En quoi la pharmacothérapie et l`opération de la poche pelvienne

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En quoi la pharmacothérapie et l`opération de la poche pelvienne
En quoi la pharmacothérapie et l’opération
de la poche
pelvienne influent sur la capacité
reproductrice des femmes atteintes de la
colite ulcéreuse
PRINTEMPS 2004
Le 12 novembre 2003, le docteur Paul Johnson, boursier en chirurgie
colorectale au Mount Sinai Hospital de Toronto, a donné une présentation
sur les répercussions de la pharmacothérapie et de l’opération de la poche
pelvienne sur la capacité reproductrice des femmes atteintes de la colite
ulcéreuse devant une salle bondée à l’unité des maladies inflammatoires de
l’intestin de l’hôpital. Le docteur Johnson a expliqué que sa recherché
visait à évaluer la fertilité des femmes atteintes de la colite ulcéreuse
(CU) qui avaient suivi une pharmacothérapie ou subi une anastomose entre la
poche
iléale et l’anus (APIA). L’APIA est une opération qui consiste à extraire
le côlon et le rectum et à utiliser le bout de l’intestin grêle (l’iléon)
pour créer un nouveau rectum ou un nouveau réservoir.
Soixante femmes ayant suivi un traitement médical et 153 femmes ayant subi
une APIA en raison d’une CU ont participé à une etude rétrospective et non
aléatoire. Les données requises pour l’étude ont été obtenues à l’aide de
questionnaires et d’entrevues téléphoniques auprès des participants. Dans
le cadre de cette étude, l’infertilité était définie comme l’incapacité de
devenir enceinte après
douze mois de relations sexuelles non protégées. Le taux d’infertilité
était considérablement plus élevé chez les femmes ayant subi une APIA par
rapport aux femmes sous pharmacothérapie, soit 38,1 % par rapport à 13,3 %,
respectivement. La majorité (78,6 %) des episodes d’infertilité déclarés
par les patientes ayant subi une APIA se sont produits après l’opération.
L’étude du docteur Johnson a également permis d’établir que les femmes qui
avaient subi une APIA étaient près de sept fois plus
susceptibles de faire appel à des traitements de fertilité pour devenir
enceintes. Il ne semblait exister aucune différence entre la capacité de la
femme à devenir enceinte avant le diagnostic de CU et celle dont la CU est
diagnostiquée et qui a été sous pharmacothérapie. Par contre, on remarquait
une diminution marquée de la capacité de la femme à devenir enceinte après
l’APIA. Ces resultants laissent supposer que la CU en soi et la
pharmacothérapie de la CU ne nuisent pas à la fertilité des femmes, et que
certains facteurs reliés à l’opération sont responsables de la difficulté à
devenir
enceinte.
Pourquoi, tel que l’indique l’étude, estil apparemment si difficile pour
les femmes de devenir enceintes après une APIA ? Selon le docteur Johnson,
on pense que la dissection associée à l’opération de la poche iléale peut
provoquer la formation de tissues cicatriciels dans le corps de la femme,
ce qui peut altérer la relation entre ses trompes de Fallope et ses
ovaires. « Le défi consiste à découvrir des moyens de réduire la formation
de tissues cicatriciels », explique-t-il. Un autre facteur important est
susceptible de contribuer à la difficulté de devenir enceinte après une
opération : l’âge de la patiente. « L’âge moyen des femmes qui subissent
une APIA au Mount Sinai Hospital est d’un peu plus de 32 ans, et il est
bien établi que la fertilité de la femme commence à diminuer après 30 ans.
»
Il est intéressant de constater qu’une étude distincte sur la grossesse,
l’accouchement et la fonction de la poche après une anastomose entre la
poche iléale et l’anus en cas de maladie de Crohn (Diseases of the Colon &
Rectum, octobre 2002, 45 (10) 1283-8) conclut qu’un fois devenue enceinte
après une APIA, la femme devrait vivre une grossesse et un accouchement
normaux. L’étude, menée en 2002 à
l’unité de recherche sur les MII du Mount Sinai Hospital, concluait que la
grossesse est sans danger pour les femmes ayant subi une anastomose entre
la poche iléale et l’anus, et que le mode d’accouchement devrait donc
dépendre de considerations obstétriques.
Interrogé sur la raison pour laquelle les répercussions de la CU et de son
traitement sur la capacité reproductive des femmes n’ont pas fait l’objet
de beaucoup d’études par le passé, le docteur Johnson affirme qu’en premier
lieu, c’est un domaine d’investigation difficile parce qu’il faut un suivi
à long terme afin de donner le temps aux femmes de devenir enceintes, et
qu’en second lieu, il faut un grand nombre de patientes pour tirer des
conclusions significatives d’après les résultats. Le Mount Sinai Hospital a
mené l’un des plus grands nombres d’APIA dans le monde, ce qui permet aux
médecins d’effectuer ce type d’étude.