Lecteurs confirmés - Litterature de jeunesse
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Lecteurs confirmés - Litterature de jeunesse
CONFIRMÉS Lecteurs confirmés 133 CONFIRMÉS L’Afrique trahie Gerald Caplan ; trad. de l’anglais (Canada) par Élodie Leplat Arles : Actes Sud junior, 2009. - 188 p. : ill. + cartes, couv. ill. ; 18 x 11 cm. - (Essais). Bibliogr. Sites Internet. ISBN 978-2-7427-8514-8 (br.) : 10 L’Afrique est un continent de plus d’un milliard d’habitants, composé de cinquante-trois pays, de centaines de langues différentes, de milliers de croyances, d’une richesse culturelle extraordinaire, de réserves fabuleuses de matières premières... mais l’Afrique d’aujourd’hui est encore marquée par l’histoire du colonialisme, du racisme des occidentaux, de leur longue exploitation de sa maind’œuvre humaine et de ses ressources naturelles. C’est également un continent ravagé par le sida, le paludisme, les maladies respiratoires, la misère, la famine, les guerres et la corruption à tous les niveaux, les conflits et les dictatures dont les anciens pays développés se sont rendus complices. On ne peut sortir que révolté par la lecture de cet essai clair, engagé et sans concession pour la très large responsabilité des pays développés envers la situation actuelle de l’Afrique subsaharienne. Pour son auteur, Gerald Caplan, analyste politique et activiste spécialisé dans le continent africain, c’est nous, les Occidentaux, qui avons une dette envers ces pays, et non l’inverse... À côté de cette image réaliste et déprimante de l’Afrique, ce livre fait naître l’espoir d’une autre Afrique : une Afrique à construire et à rêver par les Africains eux-mêmes, loin de toute forme de colonialisme déguisé. Une Afrique qui se tourne petit à petit vers son passé, son histoire, retrouve ses racines, son identité, sa fierté. (M.L.) L’Agence Pinkerton - Tome 1 : Le châtiment des hommes-tonnerres Michel Honaker 134 Paris : Flammarion, 2011. - 241 p. : couv. ill. ; 23 x 15 cm. - (Grands formats. Série « L’agence Pinkerton » ; 1). - ISBN 9782-08-123330-0 (br.) : 13 Au lendemain de la guerre de Sécession, l’agence Pinkerton commence à faire parler d’elle. Ancêtre du FBI, elle a des ramifications partout et ressemble, à ce moment-là, plus à une secte mystérieuse. D’étranges événements se déroulent dans le Transcontinental, ce train qui relie la côte Ouest à la côte Est des États-Unis. L’agence va engager quatre têtes brûlées pour résoudre cette énigme. Mais qui manipule qui ? Ces quatre débutants vont vite découvrir que travailler pour l’agence n’est pas de tout repos et que ce métier promet de belles surprises et des rencontres étonnantes. Michel Honaker nous fait revivre avec talent une époque révolue que nous semblons tous connaître par les nombreux westerns que nous avons pu voir au cinéma ou à la télévision. Mais son univers penche un peu vers le fantastique, ce qui permet de dépoussiérer un peu les vieux mythes. Très bien. À partir de 13 ans. (R.S.) in Libbylit 98, p. 28 Autres titres : Le Rituel de l’Ogre rouge, tome 2. Le Complot de la dernière aube, tome 3. Watt Key trad. de l’anglais (E.-U.) par Maïca Sanconie. - Montrouge (Hauts-de-Seine) : Bayard Jeunesse, 2010. - 454 p. : couv. ill. ; 20 x 14 cm. - (Millézime). - ISBN 978-2-7470-2741-0 (br.) : 11,90 Moon, 10 ans, vit depuis sa naissance dans les bois avec son père. Il sait chasser les animaux, préparer les fourrures, faire du feu, se repérer grâce aux mousses et aux étoiles, bref, il sait survivre dans un environnement hostile. Mais, lorsque son père meurt, Moon se retrouve face au monde. Emmené dans un orphelinat, dont il va s’échapper avec deux autres enfants, il va devoir apprendre à vivre en société. Petit à petit, son apprentissage se fait à la dure. Il va rencontrer un policier très brutal qui n’a qu’une idée le remettre à l’orphelinat, mais il va heureusement aussi rencontrer des personnes qui l’écoutent, le comprennent et vont vraiment l’aider à trouver sa place parmi les hommes. Un très beau roman sur l’apprentissage de la vie en société, mais également sur les beautés et les ressources de la nature. L’auteur nous apprend énormément de trucs pour survivre dans les bois. Un superbe texte très fort et très poétique. À partir de 12 ans. (R.S.) in Libbylit 97, p. 25 CONFIRMÉS Alabama Moon Antonio ou la résistance : de l’Espagne à la région toulousaine Valentine Goby ; ill. Ronan Badel Paris : Autrement, 2011. - 79 p. : ill., couv. ill. ; 27 x 20 cm. (Autrement jeunesse. Français d’ailleurs). ISBN 978-2-7467-15462 (cart.) : 14,50 L’histoire vue à travers l’histoire singulière d’un enfant fuyant l’Espagne franquiste et immigrant en France dans les années 1930. Fils d’artistes célèbres dans leur pays avant la montée du fascisme en Espagne, luttant pour la démocratie, Antonio, notre jeune héros, se rallie très vite à la devise familiale : « Jamais sous Franco. » Ne jamais céder à la dictature, et ce, malgré la peur, la faim, les privations de toutes sortes, l’humiliation, l’exil... Un album superbe par l’émotion qu’il suscite, l’indignation aussi et l’envie de crier haut et fort, en refermant ces quelques pages « Jamais plus ! » Ronan Badel, illustrateur de talent, se met au service du texte et nous offre tantôt des croquis crayonnés ou simples détails, tantôt de superbes illustrations en pleine page aux couleurs chaudes de l’Espagne. En racontant les destins singuliers des immigrants, la collection « Français d’ailleurs » crée « un dialogue interculturel, loin de la simplification, de la schématisation et des clichés ». Chaque histoire est complétée par un dossier apportant des repères historiques et culturels et des photographies d’époque. (M.L.) 135 CONFIRMÉS Appelez-moi Ismaël Michaël Gérard Bauer trad. de l’anglais par Antoine Pinchot. - Bruxelles : Casterman, 2011. - 265 p. : couv. ill. ; 23 x 15 cm. - ISBN 978-2-203-03755-7 (br.) : 13 Ismaël Leseur est persuadé d’être victime d’une malédiction liée à son prénom. Il faut dire que ce dernier lui a été attribué lors d’une blague entre ses parents. Barry Bagsley, la terreur de l’école, ne se prive d’ailleurs pas de l’affubler des pires quolibets. Pour Ismaël, l’école se résume à essayer d’éviter tant bien que mal son bourreau et sa suite. Le début de cette seconde année de collège est marqué par l’arrivée d’une nouvelle prof d’anglais, la charmante Miss Tarango, qui n’a pas son pareil pour remettre les élèves perturbateurs à leur place et celle de James Scobie, un élève atypique bourré de tics, au look démodé, mais qui, en revanche, a la particularité de n’avoir peur de rien. Un roman savoureux qui met en scène des personnages attachants en proie aux inévitables difficultés de la vie. C’est traité avec beaucoup d’humour et de dérision, c’est irrésistible ! (C.C.) Au pays de la mémoire blanche Carl Norac* ; ill. Stéphane Poulin 136 Paris : Sarbacane, 2011. - 128 p. : ill., couv. ill. ; 31 x 25 cm. ISBN 978-2-84865468-3 (br.) : 25,50 Comme la plupart des grandes œuvres, on aura du mal à classer celle-ci. Par son nombre de pages tout d’abord, assez atypique pour un album, le fait ensuite que le texte n’y soit pas systématiquement relié à une image, tout comme il peut se présenter, par moments, une suite assez longue d’images muettes et découpées en cases à la façon d’une bande dessinée… Les cent cinquante illustrations lumineuses à l’huile et à la mine de plomb qui composent l’ensemble ont été réalisées sur toile et – si j’ai bien compris – avant que le texte ne soit écrit. C’est d’ailleurs sans doute ce qui crée cette ambiance si cinématographique : c’est vraiment l’image qui fait avancer le récit. Le texte, d’une écriture ciselée, un brin mystérieuse, est là pour nous livrer uniquement ce qui ne se voit pas : le monde intérieur du personnage, ses pensées, ses interrogations. Et il n’en manque pas ! Son visage, couvert de bandelettes, lui est inconnu et sa mémoire s’en est allée à la suite de l’explosion d’un bus piégé. Qui est-il donc dans ce monde de chiens où les chats sont traités en criminels et où les murs semblent bouger la nuit ? Son père, en rêve, lui apportera une ébauche de réponse : « Je n’ai à t’offrir que ce souvenir-là. Emporte-le ou bien oublie encore. » Vous l’aurez compris, on se trouve dans un contexte mi-politique, mi-onirique où le message semble profond tout en ne se laissant pas dévoiler d’emblée, un peu à la manière d’un conte, d’une fable, voire d’une parabole. Car il y a aussi quelque chose de mystique qui traverse tout cela. Une œuvre de grande maturité par deux artistes au sommet de leur art : l’un Belge, l’autre Québécois. À partir de 12 ans. Mention spéciale Prix Libbylit 2012, catégorie roman (L.F.) in Libbylit 102, p. 58 Fabrice Colin Paris : Albin Michel jeunesse, 2011. - 293 p. : couv. ill. ; 22 x 15 cm. (Wiz). - ISBN 978-2-22619356-8 (br.) : 13,50 Anna est une adolescente orpheline qui vit dans un hôtel particulier étrange en compagnie d’un maître d’hôtel attentionné et mystérieux. Elle a peu de souvenirs de son passé et de ses parents, mais elle sait toutefois que son père était un architecte de génie, qui a transformé New York en une ville futuriste de métal, de verre et de technologie. Un banal accident provoque la rencontre entre Anna et Wynter, le richissime héritier de la dynastie Seth-Smith. Une idylle se noue entre les deux jeunes gens, mais plus leur relation s’intensifie, plus Anna est mal à l’aise et perçoit confusément des messages qui lui sont adressés par « le Masque », mais qu’elle ne peut décoder. La lutte sera terrible entre Wynter, incarnation d’une société blanche et glacée, et le Masque, noir et mystérieux. Anna, l’enjeu de leur lutte, ne maîtrise apparemment en rien son avenir. Quoique… Un roman par lequel on se laisse emporter, qui crée un monde mystérieux et étonnant, dans lequel on flotte jusqu’à la grande surprise finale… (A.L.) CONFIRMÉS Bal de givre à New York La Ballade de Sean Hopper Martine Pouchain Paris : Sarbacane, 2010. - 233 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. (Exprim’). - ISBN 9782-84865-382-2 (br.) : 15,50 Bud vit avec sa grand-mère. Il n’aime pas l’école et s’en passe dès qu’il le peut, préférant de loin partager son temps avec son corbeau, son hérisson... et grimper aux arbres pour observer la vie de son voisin : Sean Hopper. Sean n’aime pas les enfants. Sean, c’est le tueur en chef de l’abattoir de Springfield. Tout le monde le craint. Il est bourru, antipathique et ne se gêne pas pour faire sentir qu’il ne faut pas le chercher. Mais quand Bonnie, sa compagne, décide de le quitter, Sean boit jusqu’à plus soif et survit à un accident de voiture, qui bouleversera sa vie et sa vision du monde l’environnant. Bud nous raconte cette métamorphose, ponctuée par les pensées de Sean. Sans doute, Bud est-il un jeune adulte lorsqu’il nous relate ce récit. Martine Pouchain prête en effet sa remarquable plume à son héros, dont les tournures de phrase et le vocabulaire semblent plus être le fruit d’un jeune adulte ou d’un grand adolescent. Les sentiments humains sont ici omniprésents et dépeints avec une subtilité et une sensibilité déconcertantes. La douceur succède progressivement à la brutalité et laisse entrevoir un espoir d’une vie meilleure, parce qu’enfin, acceptée par ses protagonistes. Martine Pouchain signe ici un merveilleux roman que les adultes prendront autant de plaisir à lire que les adolescents. Dès 14 ans. (N.W.) in Libbylit 96, p. 48 137 CONFIRMÉS Bjorn aux armées I : Le jarlal Thomas Lavachery* Paris : l’école des loisirs, 2010. - 334 p. : couv. ill. ; 19 x 13 cm. - (Médium). ISBN 978-2-211-20210-7 (br.) : 11,50 Brise glace Jean-Philippe Blondel Arles : Actes Sud junior, 2011. - 106 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. - ISBN 978-2330-00025-7 (br.) : 10 138 Après un mémorable volume introductif intitulé tout simplement « Bjorn le Morphir », Thomas Lavachery avait entraîné ses lecteurs dans un voyage vers le royaume des morts, le temps d’une « trilogie en quatre volumes » ! Soyez rassuré : si Bjorn est encore un inconnu pour vous, un résumé des chapitres précédents est placé à votre intention dans les premières pages de ce premier épisode d’un nouveau cycle. En route donc pour de nouvelles aventures ! Cela commence fort : le roi Harald est grièvement blessé de onze coups de couteau portés par une sorte de géant au masque de démon. L’agresseur a réussi à s’enfuir. Le prince Sven – qui a été sauvé des enfers – est loin d’être capable de prendre la relève de son vieux père. Avant de mourir, c’est le jeune Bjorn que Harald désigne à la tête du pays. Un honneur lourd à porter, car les royaumes voisins ont des visées sur le paisible Fizzland et ne tardent pas à l’envahir… Le premier cycle des aventures de « Bjorn le Morphir » s’engageait dans le silence des enfers en imaginant – étage après étage – des êtres imaginaires rappelant Jérôme Bosch. Ce nouveau cycle, même si fantasy et merveilleux y trouvent encore leur place, résonne du bruit et de la fureur de batailles dont les humains ont le secret. (Mais où donc Thomas Lavachery a-t-il été mis au parfum des règles de la stratégie militaire ?) Là, l’auteur se laissait aller parfois à prendre son temps. Ici, le rythme est soutenu et l’intrigue est menée tambour battant. Là, certains personnages restaient flous, parfois même abandonnés en chemin. Ici, la personnalité de chacun d’eux est cernée au plus près. Bref, les aventures du plus célèbre des morphirs ont pris, c’est sûr, un nouvel élan ! (M.R.) À découvrir : Bjorn aux armées II : Les mille bannières Dans son nouveau lycée, Aurélien reste dans son coin, en solitaire, sans chercher à se faire de nouveaux amis. Aurélien n’est pas timide : quand on lui parle, il répond aimablement et rit même aux blagues. Personne au lycée ne cherche à en savoir plus, si cet isolement est dû à un manque de confiance ou cache un lourd secret. Mais c’est sans compter sur Thibaud, un des élèves les plus populaires de l’école, qui cherche à se rapprocher de lui afin de briser la glace. Petit à petit, Aurélien cède et se noue d’amitié avec Thibaud. En sa compagnie, Aurélien finit par participer à des soirées slam, se rendant compte combien ce langage lui sert de soupape. Et quand arrive son tour de slamer, Aurélien se décharge de son lourd secret, de ce drame qui l’a vu se replier sur luimême pendant quatre ans. Jean-Philippe Blondel nous livre un superbe roman et rend hommage à la puissance des mots et à l’écriture permettant de se libérer et de guérir des douleurs et de l’enfermement qui isolent parfois les adolescents. Un roman bouleversant. (J.-L.C.) Magali Wiéner Toulouse : Milan, 2010. - 224 p. : couv. ill. ; 20 x 13 cm. - (Macadam).ISBN 978-2-7459-4254-8 (br.) : 10,50 C’est la fête de la musique et Rodrigues va voir chanter Aurélie. La chaleur, l’alcool, la musique… chauffent l’ambiance, les deux adolescents s’isolent dans un parc et ont un rapport sexuel. Rodrigues est éveillé par la police qui l’emmène au commissariat : Aurélie l’accuse de l’avoir violée. C’est un roman captivant qui nous relate l’histoire de Rodrigues avec beaucoup de précisions et de détails : le roman débute donc le jour de la fête de la musique, on suit les interrogatoires, l’incarcération et l’année en prison ; il s’achève le jour de son jugement. L’auteure nous livre les sentiments et les émotions de Rodrigues qui se dit non coupable, mais, à aucun moment, la vérité n’est donnée, c’est le lecteur qui doit se forger sa propre opinion. C’est un roman dur, notamment dans la description de l’incarcération de l’adolescent, mais qui aborde avec beaucoup de pudeur le thème de l’amour et de ses conséquences, parfois tragiques. (V.S.) CONFIRMÉS Les Carcérales Caulfield : sortie interdite Harald Rosenlow Eeg trad. du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud. - Paris : Thierry Magnier, 2009. - 300 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. - ISBN 978-2-84420-771-5 (br.) : 17 Difficile pour Klaus, ce déménagement vers Oslo avec sa mère, responsable pédagogique dans un nouveau collège. Il y sera élève. Les premiers contacts manquent de chaleur. Les adolescents qu’il rencontre ne lui témoignent aucune sympathie… Le jeune Sturla lui paraît mystérieux et inquiétant. Peu à peu, des événements dramatiques perturbent le quotidien de la communauté. La mort de Sturla sous les rails du métro… Soupçons, rumeurs ; les jeunes s’observent, se méfient. Klaus se trouve mêlé à des actes troublants. Seraient-ils tous manipulés ? Le nom de Caulfield est prononcé. Qui est-il ? L’auteur analyse le tréfonds de l’âme humaine. Chacun porte en soi une part d’ombre, de secrets, de non-dits. Le malaise qu’engendre le texte nous met face à des choix de vie et demande une maturité réelle ; les faits relatés déstabilisent, car l’attitude et les agissements des protagonistes sont loin d’être exemplaires. L’univers clos intensifie la densité de l’atmosphère et les adolescents sans repères qui y évoluent reflètent souvent une image de défaite et de pessimisme. Klaus est le narrateur témoin ; s’il est acteur, c’est malgré lui, poussé par son intérêt envers les autres. Il ne perçoit pas, au début, les dangers que cela recèle. L’idée de la mort et de la destruction imprègne ces pages et perturbe. À chaque lecteur d’en découvrir la portée. À partir de 15 ans. (A.D.) 139 CONFIRMÉS Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre Ruta Sepetys traduit de l’anglais (américain) par Bee Formentelli. - Paris : Gallimard, 2011. - 423 p. : couv. ill. ; 20 x 14 cm. (Scripto). - Titre original : Between shades of gray. ISBN 978-2-07-063567-2 (br.) : 14 Premier roman de cet auteur, inspiré par son père qui s’est enfui de Lituanie alors qu’il était jeune garçon. Ruta Sepetys a effectué plusieurs séjours en Lituanie pour recueillir le témoignage de familles de rescapés du goulag. En juin 1941, Léna, sa mère et son frère sont arrachés de leur maison par les gardes soviétiques et sont conduits sans ménagement jusqu’à la gare, grossissant une foule déjà compacte de gens de tous horizons : bibliothécaire, professeur de collège, propriétaire d’hôtel… Embarqués à bord de wagons à bestiaux, entassés les uns sur les autres, commence alors un long voyage à travers toute la Russie jusqu’en Sibérie, aux limites du cercle polaire. Ces déportés connaîtront des conditions de vie inhumaines : la maltraitance, la faim, le froid polaire, la mort, la terreur… Heureusement, l’entraide, l’amour, l’humour (parfois) et surtout la volonté de s’en sortir vivants permettront à certains, comme Léna et son frère, de retrouver leur pays. Un superbe roman qui a le mérite de mettre en lumière un pan de l’histoire de Russie et de l’expansion stalinienne sur les pays baltes et les ravages que connaissait alors l’Europe dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Fait partie de la sélection du prix Farniente 2013, catégorie basket verte. (J.-L.C.) Ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti Été 1947 : Evie vit à New York avec sa mère et Joe, son beau-père. Joe revient de la guerre en Europe et, à la suite d’un coup de téléphone, décide tout à coup de partir en vacances en Floride. Ils trouvent un petit hôtel minable à Palm Beach et là se lient d’amitié avec les Gravson. Ils font également la connaissance de Peter Coleridge, ancien compagnon d’armes de Joe. Evie, 15 ans, tombe éperdument amoureuse du séduisant Peter. Sous le soleil cuisant de la Floride, un drame se prépare. Au fil du récit raconté à travers la voix d’Evie, la tension monte et les masques tombent. Roman noir sur fond d’antisémitisme, atmosphère digne des meilleurs films noirs américains à l’ambiance lourde, pesante et oppressante. À partir de 13 ans (V.G.) Judy Blundell 140 trad. de l’anglais (E.-U.) par Cécile Dutheil de La Rochère. - Paris : Gallimard jeunesse, 2011. - (Pôle fiction ; 15). - ISBN 978-207-062996-1 (br.) : 6,60 Dans une contrée glacée et rude, deux frères, Aleks et Brisco grandissent en complicité et proximité. Où va l’un, l’autre le suit. Ce que fait l’un, l’autre le sait. Ils se croient jumeaux. Les autres aussi. Tous, sauf leurs parents et une poignée de gens. Un jour, l’un des deux disparaît. Et l’autre reste seul. Petit à petit, les langues se délient. Et le voile se lève sur le secret qui hypothèque la vie de bien des innocents. Jean-Claude Mourlevat nous a déjà souvent étonnés. Cette fois, il atteint des sommets avec cette fresque nordique, puissante, majestueuse et quasi légendaire. L’univers, les personnages, l’écriture. Tout est ciselé. Parfait. Étonnant. Un monde inimitable et inclassable, comme il en a le secret. Un grand roman. À lire. Et à partager. 13 ans et plus. (D.D.) JeanClaude Mourlevat CONFIRMÉS Le Chagrin du roi mort Paris : Gallimard jeunesse, 2011. - 448 p. : couv. ill. ; 18 x 11 cm. (Pôle fiction ; 28). - ISBN 978-2-07-063542-9 (br.) : 6,60 Comment ! Vous saviez pas ? Patrick Couratin a l’habitude de nous offrir des livres insolites et décalés. Une fois de plus, il réussit son coup en faisant appel au chanteur Gilbert Laffaille. Se basant sur la chanson « Le gros chat du marché », l’album nous livre son adaptation en images. Un album au grand format où la rumeur règne en maître dans la rue. L’illustrateur nous propose un montage original de photos où l’humoriste Bernard Azimut apporte sa touche en jouant tous les personnages de la rue, ce qui en fait un album étonnant. (L.B.) in Libbylit 98, p. 39 texte de Gilbert Laffaille ; images de Jean-Luc Allart Paris : Les Grandes personnes ; coédition Patrick Couratin, 2010. - 22 p. : ill., couv. ill. ; 39 x 23 cm. - ISBN 978-2-36193-024-0 (cart.) : 15 141 CONFIRMÉS Comment (bien) rater ses vacances Maxime pensait passer des vacances cool chez sa grand-mère, se lever tard, manger des bons petits plats, passer la journée devant l’ordinateur… mais l’improbable va arriver et l’entraîner dans des aventures rocambolesques. En deux mois de vacances, il va être obligé de se secouer et de devenir un adulte. Et il va faire face, prendre les choses en main et se débrouiller intelligemment. Un livre qui laisse un grand sourire sur le visage, délirant à souhait, fous rires assurés… Sélection prix Farniente 2012, catégorie une basket. À partir de 13 ans. (N.T.) Anne Percin Rodez : Rouergue, 2010. - 185 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-0191-0 (br.) : 11,5 Comment bien gérer sa love story Anne Percin 142 Rodez : Rouergue, 2011. - 256 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-0300-6 (br.) : 13,70 Après « Comment bien rater ses vacances », Anne Percin nous présente la suite, bourrée d’humour, des aventures de Maxime, que l’on retrouve alors qu’il entre en terminale, qu’il a retrouvé la vieille Fender de son père et est l’heureux propriétaire d’un smartphone et, surtout, qu’il a une copine. Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais… l’amour, ça ne ressemble pas toujours à ce qu’on raconte dans les livres, surtout avec une copine aspirante psychologue qui analyse tout ce qui l’entoure ! Maxime va avoir fort à faire pour gérer sa « nouvelle » vie, d’autant qu’il va avoir 18 ans, un anniversaire « very important », qui ne se rate pas… quoique ? Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome des aventures de Max pour se plonger dans la suite de celles-ci. La fin ouverte laisse, quant à elle, présager une suite... Le deuxième tome est construit sur le même modèle que le premier : des phrases décalées, des interventions en bas de page où l’auteur interpelle ses lecteurs, un phrasé rythmé, en phase avec l’univers des ados, un roman qui se lit sans faim. À partir de 14 ans. (C.H.) Sudhir Venkatesh trad. de l’américain par Diana Gamboa. - Paris : l’école des loisirs, 2011. - 320 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Médium documents). ISBN 978-2-211-20375-3 (br.) : 14,80 Sudhir Venkatesh enseigne à New York, à l’université Columbia. À la fin des années 1980, lorsqu’il terminait son cursus de sociologie, il fut chargé d’une enquête sur la vie des jeunes Noirs dans les cités HLM de Lake Park à Chicago. Un travail « sur le terrain », qui lui prit plusieurs années. Ce livre a été rédigé à partir de ses souvenirs et surtout à partir des notes rédigées jour après jour. Il s’était muni au départ d’une grille de questions fort académiques, du genre : « Comment ressentez-vous le fait d’être Noir et pauvre ? » On lui fit comprendre de façon musclée qu’il n’apprendrait « que dalle avec ce truc ». Il se rendit très vite compte que les cités étaient sous l’emprise de gangs rivaux. Que ces gangs dominaient non seulement le trafic de la drogue, mais régentaient, jusque dans ses moindres détails, la vie quotidienne des habitants. Sa bonne foi fut testée. Un des chefs de gang – désigné sous les initiales de J. T. – le prit sous son aile, espérant en faire son biographe ! Dans la peau d’un chef de gang est un livre passionnant. En prenant appui sur cet exemple de reportage, la collection « Médium documents » pourrait enfin trouver sa place dans l’offre éditoriale. (M.R.) CONFIRMÉS Dans la peau d’un chef de gang Le Dernier orang-outan Valérie Dayre Paris : Thierry Magnier, 2011. - 47 p. : couv. ill. ; 15 x 11 cm. - (Petite Poche). - ISBN 978-284420-882-8 (br.) : 5 Voici donc l’étonnante histoire de Gaëtan, petit garçon très choyé par ses parents, qui, un matin, déclara qu’il était « le dernier orang-outan ». Orang-outan, il le devint en effet, au grand désespoir de ses proches et à la profonde surprise des médecins. Les parents furent questionnés. Les spécialistes s’interrogèrent. Les médias en firent leurs choux gras. Mais peu de temps après, une étrange épidémie décima les orangs-outans de par le monde… L’orang-outan, on le sait, est le grand singe le plus proche de l’espèce humaine. Il ne vit en liberté que dans les grandes îles de Bornéo et de Sumatra où – braconnage et déforestation obligent – on n’en compterait plus que quelques milliers. C’est donc en quelque sorte un symbole des ravages du mercantilisme que Valérie Dayre place au centre de son texte. Dans une langue superbe qui adopte les accents et le rythme du conte, le récit n’assène aucun message. Déconcertant certes, il invite à la réflexion. C’est peu dire que ses quarante petites pages construisent un roman important. Incontournable même, pour utiliser un terme galvaudé. Soit dit en passant, la collection « Petite Poche » contient ainsi un certain nombre de « pépites » qui peuvent intéresser des lecteurs de tous âges. Ce serait dommage de la négliger pour de mauvaises raisons : son format, ses grands caractères ou son petit nombre de pages ! (M.R.) 143 CONFIRMÉS Des étoiles au plafond Avec une mère qui a un cancer du sein, la vie de Jenna change, elle doit assurer le quotidien, faire le ménage, les repas… Longtemps, la jeune fille a cru que sa mère guérirait, mais, depuis quelque temps, tout s’accélère, et Jenna, 13 ans, n’en peut plus de cette mère malade qui l’empêche d’avoir une adolescence normale... Surtout quand elle croise sa voisine, la jolie et populaire Pénélope, dans les escaliers... Heureusement, il y a son amie Susanna qui la soutient. Roman bien écrit qui approche ce sujet difficile de manière pudique, sans être trop psychologisant, mais suffisamment pour comprendre les personnages et les apprécier. À partir de 14 ans. (N.T.) Johanna Tydell trad. du suédois par Agneta Segol. - Paris : Thierry Magnier, 2010. - 326 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. - (Grands Romans). - ISBN 9782-84420-857-6 (br.) : 17,50 Désobéis ! Dans ces neuf nouvelles, l’auteur propose aux adolescents de désobéir aux ordres et conseils. Sur un ton léger, drôle et ironique, Christophe Léon fait réfléchir le lecteur sur des sujets sensibles. Dans un style simple, il aborde les problèmes de précarité du logement, le gaspillage d’énergie, la vivisection, l’intolérance à l’égard des personnes handicapées… bref, il nous incite à nous indigner. Un livre de désobéissance à mettre entre toutes les mains ! (J.-L.C.) Christophe Léon 144 Paris : Thierry Magnier, 2011. - 181 p. : couv. ill. ; 16 x 14 cm. - (Nouvelles). ISBN 978-236474-019-8 (br.) : 9,90 La population d’un Chicago futur est divisée en cinq factions – Altruistes, Audacieux, Érudits, Fraternels et Sincères – « dont chacune s’est donné pour mission d’éradiquer le travers qu’elle considère comme responsable des désordres de ce monde » (égoïsme, lâcheté, ignorance, agressivité, duplicité). Les enfants sont élevés dans la faction de leurs parents, jusqu’à leurs 16 ans. Ils choisissent alors la faction dans laquelle ils désirent faire leur vie. Nous accompagnons Béatrice dans ce choix et dans les semaines de formation qui suivent… dans ce système sans faille ? Une histoire prévisible, mais à la trame originale. Annoncé comme une trilogie. Fait partie de la sélection du prix Et-lisez-moi 2013. (C.D.) Veronica Roth CONFIRMÉS Divergent trad. de l’américain par Anne Delcourt. Paris : Nathan Jeunesse, 2011. - 435 p. ; couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Blast). - ISBN 978-2-09-253230-0 (br.) : 16,50 La Douane volante François Place Paris : Gallimard jeunesse, 2010. 333 p. : couv. ill. ; 23 x 16 cm. (Hors série littérature). - ISBN 978-2-07-062815-5 (br.) : 13,50 Gwen le Tousseux est au bord de la mort. Une charrette noire s’arrête devant la maison, menée par un cheval noir et un homme en noir qui vient chercher l’orphelin. Quand Gwen se réveille, il est dans un autre monde. Il est dans une sorte de XVIIe siècle au pays des Douze Provinces, dirigé par la Douane volante. Gwen est pris en charge par Jorn, un douanier à l’ambition sans limites. Il sent des potentialités en Gwen, qui est un peu rebouteux. En essayant de regagner sa Bretagne natale, Gwen va vivre des aventures étranges, picaresques, presque surnaturelles, mais, toujours, il trouvera Jorn sur sa route. Pour son bien ou son malheur ? Personne, surtout pas Gwen, ne saurait le dire. Nous connaissions François Place, dessinateur de talent, nous connaissions François Place, raconteur d’histoires fabuleuses, nous découvrons ici le François Place romancier. Le talent est toujours là, les histoires fabuleuses aussi, le plus, c’est la dimension du roman, qui permet d’installer des ambiances, des personnages. Laissez-vous emporter par l’imagination de François Place qui nous entraîne dans une histoire nimbée de légendes bretonnes. Le voyage vaut la peine d’être vécu. À partir de 12 ans. (R.S.) L’auteur a été récompensé par le prix Bologna Ragazzi 2012 (catégorie fiction) pour « Le Secret d’Orbae », un coffret composé d’un portfolio cartonné contenant des illustrations originales imprimées en grand format et de deux romans inédits où se déroulent les aventures des héros, Cornélius et Ziyara, dans le pays légendaire d’Orbae. 145 CONFIRMÉS Le Dragon de glace Mikael Engström Mik a 12 ans et vit dans la banlieue de Stockholm avec son frère Tony et leur père. La vie y est difficile et leur père sombre dans l’alcool. Pourtant, Mik tient à cette vie et cache sa situation à tout le monde, à ses copains et surtout aux profs, de peur de perdre le peu qu’il a. Alertée de la situation, la protection de l’enfance l’envoie vivre chez sa tante Lena dans un village perdu dans le nord. Là-bas, il va faire des rencontres et peu à peu se reconstruire, trouver sa place dans la société. Un jour, pourtant, tout bascule à nouveau : il est envoyé dans une famille d’accueil où il va vivre un véritable enfer. Mik, par son courage et sa détermination, arrivera à dompter ce dragon qui lui tord le ventre et à être maître de son destin. Dénonçant une réalité sociale, ce récit se veut également être un roman sur l’espoir et le courage, sur l’amitié, sur la stupidité des hommes aussi. (V.G.) Prix Libbylit 2011, catégorie Roman trad. du suédois par Anna Marek. - Genève : La Joie de lire, 2010. - 346 p. : couv. ill. ; 22 x 15 cm. (Encrage). - ISBN 978-288908-047-2 (br.) : 17 Dream land : la maison de Safi Lily Hyde 146 trad. de l’anglais par Valérie Le Plouhinec. Paris : Naïve/Amnesty International, 2010. - 301 p. : couv. ill. ; 20 x 15 cm. (Naïveland). - ISBN 978-235021-233-3 (br.) : 17,30 1945, sur l’ordre de Staline, les Tatars de Crimée sont déportés et forcés à l’exil. Avec la perestroïka, le retour au pays, objectif poursuivi sur des générations, semble possible. Safi, 12 ans, née en Ouzbékistan, quitte ce pays où elle a grandi pour s’installer, avec ses parents et son grand-père, en Crimée, terre de ses ancêtres. Le pays rêvé, le pays de rêve de son grand-père ne ressemble pourtant en rien à celui des récits nostalgiques évoqués tout au long de l’exil et ayant alimenté le militantisme de retour de ses parents. Les Russes sont installés là depuis cinquante ans et ne comptent pas céder la place, ils se montrent hostiles et refusent d’attribuer des permis de bâtir. Avec justesse, l’auteur relaye les interrogations de Safi sur la légitimité du retour, sur le déracinement, sur les difficultés de concilier des intérêts divergents : peut-on vivre et construire sur la nostalgie et les rêves des autres… ? (M.D.) Sonya Hartnett trad. de l’anglais (Australie) par Fanny Ladd et Patricia Duez. - Paris : Les Grandes personnes, 2010. - 160 p. : couv. ill. ; 23 x 13 cm. - (Littérature). Titre original : The Ghost’s Child. - ISBN 978-2-36193014-1 (br.) : 13 Lorsqu’en 2008, l’Australienne Sonya Harnett reçut le prix Astrid Lindgren, c’est grâce au Serpent à plumes que nous avons pu la lire en langue française avec « Finnigan et moi » d’abord, « Une enfance australienne » ensuite. Voici qu’on peut enfin la découvrir dans l’édition jeunesse. Dès les premiers mots, on est sous le charme : « Par une après-midi humide et argentée, une vieille dame qui rentrait chez elle après avoir promené son chien, découvrit un garçon assis dans la bergerie fleurie de son salon ». Le garçon – la vieille dame lui donna onze ou douze ans – était étrange. Il annonça qu’il apportait de mauvaises nouvelles et commença à poser des questions. De fil en aiguille, la vieille dame lui raconta sa vie. À nous, lecteurs, ce récit nous est transmis par la voix d’un narrateur extérieur. Et il est passionnant de faire la connaissance de Maddy, une enfant effacée et sauvage, hésitante et « aussi timide qu’une petite souris ». De la suivre, plus tard, dans un long voyage avec son père à la recherche « de la plus belle chose du monde ». D’assister à sa rencontre sur la plage avec un homme qui comprenait la langue des oiseaux et qui venait « d’ici ou là »... Ne dévoilons pas la suite. Ne révélons pas non plus l’identité de l’étrange visiteur de l’après-midi. Précisons simplement que l’écriture de Sonya Hartnett passe sans transition de la vie quotidienne au fantastique, comme si ces deux registres appartenaient au même univers. Et que le résultat est captivant. À partir de 14 ans. (M.R.) CONFIRMÉS L’Enfant du fantôme Federico García Lorca : non au franquisme Focus sur La Collection « Ceux qui ont dit non » - Chez Actes Sud Junior Simone Veil - Mordechaï Anielewicz - Gandhi Louise Michel - Jean Jaurès Bruno Doucey Arles : Actes Sud junior, 2010. - 95 p. : ill., couv. ill. ; 18 x 11 cm. - (Ceux qui ont dit non). - ISBN 978-27427-9081-4 (br.) : 8 Une collection de romans historiques qui racontent la vie de femmes et d’hommes qui ont su dire non à ce qui leur paraissait inacceptable. Simone Veil, Mordechaï Anielewicz, Gandhi, Federico García Lorca, Louise Michel, Jean Jaurès... autant de portraits de femmes et d’hommes courageux qui ont résisté et combattu pour des idées justes. Une collection qui clame que « [t]out acte de résistance est un non au désespoir. Dire non au désespoir, c’est refuser l’inacceptable, se révolter contre l’inévitable, affronter l’insurmontable, combattre l’invincible. C’est croire en la vie envers et contre tout ». Une collection à mettre entre les mains de tous nos jeunes et moins jeunes, afin d’éveiller leur esprit critique et de les mettre sur la droite route des « indignés ». (M.L.) 147 CONFIRMÉS La Forteresse des lapins Linda Zuckerman Paris : Seuil jeunesse, 2011. - 346 p. : couv. ill. ; 22 x 15 cm. - ISBN 978-202-104804-9 (br.) : 16 Harry est un renard et, comme tous ses congénères, il vit un hiver rude et mortel qui affame les renards qui ne possèdent pas les moyens de s’acheter de la nourriture hors de prix. Il ne refuse donc pas la grosse somme d’argent offerte par son frère Isaac, un citoyen très influent dans cette communauté, pour une mission de confiance : surveiller la forteresse des lapins. Au sein de celle-ci, la vie n’est pas plus facile : chaque jour, des lapins disparaissent sans laisser de traces, malgré une sécurité de plus en plus accrue. Quentin, un jeune étudiant, et deux amis s’organisent et mettent sur pied un plan afin de sortir de la forteresse et d’élucider ce mystère. Un roman original et captivant qui plonge les lecteurs dans une fable animalière où les animaux humanisés vivent des aventures palpitantes au sein desquelles on y parle de politique, de meurtre, de mystères, de courage, d’amitié, de relations familiales… Un très bon moment de lecture qui nous fait découvrir en parallèle les destins surprenants des deux renards. (V.S.) Fuir les taliban André Boesberg 148 trad. du néerlandais par Emmanuèle Sandron*. Paris : Thierry Magnier, 2011. - 269 p. : ill., couv. ill. ; 22 x 14 cm. - Titre original : Ontsnapt aan de Taliban. ISBN 978-2-84420-921-4 (br.) : 17,30 Ce roman s’inspire de l’histoire vraie de Sohail Wahedi, fils d’un leader de la résistance au régime des talibans en Afghanistan. En première partie du livre, le récit raconte la vie quotidienne de Sohail et de son ami Obeib dans la ville d’Herat. Formé comme tous les Afghans à se méfier de tout et de tous, Sohail ne sait jamais jusqu’où croire ce que dit son interlocuteur, que ce soit son ami, sa sœur, son père… Obeib est un casse-cou, prenant des risques pour photographier des scènes de violence commises par les talibans afin que sa mère puisse faire passer les photos en Occident pour dénoncer les exactions du régime. Ce régime où la peur est là. Lorsque son père doit fuir et se cacher, c’est lui, Sohail, qui devient l’homme de la maison. Comment faire face au danger et, celui-ci étant proche, c’est à son tour de fuir, accompagné de sa mère enceinte et de sa sœur. Il leur faudra également du courage pour abandonner le grand-père, qui se dit trop vieux pour faire le voyage et qui se sait complice de la fuite de la famille. Leur fuite les mène dans un périple long et périlleux jusqu’aux Pays-Bas, après avoir traversé la Russie, la Pologne et l’Allemagne. Son nouveau quotidien durant ce trajet sera de se taire, se cacher et de faire confiance aux passeurs. Tout en étant un témoignage et un documentaire, ce récit n’en reste pas moins passionnant. Et, pour Sohail et sa famille, ce sera une nouvelle vie à commencer : une nouvelle langue à apprendre, de nouveaux us et coutumes, perdant ainsi leur pays et leur identité. (J.-L.C.) Alors qu’il est âgé de 9 ans, Bruno doit quitter sa maison de Berlin et ses amis afin d’accompagner son père sur les lieux de son nouveau travail. Là, de la fenêtre de sa chambre, il découvre un spectacle étrange : derrière des fils barbelés vivent des hommes en pyjama rayé qui doivent obéir aux soldats armés qui les surveillent... Bruno va vouloir découvrir ce qui se passe derrière ces fils… Un chef-d’œuvre d’intelligence et de réalisme sur les camps de concentration. (N.T.) CONFIRMÉS Le Garçon en pyjama rayé : une fable John Boyne trad. de l’anglais par Catherine Gibert. - Paris : Gallimard jeunesse, 2009. - 185 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Hors série littérature). - rééd. - ISBN 978-2-07-062397-6 (br.) : 9,50 Le Garçon qui volait des avions Élise Fontenaille Rodez : Rouergue, 2011. - 59 p. : couv. ill. ; 21 x 15 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-02030 (br.) : 8 « Le Garçon qui volait des avions » reprend la véritable histoire de Colton Harris-Moore. À 8 ans, Colton est accusé d’un vol qu’il n’a pas commis. Pour se venger, il décide de voler réellement et déclare la guerre à la police. Il commence à voler de petites choses, des glaces, des pizzas, ensuite il passe aux voitures, aux bateaux puis aux avions. Son signe est reconnaissable : il laisse des empreintes de pas. Il est vite surnommé « le bandit aux pieds nus ». Pendant de longs mois, il échappe à la police, mais, le 11 juillet 2010, c’est la fin de la cavale. Cette histoire a fait un bruit énorme dans la jeunesse américaine. Colton comptabilise un grand nombre de fans sur sa page Facebook et plus de quatre cent cinq mille pages sur Google rien qu’en tapant son nom. Élise Fontenaille s’est lancée dans l’écriture de cette histoire grâce à la lecture d’un article publié dans un journal américain. Elle propose un roman court. Pour ne pas trahir ou déformer la vraie histoire, l’auteur a choisi de faire varier les points de vue en passant par ceux de Colton, mais aussi par ceux de sa mère ou bien encore de la femme policière, d’une voisine... Un roman intéressant qui nous permet de mieux découvrir la vie de ce fameux Colton Harris-Moore et l’effet qu’il a eu sur la jeunesse américaine. (F.B.) 149 CONFIRMÉS Gone : tome1 Michael Grant trad. de l’anglais (E.-U.) par Julie Lafon. Paris : Pocket Jeunesse, 2010. - 585 p. : ill., cartes ; couv. ill. ; 23 x 15 cm. (Grands formats). – (Série Gone ; 1). ISBN 978-2-266-18420-5 (br.) : 19 Un beau jour, à une heure précise, sans que rien ne le laisse présager, tous les adultes et les plus de 15 ans se sont volatilisés. Les autres, petits et plus grands, restent livrés à eux-mêmes, en proie à la terreur. Dans ce qu’ils baptisent vite « La Zone », c’est rapidement le règne de la loi du plus fort. Ou du plus malin. Sam rallie du monde derrière lui. Mais d’autres lui tiennent tête. Quand, en plus, certains des enfants commencent à développer des pouvoirs. Et d’autres à se volatiliser à l’heure de leurs 15 ans, c’est carrément l’affolement qui se met à régner… Le récit commence à la mode de « Sa Majesté des mouches ». Des jeunes qui doivent se débrouiller et reproduisent une société avec leurs bons côtés et surtout la face sombre de l’humain. Mais Gone va plus loin encore. Le compte à rebours qui émaille chaque début de chapitre et les pouvoirs qui se développent le font entrer dans une autre dimension. Et la fin plus qu’ouverte laisse présager une suite. On ne s’en plaindra pas. 14 ans et plus. (D.D.) Guerre : et si ça nous arrivait ? Janne Teller 150 trad. du danois par Laurence W.O. Larsen ; ill. Jean-François Martin. Paris : Éd. Les Grandes personnes, 2012. - 60 p. : ill., couv. ill. ; 14 x 10 cm. ISBN 978-2-36193-138-4 (br.) : 7,90 Pour lutter contre le racisme et le rejet des étrangers, l’auteure, Danoise elle-même, issue d’une famille d’immigrés, a écrit ce roman à la traduction variable, le pays victime de la guerre étant celui de l’édition traduite. Ici, c’est donc la France qui est victime et les Français qui doivent fuir vers l’Égypte, un des rares pays calmes et acceptant encore (quasi sans conditions) des réfugiés. Là, ils seront confrontés aux camps d’attente, à la promiscuité, à l’attente, au rejet, à la misère, aux difficultés de l’intégration… mais aussi à leur propre évolution. Présenté sous la forme anodine d’un passeport, un texte-choc qui détruit les illusions et met à mal les certitudes. (A.L.) Le monde de Katniss est divisé en douze districts. Tous les ans, chacun d’eux tire au sort une fille et un garçon qui devront s’affronter à mort dans une arène lors d’un grand jeu télévisé. Pour sauver la vie de sa petite sœur, la jeune fille se porte volontaire. Même si elle a l’habitude de la débrouille, elle sait que ses chances de survie son quasi nulles. Pourtant, tout le monde ne semble pas penser comme elle. Bien fichu, bien torché, original, extrêmement bien mené et subtil dans le développement des sentiments. Le premier tome de la saga répond à toutes les attentes des lecteurs les plus exigeants. Tomes 2 et 3 à découvrir. 12 ans et plus. (D.D) CONFIRMÉS Hunger Games trad. de l’anglais par Guillaume Fournier. Paris : Pocket Jeunesse, 2009. - 398 p. : couv. ill. ; 23 x 14 cm. - (Grands formats). - ISBN 978-2266-18269-0 (br.) : 17,90 Suzanne Collins Imprégnation David Almond trad. de l’anglais par Diane Ménard. - Paris : Gallimard jeunesse, 2010. - 272 p. : couv. ill. ; 20 x 13 cm. (Scripto). - ISBN 9782-07-062722-6 (br.) : 11,2 Comme souvent, David Almond a choisi comme cadre une région qu’il connaît bien et qu’il affectionne, la campagne du nord de l’Angleterre, à la frontière de l’Écosse. C’est la fin du printemps. Le récit prend son envol dans un climat teinté d’onirisme : le jeune Liam et son ami Max suivent un oiseau – un choucas – qui semble leur indiquer une piste. Et, en effet, dans une vieille ferme, les deux enfants ne tardent pas à découvrir un bébé, enveloppé dans une couverture. Ce bébé, une petite fille qui sera prénommée Alison, sera adopté par les parents de Liam. Elle est photographe, lui est écrivain. C’est ce père écrivain qui expliquera à son fils le phénomène d’imprégnation. On songe à Konrad Lorentz et à ses oies bien sûr. Mais, plus généralement, aux premières secondes de vie qui « doivent être cruciales pour chacun de nous » ! Trois autres personnages vont jouer un rôle primordial dans le récit : Crystal et Olivier, deux adolescents orphelins, et aussi Nattrass, un jeune garçon provocateur et ambigu. « Imprégnation » – un des grands romans publiés en 2010 – parle de destin et de liberté, de réalité et de fiction, d’art et de voyeurisme, de violence et d’innocence… On le voit, il ne se laisserait pas enfermer dans une poignée de mots-clés. David Almond est le lauréat du prix Hans Christian Andersen 2010 et représentait le Royaume-Uni. (M.R.) 151 CONFIRMÉS L’Innocent de Palerme Silvana Gandolfi trad. de l’italien par Faustina Fiore. - Éd. Les Grandes personnes, 2011. - 268 p. : couv. ill. ; 23 x 13 cm. - Titre original : Io dentro gli spari. - ISBN 978-2-36-193088-2 (br.) : 16,50 Santino vit à Palerme dans une famille modeste. Il rêve de naviguer sur un voilier ; en attendant, il fait de la course à pied, entraîné par son père. Un règlement de compte entre son père, son grand-père et la mafia locale l’envoie, lui, à l’hôpital, eux, au cimetière. Et comme partout en Italie et en Sicile, c’est la loi de l’omerta qui règne. Il n’est pas question pour Santino de se transformer en « infâme » (c’est-à-dire celui qui trahit la mafia et pactise avec la police ou la justice). Et, pourtant, Santino lâchera un nom. Sur le continent, à Livourne (sur la côte toscane), habite et vit Lucio avec sa petite sœur et sa mère, presque impotente. Lucio joue le rôle de chef de famille et est constamment sur ses gardes. En été, quand il le peut, Lucio se donne à sa passion, la voile. Ce roman se présente à deux voix. Un aller-retour entre Santino et Lucio. L’un se pose des questions, l’autre en sait trop. Quel point commun réunit ces deux adolescents aux vies si différentes ? Et quand, enfin, le lien se noue, l’effet de surprise est garanti. Silvana Gandolfi nous entraîne dans un moment de lecture où superstition et justice nous font immanquablement penser au film Gomorra de Matteo Garonne sorti en 2008. Un roman qui se lit en une traite et à ne pas manquer. (J.-L.C.) Instinct : vol. 1 Vincent Villeminot Paris : Nathan jeunesse, 2011. 372 p. : couv. ill. ;21 x 14 cm. (Blast. série « Instinct » ; 1). - ISBN 978-2-09-202314-3 (br.) : 14,50 Vol. 2. - 326 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Blast. série « Instinct » ; 2). - ISBN 978-2-09252836-5 (br.) : 14,50 Vol. 3. - 384 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Blast. série « Instinct » ; 3). - ISBN 978-2-09252837-2 (br.) : 15,50 152 La vie de Tim bascule le jour où ses parents et son frère trouvent la mort dans un tragique accident de la route. Tim est le seul rescapé. Ses souvenirs sont flous et assez incohérents. Alerté par un confrère de l’état du jeune adolescent l’éminent professeur McIntyre du très secret institut de lycanthropie française décide de le prendre sous son aile. Tim intègre ce mystérieux centre de recherche qui abrite des métamorphes. Toutes les personnes admises dans l’institut ont la capacité de se transformer en animal. Le professeur est quant à lui persuadé que Tim a la faculté de se transformer en … grizzly. Il partage un chalet avec Flora et Shariff, deux adolescents avec lesquels il noue une relation d’amitié et de confiance. La vie au centre se déroule assez tranquillement pour Tim, entre les séances avec le professeur, les visites à la bibliothèque et ses discussions avec ses nouveaux amis. Cependant, la vie des pensionnaires et sans cesse menacée par des chasseurs particulièrement chevronnés qui cherchent à acquérir à tout prix le trophée que représente un métamorphe. Pour parvenir à leurs fins, ces chasseurs sont prêts aux pires abominations. Instinct est une trilogie trépidante qui met en scène un thème original mené avec brio par l’auteur. Les personnages sont attachants et acquièrent en profondeur et en personnalité au fil des pages. Les intrigues sont menées tambour battant et emmènent le lecteur à travers moult rebondissements. Cerise sur le gâteau, l’auteur nous propose une fin alternative disponible sur facebook grâce à un code d’accès disponible dans le dernier tome. A découvrir ! (C.C.) Charlotte Moundlic [Paris] : Thierry Magnier, 2011. - 47 p. : 15 x 11 cm. - ISBN 978-284420-883-5 (br.) : 5 Par un beau matin, on sonne à la porte. Maman se lève et va ouvrir : plusieurs personnes inconnues se tiennent là, un seul parle notre langue. D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? Ils demandent à entrer et nous les invitons à partager notre repas. D’autres étrangers se sont aussi installés dans les autres maisons du village. Au début, tout se passe bien, les invités sont gentils, nous partageons notre maison, notre lit, notre table. Ils nous apprennent leur langue, des chansons, ils nous donnent des graines à planter dans le sable pour avoir une meilleure récolte. Un jour pourtant, les invités emportent toute la belle récolte. Un jour, nous nous sentons étrangers dans notre pays. Alors, pour retrouver notre terre et notre liberté, nous nous révoltons. Ne vous y trompez pas, quoiqu’avec des mots simples, ce roman au petit format n’en abrite pas moins un texte dur et terriblement juste sur le thème de la colonisation. (V.G.) CONFIRMÉS Les Invités Je préfère qu’ils me croient mort Ahmed Kalouaz Rodez : Rouergue, 2011.- 99 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (DoAdo monde). - ISBN 9782-8126-0195-8 (br.) : 9,50 Koumandi, un jeune footballeur africain, est remarqué par un recruteur italien. En échange d’une grosse somme d’argent, réunie par sa famille, Koumandi quitte l’Afrique en rêvant à sa future carrière internationale. Arrivé en France, à Paris, il se retrouve abandonné, livré à lui-même, sans papiers, sans argent : il subsiste grâce à quelques personnes qui lui apportent un peu de nourriture et de réconfort. Conscient d’avoir été berné, Koumandi ne baisse pas les bras, il ne peut pas abandonner et rentrer chez lui, alors que sa famille a tout donné afin qu’il devienne un grand champion. Il commence alors un long périple à travers la France afin de trouver une équipe, n’importe laquelle, qui lui offre un emploi. Ce court roman aborde avec beaucoup de talent le problème de ces jeunes adolescents qui abandonnent tout pour suivre un recruteur véreux qui leur promet un avenir brillant et riche au sein d’une équipe mondialement reconnue. C’est Koumandi qui raconte son histoire, qui nous fait vivre et partager, au jour le jour, ses peurs, ses angoisses et ses désillusions. Ce roman juste et captivant fait découvrir aux adolescents les coulisses des clubs de football, mais aussi le milieu des travailleurs clandestins. (V.S.) 153 CONFIRMÉS Jenna Fox, pour toujours Jenna reprend conscience après un an de coma. Tout autour d’elle a changé. Elle ne vit plus dans le même état ni dans la même maison. Sa grand-mère la regarde comme une étrangère et ses parents ont l’air d’avoir tellement de secrets qu’elle ne sait plus où chercher des réponses. Mais celles qu’elle doit découvrir sont celles-ci : qui est-elle et que s’est-il passé ? Dans un univers tout à fait réaliste et proche du nôtre, ce roman d’anticipation développe sa thématique et sa réflexion en jouant avec la curiosité du lecteur, qui, comme Jenna, veut découvrir ce qui s’est passé. Et réfléchir au bien-fondé de certains progrès de la science. (D.D.) trad. de l’anglais (E.-U.) par Faustina Fiore. - Paris : Les Grandes personnes, 2010. 280 p. ; ill. ; 23 x 13 cm. - ISBN 978-2-361-93012-7 (br.) : 14 Mary E. Pearson L’Héritage Jenna Fox Mary E. Pearson 154 trad. de l’anglais (E.-U.) par Valérie Le Plouhinec. - Paris : Les Grandes personnes, 2011. - 398 p. : couv. ill. ; 23 x 13 cm. - (Les Grandes personnes). - ISBN 978-236193-099-8 (br.) : 18 Ce roman d’anticipation fait suite à « Jenna Fox, pour toujours », mais peut se lire indépendamment. Dans « Jenna Fox », l’auteure imaginait la reconstruction – en toute illégalité et en grand secret – d’un être humain très abîmé. Ici, elle fait un pas de plus et part de l’hypothèse qu’il serait possible de « scanner et télécharger l’esprit d’un être humain dans un environnement spécial », même si le corps a été physiquement détruit et que tout un chacun le considère comme mort ! C’est ce qui est arrivé à Kara et Locke, victimes du même accident de voiture que leur amie Jenna. Deux cent soixante ans plus tard, un savant visionnaire et mercantile réussit à « réveiller » les deux jeunes gens et à les reconstruire à peu près dans leur état d’avant l’accident. Mais l’histoire ne fait que commencer. Car nos deux jeunes gens vont fuir leur « bienfaiteur ». Et, dans une Amérique inconnue et inquiétante, ils vont tenter de retrouver la piste de leur copine Jenna, supposée responsable de leur long purgatoire. Amour et jalousie ne sont pas absents du récit que pimentent en prime des préoccupations d’ordre vaguement politique. Cela donne quelque chose de rocambolesque, mais habilement construit – les Américains savent y faire – et on ne s’y ennuie pas. La 20th Century Fox ne s’y est pas trompée qui aurait déjà acheté les droits d’une adaptation cinématographique de « Jenna Fox, pour toujours ». (M.R.) Marguerite, née en 1347, est la seule fille du comte de Flandre qui voulait un garçon comme héritier. Effrontée et rebelle : elle ne veut pas d’époux et s’oppose à la décision de son père d’épouser le fils du roi d’Angleterre. Usant de tous les moyens pour y échapper, elle ne peut empêcher la réalité de la rattraper… Toute sa vie, elle n’aura de cesse de se délivrer des convenances pour vivre librement. Beau portrait de femme à la personnalité forte. De multiples détails sur la vie du Moyen Âge rendent ce roman très intéressant : les durs hivers, la guerre, les jeux d’enfant, les occupations (broderie, tricot et Bible pour les femmes et chevalerie pour les hommes), la religion, les mariages imposés, la peste… Sélection prix Farniente 2011, catégorie 2 baskets). (N.T.) CONFIRMÉS La Jeune Fille rebelle trad. du néerlandais par Jean-Philippe Bottin et Anne Rogghe. - Namur : Mijade, 2009. - 282 p. : ill., couv. ill. ; 21 x 11 cm. - ISBN 978-287423-050-9 (br.) : 12 JeanClaude van Rijckeghem*, Pat van Beirs* K-Cendres Antoine Dole Paris : Sarbacane, 2011. - 192 p. : couv. ill. ; 19 x 13 cm. - (Exprim’). ISBN 978-2-84865-479-9 (br.) : 14,50 1995, Paris, hôpital Sainte-Anne. Alexandra est hospitalisée en psychiatrie. Les médecins ne s’attendent pas à voir une amélioration et doutent de la voir sortir un jour. 2010, Zénith de Paris. Alexandra est connue désormais sous son nom de scène : K-Cendres. Elle est finalement sortie de l’hôpital et a été repérée par le manager d’un petit label indépendant qui lui a donné sa chance. Et cette chance, Alexandra ne l’a pas laissé passer. Elle surplombe le hit-parade et fait sold out à chacun de ses concerts. Mais elle reste fragile. Pour elle, chanter relève plus de la nécessité que de la gloire qu’elle pourrait en tirer. Elle refuse toutes les tournées de promotion et les interviews. Elle ne se laisse pas facilement manipuler. Alors, pour assouvir leur désir de gloire et d’argent, les responsables de la boîte de disque vont mettre au point une stratégie malsaine qui leur permettra d’assouvir leurs fantasmes. La collection « Exprim’ » reste fidèle à sa ligne éditoriale. La fin est pour le moins surprenante et nous offre un beau retournement de situation. Un récit poignant et bouleversant. (C.C.) 155 CONFIRMÉS Krabat Otfried Preussler trad. de l’allem. par Jean-Claude Mourlevat. - Paris : Bayard jeunesse, 2010. - 322 p. : couv. ill. ; 14 x 11 cm. - (Millezime). ISBN 2-7470-2607-9 (br.) : 11 Sur les chemins d’une Allemagne sombre et médiévale, Krabat, jeune mendiant, et deux compagnons d’infortune. Onze corbeaux lui apparaissent en rêve tandis qu’une voix lui ordonne de rejoindre le moulin de Koselbruch. Il s’y fait donc engager comme apprenti et découvre, aux côtés de ses onze camarades, que ce moulin n’a pas pour vocation principale de produire de la farine. En effet, c’est un haut lieu de magie noire, et le maître, s’il a le droit de vie ou de mort sur ses apprentis, rend lui-même des comptes à un personnage terrifiant… Heureusement, cet apprentissage sera aussi celui de l’amitié, de la solidarité et même de l’amour. Avec ce récit, primé en Allemagne dès sa parution en 1971, traduit en 1974 sous le titre « Les douze corbeaux », paru en 1994, en Poche Jeunesse, sous le titre « Le maître des corbeaux », nous tenons un classique, directement issu du conte et du fantastique allemands. Les jeunes lecteurs apprécieront ce roman initiatique où interviennent aventure, mystère, angoisse, suspense et même quelques touches d’humour. À partir de 13 ans. (L.L.) Le faire ou mourir Claire-Lise Marguier 156 Rodez : Rouergue, 2011. - 102 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-0258-0 (br.) : 9,50 Damien est un garçon sensible, méprisé par ses copains de classe depuis toujours ; il se sent incompris de ses parents. À son arrivée dans un nouveau collège, il se retrouve par miracle sous la protection de Samy et de sa bande de copains. Damien devient Dam, adopte piercings et vêtements noirs comme sa bande et, surtout, trouve auprès de Samy un véritable ami et même plus, au point de déclencher des représailles chez son père contre ces « mauvaises fréquentations ». Samy est un garçon bien dans sa peau et sait dire naturellement son attirance pour Dam, par contre, Dam, étant incapable d’exprimer sa souffrance, se scarifie les cuisses. Il lui faut chaque soir « libérer son sang » pour se sentir mieux. « Tant que je saigne, je suis vivant », dit-il. Car Dam a peur, de tout le monde et surtout de lui-même. Les deux garçons finissent par s’afficher ensemble au collège et tant pis si on les traite de « tapettes ». Résistant à la colère paternelle, Dam retrouve Samy en cachette, pour parler, écouter de la musique et s’embrasser. L’amour entre les deux garçons est si intense qu’on pourrait espérer qu’il libère Dam de sa souffrance. Le jour de son anniversaire, les deux garçons se retrouvent dans sa chambre et le titre du roman trouve enfin son explication : faire l’amour pour la première fois ou mourir. Ce livre va bien plus loin que les romans pour ados habituels, il est rempli d’émotion, de sentiments et la fin vous surprendra. À partir de 13 ans. Fait partie de la sélection prix Farniente 2013, catégorie basket verte. (N.T.) Jenny Valentine trad. de l’anglais par Diane Ménard. - Paris : l’école des loisirs, 2010. - 230 p. : couv. ill. ; 19 x 13 cm. (Médium). - ISBN 978-2211-09222-7 (br.) : 11 Violet est morte en 2002, à l’âge respectable de 75 ans. Lucas la rencontre dans le bureau d’une compagnie de taxis, environ cinq ans plus tard… Bizarre ? Pas si l’on considère que Violet repose dans son urne funéraire, elle-même déposée sur l’étagère des objets trouvés ! Et comme Lucas est abandonné depuis aussi longtemps que Violet, par un père dont il continue à porter les vêtements, dans une sorte de fidélité admirative, cette rencontre ne pouvait être que décisive. Lucas adopte Violet, la ramène chez lui et, enquêtant pour savoir qui elle était, pourquoi on l’a oubliée, enquête aussi sur son père. Car les chemins de l’un et de l’autre s’étaient croisés… Et le lecteur est captivé par cette enquête qui est aussi une quête de soi, entre énigme et roman psychologique. Les découvertes de Lucas ne brossent pas le portrait d’un héros et c’est là toute l’originalité du récit : pas de père idéal pour ado en manque de modèle, mais une vérité en demi-teinte et des secrets de famille. (L.L.) CONFIRMÉS Ma rencontre avec Violet Park Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos, a écrit en 2005 ce premier roman en partie autobiographique. Un voyage fantastique dans le pays des morts. Une évasion dans l’imaginaire qui va permettre au narrateur, Mathias, de passer d’un monde enfantin peuplé de superhéros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes. Un roman onirique qui n’est pas sans rappeler les mondes de Tim Burton et de Lewis Carroll. C’est drôle, émouvant, tragique et poétique à la fois. Première édition en 2005. À partir de 13 ans. (Al.De) in Libbylit 105, p. 32 Mathias Malzieu Paris : Flammarion, 2012. - 224 p., couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (Tribal). ISBN 978-2-08-127932-2 (br.) : 10,50 157 CONFIRMÉS Merveilleux Moyen Âge Béatrice Fontanel Paris : Palette, 2010. 88 p. : ill., couv. ill. ; 37 x 26 cm. - ISBN 978-2-35832-046-7 (cart.) : 24,85 Béatrice Fontanel nous offre une plongée au cœur du Moyen Âge et de ses fabuleux livres enluminés. Les illustrations, souvent en pleine page, sont d’une qualité exceptionnelle. Elles nous font découvrir l’histoire tant profane que sacrée : mythologie et chevalerie, représentation et création du monde, animaux fantastiques, vies de rois et de saints… Le préambule, assez technique, nous éclaire sur le mode de fabrication des manuscrits. Les commentaires des enluminures, très fouillés, s’adressent à un public de grands adolescents, voire d’adultes. Le merveilleux qui s’en dégage n’empêche pas une seconde lecture, pour les petits, et invite à l’imaginaire, à la création… des animations en perspective. (V.S.) Mistik Lake Martha Brooks 158 trad. de l’anglais (Canada) par Fenn Troller et Emmanuèle Sandron*. - Bruxelles : Alice Jeunesse, 2010. - 245 p. : couv. ill. ; 24 x 15 cm. - (Les Romans). - ISBN 978-287426-116-9 (br.) : 14 Un lac, dans le Grand Nord canadien, un lac gelé où un tragique accident coûte la vie à trois jeunes gens. Seule Sally échappe à la mort. C’était en 1981. Aujourd’hui, sa fille Odella est la narratrice d’un récit où le passé pèse lourdement sur le présent de la jeune fille et de ses sœurs. Elle dira « Non, notre famille n’est pas une famille heureuse ». Odella est le cœur du roman. Toutes les émotions ressenties convergent vers elle. C’est par ses yeux que nous voyons évoluer les autres personnages. Dans cette chronique familiale faite de non-dits, de révélations, de secrets, le fil conducteur, c’est le temps, le temps d’aimer, le temps de souffrir, le temps d’apprendre les leçons de la vie. Autour de la narratrice, des êtres tendres, inquiets, ses sœurs, sa mère, celle qui partira, celle qui a survécu à ce mortel accident, qui porte encore les traces d’un passé obscur. Pourquoi Sally semble-t-elle marquée par ce terrible événement ? Odella pose des questions. Une atmosphère à la fois dense et troublante, une histoire dans laquelle évoluent des membres de la famille, mais aussi ceux d’une communauté islandaise, immigrée depuis le XIXe siècle. Deux grands thèmes : celui de la mort et de l’absence. Comment combler le vide ? Écriture limpide qui suit les mouvements des émotions vécues par Odella. Étude subtile des doutes, des questionnements. Un livre généreux qui apprend les choses de la vie. À partir de 14-15 ans. (A.D.) in Libbylit 94, p. 10 Quand on veut faire changer toute l’installation électrique de sa maison, mieux vaut faire appel à des magiciens. C’est plus rapide et surtout beaucoup moins salissant. Pourtant, si la magie est acceptée par la population, elle suscite encore pas mal de méfiance. Et les magiciens lunatiques aux pouvoirs aléatoires ne sont pas des plus faciles à gérer. Jennifer Strange, jeune directrice intérimaire de la société Kazam, en sait quelque chose. Quand, en plus, elle se voit désignée à son corps défendant comme la dernière tueuse de dragons, il ne lui en faudrait pas beaucoup pour être découragée. Et puis, elle n’a aucune intention de tuer de dragon, non, mais sans blague ! À partir de 14 ans. (P.H.) Jasper Fforde trad. de l’anglais par Michel Pagel. - Paris : Fleuve noir, 2011. - 294 p. ; 23 x 15 cm. - (Territoires. Jennifer Strange ; 1). ISBN 978-2-26509306-5 (br.) : 16,12 CONFIRMÉS Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons À découvrir, le tome 2 : « Jennifer Strange, dresseuse de quarkons ». Mon père est américain Léo est le fruit des amours de jeunesse de sa mère avec un Américain. Ce dernier ignore son existence et Léo, de son côté, n’a qu’une seule photo de lui à laquelle se rattacher. Alors qu’il cherche à subtiliser une facture de téléphone avec lequel il a un peu abusé, Léo découvre que sa mère entretient des relations épistolaires avec son père. Une fois la colère et le sentiment de trahison évaporés, Léo se met en quête de son géniteur. Mais avec ce que sa mère va lui révéler, il est certain que leur premier contact sera quelque peu insolite. Fred Paronuzzi traite dans ce roman d’un sujet délicat, en l’occurrence la prison et le couloir de la mort, sans jamais tomber dans le pathos ni le larmoyant. C’est un récit assez court, mais très intense, qui amène sans cesse le lecteur à une réflexion sur le bien et le mal et les relations entre êtres humains. À partir de 14 ans. (C.C.) Fred Paronuzzi Paris : Thierry Magnier, 2012. - 141 p. ; couv. ill. ; 21 x 12 cm. - (Roman). ISBN 978-2-36474-0358 (br.) : 9,30 159 CONFIRMÉS Mon petit théâtre de Peau d’Âne L’artiste plasticien Jean-Michel Othoniel raconte comment il est devenu artiste. Marie Desplechin lui offre sa plume pour relater ces instantanés de vie. Ce documentaire présente ses œuvres, sculptures et aquarelles. Elles sont accompagnées par un texte qui présente la naissance de sa vocation, à la suite de la découverte du Petit Théâtre de Peau d’Âne de Pierre Loti. « C’est la tâche qui me revient : mettre en scène le Petit Théâtre ramené à la vie. » Fabrication, puis représentation exceptionnelle sous le regard admiratif du lecteur qui s’émerveille par tant de beauté. Un véritable petit chef-d’œuvre. Cet ouvrage a obtenu la pépite livre d’art 2011 au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. (I.D.) par Marie Desplechin et JeanMichel Othoniel Paris : Éd. courtes et longues, 2011. - 71 p. : ill., couv. ill. ; 25 x 18 cm. - ISBN 978-235290-075-7 (rel.) : 19,50 Le Monde dans la main Mikaël Ollivier 160 Paris : Thierry Magnier, 2011. - 171 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. - (Grand Roman). - ISBN 9782-36474-011-2 (br.) : 15,80 Las de l’héritage familial, Pierre, 16 ans, souhaite pour son anniversaire une chambre à lui. Quoi de plus merveilleux que de faire son choix chez IKEA ! Et on sent le vécu, car l’auteur décrit à merveille une visite dans cette chaîne de magasins avec bien des inconvénients, comme celui de la file aux caisses, du transport et du montage. Cette visite chez IKEA est le point de départ de ce roman qui tourne sur une note de drame familial. Sur le parking et sans un mot, la mère abandonne son fils et son mari et l’on ne la reverra plus. Un seul message par SMS les rassure, mais les laisse sans voix : « Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n’en peux plus, c’est tout. » Le père tombe dans une déprime profonde et Pierre devra assurer la gestion de la maison. Par petites touches, on en apprend un peu plus sur cette famille que Pierre connaît si mal. Grands-parents qui livrent des secrets de famille, une tante qui raconte son seul amour et la boulangère du quartier qui marque une affection toute particulière à son père. Dans cette famille aux convictions très catholiques, Pierre apprend à se débarrasser de ses peurs et découvre l’amour bien tard. Pierre n’a finalement qu’une seule confidente, sa sœur, avec qui il communique par SMS, enfin c’est ce que l’on croit. Car le drame est bien là et exprime toute la douleur d’une mère et de Pierre qui se sent coupable. Je ne souhaite pas vous dévoiler le roman dans les moindres détails, mais il est sûr qu’une fois de plus, Mikaël Ollivier excelle dans le roman familial où tout semble compliqué, mais se résout avec une logique qui est celle de la « vie qui continue ». Un bon roman de délassement construit par de courts chapitres, nous tenant en haleine et où les personnages prennent toute leur place avec une certaine sensibilité. Prix Sorcières 2012. Fait partie de la sélection du prix Farniente 2013, catégorie basket verte. À partir de 14 ans. (L.B.) in Libbylit 101, p. 41 Cornelia Funke trad. de l’allemand par Marie-Claude Auger. Paris : Gallimard jeunesse, 2010. 761 p. : ill., couv. ill. ; 23 x 16 cm. - (Hors série littérature). Fait suite à : « Cœur d’encre » et « Sang d’encre ». ISBN 978-2-07-062203-0 (br.) : 22,40 Après « Cœur d’encre » et « Sang d’encre », voici le troisième et dernier tome de la trilogie. En fin de 2e tome, Doigt de Poussière est arrivé à faire revenir Farid à la vie. Mais c’est lui qui mourra en échange. Farid promettra alors de faire revenir son ami. En début de 3e tome, Meggie et Farid ont fait venir Orphée dans le Monde d’encre pour qu’il ressuscite Doigt de Poussière. Mais, dans un même temps, il provoque la mort de Mo le relieur. La mort, présentée sous la forme de femmes blanches, va conclure un marché avec Mo et Doigt de Poussière. Elle leur permettra de vivre à condition qu’ils lui livrent Tête de Vipère, le prince le plus cruel du Monde d’encre, père de Violante. Alors que Mo sera fait prisonnier par Tête de Vipère, Violante aidera Mo à se réfugier au château du Lac. Elle souhaite qu’il tue son propre père. C’est finalement grâce à Jacopo, le petit-fils de Tête de Vipère, que Mo pourra écrire sur le livre les trois mots : cœur, sang, mort qui provoqueront l’anéantissement de ce tyran. Ce dernier tome signe un fabuleux happy end pour cette très belle trilogie fantastique. Copieux volume, riche en péripéties, dont le lecteur savourera la progression avant de découvrir le dénouement dans un grand ouf de soulagement, ayant vécu bien des événements avec les personnages d’un monde fait d’encre et de mots, mais pourtant si cruel et violent. Un véritable chef-d’œuvre à ne pas louper ! (I.D.) CONFIRMÉS Mort d’encre 161 CONFIRMÉS Musique (s) « Tothème » est une collection destinée aux ados, analysant un sujet en soixante étapes, permettant de bien visualiser, dans ce cas présent, les principaux courants musicaux et les artistes emblématiques de ces dernières décennies. D’autres aspects liés à notre société, au business, aux changements de support ou encore au métier sont également soulevés. Hervé Guilleminot JeanBaptiste de Panafieu 162 Paris : Gallimard jeunesse, 2010. 58 p. : ill., couv. ill. ; 28 x 19 cm. - (Tothème). ISBN 978-2-07-063462-0 (br.) : 13,90 Paris : Gallimard jeunesse, 2009. - n.p. : ill., couv. ill. ; cartes ; 28 x 19 cm. - (Tothème). Sites Internet. Bibliogr. ISBN 978-2-07-061213-0 (br.) : 13,90 Musique (s) Un documentaire très intéressant, bien fourni avec, en fin d’ouvrage, une présentation des plus grands concerts organisés, des cent chansons qui ont marqué l’histoire de la pop et du rock à écouter sur Deezer, des sites Web intéressants, des musées consacrés à la musique, des films et documentaires… Une collection à découvrir absolument ! (V.F.) L’Environnement À travers soixante thèmes répartis en neuf points de vue, l’auteur nous fait découvrir le fonctionnement de notre planète et les menaces qui pèsent sus la survie de notre écosystème. L’ouvrage explique de manière claire et par des illustrations des concepts tels que l’empreinte écologique et l’effet de serre. Le livre propose également des solutions concrètes nous permettant d’agir sur notre environnement : agriculture bio, recyclage, etc. En dessous de chaque page, un renvoi vers une autre partie du document permet de compléter l’information. Si l’on suit ces renvois, on « surfe » dans l’ouvrage comme on pourrait le faire sur Internet. Ce livre dynamique, précis et richement illustré est un ouvrage attrayant sur un sujet complexe. (KH.K.) Autres titres : « Le Football » « L’Art » « L’Automobile » « La Mythologie »… Melvin Burgess trad. de l’anglais par Laetitia Devaux. - Paris : Gallimard, 2010. - 395 p. ; 21 x 14 cm. - ISBN 978-20706-2421-8 (br.) : 14 Nicholas vit seul avec sa mère. Ils ne sont pas malheureux, même si le quotidien n’est pas facile. Jusqu’au jour où elle meurt d’une overdose. Et là, tout bascule. Le système rattrape le garçon et, même si certains amis sont prêts à l’aider, l’administration s’empare de lui et le place dans un foyer pour garçons où il est à la merci de la cruauté des surveillants, soumis à la violence de ses condisciples et une proie idéale pour un directeur adjoint concupiscent. Sa seule solution est la fuite. Et la vie de débrouille et de petits larcins. S’il y arrive… Melvin Burgess s’est souvent fait la voix des oubliés de la société, des laissés-pour-compte. Il s’en prend sans tabou à un système qui les écrase. C’est encore le cas cette fois, dans un texte puissant où rien ne nous est épargné de ce que nous préférerions ignorer. Heureusement, Burgess nous laisse aussi entendre que tant qu’il y a de la vie, il reste de l’espoir. (D.D.) CONFIRMÉS Nicholas Dane Où vas-tu Sunshine ? Holly, 15 ans, vit depuis longtemps en foyer d’accueil où elle est considérée comme « difficile ». Placée dans une famille, elle ne parvient pas à s’y adapter et rêve de gagner l’Irlande, le pays de sa mère. Coiffée d’une perruque blonde trouvée dans un tiroir, elle devient Sunshine, la blonde ravageuse et glamour qui n’a peur de rien. Sa fugue vers une Irlande idéalisée la fera rencontrer toutes sortes de personnages plus ou moins chaleureux. Un roadmovie, mais aussi un cheminement intérieur, qui vont mener Holly aux portes de l’Irlande et la placer devant une réalité beaucoup moins rose que dans ses rêves. Un roman haletant où la force de vie finit par l’emporter. (K.S.) Siobhan Dowd traduit de l’anglais (G.-B.) par Bee Formentelli. Paris : Gallimard jeunesse, 2010. - 349 p. : ill., couv. ill. ; 20 x 13 cm. (Scripto). - ISBN 978-207062672-4 (br.) : 13 163 CONFIRMÉS Lise Martin Carnières : Lansman, 2010. - 58 p. ; 21 x 12 cm. - (Théâtre à vif ; 147). - ISBN 978-2-87282-792-3 (br.) : 10 Pas mal de textes écrits pour le théâtre peuvent se lire comme des romans. Il en est ainsi pour ce monologue d’un gamin attachant, pas très bon élève, qui jette sur le monde un regard à la fois lucide et naïf. En une vingtaine de courtes scènes, l’école est disséquée dans tous ses aspects, avec un sens aigu de l’observation. À eux seuls, les titres de ces « chapitres » sont évocateurs : « L’école », « La géographie », « La concierge », « Absent », « La cantoche », « La visite médicale », « L’étude », « La bibliothèque », « Les sorties », « Le français », « Les jeux dans la cour de récré », « L’élection du délégué », « La classe de nature », « Le centre de loisirs », « Rendez-vous avec la maîtresse », « Le cours d’anglais », « Les mathématiques », « La visite du policier », « La fête de l’école ». Sans doute, pour que ce texte devienne véritablement un « livre », faudraitil repenser sa présentation, de façon à ce qu’il puisse soutenir la comparaison avec les beaux « objets » proposés en littérature de jeunesse. Ainsi, il pourrait ainsi mieux trouver sa place sur les tables et dans les rayonnages et, par conséquent, atteindre un plus grand nombre de lecteurs. Une entreprise qui, il y a peu, a été réussie par la maison d’édition Le bonhomme vert, avec « Crocus et fracas » de Catherine Anne, spectacle devenu album grâce, notamment, aux illustrations de Mélusine Thiry et à une mise en page raffinée. Pour en revenir au travail de prospection des éditions Lansman, signalons encore, parmi les titres récents, deux textes du grand homme de théâtre que fut Marcel Cremer : « Le bon berger » et « Le chat-requin ». Bilingues français/allemand, ces cahiers pourront notamment trouver une place ludique dans un cadre scolaire. Quant à « Mon père, ma guerre », de Ricardo Montserra, c’est un texte flamboyant qui entraîne le lecteur dans l’Andalousie franquiste de l’après-guerre civile. Sous le titre « La fille rouge », il fut finaliste du Premier prix Annick Lansman. (M.R.) Peine maximale Anne Vantal Ce récit s’ouvre sur un procès d’assises à Paris, qui se déroule sur trois jours et un peu plus de trois cents pages. Kolia et Léna, frère et sœur, sont jugés pour vol et surtout kidnapping d’un bébé de trois mois. Annette, la sœur cadette de Kolia et Léna, assiste, impuissante, au jugement, tous trois appartenant à une famille déchirée. Et, comme à tout procès, on retrouve à la barre accusés, victimes, témoins, avocats et procureur. L’ouvrage est divisé en courts chapitres dans lesquels chaque intervenant à ce procès a la parole, même les membres du jury dont on suit leurs pensées tout au long de l’évolution de cette affaire. Le lecteur, quant à lui, n’est pas en reste. Il devient lui-même juré le temps de la lecture du livre. Un excellent roman qui se lit d’une traite et dont on a hâte de connaître le verdict. (J.-L.C.) Arles : Actes Sud junior, 2010. - 310 p. : couv. ill. ; 22 x 14 cm. - (Romans ado). ISBN 978-2-7427-8718-0 (br.) : 13,70 164 texte collectif de poètes ; ill. de Rascal* Andernos-les-Bains : l’Édune, 2011. 32 p. : ill., couv. ill. ; 27 x 19 cm. - (Rêve et ris). - ISBN 978-235319-064-5 (cart.) : 13,40 Ce recueil se veut une offrande, celle d’un vagabond autodidacte, amoureux depuis l’école des « Amis que vent emporte » (La complainte Rutebeuf). Ce choix subjectif, et c’est peut-être là son charme, emmène le lecteur dans la découverte (ou la redécouverte) de douze textes français sobres, rigoureux et donc classiques. S’il est fort probable que l’adulte retrouve les rythmes qu’il a appris sur les bancs de l’école (Villon, Baudelaire ou Rimbaud ne se laissent pas facilement oublier), il est moins évident que l’enfant ou l’adolescent ait dans l’oreille les sonorités mélancoliques (« Vienne la nuit sonne l’heure/Les jours s’en vont et je demeure », Le pont Mirabeau, Guillaume Apollinaire) des bardes d’hier et d’aujourd’hui. Il est vrai que la poésie, à l’heure actuelle, n’est plus en vogue et que s’en réclamer devient presque un acte séditieux. Nous reconnaissons bien là la délicieuse gouaille de Rascal. Non content d’offrir ce qu’il appelle « la clé de nouveaux mondes », il dévoile aussi la profondeur de son amour de la poésie par le biais non de mots, mais de portraits retravaillés de ces chantres de la langue française. Le pastel, la linogravure ou la gravure sur bois servent ainsi l’enthousiasme de ce musicien des sensations qui parvient, en quelques traits, à redessiner un visage entrevu sur des documents iconographiques (j’ai fort apprécié les physionomies d’Apollinaire et de Raymond Queneau qui en deviennent presque beaux). Il est donc bien vrai que « Le poète a toujours raison/Qui voit plus haut que l’horizon » (Jean Ferrat). Un album à distinguer, car différent de la production parfois redondante en littérature de jeunesse. (M.M.D.) in Libbylit 100, p. 13 CONFIRMÉS Les Poètes ont toujours raison Poil au nez Cécile Chartre Rodez : Rouergue, 2010. - 89 p. : couv. ill. ; 17 x 12 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-0099-9 (br.) : 6,50 31 décembre 2009. Angel, 16 ans, voit d’un mauvais œil sa bande de copains débarquer pour passer le réveillon avec lui. Supporter leurs blagues souvent lourdes en ce jour si particulier, c’est dur ! Car, cette nuit, Angel a rendez-vous avec son père, décédé il y a dix ans, et qui, avant de mourir, lui a confié une boîte, avec l’interdiction formelle de l’ouvrir avant le 1er janvier 2010. C’est dire si cette date compte énormément pour Angel, toujours affligé par la mort de ce père tant aimé et qui lui manque tellement… « Poil au nez », avec ce titre humoristique, est en fait un merveilleux roman sur le deuil, drôle et sensible. De l’émotion, on en trouve à toutes les pages... avec, au bout du livre, un véritable message d’amour : la dernière blague d’un père qui, dix ans après sa mort, secoue son fils, lui demande de laisser son fantôme de côté, pour affronter la vie avec optimisme et légèreté. Le texte, mélange de souvenirs et de moments du présent, nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages où nous découvrons, en même temps qu’Angel, le fameux contenu de la boîte. Et quelle surprise ! (N.G.) 165 CONFIRMÉS Premier chagrin « Vous avez quel âge ? » « Quatorze ans. » « Vous avez déjà gardé des enfants ? » « Non. » « Ce n’est pas grave. Je vous attends demain à 17 h. » Le lendemain, Sophie rencontre Mouche, une grand-mère dont les petits-enfants ne sont pas là aujourd’hui : Mouche veut d’abord lui parler, car c’est un peu particulier comme baby-sitting. En effet, Mouche a un cancer et il lui reste un peu de temps avant de mourir : elle voudrait préparer ses petits-enfants à son départ. Mais les jours passent et Sophie n’a toujours pas d’enfants à garder… Habilement, Eva Kavian écrit un roman sur la vie, les histoires de famille, avec des personnages travaillés qui nous font vivre leurs émotions. À partir de 12 ans. Fait partie de la sélection prix Farniente 2013, catégorie basket jaune. Prix Libbylit 2012, catégorie roman belge. (C.D.) Eva Kavian* ; ill. de couv. Annick Masson* Namur : Mijade, 2011. - 192 p. : couv. ill. ; 18 x 13 cm. (Zone J). - ISBN 978-2-87423-075-2 (br.) : 7 Revolver Marcus Sedgwick 166 trad. de l’anglais par Valérie Dayre. -Paris : Thierry Magnier, 2012. 203 p. ; 21 x 12 cm. (Roman). - Titre original : Revolver. - ISBN 978-236474-034-1 (br.) : 11,40 En 1910, dans le Grand Nord suédois, aux confins du cercle polaire, Sig, 14 ans, vit avec sa sœur, sa belle-mère et son père, dans une cabane perdue au milieu des neiges et de la glace. Sig veille son père, mort de froid pour être tombé dans l’eau en traversant le lac gelé. Il attend de l’aide, sa sœur et sa belle-mère étant parties à la ville pour cela. C’est alors qu’un inconnu survient et s’installe, menaçant Sig et réclamant l’or que le père aurait volé. À ce moment du récit, le texte alterne entre le temps présent (1910) et des flash-back transportant le lecteur en 1899, époque pendant laquelle les parents de Sig vivaient en Alaska et où le père était testeur d’or. Rien dans le récit ne nous apprend que le père de Sig aurait volé quoi que ce soit. Alors qui est cet individu, ce Wolff, menaçant Sig avec un colt tout neuf, alors que, lui, sait caché quelque part dans la maison le vieux révolver rouillé, à peine utilisable, du père. Dans ce huis clos pesant comme la neige entourant la cabane, Sig devra trouver une solution face à cette menace, solution qui lui viendra du souvenir des paroles de son père : « Un pistolet n’est pas une arme. C’est une réponse […]. » Un excellent roman qui vous tient en haleine du début à la fin. (J.-L.C.) Le choix de l’auteure dans ce roman historique, comme elle l’indique elle-même en préambule, est de faire revivre Rimbaud en nous narrant les épisodes marquants de sa vie. Pour cela, elle s’appuie sur la correspondance entretenue entre le poète et sa sœur, mais aussi avec d’autres personnes importantes dans sa vie, ainsi que sur un travail universitaire. Elle choisit de nous présenter Rimbaud à l’aube de sa vie, qui dialogue avec sa sœur Isabelle et lui raconte sa vie de voyageur, ses rencontres, ses amours, ses choix… Le récit, entrecoupé d’extraits qui accompagnent la narration, se termine à la mort du poète. Magali Wiéner Paris : Oskar jeunesse, 2009. - 127 p. : ill., couv. ill. ; 19 x 15 cm. (Culture & société. Littérature). - ISBN 978-2-35000-460-0 (br.) : 8,95 CONFIRMÉS Rimbaud, une vie en enfer Le livre s’ouvre ensuite sur un dossier qui retrace la vie et l’œuvre de Rimbaud et nous montre comment ses écrits sont arrivés jusqu’à nous. (C.H.) Focus Oskar Éditions – Collection : « Histoire Et Société » Jeune maison d’édition qui fêtera bientôt ses dix ans d’existence, Oskar Éditions nous propose ici une collection tout à fait intéressante, tant par les sujets abordés que par la présentation des ouvrages. En effet, qu’il s’agisse d’un roman historique abordant une période ou un fait historique (« J’ai vu pleurer un vieux Tsigane », « Une grève chez Pharaon ? »…) ou d’une biographie romancée d’un personnage célèbre (Rimbaud, Louise Michel, Nelson Mandela…), chaque ouvrage est complété d’un dossier bien documenté de quelques pages, qui replace le sujet abordé dans l’histoire de l’époque (coupures de presse, photos, contexte historique…). Voici trois ouvrages que nous avons particulièrement retenus : - « K – Ku Klux Klan – Les cagoules de la terreur » de Roger Martin - « Rimbaud, une vie en enfer » de Magali Wiéner - « L’Épée de Charlemagne » de Margot Bruyère 167 CONFIRMÉS Sale bête. Tome 1 : Hamster drame scénario de Maïa Mazaurette ; dessins de Krassinsky couleurs de Laetitia Schwendimann. Marcinelle : Dupuis, 2012. - 54 p. : ill., couv. ill. ; 30 x 22 cm. - (Série « Sale bête » ; 1). - ISBN 978-28001-4999-8 (cart.) : 10,60 Pour son anniversaire, les parents d’Amandarine et sa grande sœur lui offrent un hamster tout droit sorti de La Fabrique, une firme d’un genre nouveau qui propose aux acheteurs de sélectionner toutes les caractéristiques de leur animal domestique. Mais la bestiole qui débarque dans leur famille n’a rien à voir avec celle commandée sur le catalogue. Un énorme bug est survenu et une grosse partie des animaux livrés par La Fabrique ne correspond en rien aux commandes des clients. La bestiole est sale, vulgaire, fourbe et teigneuse. Le débat est lancé dans la maison : doit-on ou pas garder l’immonde animal ? C’est un duo inédit, mais néanmoins accompli, qui nous livre cette histoire drôle certes, mais assez caustique. À noter, les savoureuses répliques de la bestiole confrontée à sa nouvelle famille d’adoption. Un second tome est prévu pour la fin de l’année. (C.C.) Sans la télé Guillaume Guéraud 168 Rodez : Rouergue, 2010. - 112 p. : couv. ill. ; 21 x 14 cm. - (DoAdo). ISBN 978-2-8126-0162-0 (br.) : 9,50 Depuis le réalisme accusateur de « Cité Niquele-Ciel » jusqu’à la violence gore de « Déroute sauvage », la bibliographie de Guillaume Guéraud a chaque fois surpris le lecteur, en l’entraînant dans toutes les variétés du « noir ». L’auteur surprend à nouveau en s’engageant cette fois dans un tout autre registre : le récit d’une enfance et d’une adolescence dont la télévision a été bannie. « La télévision, ça rend les yeux carrés ! » disait sa mère. « La télévision, c’est un poison qui rend con ! » proférait son oncle Michel. Mais comme sa mère aimait le cinéma et que le gamin ne pouvait rester seul à la maison, le cinéma a remplacé la télévision. Et il a pris une place telle dans la vie du gamin que les séances avec maman n’ont très vite plus été suffisantes. Chacun des dix-neuf chapitres fait avancer le récit – à la première personne – à partir de souvenirs liés à un film. Et, à la fin, une filmographie reprend la liste des principaux titres cités avec, en plus – cerise sur le gâteau –, « une bonne raison de le voir ». Allemagne année zéro, L’Année du dragon, La Belle et la Bête, Les Désaxés, E.T., L’Exorciste, M le Maudit, Mon oncle d’Amérique… Quel plaisir de retrouver tous ces classiques à travers les yeux d’un enfant qui les découvre et les interprète à sa manière. Et à travers le talent d’un écrivain qui les aime passionnément. À partir de 12 ans. (M.R.) texte et images de Stéphane Ebner Noville-surMehaigne : Esperluète, 2009. [38] p. : ill., couv. ill. ; 30 x 21 cm. - ISBN 978-2-35-984-004-9 (br.) : 22 Ce superbe cahier s’ouvre sur ces premiers mots : « Quand je bégaie, un son tourney en rond sur mes lèvres qui papillonnent. » Ce texte poétique nous parle de la souffrance qu’a le bègue à s’exprimer, de la difficulté des mots à sortir de la bouche. En accompagnement au texte, Stéphane Ebner offre des illustrations aux couleurs vives et violentes. Comment ne pas s’émouvoir devant cet oiseau stylisé symbolisant le souffle de ces mots qui se refusent à sortir. Titulaire d’un master en illustration, l’auteur porte son travail sur la narration et le rapport texte-image. Dans cet album, les images répondent aux mots et proposent la communication. Avec « Souffle », Stéphane Ebner aborde ce handicap peu rencontré en littérature de jeunesse. (J.-L.C.) CONFIRMÉS Souffle Le Survivant Jeffrey W. Johnson trad. de l’anglais (E.-U.) par Jean Esch. - Paris : Thierry Magnier, 2010. (Roman). - ISBN 9782-84420-801-9 (br.) : 11,20 Chase est l’unique survivant de l’accident de voiture qui a tué ses meilleurs copains. Aucun souvenir du drame, seuls des flashs, fragments d’images, surgissent et le terrorisent. Sa mère et son père pasteur ne sont pas d’un grand secours, trop occupés à prendre en charge la misère qui règne autour d’eux. Chase se sent bien seul, on le considère avec pitié au lycée, son frère aîné, Ben, n’est plus là… Pour comprendre ce qui lui est arrivé, Chase devra plonger dans son inconscient. Après une thérapie intensive, des souvenirs lui reviennent qui ne le rassurent pas. Grâce au docteur Braun, un terrible secret a éclaté et, dès qu’il se sentirait prêt, Chase pourrait enfin en parler à ses parents. Quant à son accident, s’il en a réchappé, c’est grâce à son amie Angie qui, au volant, sachant l’accident inévitable, poussa Chase hors de la voiture, le sauvant ainsi du crash. Tout comme Ben, Angie, à son tour, protégeait Chase. Récit haletant, fait de séances de psychothérapie conduites comme une enquête policière. À partir de 14 ans. (J.-L.C.) 169 CONFIRMÉS Tarja « Si toi aussi tu penses que Tarja est une salope ! » s’intitule la page Facebook qui parle d’elle. Elle, Tarja, 16 ans, la « fille facile » du collège ! Elle, Tarja, 16 ans, enceinte de son prof de français, elle dont le monde est si morcelé. Elle : son enfant sera sa « rédemption ». Ainsi en a-t-elle décidé ! Tarja est un texte fort, qui nous plonge dans l’univers de cette jeune fille, encore un pied dans une enfance qui s’effiloche et l’autre aux portes d’un monde adulte… trop tôt découvert. Mais, sur ce chemin tortueux de la lente découverte de « la vérité », juste avant que le fil ne se rompe, certaines rencontres aident à ne pas se perdre tout à fait. Le livre est d’ailleurs, fort à-propos, découpé en chapitres allant de « la mort » à « la naissance ». Une écriture tranchante, qui ne prend pas de gants, sur le fil ! À partir de 14 ans (C. H.) Jean-Noël Sciarini Genève : La Joie de lire, 2011. - 253 p. : couv. ill. ; 22 x 15 cm. - (Encrage). ISBN 978-2-88908-091-5 (br.) : 16,25 Terrienne Jean-Claude Mourlevat 170 Paris : Gallimard jeunesse, 2010. - 386 p. : couv. ill. ; 23 x 16 cm. ISBN 978-2-07-063723-2 (br.) : 16,25 Le récit commence quand Monsieur Virgil, écrivain de son état et en manque d’inspiration, se rendant chez son dentiste, prend en stop une jeune fille de 17 ans. Un peu énigmatique, Anne prétend être à la recherche de sa sœur Gabrielle, disparue le jour de son mariage. Les recherches d’Anne l’amènent dans un lieu qui se révèle être un monde parallèle, froid, gris, morne et dépourvu d’humanité. Elle arrivera à ses fins grâce à l’aide de Bran et de Madame Stormiwell, deux individus de ce monde parallèle, mais ayant un peu du Terrien en eux. Jean-Claude Mourlevat nous avait déjà réjouis en lecture avec des romans comme « La Rivière à l’envers », « L’Enfant Océan » et « Le Combat d’hiver ». Voici qu’il récidive avec ce récit de science-fiction qui se dévore en un clin d’œil. Dès la première ligne, on ne lâche plus le livre avant de l’avoir terminé. Fait partie de la sélection du prix Farniente 2013, catégorie basket jaune et de la sélection du prix Ado-lisant 2013. (J.-L.C.) Béa DeruRenard* Paris : l’école des loisirs, 2011. 160 p. : ill., couv. ill. ; 19 x 13 cm. (Médium). - ISBN 9782-211-20484-2 (br.) : 9,20 Regina est toute seule dans une ville inconnue. La dame qui l’a emmenée là lui a dit de ne pas bouger jusqu’à son retour, mais cela fait des heures qu’elle est partie. Alors Regina se souvient. Elle se souvient de son village où, lorsque son grand-père racontait des histoires dans la vieille langue, tous les cousins faisaient silence. La famille habitait en Ouzbékistan, pays satellite de la Russie. Mais, lorsque les Russes sont partis, un sentiment nationaliste ouzbek a fait son apparition et tous les russophiles ont été chassés de leur emploi, les familles étant obligées de partir. Pour avoir été un mauvais moment au mauvais endroit, son père se fait tuer. Après maintes tractations, Regina part sur les routes avec sa mère. Mais celle-ci l’abandonne aux mains de la passeuse et Regina se retrouve seule. Heureusement, des bonnes âmes voudront bien s’occuper d’elle. Un récit douloureux sur les ravages que peuvent provoquer des nationalismes exacerbés, toujours prêts à faire des victimes innocentes, alors que celles-ci ne demandent qu’à vivre en paix. À travers l’histoire de cette petite fille, c’est l’histoire de toutes les victimes qui est racontée. Très bien. Ce roman a reçu le prix Québec Wallonie-Bruxelles 2011. (R.S.) in Libbylit 100, p. 13 CONFIRMÉS Toute seule loin de Samarcande Le Tueur à la cravate Marie-Aude Murail Paris : l’école des loisirs, 2010. - 362 p. : couv. ill. ; 19 x 13 cm. - (Médium). ISBN 978-2-211-20090-5 (br.) : 11,70 Ruth et sa copine Déborah ont retrouvé une vieille photo de classe où se trouvent le père et la mère de Ruth, ainsi que la sœur jumelle de la mère. Sa maman est décédée et c’est son père qui s’occupe d’elle et de sa petite sœur Bethsabée. Ne sachant plus reconnaître la mère de Ruth, elles décident de mettre la photo sur Internet, sur le site perdu-de-vue.com. Mais cette manœuvre va déclencher des réactions en chaîne incontrôlées. En effet, Martin, le père de Ruth, a été soupçonné d’avoir tué une des deux sœurs. Le passé va réveiller de drôles de choses et même faire apparaître un grand-père dont ni Ruth ni Bethsabée ne soupçonnaient l’existence. Un thriller mené de main de maître par l’excellente Marie-Aude Murail. Passionnante et à rebondissements, l’histoire vue par Ruth est pleine d’humour et de suspense. Accompagnant le roman se trouve un journal de bord « Comment naît un roman (ou pas) » où l’auteure nous dévoile quelques-unes de ses recettes. Très intéressant de voir tout le travail, conscient et inconscient, accompli par un(e) auteur(e) pour écrire son livre. Très bien. À partir de 12 ans. (R.S.) in Libbylit 94, p. 28 171 CONFIRMÉS Un drôle de père : le monde n’est-il pas mieux que ce que tu avais imaginé ? Daikichi, jeune célibataire de 30 ans, se rend aux funérailles de son grand-père et apprend l’existence de Rin, 6 ans. Sa mère ayant disparu, Daikichi décide de s’en occuper. Au fil des huit tomes, nous allons suivre ce drôle de père et sa fille dans le quotidien. Aux préoccupations de garderie et d’habillement succèdent le travail de Daikichi, les amours, l’évolution de Rin…, ce qui nous fait voir le Japon. Le tome 9, qui clôt ce josei (genre de manga avec, pour cible, les jeunes femmes), déconcerte et déçoit quelque peu... mais ne remet pas en cause la qualité des huit premiers tomes. Version animée (en vostfr) sur www.wakanim.tv. (C.D.) Yumi Unita trad. du japonais par Yuki Kakiichi. Paris : Delcourt, 2012. - 216 p. : ill., couv ill. ; 21 x 15 cm. - (Jôhin) (Akata). - 7 volumes, série en cours. ISBN 978-2-7560-2633-6 (br.) : 10,75 Un jour Morris Gleitzman 172 traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec. Paris : Les Grandes personnes, 2010. - 336 p. : couv. ill. ; 23 x 13 cm. (Littérature). - ISBN 978-236-193026-4 (br.) : 16 Dans la Pologne de 1942, deux enfants tentent de survivre. Félix est Juif. Les parents de Zelda sont des militants nazis. Un grand nombre de romans centrés sur la Deuxième Guerre mondiale et l’Holocauste sont proposés dans l’édition jeunesse. Celui-ci est exceptionnel. Avant tout parce qu’il réussit, de façon bouleversante – un peu comme Hubert Mingarelli dans « La lumière volée », – à voir les événements à travers le regard d’un enfant. Ce qui implique bien sûr – dans un premier temps en tous cas – des interprétations erronées. L’auteur explique que, pour se préparer à écrire, il a lu énormément « des journaux intimes, des lettres, des notes et mémoires de personnes qui étaient jeunes à l’époque de l’Holocauste ». Ce travail préalable a sans doute contribué à donner crédibilité et densité à son propre récit. S’adressant prioritairement à des adolescents, Morris Gleitzman aurait pu être tenté d’édulcorer son propos. Il n’en est rien. Ses jeunes héros sont les témoins de scènes atroces. Les dernières pages ont la forme d’un point d’interrogation doux-amer. Mais ce n’est pas pour autant un livre désespéré. Il rayonne aussi de chaleur et même d’humour. L’humour est introduit par Zelda, qui, à 6 ans, est rigolote et volontaire. La chaleur émane avant tout de l’amitié liant les deux enfants. Et aussi de la compassion de quelques adultes rencontrés sur leur chemin : cette mère Minka qui dirige un orphelinat catholique, ce courageux Barney, sans doute inspiré à l’auteur par le personnage de Janusz Korczak, et aussi cette merveilleuse Genia qui – soi-disant – n’aimait pas les Juifs : « C’est comme ça qu’on m’a élevée. » Mais qui haïssait les nazis : « Je déteste tous ceux qui font du mal aux enfants ! » Chaleureuse aussi – et ce n’est pas un détail –, cette confiance dans le pouvoir des histoires et de l’imaginaire qui court à travers tout le récit. Fait partie de la sélection du prix Ado-lisant 2013. (M.R.) Timothée de Fombelle Paris : Gallimard jeunesse, 2010. - 370 p. : couv. ill. ; 23 x 16 cm. ISBN 978-2-07-063124-7 (br.) : 17 À 3 ans, Vango est naufragé sur une île sicilienne, avec sa nourrice Mademoiselle qui dit avoir tout oublié du malheur qui les a amenés là. Seize ans plus tard, Vango s’apprête à être ordonné prêtre sur le parvis de Notre-Dame… avant d’en escalader la façade afin d’échapper à ses poursuivants. Entre ces deux époques, la vie du jeune homme est faite de bonheur sauvage sur son île et de rencontres fascinantes dont une jeune Écossaise fantasque, le responsable d’un monastère invisible et le commandant d’un dirigeable. À présent, le voilà obligé de fuir devant une menace perpétuelle et qui l’intrigue. Vango est un enfant du ciel, il est capable d’escalader des falaises et de marcher sur les toits des trains et des dirigeables. Il veut comprendre pourquoi il doit fuir sans cesse. Et, pour cela, il devra élucider son passé. La suite dans « Un prince sans royaume ». Prix Ado-lisant 2012. À partir de 14 ans. (P.H.) CONFIRMÉS Vango, vol. 1 : Entre ciel et terre Waterloo necropolis Mary Hooper trad. de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez. - Paris : Les Grandes personnes, 2011. - 313 p. : couv. ill. ; 23 x 13 cm. - Titre original : Fallen Gace. ISBN 978-2-36193-045-5 (br.) : 17,50 À Londres, au XIXe siècle, Grace et Lily Parker sont orphelines et survivent péniblement dans des quartiers défavorisés. À 16 ans, Grace subit un viol et se retrouve avec un enfant mort-né. La sage-femme qui l’a aidée à accoucher lui propose de cacher son bébé dans le cercueil d’un défunt aisé. À cette époque-là, pour cause de peste et de choléra, les cimetières de Londres affichent « complet », aussi envoie-t-on les cercueils à Brockwood dans la banlieue londonienne. Un train spécial, où les cercueils des défunts sont séparés les uns des autres selon la classe sociale que l’on occupe, fait régulièrement la navette. Sans le savoir, Grace cache le corps de son bébé dans le cercueil de la défunte sœur de James Solent, un jeune avocat prometteur qui lui sera d’une grande aide par la suite. Entre-temps, chassées de leur misérable logement qu’elles occupent, les deux sœurs se retrouvent à la rue et ignorent que Lily est recherchée pour restitution de leur héritage à la suite de la mort de leur père. Georges Unwin et son cousin, entrepreneurs de pompes funèbres et magouilleurs, sont au courant de l’affaire et engagent les sœurs Parker, essayant par tous les moyens de les spolier. Ce roman à la Dickens nous entraîne dans l’Angleterre victorienne et dans cette foisonnante société londonienne, ainsi que dans une aventure aux rebondissements dignes d’un thriller. (J.-L.C.) 173 CONFIRMÉS Zombillénium, vol. 1 : Gretchen Si l’illustration peut freiner certains (illustration à l’ordinateur), l’humour décalé de cette bande dessinée nous plonge directement dans l’histoire et son univers : un parc d’attractions « zombiesques » recrute son personnel parmi les humains qui meurent... Humour, donc, au premier niveau de lecture (la gestion d’un parc d’attractions combinée à son personnel peu courant est source de nombreux problèmes), mais retournement de clichés au second. Découverte des seize premières planches et entretien avec l’artiste (vol. 3 et technique d’illustration) sur www.zombillenium.com. Le Fauve Jeunesse est attribué à Arthur de Pins pour « Zombillénium », vol. 2 : Ressources humaines. (C.D.) Arthur de Pins 174 Marcinelle : Dupuis, 2010. - 46 p. ; ill., couv. ill. ; 32 x 24 cm. - ISBN 978-2-8001-4721-5 (cart.) : 14,50