Silence, on tue des enfants
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Silence, on tue des enfants
livres ‹ Silence, on tue des enfants› Si vous vous êtes un jour demandé ce que Julie et Mélissa avaient pu subir, ce que Sabine et Laetitia avaient bien pu entr'apercevoir depuis la cage de Dutroux, lisez ce ‹voyage jusqu’au bout du réseau›. de Régina Louf — éditeur : Mols et Factuel éditions ‹Quand j'ai envie de pleurer, j'ai peur de ne plus pouvoir m'arrêter, alors je ne pleure pas. Si j'entre en colère, j'ai peur que cette colère ne disparaisse jamais, alors je repousse la colère.› Prostituée par sa grand-mère, violée, torturée de l'âge de deux à seize ans et un peu plus, elle témoigne de son passé de victime d'un réseau de ‹criminels d'enfants›, selon ses propres termes. Elle parle des ‹snuff-movies› (ou assassinats filmés) auxquelles elle a assisté, de chasses à courre meurtrières. Elle évoque culpabilisation et manipulation qui imposent la loi du silence. Des actes de torture que les victimes, surtout des filles, mais aussi des garçons, sont contraintes de porter à d'autres pour se les épargner à ellesmêmes. Cette loi du silence, Régina va pourtant la briser — avec douleur — quand elle — ¬ par Anne Dantec verra Sabine et Laetitia sortir vivantes des mains de Dutroux grâce à l’action conjointe du juge Connerotte et du procureur du roi Bourlet. Elle acceptera de déposer son témoignage, de longues heures, devant l’équipe d’enquêteurs de De Baets. Jusqu’à seize ans, le moindre de ses gestes de révolte, la moindre de ses tentatives pour alerter le monde extérieur à sa souffrance étaient payés de tortures ou de la vie d’un proche, animaux de compagnie ou humain : les enfants du même réseau et jusqu’à ses premiers enfants, qu’elle eut dès l’âge de dix ans. Elle savait que ses bourreaux faisaient partie de l’élite belge, qu’ils étaient corrupteurs ; elle va en refaire l’expérience, étant victime, depuis qu’elle a accepté de témoigner à visage découvert, d’une campagne médiatique de dénigrement qui tend à la faire passer pour folle. Il y a pire, si possible, et c’est maintenant une chose connue. Tout a été tenté, et pour l’instant avec succès, pour que la présomption de l’existence d’un réseau soit évacuée de l’affaire Dutroux, dont il était pourtant, semble-t-il, le préposé aux basses œuvres. Le jugement a débuté début mars. Le peuple belge ne croit pas que justice puisse être rendue aux victimes, craint que ces crimes sur enfants ne perdurent dans la plus grande impunité, l’ouverture des frontières aidant à élargir le terrain de ‹chasse› des bourreaux. Régina Louf, quant à elle, espère que son témoignage aidera celles qu’elle appelle ‹ les petites victimes › à cesser de rester souffrir et mourir dans l’ombre. ‹ Témoignage d’un prêtre› — de Marc Bonenfant Éditions du Jubilé, collection Sarment Guide totus de la prostitution — ¬ par Patrick Théret Un livre pour celles et ceux qui veulent, croyants ou non, jeter un regard spirituel sur la prostitution. Pour Marc Bonenfant, les chrétiens ne sont pas hors du monde et ont un regard particulier à poser sur les personnes prostituées. Ancien aumônier du Mouvement du Nid, l’auteur a passé une bonne partie de son ministère à ‹faire le trottoir›, sans condamner ni juger. À partir d’anecdotes vécues, de souvenirs personnels, il s’efforce de changer notre regard sur le monde prostitutionnel. Ce petit livre ne cache pas son inspiration chrétienne. Sans prêche, ni angélisme ou voyeurisme, il dit tout simplement une vérité qu’a côtoyée Marc Bonenfant pendant vingt-cinq ans. 32 p&s|hiver 2004 livres ‹Liberté, égalité, sexualités › de Clarisse Fabre et Éric Fassin — — éditeur : Belfond\Le Monde Émergeant de la sphère privée où elles sont restées confinées des siècles durant, les questions touchant à la sexualité sont passées ces dernières années au champ du politique. C’est sur cette réalité nouvelle que la journaliste du Monde, Clarisse Fabre, interroge dans ce livre le sociologue Éric Fassin. Débats autour du Pacs et de la parité, du harcèlement et de la violence sexuelle, de la prostitution et de la pornographie montrent que l’ordre sexuel a cessé d’être inscrit dans la ‹nature› des choses. La société se livre au contraire aujourd’hui à une critique des normes : norme masculine dans la vie publique, norme hétérosexuelle dans la vie privée. Selon Eric Fassin, cette remise en cause, et les débats qui l’accompagnent, se jouent autour des conceptions que chacun se fait de la liberté et de l’égalité. Un chapitre est naturellement consacré à l’actualité du débat sur la prostitution. Eric Fassin, qui souligne l’opposition entre ‹gauche libertaire›, qui ne veut connaître que des individus libres, et ‹gauche morale›, qui prétend civiliser la pulsion sexuelle, relève à juste titre les incohérences des discours de certaines intellectuelles, ¬ par Claudine Legardinier désireuses à tout prix de maintenir la sexualité dans la sphère privée et donc de refuser toute critique des mécanismes sociaux de la domination masculine : la juriste Marcella Iacub, qui fustige le fait que la gauche féministe aurait en matière de prostitution renoncé au critère du consentement, pierre d’angle de la libération sexuelle, n’hésite pas à rejeter le même critère lorsqu’il s’agit de harcèlement. Elisabeth Badinter, pressée de considérer la prostituée comme une femme libre et émancipée, refuse le même honneur à la femme voilée, qu’elle considère comme aliénée… En retraçant les grandes lignes du débat intellectuel sur abolitionnisme et réglementarisme, Éric Fassin l’accuse d’être en complet décalage avec les réalités politiques françaises, notamment avec la loi Sarkozy. On peut lui opposer qu’il serait plutôt en avance sur le débat politique à l’heure où l’Europe des bordels ‹aseptisés› avance dans l’indifférence générale. On peut aussi s’étonner que le sociologue évoque une prostitution qui ‹ne présente plus les dessous affriolants d’hier›. Comme si la prostitution d’hier avait jamais été ‹affriolante›… Seuls les mythes littéraires à la Alphonse Boudard ont pu le laisser croire. En revanche, on ne peut que souscrire à son analyse selon laquelle ce qui rend les esclaves désirables, c’est précisément leur état d’esclavage. Selon lui, la prostitution est ‹le refuge des frustrations modernes de la domination masculine› ; ‹non plus la soupape de la répression sexuelle, comme avec le mariage victorien, mais la compensation de l’égalité entre les sexes, selon le modèle des couples modernes›. ‹ P rostitution : marchés, organisation, mobilisations › — revue Travail, Genre et Sociétés Voilà une livraison dont il faut saluer la diversité des articles : alliances et mésententes entre prostituées et féministes depuis les années 1975, coup d’œil historique sur le régime de Vichy et la réglementation de la prostitution par les occupants, préoccupations d’actualité avec le trafic des femmes aujourd’hui en Europe du Sud-Est, réflexions psychanalytiques autour des enjeux psychiques de la démarche prostitutionnelle... Chose rare, il y a place pour un article sur les clients ! Ici, ceux des prostituées de Taïwan, étudiés par Chen Mei Hua, sociologue féministe taiwanaise. — éditeur : L’Harmattan ¬ par Claudine Legardinier L’auteure, qui conteste l’idéologie des ‹pulsions sexuelles des hommes›, étudie notamment la manière dont les clientsconsommateurs vivent leurs relations avec des prostituées selon la classe sociale à laquelle ils appartiennent. Elle note d’ailleurs comment les différences hiérarchiques sont estompées par un comportement commun entre chefs et employés dans une société où la prostitution est aussi un instrument du monde des affaires... 33 p&s|hiver 2004 livres/cinéma ‹ Appeler une chatte…› |Mots et plaisirs du sexe| de Florence Montreynaud — — éditeur : Calmann-Lévy L’époque a beau rouler des mécaniques, quand il s’agit de parler de sexe, les mots nous manquent. Le plus bel exemple en est le mot ‹vagin› dont Florence Montreynaud montre à quel point il est presque devenu obscène. D’ailleurs, c’est tout le plaisir féminin qui est frappé de déni ou d’invisibilité. Lectrice avisée, l’auteure note comment tout est fait, dans les livres, pour éviter de dire à quoi peut bien servir un clitoris ; pas même le fameux, récent et si affranchi ‹guide du zizi sexuel ›. Un régal que cette relecture chaleureuse des mots du sexe, mots qui retrouvent leur lustre avec des détours en forme de voyages chez les Anglais, les Allemands, les Russes ou les Espagnols. Une occasion de revisiter l’Antiquité, la pensée freu- dienne ou le discours publicitaire, de goûter les finesses du vocabulaire militaire ou agricole, de savourer des références pêchées chez San Antonio, Montaigne ou dans le Coran. Tout à son plaisir des mots, Florence Montreynaud en profite pour pourfendre le désastre qui conduit à centrer la sexualité masculine sur la seule érection, et, ce qui va avec, le machisme de la langue. L’auteure conseille à ce propos aux automobilistes acariâtres de troquer le célèbre juron en trois lettres, qui, comme on le sait, insulte le sexe féminin, contre un délectable ‹maudit niaiseux!› emprunté à nos cousins du Québec… Au total, un hymne rafraîchissant aux joies inséparables du sexe et du vocabulaire. ‹Viva Laldjérie› ‹ Je préfère les putes aux héros ›, déclare, provocateur, Nadir Moknèche, le réalisateur de Viva Laldjérie, à Télérama. Et la ‹pute› de son film, Fifi, pourrait bien être la victime expiatoire d’une Algérie qui peine à trouver son identité entre intégrisme et sensualité refoulée. Dans Alger la Blanche, aujourd’hui, trois femmes, Goucem, la presque trentenaire libérée en mal de mariage, sa mère, Papicha, une ancienne danseuse de cabaret, et Fifi vivent dans la pension de famille Debussy. Vies précaires, parallèles, où les plaisirs de la danse, de l’alcool et de l’amour se prennent à la dérobée, contre une société corsetée où les Réalisateur : Nadir Moknèche intégristes sont partout, bien qu’invisibles dans le film! Mais la tragédie n’est jamais loin, elle va prendre le masque grimaçant d’un gradé de la police, client de Fifi, sorte de ‹deus ex machina› de l’intrigue, qui va alors frôler, maladroitement, le thriller. Fifi, la prostituée aux déshabillés vaporeux et au rire hystérique, a un corps, que le cinéaste montre nu au sortir du bain — une première dans le cinéma algérien — mais pas de visage. Elle le voile pour sortir dans la casbah, elle porte des perruques qui la rendent méconnaissable… Plus encore qu’une femme aliénée par le désir d’autrui, — ¬ par Muriel Lhermé dr — Les films du Losange ¬ par Claudine Legardinier elle est, littéralement, la face cachée de l’Algérie, et, comme telle, elle ne pourra qu’être niée, cette ‹fatalité› constituant un des points faibles, car convenu, du film. Sincère, riche par sa peinture 34 p&s|hiver 2004 d’une réalité mal connue, le film fait de ces trois femmes des ‹héroïnes›, modestes, d’une lutte pour l’existence, pour la reconnaissance, des héroïnes guettées par la mort. Secrétariat national/8 bis rue Dagobert /BP 63 / F. 92114 Clichy Cedex T 01 42 70 92 40 — F 01 42 70 01 34 E [email protected] S http://www.mouvementdunid.org en France Alsace 31 avenue Clemenceau / 68100 Mulhouse Permanence les lundi et jeudi de 15 h à 18 h T 03 89 56 63 25 — F 03 89 56 63 25 E [email protected] 1 quai Saint-Jean / 67000 Strasbourg Permanence les lundi et jeudi de 15 h à 18 h T 03 88 32 77 67 — F 03 88 32 77 67 E [email protected] Aquitaine 24 place Ferdinand Buisson / 33800 Bordeaux Permanence du lundi au jeudi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h - Le vendredi de 9 h à 13 h T 05 56 85 36 22 — F 05 56 85 59 74 Auvergne 133 avenue de la République 63051 Clermont-Ferrand Cedex 2 T 04 73 98 27 77 Bretagne Maison pour Tous (antenne) Pl. François-Mitterrand / 29800 Landerneau T 02 98 25 88 58 — F 02 98 25 88 58 E [email protected] 49 rue de Kerlin / 56100 Lorient Permanence les 2e et 4e jeudis du mois de 16 h 30 à 18 h 30 T 02 97 83 24 39 E [email protected] BP 60836 / 35008 Rennes Cedex T 02 99 55 66 25 Centre 9 rue Etienne Dolet / BP 1214 45002 Orléans Cedex Permanence les 1er et 3e vendredis du mois de 16 h 30 à 18 h 30 T 02 38 81 74 83 E [email protected] 11 rue des Ursulines / 37000 Tours T 02 47 05 63 88 — F 02 47 05 63 88 Centre Ozanam / 24 bis rue Joffre 78000 Versailles T 01 39 50 27 71 BP 85 / 94401 Vitry Cedex T 01 43 28 17 39 Languedoc - Roussillon 2 rue Germain - Hôtel de Gérone 34000 Montpellier T 04 67 02 01 23 — F 04 67 02 01 23 E [email protected] 26 rue Notre Dame / 30000 Nîmes Permanence le lundi de 17 h à 18 h 30 T 04 66 67 31 91 — F 04 66 67 31 91 Lorraine Rue Général Haxo - UDAF / 88000 Épinal T 03 29 62 09 43 1 rue Châtillon / 57000 Metz Permanence le jeudi de 15 h à 17 h T 03 87 36 83 58 — F 03 87 36 27 06 BP 6 / 54600 Villers-les-Nancy T 03 83 40 58 85 Midi-Pyrénées BP 5023 / 31032 Toulouse Cedex E [email protected] T 06 78 30 97 22 Nord-Pas-de-Calais 15 Parvis Saint-Maurice / BP 231 59002 Lille Cedex Permanence le mardi de 17 h à 19 h T 03 20 06 14 08 — F 03 20 75 48 46 Normandie 10 rue Renan / 25000 Besançon Permanence le lundi de 9 h à 12 h T 03 81 83 02 03 — F 03 81 83 02 03 E [email protected] 8 rue d’Auge / 14000 Caen Permanence le 1ermercredi du mois de 15 h à 17 h et les autres mercredis de 20 h 30 à 22 h 30 T 02 31 82 57 54 — F 02 31 38 94 42 3 Place Danton / 76600 Le Havre Permanences sur rendez-vous : les 1er et 3e mercredis du mois de 15 à 17 h 2e et 4e jeudis du mois de 18 h à 20 h T 02 35 19 02 02 — F 02 35 19 02 02 1 rue de Seille - 76000 Rouen Permanence le jeudi de 15 h à 18 h T 02 35 07 64 80 Ile-de-France Pays-de-la-Loire Secrétariat Régional / 8 avenue Gambetta 75020 Paris T 01 47 97 14 00 65 bd de Clichy / 75009 Paris Permanence le mercredi de 17 h à 20 h T 01 42 82 17 00 92 rue Saint-Denis / 75001 Paris Permanence le mardi de 18 h à 20 h 30 T 01 40 26 15 34 BP 134 / 91861 Epinay-sous-Sénart Cedex T 01 69 39 52 73 — F 01 69 39 52 73 BP 84 / 92243 Malakoff Cedex T 01 46 57 62 17 — F 01 46 57 62 17 3 impasse Tournemine / 49100 Angers Permanence le 1er lundi du mois de 20 h à 22 h T 02 41 48 19 28 Maison des Associations 4 rue d’Arcole / 72000 Le Mans Permanence le 1er jeudi du mois de 16 h à 18 h T 02 43 85 89 98 — F 02 43 40 09 69 7 Chaussée de la Madeleine 44000 Nantes Perm. les 2e et 4e mardis du mois de 18 h 30 à 20 h au 21 Allée Baco T 02 40 35 25 03 — F 02 40 80 63 32 E [email protected] Franche-Comté Provence-Côte d’Azur 8 rue Agricol Perdiguier / 84000 Avignon Sur rendez-vous T 04 90 85 86 75 — F 04 90 85 86 75 2 rue de la Loubière / 13006 Marseille Permanence le 1er samedi du mois de 9 h à 12 h et le dernier mardi du mois de 14 h à 16 h T 04 91 92 04 84 — E [email protected] 18 place de la Visitation - Appt 13 83000 Toulon Permanence les mercredi et vendredi de 9 h 30 à 11 h T 04 94 92 29 80 — F 04 94 92 29 80 Rhône-Alpes 12 place de Lavalette / 38028 Grenoble Cedex 1 T 04 76 90 16 62 — F 04 76 90 16 62 E [email protected] 7 place des Terreaux - BP 1003 69201 Lyon Cedex 01 Permanence le mercredi de 17 h à 19 h T 04 78 30 12 84 Département d’Outremer Martinique 101 bis rue l’Abbé Lavigne / Terre Saintville BP 314 / 97203 Fort-de-France Cedex T 05 96 60 50 44 à l’étranger Belgique Mouvement du Nid ASBL 14 rue Hydraulique / B-1210 Bruxelles T (00 32) 2 217 84 72 — F (00 32) 2 217 60 16 Rue du collège 25 / B-6000 Charleroi T (00 32) 7 131 40 42 40 place Xavier-Neujan / B-4000 Liège T (00 32) 4 223 67 02 Bénin 02 BP : 8128 Cotonou T 00 229 32 60 04 E [email protected] Brésil Movimento em Defesa da Pessoa Humana - Ninho Rua 28 de julho, 232 / 65010 São Luis-MA Ninho Cearense - NICE Movimento de promoção da Pessoa Humana Caixa Postal 1282 CEP : 60 001 — 870 Fortaleza — Ceara Côte d’Ivoire C.A.M. 23 bd Clozel (Plateau) / 04 BP 1658 Abidjan 04 T (225) 20 22 83 99 — F (225) 23 45 14 32 E [email protected] Portugal Associação ‹ O Ninho › rua Actor Taborda / 30-3 Dto Lisboa 1 T (351) 1 353 02 73 — F (351) 1 352 74 44
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