrès de l’association française pour l’avancement des sciences (août 1905). ------Annuaire de Cherbourg, 1903-1904. ------- Le journal de Valognes, 1912. ------- Le journal de l’arrondissement de Valognes, 1912. ------- Le journal de Coutances, 1912. Du mythe Titanic à l’épopée transatlantique ! 46-51 France: Mise en page 1 7/10/11 14:44 ise 118-122 naufrage:M Page 1 en page 1 8/10/11 9:05 Page 1 Du côté des Fran çais 1912 2012 LE TITA NIC En mer Le jour où le Titanic est passé par Cherbourg 8 février 1962 : achevant sa première traversée En haut à gauche, transatlantique, les rubans que le France vient l’on distribuait de passer devant aux passagers pour qu’ils les la statue de agitent lors des la Liberté et est salué départs et des arrivées du paquebot. par les remorqueurs et les bateaux-p (Collection privée). ompe 100 e ANNIV ERSAI RE Et vive le Fr ance ! de résume à trois d’affronter la navires capables traversée de l’Atlantique Nord France, le De : l’Île de Grasse Liberté. Trois bateaux , et l’ancien Bremen rebaptisé dont la construct années vingt. ion remonte aux A moyen terme, il nouveaux paquebotfaut donc que la France se dote de s, d’autant que dès la fin des anCi-dessous et Cherbourg, du port de New York. (Photo AFP). Pendant quator ze océans. Et après ans, le paquebot France a représenté avoir failli sombre la culture et r, il a connu la technologie une seconde française sur vie encore plus tous les longue sous Au sortir de la seconde guerre d’autres pavillo paquebots français mondiale, la flotte ns. se dans les pages suivantes, extraits du plan des nées 40, le trafic nents américain passagers a repris entre les contiet sont les armemen européen, et que pour l’heure, ts anglais et ce taillent la part américains qui du lion. s’y Un grand paquebot (2 000 passager versée) ou deux s, 5 jours de paquebots de trapassagers chacun taille moyenne (1 300 pour 6 jours de traversée) ? Assez ponts du paquebot France, offert aux passagers pour mieux se repérer sur le rapidement, la solution du grand tant du point paquebot s’impose, de vue économiq ue que du prestige apporte à l’image du qu’il vent pour prédire pays. Même si certaines voix s’élèatlantiques est que le temps des paquebot s transrévolu et que désormais à l’aviation, l’avenir appartien le gouverne t à la fin juillet 1956 à la Transat ment français indique commande aux chantiers navals qu’elle peut passer de Saint-Nazaire. bateau. (Collection , vu par un illustrateur Le naufrage du Titanic de l’époque. (Archives AFP). Le naufrage impens privée). able lequel on va Un cauchemar pendant d, , le Titanic sombre. tence au sang-froi avoir touché l’iceberg humain, de l’incompé 2 h 40 minutes après et défauts du genre de toutes les qualités assister au défilé de la lâcheté au panache. en plein 1912. Le Titanic est Dimanche 14 avril une météo belle, vents faibles : à la Atlantique. Soleil, mer à tracer à travers l’océan idéale pour continuer vitesse de 21,5 nœuds. repas (petit cours, rythmé par les A bord, la vie suit son de 13 h à 10 h 30, déjeuner c’est déjeuner de 8 h 30 18 h à 19 h 30). Comme de dîner et 30 h aux à 14 la matinée est consacrée dimanche, la fin de à manger sont dits dans les salles qui religieux, t offices première, c’est le commandan des trois classes. En 46 port du Titanic et des transatlantiques qu’en vient lire l’Evangile, tandis Byles, Smith en personne qui classe, c’est le père seconde et en troisième classe, qui dit la messe. passager de seconde Soirée de gala pour l’aprèss’égayent à nouveau Puis les passagers parties de à la bibliothèque et sur midi, entre lectures courrier ou promenade le nez squash pour les premières, les secondes, et rêveries le pont supérieur pour n’a Mais cette rêverie au large pour les troisièmes. lumière du et à mesure que la qu’un temps : au fur chute, les la température extérieure soleil décline et que ponts extéprogressivement les passagers désertent En prese réfugier à l’intérieur. et rieurs du navire pour longtemps que les passagersleur mière classe, cela fait leurs cabines pour peaufiner la passagères ont rejoint l’heure que à tout effet en c’est tenue pour le dîner : pour rien au traversée a lieu. Et soirée de gala de la mondain. manquer cet évènement monde, il ne faudrait 118 500 illustrations… 250 pages, plus de EN VENTE Un océan à conquérir Titanic, un destin Cherbourg, port transatlantique Du passé à l’avenir ds de journaux chez vos marchan Un hors-série Couverture souple : 15 € - Couverture rigide : 25 € LA PRESSE DE LA MANCHE Plus personne ne l’ignore maintenant : le 10 avril 1912, pendant une heure et quarante minutes, le Titanic a honoré de sa courte présence la rade de Cherbourg. Quatre jours plus tard, le paquebot de la White Star sombrait dans l’Océan après avoir heurté un iceberg. La catastrophe faisait 1.495 victimes parmi les 2.207 personnes présentes sur le navire. Un fait divers qui marqua son époque par son ampleur, mais aussi parce que le Titanic, plus grand navire de son époque effectuait là son premier voyage, précédé d’une réputation d’insubmersibilité, presque d’invincibilité. Enfin, le bateau transportait un certain nombre de personnalités, qui ont survécu ou pas au drame, mais dont la présence à bord ajoutait une dernière touche “glamour” dont toutes les grandes histoires ont besoin. Tous ces éléments rassemblés ont fait que d’année en année, le Titanic est resté dans toutes les mémoires et qu’un mythe s’est progressivement construit autour du bateau et de sa courte et dramatique histoire. En 1997, le film Titanic de James Cameron et son succès mondial, ont incontestablement réveillé l’intérêt du grand public pour le sujet. Et nous voilà donc en 2012, commémorant le centième anniversaire du premier voyage du Titanic et de son passage à Cherbourg. Dans le hors-série Cherbourg, port du Titanic et des transatlantiques, que nous avons édité en novembre dernier, nous revenons largement sur l’histoire du Titanic et son escale cherbourgeoise. Il n’était donc pas question pour nous ici, de redire et réécrire les mêmes choses. Nous avons donc pris le parti, puisqu’il s’agit d’un centenaire, de repartir cent ans en arrière, et d’offrir à nos lecteurs, le vrai-faux journal du 10 avril 1912. Même maquette, même police de caractère, même colonnage, même pagination (4 pages), mêmes publicités que le Cherbourg-Eclair d’il y a cent ans. Et pour les textes, nous avons puisé à diverses sources d’époque pour plonger nos lecteurs dans le Cherbourg et dans le Co- tentin d’il y a cent ans, dans le Cherbourg qui accueillait le Titanic. Quels visages offraient la ville et région à cette époque, quel temps faisait-il ce jour-là, quels étaient les salaires et les prix pratiqués, comment passait-on le dimanche, quelle était l’activité de l’arsenal ou dans quels grands magasins les ménagères cherbourgeoises faisaient-elles leurs emplettes, qu’est-ce qui faisait l’”actualité” à Sainte-Mère-Eglise, Carentan ou SaintLô… Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans les colonnes suivantes, à coups d’anecdotes, de coupures de presse et d’illustrations. Bon voyage dans le temps et bonne lecture. POUR ÉVITER OU POUR GUÉRIR Maux de Gorge, Rhumes, Bronchites, Grippe, Influanza, Asthme, Catarrhes, Pneumonies, etc. PRENEZ DES PASTILLES VALDA REMÈDE ANTISEPTIQUE D’UNE INCOMPARABLE EFFICACITÉ MAIS SURTOUT DEMANDEZ, EXIGEZ dans toutes les Pharmacies LES VÉRITABLES PASTILLES VALDA vendues SEULEMENT en BOITES de 1 fr. 25 PORTANT LE NOM VALDA Le bulletin météo DU 10 AVRIL 1912 (7 HEURES DU MATIN) - La digue de Cherbourg : baromètre 754,5, vent d’ouest forte brise, mer houleuse, pluie, température 10°C. - Barfleur : baromètre 753,8, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer agitée, ciel couvert, température 10°C. - Hague : baromètre 756,5, vent d’ouest, forte brise, mer houleuse, ciel couvert, température 9°C. - Carteret : baromètre 758, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer très houleuse, ciel couvert, température 9°C. DISPARU CHERBOURG Dans son édition de 1911, le Nouveau guide de Cherbourg et de ses environs, donnait une description très précise du Cherbourg d’alors. L’occasion de faire une visite rétrospective d’un Cherbourg désormais disparu. C’est parti pour une balade historico-virtuelle : - “Dans l’espace compris entre le bassin de retenue et le bassin du Commerce, derrière une belle allée ombragée, on trouve une usine de lait concentré pour l’exportation anglaise, les magasins de l’habillement et du campement militaires et les abattoirs. Au nord du bassin de retenue, on voit les bureaux de l’intendance et du recrutement, une caserne où est logée une compagnie d’infanterie et la manutention militaire”... - “Devant le casino s’étend la plage, et à côté l’établissement des bains. Avis aux baigneurs prudents qui craignent les brutalités de la vague sournoise : l’eau y est calme et le sable régulier et doux. A marée basse, la plage est pendant les après-midis d’été, la propriété des enfants roses aux jambes nues qui construisent eux aussi des digues, des forteresses, des arsenaux”... - “Voyez le long de la grande jetée, ces noirs débris, ces amas de ferrailles, ces carcasses éventrées. Ce ne sont pas les épaves d’un sinistre naufrage : c’est le cimetière ou plutôt l’abattoir des navires. Quand un bâtiment de guerre est démodé, quand un transatlantique est hors d’usage, c’est là qu’on les échoue pour les dépecer”... - “Dans l’aile gauche du théâtre, on pourra visiter le musée Le Véel, créé à l’aide des collections léguées à la ville par l’illustre statuaire. Ce qui en fait le charme, C’est l’heureuse disposition des objets. Ce n’est plus un musée à vitrines, mais bien un appartement orné de meubles superbes groupés avec goût et dont l’agencement fait le plus grand honneur à notre concitoyen, Mr Féron, qui en fut l’organisateur. Au rez-dechaussée, les meubles Renaissance et Louis XIII : c’est le triomphe du bois sculpté. A noter de belles armures, des tableaux de l’école flamande, de superbes faïences. Au premier étage, les époques plus modernes de Louis XIV à notre époque, beaux tableaux et belles gravures du temps. Vitrines pleines de menus objets intéressants, enfin la collection de numismatique dont la série royale française, seule exposée, remplit 9 vitrines riches en pièces du plus grand intérêt. Enfin, une dernière salle est consacrée aux souvenirs locaux : tableaux, gravures, médailles, pièces Trônant devant la plage qui porte son nom, le casino de Cherbourg accueille alors les messieurs et les élégantes : restaurant, établissement de bains, spectacles...un lieu où on s’amuse ! (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). Dans le port de Cherbourg Les steamers de la compagnie London and South Western Railway relient Cherbourg à Southampton toute la semaine, transportant denrées alimentaires, engrais, houille et autres combustibles, mais aussi des passagers entre les deux ports. Des vapeurs anglais apportent également régulièrement du charbon de Newcastle et de Cardiff. Venant de Norvège, des grandes cargaisons de sapin, dont Cherbourg s’est fait une spécialité, fournissant en bois la plupart des chantiers français. Une ligne relie également Cherbourg au Havre à raison de deux aller-retours par semaine. A Barfleur, les industriels laitiers de Valognes, Bretel Frères, ont aussi leur propre vapeur, qui effectue deux aller-retours hebdomadaires sur Le Havre. En ce qui concerne les paquebots transatlantiques, Cherbourg abrite 527 escales en 1912 (60 637 passagers débarqués ou embarqués sur l’année). Par le biais des compagnies anglaises et allemandes qui fréquentent son port, Cherbourg est en relation avec New York, Buenos Aires, Valparaiso, les Antilles, Southampton, Liverpool, Anvers, Brême et Hambourg. Bois avec la Norvège, produits frais, légumes et charbon avec l’Angleterre, cabotage avec Le Havre… Le port de Cherbourg est plutôt actif en 1912. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). UN DIMANCHE CHERBOURGEOIS Outre le cinéma et le sport, voilà quelques autres distractions auxquelles les Cherbourgeois(es) peuvent se livrer lors de leurs dimanches : les spectacles musicaux et théâtraux donnés par les diverses associations locales (patronages...), la promenade sur le port ou au jardin public (où on peut assister aux concerts donnés par les musiques militaires des régiments locaux, qui jouent aussi en soirée dans les jardins du Casino). A Pâques, la foire s’installe sur la place Divette et accueille le cinéma chantant Ketorza “qui a toujours la vogue du public”, les loteries Pierrot et Buffard, les tirs et les diseuses de bonne aventure. “L’avenir dévoilé pour deux ou trois sous, voilà qui va tenter les curieux”. On annonce aussi le cirque Anci- lotti-Plège en mai et le carrouselSalon Benner en mai-juin. Il y a aussi le Casino qui propose tous les soirs “un spectacle attrayant, un jeu de roulette, un jeu de baccarat. Ceux qui ne sont pas possédés par la fureur du jeu pourront aller sur la terrasse, et goûter au frais la paix des soirs d’été”. Il y a aussi la Société d’horticulture, la Société artistique et industrielle, la Société des pêcheurs à la ligne de Cherbourg (fondée en 1895), les sociétés musicales (Société philharmonique, Union Cherbourgeoise, chorale sainte-Cécile, Harmonie de la Prolétarienne), et bien entendu, le Comité cherbourgeois de la ligue populaire pour le repos du dimanche. Enfin, Cherbourg compte à l’époque plus de 300 cafés. Sur la place Divette, ont coutume de s’installer les foires et les cirques, qui restent là plusieurs semaines. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). Pendant la semaine du 8 au 14 avril 1912, outre le Titanic, Cherbourg a accueilli les paquebots suivants : Kaiser Wilhelm der Grosse, allant à Brême (lundi 8 avril 1912), le Lanfranc, allant à Liverpool (mercredi 10 avril 1912), le New York, allant à New York (samedi 13 avril 1912). AU CINÉMA - Au théâtre Omnia-Pathé (qui est la première salle de cinéma installée dans le département) de la rue de la Paix à Cherbourg (là où se situe toujours actuellement l’Omnia), on passe drames, comédies et le Pathé-Journal. - Au Palace d’Equeurdreville (qui se trouve alors sur le côté opposé de la mairie par rapport à son emplacement actuel), scènes comiques et drames, et le GaumontJournal. - Place Divette, avec la foire, un cinéma ambulant, le cinéma Ketorza, vient s’installer pour quelques semaines. ET VIVE LE SPORT ! A Cherbourg en 1912, on peut pratiquer plusieurs sports : pas forcément les mêmes selon la classe sociale à laquelle on appartient : yachting et escrime pour les plus fortunés (ou ceux qui veulent le paraître en tout cas), gymnastique (Les Enfants de Cherbourg), football (US Cherbourgeoise) et cyclisme : c’est incontestablement cette discipline qui a le vent en poupe à l’époque (le Tour de France est passé pour la première fois à Cherbourg en 1911), et le club local, CherbourgPédale, organise régulièrement des épreuves qui envoie les courageux coureurs s’esquinter la santé sur un parcours tel que celui disputé le 7 avril 1912 pour la course éliminatoire départementale des Etoiles Gladiator : Cherbourg (place Marie-Ravenel), Quettehou, Montebourg, Sainte-Mère-Eglise, Carentan, Pont-L’Abbé, SaintSauveur-le-Vicomte, Valognes, Cherbourg (avenue Carnot, café Voisin), soit 129 km. Des amateurs ? diverses se rapportant à Cherbourg ou à son histoire”.... - “Dans des annexes couvertes du théâtre, se tiennent les marchés du beurre, de la volaille et des grains. Les bestiaux se vendent sur une place immense, située derrière le théâtre, la place Divette, où ont lieu aussi les concours de chevaux, les foires, où dès la fin mai, s’installent des théâtres, forains, cirques, montagnes russes, baraques diverses”... - “La rue Tour-Carrée, ainsi que celle qui la prolonge de l’autre côté de la place d’Armes, la rue de la Paix, sont fort curieuses pour un étranger : c’est le lieu de promenade favori des matelots et des soldats d’infanterie coloniale après cinq heures : les petits cafés abondent, on y boit, on y chante, on y circule bras dessus bras dessous en criant à tue-tête et en jouant de l’accordéon”... - “Dans la rue de l’Alma à gauche, est l’ancien théâtre qui sert aujourd’hui de salle de conférences et de Bourse du Travail. De la place de l’Alma, nous découvrons à droite l’usine à gaz qui est rue Hélain”... - “Fermée de toutes parts, sauf aux passes Est et Ouest, la rade est un excellent refuge pour l’escadre du Nord, et bien défendue contre une attaque possible. Elle est protégée d’abord par des forts modernes, dissimulés sur toute la côte, les uns en bas, à tir rasant, les autres sur les hauteurs, à tir plongeant. Au large et dans les passes, à des endroits connus, il y a des torpilles mouillées. Des projecteurs électriques placés sur la digue permettent d’explorer au loin la mer pendant la nuit. De plus, il y a douze batteries, les forts de Querqueville et de Chavagnac à l’Ouest, le fort central et le fort de l’île Pelée à l’Est. Contre les croiseurs et même contre les torpilleurs, la défense est efficace. Peut-être cependant ne l’est-elle point contre les sous-marins qui pourraient en plongée, éviter les feux croisés des batteries et des forts, et venir dans la rade faire sauter notre escadre. Aussi a t-on commandé récemment une série de travaux consistant en fermeture de la rade par une digue partant du fort du Homet et allant vers la grande digue, dans le but de former un avant-port en eau profonde, permettant l’entrée par tous les temps, des navires du plus fort tonnage actuellement à flot”... AU BOULOT DES MÉTIERS DISPARUS Outre l’arsenal qui emploie environ 3.000 personnes, d’autres entreprises cherbourgeoises sont les moteurs de l’économie locale au début du XXe siècle : Simon Frères, spécialisée dans les matériels agricoles, les Carrières de l’Ouest, les chantiers navals Lesénéchal et Hamel, les constructeurs de chaudières Du Temple, l’atelier de menuiserie Noyon… Le port de pêche, s’il n’a pas de grosses unités, compte par contre une flottille impressionnante de petites barques de pêche : en 1905, on en recensait 250, faisant travailler 600 hommes. - “Devant le dépôt des équipages de la Flotte, on tourne à droite : nous traversons un pontlevis jeté sur des fossés pleins d’eau, nous sommes alors sur une vaste place : à droite, sont les bâtiments de l’Intendance de la Marine, en face l’entrée principale de l’arsenal. Sur la gauche, dans l’ancienne Majorité, un lieutenant de gendarmerie délivre des permis d’entrer aux personnes qui peuvent prouver leur nationalité française. Sous la conduite d’un matelot, on passe devant les gendarmes qui gardent l’entrée et on visite le port. Une flotte consomme surtout du charbon, des munitions et des vivres. Des docks de charbon existent dans l’arsenal, le long du petit bassin de Chantereyne. Des vivres abondants sont accumulés dans le magasin des subsistances qui est le premier monument rencontré à droite, dès l’entrée dans l’arsenal. Les munitions enfin qui il y a peu de temps encore, étaient accumulées au fort des Flamands, loin de l’arsenal et de la ville, sont maintenant reléguées dans l’intérieur des terres, dans le petit vallon du Nardouet, qui débouche dans la vallée de Quincampoix. Un chemin de fer relie ce vallon au port de guerre ainsi qu’au port des Flamands. Autour des bassins et cales de construction sont groupés de nombreux ateliers et bâtiments : ajustage, machines, constructions navales, direction d’artillerie, direction des travaux hydrauliques, atelier de réparation des chaudières… Dans le bassin Charles-X, sont rangés garde-côtes cuirassés et torpilleurs de première ligne, prêts à partir au premier signal. Dans le petit bassin au nord, les torpilleurs de seconde ligne. Dans le bassin Napoléon-III, les sousmarins que l’on ne peut voir que de loin. Le long des quais, croiseurs et cuirassés d’escadre en armement”. A Cherbourg à l’époque, il y avait des brasseurs de bières (Lecerf rue Hélain, Morizot, quai de l’AncienArsenal, Daniel avenue Carnot), des marchands de bois, des buandiers et lessivières, des fabricants et marchands de bonneterie, des brodeuses, des cafetiers-limonadiers, des chaisiers, des charrons, des chemisiers, des fabricants et marchands de cierges, des fabricants et marchands de cordages, des fabricants de corsets, des magasins d’équipements et passementerie pour la marine et l’armée, des ferblantiers lampistes, des marchands de fourrages et paille en gros, des fumistes, des graveurs sur métaux et des graveurs sur pierre, des lardiers, des poulieurs et de mâts, des constructeurs marchands et fabricants de sabots et galoches, des selliers et Shopping A Cherbourg, en 1912, on fait des affaires à La Maison des Abeilles (32, 34, 36, quai de Caligny), aux grands magasins Ratti (2, 4, 6 ,8, 10 rues Gambetta et 56, 54, 50, rue des Portes), au Grand Bazar Parisien (24 bis, rue du Château), chez SaintCrespin (chaussures, 44 et 46, rue de la Fontaine), à la maison Deschateaux (toiles et tissus, 24, rue du Bassin), à la Maison de Paris (place Bricqueville), à La Belle Jardinière (9 et 9 bis, rue du Château), au Phare de Cherbourg (13, rue Gambetta), à la Maison Bleue (5 et 7 rue du Château et 1, rue Notre-Dame), au Grand Paris (19, rue de la Fontaine), ou au Grand Bazar Divetain (25-27, rue de la Fontaine). BRASSERIE LE CERF BIERES DE TABLE en fûts et en bouteilles FABRICATION A L’EAU DE SOURCE RATTI DANS LES TRANSPORTS Voitures d’Enfants NOUVEAU RAYON DE bourreliers, des marchands de suif, des tonneliers et un tambour de ville. 6 heures 54 minimum pour rallier Paris depuis Cherbourg en train. La plupart des convois s’arrêtent dans toutes les gares de campagne du Cotentin. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). - Le train : pour aller de Cherbourg à Paris, il y a six trains quotidiens (même nombre dans l’autre sens), et le plus rapide d’entre eux met 6 h 54 pour arriver à Saint-Lazare. Les trains plus lents desservent toutes les petites gares de campagne, à savoir entre Cherbourg et Carentan : Martinvast, Couville, Sottevast, Valognes, Montebourg, Fresville, Chef-du-Pont et Carentan. Cherbourg est également relié à Coutances (cinq trains par jour, deux heures trente de trajet dans le meilleur des cas, avec arrêts à Martinvast, Couville, Sottevast, Bricquebec, Néhou, Saint-Sauveurle-Vicomte, Saint-Sauveur-de-Pierre pont, La Haye-du-Puits, Angovillesur-Ay, Lessay, Millières, Périers, Saint-Sauveur-Lendelin) et Barfleur (quatre trains par jour, environ une heure trente de trajet, arrêts à Bagatelle, les Flamands, le Becquet, Bretteville, Maupertus, Fermanville, Carneville/Théville, Saint-PierreEglise, Varouville/Réthoville, Néville, Tocqueville/Gouberville, Rauvile, Gatteville, Quénanville et Barfleur). On parle aussi de la nécessité de relier Cherbourg à Bordeaux et Nantes, via Rennes. Des lignes secondaires sillonnent également le département : Valognes/Montebourg/Saint-Vaast/Barfleur, PontL’Abbé/Sainte-Mère-Eglise, Carentan/Carteret, Regnéville/ Orval-Hyenville et Granville/Condésur-Vire. Saint-Lô est enfin relié à Vire (trois trains par jour) et Caen (trois trains quotidiens). - Le tram : un service de tramways sillonne l’agglomération cherbourgeoise d’est (place de Tourlaville) en ouest (Urville) tous les jours de la semaine depuis 1897. - Les voitures publiques : elles sillonnent le nord-Cotentin tous les jours au départ de Cherbourg : A l’arsenal BONNE RÉFÉRENCE CHERBOURG Spécialité de Petits Pains de Gruau pour Soirées & Réceptions Service à domicile ENTREMETS & GLACES Service à domicile - Non, madame, je n’ai pas de certificat pourtant je suis resté cinq ans dans la même maison. - Laquelle !… - La maison centrale Fresnes-les-Rungis. Ah, les beaux militaires ! Cherbourg en 1912 est un port de guerre et une ville de garnison particulièrement fournie en troupes, comptant au bas mot quelques dix mille militaires. A l’intérieur de l’arsenal, le 25e régiment d’infanterie de ligne est caserné à Proteau, le 1er régiment d’infanterie coloniale à la caserne Brière de L’Isle, le 5e régiment d’infanterie coloniale à la caserne Badens, le 2e régiment d’artillerie coloniale à Rochambeau. La caserne Le Marois accueille aussi un détachement du train. Des troupes sont également présentes à la caserne Martin des Pallières (dans l’ancienne abbaye du Voeu) et à la caserne du Val de Saire (en face de l’actuel commissariat de police). On compte aussi deux bataillons d’infanterie au polygone de Querqueville. Il y a aussi des militaires en garnison à Tatihou, à Granville et à Saint-Lô. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). de A l’entrée de l’arsenal, porte du Midi. A l’époque, on peut visiter l’arsenal le dimanche ou à l’occasion du lancement d’un bâtiment. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cher- bourg-Octeville). 2 francs pour aller à Beaumont, 2 francs 50 jusqu’à Auderville (départs à 6 h 15 et 16 h). Pour Barfleur et Fermanville, 2 francs (départ à 16 h). Pour les Pieux, Flamanville, Saint-Vaast et Omonville, c’est quatre fois par semaine seulement. - On a aussi la possibilité de louer une voiture (de 0,50 à 0,75 francs le kilomètre selon la voiture) ou de prendre le taxi (une course de 900 mètres pour 2 ou 3 personnes : 0,75 francs. 10 centimes de plus tous les 250 mètres supplémentaires). - Enfin, à Cherbourg en 1912, il y a six garages automobiles (vente, location, réparations, parking) : Mallet (rue du Bassin), Lemonnier (rue du Bassin), Gros (quai de Caligny), Burnouf (rue Noël), Sanson (rue Louis-XVI), et enfin le garage Peugeot de la rue Gambetta. Sur le front de l’info --- Pâtisserie --- 2, rue Christine et rue François-La-Vieille, 1 A Cherbourg, port et ville de garnison importante, la prostitution est active : en 1912, trois maisons de tolérance sont installées à Cherbourg, pour certaines depuis des décennies. La première au 25, rue du Faubourg (là où tourne désormais la rotative de... La Presse de la Manche), les deux autres quasiment installées côte à côte au 34 de la rue Thomas-Henry et au 36 de la rue de l’Amiral-Troude. Chacun de ces trois bordels compte une dizaine de pensionnaires, un peu plus rue du Faubourg qui est incontestablement l’établissement le plus connu (“le plus populaire”) du genre à Cherbourg. Quels hommes fréquentent ces bordels ? Un peu tout le monde : des jeunes, des moins jeunes, des marins, des agriculteurs, des gens de passage, des bourgeois, des com- RUES GAMBETTA & DES PORTES GRAND CHOIX DE MODÈLES de fabrication très soignée, et présentant tout le confort désirable : 89 fr. - 75 fr. - 65 fr. - 55 fr. - 46 fr. 42 fr. - 34 fr. et 29 fr. CHARRETTES ANGLAISES en frène articles supérieurs : 16,90 - 15,50 - 13,50 - 11,50 9,90 et 7,90 CHARRETTES ANGLAISES en osier : 39 fr. - 33 fr. - 26 fr. - 15 fr 50 13,50 - 10,50 et 8,50 CHARRETTES PLIANTES depuis 35 fr. NOTA - Nos prix, à qualité égale, défient toute concurrence. QUAI DE L’ANCIEN-ARSENAL. CHERBOURG Y’a d’la joie ? AUX GRANDS MAGASINS BOULANGERIE PARISIENNE ET VIENNOISE FÉLIX BÉGUÉ 123, rue Hélain, 123 CHERBOURG TÉLÉPHONE N°177 L’arsenal de Cherbourg travaille en ce printemps 1912 sur la série des sous-marins de type Brumaire : des submersibles de 52 mètres de long à propulsion diesel, déplaçant 397 tonnes en surface et 551 en plongée, emmenés par un équipage de 25 hommes. Après avoir lancé le Nivose le 6 janvier 1912, l’arsenal lancera le Foucault le 15 juin 1912, puis le Euler le 12 octobre 1912. Et puis, le mois d’avril 1912 est marqué à l’arsenal par les expériences auxquelles l’ingénieur aéronaute Surcouf procède dans les bassins : il s’agit de tenter de relever des sousmarins avec des ballons gonflables. “Le premier essai a été effectué sur une vieille chaudière de 12 tonnes avec un seul ballon. En quelques minutes, lorsque le ballon eut atteint toute sa force ascensionnelle, la chaudière fut remontée à la surface. Le nouveau procédé parait beaucoup plus pratique que celui des docks qui est très coûteux et expose souvent à des ruptures de chaînes. Un dock de 1 000 tonnes n’est pas facilement transportable, mais encore tous les ports n’en possèdent pas. Tandis que les ballons dont on se servirait sont peu encombrants, se gonflent soit à l’hydrogène, soit à l’air comprimé, ce qui permet d’employer le compresseur d’un torpilleur ou d’un sous-marin. Les expériences que dirige M. Surcouf, vont se continuer en haute mer” explique Le Réveil de l’époque. - Au recensement de 1911, la Manche comptait 476.119 habitants, soit 11 000 de moins qu’en 1906 (487.343). Une dégringolade démographique que l’on peut expliquer par l’exode rural vers les grandes villes qui affecte les campagnes manchoises. - Des six arrondissements que compte alors le département, seul celui de Cherbourg est en solde légèrement positif. Au niveau des villes les plus importantes du Cotentin, c’est Cherbourg qui remporte bien sûr la palme avec 43.731 habitants en 1911, suivi de Tourlaville (7.879), Equeurdreville (7.517), Valognes (5.649), Carentan (3.987), Octeville (4.193), Bricquebec (2.816), St-Vaast-la-Hougue (2.549), Saint-Sauveur-le-Vicomte (2.266) et La Glacerie (2.148). (Annuaire du département de la Manche). - Pour le mois d’avril 1912 à Cherbourg, on enregistre 86 nais- sances, 107 décès et 33 mariages. Parmi les causes de décès, la tuberculose (33 décès), la bronchite et la coqueluche. A noter dans la rubrique de l’état-civil des journaux de l’époque, l’effroyable mortalité infantile : quasiment pas une seule journée sans qu’on enregistre la disparition d’un nouveau-né ou d’un enfant. A l’époque, c’est monnaie courante de mourir à 1 jour, deux mois ou trois ans. En 1912, il y a six journaux qui se partagent le lectorat de Cherbourg et du Nord-Cotentin : en premier lieu, les deux journaux dirigés par Jean-Baptiste Biard, qui sont Le Réveil et Cherbourg-Eclair. Installés rue Gambetta, Cherbourg-Eclair paraît quatre fois par semaine, tandis que Le Réveil est un bi-hebdomadaire. Les deux journaux coûtent 5 centimes, font quatre pages. Le tirage de Cherbourg-Eclair est environ de 20 000 exemplaires. Quatre autres journaux paraissent encore à Cherbourg à la même époque : Le Phare (rue de l’Alma), La Dépêche (rue Gambetta), La Croix (rue François-La Vieille) et L’avenir de la Manche (impasse Gouberville). Ailleurs dans le Cotentin, il y a le Journal de Valognes et le Journal de l’arrondissement de Valognes. A Carentan, on lit Le Cotentin, à Coutances, le Journal de Coutances. merçants, un écclésiastique (!). Et bien sûr, les militaires de l’imposante garnison locale : dix mille hommes, jeunes, qui ont une solde à dépenser, du bon temps à passer en attendant d’être envoyés au Tonkin ou dans le Rif, et pour qui, “passer au bordel” fait partie des habitudes, voire participe au “passage à l’âge d’homme”. Outre les pensionnaires des trois maisons closes, il y a aussi les filles publiques qui exercent leurs charmes dans la rue : place Divette, quand la foire bat son plein, on peut les voir arpenter les allées à la recherche d’un client. On les trouve aussi dans les rues du vieux faubourg (l’actuel quartier Divette), sur les quais, rue Tour-Carrée… Enfin, il y a aussi les filles travaillant dans les cafés, officiellement comme domestiques, mais dont la majeure partie du temps consiste à attirer des hommes dans l’établissement pour les faire consommer d’abord des boissons, puis ensuite monter dans les chambres à l’étage. Une prostitution en maison, dans la rue ou dans les cafés, qui est tolérée (on parle de “maison de tolérance” pour désigner un bordel) et rigoureusement encadrée du point de vue policier et sanitaire: pas question qu’une épidémie de vérole contamine la garnison. Ce n’est point tant une question de morale qu’une question de sécurité nationale… Enfin, la “cohabitation” entre prostituées et militaires contribue à mettre une animation certaine à Cherbourg, qui passe parfois des samedis soirs agités, quand les troupes coloniales ou les équipages viennent de percevoir leurs soldes et partent en bordée : soûleries, tapage, bagarres, mauvais coups… Un catalogue de faits divers où les bordels cherbourgeois sont souvent aux premières loges, quand ils ne sont pas eux-même au cœur de l’action… Où s’arrêtera le progrès ? Déniché dans les colonnes du Réveil en ce mois d’avril 1912, ce texte décrivant le fonctionnement de la machine à dicter, dernière invention d’un monde déjà en constante évo- lution technologique : “nous avions déjà le phonographe et la machine à écrire. Edison a cherché le moyen de les utiliser en même temps et il vient d’inventer la machine à dicter. Un industriel n’a pas le temps de dicter sa correspondance à ses dactylographes au moment de la présence de ces dernières. Ceci n’a plus pour lui la moindre importance. A son heure, tout seul, il mettra l’appareil en marche au moyen d’un simple déclic : il prononcera à haute voix dans un cornet et aussi rapidement qu’il le voudra, le texte de toutes les lettres ou mémoires à recopier. Tout cela s’imprime sur un rouleau et quand le dactyalo est prêt, il n’a plus qu’à remettre en marche, à écouter et à écrire. Un dispositif permet de couper les phrases si la dictée est trop rapide. En appuyant le pied sur un bouton, on arrête l’instrument, et on lui rend sa marche normale en n’appuyant plus. Un de ces appareils du volume d’une machine à écrire ordinaire se trouve chez M. Bissonnier, libraire place de la République. Il en fera aimablement la démonstration aux personnes que celà pourrait intéresser”. Pauvreté et solidarité en 1912 - Au printemps 1912, le Bureau de bienfaisance de la ville de Cherbourg secourt régulièrement un peu plus de 400 familles : secours en espèces, en nourriture ou linge, mais aussi en mois de nourrice ou en inhumations gratuites. - Une assistance médicale gratuite est également proposée avec consultations au bureau de bienfaisance et visites d’un docteur et/ou d’une infirmière à domicile. - Le Fourneau économique de la ville (équivalent de la soupe populaire) délivre par ailleurs lait, œufs, bouillon et portions diverses de nourriture aux nécessiteux. Des repas sont également fournis aux enfants qui fréquentent les écoles. - Pendant le mois d’avril 1912, l’asile de nuit a accueilli une moyenne de 30 individus par jour, dont les trois quarts sont des hommes. On compte aussi une trentaine d’enfant accueillis en un mois. LA SUSCEPTIBILITÉ D’AGLAÉ - Vous n’êtes pas polie, Aglaé, vous pourriez bien me dire bonjour ?. - C’est comme madame, elle pourrait bien frapper avant d’entrer dans ma cuisine !… 476.119 Manchois Photographie Artistique V. MAS 22, rue Tour-Carrée, 22 CHERBOURG Place du théâtre, les maraîchers ont installé leurs étals et maringotes. Mais le “ventre” de Cherbourg se trouve encore aux halles centrales où on vend viande et poisson, ou dans les annexes couvertes du théâtre pour le beurre, la volaille et les grains. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). DISPARU CHERBOURG Dans son édition de 1911, le Nouveau guide de Cherbourg et de ses environs, donnait une description très précise du Cherbourg d’alors. L’occasion de faire une visite rétrospective d’un Cherbourg désormais disparu. C’est parti pour une balade historico-virtuelle : - “Dans l’espace compris entre le bassin de retenue et le bassin du Commerce, derrière une belle allée ombragée, on trouve une usine de lait concentré pour l’exportation anglaise, les magasins de l’habillement et du campement militaires et les abattoirs. Au nord du bassin de retenue, on voit les bureaux de l’intendance et du recrutement, une caserne où est logée une compagnie d’infanterie et la manutention militaire”... - “Devant le casino s’étend la plage, et à côté l’établissement des bains. Avis aux baigneurs prudents qui craignent les brutalités de la vague sournoise : l’eau y est calme et le sable régulier et doux. A marée basse, la plage est pendant les après-midis d’été, la propriété des enfants roses aux jambes nues qui construisent eux aussi des digues, des forteresses, des arsenaux”... - “Voyez le long de la grande jetée, ces noirs débris, ces amas de ferrailles, ces carcasses éventrées. Ce ne sont pas les épaves d’un sinistre naufrage : c’est le cimetière ou plutôt l’abattoir des navires. Quand un bâtiment de guerre est démodé, quand un transatlantique est hors d’usage, c’est là qu’on les échoue pour les dépecer”... - “Dans l’aile gauche du théâtre, on pourra visiter le musée Le Véel, créé à l’aide des collections léguées à la ville par l’illustre statuaire. Ce qui en fait le charme, C’est l’heureuse disposition des objets. Ce n’est plus un musée à vitrines, mais bien un appartement orné de meubles superbes groupés avec goût et dont l’agencement fait le plus grand honneur à notre concitoyen, Mr Féron, qui en fut l’organisateur. Au rez-dechaussée, les meubles Renaissance et Louis XIII : c’est le triomphe du bois sculpté. A noter de belles armures, des tableaux de l’école flamande, de superbes faïences. Au premier étage, les époques plus modernes de Louis XIV à notre époque, beaux tableaux et belles gravures du temps. Vitrines pleines de menus objets intéressants, enfin la collection de numismatique dont la série royale française, seule exposée, remplit 9 vitrines riches en pièces du plus grand intérêt. Enfin, une dernière salle est consacrée aux souvenirs locaux : tableaux, gravures, médailles, pièces Trônant devant la plage qui porte son nom, le casino de Cherbourg accueille alors les messieurs et les élégantes : restaurant, établissement de bains, spectacles...un lieu où on s’amuse ! (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). Dans le port de Cherbourg Les steamers de la compagnie London and South Western Railway relient Cherbourg à Southampton toute la semaine, transportant denrées alimentaires, engrais, houille et autres combustibles, mais aussi des passagers entre les deux ports. Des vapeurs anglais apportent également régulièrement du charbon de Newcastle et de Cardiff. Venant de Norvège, des grandes cargaisons de sapin, dont Cherbourg s’est fait une spécialité, fournissant en bois la plupart des chantiers français. Une ligne relie également Cherbourg au Havre à raison de deux aller-retours par semaine. A Barfleur, les industriels laitiers de Valognes, Bretel Frères, ont aussi leur propre vapeur, qui effectue deux aller-retours hebdomadaires sur Le Havre. En ce qui concerne les paquebots transatlantiques, Cherbourg abrite 527 escales en 1912 (60 637 passagers débarqués ou embarqués sur l’année). Par le biais des compagnies anglaises et allemandes qui fréquentent son port, Cherbourg est en relation avec New York, Buenos Aires, Valparaiso, les Antilles, Southampton, Liverpool, Anvers, Brême et Hambourg. Bois avec la Norvège, produits frais, légumes et charbon avec l’Angleterre, cabotage avec Le Havre… Le port de Cherbourg est plutôt actif en 1912. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). UN DIMANCHE CHERBOURGEOIS Outre le cinéma et le sport, voilà quelques autres distractions auxquelles les Cherbourgeois(es) peuvent se livrer lors de leurs dimanches : les spectacles musicaux et théâtraux donnés par les diverses associations locales (patronages...), la promenade sur le port ou au jardin public (où on peut assister aux concerts donnés par les musiques militaires des régiments locaux, qui jouent aussi en soirée dans les jardins du Casino). A Pâques, la foire s’installe sur la place Divette et accueille le cinéma chantant Ketorza “qui a toujours la vogue du public”, les loteries Pierrot et Buffard, les tirs et les diseuses de bonne aventure. “L’avenir dévoilé pour deux ou trois sous, voilà qui va tenter les curieux”. On annonce aussi le cirque Anci- lotti-Plège en mai et le carrouselSalon Benner en mai-juin. Il y a aussi le Casino qui propose tous les soirs “un spectacle attrayant, un jeu de roulette, un jeu de baccarat. Ceux qui ne sont pas possédés par la fureur du jeu pourront aller sur la terrasse, et goûter au frais la paix des soirs d’été”. Il y a aussi la Société d’horticulture, la Société artistique et industrielle, la Société des pêcheurs à la ligne de Cherbourg (fondée en 1895), les sociétés musicales (Société philharmonique, Union Cherbourgeoise, chorale sainte-Cécile, Harmonie de la Prolétarienne), et bien entendu, le Comité cherbourgeois de la ligue populaire pour le repos du dimanche. Enfin, Cherbourg compte à l’époque plus de 300 cafés. Sur la place Divette, ont coutume de s’installer les foires et les cirques, qui restent là plusieurs semaines. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). Pendant la semaine du 8 au 14 avril 1912, outre le Titanic, Cherbourg a accueilli les paquebots suivants : Kaiser Wilhelm der Grosse, allant à Brême (lundi 8 avril 1912), le Lanfranc, allant à Liverpool (mercredi 10 avril 1912), le New York, allant à New York (samedi 13 avril 1912). AU CINÉMA - Au théâtre Omnia-Pathé (qui est la première salle de cinéma installée dans le département) de la rue de la Paix à Cherbourg (là où se situe toujours actuellement l’Omnia), on passe drames, comédies et le Pathé-Journal. - Au Palace d’Equeurdreville (qui se trouve alors sur le côté opposé de la mairie par rapport à son emplacement actuel), scènes comiques et drames, et le GaumontJournal. - Place Divette, avec la foire, un cinéma ambulant, le cinéma Ketorza, vient s’installer pour quelques semaines. ET VIVE LE SPORT ! A Cherbourg en 1912, on peut pratiquer plusieurs sports : pas forcément les mêmes selon la classe sociale à laquelle on appartient : yachting et escrime pour les plus fortunés (ou ceux qui veulent le paraître en tout cas), gymnastique (Les Enfants de Cherbourg), football (US Cherbourgeoise) et cyclisme : c’est incontestablement cette discipline qui a le vent en poupe à l’époque (le Tour de France est passé pour la première fois à Cherbourg en 1911), et le club local, CherbourgPédale, organise régulièrement des épreuves qui envoie les courageux coureurs s’esquinter la santé sur un parcours tel que celui disputé le 7 avril 1912 pour la course éliminatoire départementale des Etoiles Gladiator : Cherbourg (place Marie-Ravenel), Quettehou, Montebourg, Sainte-Mère-Eglise, Carentan, Pont-L’Abbé, SaintSauveur-le-Vicomte, Valognes, Cherbourg (avenue Carnot, café Voisin), soit 129 km. Des amateurs ? diverses se rapportant à Cherbourg ou à son histoire”.... - “Dans des annexes couvertes du théâtre, se tiennent les marchés du beurre, de la volaille et des grains. Les bestiaux se vendent sur une place immense, située derrière le théâtre, la place Divette, où ont lieu aussi les concours de chevaux, les foires, où dès la fin mai, s’installent des théâtres, forains, cirques, montagnes russes, baraques diverses”... - “La rue Tour-Carrée, ainsi que celle qui la prolonge de l’autre côté de la place d’Armes, la rue de la Paix, sont fort curieuses pour un étranger : c’est le lieu de promenade favori des matelots et des soldats d’infanterie coloniale après cinq heures : les petits cafés abondent, on y boit, on y chante, on y circule bras dessus bras dessous en criant à tue-tête et en jouant de l’accordéon”... - “Dans la rue de l’Alma à gauche, est l’ancien théâtre qui sert aujourd’hui de salle de conférences et de Bourse du Travail. De la place de l’Alma, nous découvrons à droite l’usine à gaz qui est rue Hélain”... - “Fermée de toutes parts, sauf aux passes Est et Ouest, la rade est un excellent refuge pour l’escadre du Nord, et bien défendue contre une attaque possible. Elle est protégée d’abord par des forts modernes, dissimulés sur toute la côte, les uns en bas, à tir rasant, les autres sur les hauteurs, à tir plongeant. Au large et dans les passes, à des endroits connus, il y a des torpilles mouillées. Des projecteurs électriques placés sur la digue permettent d’explorer au loin la mer pendant la nuit. De plus, il y a douze batteries, les forts de Querqueville et de Chavagnac à l’Ouest, le fort central et le fort de l’île Pelée à l’Est. Contre les croiseurs et même contre les torpilleurs, la défense est efficace. Peut-être cependant ne l’est-elle point contre les sous-marins qui pourraient en plongée, éviter les feux croisés des batteries et des forts, et venir dans la rade faire sauter notre escadre. Aussi a t-on commandé récemment une série de travaux consistant en fermeture de la rade par une digue partant du fort du Homet et allant vers la grande digue, dans le but de former un avant-port en eau profonde, permettant l’entrée par tous les temps, des navires du plus fort tonnage actuellement à flot”... AU BOULOT DES MÉTIERS DISPARUS Outre l’arsenal qui emploie environ 3.000 personnes, d’autres entreprises cherbourgeoises sont les moteurs de l’économie locale au début du XXe siècle : Simon Frères, spécialisée dans les matériels agricoles, les Carrières de l’Ouest, les chantiers navals Lesénéchal et Hamel, les constructeurs de chaudières Du Temple, l’atelier de menuiserie Noyon… Le port de pêche, s’il n’a pas de grosses unités, compte par contre une flottille impressionnante de petites barques de pêche : en 1905, on en recensait 250, faisant travailler 600 hommes. - “Devant le dépôt des équipages de la Flotte, on tourne à droite : nous traversons un pontlevis jeté sur des fossés pleins d’eau, nous sommes alors sur une vaste place : à droite, sont les bâtiments de l’Intendance de la Marine, en face l’entrée principale de l’arsenal. Sur la gauche, dans l’ancienne Majorité, un lieutenant de gendarmerie délivre des permis d’entrer aux personnes qui peuvent prouver leur nationalité française. Sous la conduite d’un matelot, on passe devant les gendarmes qui gardent l’entrée et on visite le port. Une flotte consomme surtout du charbon, des munitions et des vivres. Des docks de charbon existent dans l’arsenal, le long du petit bassin de Chantereyne. Des vivres abondants sont accumulés dans le magasin des subsistances qui est le premier monument rencontré à droite, dès l’entrée dans l’arsenal. Les munitions enfin qui il y a peu de temps encore, étaient accumulées au fort des Flamands, loin de l’arsenal et de la ville, sont maintenant reléguées dans l’intérieur des terres, dans le petit vallon du Nardouet, qui débouche dans la vallée de Quincampoix. Un chemin de fer relie ce vallon au port de guerre ainsi qu’au port des Flamands. Autour des bassins et cales de construction sont groupés de nombreux ateliers et bâtiments : ajustage, machines, constructions navales, direction d’artillerie, direction des travaux hydrauliques, atelier de réparation des chaudières… Dans le bassin Charles-X, sont rangés garde-côtes cuirassés et torpilleurs de première ligne, prêts à partir au premier signal. Dans le petit bassin au nord, les torpilleurs de seconde ligne. Dans le bassin Napoléon-III, les sousmarins que l’on ne peut voir que de loin. Le long des quais, croiseurs et cuirassés d’escadre en armement”. A Cherbourg à l’époque, il y avait des brasseurs de bières (Lecerf rue Hélain, Morizot, quai de l’AncienArsenal, Daniel avenue Carnot), des marchands de bois, des buandiers et lessivières, des fabricants et marchands de bonneterie, des brodeuses, des cafetiers-limonadiers, des chaisiers, des charrons, des chemisiers, des fabricants et marchands de cierges, des fabricants et marchands de cordages, des fabricants de corsets, des magasins d’équipements et passementerie pour la marine et l’armée, des ferblantiers lampistes, des marchands de fourrages et paille en gros, des fumistes, des graveurs sur métaux et des graveurs sur pierre, des lardiers, des poulieurs et de mâts, des constructeurs marchands et fabricants de sabots et galoches, des selliers et Shopping A Cherbourg, en 1912, on fait des affaires à La Maison des Abeilles (32, 34, 36, quai de Caligny), aux grands magasins Ratti (2, 4, 6 ,8, 10 rues Gambetta et 56, 54, 50, rue des Portes), au Grand Bazar Parisien (24 bis, rue du Château), chez SaintCrespin (chaussures, 44 et 46, rue de la Fontaine), à la maison Deschateaux (toiles et tissus, 24, rue du Bassin), à la Maison de Paris (place Bricqueville), à La Belle Jardinière (9 et 9 bis, rue du Château), au Phare de Cherbourg (13, rue Gambetta), à la Maison Bleue (5 et 7 rue du Château et 1, rue Notre-Dame), au Grand Paris (19, rue de la Fontaine), ou au Grand Bazar Divetain (25-27, rue de la Fontaine). BRASSERIE LE CERF BIERES DE TABLE en fûts et en bouteilles FABRICATION A L’EAU DE SOURCE RATTI DANS LES TRANSPORTS Voitures d’Enfants NOUVEAU RAYON DE bourreliers, des marchands de suif, des tonneliers et un tambour de ville. 6 heures 54 minimum pour rallier Paris depuis Cherbourg en train. La plupart des convois s’arrêtent dans toutes les gares de campagne du Cotentin. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). - Le train : pour aller de Cherbourg à Paris, il y a six trains quotidiens (même nombre dans l’autre sens), et le plus rapide d’entre eux met 6 h 54 pour arriver à Saint-Lazare. Les trains plus lents desservent toutes les petites gares de campagne, à savoir entre Cherbourg et Carentan : Martinvast, Couville, Sottevast, Valognes, Montebourg, Fresville, Chef-du-Pont et Carentan. Cherbourg est également relié à Coutances (cinq trains par jour, deux heures trente de trajet dans le meilleur des cas, avec arrêts à Martinvast, Couville, Sottevast, Bricquebec, Néhou, Saint-Sauveurle-Vicomte, Saint-Sauveur-de-Pierre pont, La Haye-du-Puits, Angovillesur-Ay, Lessay, Millières, Périers, Saint-Sauveur-Lendelin) et Barfleur (quatre trains par jour, environ une heure trente de trajet, arrêts à Bagatelle, les Flamands, le Becquet, Bretteville, Maupertus, Fermanville, Carneville/Théville, Saint-PierreEglise, Varouville/Réthoville, Néville, Tocqueville/Gouberville, Rauvile, Gatteville, Quénanville et Barfleur). On parle aussi de la nécessité de relier Cherbourg à Bordeaux et Nantes, via Rennes. Des lignes secondaires sillonnent également le département : Valognes/Montebourg/Saint-Vaast/Barfleur, PontL’Abbé/Sainte-Mère-Eglise, Carentan/Carteret, Regnéville/ Orval-Hyenville et Granville/Condésur-Vire. Saint-Lô est enfin relié à Vire (trois trains par jour) et Caen (trois trains quotidiens). - Le tram : un service de tramways sillonne l’agglomération cherbourgeoise d’est (place de Tourlaville) en ouest (Urville) tous les jours de la semaine depuis 1897. - Les voitures publiques : elles sillonnent le nord-Cotentin tous les jours au départ de Cherbourg : A l’arsenal BONNE RÉFÉRENCE CHERBOURG Spécialité de Petits Pains de Gruau pour Soirées & Réceptions Service à domicile ENTREMETS & GLACES Service à domicile - Non, madame, je n’ai pas de certificat pourtant je suis resté cinq ans dans la même maison. - Laquelle !… - La maison centrale Fresnes-les-Rungis. Ah, les beaux militaires ! Cherbourg en 1912 est un port de guerre et une ville de garnison particulièrement fournie en troupes, comptant au bas mot quelques dix mille militaires. A l’intérieur de l’arsenal, le 25e régiment d’infanterie de ligne est caserné à Proteau, le 1er régiment d’infanterie coloniale à la caserne Brière de L’Isle, le 5e régiment d’infanterie coloniale à la caserne Badens, le 2e régiment d’artillerie coloniale à Rochambeau. La caserne Le Marois accueille aussi un détachement du train. Des troupes sont également présentes à la caserne Martin des Pallières (dans l’ancienne abbaye du Voeu) et à la caserne du Val de Saire (en face de l’actuel commissariat de police). On compte aussi deux bataillons d’infanterie au polygone de Querqueville. Il y a aussi des militaires en garnison à Tatihou, à Granville et à Saint-Lô. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). de A l’entrée de l’arsenal, porte du Midi. A l’époque, on peut visiter l’arsenal le dimanche ou à l’occasion du lancement d’un bâtiment. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cher- bourg-Octeville). 2 francs pour aller à Beaumont, 2 francs 50 jusqu’à Auderville (départs à 6 h 15 et 16 h). Pour Barfleur et Fermanville, 2 francs (départ à 16 h). Pour les Pieux, Flamanville, Saint-Vaast et Omonville, c’est quatre fois par semaine seulement. - On a aussi la possibilité de louer une voiture (de 0,50 à 0,75 francs le kilomètre selon la voiture) ou de prendre le taxi (une course de 900 mètres pour 2 ou 3 personnes : 0,75 francs. 10 centimes de plus tous les 250 mètres supplémentaires). - Enfin, à Cherbourg en 1912, il y a six garages automobiles (vente, location, réparations, parking) : Mallet (rue du Bassin), Lemonnier (rue du Bassin), Gros (quai de Caligny), Burnouf (rue Noël), Sanson (rue Louis-XVI), et enfin le garage Peugeot de la rue Gambetta. Sur le front de l’info --- Pâtisserie --- 2, rue Christine et rue François-La-Vieille, 1 A Cherbourg, port et ville de garnison importante, la prostitution est active : en 1912, trois maisons de tolérance sont installées à Cherbourg, pour certaines depuis des décennies. La première au 25, rue du Faubourg (là où tourne désormais la rotative de... La Presse de la Manche), les deux autres quasiment installées côte à côte au 34 de la rue Thomas-Henry et au 36 de la rue de l’Amiral-Troude. Chacun de ces trois bordels compte une dizaine de pensionnaires, un peu plus rue du Faubourg qui est incontestablement l’établissement le plus connu (“le plus populaire”) du genre à Cherbourg. Quels hommes fréquentent ces bordels ? Un peu tout le monde : des jeunes, des moins jeunes, des marins, des agriculteurs, des gens de passage, des bourgeois, des com- RUES GAMBETTA & DES PORTES GRAND CHOIX DE MODÈLES de fabrication très soignée, et présentant tout le confort désirable : 89 fr. - 75 fr. - 65 fr. - 55 fr. - 46 fr. 42 fr. - 34 fr. et 29 fr. CHARRETTES ANGLAISES en frène articles supérieurs : 16,90 - 15,50 - 13,50 - 11,50 9,90 et 7,90 CHARRETTES ANGLAISES en osier : 39 fr. - 33 fr. - 26 fr. - 15 fr 50 13,50 - 10,50 et 8,50 CHARRETTES PLIANTES depuis 35 fr. NOTA - Nos prix, à qualité égale, défient toute concurrence. QUAI DE L’ANCIEN-ARSENAL. CHERBOURG Y’a d’la joie ? AUX GRANDS MAGASINS BOULANGERIE PARISIENNE ET VIENNOISE FÉLIX BÉGUÉ 123, rue Hélain, 123 CHERBOURG TÉLÉPHONE N°177 L’arsenal de Cherbourg travaille en ce printemps 1912 sur la série des sous-marins de type Brumaire : des submersibles de 52 mètres de long à propulsion diesel, déplaçant 397 tonnes en surface et 551 en plongée, emmenés par un équipage de 25 hommes. Après avoir lancé le Nivose le 6 janvier 1912, l’arsenal lancera le Foucault le 15 juin 1912, puis le Euler le 12 octobre 1912. Et puis, le mois d’avril 1912 est marqué à l’arsenal par les expériences auxquelles l’ingénieur aéronaute Surcouf procède dans les bassins : il s’agit de tenter de relever des sousmarins avec des ballons gonflables. “Le premier essai a été effectué sur une vieille chaudière de 12 tonnes avec un seul ballon. En quelques minutes, lorsque le ballon eut atteint toute sa force ascensionnelle, la chaudière fut remontée à la surface. Le nouveau procédé parait beaucoup plus pratique que celui des docks qui est très coûteux et expose souvent à des ruptures de chaînes. Un dock de 1 000 tonnes n’est pas facilement transportable, mais encore tous les ports n’en possèdent pas. Tandis que les ballons dont on se servirait sont peu encombrants, se gonflent soit à l’hydrogène, soit à l’air comprimé, ce qui permet d’employer le compresseur d’un torpilleur ou d’un sous-marin. Les expériences que dirige M. Surcouf, vont se continuer en haute mer” explique Le Réveil de l’époque. - Au recensement de 1911, la Manche comptait 476.119 habitants, soit 11 000 de moins qu’en 1906 (487.343). Une dégringolade démographique que l’on peut expliquer par l’exode rural vers les grandes villes qui affecte les campagnes manchoises. - Des six arrondissements que compte alors le département, seul celui de Cherbourg est en solde légèrement positif. Au niveau des villes les plus importantes du Cotentin, c’est Cherbourg qui remporte bien sûr la palme avec 43.731 habitants en 1911, suivi de Tourlaville (7.879), Equeurdreville (7.517), Valognes (5.649), Carentan (3.987), Octeville (4.193), Bricquebec (2.816), St-Vaast-la-Hougue (2.549), Saint-Sauveur-le-Vicomte (2.266) et La Glacerie (2.148). (Annuaire du département de la Manche). - Pour le mois d’avril 1912 à Cherbourg, on enregistre 86 nais- sances, 107 décès et 33 mariages. Parmi les causes de décès, la tuberculose (33 décès), la bronchite et la coqueluche. A noter dans la rubrique de l’état-civil des journaux de l’époque, l’effroyable mortalité infantile : quasiment pas une seule journée sans qu’on enregistre la disparition d’un nouveau-né ou d’un enfant. A l’époque, c’est monnaie courante de mourir à 1 jour, deux mois ou trois ans. En 1912, il y a six journaux qui se partagent le lectorat de Cherbourg et du Nord-Cotentin : en premier lieu, les deux journaux dirigés par Jean-Baptiste Biard, qui sont Le Réveil et Cherbourg-Eclair. Installés rue Gambetta, Cherbourg-Eclair paraît quatre fois par semaine, tandis que Le Réveil est un bi-hebdomadaire. Les deux journaux coûtent 5 centimes, font quatre pages. Le tirage de Cherbourg-Eclair est environ de 20 000 exemplaires. Quatre autres journaux paraissent encore à Cherbourg à la même époque : Le Phare (rue de l’Alma), La Dépêche (rue Gambetta), La Croix (rue François-La Vieille) et L’avenir de la Manche (impasse Gouberville). Ailleurs dans le Cotentin, il y a le Journal de Valognes et le Journal de l’arrondissement de Valognes. A Carentan, on lit Le Cotentin, à Coutances, le Journal de Coutances. merçants, un écclésiastique (!). Et bien sûr, les militaires de l’imposante garnison locale : dix mille hommes, jeunes, qui ont une solde à dépenser, du bon temps à passer en attendant d’être envoyés au Tonkin ou dans le Rif, et pour qui, “passer au bordel” fait partie des habitudes, voire participe au “passage à l’âge d’homme”. Outre les pensionnaires des trois maisons closes, il y a aussi les filles publiques qui exercent leurs charmes dans la rue : place Divette, quand la foire bat son plein, on peut les voir arpenter les allées à la recherche d’un client. On les trouve aussi dans les rues du vieux faubourg (l’actuel quartier Divette), sur les quais, rue Tour-Carrée… Enfin, il y a aussi les filles travaillant dans les cafés, officiellement comme domestiques, mais dont la majeure partie du temps consiste à attirer des hommes dans l’établissement pour les faire consommer d’abord des boissons, puis ensuite monter dans les chambres à l’étage. Une prostitution en maison, dans la rue ou dans les cafés, qui est tolérée (on parle de “maison de tolérance” pour désigner un bordel) et rigoureusement encadrée du point de vue policier et sanitaire: pas question qu’une épidémie de vérole contamine la garnison. Ce n’est point tant une question de morale qu’une question de sécurité nationale… Enfin, la “cohabitation” entre prostituées et militaires contribue à mettre une animation certaine à Cherbourg, qui passe parfois des samedis soirs agités, quand les troupes coloniales ou les équipages viennent de percevoir leurs soldes et partent en bordée : soûleries, tapage, bagarres, mauvais coups… Un catalogue de faits divers où les bordels cherbourgeois sont souvent aux premières loges, quand ils ne sont pas eux-même au cœur de l’action… Où s’arrêtera le progrès ? Déniché dans les colonnes du Réveil en ce mois d’avril 1912, ce texte décrivant le fonctionnement de la machine à dicter, dernière invention d’un monde déjà en constante évo- lution technologique : “nous avions déjà le phonographe et la machine à écrire. Edison a cherché le moyen de les utiliser en même temps et il vient d’inventer la machine à dicter. Un industriel n’a pas le temps de dicter sa correspondance à ses dactylographes au moment de la présence de ces dernières. Ceci n’a plus pour lui la moindre importance. A son heure, tout seul, il mettra l’appareil en marche au moyen d’un simple déclic : il prononcera à haute voix dans un cornet et aussi rapidement qu’il le voudra, le texte de toutes les lettres ou mémoires à recopier. Tout cela s’imprime sur un rouleau et quand le dactyalo est prêt, il n’a plus qu’à remettre en marche, à écouter et à écrire. Un dispositif permet de couper les phrases si la dictée est trop rapide. En appuyant le pied sur un bouton, on arrête l’instrument, et on lui rend sa marche normale en n’appuyant plus. Un de ces appareils du volume d’une machine à écrire ordinaire se trouve chez M. Bissonnier, libraire place de la République. Il en fera aimablement la démonstration aux personnes que celà pourrait intéresser”. Pauvreté et solidarité en 1912 - Au printemps 1912, le Bureau de bienfaisance de la ville de Cherbourg secourt régulièrement un peu plus de 400 familles : secours en espèces, en nourriture ou linge, mais aussi en mois de nourrice ou en inhumations gratuites. - Une assistance médicale gratuite est également proposée avec consultations au bureau de bienfaisance et visites d’un docteur et/ou d’une infirmière à domicile. - Le Fourneau économique de la ville (équivalent de la soupe populaire) délivre par ailleurs lait, œufs, bouillon et portions diverses de nourriture aux nécessiteux. Des repas sont également fournis aux enfants qui fréquentent les écoles. - Pendant le mois d’avril 1912, l’asile de nuit a accueilli une moyenne de 30 individus par jour, dont les trois quarts sont des hommes. On compte aussi une trentaine d’enfant accueillis en un mois. LA SUSCEPTIBILITÉ D’AGLAÉ - Vous n’êtes pas polie, Aglaé, vous pourriez bien me dire bonjour ?. - C’est comme madame, elle pourrait bien frapper avant d’entrer dans ma cuisine !… 476.119 Manchois Photographie Artistique V. MAS 22, rue Tour-Carrée, 22 CHERBOURG Place du théâtre, les maraîchers ont installé leurs étals et maringotes. Mais le “ventre” de Cherbourg se trouve encore aux halles centrales où on vend viande et poisson, ou dans les annexes couvertes du théâtre pour le beurre, la volaille et les grains. (Collection Bibliothèque Jacques Prévert/Ville de Cherbourg-Octeville). LA PRESSE DE LA MANCHE DANS LE COTENTIN EN CE MOIS D’AVRIL 1912 MARTINVAST - Dans le Journal de Coutances, on trouve le compte-rendu de la Fête des couturières qui s’est traditionnellement déroulée à Martinvast à Pâques : “le lundi de Pâques, malgré un temps indécis, les Cherbourgeois se sont rendus en foule à la fête des couturières. L’excellente musique L’Union Cherbourgeoise, qui a donné un concert place de la mairie, avait convié les promeneurs à lui emboîter le pas pour se rendre à la fête. D’autre part, l’Ouest-Etat avait organisé des trains supplémentaires qui ont transporté à Martinvast un grand nombre de promeneurs. Martinvast est, chacun le sait, l’un des endroits préférés des Cherbourgeois : aussi, à un certain moment de l’après-midi, le parc du château et le champ de l’assemblée, étaient-ils envahis. Les petits marchands, restaurateurs et marchands forains ont dû faire d’excellentes recettes”. - La saison de football se clôt en ce mois d’avril et l’équipe locale de l’US Valognes joue son dernier match contre une équipe de lycéens du département. Le match a lieu à Brix, et les joueurs locaux sont convoqués en ces termes dans le Journal de l’arrondissement de Valognes : “les joueurs de Valognes se rendront à Brix en bicyclette, et sont priés en conséquence de se trouver à midi moins un quart route de Cherbourg, près le passage à niveau du chemin de fer. Le match aura lieu vers 2 heures et demie”. - La mise en place de ce qu’on appelle Les grands marchés, deux fois par mois le lundi, rencontre immédiatement le succès : les éleveurs de la région y amènent nombre de bêtes, en particulier des veaux gras qui intéressent beaucoup les grossistes venus de Paris pour l’occasion. Porcs et moutons sont montrés et vendus sur la place des Buttes, les veaux sur la place des Halles. VALOGNES LA HAGUE - On parle beaucoup en ce moment des auto-messageries de la Hague. Leur promoteur, René Félix, a entamé une série de conférences dans la région pour convaincre ses auditeurs de participer à la souscription étayant le capital de la compagnie. La construction des deux autobus qui doivent sillonner la Hague est paraît-il, bien avancée. le minerai extrait de la mine. Puis le minerai doit être chargé directement à bord de cargos amarrés au caisson. On espère que les tempêtes laisseront suffisamment de répit pour permettre l’installation définitive du caisson en mer et des quatre pylônes qui le relient à la terre ferme en même temps qu’ils servent de relais au chemin de fer aérien. - Le conseil municipal vote un emprunt de 700 000 francs pour doter la ville d’un système de filtration des eaux, identique à BARNEVILLE - Les travaux pour l’édification d’un chalet de plage destiné à la princesse de Chimay, viennent de - Le port est régulièrement visité par des navires de transport effectuant du cabotage entre les différents ports de la Manche : Le Havre, Boulogne… pour y amener des marchandises diverses : grains, charbon... QUETTEHOU - Une conférence en faveur de la création d’une Société de tir et de préparation militaire, remporte un franc succès. Sur la proposition de Mr Jouet, instituteur et initiateur de la conférence, la société a été créée et dénommée La Patriote : son président est Mr Fargeas, ancien de Saint-Cyr et percepteur, et le maire de la commune, Mr Quentin, en est le vice-président. QUINÉVILLE-PLAGE Ancienne Maison FONTAINE - GOUHIER ---------- Hôtel de la Plage AGNES-ROLAND, Succ Cuisine recommandée ---------- r SERVICE A LA GARE - CABINES à louer à la journée ---------- Agence de Location de Villas et Chalets SAINTE-MÈRE-EGLISE - A Sainte-Mère-Eglise, l’actualité locale est dominée par l’inauguration de l’hôtel de ville le 21 avril, avec une soirée-concert donnée pour l’occasion par la Société des anciens élèves et amis de l’école publique. L’hôtel de ville de Sainte-Mère-Eglise. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 523-16). 3-2 à la mi-temps. Cinq minutes de repos et la partie reprend : “cette deuxième mi-temps fut tout à l’avantage de La Haye-Pesnel : les joueurs dans toute leur ligne paraissaient bien supérieurs à leurs adversaires”. Après trois nouveaux buts marqués, la partie se termine sur le score de 5-3 pour La HayePesnel, et par “une collation soupante au terme de laquelle les deux sociétés se sont quittés en toute cordialité”. - Dans le centre du Cotentin, la mise aux marais des bestiaux se fait de manière avancée dans plusieurs communes à cause de la pénurie de foin. La marque du bétail se fait la veille que pour les locaux, le jour même pour les bêtes appartenant à des "étrangers”. Dans de nombreuses communes, des droits sont à vendre. AU CONSEIL DE RÉVISION à l’achat de fournitures scolaires pour les enfant des écoles publiques de la commune. mystère de ses objectifs : tirer à boulets rouges sur certains citoyens qui se présentent devant les électeurs locaux. Comme par exemple, le chef du Comité des intérêts de Saint-Vaast, qui “se promène dans les rues de notre ville, la démarche posée, le geste lent, l’air inspiré comme il convient à un penseur. Tel qu’il est, il n’est pas méchant, et en temps ordinaire, c’est un mouton. Malheureusement pour lui, c’est l’époque des élections, aussi le printemps aidant, il s’est éveillé et le mouton est devenu enragé. Il est allé prendre ses ordres chez le voisin d’en face : Mr le Curé qui lui dicte sa ligne de conduite, car c’est un chef bien pâle et quelque peu timoré”. On ne sait pas si les électeurs de Saint-Vaast ont été des lecteurs assidus de La gueule de fer… - C’est le derby manchois (football) entre l’Avant-Garde de La Haye-du-Puits et le club de La HayePesnel, dont on trouve le compterendu dans Le Réveil Avranchinais. Menés rapidement 2-0, “les joueurs de La Haye-Pesnel, qui ont à coeur de gagner, en mettent terriblement et après de nombreuses descentes vers les buts adverses, réussissent bientôt un but suivi peu après d’un second et d’un troisième”. - On ne fait pas de cadeaux aux jeunes conscrits puisque la France a besoin de soldats en cette époque très revancharde contre l’Allemagne : au conseil de révision du canton de Valognes, qui examinait 102 jeunes hommes de la classe 1911, 80 ont SAINT-VAAST-LA-HOUGUE - On apprend dans Le journal de l’arrondissement de Valognes, la publication prochaine à Saint-Vaast de La gueule de fer, “grand journal littéraire, amusant, humoristique, nullement politique”. Edité tous les 8 jours et tiré à 2 500 exemplaires, il se propose de publier la biographie des “grands hommes de notre ville” et “pourra être lu aussi bien par les jeunes filles que par leurs mamans” : “son but est de léguer à la postérité les faits et gestes de nos concitoyens marquants et de les présenter aux lecteurs sous leur vrai jour, en exhaltant leurs vertus - pour ceux qui en ont - et aussi en faisant connaître leurs petits travers - car chaque grand homme a ses faiblesses”. Même s’il se proclame “nullement politique”, La gueule de fer, publié à quelques jours des élections municipaux, ne fait pas A Southampton, une collision évitée de justesse ! -- Le navire repart ce soir pour l’Irlande LES MARAIS commencer. On estime la facture à 100 000 francs de l’époque. CARENTAN RAUVILLE-LA-BIGOT celui déjà installé à Cherbourg. Les eaux filtrées seront ensuite stérilisées avec des appareils à ultra-violets. LA HAYE-DU-PUITS Manche/ CG50. Fonds Victor Lefrançois (32 Num 58). - La municipalité décide que les revenus tirés des propriétés appartenant à la commune seront dédiés Cherbourg salue le Titanic SAINT-LÔ La grande jetée de Diélette, avec au premier plan, une structure métallique destinée au téléphérique en cours de construction pour la mine sous-marine. (Archives départementales (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 82 - 319). MARDI 10 AVRIL 2012 Supplément gratuit de La Presse de la Manche du mardi 10 avril 2012 - N° 20 612 - Ne peut être vendu séparément DIÉLETTE - L’exploitation de la mine de fer a repris, et ce sont actuellement 300 ouvriers qui travaillent à creuser des nouvelles galeries en plein granit. A Cherbourg, un caisson est en construction, qui doit être positionné en mer, au large de Diélette, pour constituer le terminus d’un chemin de fer aérien qui servira à acheminer les wagons transportant EDITION SPECIALE 9, rue Gambetta - BP 408 - 50104 Cherbourg Cedex BRICQUEBEC A Bricquebec, les grands marchés aux bestiaux du lundi, ont rencontré aussitôt le succès. MERCREDI 10 AVRIL 1912 été déclarés bons pour le service et seuls 4 ont été exemptés. A Bricquebec, sur 80 hommes, 67 bons pour le service et 3 exemptés. Et enfin à Barneville, sur 79 inscrits, 63 ont été déclarés bons pour le service et 3 exemptés. CINÉMA - Un peu partout, le cinématographe est déjà répandu dans le Cotentin. Ainsi à Valognes, lors de la fête de l’aviation militaire qui a lieu à la salle des fêtes le 14 avril 1912, le conférencier invité s’appuie sur une projection de films pour appuyer son discours. A Saint-PierreEglise, on mentionné la présence d’un cinéma, sans que l’on sache s’il s’agit d’un cinéma en dur ou d’un cinéma ambulant. A Néhou/Colomby, lors d’une soirée récréative donnée à l’école des garçons sous les auspices de la municipalité, on donne le programme cinématographique suivant : Corrida de taureaux au Chili, Droit seigneurial (drame), Rigalin est fier d’être témoin (comique), La purée est enragé (comique), Jalousie de Gitane (drame), Gross country (origi- Grain, charbon et autres marchandises : le port de Carentan est très actif en ce début de XXe siècle. (Archives départementales Manche/CG50 (6 Fi 99 - 443). TRIBEHOU - On annonce la prochaine installation d’un bureau de poste à Tribehou (la nouvelle est parue dans Combien ça coûte ? Voilà quelques salaires de l’époque relevés pour différentes professions : l’architecte de la ville de Cherbourg touche en 1912, 8 500 francs par an. Le chef machiniste du théâtre de Cherbourg est à 2 200 francs par an et le chef cantonnier de la ville, 1 350 francs par an. Un garçon de bureau gagne 1 200 francs par an. Pour une journée de travail, le contremaître de l’atelier municipal gagne 5,25 francs (soit 1 638 francs par an), un manœuvre 3,90 francs (1 216 francs par an). Voilà maintenant quelques prix relevés à la même époque : - Un ticket de tramway Cherbourg (place du Château/ Urville) : 60 centimes. - Un aller en train de Cherbourg à Barfleur : 2,40 francs (première classe), 1,75 franc (deuxième classe). - Une séance de cinématographe au Palace d’Equeurdreville : de 0,70 à 0,25 francs. - Une bicyclette routière (vendue par la maison Cardet, Equeurdreville) : 105 francs. - Une douzaine d’œufs au marché de Sainte-Mère-Eglise : 90 centimes. - Le pain : 2,10 francs les 6 kilos au marché de Sainte-Mère-Eglise. - Le beurre : 3,40 francs le kilo de première qualité au marché de Sainte-Mère-Eglise. - Le lait : 0,25 francs le litre à Cherbourg. - Une poule : 4,25 francs à Cherbourg. - De la viande de bœuf : 1,80 francs le kilo à Cherbourg. - Des haricots : 40 francs l’hectolitre à Cherbourg. - Du cidre : 13,50 francs l’hectolitre à Cherbourg. Pour conclure le tout, le prix moyen d’un passage sur le Titanic L’Officiel). On cherche un local et on parle d’inauguration pour le mois de juillet prochain. en troisième classe était de 7 livres sterling par personne : presque deux mois de salaire d’un garçon de bureau de la ville de Cherbourg en 1912. Charlotte Cardeza, passagère de première classe sur le Titanic, a payé sa cabine 512 livres de l’époque : un peu plus de dix ans de salaire du même garçon de bureau… - Pas de faits divers sanglants à la une des journaux locaux de ce mois d’avril 1912 : rien que l’habituel film des petits évènements de la rue d’alors. - Des accidents de circulation : un cheval qui s’emballe, un néo-cycliste qui éprouve quelques difficultés à maîtriser sa monture, un paysan tombé de sa charrette et qui se fait enfoncer les côtes par la roue lui passant dessus. - Des scènes d’ivrognerie assez fréquentes : on ramasse dans la rue un homme (ou une femme) plus ou moins imbibé, parfois raide-mort d’avoir forcé sur la bouteille. - Des bagarres : c’est assez fréquent à l’époque que l’on s’empoigne pour un larcin ou un mot de trop. Ça se termine souvent au tribunal de police par une remontrance et une amende. Mais quand un militaire est mêlé à l’histoire, il y a souvent effusion de sang, les coloniaux en garnison à Cherbourg, voire les équipages des torpilleurs, ayant le sang chaud et le coup de poing facile : parfois, ils n’hésitent pas à utiliser leurs armes de service pour faire admettre leur point de vue sur la question… Faits divers nal, comique), Noël du peintre (comédie), En Suisse, promenade sur le lac des quatre cantons, et Julot a du jarret (comique). Il est précisé qu’”entre chaque vue, le gramophone se fera entendre”. Il faut croire que ces séances ont beaucoup de succès, puisque le même journal rend compte une semaine plus tard de cette soirée récréative : “on applaudit longuement à la fin de chaque film, car il faut louer chez Mr Férey (l’organisateur de la projection), à la fois l’habileté du mécanicien et le goût heureux de l’artiste ! Les airs du phonographe et les chants des enfants ajoutèrent à l’intérêt de la séance. un dîner fut offert à Mr Férey par la municipalité. On y but à l’école et à la République”. 10 avril 1912, 18 h 30. Le paquebot Titanic vient enfin de faire son entrée dans la grande rade par la passe de l’Ouest. Attendu initialement à Cherbourg à 17 h 30, le paquebot de la White Star a frôlé la collision avec le paquebot New York au moment de son départ de Southampton sur le coup de midi. Le temps de régler l’incident, le Titanic a repris la mer avec une heure de retard sur son horaire. Mais enfin le voilà. Partis de la gare Saint-Lazare le matin même par le New York Express, 274 passagers l’attendent à bord des deux transbordeurs de la White Star affectés à Cherbourg, le Nomadic et le Traffic. Celui-ci s’avance en premier vers le Titanic pour que les passagers de troisième classe et les bagages puissent monter à bord du paquebot. Puis c’est au tour du Nomadic d’opérer la même manœuvre afin de transborder les passagers de première et seconde classe. Une fois tout le monde à bord, une vingtaine de passagers qui n’ont pris qu’un aller simple entre Southampton et Cherbourg, quittent le Titanic et embarquent à bord du Nomadic qui les ramène à terre. Une opération qui dans sa globalité, n’a pris qu’une petite heure et demie. A 20 heures, le Titanic lève l’ancre, effectue un demi-tour, et repart par la même passe de l’Ouest. Direction, le port irlandais de Queenstown, où il doit faire une dernière escale le lendemain. Avant d’affronter l’Atlantique… Les deux photos que nous reproduisons ici, montrent le Titanic dans la grande rade de Cherbourg, sous deux angles différents. Le premier cliché a été pris par un jeune agent de la compagnie transatlantique allemande Norddeutscher Lloyd : le bateau est ancré au large du fort de l’Ouest, que l’on voit sur la droite (collection Claude Molteni de Villermont). Le deuxième cliché, dont l’auteur est inconnu, montre le Titanic ancré au même endroit, mais pris de l’autre côté : on aperçoit au fond, les hauteurs dominant Cherbourg. Peut-être l’auteur de ce cliché était-il sur le fort de l’Ouest ? (collection Valéry Bouet). Sources - Cherbourg-Eclair et Le Réveil, avril 1912. ------- Bulletin municipal officiel de la ville de Cherbourg, 1912. ------- Nouveau guide illustré de Cherbourg et ses environs, 1911. ------- Agenda illustré de la Dépêche de Cherbourg, 1913. ------- Cherbourg et le Cotentin/ Congrès de l’association française pour l’avancement des sciences (août 1905). ------Annuaire de Cherbourg, 1903-1904. ------- Le journal de Valognes, 1912. ------- Le journal de l’arrondissement de Valognes, 1912. ------- Le journal de Coutances, 1912. Du mythe Titanic à l’épopée transatlantique ! 46-51 France: Mise en page 1 7/10/11 14:44 ise 118-122 naufrage:M Page 1 en page 1 8/10/11 9:05 Page 1 Du côté des Fran çais 1912 2012 LE TITA NIC En mer Le jour où le Titanic est passé par Cherbourg 8 février 1962 : achevant sa première traversée En haut à gauche, transatlantique, les rubans que le France vient l’on distribuait de passer devant aux passagers pour qu’ils les la statue de agitent lors des la Liberté et est salué départs et des arrivées du paquebot. par les remorqueurs et les bateaux-p (Collection privée). ompe 100 e ANNIV ERSAI RE Et vive le Fr ance ! de résume à trois d’affronter la navires capables traversée de l’Atlantique Nord France, le De : l’Île de Grasse Liberté. Trois bateaux , et l’ancien Bremen rebaptisé dont la construct années vingt. ion remonte aux A moyen terme, il nouveaux paquebotfaut donc que la France se dote de s, d’autant que dès la fin des anCi-dessous et Cherbourg, du port de New York. (Photo AFP). Pendant quator ze océans. Et après ans, le paquebot France a représenté avoir failli sombre la culture et r, il a connu la technologie une seconde française sur vie encore plus tous les longue sous Au sortir de la seconde guerre d’autres pavillo paquebots français mondiale, la flotte ns. se dans les pages suivantes, extraits du plan des nées 40, le trafic nents américain passagers a repris entre les contiet sont les armemen européen, et que pour l’heure, ts anglais et ce taillent la part américains qui du lion. s’y Un grand paquebot (2 000 passager versée) ou deux s, 5 jours de paquebots de trapassagers chacun taille moyenne (1 300 pour 6 jours de traversée) ? Assez ponts du paquebot France, offert aux passagers pour mieux se repérer sur le rapidement, la solution du grand tant du point paquebot s’impose, de vue économiq ue que du prestige apporte à l’image du qu’il vent pour prédire pays. Même si certaines voix s’élèatlantiques est que le temps des paquebot s transrévolu et que désormais à l’aviation, l’avenir appartien le gouverne t à la fin juillet 1956 à la Transat ment français indique commande aux chantiers navals qu’elle peut passer de Saint-Nazaire. bateau. (Collection , vu par un illustrateur Le naufrage du Titanic de l’époque. (Archives AFP). Le naufrage impens privée). able lequel on va Un cauchemar pendant d, , le Titanic sombre. tence au sang-froi avoir touché l’iceberg humain, de l’incompé 2 h 40 minutes après et défauts du genre de toutes les qualités assister au défilé de la lâcheté au panache. en plein 1912. Le Titanic est Dimanche 14 avril une météo belle, vents faibles : à la Atlantique. Soleil, mer à tracer à travers l’océan idéale pour continuer vitesse de 21,5 nœuds. repas (petit cours, rythmé par les A bord, la vie suit son de 13 h à 10 h 30, déjeuner c’est déjeuner de 8 h 30 18 h à 19 h 30). Comme de dîner et 30 h aux à 14 la matinée est consacrée dimanche, la fin de à manger sont dits dans les salles qui religieux, t offices première, c’est le commandan des trois classes. En 46 port du Titanic et des transatlantiques qu’en vient lire l’Evangile, tandis Byles, Smith en personne qui classe, c’est le père seconde et en troisième classe, qui dit la messe. passager de seconde Soirée de gala pour l’aprèss’égayent à nouveau Puis les passagers parties de à la bibliothèque et sur midi, entre lectures courrier ou promenade le nez squash pour les premières, les secondes, et rêveries le pont supérieur pour n’a Mais cette rêverie au large pour les troisièmes. lumière du et à mesure que la qu’un temps : au fur chute, les la température extérieure soleil décline et que ponts extéprogressivement les passagers désertent En prese réfugier à l’intérieur. et rieurs du navire pour longtemps que les passagersleur mière classe, cela fait leurs cabines pour peaufiner la passagères ont rejoint l’heure que à tout effet en c’est tenue pour le dîner : pour rien au traversée a lieu. Et soirée de gala de la mondain. manquer cet évènement monde, il ne faudrait 118 500 illustrations… 250 pages, plus de EN VENTE Un océan à conquérir Titanic, un destin Cherbourg, port transatlantique Du passé à l’avenir ds de journaux chez vos marchan Un hors-série Couverture souple : 15 € - Couverture rigide : 25 € LA PRESSE DE LA MANCHE Plus personne ne l’ignore maintenant : le 10 avril 1912, pendant une heure et quarante minutes, le Titanic a honoré de sa courte présence la rade de Cherbourg. Quatre jours plus tard, le paquebot de la White Star sombrait dans l’Océan après avoir heurté un iceberg. La catastrophe faisait 1.495 victimes parmi les 2.207 personnes présentes sur le navire. Un fait divers qui marqua son époque par son ampleur, mais aussi parce que le Titanic, plus grand navire de son époque effectuait là son premier voyage, précédé d’une réputation d’insubmersibilité, presque d’invincibilité. Enfin, le bateau transportait un certain nombre de personnalités, qui ont survécu ou pas au drame, mais dont la présence à bord ajoutait une dernière touche “glamour” dont toutes les grandes histoires ont besoin. Tous ces éléments rassemblés ont fait que d’année en année, le Titanic est resté dans toutes les mémoires et qu’un mythe s’est progressivement construit autour du bateau et de sa courte et dramatique histoire. En 1997, le film Titanic de James Cameron et son succès mondial, ont incontestablement réveillé l’intérêt du grand public pour le sujet. Et nous voilà donc en 2012, commémorant le centième anniversaire du premier voyage du Titanic et de son passage à Cherbourg. Dans le hors-série Cherbourg, port du Titanic et des transatlantiques, que nous avons édité en novembre dernier, nous revenons largement sur l’histoire du Titanic et son escale cherbourgeoise. Il n’était donc pas question pour nous ici, de redire et réécrire les mêmes choses. Nous avons donc pris le parti, puisqu’il s’agit d’un centenaire, de repartir cent ans en arrière, et d’offrir à nos lecteurs, le vrai-faux journal du 10 avril 1912. Même maquette, même police de caractère, même colonnage, même pagination (4 pages), mêmes publicités que le Cherbourg-Eclair d’il y a cent ans. Et pour les textes, nous avons puisé à diverses sources d’époque pour plonger nos lecteurs dans le Cherbourg et dans le Co- tentin d’il y a cent ans, dans le Cherbourg qui accueillait le Titanic. Quels visages offraient la ville et région à cette époque, quel temps faisait-il ce jour-là, quels étaient les salaires et les prix pratiqués, comment passait-on le dimanche, quelle était l’activité de l’arsenal ou dans quels grands magasins les ménagères cherbourgeoises faisaient-elles leurs emplettes, qu’est-ce qui faisait l’”actualité” à Sainte-Mère-Eglise, Carentan ou SaintLô… Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans les colonnes suivantes, à coups d’anecdotes, de coupures de presse et d’illustrations. Bon voyage dans le temps et bonne lecture. POUR ÉVITER OU POUR GUÉRIR Maux de Gorge, Rhumes, Bronchites, Grippe, Influanza, Asthme, Catarrhes, Pneumonies, etc. PRENEZ DES PASTILLES VALDA REMÈDE ANTISEPTIQUE D’UNE INCOMPARABLE EFFICACITÉ MAIS SURTOUT DEMANDEZ, EXIGEZ dans toutes les Pharmacies LES VÉRITABLES PASTILLES VALDA vendues SEULEMENT en BOITES de 1 fr. 25 PORTANT LE NOM VALDA Le bulletin météo DU 10 AVRIL 1912 (7 HEURES DU MATIN) - La digue de Cherbourg : baromètre 754,5, vent d’ouest forte brise, mer houleuse, pluie, température 10°C. - Barfleur : baromètre 753,8, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer agitée, ciel couvert, température 10°C. - Hague : baromètre 756,5, vent d’ouest, forte brise, mer houleuse, ciel couvert, température 9°C. - Carteret : baromètre 758, vent d’ouest nord ouest, forte brise, mer très houleuse, ciel couvert, température 9°C.
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Document réalisé avec la collaboration de Mme Corinne BROCHARD, professeur d’anglais au Lycée Victor Grignard, Cherbourg