Télécharger son intervention
Transcription
Télécharger son intervention
Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 1 Je m’associe aux remerciements qu’Emmanuelle Canut et Magali Husianycia ont adressés aux institutions qui ont fait confiance à notre association et ont permis des applications de nos thèses sur le terrain pour former des intervenants auprès d’enfants, en vue de favoriser leur réussite à l’école - institutions et organismes qui ont contribué au rapprochement et à la collaboration dans la lutte contre l’échec scolaire et l’illettrisme, concrétisé ici, dans ces journées. Le nœud de la question réside… Pour dénouer le nœud de la question qui se cache derrière les points de suspension de ce titre, il faut examiner plusieurs aspects de la question de l’apprendre à penser-parler-lireécrire : la nature du langage et son rapport à la pensée ; les rapports entre langage oral et langage écrit. Qu’est-ce qui permet l’évolution du langage et de la pensée des enfants et plus tard leur accès à l’écrit ? Comment peut-on aider les enfants, voire les apprenants de tous âges, à accéder à une maîtrise du langage oral et écrit suffisante pour qu’ils s’approprient des savoirs qui nécessitent de savoir lire ? Je puiserai les réponses à ces questions dans les recherches de la fondatrice de notre association AsFoReL (Association de Formation et de Recherche sur le Langage). Laurence Lentin, pionnière de la linguistique de l’acquisition du langage, a commencé ses travaux il y a plus de quarante ans, dans les années 1970. Sa visée était d’emblée politique, citoyenne et ancrée dans les réalités sociales du terrain. Son objectif était alors, non pas l’amélioration des dispositifs de remédiation, qui ne se révélaient pas très efficaces à long terme, mais la prévention de l’échec scolaire des enfants dont les conditions de vie étaient moins favorables aux apprentissages. Son ambition de chercheur en linguistique a été d’identifier, non seulement ce que l’enfant apprend quand il apprend à parler, mais surtout comment il apprend, c’est-à-dire les processus et les modalités d’apprentissage du langage, qui à l’époque n’avaient pas encore été mis en lumière. Elle voulait comprendre, non pas ce qui, à long terme, causait l’échec de certains enfants, mais d’abord ce qui permettait à d’autres de réussir sans problèmes à apprendre à parler puis à apprendre à écrire et à lire, et de réussir dans les apprentissages scolaires, et au-delà. Cette recherche, fondée sur les pratiques, visait aussi à élaborer des moyens pour lutter contre les inégalités perceptibles à l’école, et pour inciter les adultes à parler aux enfants, en intervenant dès la naissance, auprès des familles, dans les crèches, à l’école maternelle et à l’école élémentaire, – à l’école, ou aux côtés de l’école, tout en respectant Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 2 et en encourageant le rôle des familles, pour permettre à tous d’accéder à la maîtrise du parler pour réussir la maîtrise du lire-écrire. Parmi ses nombreux travaux, elle a dirigé une recherche-action menée en collaboration avec des volontaires du mouvement ATD Quart Monde dans les années 1990. Six enfants, âgés de 3 à 6 ans, ont été suivis individuellement sur une année par des « praticiennes-chercheuses » de l’AsFoReL, dans le cadre du « pré-pivot culturel ». Cette expérience a confirmé notre conviction que tous les enfants veulent apprendre, peuvent apprendre et aiment apprendre, à condition qu’on ne les en empêche pas… et qu’on leur offre des interactions conçues pour stimuler leur fonctionnement langagier et pour les aider à progresser, dans un climat affectif chaleureux et positif (Lentin et al. 1995). Plus tard, une recherche-action-formation menée sur 4 années par Emmanuelle Canut dans une école du 18e arrondissement de Paris a permis de préciser les modalités d’une interaction langagière efficace pour assurer dès l’école maternelle la maîtrise d’un langage oral nécessaire à un accès à l’écrit réussi. Réussite confirmée par les évaluations des élèves en Cours Elémentaire 2e année (Canut 2006). ______ Laurence Lentin a mis en lumière des notions qui ont été appliquées, validées, affinées, prolongées par ses collaborateurs, dans la recherche à l’université, mais aussi sur le terrain de l’école et de l’action associative auprès d’apprenants de tous âges, « de la naissance à l’âge adulte ». Les différents membres de notre équipe partagent les mêmes fondements théoriques, même si leurs recherches portent sur différents aspects de l'acquisition et de la maîtrise du langage, en évitant une opposition trop tranchée entre développement normal et pathologique : depuis l’apparition des premiers signifiants chez les bébés, jusqu’à la maîtrise du langage oral et écrit, par les enfants à l’école maternelle et élémentaire, par des adolescents en difficulté scolaire, par des adultes en situation d’illettrisme ou en ré-apprentissage ; et dans des conditions diverses : apprenants tout-venant, jeunes adultes étiquetés handicapés mentaux, enfants sourds, apprenants bilingues, quels que soient leurs parlers d’origine : dialectes ou langues étrangères, ou langue des signes… apprenants vivant dans des conditions socioculturelles difficiles, ou suivis en pédagogie spécialisée, en orthophonie, en pédopsychiatrie… Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 3 La diversité de ces travaux nous a permis de constater que, quel que soit l’âge de l’apprenant et ses conditions d’apprentissage, les processus d’apprentissage sont similaires, en particulier les processus qui permettent à un apprenant d’accéder à une maîtrise de l’écrit à partir de la maîtrise d’un fonctionnement langagier oral suffisamment élaboré, grâce à des interactions langagières adaptées à ses capacités et à ses besoins du moment et susceptibles de l’aider à progresser. Beaucoup des notions pour lesquelles Laurence Lentin et ses collaborateurs se sont battus depuis plus de 40 ans sont aujourd’hui admises, et nous avons moins à nous battre contre certaines idées reçues, mais ces notions restent difficiles à mettre en pratique, faute de moyens parfois et plus souvent faute de formation suffisante… J’en présenterai les principaux aspects. Ces notions seront reprises et précisées au fil de ces deux journées… ______ 1. Tout d’abord, la nature du langage Même si la faculté de langage est innée chez l’homme, le langage ne pousse pas tout seul, c’est une fonction spécifiquement humaine et sociale, qui ne se limite pas à des dispositifs neurobiologiques et organiques. En effet, l’enfant vient au monde dans une société déjà « parlante, lisante, écrivante » (Lentin 1990). Son langage s’actualise dans une langue, institution sociale porteuse de signification, dont la maîtrise détermine son insertion dans la société et la culture. Au départ, cette fonction se réalise dans n’importe quelle langue, n’importe quel parler… celui de l’entourage immédiat de l’enfant, en lien étroit avec son expérience. De même la langue des signes peut permettre aux enfants sourds de mettre en fonctionnement leur fonction langage sans retard, si des membres de leur entourage la maîtrisent. C’est à travers le langage que l’enfant construit sa perception du monde, qu’il apprend les modes de pensée, les usages, la culture de la société dans laquelle il vit. La structuration de la pensée et celle du langage sont interdépendantes. Non seulement l’acquisition du langage se fait dans la durée, mais elle ne se limite pas à l’enfance, elle est « coextensive à l’exercice même du langage » (Merleau-Ponty 1949-52, p. 48). A mesure que les enfants grandissent et deviennent des adultes, et que leurs interlocuteurs et leurs lieux de vie et les contextes se multiplient, ils étendent et diversifient leur expérience des différents parlers à l’œuvre dans la société. Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 4 2. La langue que les enfants acquièrent peu à peu, à mesure que leur expérience et leur environnement s’étendent, n’est pas un objet figé, un outil tout fait à manier. Le langage en voie d’acquisition ne doit pas être évalué en termes de « manques », de « fautes », par rapport à « la » langue « standard » des grammaires normées, qui n’a pas d’existence réelle. Le fonctionnement de la langue, comme celui de la société, est vivant et mouvant. Il n’est pas homogène mais constitué d’une grande variété d’usages. Il est soumis à la variation, selon les époques, selon les régions, selon les groupes sociaux et surtout selon les situations. Les enfants sont donc confrontés non pas à une seule norme, mais à diverses normes, selon les situations et les groupes sociaux dans lesquels ils évoluent : il y a les parlers des familles, le parler de l’école, les parlers professionnels, etc. Cela peut poser des problèmes d’identification à certains enfants, qui sont tiraillés entre le respect de la norme de leur entourage et le respect de la norme de l’école, si l’écart entre les deux est trop grand. C'est pourquoi la collaboration entre enseignants et familles est indispensable, pour que l'enfant se sente soutenu par le respect mutuel des uns envers les autres, et qu’il ne traduise pas en problèmes de comportement ce qu’il ressent comme un conflit. Evaluer le langage parlé par les enfants suppose donc qu’on connaisse les caractéristiques du langage que les adultes parlent et leur adressent, et à partir duquel ils construisent leur propre langage. Grâce aux analyses menées par Claire Blanche-Benveniste (1997) sur de nombreux enregistrements informatisés de discours et de textes parlés et écrits produits par des adultes dans des contextes divers, nos idées reçues sur « la » langue française et l’idée de frontière ou même d’opposition entre l’oral et l’écrit ont été profondément bousculées. Ces analyses nous mettent en garde contre les préjugés sur l’association qu’on fait généralement entre « mal parler » et l'origine sociale des locuteurs. Certaines configurations propres à l’oral se rencontrent chez tous les locuteurs, quels que soient leurs milieux socio-culturels. Par exemple, l’absence du « ne » de la négation, l’emploi du pronom et du nom en même temps, l’absence de réalisation de la consonne de « il » devant consonne (« les enfants i(l)s sont pas là »), l’interrogation indirecte avec la forme de l’interrogation directe (« je sais pas qu’est-ce que tu veux dire »). Ces tournures se rencontrent partout, notables, écrivains, professeurs. Il n’y a donc pas lieu de sanctionner ces formulations comme des fautes chez les enfants, qui ne sauraient parler autrement que les adultes. Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 5 Les écrits, comme les discours oraux, présentent une grande diversité. La répartition des usages ne dépend pas du milieu social des locuteurs mais des types de discours. Chaque locuteur puise dans ses ressources langagières pour ajuster ses formulations selon les situations, à l’écrit ou à l’oral : langage de tous les jours dans les conversations familières, spontanées, ou langage surveillé, plus élaboré, pour les entretiens, les discours savants, ou pour des récits ou des explications. L’écrit ne se limite pas au style soutenu de Marcel Proust ou Stendhal, ou encore du code civil. Il y a aussi des écrits structurés différemment : le courrier ou les petits mots adressés à un absent, les listes, les modes d’emploi, les étiquettes, les notes prises pendant que quelqu'un parle, les SMS, ces écrits faits de mots isolés et donc peu élaborés sont néanmoins adaptés au contexte de leur utilisation. Oral et écrit ne sont donc pas à opposer mais à situer, comme le disait Claire BlancheBenveniste, dans « un continuum de pratiques différentes de la langue, tant par écrit que par oral » (1997). C’est cette diversité des usages et cette capacité d’adaptation aux différents contextes que nous devons aider les enfants à acquérir. 3. L’évolution du langage de l’enfant entre 3 et 6 ans Sophie Kern nous présentera les étapes et les conditions de l’acquisition du langage chez les plus jeunes enfants. J’évoquerai les processus d’acquisition du langage des enfants plus grands, entre 3 et 6 ans, avant l’apprentissage de l’écrit. Pour identifier ce qui différenciait les enfants qui semblaient « bien parler » ou « parler mal », Laurence Lentin et ses collaborateurs ont recueilli de nombreux dialogues adulte-enfant conçus pour actualiser les capacités langagières maximales de chaque enfant. Les analyses ont révélé que, contrairement à ce qu’on croyait alors, les différences n’étaient pas liées à la quantité de vocabulaire, ou à l’articulation (la prononciation), ni à la morphologie [les marques de conjugaison des verbes, les marques de genre et de nombre, etc.]. D’autres chercheurs ont aussi montré que les marques morphologiques ne sont maîtrisées qu’assez tardivement (7-8 ans parfois, pour le conditionnel, le passif vers 11 ans), alors que l’organisation du discours, les principales constructions syntaxiques, sont généralement en place vers 4 ou 5 ans. Le facteur déterminant pour l’évolution du langage est donc la syntaxe, la capacité d’organiser des mots dans des phrases et des phrases entre elles pour produire du discours cohérent dont la cohésion est assurée par certains éléments. Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 6 A mesure que le langage des enfants se développe, on peut observer l’allongement de leurs énoncés : avec un nombre de mots croissant, des embryons de phrases, puis des phrases associées par juxtaposition puis par coordination avec « et, et puis, alors, eh ben, mais, ensuite », puis (et en même temps) l’apparition de constructions complexes, qui peu à peu s’emboîtent entre elles. Laurence Lentin a pu établir une liste des « introducteurs de complexité », que les enfants s’approprient au fil de leur expérience entre 3 et 7 ans, sans qu’on puisse vraiment identifier un ordre d’acquisition, leur apparition étant liée à leur présence dans les énoncés des adultes. Ces constructions permettent (en français) d’exprimer des relations logiques, par exemple : - des constructions infinitives : « Léonard veut réveiller Chouchou le chat » des constructions de but : « Pamela elle prend le pain pour faire une tartine » ; de causalité : « il pleure parce que son ballon a éclaté » de temps : « Quand Manuela passe devant Tonton Karim elle crie : « regarde-moi, regarde-moi ! » etc. Ces complexités apparaissent d’abord seules dans un énoncé, puis les enfants deviennent capables d’articuler plusieurs complexités dans un même énoncé : « Grégoire pleure parce qu’il veut pas se laver les cheveux » L’appropriation de ces constructions donne lieu à des tâtonnements, des « essais », qui constituent pour nous des repères importants pour évaluer l’évolution du langage de chacun. Chez certains enfants, on peut constater, à un moment, une absence d’essais, et donc une stagnation, qui risque d’entraîner un décalage entre le potentiel cognitif et le potentiel langagier de l’enfant (Lentin, 1973, p. 12). 4. La maîtrise du langage L. Lentin définit le « savoir parler » nécessaire à l’accès à l’écrit : « L’enfant “sait parler” lorsqu’il maîtrise un fonctionnement syntaxique lui permettant d’énoncer explicitement au moyen du seul langage verbal une pensée ou un enchaînement de pensées en ou hors situation. » (Lentin, 1998/2009, p. 34) Pour accéder à l’écrit, l’enfant doit donc acquérir d’une part la maîtrise d’un fonctionnement langagier suffisamment structuré pour exprimer des relations logiques complexes et Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 7 d’autre part la maîtrise étendue de variantes langagières diversifiées permettant à la fois le langage en situation et le langage d’évocation. Une communication implicite, en situation, peut s’établir avec peu de langage, grâce à des regards, des mimiques, des gestes accompagnés de mots vides de sens en eux-mêmes, qui désignent les objets et les lieux présents : « mets ça là ! ». Cependant, pour accéder à l’évocation d’objets ou d’événements non présents, à l’expression d’une pensée plus élaborée, et plus tard à des écrits porteurs de savoirs plus abstraits, l’enfant a besoin de s’approprier les ressources de la langue : des éléments lexicaux sémantiquement pleins, avec leur fonctionnement syntaxique. Entre les deux extrêmes, de l’implicite à l’explicite et au style recherché, il y a une infinité de variantes, dont certaines peuvent fonctionner aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. On peut donc s’appuyer sur les caractéristiques communes à l’oral et à l’écrit pour amener les enfants à des verbalisations orales qui pourraient éventuellement être écrites : des phrases explicites, simples et complexes, qui mettent en oeuvre les ressources lexicales et syntaxiques du locuteur ; des phrases complètes ; des phrases organisées en discours, 5. Comment l’enfant s’approprie-t-il ces fonctionnements ? Nous arrivons au « nœud de la question » : « L’interaction, condition sine qua non du développement langagier » (Lentin 2012, p. 10) Ce qui est déterminant dans l’apprentissage du langage, ce n’est pas seulement ce que fait l’enfant, c’est aussi ce que font les adultes qui lui parlent. René Diatkine (1972/1997) a souligné « l'illusion anticipatoire » qui fait qu'un adulte parle à un nouveau-né qui ne parle pas, comme s'il comprenait. Par exemple, une puéricultrice de pouponnière à un bébé de 10 jours : A - Il est peut-être un peu grand ce pyjama mais je suis désolée j’en ai point d’autre, hein bébé ? Je te brosse, tout en avant aujourd’hui, hein, d’accord ? Dans sa quête de signification et de repères, l’enfant fait un travail non conscient d’hypothèses sur le sens du langage de son entourage et il procède, non en reproduisant des modèles, mais par imitation créatrice, en captant des éléments avec ses capacités du moment, selon ses besoins et ses désirs d’expression. La capacité d’évoquer son expérience hors situation peut d’abord se construire dans des verbalisations en situation, dans toutes les situations de la vie quotidienne (s’habiller, sortir, manger, jouer…) quand l’adulte et l’enfant ont des repères communs qui facilitent l’intercompréhension, et quand ils commentent ce qu’ils sont en train de faire et évoquent Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 8 ce qu’ils ont fait et ce qu’ils vont faire. Quand l’enfant commence à s’exprimer, l’adulte peut accueillir ses énoncés et verabliser la situation de manière explicite, en fonction de la situation, ce qui est rassurant pour l’enfant et structure son vécu dans le temps : J (2 ans et demi) - veux mett(r)e le manteau moi dessus L’adulte prend le temps de répondre gentiment, au lieu de dire seulement « non » : A -Non, tu ne mets pas ton manteau maintenant. Tu vas le mettre tout à l’heure, quand on sortira. J, rassuré, retourne à son activité. A la bibliothèque en Grande section, un dialogue plein d’implicite peut être suivi d’une verbalisation explicite de la part de l’adulte (ce que nous ne prenons pas toujours le temps de faire…) : A - Où tu l’as mis ? E - Là. A - Où, là ? E - ben ici A - Ah ! Tu as rangé ton livre sur l’étagère, dans la bibliothèque. On observe que les enfants s’approprient spontanément, à leur manière, les reformulations des adultes, ce qui contribue à l’allongement de leurs énoncés : Laurent 3 ans 1 mois : E - Ma salade maman A - Maman t’a donné de la salade pour Milou ? E - Maman a donné pou(r) lui Ces interactions permettent à l’enfant de s’approprier un fonctionnement langagier en rapport avec son expérience et chargé de signification, qui devient progressivement de plus en plus autonome. Cette capacité de s'appuyer sur les verbalisations de l'adulte est parfois bloquée chez certains enfants, dont le langage ne semble pas évoluer. Il faut alors la remettre en route, en vérifiant quels facteurs, dans le langage de l’adulte, peuvent être responsables de cette absence de progression : - trop de questions, - ou des phrases interrompues avec intonation suspensive, qui entraînent des réponses de l’enfant en phrases incomplètes : ex - E : il est dans la boubin - A : dans la/ ? - E : oui, ici ». - A : toi tu es mon cousin et moi je suis quoi ? je suis ta cou-/ - E : -pine - une absence d’offre de constructions complexes, - ou un langage élaboré trop éloigné de ce que maîtrise l’enfant, Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 9 - ou encore et surtout l’absence de reformulation des tâtonnements et des essais de l’enfant. Plus que les questions, les phrases affirmatives complètes de la part de l'adulte entraînent souvent aussi des assertions et des énoncés complets chez l'enfant, elles sont donc à favoriser. Dans l’exemple suivant, après des échanges en questions, phrases en suspens et phrases incomplètes, quand l’adulte arrête de poser des questions et produit une phrase complexe affirmative, Laura, 6 ans, en fait de même, spontanément : (La cantine, p. 5. La Cité des Bleuets) A 16 – […] Pourquoi i(ls) sont debout là les deux enfants ? L15 – pa(r)ce que i(l)s ont vu une chenille sur la fleur A 17 – Et puis là, la chenille elle/ elle est / L16 – sur les fleurs A18 – Nan, regarde, elle est / L17 – sur la m/ main A 19 – De Nicolas. L18 – de Nicolas A 20 – Les enfants viennent voir la petite chenille qui est sur la main de Nicolas, ah ouais ! L19 – et la fille e/ elle veut plus manger parce que elle a peur de la chenille L'apprentissage peut avoir lieu, lorsque l'adulte offre, avant même que l’enfant ne parle, un fonctionnement langagier qui convient à ce qu'il cherche à exprimer, au moment où il en a besoin - un fonctionnement langagier proche de ses capacités du moment mais les excédant légèrement. De plus, l'accueil, les reprises et les reformulations des énoncés de l'enfant sont déterminants pour la vérification de ses hypothèses non conscientes sur le fonctionnement de la langue. Les reformulations ne sont pas des corrections, elles offrent aux enfants des fonctionnements un peu plus élaborés que ceux qu’ils maîtrisent Chez certains adultes, cette adaptation est inconsciente et spontanée. La plupart du temps, elle fonctionne à certains moments et pas à d’autres. Les adultes peuvent aussi apprendre : s’ils se donnent pour objectif d’être explicites, ils sont amenés à exploiter au maximum les ressources lexicales et syntaxiques du langage, et l’enfant peu à peu fera de même, car il éprouve une grande satisfaction à pouvoir exprimer ce qu’il ressent, ses émotions, ses désirs, à pouvoir argumenter, à être compris. Il s’établit entre les tâtonnements de l’enfant et les verbalisations explicites « adaptées » de l’adulte une dynamique à double sens que Laurence Lentin a qualifié de « schèmes Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 10 sémantico-syntaxiques créateurs », qui déclenchent l’appropriation chez l’enfant, de manière immédiate ou différée, et qui lui permettent de « réutiliser dans d’autres circonstances un fonctionnement dont on lui a donné l’expérience » (Lentin 1988, p. 20) 6. Comme penser-parler, lire et écrire sont des activités langagières Avant même l’apprentissage de l’écrit, les enfants peuvent être familiarisés à la diversité des écrits, dans la vie de tous les jours, à la maison et à l’école. Parmi ces écrits plus ou moins structurés, le livre illustré a un statut particulier. Dès le début du 20e siècle, des pédagogues comme Pauline Kergomard, des psychologues et psychiatres pour enfants comme Colette Chiland, René Diatkine, Jerome Bruner, un éditeur comme Paul Faucher, fondateur du Père Castor, ont souligné l’importance des histoires racontées et lues aux enfants. Colette Chiland soulignait que « la lecture faite à l’enfant […] favorise le passage du jeu ou de la conversation où l’on est en relation avec d’autres à cette activité solitaire (qu’est la lecture) ». Elle écrit aussi : « le goût de lire suppose [que l’on trouve plaisir] dans une communication avec un autrui intériorisé à qui il faut redonner vie. » (Chiland 1973). René Diatkine a signalé la difficulté d’accepter l’intrusion de la voix de l’auteur chez les lecteurs adultes, dans les moments de dépression. Il a proposé une belle définition du devenir lecteur : « On devient lecteur quand on s’identifie assez au conteur d’abord, au narrateur ensuite pour rendre inutile la présence physique de celui qui raconte » (1984, p. 28). Laurence Lentin a insisté en particulier sur l’apport langagier des livres illustrés « adaptés » lus aux enfants et sur le rôle de la narration par l’enfant d’histoires connues pour favoriser l’appropriation d’un langage élaboré, proche de l’écrit et de plus en plus autonome. Quand on lit à un enfant des histoires qu’il peut ensuite raconter, avec le soutien des illustrations et en interaction avec l’adulte, il « parle l’écrit » et c’est ainsi qu’il se prépare à devenir producteur d’écrit et lecteur. Des extraits du suivi longitudinal d’une enfant au cours de la recherche menée en collaboration avec le mouvement ATD Quart Monde illustreront le fonctionnement immédiat ou différé des schèmes sémantico-syntaxiques créateurs. Ex. : « Lucie raconte » (D. Monsel, in L. Lentin et al., 1995, p. 111-120). Au cours d’une période de 5 mois, Lucie a bénéficié de 23 séances d’interaction individuelle d’une trentaine de minutes, entre 5 ans 9 mois et 6 ans 2 mois. Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 11 A 5 ans 9 mois, Lucie apprend pour la première fois à manipuler un livre, elle a beaucoup de mal à interpréter les illustrations et à suivre le fil de l’histoire. Son langage est peu élaboré et l’expérimentatrice lui propose les Histoires à parler, qui contiennent des textes courts (6 pages), pour la plupart écrits en phrases simples. Au début, les énoncés de Lucie comportent beaucoup de tâtonnements, ne sont pas toujours compréhensibles. Corpus 3 de Lucie, 5 ans 9 mois 22 jours, avec Ouille la bosse ! L 15 - Magali/ Magali a/ e/ e(lle) cogne sa/ e/ e(lle) cogne le/ la tab(l)e, , de la ch/ de la table DM 17 - Magali se cogne la tête contre la table. C’est ça que tu as voulu dire ? L 16 - (soulagée et souriante) oui Lucie n’est pas encore en mesure de s’approprier le fonctionnement fluide que lui a offert l’adulte mais elle est rassurée d’entendre l’adulte verbaliser ce qu’elle essayait de dire. Environ un mois plus tard : Corpus 6 de Lucie, 5 ans 11 mois 3 jours, avec Sylvie a du chagrin DM 16 - Tu m’expliques ce que va faire Sylvie ? L 15 - e(lle) va che(r)cher de la salade (puis passage indistinct) […] DM 18 - Elle va chercher de la salade, oui. Tu expliques pour qui elle va chercher de la salade ? L 17 - pour Pilou DM 19 - Oui, Sylvie va chercher de la salade pour la donner à Pilou. Comme Sylvie commence à faire des phrases complètes, l’adulte reformule en ajoutant une construction complexe (« pour la donner »). La semaine suivante, apparaissent des « essais » de constructions complexes, que l’adulte perçoit et reformule, sans exiger de l’enfant une répétition : Corpus 8 de Lucie, 5 ans 11 mois 10 jours, avec Sylvie a du chagrin L 29 - elle voit Pilou est plus là DM 30 - Elle voit que Pilou n’est plus là. Peu à peu Lucie reprend spontanément des éléments des énoncés de l’adulte et ses énoncés deviennent plus fluides, plus construits et plus longs. L’adulte lui propose alors des textes plus complexes. Parallèlement à ces tâtonnements, la capacité d’assumer une narration commence à se mettre en place. Un mois et demi plus tard, Lucie produit d’elle-même des énoncés plus longs, contenant des constructions complexes et autonomes : Par exemple : Corpus 17 de Lucie, 6 ans 28 jours, avec Le pantalon neuf de Karim L 6 - la maman dit on va acheter un aut(r)e pantalon […] L 21 - Anaïs et Karim i/ i(l)s atten(dent) le car L 22 - la maman e(lle)/ la maman alle est assise et Karim et Anaïs i(l)s veulent pas s’asseoir i(l)s veu(lent) êt(r)e debout Même si le langage de Lucie ne reflète pas encore un fonctionnement bien maîtrisé, l’évolution est manifeste, ainsi que le plaisir qu’elle prend à s’exprimer dans une verbalisation de plus en plus élaborée et autonome, qui n’est pas la reproduction textuelle du texte du livre. Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 12 L’impact de l’interaction n’est pas seulement une question de fréquence des offres de l’adulte. Mais cela implique d’être à l’écoute non seulement du contenu mais de la forme et d’être entraîné à repérer les tâtonnements de l’enfant pour pouvoir lui apporter ce dont il a besoin au moment où il en a besoin. Comme l’a écrit Laurence Lentin : « Il faut savoir que l’apport le plus réel, le plus profond, le plus efficace, et aussi le mieux contrôlable - viendra de l’entraînement basé sur une situation non préparée, fortuite, sur une situation de dialogue vrai entre l’adulte et l’enfant, entre UN adulte et UN enfant. » (Lentin, 1973/1995, p. 57) « Les premiers essais peuvent être décevants, sembler inefficaces ; mais d’après notre expérimentation en cours, il n’y a pas d’échecs. Une sollicitation de ce genre, brève mais répétée régulièrement, ne reste pas sans effet. » (Lentin 1972/1994, p. 134) Ainsi, le nœud de la question réside dans les modalités des interactions éducatives entre adulte et enfant, des interactions individuelles « adaptées » à chaque apprenant, à ses besoins du moment, pour le faire progresser. 7. Brève anticipation de la suite de l'apprentissage Quand l’enfant maîtrise un langage oral déjà assez élaboré et autonome (mais pas avant, sous peine d’échec…) l’activité de « dictée à l’adulte », « passage obligé » entre savoir penser-parler et pouvoir écrire-lire (Lentin1977/1999) , lui permet de produire des écrits, grâce à la médiation de l’adulte. Dans cette activité, l’enfant fait déjà, sans qu’il soit besoin d’apprentissages conscients, l’expérience à la fois de l’écriture et de la lecture, avant même de savoir écrire et lire. Il peut ensuite s’appuyer sur ces écrits produits par lui, dont il connaît donc le sens, pour produire lui-même ses propres écrits, de manière autonome. De même que dans les interactions orales l’enfant a appris à anticiper le sens des paroles qui lui sont adressées, de même l’enfant qui dicte un écrit à un adulte, ou qui écrit lui-même, apprend à anticiper les besoins de son futur lecteur. De même, l’apprenti-lecteur anticipe le sens de ce qui est écrit et recrée l’énonciation du scripteur. La recherche de sens des lecteurs débutants sera facilitée par des textes narratifs écrits dans un langage proche de celui qu’ils maîtrisent. C’est ainsi qu’après avoir étudié les problèmes de compréhension posés par les textes proposés aux jeunes lecteurs, Laurence Lentin a conçu des Histoires à lire… Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 13 8. Conclusion sur les moyens d’évaluation offerts par cette approche, et sur la création de dispositifs Notre méthodologie d’analyse nous donne les moyens d’évaluer avec précision les progrès de chaque apprenant et de vérifier l’efficacité des interventions de l’adulte, de les réajuster. Ces critères d’évaluation peuvent aussi s’appliquer aux textes écrits offerts aux enfants, pour en vérifier l’adaptation. L’élaboration théorique fondée sur l’analyse de nombreuses données au fil de plus de 40 années de recherche, ainsi que l’engagement militant des praticiens-chercheurs de l’AsFoReL pour la réussite de tous les apprenants, et grâce à des soutiens institutionnels, organisationnels et financiers, ont abouti à la conception de dispositifs destinés à offrir des interactions langagières individuelles adaptées, aux apprenants qui n’en bénéficient pas dans le contexte de leur vie quotidienne. Les actions périscolaires Coup de Pouce Langage proposent à des enfants, entre 3 et 6 ans, en complément de l’apprentissage du langage réalisé en famille et à l’école maternelle, un entraînement au langage individualisé avec des « facilitateurs de langage » formés et entraînés. Ces dispositifs comportent une évaluation systématique et ont fait la preuve de leur efficacité depuis leur création en 2008. Le dispositif le plus récent, Langage et Jeux à l’école maternelle, pour apprendre à parler avec des jeux de société, a été développé dans le cadre de la prévention de l’illettrisme, en partenariat avec une ludothèque et deux écoles maternelles de Lunéville. Ce dispositif s’adresse aux enfants de 4 à 6 ans, pour les préparer à aborder l’écrit au Cours préparatoire. Ces dispositifs seront présentés dans la table ronde consacrée aux « actions éducatives pour aider les enfants à apprendre à parler ». Pour accompagner aux mieux l’apprentissage des enfants, il est nécessaire que le professionnel se défie des recettes toutes faites, préfabriquées, qu’il soit prêt à prendre du recul par rapport à sa pratique, à s’enregistrer, pour prendre conscience de la différence entre ce qu’il croit faire et ce qu’il fait réellement dans l’interaction. Comme l’écrivait Laurence Lentin : « Le praticien a besoin avant tout d’apprendre à être un chercheur, responsable et autonome. C’est ainsi et seulement ainsi qu’il sera en mesure d’aider chaque apprenant, quel qu’il soit, à accomplir toutes ses potentialités. » (Lentin 1984) Les interventions de ces deux journées sont le signe que des synergies sont possibles entre les différents acteurs institutionnels et les acteurs de terrain de la prévention de l’illettrisme. Elles illustrent leur volonté de concevoir leurs actions comme solidaires et complémentaires les unes des autres, non seulement dans le cadre périscolaire, mais aussi dans le cadre de l’école… Journées de rencontres 26-27 novembre 2014 Metz (AsFoReL, ANLCI, ATILF, Fondation SNCF) Penser-parler-lire-écrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme mercredi 26 novembre 2014 - Martine Vertalier (AsFoReL) Le noeud de la question réside… 14 Quelques références Blanche-Benveniste C. 1997, Approches de la langue parlée en français, Paris, Ophrys. Canut E. 2006, Apprentissage du langage oral et accès à l’écrit. Travailler avec un chercheur dans l’école, CRDP d’Amiens, Scéren. Chiland C. 1973, « De diverses manières de ne pas lire ». Lecture et pédagogie. CRDP d'Orléans. Diatkine R. 1972, rééd. 1994, « Préface », Lentin L., Apprendre à parler à l’enfant de moins de six ans. Où ? Quand ? Comment ?, Paris, ESF, p. 12-16. Diatkine R. 1984, « La formation du langage imaginaire », Le français aujourd’hui n° 68, p. 25-29. Lentin L. 1973, « Interactions adultes-enfants au cours de l’acquisition du langage. Etude du langage de deux enfants de milieux socioculturels différents, et de celui de leurs parents », Etudes de Linguistique Appliquée n° 9, p. 9-50. Lentin, L. 1973, rééd. 1995, Comment apprendre à parler à l’enfant. Aperçu d’une expérience en cours, Paris, ESF, tome 2. Lentin L. 1977, rééd. 1999, Du parler au lire. Interaction entre l’adulte et l’enfant, Paris, ESF, tome 3. Lentin L. 1984, « Le formateur est un chercheur », Raison Présente n° 71, p. 79-85. article reproduit dans Lentin L. 2009, p. 138-144. Lentin L. dir. 1988, Recherches sur l’acquisition du langage, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, tome 2. Lentin L. 1990, « La dépendance de l’écrit par rapport à l’oral : paramètre fondamental de la première acquisition du langage », Catach N. et al., Pour une théorie de la langue écrite, Paris éditions du CNRS. Lentin L. et al. 1978 (série orange), 1979 (série verte : Jo et Timothée), 1981 (série rose), Histoires à lire, CP-CE1, Paris, Istra. Lentin L. 1998 rééd. 2009, Apprendre à penser, parler, lire, écrire, Paris ESF éditeur. Lentin L. 2012, « Préface », Canut E., Bruneseaux-Gauthier F. & Vertalier M., Des albums pour apprendre à parler. Les choisir, les utiliser en maternelle, CRDP de Lorraine, Scéren, p. 9-11. Lentin L. et al. 1995, Ces enfants qui veulent apprendre. L’accès au langage chez les enfants vivant dans la grande pauvreté, Paris, Edition de l’atelier – Editions Quart Monde. Merleau-Ponty à la Sorbonne, résumé de cours 1949-52, 1988, Grenoble, éditions Cynara. Monsel D., 1995, « Lucie raconte », Lentin L. et al. 1995, Ces enfants qui veulent apprendre. L’accès au langage chez les enfants vivant dans la grande pauvreté, Paris, Edition de l’atelier – Editions Quart Monde, p. 111-120.
Documents pareils
1 Ce que l`AsFoReL doit à Lokra J`ai rencontré Irène Lentin
- en 1981, 3 textes de la série rose : Maroussia au supermarché, Gaëtan de toutes les
couleurs, Pâquerette visite un grenier.
- en 1981 aussi, Les livres jaunes à parler ensemble : Mme Moutarde et ...