annales du concours d`adjoint administratif

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쎲 ANNALES DU CONCOURS D’ADJOINT ADMINISTRATIF
Sujet de l’épreuve de français du concours d’adjoint administratif territorial
Centre de gestion de la Marne – 2010
(Durée : une heure trente minutes ; coefficient 3)
Texte
« L’accès à la vie adulte est retardé »
Le sociologue Olivier Galland, directeur de recherches au CNRS, vient de publier De
quoi les jeunes Français ont-ils peur ? (Armand Colin). Il explique à Libération les
raisons de leur pessimisme.
Les jeunes Français ont peur de l’avenir : pourquoi ?
Ils sont inquiets, plus que les autres Européens : 60 % des jeunes Danois considèrent
l’avenir avec un grand optimisme contre 20 % pour les jeunes Français… Depuis vingt
à trente ans, le chômage des jeunes est de deux fois, deux fois et demie plus élevé
que celui des adultes. La précarité de l’emploi se concentre sur eux, et ce de plus en
plus. Mais il ne faut pas noircir à l’excès : 90 % des jeunes entre 25 et 30 ans accèdent à un CDI. Il y a en France un retard dans l’entrée dans la vie adulte. Cette « stabilisation » est longue, risquée et facteur d’incertitudes. Les jeunes sont en outre mal
représentés dans les corps intermédiaires (syndicats, associations, partis). Ils n’ont
pas d’expression légitime, incontestable. Il y a ainsi une coupure entre eux et la
société, culturelle aussi. Il suffit de voir le fossé qui s’est creusé entre la culture des
jeunes et celle de l’école. Troisième aspect, moins évoqué : le système méritocratique
français, l’élitisme républicain. Il ne fonctionne plus dans une école de masse. L’obsession du classement scolaire sépare vainqueurs et vaincus. Cela provoque beaucoup
de découragement, de doutes, d’échecs.
En quoi la crise aggrave-t-elle ce tableau ?
L’emploi des jeunes surréagit à la conjoncture. Quand elle se détériore, ils sont les plus
touchés. Quand il y a une reprise, ils sont les premiers à en profiter.
Le diplôme protège-t-il contre le chômage ?
L’écart entre les chances d’insertion d’un diplômé et celles d’un non-diplômé demeure.
Il s’accroît même avec la crise. Mais, c’est vrai, le diplôme n’est plus une aussi bonne
protection. Il ne faut toutefois pas exagérer sa dévalorisation. Un bac + 4 ou + 5
protège efficacement contre le chômage. Mais certaines filières sont dévalorisées.
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ANNALES DE L’ÉPREUVE DE FRANÇAIS 쎲
Quelle politique mener ?
Les politiques publiques n’ont pas pris assez en compte les transformations de cette
période de la vie. C’est devenu une phase de transition longue, entre la fin des études
et la stabilisation professionnelle et familiale. Avant, cela se faisait rapidement : les
jeunes reproduisaient le statut de leurs parents. Avec la démocratisation, c’est plus
complexe, plus risqué, les jeunes tâtonnent. On a besoin d’une politique d’accompagnement public. Il faut notamment améliorer le système d’orientation. Il est très
opaque, avec une grande iniquité entre les jeunes qui ont les bons réseaux et peuvent
choisir les bonnes filières, et les autres. Il y a aussi des trous dans la protection
sociale. Faut-il des aides pour toute la jeunesse ou seulement pour certaines catégories ? Le débat est ouvert.
Le pouvoir a peur, aussi, des jeunes…
Les politiques ont toujours peur des jeunes. C’est souvent à l’origine de l’échec des
réformes, comme récemment sur le lycée. Car les politiques essaient de les faire
passer à la sauvette, subrepticement. Le ministre de l’Education, Xavier Darcos, avait
une vision plus ambitieuse que de modifier la seconde. Il n’a pas voulu l’afficher. Il a
présenté sa réforme a minima. Mais, très vite, les interlocuteurs s’en sont rendu
compte… On retrouve ce cercle vicieux, avec une grande défiance des jeunes à l’égard
des politiques, une grande peur des politiques à l’égard des jeunes. La priorité doit être
de rétablir la confiance et d’agir dans la transparence.
Véronique Soulé, interview d’Olivier Galland,
directeur de recherche au CNRS, Libération, 24 avril 2009.
Questions
Questions sur le texte (12 points)
1) De quels indices chiffrés dispose-t-on pour mesurer et expliquer l’inquiétude des
jeunes Français ? (1 point)
2) Expliquez, dans leur contexte, les expressions suivantes :
• « Le système méritocratique français » ;
• « L’emploi des jeunes surréagit à la conjoncture » ;
• « Une phase de transition longue » ;
• « [Le système d’orientation] est très opaque, avec une grande iniquité ».
(4 points)
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쎲 ANNALES DU CONCOURS D’ADJOINT ADMINISTRATIF
3) Donnez une explication de « corps intermédiaires » et expliquez leur rôle. (2 points)
4) Quels sont les rapports entre diplômes et chômage ? (Vous veillerez à vous dégager des mots du texte.) (2 points)
5) En reprenant l’ensemble du texte, expliquez en une centaine de mots quelles sont
les causes de l’inquiétude des jeunes, selon M. Galland. (3 points)
Exercices (8 points)
6) Donnez un synonyme pour chacun des mots suivants (en respectant le contexte de
la phrase d’origine) :
• « facteur » ;
• « obsession » ;
• « subrepticement » ;
• « défiance ».
(2 points)
7) Recopiez la phrase suivante en conjuguant les verbes entre parenthèses au passé
simple.
« L’emploi des jeunes (surréagir) à la conjoncture. Quand elle se (détériorer), ils (être)
les plus touchés. Quand il y (avoir) une surprise, ils (être) les premiers à en profiter. »
(2 points)
8) Recopiez le passage suivant en accordant, si nécessaire, les mots entre parenthèses.
« La structure du marché de l’emploi, que les délocalisations et la révolution informatique ont profondément (modifié), agit sur l’entrée dans la vie adulte. Cette évolution
peut-elle être (changé) ? Les sociologues ont (identifié) plusieurs causes mais ne s’entendent pas sur les politiques (adopté). »
(2 points)
9) Réécrivez le passage suivant en corrigeant les fautes d’orthographe.
« La précarité et l’instabilité handicapants les jeunes adultes dans la prise de responsabilitées familiales ; ils ressentent nottament une grande incertitude face à l’avenir
jusqu’a perdre confiance en eux. »
(2 points)
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