Paris se souvient de Boulat Okoudjava et l`aime
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Paris se souvient de Boulat Okoudjava et l`aime
Rencontre Paris se souvient de Boulat Okoudjava et l’aime Il y a des noms dans la culture russe sans lesquels nous ne pouvons pas imaginer ce que nous sommes. L’un d’entre eux est celui de Boulat Okoudjava, dont nous célébrons cette année le 85e anniversaire. On se souvient de lui, on l’aime en Russie, et à Paris il a laissé une trace ineffaçable. C’est justement dans notre ville éternelle que le premier CD de ses chansons est sorti, en 1986, c’est ici qu’a été donné son dernier concert dans la salle de l’UNESCO en 1995, et c’est toujours ici, à Paris, qu’il a vécu ses derniers jours, et qu'il nous a quittés. On considère Okoudjava, non sans raison, comme fondateur de la chanson d’auteur : il nous a laissé plus de deux cents chansons et il a écrit près de 800 poésies. Tout le monde veut le chanter, et tout le monde le chante, mais c’est lui-même qui a le mieux interprété ses chansons, incontestablement. Avec sa voix et ses intonations, il savait transmettre ce qui se cache derrière les paroles et entre les lignes, ce que seule l’âme peut saisir, se trouvant sur la même longueur d’onde que le poète qui a pris la guitare : la tristesse, la solitude, la foi, l’amour et l’espoir… Aujourd’hui, un « autobus bleu » parcourt le boulevard circulaire de Moscou. Jour et nuit, y retentissent les chansons d’Okoudjava. À Peredelkino, où habitait le poète, se tiennent les concerts de la chanson d’auteur. À Paris, on se souvient aussi de Boulat Okoudjava et on l’aime. Le 27 avril, dans le Centre de Russie pour la science et la culture à Paris, les admirateurs d’Okoudjava se sont réunis. « Allons, exclamons-nous ! », c’est ainsi que s’appelait la grande soirée musicale organisée par l’association « Glagol » où ont intervenu les interprètes connus de la chanson d’auteur, venus de Russie : Natalia Tchernykh, lauréate des festivals internationaux, et Viktor Leonidov, poète, historien de l’émigration russe. Les Parisiens russes de « Glagol » ont récité les poésies d’Okoudjava et les leurs, consacrées au poète ou inspirées par ses lignes. Les spectateurs ont chanté eux aussi puisque, comme l’a dit V.Leonidov, les poètes réunissent les gens. « Ils sont branchés au champ énergétique de la Terre, est persuadé N.Tchernykh, et ils voient et sentent ce qui nous échappe. Seul notre cœur nous permet de percevoir ce qui leur a été donné aux moments de leurs révélations poétiques. » V. Sergueev, Président de l’Association Glagol. Photo N. Medvedeva. Le renom et la gloire sont venus à Okoudjava quand, franchissant les tentacules de la censure, ses enregistrements ont envahi le pays, et quand vint le tour de la perestroïka, la reconnaissance officielle est venue, elle aussi, des honneurs, des prix, des récompenses et toutes sortes de festivals se sont succédés. Mais quand une personne part, nous ne remarquons plus cet éclat, nous la voyons autrement : si elle était honnête (un citoyen, comme disait Pouchkine) et si elle était poète (bien qu’elle pût ne pas l’être, selon Pouchkine). N.Tchernykh nous l’avait rappelé sur scène ayant interprété la chanson d’Okoudjava qui contient, selon elle, le credo du poète. La chanson se termine par les paroles « La réputation, le talent et l’amour ne s’achètent pas… » Irina KRIVOVA Paris Tout le monde veut chanter Okudjava, et tout le monde le chante... Photo N.Medvedeva. L’Association GLAGOL Une association parisienne de soutien de la culture russe « Glagol » a été officiellement enregistrée en mai 2008, mais pendant son existence, elle est déjà devenue un phénomène marquant dans les milieux littéraires de la capitale. Elle réunie des créateurs et des amateurs de l'art russe qui se sont définis comme but de promouvoir la culture russe et la culture d'autres pays russophones. Diverses rencontres thématiques ont eu lieu, en un an seulement, celles consacrées à l’œuvre de Maïakovski et de Brodsky, par exemple, de Bely et de Blok, de Tourgueniev et d'Aristide Bruant, consacrées à la romance russe et au siècle d'Argent... Il y a eu des présentations de la revue littéraire russophone Mosty (« les ponts ») d'Allemagne, de l’œuvre des écrivains Marc Kazarnovski (Paris), Ogulbibi Mariaz (Paris) et Valéri Malevanny (Moscou), des soirées consacrées aux problèmes de la langue russe d'aujourd'hui, de la traduction littéraire, de la présentation de la culture des peuples yakoute et bouriate, des concerts de musique classique. Le 20 mars dernier, l'association a organisé dans le Centre de Russie pour la science et la culture une grande soirée consacrée à la Journée mondiale de la poésie, où le premier almanach littéraire des auteurs-membres de l'association a été présenté. “Perspective” №5(58) mai 2009 9