Les stratégies de logistique inversée : une perspective théorique

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Les stratégies de logistique inversée : une perspective théorique
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Logistique & Management
Les stratégies de logistique inversée :
une perspective théorique
Marlène MONNET
Université de la Méditerranée Aix-Marseille II, CRETLOG
[email protected]
L’article envisage la logistique durable sous l’angle stratégique dans la mesure où
les acteurs qui intègrent des indicateurs environnementaux ou sociaux dans leurs
démarches logistiques participent à l’évolution des pratiques de développement
durable. Ils sont ainsi porteurs d’opportunités et créateurs d’activités et de
nouveaux marchés.
Les données sont issues d’une revue de littérature croisant le champ du
développement durable avec les approches théoriques des parties prenantes et du
supply chain management ainsi que d’une analyse des comportements
stratégiques des acteurs concernés par la logistique inversée des déchets
électriques et électroniques en France.
L’article appréhende la logistique inversée en tant que logistique durable et met en
évidence l’intérêt des théories des parties prenantes et du supply chain
management dans l’analyse des stratégies de logistique inversée.
Mots clés : Logistique durable, stratégies de logistique inversée, théorie des parties
prenantes, supply chain management.
Introduction
Parallèlement au cadre paradigmatique dans
lequel les problématiques du développement
durable s’inscrivent, le contexte actuel soulève les questions des pratiques logistiques
durables. Les réflexions politiques ont évolué
et se situent aujourd’hui au sein de l’Union
Européenne avec notamment l’accord entre
les 27 sur la réduction des gaz à effet de serre.
Les propositions issues du Grenelle de l’Environnement de 2007 témoignent de l’implication des pouvoirs publics dans l’étude de
solutions logistiques globales tout en préservant nos ressources naturelles locales. Les
recherches académiques et professionnelles
en management logistique s’accroissent avec
le soutien des centres de recherche, des
forums institutionnels et universitaires, etc.
Les principaux axes de recherche en logis-
tique durable concernent ainsi le transport
avec l’intermodalité et l’optimisation des
tournées, l’immobilier logistique avec la normalisation Haute Qualité Environnementale,
la logistique inversée avec les systèmes de
recyclage des produits en fin de vie, ainsi que
la chaîne logistique avec la maîtrise d’un service de qualité respectant l’environnement et
les conditions de travail des salariés. La logistique durable peut être envisagée sous l’angle
stratégique dans la mesure où les acteurs, qui
intègrent des indicateurs environnementaux
ou sociaux dans leurs démarches logistiques,
participent à l’évolution des mentalités et des
pratiques quant au développement durable et
sont ainsi porteurs d’opportunités et créateurs
de valeurs dans ce contexte. Le renforcement
du cadre réglementaire relatif à la conception
et la valorisation de certains produits suscitent
notamment différents comportements de
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logistique inversée parmi les acteurs concernés. Notre recherche se concentre sur les comportements stratégiques, qui supposent la
mobilisation de ressources et le développement de compétences spécifiques, pour
mettre en œuvre la logistique inversée des
déchets d’équipements électriques et électroniques en France. Face aux enjeux d’une
logistique durable et aux caractéristiques des
systèmes inversés, nous cherchons à analyser
dans quelle mesure les acteurs peuvent dépasser un comportement réactif et d’adaptation à
l’organisation des activités pour adopter des
attitudes stratégiques ?
Cette recherche se fonde sur une revue de littérature afin d’illustrer la pertinence des
approches théoriques des parties prenantes et
du supply chain management pour étudier les
stratégies logistiques durables. Le contexte
réglementaire lié à la valorisation des déchets
d’équipements électriques et électroniques
contextualise la revue de littérature. Structuré
en trois parties, l’article traite dans un premier
point du concept de logistique inversée envisagée comme une logistique durable, des
caractéristiques générales des systèmes de
logistique inversée et des approches théoriques des parties prenantes et du supply chain
management. Il expose ensuite la méthodologie de recherche qui s’appuie sur le cadre
théorique et sur le contexte de la logistique
inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Il synthétise enfin les
résultats de la recherche en analysant les stratégies de logistique inversée.
La logistique inversée
Ce premier point s’intéresse à la logistique
inversée et à ses caractéristiques systémiques.
Il illustre également l’intérêt de l’approche
théorique des parties prenantes et du supply
chain management.
La logistique inversée :
une logistique durable
Définition et origines
Rogers et Tibben-Lembke (1999, p. 15) définissent la logistique inversée comme « le processus de planification, de mise en œuvre et de
contrôle, de manière rationnelle et avantageuse, des flux de matières premières, de produits semi-finis et d’informations y afférentes,
du point de consommation jusqu’au point
d’origine, dans le but de récupérer ou de créer
de la valeur et d’améliorer l’élimination des
déchets ». Inhérente à la logistique traditionnelle, la logistique inversée représente une
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démarche transversale de gestion de flux physiques divers (produits, emballages, matières
premières) et d’informations associées, dans
une optique de prise en compte du cycle de vie
total de ces flux. Plusieurs activités de collecte, de tri, d’entreposage, de transport, de
traitement intermédiaire, de retraitement sont
ainsi combinées pour gérer les flux. Elles
nécessitent de nombreuses ressources et compétences telles que des capacités de collecte,
des transports adaptés, des centres de tri et de
regroupement, des centres de traitement et de
valorisation. La logistique inversée peut aussi
être considérée comme une logistique verte
lorsqu’elle cherche notamment à mesurer et
minimiser ses impacts environnementaux.
Par exemple, elle est amenée à limiter la pollution liée à ses activités de transport ou de récupération et d’élimination des déchets tout au
long des processus logistiques. Le cas du
management des déchets nécessite alors la
coordination de processus logistiques et de
traitement ainsi qu’une logistique verte qui
minimise ses impacts environnementaux.
Dans ce cas, la logistique est considérée
comme un outil au service d’une activité de
protection de l’environnement. Découlant
principalement de la mise en œuvre d’une
politique de développement durable, la logistique inversée se développe parallèlement au
renforcement des réglementations et aux
pressions des parties prenantes. Cependant,
elle résulte aussi d’un contexte concurrentiel,
de motivations marketing, de questions économiques. Selon Tibben-Lembke (2002), la
logistique inversée apparaît comme un avantage stratégique de plus en plus important
pour beaucoup d’entreprises. Les acteurs
concernés par la logistique inversée sont ainsi
susceptibles d’adopter des comportements
stratégiques dans un contexte de développement durable. Défini par le Rapport Brundtland comme : « un développement qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre
aux leurs », ce contexte suppose une dynamique spatio-temporelle et suggère une compréhension des limites de l’environnement et
de ses êtres vivants. Pasquero (2008, p. 27)
met en évidence la complexité inhérente à
cette problématique du développement
durable. Il précise qu’elle se distingue par une
forme d’incertitude socio-technique, « où éléments scientifiques, éthiques, économiques et
politiques sont fortement enchevêtrés et
recoupent divers niveaux d’intervention ».
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Les dimensions environnementale, économique et sociale de la logistique inversée
Figure 1 - La logistique inversée : vers une logistique durable.
De façon générale, le développement durable
implique une prise en compte de trois critères
de rentabilité économique, de cohérence
sociale et de respect de l’écosystème. Envisagée comme une logistique durable, la logistique inversée intègre également ce triptyque
dimensionnel.
• La logistique inversée a incontestablement
des avantages environnementaux avec une
amélioration de la gestion des produits en
fin de vie (Flygansvaer et Jahre, 2002), de
la récupération des ressources naturelles et
de l’élimination des déchets respectant la
coordination des étapes de collecte sélective, tri, traitement. Les acteurs concernés
par la mise en œuvre de l’ensemble de ses
activités orientent et contrôlent ainsi leurs
impacts en matière d’environnement.
• L’avantage stratégique est également éco-
nomique et se traduit par une réduction des
coûts. Le développement d’activités environnementales diminue les coûts grâce à la
récupération de l’énergie, la diminution des
ressources utilisées et la réutilisation et le
recyclage des matériaux utilisés (Wu et
Dunn, 1995). Une bonne démarche de logistique inversée ne réduit pas seulement
les coûts mais augmente aussi les revenus.
Une amélioration de l’organisation et de la
flexibilité de l’entreprise, une hausse de
l’efficience et de l’efficacité du processus
de retour (Rogers et Tibben-Lembke,
2001) et la création de nouveaux marchés,
intéressés par des produits valorisés, sont
ainsi sources de gains financiers (Philipp,
1999).
• La logistique inversée a aussi des avantages
sociaux dans la mesure où elle permet de
créer différents emplois dans les métiers de
la collecte, du tri, du recyclage, etc. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (tels
que Emmaüs ou Envie) sont intégrés
comme des acteurs indispensables tout au
long du processus. Des entreprises d’insertion sociale sont créées et permettent d’embaucher des personnes au chômage ou en
période de réinsertion.
Les caractéristiques des systèmes
de logistique inversée
Un système complexe
La mise en œuvre d’activités de logistique
inversée sous-entend une notion de complexité (Beaulieu, 2000) car elle nécessite un
système composé de variétés élevées d’éléments et d’interconnexions entre ces éléments. Parmi les différents chercheurs qui
appréhendent la logistique inversée dans une
perspective systémique, Dowlatshahi (2000)
considère que le système de logistique
inversée est une chaîne logistique reconfigurée pour gérer les flux de produits ou pièces
destinés à la récupération, au recyclage, à l’élimination et à l’utilisation des ressources efficacement. A partir de la représentation
schématique de Kokkinaki et al. (2001 : 4),
nous proposons un schéma du système de
logistique inversée (cf. figure 2) où la base
organisationnelle du système est une chaîne
logistique traditionnelle à partir de laquelle
diverses activités de logistique inversée sont
afférentes à la circulation des flux.
Comme dans tout processus de production, la
qualité et la coordination des activités sont
Figure 2 - Représentation du système de logistique inversée.
La figure 1 représente la convergence des
dimensions de la logistique inversée vers celles d’une logistique durable, dans le sens où
elle combine des impacts économiques, environnementaux et sociaux.
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essentielles. L’efficacité et l’efficience des
activités de collecte et de récupération déterminent la qualité de l’approvisionnement, l’état des flux entrants, la bonne réalisation des
activités de tri et de sélection puis des activités
de traitement et de valorisation ou de stockage
en décharge. “Le processus de production est
spécifique à la logistique inversée : réutilisation, recyclage et refabrication et varie selon
les flux”. Suivant leurs caractéristiques, ces
flux, ainsi modifiés, réapprovisionnent la
chaîne logistique traditionnelle ou sont directement distribués aux clients. Ainsi, la figure 2
montre que la complexité d’un système de
logistique inversée ne concerne pas ses activités car ce dernier s’appuie sur des activités de
logistique d’approvisionnement, de production spécifique et de distribution. Cependant
ce système est particulier car l’approvisionnement des flux diffère. La collecte se réalise à
partir de l’acheteur, c’est-à-dire le consommateur final, qui, traditionnellement, se situe
en fin de chaîne logistique après l’activité de
distribution (Ginter et Starling, 1978). De
plus, comme le montre la figure, l’acheteur
peut également se réapprovisionner en produits ou matières recyclés.
Un système incertain
La complexité du système provient de ses
nombreuses incertitudes car il n’est pas
linéaire et il varie selon les flux considérés
(Philipp, 2007). Elle dépend des lieux et dates
des retours ainsi que des spécificités de ces
flux en termes de volume, de qualité, de
mixité ou de composition. Un processus de
sélection rigoureux et rapide des activités (de
valorisation) et des ressources (moyens de
collecte, d’entreposage et de transport, centres de tri et de traitement) adaptées à la gestion des différents flux est ainsi nécessaire.
Cette imprévisibilité rend l’automatisation du
système difficile. Les acteurs risquent alors de
subir cette gestion en précipitant l’organisation des activités et en combinant les ressources les plus facilement accessibles. De plus,
les acteurs n’ont pas réellement de place prédéfinie dans le système de logistique inversée
car ils peuvent jouer de multiples rôles (selon
les ressources qu’ils mobilisent) et ils ne sont
pas toujours associés aux mêmes activités.
Les collectivités ont, par exemple, la possibilité de réaliser plusieurs activités de collecte,
de tri et même de traitement des déchets. De
façon générale, les activités mises en place ou
les ressources déployées par les acteurs sont
inhérentes aux attentes et intérêts de chacun.
Les centres de tri vont, par exemple, chercher
à disposer d’un certain volume, les transpor-
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teurs vont également tenter d’optimiser les
tournées tandis que les détenteurs vont vouloir se défaire de leurs déchets le plus rapidement possible. Diverses relations se
développent entre les acteurs de la chaîne
logistique comme celles entre les logisticiens
et les déchetteries ou celles entre les collectivités et les centres de traitement. D’autre part,
l’acheteur qui cherche à se réapprovisionner
via le marché secondaire, peut avoir des difficultés à sélectionner un revendeur et à effectuer ses transactions. Cela dépend des
informations dont il dispose, de la localisation, de la qualité et de la disponibilité des
stocks de matières ou produits recyclés, mais
également de la stabilité des prix par rapport
aux prix pratiqués dans la chaîne logistique
classique.
Le choix d’un cadre théorique pour l’étude
de stratégies de logistique inversée
L’approche théorique des parties prenantes
Comme le montrent les enjeux de la logistique
durable et les caractéristiques des systèmes de
logistique inversée, des recherches sur les
problématiques de logistique inversée supposent de s’intéresser à la complexité et aux
incertitudes relatives au système. Pour analyser les stratégies de logistique inversée, il
apparaît alors pertinent de centrer notre
approche sur les acteurs du système qui coordonnent les activités de logistique inversée et
mobilisent diverses ressources, selon leurs
attentes et intérêts. Considérant la diversification des intérêts et des attentes de nombreux
acteurs et la multiplication des interfaces transactionnelles et relationnelles entre les
acteurs, nous avançons que la théorie des parties prenantes peut être mobilisée pour décrire
et analyser les stratégies de logistique
inversée. Le concept de partie prenante (stakeholders) trouve ses fondements dans l’ouvrage de Freeman en 1984. Une partie
prenante est définie comme « un individu ou
groupe d’individus qui peut affecter ou être
affecté par la réalisation des objectifs organisationnels ». Martinet et Reynaud (2004) distinguent les parties prenantes selon deux
sphères. L’une, transactionnelle, où les
acteurs ont un lien contractuel avec l’entreprise. Et l’autre, interactionnelle, où les
acteurs ont un lien plus indirect mais qui peut
se révéler important en fonction du contexte.
De nombreux auteurs, tels que Donaldson et
Preston (1995), Ummenhofer (1998), Mercier (2001), Sharma (2001), Martinet et Reynaud (2004), Persais (2004) et Pasquero
(2008) se rejoignent sur l’idée que la théorie
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des parties prenantes est un cadre théorique
approprié et pertinent pour intégrer des
facteurs autres qu’économiques tels que le
développement durable, l’éthique organisationnelle, l’engagement sociétal, le management environnemental, les systèmes
d’information dans les problématiques de
sciences de gestion. Ummenhofer (1998,
p. 43) considère que « la théorie prend en
compte tous les groupes (au sens large) et
individus qui peuvent influencer ou être
concernés par les objectifs de l’entreprise ou
leur réalisation ». Cette théorie permet alors
de considérer d’autres acteurs (que les clients
ou les actionnaires) qui sont aussi dans une
relation d’échange et qui ont des attentes
envers l’organisation. Selon Martinet et Reynaud (2004), l’organisation représente une
constellation d’intérêts convergents et/ou
contradictoires. L’entreprise est un nœud de
relations qui doit concilier des intérêts multiples. La mise en œuvre d’une stratégie de
développement durable requiert ainsi de
prendre en considération les intérêts et attentes de l’ensemble des parties prenantes.
L’approche théorique du supply chain management
Appréhendant l’extension de la chaîne logistique jusqu’au traitement final des produits en
fin de vie et la coordination d’activités de
logistique et de traitement, nous avançons
également que l’approche du supply chain
management peut permettre de comprendre le
processus d’émergence de stratégies de logistique inversée. Comme le rappellent Ageron
et Spalanzani (2010), « la prise en compte de
la dimension durable dans la littérature sur le
supply chain management est significative et
variée ». Carter et Rogers (2008) proposent
d’ailleurs un cadre théorique pour le management de la supply chain durable. Le système
de logistique inversée est défini, par extension
du concept de supply chain par les théoriciens
de la supply chain, Harland (1996), Mentzer
et al. (2001), Christopher (2005), et des organisations – tels que Jarillo (1988), Gulati et al.
(2000) – comme une forme organisationnelle
en réseau stratégique. Le réseau apparaît
comme stratégique dans le sens où il existe et
se construit de façon active, en développant
des compétences, par rapport à son objectif.
Cependant, la construction de ce réseau
dépend également du contexte, des événements et des contraintes externes. La chaîne
est alors un réseau qui s’étend aux différentes
fonctions de l’entreprise et aux multiples
acteurs avec lesquels l’entreprise est en relation. A son degré le plus complexe de rela-
tions dans la chaîne, la supply chain « englobe
tous les acteurs impliqués dans l’ensemble
des flux amont et aval des produits, services,
finances et/ou informations, du dernier fournisseur au dernier client » (Mentzer et al.,
2001, p. 4). Le système de logistique inversée
peut également être associé au concept de
« closed loop supply chain » développé par les
théoriciens de la logistique inversée –
Dowlatshahi (2000), Krikke et al. (2001),
Kokkinaki et al. (2001) – comme une forme
organisationnelle étendue aux acteurs regroupés par un intérêt commun de politique de
développement durable. Dans ce contexte de
développement durable, les acteurs sont ainsi
concernés par la gestion des flux tout au long
du cycle de vie des produits. Lorsque les
acteurs anticipent le management des flux
inversés de la supply chain, la démarche de
supply chain management, est la plus
appropriée. Le Council of Supply Chain
Management Professionals (CSCMP), Mentzer et al. (2001), Stank et al. (2005), considèrent le management de la supply chain comme
une démarche de gestion globale plus large
que la démarche logistique tout en l’incluant
au même titre que d’autres activités.
Choix méthodologiques
Ce deuxième point expose les choix méthodologiques retenus dans cette recherche pour
construire une grille d’analyse des stratégies
de logistique inversée. Il présente les particularités du contexte français des déchets d’équipements électriques et électroniques et les
spécificités des approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management.
Le contexte des déchets d’équipements
électriques et électroniques
Une méthodologie qualitative
La recherche s’appuie sur l’analyse de la mise
en œuvre du système de logistique inversée
des déchets d’équipements électriques et électroniques en France. La contextualisation permet d’illustrer la revue de littérature. Dans
cette optique, nous avons adopté une
démarche qualitative en combinant plusieurs
techniques de recueil de données (textes législatifs, presse professionnelle, documents
d’actualité, rapports d’entreprises) et en donnant priorité à la technique de l’entretien. Une
quarantaine d’entretiens avec des experts du
contexte ont permis d’accéder aux perceptions et interprétations des acteurs impliqués
dans le système de logistique inversée fran-
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çais : prestataire de services logistiques,
industries de la gestion des déchets, metteurs
sur le marché des produits électriques et électroniques et tiers intervenants. L’annexe 1
synthétise les entretiens avec les différents
experts. Ce secteur est particulièrement intéressant à étudier car le rythme des innovations
technologiques et la croissance du marché
provoquent l’accélération du remplacement
des produits électriques et électroniques et,
par conséquent, l’augmentation de la quantité
de ces déchets. De plus, les produits en fin de
vie sont très différents en termes de design, de
poids, de performance, de composants, etc. ;
ils nécessitent de multiples niveaux de valorisation, une coordination d’activités complémentaires et de compétences non similaires et
donc l’implication de nombreux acteurs. Ce
contexte est ainsi représentatif des caractéristiques de complexité et d’incertitude des systèmes de logistique inversée. D’autre part, le
système dans lequel les acteurs interagissent
s’inscrit dans un contexte réglementaire particulier. Deux directives spécifiques aux
déchets d’équipements électriques et électroniques soulignent la nécessité pour les entreprises de gérer et recycler leurs déchets. La
directive 2002/96/CE du 27 janvier 2003 responsabilise les producteurs en aval pour le
recyclage et la valorisation de leurs produits.
La directive 2002/95/CE réglemente en
amont les fabricants pour que les composants
dangereux de leurs produits soient remplacés
par des composants non nocifs. Ces directives
posent le principe de la responsabilité
individuelle des metteurs sur le marché
jusqu’à ce qu’ils assurent l’élimination des
déchets.
Les parties prenantes du système de logistique
inversée
En utilisant la théorie des parties prenantes,
cinq groupes d’acteurs ont été préalablement
distingués selon leurs responsabilités et implications principales dans les processus de
logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques.
• Les metteurs sur le marché des produits
électriques et électroniques concernent les
producteurs, les importateurs, les revendeurs, les distributeurs.
• Ensuite, les tiers intervenants symbolisent
les acteurs politiques, le gouvernement, les
ministères mais aussi les associations, les
fédérations, les groupes de pression, etc. Ce
sont des parties prenantes interactionnelles
importantes dans ce contexte.
• Les récupérateurs sont représentés par les
points de collecte, les transporteurs et les
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centres de regroupement et de tri tels que
les municipalités, les entreprises de réinsertion sociale, les associations, les prestataires de services, etc.
• Les opérateurs sont les centres de traitement et de valorisation. De la même façon
que pour les récupérateurs, il s’agit d’organisations publiques et privées, c’est la raison pour laquelle nous regroupons les
récupérateurs et les opérateurs dans le
même groupe.
• Il s’agit enfin de noter que les détenteurs de
déchets tels que les consommateurs de
produits, c’est-à-dire les ménages et les organisations privées et publiques, correspondent également à un groupe d’acteurs.
En tant que producteurs de déchets, les
consommateurs représentent le premier
groupe d’acteurs important dans le système
car ils conditionnent la qualité de l’approvisionnement. Il convient ainsi de les tenir
continuellement informés des conditions
de collecte et de recyclage. Cependant,
nous avons choisi de ne pas détailler d’avantage ce groupe d’acteurs car notre méthodologie nous permet de proposer une
analyse plus pertinente des stratégies organisationnelles à un niveau managérial que
des multiples stratégies individuelles.
Les parties prenantes de ce système sont ainsi
représentées au travers de trois groupes d’acteurs : les tiers intervenants, les metteurs sur le
marché, les récupérateurs et opérateurs. Cette
classification a l’avantage d’éviter l’attribution d’une activité à un seul acteur. Notre premier critère d’analyse des stratégies de
logistique inversée concerne ainsi les activités
et/ou responsabilités de ces groupes d’acteurs.
Les approches théoriques des parties
prenantes et du supply chain management
Une perspective anticipative
En considérant la définition du supply chain
management du CSCMP, la logistique
inversée est incluse dans la démarche globale
de supply chain management. Cette approche
théorique permet de s’intéresser aux dimensions stratégiques de la logistique inversée. Le
management de la supply chain est, en effet,
défini comme une démarche transversale qui
intègre l’ensemble des dimensions stratégiques, tactiques et opérationnelles. Ganeshan
et al. (1999) divisent les thèmes des recherches selon trois catégories : stratégie de compétitivité, tactique centrée sur l’entreprise et
efficacité opérationnelle. Au niveau straté-
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gique les recherches s’intéressent aux objectifs et politiques de la supply chain et à la
façon dont celle-ci assure les besoins de l’entreprise et améliore sa compétitivité. Srivastava (2007) considère que le développement
durable, qui se propage mondialement, s’intègre de plus en plus dans la stratégie des
entreprises. Au niveau tactique, elles concernent la façon de mettre en place les décisions
stratégiques et d’atteindre les objectifs. Au
niveau opérationnel, les recherches traitent
des opérations, des contrôles et des mesures
de la performance de l’entreprise dans la supply chain. Les travaux de recherche de Carter
et Ellram (1998) et de Dowlatshahi (2000)
distinguent les facteurs stratégiques et opérationnels guidant la conception d’un système
de logistique inversée. Selon Martinet (1993),
le management dynamique, que symbolise
l’action stratégique, permet d’envisager des
solutions par anticipation des problèmes et
contraintes, sans toutefois prédire un comportement à suivre. Le développement de
comportements stratégiques en logistique
inversée suppose donc l’anticipation des contraintes, des pièges et des caractéristiques
relatives aux retours ainsi qu’aux parties prenantes. Nous proposons ainsi de retenir un
deuxième critère d’analyse des stratégies de
logistique inversée intitulé : « contraintes ».
Un réseau de parties prenantes
en interactions
Donaldson et Preston (1995) présentent trois
perspectives d’approche de la théorie des parties prenantes en management stratégique :
normative, instrumentale et descriptive. La
perspective normative permet aux organisations de comprendre pourquoi elles ont besoin
d’intégrer les intérêts et les droits des parties
prenantes. Dans la mise en œuvre de processus de logistique inversée, il s’agira notamment de tenir compte des attentes des acteurs
politiques, des fédérations des industries, des
collectivités. Dans une perspective plus instrumentale, cette théorie permet d’expliquer
aux dirigeants quelles sont les parties prenantes avec lesquelles l’entreprise doit développer des relations pour satisfaire leurs
objectifs. Les dirigeants peuvent alors identifier les relations propices pour gérer au mieux
les activités de logistique inversée. Ils envisageront des relations partenariales avec les
communautés urbaines afin, par exemple, de
réduire les coûts de collecte. La perspective
descriptive permet de décrire et parfois d’expliquer les caractéristiques et les comportements spécifiques de l’organisation. Elle
décrit les nuances des multiples interactions
de l’entreprise avec son environnement. Cette
dimension descriptive peut être utilisée pour
présenter et expliquer les relations entre les
acteurs dans la mise en œuvre des processus
de logistique inversée. Selon Martinet et Reynaud (2004), la théorie des parties prenantes
vient rappeler au management que « l’entreprise est « en société » et son environnement
est constitué de tous les acteurs en transactions économiques ou en interaction
socio-politique avec elle ». Par leurs interactions dans un système en contexte de développement durable, les acteurs sont considérés
comme des parties prenantes qui doivent respecter leurs engagements. A partir des recherches de Harland (1996), Lambert et Cooper
(2000) et Christopher (2005), l’approche
théorique du supply chain management peut
être appréhendé à un niveau holiste en considérant le management d’un réseau d’organisations interconnectées. Les auteurs
intéressés par le champ du supply chain
management, inscrivent leurs recherches en
fonction de quatre niveaux distingués par
Harland (1996). Le premier niveau, qui correspond aux recherches de Oliver et Webber
(1982), situe le management au niveau de la
chaîne interne. Deuxièmement, le management est au niveau de la relation dyadique
entre deux parties avec des fournisseurs
immédiats. Le troisième niveau est celui
d’une chaîne externe où les activités incluent
le fournisseur, les fournisseurs du fournisseur,
le client, les clients du client et ainsi de suite.
Quatrièmement, le management est au niveau
du réseau où les organisations interagissent
les unes avec les autres. Les recherches,
comme celles de Fabbe-Costes (2007) et
Christopher (2005), qui se positionnent au
deuxième niveau relationnel et à celui du
réseau sont particulièrement intéressantes
pour prendre en compte de façon globale, le
management de la supply chain et améliorer la
gestion des interfaces. Fabbe-Costes (2007,
p. 28) présente ainsi plusieurs niveaux d’intégration à atteindre dont celui d’intégration
sociétale, qui prend en compte la perspective
de développement durable, les risques associés à l’environnement et qui s’intéresse aux
interactions avec des parties prenantes
concernées par le fonctionnement des chaînes
logistiques. En tenant compte de la dimension
globale du management de la supply chain,
nous nous intéressons ainsi aux interfaces et
au niveau relationnel du système de logistique
inversée. Nous qualifions ce troisième critère
d’analyse des stratégies de logistique
inversée : « relations spécifiques ».
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Logistique & Management
Comportements stratégiques
et développement de compétences
Dans cette même perspective du management
d’un réseau d’organisations interconnectées,
l’approche industrielle des réseaux, Industrial
and Marketing Purchasing (IMP) développée
par Håkansson et Snehota (1995), permet d’étudier une forme organisationnelle selon différents niveaux d’analyse : les acteurs, les
activités et les ressources. Les ressources sont
mobilisées et contrôlées par des acteurs à travers leurs relations. Les acteurs sont définis
par les activités qu’ils réalisent mais aussi par
les ressources qu’ils contrôlent ; ils sont
connectés aux autres acteurs par les ressources et activités. En décrivant les acteurs, la
théorie des parties prenantes permet aussi de
comprendre leurs requêtes et leurs attentes
mais aussi leurs modes de pression et leurs
comportements. Pasquero (2008, p. 35) précise que « l’analyse en termes de parties prenantes peut s’avérer très féconde pour
comprendre comment les acteurs transforment le concept encore nébuleux du développement durable en pratiques et stratégies ».
Dans le champ du management environnemental, les comportements stratégiques des
acteurs varient d’attitudes passives à des comportements stratégiques plus ou moins basiques, en fonction de divers critères : la
sensibilisation environnementale, l’accès aux
informations, les ressources mobilisables, etc.
(Carroll, 1979 ; Ummenhofer, 1998 ; Buysse
et Verbeke, 2003 ; Martinet et Reynaud, 2004 ;
Grandval et Soparnot, 2005 ; Philipp, 2007 ;
Gherra 2010). En cohérence avec sa politique,
l’entreprise mobilise et combine ses ressources et compétences afin, d’une part, d’analyser les variations environnementales pour
minimiser ses impacts environnementaux et,
d’autre part, de tenir compte des intérêts des
parties prenantes pour satisfaire leurs attentes.
Les comportements stratégiques des acteurs
dans un système de logistique inversée résultent de la façon dont est intégré le développe-
Tableau 1 - Grille d’analyse des stratégies de logistique inversée
Groupes d’acteurs
Critères d’analyse
Tiers
intervenants
Metteurs sur
le marché
Récupérateurs
et opérateurs
Activités / Responsabilités
Grille d’analyse des stratégies de logistique
inversée
Le tableau 1 propose la grille d’analyse des
stratégies de logistique inversée pour les trois
groupes d’acteurs retenus.
Résultats de la recherche
Ce dernier point expose les résultats en précisant tout d’abord les activités et responsabilités des acteurs du système de logistique
inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Sont ensuite présentées
les contraintes de ces acteurs, leurs relations
Contraintes
Relations spécifiques
Compétences /
ressources stratégiques
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ment durable dans leurs pratiques. Ils dépendent de leurs conceptions quant aux exigences
et opportunités de la logistique inversée. Trois
stratégies de base sont distinguées : une attitude défensive ou réactive, une attitude offensive ou adaptative, une attitude anticipative ou
proactive. L’attitude défensive privilégie les
bénéfices immédiats et considère les investissements environnementaux comme des coûts.
Ce comportement attentiste est aussi relié à
l’absence de données suffisantes sur les contraintes réglementaires et le contexte. L’attitude adaptative consiste à étudier les
législations et les contraintes environnementales pour se préparer à l’évolution future des
demandes. Les exigences réglementaires et
l’écologie sont considérées comme des éléments clés de la pérennité de l’entreprise.
Enfin, l’attitude proactive concerne les entreprises pour qui le développement durable est
considéré comme une finalité d’action et non
plus comme un critère décisionnel. Les parties prenantes qui adoptent ce comportement
anticipatif ont généralement des ressources
financières importantes et en tire un avantage
stratégique (contrôle des coûts, hausse de
leurs légitimités, différenciation sur le marché). Dans la perspective du management
d’un réseau d’organisations interconnectées,
en faisant référence à l’approche industrielle
des réseaux et à la théorie des parties prenantes, nous analysons ainsi les ressources mobilisées et contrôlées par les acteurs du système
de logistique inversée à travers leurs relations.
Nous intitulons ce dernier critère d’analyse
des stratégies de logistique inversée : « compétences et ressources stratégiques ». Nous
discutons également, dans la partie suivante,
des différentes attitudes stratégiques de
logistique inversée en nous appuyant sur cette
classification : adaptatif/offensif ou anticipatif/ proactif.
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spécifiques, leurs compétences et ressources
stratégiques puis leurs attitudes stratégiques.
Les activités et/ou les responsabilités des
acteurs du système de logistique inversée
Les parties prenantes de ce système sont
représentées au travers des rôles de metteurs
sur le marché, de tiers intervenants, de récupérateurs et d’opérateurs.
• Les metteurs sur le marché représentent le
groupe d’acteurs garant du bon déroulement du système et sont responsables « du
berceau au tombeau ». Les producteurs
sont surtout responsables en amont de la
circulation des flux liés au cycle de vie des
produits, lors de l’introduction de ces derniers sur le marché. Les distributeurs qui
développent leurs propres marques sont
également considérés comme des producteurs responsables. Selon le secteur considéré, les metteurs sur le marché qui
distribuent et vendent des produits neufs
aux consommateurs, ont l’obligation de reprise des produits en fin de vie.
• Ensuite, les tiers intervenants ont un rôle
important dans la codification, la construction des outils réglementaires et d’évaluation, etc. mais ils ne sont pas directement
liés à la gestion des flux de déchets.
• Les récupérateurs sont responsables des activités de collecte et de tri, contraintes par
des lois, dont celle de juillet 1992, imposant
la collecte sélective.
• Les opérateurs gèrent les processus de traitement qui se décomposent en de multiples
activités de tri, de démantèlement, de réparation, de recyclage et d’élimination, soumises également à des contraintes
réglementaires.
Les contraintes des acteurs du système
de logistique inversée
Les différents entretiens menés et les divers
documents recueillis offrent une connaissance des contraintes relatives à l’organisation du système de logistique inversée des
déchets d’équipements électriques et électroniques. Ces contraintes inhérentes au contexte
réglementé concernent les incertitudes, les
conflits d’intérêts et les divergences de perception.
• Les metteurs sur le marché font ainsi face à
la gestion des incertitudes relatives aux
processus de retour des produits en fin de
vie. Plus précisément, les contraintes s’expriment en termes de méconnaissance de la
qualité des services de traitement et de
transport effectués par les fournisseurs sé-
lectionnés. Ils ont également des difficultés
à anticiper la qualité de l’approvisionnement de ces flux retours en raison des incertitudes quant à l’état et aux conditions de
ces retours.
• Les tiers intervenants sont particulièrement
contraints par la gestion de conflits d’intérêts entre eux-mêmes mais aussi avec les
différents groupes d’acteurs du système.
Ces conflits d’intérêts concernent fréquemment des désaccords quant aux coûts.
Intrinsèquement liées aux responsabilités
des parties prenantes, les ressources financières apparaissent comme sources principales d’oppositions entre les acteurs
politiques et les metteurs sur le marché par
exemple. Ces conflits pèsent ainsi sur la
conclusion d’accords, l’élaboration des
décrets, la répartition des flux financiers,
etc.
• Les récupérateurs font face à la gestion des
inconnues techniques et relationnelles relatives aux processus de retours. Leur expérience n’est pas toujours suffisante pour
prévoir la qualité de la collecte et du tri des
produits en fin de vie. De même la coordination des activités à effectuer dépend fortement du produit et de son état. Ils ne
maîtrisent pas l’anticipation des volumes
de produits, considérés comme désuets par
les détenteurs et entrants dans le système
inversé. Les opérateurs sont également
contraints par la qualité des retours des produits en fin de vie, et leurs conditions en
termes de lieu et de temps.
Les relations spécifiques entre les acteurs
du système de logistique inversée
La recherche met en évidence les interactions
entre les parties prenantes du système de
logistique inversée selon qu’elles concernent
les sphères interactionnelles ou transactionnelles.
• Les metteurs sur le marché développent des
relations contractuelles de long terme avec
des prestataires de service de traitement et
de logistique. Ils créent et renforcent des
partenariats avec les parties prenantes disposant de compétences spécifiques.
• L’ensemble des acteurs est amené à déve-
lopper des relations politiques avec les tiers
intervenants afin d’améliorer les conditions
de la gestion des processus des flux retours
et notamment leur accès aux déchets. Ces
relations s’inscrivent d’abord dans la
sphère interactionnelle pour ensuite aboutir
à des relations contractuelles entre les ac-
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teurs afin de sceller les accords en termes de
collecte, de choix de financement, etc.
• Les opérateurs et les récupérateurs entretiennent des relations étroites de regroupement afin de mutualiser leurs techniques et
de fournir des solutions globales. Ils développent des relations partenariales et transactionnelles entre eux afin de combiner
leurs compétences. Ils mettent également
en place des relations contractuelles de
long terme avec les fournisseurs qui maîtrisent les savoir-faire pointus dont ils ne disposent pas. Ils accordent une grande
importance à leurs relations politiques avec
les points de collecte.
soutiens à l’ensemble des acteurs
impliqués. De plus, le statut institutionnel
conféré à ces acteurs politiques incite l’ensemble des parties prenantes à exiger, de
leur part, des initiatives, des décisions et
des arbitrages.
• Parmi les récupérateurs et les opérateurs,
on distingue, d’une part, les prestataires
privés et publics, qui sont des experts en
traitement et recyclage des déchets. Ils détiennent des ressources financières suffisantes et investissent dans des activités de
recherche et de développement afin de développer leurs savoir-faire de collecte et de
traitement des déchets. Ils sont peu nombreux et semblent capables de gérer différents systèmes de logistique inversée car ils
peuvent s‘appuyer sur leurs réseaux, leurs
compétences relationnelles et sur leurs expériences de traitement de différents types
de déchets (ménagers, industriels, etc.).
D’autre part, on distingue les prestataires
logistiques, qui sont experts en management logistique, mais qui n’ont pas de savoir-faire reconnus en termes de collecte et
de traitement de déchets. Or, certains
d’entre eux développent leurs capacités
d’innovation, en combinant des compétences organisationnelles et de planification,
des compétences relationnelles ainsi que
leurs moyens logistiques afin de proposer
un service global de conformité réglementaire aux metteurs sur le marché, comme l’a
fait par exemple Géodis, pour son client
European Recycling Platform (éco-orga-
Les compétences et ressources stratégiques
des acteurs du système de logistique
inversée
À travers leurs relations, les acteurs mobilisent et contrôlent certaines ressources et compétences stratégiques.
• Les metteurs sur le marché sont responsables de la valorisation de leurs produits et
doivent disposer de ressources financières.
Ils se rassemblent souvent dans des structures ou des fédérations. Ils ont les capacités
de gérer les flux physiques et informationnels du système de logistique inversée mais
recherchent à défendre leurs intérêts et à
contrôler les organisations suivant une logique plus politique qu’économique.
• Les tiers intervenants mobilisent des compétences cognitives fortes et des compétences relationnelles en apportant leurs
Tableau 2 – Analyse des stratégies de logistique inversée des parties prenantes
Groupes d’acteurs
Tiers intervenants
Metteurs sur le marché
Récupérateurs et opérateurs
Activités /
Responsabilités
Concevoir, construire
et contrôler les outils
réglementaires
Financer le système (responsable
du “berceau au tombeau”)
Collecter, trier, traiter et recycler les déchets en
respectant les réglementations
Contraintes
Conflits d’intérêts
Qualité des services et de
l’approvisionnement
Qualité et coordination de la collecte et du tri
Conditions des retours (lieu, temps, qualité)
Relations
spécifiques
Relations avec toutes les
parties prenantes
Relations contractuelles de long
terme avec les prestataires de
services de traitement et de
logistique
Partenariats entre les récupérateurs et les opérateurs
Relations contractuelles de long terme avec les
fournisseurs
Relations politiques avec les points de collecte
Capacités de contrôle et de
protection des intérêts
Prestataires de traitement des déchets :
Compétences relationnelles
Compétences spécifiques (collecte et traitement)
Capacités d’investissement
Critères d’analyse
Compétences /
ressources
stratégiques
Compétences cognitives et
relationnelles
Ressources financières
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Prestataires de services logistiques :
Compétences organisationnelle et de planification
Capacités d’innovation
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nisme fondé par les metteurs sur le marché
Braun, Electrolux, Hewlett-Packard et
Sony).
Le tableau 2 propose une analyse des stratégies de logistique inversée selon les parties
prenantes du contexte des déchets d’équipements électriques et électroniques et les
quatre critères d’analyse retenus.
Les attitudes stratégiques des acteurs
du système de logistique inversée
Le regroupement des acteurs en fonction de
leurs implications dans le système de logistique inversée amène à une meilleure perception des attentes et intérêts de certains groupes
d’acteurs et à discuter de leurs comportements stratégiques : adaptatif/offensif ou
anticipatif/ proactif.
• Les tiers intervenants ont un comportement
anticipatif en raison de leurs compétences
cognitives et de leur légitimité pour concevoir des réglementations. Les comportements de ces acteurs peuvent également
être considérés comme adaptatifs dans le
sens où ils ne cherchent pas à influencer
l’organisation du système.
• Les metteurs sur le marché ont des comportements différents selon leurs intérêts et les
positionnements qu’ils adoptent. Certains
cherchent à maîtriser le pilotage des flux et
mobilisent des compétences financières
dans la gestion de structures (comme dans
des éco-organismes). D’autres visent à valoriser au moindre coût et préfèrent contractualiser avec un prestataire détenant des
compétences organisationnelles. Enfin,
une majorité de metteurs sur le marché
adoptent un comportement adaptatif en adhérant simplement aux structures créées.
• Différents comportements sont observés
parmi les acteurs de l’industrie du management des déchets d’équipements électriques et électroniques qui se répartissent les
activités de collecte, tri, démantèlement,
traitement. Les municipalités gèrent la collecte sélective et les distributeurs sont responsables de la récupération des déchets
électriques des ménages, selon le principe
du « un pour un ». Forts de leurs expériences relationnelles et de leurs compétences
spécifiques de collecte, de tri, etc., les récupérateurs et les opérateurs ont un comportement adaptatif car ils cherchent à
capitaliser leurs savoir-faire tout en respectant les nouvelles contraintes de valorisation. Les prestataires de traitement des
déchets ont un comportement offensif car
ils essayent de verrouiller le marché en in-
Tableau 3 - Les attitudes stratégiques des acteurs du système
de logistique inversée.
Groupes
d’acteurs
Attitudes
stratégiques
Adaptatif /
Offensif
Anticipatif/
Proactif
Metteurs sur
le marché
Récupérateurs
et opérateurs
Ne cherchent
pas à gérer
directement le
système
S’adaptent aux
structures déjà
existantes
Capitalisent le savoir-faire, pour
fournir des solutions globales
Cherchent à verrouiller le
marché (prestataires de
traitement des déchets)
Décident de
sous-traiter le
management
Conçoivent les
Créent des
réglementations
entreprises de
management des
déchets
Introduisent de la concurrence
dans un contexte réglementé
(prestataires de services
logistiques)
tégrant de grands groupes et en diversifiant
la gestion de nombreux types de déchets.
Les prestataires de services logistiques saisissent l’opportunité des pressions réglementaires pour s’appuyer sur leurs
expériences logistiques et leurs capacités
d’innovation. Ces derniers adoptent ainsi
un comportement proactif et introduisent
de la concurrence dans un contexte réglementé selon des logiques de réduction des
coûts, de massification des flux et
d’amélioration de la qualité de service.
Le tableau 3 récapitule les attitudes stratégiques des acteurs du système de logistique
inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques.
Discussion et conclusion
L’article propose deux niveaux de résultats. Il
met en évidence l’intérêt des théories des parties prenantes et du supply chain management
dans l’analyse d’un système de logistique
inversée. La théorie des parties prenantes facilite ainsi l’analyse des comportements stratégiques des parties prenantes, l’identification
de leurs intérêts et attentes. L’approche du
supply chain management permet de considérer le management d’une supply chain en
contexte de développement durable selon une
perspective stratégique. L’article présente
ensuite les stratégies de logistique inversée
des parties prenantes selon plusieurs critères
d’analyse : les activités/responsabilités, les
contraintes, les relations spécifiques, les compétences/ressources stratégiques. L’analyse
des données contribue également à expliquer
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les attitudes stratégiques de trois groupes
d’acteurs et à souligner la dimension stratégique de la logistique inversée. Les tiers intervenants, reconnus comme légitimes dans la
conception d’outils règlementaires, disposent
de compétences cognitives et relationnelles.
Ils accompagnent les diverses parties prenantes dans la mise en place des processus de
logistique inversée et sont ainsi au cœur des
conflits d’intérêts. Les metteurs sur le marché
mobilisent des ressources financières pour
garantir le bon fonctionnement du système, ils
doivent aussi être capables de contrôler les
relations contractuelles avec les prestataires
de service afin de faire face aux incertitudes.
Certains metteurs sur le marché anticipent les
contraintes du système et décident de
sous-traiter le management. Les récupérateurs et opérateurs peuvent plus facilement
adopter des comportements stratégiques. Ils
détiennent de nombreuses compétences relationnelles, spécifiques ou organisationnelles
leurs permettant d’assurer les activités de collecte, tri, traitement, transport, etc. ou d’assembler les ressources-acteurs adéquats.
La complexité relative au système de logistique inversée et l’augmentation des incertitudes parmi les différentes parties prenantes ne
sont pas les seuls facteurs explicatifs de l’évolution des comportements. Des entreprises de
management des déchets (tels que les
éco-organismes Ecosystème, Recylum, etc.)
ont, en effet, été créées suite au rapprochement d’intérêts entre les fédérations des
industriels, du commerce et les metteurs sur le
marché. Leurs développements dépendent
davantage des convergences d’intérêts quant à
la répartition des coûts, des ressources financières et des responsabilités que de la maîtrise
des incertitudes reliées à la gestion des flux.
Pour un management global efficace et efficient du système, la coopération étroite entre
les acteurs impliqués, la coordination de leurs
activités et le partage d’informations sont
ainsi des conditions essentielles (Ganeshan et
al., 1999 ; Mentzer et al., 2001 ; Fabbe-Costes, 2007). Les données reliées au contexte
français de la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques montrent
l’importance des compétences relationnelles,
comme les capacités d’entrer en relation, d’interagir ou de coopérer. Certains groupes d’acteurs tels que les tiers intervenants et les
prestataires de traitement de déchets ont ainsi
tout intérêt à maintenir leurs compétences
relationnelles, politiques et de lobbying tandis
que les metteurs sur le marché et les prestataires de services logistiques devraient les
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étendre. D’autre part, les entretiens montrent
qu’il y a une volonté évidente d’échanger des
informations parmi les parties prenantes mais
qu’il n’y a pas réellement de consensus. Or,
les incertitudes sont encore nombreuses et les
données disponibles ne sont pas suffisantes
pour mettre en place un système d’information efficace. C’est pourquoi, les différents
groupes d’acteurs du système devraient d’avantage mobiliser de compétences d’analyse,
de planification et de veille du contexte réglementaire. La mise en commun des diverses
interprétations des parties prenantes, au sujet
des contraintes notamment, pourrait constituer une base de données utile pour l’évolution future du système.
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ANNEXES
Annexe 1 – Synthèse des entretiens d’experts
Acteurs
Experts
Nombre
d’entretiens
Ecologic
1
Ecosystème
1
Industries de management des déchets
Ecoplanet
1
Filiale de Géodis : Valenda
7
SITA
2
Envie
1
Emmaüs
1
Recylum
1
Micro-Orange
2
IBM
1
Canon
1
Metteurs sur le marché des équipements
électriques et électroniques
HP
1
Electrolux
1
Braun-Gilette
1
Sony
2
Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication
(FIEEC)
1
Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD)
1
Tiers intervenants
Centre National du Recyclage (CNR)
1
AMORCE
1
Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)
2
Membres de European Recycling Platform (Géodis)
10
Prestataire de services logistiques
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Vol19_N1_2011.ps
Vol 19N1 2011
jeudi 6 octobre 2011 08:59:15
Vol. 19 – N°1, 2011
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