Les stratégies de logistique inversée : une perspective théorique
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Les stratégies de logistique inversée : une perspective théorique
Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management Les stratégies de logistique inversée : une perspective théorique Marlène MONNET Université de la Méditerranée Aix-Marseille II, CRETLOG [email protected] L’article envisage la logistique durable sous l’angle stratégique dans la mesure où les acteurs qui intègrent des indicateurs environnementaux ou sociaux dans leurs démarches logistiques participent à l’évolution des pratiques de développement durable. Ils sont ainsi porteurs d’opportunités et créateurs d’activités et de nouveaux marchés. Les données sont issues d’une revue de littérature croisant le champ du développement durable avec les approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management ainsi que d’une analyse des comportements stratégiques des acteurs concernés par la logistique inversée des déchets électriques et électroniques en France. L’article appréhende la logistique inversée en tant que logistique durable et met en évidence l’intérêt des théories des parties prenantes et du supply chain management dans l’analyse des stratégies de logistique inversée. Mots clés : Logistique durable, stratégies de logistique inversée, théorie des parties prenantes, supply chain management. Introduction Parallèlement au cadre paradigmatique dans lequel les problématiques du développement durable s’inscrivent, le contexte actuel soulève les questions des pratiques logistiques durables. Les réflexions politiques ont évolué et se situent aujourd’hui au sein de l’Union Européenne avec notamment l’accord entre les 27 sur la réduction des gaz à effet de serre. Les propositions issues du Grenelle de l’Environnement de 2007 témoignent de l’implication des pouvoirs publics dans l’étude de solutions logistiques globales tout en préservant nos ressources naturelles locales. Les recherches académiques et professionnelles en management logistique s’accroissent avec le soutien des centres de recherche, des forums institutionnels et universitaires, etc. Les principaux axes de recherche en logis- tique durable concernent ainsi le transport avec l’intermodalité et l’optimisation des tournées, l’immobilier logistique avec la normalisation Haute Qualité Environnementale, la logistique inversée avec les systèmes de recyclage des produits en fin de vie, ainsi que la chaîne logistique avec la maîtrise d’un service de qualité respectant l’environnement et les conditions de travail des salariés. La logistique durable peut être envisagée sous l’angle stratégique dans la mesure où les acteurs, qui intègrent des indicateurs environnementaux ou sociaux dans leurs démarches logistiques, participent à l’évolution des mentalités et des pratiques quant au développement durable et sont ainsi porteurs d’opportunités et créateurs de valeurs dans ce contexte. Le renforcement du cadre réglementaire relatif à la conception et la valorisation de certains produits suscitent notamment différents comportements de Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:13 41 41 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management logistique inversée parmi les acteurs concernés. Notre recherche se concentre sur les comportements stratégiques, qui supposent la mobilisation de ressources et le développement de compétences spécifiques, pour mettre en œuvre la logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques en France. Face aux enjeux d’une logistique durable et aux caractéristiques des systèmes inversés, nous cherchons à analyser dans quelle mesure les acteurs peuvent dépasser un comportement réactif et d’adaptation à l’organisation des activités pour adopter des attitudes stratégiques ? Cette recherche se fonde sur une revue de littérature afin d’illustrer la pertinence des approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management pour étudier les stratégies logistiques durables. Le contexte réglementaire lié à la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques contextualise la revue de littérature. Structuré en trois parties, l’article traite dans un premier point du concept de logistique inversée envisagée comme une logistique durable, des caractéristiques générales des systèmes de logistique inversée et des approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management. Il expose ensuite la méthodologie de recherche qui s’appuie sur le cadre théorique et sur le contexte de la logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Il synthétise enfin les résultats de la recherche en analysant les stratégies de logistique inversée. La logistique inversée Ce premier point s’intéresse à la logistique inversée et à ses caractéristiques systémiques. Il illustre également l’intérêt de l’approche théorique des parties prenantes et du supply chain management. La logistique inversée : une logistique durable Définition et origines Rogers et Tibben-Lembke (1999, p. 15) définissent la logistique inversée comme « le processus de planification, de mise en œuvre et de contrôle, de manière rationnelle et avantageuse, des flux de matières premières, de produits semi-finis et d’informations y afférentes, du point de consommation jusqu’au point d’origine, dans le but de récupérer ou de créer de la valeur et d’améliorer l’élimination des déchets ». Inhérente à la logistique traditionnelle, la logistique inversée représente une 42 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:13 démarche transversale de gestion de flux physiques divers (produits, emballages, matières premières) et d’informations associées, dans une optique de prise en compte du cycle de vie total de ces flux. Plusieurs activités de collecte, de tri, d’entreposage, de transport, de traitement intermédiaire, de retraitement sont ainsi combinées pour gérer les flux. Elles nécessitent de nombreuses ressources et compétences telles que des capacités de collecte, des transports adaptés, des centres de tri et de regroupement, des centres de traitement et de valorisation. La logistique inversée peut aussi être considérée comme une logistique verte lorsqu’elle cherche notamment à mesurer et minimiser ses impacts environnementaux. Par exemple, elle est amenée à limiter la pollution liée à ses activités de transport ou de récupération et d’élimination des déchets tout au long des processus logistiques. Le cas du management des déchets nécessite alors la coordination de processus logistiques et de traitement ainsi qu’une logistique verte qui minimise ses impacts environnementaux. Dans ce cas, la logistique est considérée comme un outil au service d’une activité de protection de l’environnement. Découlant principalement de la mise en œuvre d’une politique de développement durable, la logistique inversée se développe parallèlement au renforcement des réglementations et aux pressions des parties prenantes. Cependant, elle résulte aussi d’un contexte concurrentiel, de motivations marketing, de questions économiques. Selon Tibben-Lembke (2002), la logistique inversée apparaît comme un avantage stratégique de plus en plus important pour beaucoup d’entreprises. Les acteurs concernés par la logistique inversée sont ainsi susceptibles d’adopter des comportements stratégiques dans un contexte de développement durable. Défini par le Rapport Brundtland comme : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », ce contexte suppose une dynamique spatio-temporelle et suggère une compréhension des limites de l’environnement et de ses êtres vivants. Pasquero (2008, p. 27) met en évidence la complexité inhérente à cette problématique du développement durable. Il précise qu’elle se distingue par une forme d’incertitude socio-technique, « où éléments scientifiques, éthiques, économiques et politiques sont fortement enchevêtrés et recoupent divers niveaux d’intervention ». Vol. 19 – N°1, 2011 42 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management Les dimensions environnementale, économique et sociale de la logistique inversée Figure 1 - La logistique inversée : vers une logistique durable. De façon générale, le développement durable implique une prise en compte de trois critères de rentabilité économique, de cohérence sociale et de respect de l’écosystème. Envisagée comme une logistique durable, la logistique inversée intègre également ce triptyque dimensionnel. • La logistique inversée a incontestablement des avantages environnementaux avec une amélioration de la gestion des produits en fin de vie (Flygansvaer et Jahre, 2002), de la récupération des ressources naturelles et de l’élimination des déchets respectant la coordination des étapes de collecte sélective, tri, traitement. Les acteurs concernés par la mise en œuvre de l’ensemble de ses activités orientent et contrôlent ainsi leurs impacts en matière d’environnement. • L’avantage stratégique est également éco- nomique et se traduit par une réduction des coûts. Le développement d’activités environnementales diminue les coûts grâce à la récupération de l’énergie, la diminution des ressources utilisées et la réutilisation et le recyclage des matériaux utilisés (Wu et Dunn, 1995). Une bonne démarche de logistique inversée ne réduit pas seulement les coûts mais augmente aussi les revenus. Une amélioration de l’organisation et de la flexibilité de l’entreprise, une hausse de l’efficience et de l’efficacité du processus de retour (Rogers et Tibben-Lembke, 2001) et la création de nouveaux marchés, intéressés par des produits valorisés, sont ainsi sources de gains financiers (Philipp, 1999). • La logistique inversée a aussi des avantages sociaux dans la mesure où elle permet de créer différents emplois dans les métiers de la collecte, du tri, du recyclage, etc. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (tels que Emmaüs ou Envie) sont intégrés comme des acteurs indispensables tout au long du processus. Des entreprises d’insertion sociale sont créées et permettent d’embaucher des personnes au chômage ou en période de réinsertion. Les caractéristiques des systèmes de logistique inversée Un système complexe La mise en œuvre d’activités de logistique inversée sous-entend une notion de complexité (Beaulieu, 2000) car elle nécessite un système composé de variétés élevées d’éléments et d’interconnexions entre ces éléments. Parmi les différents chercheurs qui appréhendent la logistique inversée dans une perspective systémique, Dowlatshahi (2000) considère que le système de logistique inversée est une chaîne logistique reconfigurée pour gérer les flux de produits ou pièces destinés à la récupération, au recyclage, à l’élimination et à l’utilisation des ressources efficacement. A partir de la représentation schématique de Kokkinaki et al. (2001 : 4), nous proposons un schéma du système de logistique inversée (cf. figure 2) où la base organisationnelle du système est une chaîne logistique traditionnelle à partir de laquelle diverses activités de logistique inversée sont afférentes à la circulation des flux. Comme dans tout processus de production, la qualité et la coordination des activités sont Figure 2 - Représentation du système de logistique inversée. La figure 1 représente la convergence des dimensions de la logistique inversée vers celles d’une logistique durable, dans le sens où elle combine des impacts économiques, environnementaux et sociaux. Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 43 43 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management essentielles. L’efficacité et l’efficience des activités de collecte et de récupération déterminent la qualité de l’approvisionnement, l’état des flux entrants, la bonne réalisation des activités de tri et de sélection puis des activités de traitement et de valorisation ou de stockage en décharge. “Le processus de production est spécifique à la logistique inversée : réutilisation, recyclage et refabrication et varie selon les flux”. Suivant leurs caractéristiques, ces flux, ainsi modifiés, réapprovisionnent la chaîne logistique traditionnelle ou sont directement distribués aux clients. Ainsi, la figure 2 montre que la complexité d’un système de logistique inversée ne concerne pas ses activités car ce dernier s’appuie sur des activités de logistique d’approvisionnement, de production spécifique et de distribution. Cependant ce système est particulier car l’approvisionnement des flux diffère. La collecte se réalise à partir de l’acheteur, c’est-à-dire le consommateur final, qui, traditionnellement, se situe en fin de chaîne logistique après l’activité de distribution (Ginter et Starling, 1978). De plus, comme le montre la figure, l’acheteur peut également se réapprovisionner en produits ou matières recyclés. Un système incertain La complexité du système provient de ses nombreuses incertitudes car il n’est pas linéaire et il varie selon les flux considérés (Philipp, 2007). Elle dépend des lieux et dates des retours ainsi que des spécificités de ces flux en termes de volume, de qualité, de mixité ou de composition. Un processus de sélection rigoureux et rapide des activités (de valorisation) et des ressources (moyens de collecte, d’entreposage et de transport, centres de tri et de traitement) adaptées à la gestion des différents flux est ainsi nécessaire. Cette imprévisibilité rend l’automatisation du système difficile. Les acteurs risquent alors de subir cette gestion en précipitant l’organisation des activités et en combinant les ressources les plus facilement accessibles. De plus, les acteurs n’ont pas réellement de place prédéfinie dans le système de logistique inversée car ils peuvent jouer de multiples rôles (selon les ressources qu’ils mobilisent) et ils ne sont pas toujours associés aux mêmes activités. Les collectivités ont, par exemple, la possibilité de réaliser plusieurs activités de collecte, de tri et même de traitement des déchets. De façon générale, les activités mises en place ou les ressources déployées par les acteurs sont inhérentes aux attentes et intérêts de chacun. Les centres de tri vont, par exemple, chercher à disposer d’un certain volume, les transpor- 44 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 teurs vont également tenter d’optimiser les tournées tandis que les détenteurs vont vouloir se défaire de leurs déchets le plus rapidement possible. Diverses relations se développent entre les acteurs de la chaîne logistique comme celles entre les logisticiens et les déchetteries ou celles entre les collectivités et les centres de traitement. D’autre part, l’acheteur qui cherche à se réapprovisionner via le marché secondaire, peut avoir des difficultés à sélectionner un revendeur et à effectuer ses transactions. Cela dépend des informations dont il dispose, de la localisation, de la qualité et de la disponibilité des stocks de matières ou produits recyclés, mais également de la stabilité des prix par rapport aux prix pratiqués dans la chaîne logistique classique. Le choix d’un cadre théorique pour l’étude de stratégies de logistique inversée L’approche théorique des parties prenantes Comme le montrent les enjeux de la logistique durable et les caractéristiques des systèmes de logistique inversée, des recherches sur les problématiques de logistique inversée supposent de s’intéresser à la complexité et aux incertitudes relatives au système. Pour analyser les stratégies de logistique inversée, il apparaît alors pertinent de centrer notre approche sur les acteurs du système qui coordonnent les activités de logistique inversée et mobilisent diverses ressources, selon leurs attentes et intérêts. Considérant la diversification des intérêts et des attentes de nombreux acteurs et la multiplication des interfaces transactionnelles et relationnelles entre les acteurs, nous avançons que la théorie des parties prenantes peut être mobilisée pour décrire et analyser les stratégies de logistique inversée. Le concept de partie prenante (stakeholders) trouve ses fondements dans l’ouvrage de Freeman en 1984. Une partie prenante est définie comme « un individu ou groupe d’individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels ». Martinet et Reynaud (2004) distinguent les parties prenantes selon deux sphères. L’une, transactionnelle, où les acteurs ont un lien contractuel avec l’entreprise. Et l’autre, interactionnelle, où les acteurs ont un lien plus indirect mais qui peut se révéler important en fonction du contexte. De nombreux auteurs, tels que Donaldson et Preston (1995), Ummenhofer (1998), Mercier (2001), Sharma (2001), Martinet et Reynaud (2004), Persais (2004) et Pasquero (2008) se rejoignent sur l’idée que la théorie Vol. 19 – N°1, 2011 44 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management des parties prenantes est un cadre théorique approprié et pertinent pour intégrer des facteurs autres qu’économiques tels que le développement durable, l’éthique organisationnelle, l’engagement sociétal, le management environnemental, les systèmes d’information dans les problématiques de sciences de gestion. Ummenhofer (1998, p. 43) considère que « la théorie prend en compte tous les groupes (au sens large) et individus qui peuvent influencer ou être concernés par les objectifs de l’entreprise ou leur réalisation ». Cette théorie permet alors de considérer d’autres acteurs (que les clients ou les actionnaires) qui sont aussi dans une relation d’échange et qui ont des attentes envers l’organisation. Selon Martinet et Reynaud (2004), l’organisation représente une constellation d’intérêts convergents et/ou contradictoires. L’entreprise est un nœud de relations qui doit concilier des intérêts multiples. La mise en œuvre d’une stratégie de développement durable requiert ainsi de prendre en considération les intérêts et attentes de l’ensemble des parties prenantes. L’approche théorique du supply chain management Appréhendant l’extension de la chaîne logistique jusqu’au traitement final des produits en fin de vie et la coordination d’activités de logistique et de traitement, nous avançons également que l’approche du supply chain management peut permettre de comprendre le processus d’émergence de stratégies de logistique inversée. Comme le rappellent Ageron et Spalanzani (2010), « la prise en compte de la dimension durable dans la littérature sur le supply chain management est significative et variée ». Carter et Rogers (2008) proposent d’ailleurs un cadre théorique pour le management de la supply chain durable. Le système de logistique inversée est défini, par extension du concept de supply chain par les théoriciens de la supply chain, Harland (1996), Mentzer et al. (2001), Christopher (2005), et des organisations – tels que Jarillo (1988), Gulati et al. (2000) – comme une forme organisationnelle en réseau stratégique. Le réseau apparaît comme stratégique dans le sens où il existe et se construit de façon active, en développant des compétences, par rapport à son objectif. Cependant, la construction de ce réseau dépend également du contexte, des événements et des contraintes externes. La chaîne est alors un réseau qui s’étend aux différentes fonctions de l’entreprise et aux multiples acteurs avec lesquels l’entreprise est en relation. A son degré le plus complexe de rela- tions dans la chaîne, la supply chain « englobe tous les acteurs impliqués dans l’ensemble des flux amont et aval des produits, services, finances et/ou informations, du dernier fournisseur au dernier client » (Mentzer et al., 2001, p. 4). Le système de logistique inversée peut également être associé au concept de « closed loop supply chain » développé par les théoriciens de la logistique inversée – Dowlatshahi (2000), Krikke et al. (2001), Kokkinaki et al. (2001) – comme une forme organisationnelle étendue aux acteurs regroupés par un intérêt commun de politique de développement durable. Dans ce contexte de développement durable, les acteurs sont ainsi concernés par la gestion des flux tout au long du cycle de vie des produits. Lorsque les acteurs anticipent le management des flux inversés de la supply chain, la démarche de supply chain management, est la plus appropriée. Le Council of Supply Chain Management Professionals (CSCMP), Mentzer et al. (2001), Stank et al. (2005), considèrent le management de la supply chain comme une démarche de gestion globale plus large que la démarche logistique tout en l’incluant au même titre que d’autres activités. Choix méthodologiques Ce deuxième point expose les choix méthodologiques retenus dans cette recherche pour construire une grille d’analyse des stratégies de logistique inversée. Il présente les particularités du contexte français des déchets d’équipements électriques et électroniques et les spécificités des approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management. Le contexte des déchets d’équipements électriques et électroniques Une méthodologie qualitative La recherche s’appuie sur l’analyse de la mise en œuvre du système de logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques en France. La contextualisation permet d’illustrer la revue de littérature. Dans cette optique, nous avons adopté une démarche qualitative en combinant plusieurs techniques de recueil de données (textes législatifs, presse professionnelle, documents d’actualité, rapports d’entreprises) et en donnant priorité à la technique de l’entretien. Une quarantaine d’entretiens avec des experts du contexte ont permis d’accéder aux perceptions et interprétations des acteurs impliqués dans le système de logistique inversée fran- Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 45 45 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management çais : prestataire de services logistiques, industries de la gestion des déchets, metteurs sur le marché des produits électriques et électroniques et tiers intervenants. L’annexe 1 synthétise les entretiens avec les différents experts. Ce secteur est particulièrement intéressant à étudier car le rythme des innovations technologiques et la croissance du marché provoquent l’accélération du remplacement des produits électriques et électroniques et, par conséquent, l’augmentation de la quantité de ces déchets. De plus, les produits en fin de vie sont très différents en termes de design, de poids, de performance, de composants, etc. ; ils nécessitent de multiples niveaux de valorisation, une coordination d’activités complémentaires et de compétences non similaires et donc l’implication de nombreux acteurs. Ce contexte est ainsi représentatif des caractéristiques de complexité et d’incertitude des systèmes de logistique inversée. D’autre part, le système dans lequel les acteurs interagissent s’inscrit dans un contexte réglementaire particulier. Deux directives spécifiques aux déchets d’équipements électriques et électroniques soulignent la nécessité pour les entreprises de gérer et recycler leurs déchets. La directive 2002/96/CE du 27 janvier 2003 responsabilise les producteurs en aval pour le recyclage et la valorisation de leurs produits. La directive 2002/95/CE réglemente en amont les fabricants pour que les composants dangereux de leurs produits soient remplacés par des composants non nocifs. Ces directives posent le principe de la responsabilité individuelle des metteurs sur le marché jusqu’à ce qu’ils assurent l’élimination des déchets. Les parties prenantes du système de logistique inversée En utilisant la théorie des parties prenantes, cinq groupes d’acteurs ont été préalablement distingués selon leurs responsabilités et implications principales dans les processus de logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. • Les metteurs sur le marché des produits électriques et électroniques concernent les producteurs, les importateurs, les revendeurs, les distributeurs. • Ensuite, les tiers intervenants symbolisent les acteurs politiques, le gouvernement, les ministères mais aussi les associations, les fédérations, les groupes de pression, etc. Ce sont des parties prenantes interactionnelles importantes dans ce contexte. • Les récupérateurs sont représentés par les points de collecte, les transporteurs et les 46 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 centres de regroupement et de tri tels que les municipalités, les entreprises de réinsertion sociale, les associations, les prestataires de services, etc. • Les opérateurs sont les centres de traitement et de valorisation. De la même façon que pour les récupérateurs, il s’agit d’organisations publiques et privées, c’est la raison pour laquelle nous regroupons les récupérateurs et les opérateurs dans le même groupe. • Il s’agit enfin de noter que les détenteurs de déchets tels que les consommateurs de produits, c’est-à-dire les ménages et les organisations privées et publiques, correspondent également à un groupe d’acteurs. En tant que producteurs de déchets, les consommateurs représentent le premier groupe d’acteurs important dans le système car ils conditionnent la qualité de l’approvisionnement. Il convient ainsi de les tenir continuellement informés des conditions de collecte et de recyclage. Cependant, nous avons choisi de ne pas détailler d’avantage ce groupe d’acteurs car notre méthodologie nous permet de proposer une analyse plus pertinente des stratégies organisationnelles à un niveau managérial que des multiples stratégies individuelles. Les parties prenantes de ce système sont ainsi représentées au travers de trois groupes d’acteurs : les tiers intervenants, les metteurs sur le marché, les récupérateurs et opérateurs. Cette classification a l’avantage d’éviter l’attribution d’une activité à un seul acteur. Notre premier critère d’analyse des stratégies de logistique inversée concerne ainsi les activités et/ou responsabilités de ces groupes d’acteurs. Les approches théoriques des parties prenantes et du supply chain management Une perspective anticipative En considérant la définition du supply chain management du CSCMP, la logistique inversée est incluse dans la démarche globale de supply chain management. Cette approche théorique permet de s’intéresser aux dimensions stratégiques de la logistique inversée. Le management de la supply chain est, en effet, défini comme une démarche transversale qui intègre l’ensemble des dimensions stratégiques, tactiques et opérationnelles. Ganeshan et al. (1999) divisent les thèmes des recherches selon trois catégories : stratégie de compétitivité, tactique centrée sur l’entreprise et efficacité opérationnelle. Au niveau straté- Vol. 19 – N°1, 2011 46 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management gique les recherches s’intéressent aux objectifs et politiques de la supply chain et à la façon dont celle-ci assure les besoins de l’entreprise et améliore sa compétitivité. Srivastava (2007) considère que le développement durable, qui se propage mondialement, s’intègre de plus en plus dans la stratégie des entreprises. Au niveau tactique, elles concernent la façon de mettre en place les décisions stratégiques et d’atteindre les objectifs. Au niveau opérationnel, les recherches traitent des opérations, des contrôles et des mesures de la performance de l’entreprise dans la supply chain. Les travaux de recherche de Carter et Ellram (1998) et de Dowlatshahi (2000) distinguent les facteurs stratégiques et opérationnels guidant la conception d’un système de logistique inversée. Selon Martinet (1993), le management dynamique, que symbolise l’action stratégique, permet d’envisager des solutions par anticipation des problèmes et contraintes, sans toutefois prédire un comportement à suivre. Le développement de comportements stratégiques en logistique inversée suppose donc l’anticipation des contraintes, des pièges et des caractéristiques relatives aux retours ainsi qu’aux parties prenantes. Nous proposons ainsi de retenir un deuxième critère d’analyse des stratégies de logistique inversée intitulé : « contraintes ». Un réseau de parties prenantes en interactions Donaldson et Preston (1995) présentent trois perspectives d’approche de la théorie des parties prenantes en management stratégique : normative, instrumentale et descriptive. La perspective normative permet aux organisations de comprendre pourquoi elles ont besoin d’intégrer les intérêts et les droits des parties prenantes. Dans la mise en œuvre de processus de logistique inversée, il s’agira notamment de tenir compte des attentes des acteurs politiques, des fédérations des industries, des collectivités. Dans une perspective plus instrumentale, cette théorie permet d’expliquer aux dirigeants quelles sont les parties prenantes avec lesquelles l’entreprise doit développer des relations pour satisfaire leurs objectifs. Les dirigeants peuvent alors identifier les relations propices pour gérer au mieux les activités de logistique inversée. Ils envisageront des relations partenariales avec les communautés urbaines afin, par exemple, de réduire les coûts de collecte. La perspective descriptive permet de décrire et parfois d’expliquer les caractéristiques et les comportements spécifiques de l’organisation. Elle décrit les nuances des multiples interactions de l’entreprise avec son environnement. Cette dimension descriptive peut être utilisée pour présenter et expliquer les relations entre les acteurs dans la mise en œuvre des processus de logistique inversée. Selon Martinet et Reynaud (2004), la théorie des parties prenantes vient rappeler au management que « l’entreprise est « en société » et son environnement est constitué de tous les acteurs en transactions économiques ou en interaction socio-politique avec elle ». Par leurs interactions dans un système en contexte de développement durable, les acteurs sont considérés comme des parties prenantes qui doivent respecter leurs engagements. A partir des recherches de Harland (1996), Lambert et Cooper (2000) et Christopher (2005), l’approche théorique du supply chain management peut être appréhendé à un niveau holiste en considérant le management d’un réseau d’organisations interconnectées. Les auteurs intéressés par le champ du supply chain management, inscrivent leurs recherches en fonction de quatre niveaux distingués par Harland (1996). Le premier niveau, qui correspond aux recherches de Oliver et Webber (1982), situe le management au niveau de la chaîne interne. Deuxièmement, le management est au niveau de la relation dyadique entre deux parties avec des fournisseurs immédiats. Le troisième niveau est celui d’une chaîne externe où les activités incluent le fournisseur, les fournisseurs du fournisseur, le client, les clients du client et ainsi de suite. Quatrièmement, le management est au niveau du réseau où les organisations interagissent les unes avec les autres. Les recherches, comme celles de Fabbe-Costes (2007) et Christopher (2005), qui se positionnent au deuxième niveau relationnel et à celui du réseau sont particulièrement intéressantes pour prendre en compte de façon globale, le management de la supply chain et améliorer la gestion des interfaces. Fabbe-Costes (2007, p. 28) présente ainsi plusieurs niveaux d’intégration à atteindre dont celui d’intégration sociétale, qui prend en compte la perspective de développement durable, les risques associés à l’environnement et qui s’intéresse aux interactions avec des parties prenantes concernées par le fonctionnement des chaînes logistiques. En tenant compte de la dimension globale du management de la supply chain, nous nous intéressons ainsi aux interfaces et au niveau relationnel du système de logistique inversée. Nous qualifions ce troisième critère d’analyse des stratégies de logistique inversée : « relations spécifiques ». Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 47 47 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management Comportements stratégiques et développement de compétences Dans cette même perspective du management d’un réseau d’organisations interconnectées, l’approche industrielle des réseaux, Industrial and Marketing Purchasing (IMP) développée par Håkansson et Snehota (1995), permet d’étudier une forme organisationnelle selon différents niveaux d’analyse : les acteurs, les activités et les ressources. Les ressources sont mobilisées et contrôlées par des acteurs à travers leurs relations. Les acteurs sont définis par les activités qu’ils réalisent mais aussi par les ressources qu’ils contrôlent ; ils sont connectés aux autres acteurs par les ressources et activités. En décrivant les acteurs, la théorie des parties prenantes permet aussi de comprendre leurs requêtes et leurs attentes mais aussi leurs modes de pression et leurs comportements. Pasquero (2008, p. 35) précise que « l’analyse en termes de parties prenantes peut s’avérer très féconde pour comprendre comment les acteurs transforment le concept encore nébuleux du développement durable en pratiques et stratégies ». Dans le champ du management environnemental, les comportements stratégiques des acteurs varient d’attitudes passives à des comportements stratégiques plus ou moins basiques, en fonction de divers critères : la sensibilisation environnementale, l’accès aux informations, les ressources mobilisables, etc. (Carroll, 1979 ; Ummenhofer, 1998 ; Buysse et Verbeke, 2003 ; Martinet et Reynaud, 2004 ; Grandval et Soparnot, 2005 ; Philipp, 2007 ; Gherra 2010). En cohérence avec sa politique, l’entreprise mobilise et combine ses ressources et compétences afin, d’une part, d’analyser les variations environnementales pour minimiser ses impacts environnementaux et, d’autre part, de tenir compte des intérêts des parties prenantes pour satisfaire leurs attentes. Les comportements stratégiques des acteurs dans un système de logistique inversée résultent de la façon dont est intégré le développe- Tableau 1 - Grille d’analyse des stratégies de logistique inversée Groupes d’acteurs Critères d’analyse Tiers intervenants Metteurs sur le marché Récupérateurs et opérateurs Activités / Responsabilités Grille d’analyse des stratégies de logistique inversée Le tableau 1 propose la grille d’analyse des stratégies de logistique inversée pour les trois groupes d’acteurs retenus. Résultats de la recherche Ce dernier point expose les résultats en précisant tout d’abord les activités et responsabilités des acteurs du système de logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Sont ensuite présentées les contraintes de ces acteurs, leurs relations Contraintes Relations spécifiques Compétences / ressources stratégiques 48 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 ment durable dans leurs pratiques. Ils dépendent de leurs conceptions quant aux exigences et opportunités de la logistique inversée. Trois stratégies de base sont distinguées : une attitude défensive ou réactive, une attitude offensive ou adaptative, une attitude anticipative ou proactive. L’attitude défensive privilégie les bénéfices immédiats et considère les investissements environnementaux comme des coûts. Ce comportement attentiste est aussi relié à l’absence de données suffisantes sur les contraintes réglementaires et le contexte. L’attitude adaptative consiste à étudier les législations et les contraintes environnementales pour se préparer à l’évolution future des demandes. Les exigences réglementaires et l’écologie sont considérées comme des éléments clés de la pérennité de l’entreprise. Enfin, l’attitude proactive concerne les entreprises pour qui le développement durable est considéré comme une finalité d’action et non plus comme un critère décisionnel. Les parties prenantes qui adoptent ce comportement anticipatif ont généralement des ressources financières importantes et en tire un avantage stratégique (contrôle des coûts, hausse de leurs légitimités, différenciation sur le marché). Dans la perspective du management d’un réseau d’organisations interconnectées, en faisant référence à l’approche industrielle des réseaux et à la théorie des parties prenantes, nous analysons ainsi les ressources mobilisées et contrôlées par les acteurs du système de logistique inversée à travers leurs relations. Nous intitulons ce dernier critère d’analyse des stratégies de logistique inversée : « compétences et ressources stratégiques ». Nous discutons également, dans la partie suivante, des différentes attitudes stratégiques de logistique inversée en nous appuyant sur cette classification : adaptatif/offensif ou anticipatif/ proactif. Vol. 19 – N°1, 2011 48 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management spécifiques, leurs compétences et ressources stratégiques puis leurs attitudes stratégiques. Les activités et/ou les responsabilités des acteurs du système de logistique inversée Les parties prenantes de ce système sont représentées au travers des rôles de metteurs sur le marché, de tiers intervenants, de récupérateurs et d’opérateurs. • Les metteurs sur le marché représentent le groupe d’acteurs garant du bon déroulement du système et sont responsables « du berceau au tombeau ». Les producteurs sont surtout responsables en amont de la circulation des flux liés au cycle de vie des produits, lors de l’introduction de ces derniers sur le marché. Les distributeurs qui développent leurs propres marques sont également considérés comme des producteurs responsables. Selon le secteur considéré, les metteurs sur le marché qui distribuent et vendent des produits neufs aux consommateurs, ont l’obligation de reprise des produits en fin de vie. • Ensuite, les tiers intervenants ont un rôle important dans la codification, la construction des outils réglementaires et d’évaluation, etc. mais ils ne sont pas directement liés à la gestion des flux de déchets. • Les récupérateurs sont responsables des activités de collecte et de tri, contraintes par des lois, dont celle de juillet 1992, imposant la collecte sélective. • Les opérateurs gèrent les processus de traitement qui se décomposent en de multiples activités de tri, de démantèlement, de réparation, de recyclage et d’élimination, soumises également à des contraintes réglementaires. Les contraintes des acteurs du système de logistique inversée Les différents entretiens menés et les divers documents recueillis offrent une connaissance des contraintes relatives à l’organisation du système de logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Ces contraintes inhérentes au contexte réglementé concernent les incertitudes, les conflits d’intérêts et les divergences de perception. • Les metteurs sur le marché font ainsi face à la gestion des incertitudes relatives aux processus de retour des produits en fin de vie. Plus précisément, les contraintes s’expriment en termes de méconnaissance de la qualité des services de traitement et de transport effectués par les fournisseurs sé- lectionnés. Ils ont également des difficultés à anticiper la qualité de l’approvisionnement de ces flux retours en raison des incertitudes quant à l’état et aux conditions de ces retours. • Les tiers intervenants sont particulièrement contraints par la gestion de conflits d’intérêts entre eux-mêmes mais aussi avec les différents groupes d’acteurs du système. Ces conflits d’intérêts concernent fréquemment des désaccords quant aux coûts. Intrinsèquement liées aux responsabilités des parties prenantes, les ressources financières apparaissent comme sources principales d’oppositions entre les acteurs politiques et les metteurs sur le marché par exemple. Ces conflits pèsent ainsi sur la conclusion d’accords, l’élaboration des décrets, la répartition des flux financiers, etc. • Les récupérateurs font face à la gestion des inconnues techniques et relationnelles relatives aux processus de retours. Leur expérience n’est pas toujours suffisante pour prévoir la qualité de la collecte et du tri des produits en fin de vie. De même la coordination des activités à effectuer dépend fortement du produit et de son état. Ils ne maîtrisent pas l’anticipation des volumes de produits, considérés comme désuets par les détenteurs et entrants dans le système inversé. Les opérateurs sont également contraints par la qualité des retours des produits en fin de vie, et leurs conditions en termes de lieu et de temps. Les relations spécifiques entre les acteurs du système de logistique inversée La recherche met en évidence les interactions entre les parties prenantes du système de logistique inversée selon qu’elles concernent les sphères interactionnelles ou transactionnelles. • Les metteurs sur le marché développent des relations contractuelles de long terme avec des prestataires de service de traitement et de logistique. Ils créent et renforcent des partenariats avec les parties prenantes disposant de compétences spécifiques. • L’ensemble des acteurs est amené à déve- lopper des relations politiques avec les tiers intervenants afin d’améliorer les conditions de la gestion des processus des flux retours et notamment leur accès aux déchets. Ces relations s’inscrivent d’abord dans la sphère interactionnelle pour ensuite aboutir à des relations contractuelles entre les ac- Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 49 49 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management teurs afin de sceller les accords en termes de collecte, de choix de financement, etc. • Les opérateurs et les récupérateurs entretiennent des relations étroites de regroupement afin de mutualiser leurs techniques et de fournir des solutions globales. Ils développent des relations partenariales et transactionnelles entre eux afin de combiner leurs compétences. Ils mettent également en place des relations contractuelles de long terme avec les fournisseurs qui maîtrisent les savoir-faire pointus dont ils ne disposent pas. Ils accordent une grande importance à leurs relations politiques avec les points de collecte. soutiens à l’ensemble des acteurs impliqués. De plus, le statut institutionnel conféré à ces acteurs politiques incite l’ensemble des parties prenantes à exiger, de leur part, des initiatives, des décisions et des arbitrages. • Parmi les récupérateurs et les opérateurs, on distingue, d’une part, les prestataires privés et publics, qui sont des experts en traitement et recyclage des déchets. Ils détiennent des ressources financières suffisantes et investissent dans des activités de recherche et de développement afin de développer leurs savoir-faire de collecte et de traitement des déchets. Ils sont peu nombreux et semblent capables de gérer différents systèmes de logistique inversée car ils peuvent s‘appuyer sur leurs réseaux, leurs compétences relationnelles et sur leurs expériences de traitement de différents types de déchets (ménagers, industriels, etc.). D’autre part, on distingue les prestataires logistiques, qui sont experts en management logistique, mais qui n’ont pas de savoir-faire reconnus en termes de collecte et de traitement de déchets. Or, certains d’entre eux développent leurs capacités d’innovation, en combinant des compétences organisationnelles et de planification, des compétences relationnelles ainsi que leurs moyens logistiques afin de proposer un service global de conformité réglementaire aux metteurs sur le marché, comme l’a fait par exemple Géodis, pour son client European Recycling Platform (éco-orga- Les compétences et ressources stratégiques des acteurs du système de logistique inversée À travers leurs relations, les acteurs mobilisent et contrôlent certaines ressources et compétences stratégiques. • Les metteurs sur le marché sont responsables de la valorisation de leurs produits et doivent disposer de ressources financières. Ils se rassemblent souvent dans des structures ou des fédérations. Ils ont les capacités de gérer les flux physiques et informationnels du système de logistique inversée mais recherchent à défendre leurs intérêts et à contrôler les organisations suivant une logique plus politique qu’économique. • Les tiers intervenants mobilisent des compétences cognitives fortes et des compétences relationnelles en apportant leurs Tableau 2 – Analyse des stratégies de logistique inversée des parties prenantes Groupes d’acteurs Tiers intervenants Metteurs sur le marché Récupérateurs et opérateurs Activités / Responsabilités Concevoir, construire et contrôler les outils réglementaires Financer le système (responsable du “berceau au tombeau”) Collecter, trier, traiter et recycler les déchets en respectant les réglementations Contraintes Conflits d’intérêts Qualité des services et de l’approvisionnement Qualité et coordination de la collecte et du tri Conditions des retours (lieu, temps, qualité) Relations spécifiques Relations avec toutes les parties prenantes Relations contractuelles de long terme avec les prestataires de services de traitement et de logistique Partenariats entre les récupérateurs et les opérateurs Relations contractuelles de long terme avec les fournisseurs Relations politiques avec les points de collecte Capacités de contrôle et de protection des intérêts Prestataires de traitement des déchets : Compétences relationnelles Compétences spécifiques (collecte et traitement) Capacités d’investissement Critères d’analyse Compétences / ressources stratégiques Compétences cognitives et relationnelles Ressources financières 50 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 Prestataires de services logistiques : Compétences organisationnelle et de planification Capacités d’innovation Vol. 19 – N°1, 2011 50 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management nisme fondé par les metteurs sur le marché Braun, Electrolux, Hewlett-Packard et Sony). Le tableau 2 propose une analyse des stratégies de logistique inversée selon les parties prenantes du contexte des déchets d’équipements électriques et électroniques et les quatre critères d’analyse retenus. Les attitudes stratégiques des acteurs du système de logistique inversée Le regroupement des acteurs en fonction de leurs implications dans le système de logistique inversée amène à une meilleure perception des attentes et intérêts de certains groupes d’acteurs et à discuter de leurs comportements stratégiques : adaptatif/offensif ou anticipatif/ proactif. • Les tiers intervenants ont un comportement anticipatif en raison de leurs compétences cognitives et de leur légitimité pour concevoir des réglementations. Les comportements de ces acteurs peuvent également être considérés comme adaptatifs dans le sens où ils ne cherchent pas à influencer l’organisation du système. • Les metteurs sur le marché ont des comportements différents selon leurs intérêts et les positionnements qu’ils adoptent. Certains cherchent à maîtriser le pilotage des flux et mobilisent des compétences financières dans la gestion de structures (comme dans des éco-organismes). D’autres visent à valoriser au moindre coût et préfèrent contractualiser avec un prestataire détenant des compétences organisationnelles. Enfin, une majorité de metteurs sur le marché adoptent un comportement adaptatif en adhérant simplement aux structures créées. • Différents comportements sont observés parmi les acteurs de l’industrie du management des déchets d’équipements électriques et électroniques qui se répartissent les activités de collecte, tri, démantèlement, traitement. Les municipalités gèrent la collecte sélective et les distributeurs sont responsables de la récupération des déchets électriques des ménages, selon le principe du « un pour un ». Forts de leurs expériences relationnelles et de leurs compétences spécifiques de collecte, de tri, etc., les récupérateurs et les opérateurs ont un comportement adaptatif car ils cherchent à capitaliser leurs savoir-faire tout en respectant les nouvelles contraintes de valorisation. Les prestataires de traitement des déchets ont un comportement offensif car ils essayent de verrouiller le marché en in- Tableau 3 - Les attitudes stratégiques des acteurs du système de logistique inversée. Groupes d’acteurs Attitudes stratégiques Adaptatif / Offensif Anticipatif/ Proactif Metteurs sur le marché Récupérateurs et opérateurs Ne cherchent pas à gérer directement le système S’adaptent aux structures déjà existantes Capitalisent le savoir-faire, pour fournir des solutions globales Cherchent à verrouiller le marché (prestataires de traitement des déchets) Décident de sous-traiter le management Conçoivent les Créent des réglementations entreprises de management des déchets Introduisent de la concurrence dans un contexte réglementé (prestataires de services logistiques) tégrant de grands groupes et en diversifiant la gestion de nombreux types de déchets. Les prestataires de services logistiques saisissent l’opportunité des pressions réglementaires pour s’appuyer sur leurs expériences logistiques et leurs capacités d’innovation. Ces derniers adoptent ainsi un comportement proactif et introduisent de la concurrence dans un contexte réglementé selon des logiques de réduction des coûts, de massification des flux et d’amélioration de la qualité de service. Le tableau 3 récapitule les attitudes stratégiques des acteurs du système de logistique inversée des déchets d’équipements électriques et électroniques. Discussion et conclusion L’article propose deux niveaux de résultats. Il met en évidence l’intérêt des théories des parties prenantes et du supply chain management dans l’analyse d’un système de logistique inversée. La théorie des parties prenantes facilite ainsi l’analyse des comportements stratégiques des parties prenantes, l’identification de leurs intérêts et attentes. L’approche du supply chain management permet de considérer le management d’une supply chain en contexte de développement durable selon une perspective stratégique. L’article présente ensuite les stratégies de logistique inversée des parties prenantes selon plusieurs critères d’analyse : les activités/responsabilités, les contraintes, les relations spécifiques, les compétences/ressources stratégiques. L’analyse des données contribue également à expliquer Vol. 19 – N°1, 2011 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 Tiers intervenants 51 51 Profil couleur : DØsactivØ Composite 150 lpp 45 degrØs Logistique & Management les attitudes stratégiques de trois groupes d’acteurs et à souligner la dimension stratégique de la logistique inversée. Les tiers intervenants, reconnus comme légitimes dans la conception d’outils règlementaires, disposent de compétences cognitives et relationnelles. Ils accompagnent les diverses parties prenantes dans la mise en place des processus de logistique inversée et sont ainsi au cœur des conflits d’intérêts. Les metteurs sur le marché mobilisent des ressources financières pour garantir le bon fonctionnement du système, ils doivent aussi être capables de contrôler les relations contractuelles avec les prestataires de service afin de faire face aux incertitudes. Certains metteurs sur le marché anticipent les contraintes du système et décident de sous-traiter le management. Les récupérateurs et opérateurs peuvent plus facilement adopter des comportements stratégiques. Ils détiennent de nombreuses compétences relationnelles, spécifiques ou organisationnelles leurs permettant d’assurer les activités de collecte, tri, traitement, transport, etc. ou d’assembler les ressources-acteurs adéquats. La complexité relative au système de logistique inversée et l’augmentation des incertitudes parmi les différentes parties prenantes ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de l’évolution des comportements. Des entreprises de management des déchets (tels que les éco-organismes Ecosystème, Recylum, etc.) ont, en effet, été créées suite au rapprochement d’intérêts entre les fédérations des industriels, du commerce et les metteurs sur le marché. Leurs développements dépendent davantage des convergences d’intérêts quant à la répartition des coûts, des ressources financières et des responsabilités que de la maîtrise des incertitudes reliées à la gestion des flux. Pour un management global efficace et efficient du système, la coopération étroite entre les acteurs impliqués, la coordination de leurs activités et le partage d’informations sont ainsi des conditions essentielles (Ganeshan et al., 1999 ; Mentzer et al., 2001 ; Fabbe-Costes, 2007). Les données reliées au contexte français de la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques montrent l’importance des compétences relationnelles, comme les capacités d’entrer en relation, d’interagir ou de coopérer. Certains groupes d’acteurs tels que les tiers intervenants et les prestataires de traitement de déchets ont ainsi tout intérêt à maintenir leurs compétences relationnelles, politiques et de lobbying tandis que les metteurs sur le marché et les prestataires de services logistiques devraient les 52 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:14 étendre. D’autre part, les entretiens montrent qu’il y a une volonté évidente d’échanger des informations parmi les parties prenantes mais qu’il n’y a pas réellement de consensus. Or, les incertitudes sont encore nombreuses et les données disponibles ne sont pas suffisantes pour mettre en place un système d’information efficace. C’est pourquoi, les différents groupes d’acteurs du système devraient d’avantage mobiliser de compétences d’analyse, de planification et de veille du contexte réglementaire. La mise en commun des diverses interprétations des parties prenantes, au sujet des contraintes notamment, pourrait constituer une base de données utile pour l’évolution future du système. Références bibliographiques Ageron, B., Spalanzani, A. (2010), Perceptions et réalités du développement durable dans les entreprises françaises. Le point de vue de l’acheteur, Revue Française de Gestion, Vol. 6, N°205, pp. 157-171. Beaulieu, M. (2000), Définir et maîtriser la complexité des réseaux de logistique à rebours, Actes des 3èmes Rencontres Internationales de la Recherche en Logistique, Trois-Rivières, 9-11 mai. Buysse, K., Verbeke, A. (2003), Proactive environmental strategies : a stakeholder management perspective. Strategic Management Journal, Vol. 24, N°5, pp.453-470. Carroll, A.B. (1979), A three-dimensional conceptual model of corporate social performance. Academy of Management Review, Vol. 4 N°4, pp.497-505. Carter, C.R., Ellram L.M. 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ANNEXES Annexe 1 – Synthèse des entretiens d’experts Acteurs Experts Nombre d’entretiens Ecologic 1 Ecosystème 1 Industries de management des déchets Ecoplanet 1 Filiale de Géodis : Valenda 7 SITA 2 Envie 1 Emmaüs 1 Recylum 1 Micro-Orange 2 IBM 1 Canon 1 Metteurs sur le marché des équipements électriques et électroniques HP 1 Electrolux 1 Braun-Gilette 1 Sony 2 Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication (FIEEC) 1 Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) 1 Tiers intervenants Centre National du Recyclage (CNR) 1 AMORCE 1 Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) 2 Membres de European Recycling Platform (Géodis) 10 Prestataire de services logistiques 54 Vol19_N1_2011.ps Vol 19N1 2011 jeudi 6 octobre 2011 08:59:15 Vol. 19 – N°1, 2011 54