1 ß 1- La nouvelle formule du Monde a permis de restaurer
Transcription
1 ß 1- La nouvelle formule du Monde a permis de restaurer
Veille stratégique n°9 Sommaire ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß ß 1- La nouvelle formule du Monde a permis de restaurer son renom selon Colombani 2- Les ventes de journaux dans le monde ont augmenté de 0,5% en 2005 3- Notes à soi-même (et aux autres) 4- La presse mondiale face au défi de la "génération gratuit" 5- Changement de soleil 6- Après "France Soir", "Bild" prépare un tabloïd à la française 7- La publicité tarde à prendre en compte la diversité 8- Eye on The Times 9- La bonne formule du Figaro et du Monde 10- Une efficacité qui cherche à se mesurer 11- Les éditeurs yankees à la conquête du Web 12- Dossier sur la presse professionnelle 13- N-Gen invente la taylorisation de la charte graphique 14- Les kiosques à journaux s'ouvrent sur le Net 15- Et maintenant, messieurs, innovez ! 16- Comment mieux travailler ensemble 17- L’incontournable intranet 18- US : blogs et sites de journaux partagent la même part d'audience chez les 18-24 ans 19- Moscow 2006: 17 clefs pour l'avenir 20- All Web sites are alike ß 1- La nouvelle formule du Monde a permis de restaurer son renom selon Colombani (CB Newsletter du 21/05/06) "Notre nouvelle formule a permis de remettre le journal sur pied. Le renom et l'image du Monde sont rétablis", affirme le patron du quotidien dans un entretien publié par le Journal du Dimanche. Même si les ventes au numéro sont en retrait en cumulé depuis le début de l'année, M. Colombani relève que leur recul d'il y a un an -elles étaient alors en retrait de 14,5% - a été enrayé. Depuis le lancement de la nouvelle formule, les ventes en kiosque sont en progrès de 0,2% par rapport à la même période de l'année précédente, fait-il valoir dans cette interview. M. Colombani, dont le mandat s'achève l'année prochaine, fait valoir par ailleurs le "chemin parcouru" depuis son arrivée à la tête du Monde. "En 1994, la maison était en faillite ; les ventes étaient au plus bas ; nous employions 1.200 personnes et réalisions 90 millions d'euros de chiffre d'affaires. Fin 2006, lorsque le projet Sud (ndlr: rapprochement de la presse régionale du Monde et d'Hachette) sera enclenché, le groupe sera fait de 5.000 personnes, pour un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros et des résultats positifs". M. Colombani indique aussi que le concept de journal gratuit auquel réfléchit le groupe depuis des mois "est presque abouti". "Nous étudierons aussi la possibilité de sortir, toujours en partenariat, un gratuit axé sur l'économie", précise-t-il encore. 1 ß 2- Les ventes de journaux dans le monde ont augmenté de 0,5% en 2005 (CB Newsletter du 05/06/06) Les ventes de la presse mondiale ont légèrement progressé en 2005(+0,5%) et surtout, ses recettes publicitaires augmentent de 5,7%, la plus forte hausse depuis quatre ans, selon une étude présentée hier à Moscou au 59e Congrès mondial de l'Association mondiale des journaux. Selon l'AMJ qui représente 18.000 journaux, 439 millions d'exemplaires de journaux seraient vendus chaque jour. Avec les journaux gratuits, les ventes des journaux ont augmenté de 1,2% l'an passé et de 7,8% sur cinq ans. Avec eux, la diffusion quotidienne monte à 464 millions. Les quotidiens gratuits représentent aujourd'hui 6% de la diffusion des journaux (17% en Europe). Les recettes publicitaires des quotidiens payants ont progressé de 5,7% l'an passé et de 11,7% sur 5 ans. ß 3- Notes à soi-même (et aux autres) (Télérama du 30/05) Les listes ont la cote : l'actuel succès des Miscellanées de Mr Schott — ce livre-inventaire de « petits riens essentiels » — le prouve encore. Le site 43 Things s'inscrit dans cette tendance : chaque internaute a la possibilité d'y formuler ses projets et d'y lire ceux des autres, depuis « obtenir son permis de conduire » à « apprendre à rouler les "r" » en passant par « trouver l'amour ». Futile ? Moins qu'il n'y paraît, parce que la mise en commun de ces listes permet aux personnes de s'entraider, de raconter leur progression et de partager quelques trucs pour enfin toucher le but. Enfin, quand c'est possible... Car les trois internautes qui souhaitent se faire implanter des branchies pour respirer sous l'eau risquent d'avoir du mal à réaliser leur rêve. www.43things.com ß 4- La presse mondiale face au défi de la "génération gratuit" (Le Monde du 05/06) L'industrie de la presse ne se porte pas si mal. Tel est le bilan des premiers chiffres diffusés lundi 5 juin par l'Association mondiale des journaux (AMJ), qui tient son 59e congrès mondial des journaux à Moscou, sur le thème "Les journaux, une nouvelle ère d'innovation". Cette étude, qui confirme la tendance à l'embellie constatée en 2004, porte sur les 216 pays dans lesquels des journaux sont publiés. La diffusion des quotidiens a légèrement augmenté (+ 0,56%) en 2005, cette hausse étant de 6 % sur cinq ans, une progression largement imputable à l'Asie, note l'AMJ. La Chine, qui compte 1,3 milliard d'habitants, est le plus gros consommateur de journaux en nombre (96,6 millions d'exemplaires par jour). Au total, 439 millions de quotidiens sont diffusés chaque jour dans le monde. Chiffre qui passe à 464 millions en ajoutant les quotidiens gratuits. Au total, sur 6,5 milliards d'habitants dans le monde, "plus d'un milliard de personnes lisent chaque jour un quotidien", estime l'AMJ. Après avoir augmenté de 5,28 % en 2004, les recettes publicitaires globales des journaux ont progressé de 5,7 % en 2005, soit la plus forte augmentation en quatre ans, selon les chiffres sur les tendances mondiales de la presse diffusées par l'Association mondiale des journaux (AMJ). Les journaux restent le deuxième support publicitaire au monde (30,2 %), après la télévision, selon l'AMJ. En France, la presse reste le média préféré des annonceurs (47,8 %, soit 4,753 milliards d'euros), selon les chiffres de l'IREP. 2 "Globalement, l'audience des journaux continue d'augmenter, a déclaré Timothy Balding, directeur général de l'AMJ. Les journaux étendent leur pénétration à travers l'exploitation de nouveaux canaux de distribution, qui vont des quotidiens gratuits aux éditions en ligne. Ils font preuve d'une résistance remarquable face aux attaques de nombreux médias concurrents." Optimiste, il rappelle que "pas moins de 150 nouveaux quotidiens payants ont été lancés en 2004". 7 700 QUOTIDIENS La presse occidentale se porte moins bien que celle des pays émergents. Dans l'Union Européenne, la diffusion des quotidiens payants s'érode (- 0,61 % en 2005 et - 5,26 % sur cinq ans). Si le Royaume-Uni et l'Italie sont stables, l'Allemagne, la France et l'Espagne sont en recul respectivement de 2,5 %, 1,6 % et 0,94 %. Aux Etats-Unis, la diffusion des quotidiens a chuté de 2,35 % en 2005 et de 4 % sur cinq ans. Avec 7 700 titres, le nombre total de quotidiens dans le monde est quasi stable (- 0,3 %). Le journal indien Dainak Jagran est le quotidien qui compte le plus grand nombre de lecteurs au monde (plus de 21 millions). En Occident, la presse doit faire face à plusieurs défis. Le premier est l'arrivée des gratuits, l'une des grandes innovations de ces cinq dernières années. Les quotidiens gratuits représentent 6 % de l'ensemble de la diffusion des journaux, et 17 % en Europe. En 2005, 169 quotidiens gratuits ont été distribués à 27,9 millions d'exemplaires dans le monde, indique l'AMJ, dont 18,6 millions en Europe. Leur poids dans certains pays est impressionnant : 51 % du marché total en Espagne, 33 % au Portugal, 32 % au Danemark, 29 % en Italie. Pelle Tornberg, directeur exécutif de Metro International, le géant suédois des quotidiens gratuits, qui doit faire une présentation mardi 6 juin, prétend que les journaux gratuits remplaceront un jour les journaux payants durant la semaine. JOURNALISME CITOYEN Les éditeurs doivent trouver des moyens pour séduire les jeunes lecteurs. "Ils ont pris l'habitude de s'informer par le biais de journaux gratuits et de sites Internet gratuits, d'où leur nom : la génération du gratuit", souligne l'AMJ. Ce sera l'un des thèmes proposés par le 13e forum des rédacteurs en chef, qui se tient parallèlement au congrès. Autre défi, les changements technologiques bouleversent les journaux, en termes d'audience et de contenu rédactionnel. L'audience des sites Web de journaux a continué de progresser (+ 8,71%) en 2005, et a augmenté de 200 % depuis cinq ans. De même, les recettes publicitaires issues du Web ne cessent de croître (24 % en 2005) et représentent la plus forte croissance depuis cinq ans, indique l'AMJ. "L'appétit des consommateurs pour l'information écrite ou sous une autre forme n'a jamais été aussi fort, mais les canaux de distribution sont en train de se diversifier. Cela demandera de nouveaux modèles économiques", a indiqué M. Balding à l'AFP. Internet a fait naître de nouvelles formes d'informations, comme le "journalisme citoyen", incarné par les blogs. Ce sera l'une des questions abordées par le forum de Moscou, avec Jimmy Wales, fondateur et directeur de Wikipedia, encyclopédie en ligne nourrie par les internautes. Un débat sur "Yahoo, Google et agences de presse menaces ou partenaires ?" est également au programme, qui opposera notamment le PDG de l'AFP Pierre Louette, et son homologue de Reuters, Dean Wright, à Nathan Stoll, directeur de Google News, et Neil Buddle, de Yahoo! 3 ß 5- Changement de soleil (Tendance de l’Ujjef) La presse écrite n'est pas fondamentalement en crise, elle subit juste une profonde mutation de forme, selon Luciano Bosio, directeur général de PubliPrint (Groupe Figaro) et ex-DG de Carat Expert dont l'analyse croise et décroise celle de Philippe Thureau-Dangin de Courrier International. C'est le web qui sera demain le media des media, l'étoile soleil autour de qui tous les autres graviteront. A la presse quotidienne mais aussi d'entreprise, de savoir tenir compte de cette reformalisation qui ne transforme pas de fond en comble, ni le métier, ni l'ambition éditoriale. Dans tous les cas, il s'agit de transmettre des informations sur le support le plus adéquat au message et le plus adapté au désir des lecteurs ! (ouf !). Ne mâchons plus nos mots, écrivons-les ! Le papier pèse moins lourd... Luciano Bosio : Depuis six ou sept ans, la diffusion des journaux papier est en baisse. Ce tassement est un fait historique qu'il faut accepter : le phénomène est commun au monde occidental. L'une des raisons en est certes l'indifférence grandissante pour l'actualité politique, mais surtout la concurrence progressive des médias dit classiques comme la radio, la télévision, les magazines... et aujourd'hui Internet. Ce média représente sans nul doute, la plus féroce des concurrences pour les quotidiens papier par sa capacité d'instantanéité. De plus, sa disponibilité ne fait que croître à l'inverse de celle des journaux qui subissent la diminution des points de vente. Même si les politiques d'abonnement ont quelque peu freiné la baisse, elles n'en ont pas pour autant enrayé la chute due à la perte de la vente d'impulsion. Migrons vers une nouvelle étoile en gardant les pieds sur terre ! Luciano Bosio : Cela écrit, notons tout de même que les grands quotidiens nationaux ont déjà leur place sur le web. Rien que leur audience - plus du million de visiteurs par mois - le confirme. Je parle de la presse nationale de qualité ; les autres titres, news magazines, presse people ne connaissent pas de réussite spectaculaire sur le net excepté le phénomène skyblog. Notre vrai défi est d'organiser cette migration vers le web pour les 5 à 20 ans à venir... ce qui n'est pas une fin en soi de la presse écrite ! Notre métier consiste à produire et à diffuser du contenu, à créer de l'information. Cependant, la presse papier a encore aujourd'hui sa place dans les habitudes du lecteur et son utilité, rien que par les recettes publicitaires engrangées ! Le défi du web est plutôt de développer des formes publicitaires plus efficaces. Cela demande une meilleure connaissance, quasi particulière de nos lecteurs et de leurs intérêts. Avec une audience plus finement analysée, les revenus iront en augmentation... ce qui est déjà le cas puisqu'on note des croissances spectaculaires de 80 à 100% par an ! Tant qu'il y aura des... chaises longues ! Luciano Bosio : Les magazines papier existeront toujours, les imprimeries aussi : nous sommes en train d'en développer de nouvelles dans le Sud. Il existe et existera toujours une légitimité et une place pour des magazines papier, tant que les gens voyageront, liront sur des chaises longues au soleil. Le papier a encore un confort, une présence physique et charnelle que n'a pas le magazine électronique. Nos magazines continueront certainement à paraître sous la forme du papier, tout en cherchant à s'adapter aux modes de vie, au temps disponible des lecteurs... comme le dimanche, etc. Des contrats de lecture, plus... sportifs ! 4 Luciano Bosio : Toutes ces évolutions entraînent nécessairement des modifications sur le contrat de lecture. La télévision, le web ont introduit de nouvelles formes de lecture, avec un rapport au temps toujours plus fragmenté. Il s'agit de se plier à ces nouvelles habitudes et de réaliser un contenu plus divertissant, plus moderne, plus spectaculaire avec des articles plus courts et plus incisifs dans leur apport d'information. Toujours dans sa volonté de s'adapter, le format du Figaro a, par exemple, été réduit pour plus de praticité. Après ces modernisations de forme, le Figaro a aussi élargi ses vues et opinions. La politique éditoriale recherche plus de diversité. Certains sujets très demandés seront quant à eux développés. Un supplément sport va désormais paraître le lundi. Ce thème est aujourd'hui en vogue, tant par les valeurs et messages qu'il transporte que par la "starification" actuelle des sportifs ! Sa place connaît une explosion spectaculaire. Les événements sportifs sont surmédiatisés, attirent les publicitaires, suscitent l'intérêt des annonceurs et des entreprises... La presse d'entreprise dans la “vibe“ ! Luciano Bosio : La presse d'entreprise avant d'être d'entreprise fait partie de la presse. Elle est concernée comme le reste par la problématique Internet. Elle se doit d'être multimédia pour se décliner sur plusieurs supports. Peu importent les contenus, ils suivent tous les mêmes règles : modernes, faciles à lire, modelables sur plusieurs supports. L'interactivité est un facteur nouveau à intégrer sans démagogie : elle ne s'autorégulera pas d'elle-même. Nous assistons à de plus en plus de rapprochements, un peu comme si tout est dans tout, en particulier dans Internet qui peu à peu fédère tous les médias. La convergence est en passe de se réaliser d'ici quelques années et le web va devenir le média des médias, celui par lequel tous devront passer et auquel tous devront se rapporter. Jusqu'aux années 80, la presse était le soleil des médias, autour duquel les autres gravitaient, ce fut ensuite la TV, demain ce sera Internet ! ß 6- Après "France Soir", "Bild" prépare un tabloïd à la française (Le Monde du 08/06) Après presque deux mois d'interruption, France Soir est reparu mercredi 7 juin sous la forme d'un tabloïd à l'anglaise. En France, ce type de quotidien, comme le Sun en Angleterre ou le Bild en Allemagne, n'a jamais trouvé sa place. La combinaison "sexe, sport, scandales", qui fait son succès dans les pays voisins, ne fait pas recette au quotidien dans l'Hexagone. Pourtant, "il y a un gros potentiel en France pour un quotidien populaire", affirmait le 9 mars au Financial Times Deutschland Mathias Döpfner, le patron du géant allemand des médias Axel Springer, éditeur de Bild. Selon nos informations, une équipe travaille en France sur la faisabilité d'un quotidien populaire. "Ce projet pourrait nous intéresser", a confirmé, mardi 6 juin, le PDG d'Axel Springer, présent à Moscou au 59e congrès mondial des journaux. M. Döpfner avait même, un temps, regardé le dossier France Soir. Le ticket d'entrée pour lancer un grand quotidien populaire en France dépasserait les 100 millions d'euros, aux dires des professionnels. Springer en a les moyens, et l'expérience. Bild, créé en 1952, vendu à bas prix (0,40 euro), est l'un des plus forts tirages de la presse en Europe de l'Ouest (3,54 millions d'acheteurs et 11 millions de lecteurs). C'est le succès de Fakt, quotidien populaire sur le modèle de Bild, lancé en Pologne en octobre 2003, qui pourrait inciter le groupe allemand à récidiver en France. Fakt est en effet devenu le premier quotidien polonais, avec 400 000 exemplaires et 3 millions de lecteurs. Le point d'équilibre a été atteint dès la deuxième année. 5 En revanche, le groupe Springer a échoué en 1991 dans sa tentative de lancer en Espagne le quotidien populaire Claro, arrêté au bout de quatre mois malgré 120 millions d'euros d'investissements. "Cette échec est resté le symbole de la difficulté à importer le concept de tabloïd, car les éditeurs doivent tenir compte des contextes culturels de chaque pays", souligne Jean-Marie Charon, sociologue au CNRS. "Après la deuxième guerre mondiale, en France, la presse se voulait très politique, raconte M. Charon. Patron mythique de France Soir, Pierre Lazareff avait certes une conception de la presse populaire orientée vers le faits divers et le carnet mondain, mais très présente sur le plan politique et social." Mais "à la fin des années 1960, la presse française perd le sens de son marché et le goût de son public. Elle néglige le public populaire urbain et ne réussit pas la mutation vers les tabloïds, comme les presses anglaise et allemande l'ont réalisée avec le Sun ou le Bild", soulignait Patrick Eveno, historien des médias, dans une récente tribune parue dans Le Monde (11 avril). "Certes, ces journaux ne sont pas des modèles d'élégance et paraissent bien vulgaires à nombre d'intellectuels parisiens, reconnaît M. Eveno. Mais ne vaut-il pas mieux les lire plutôt que de ne rien lire du tout ?" C'est toute la question. UN CADRE JURIDIQUE STRICT La France a inventé le quotidien populaire, avec Le Petit Journal, vendu 1 sou en 1863. Il atteindra 1 million de numéros à la fin du XIXe siècle. Plus tard, le Paris Soir de Jean Prouvost, lancé en 1930, est un populaire illustré avec des gros titres de Une. Mais déjà à l'époque, "il y avait une sorte de réticence morale à faire ce type de presse, peut-être liée à l'influence de l'église et du pouvoir culturel", explique Pierre Albert, professeur à Assas. "Les journaux de boulevard anglais étaient un peu la honte", ajoute Jean-Clément Texier, expert médias chez BNP-Paribas, et conseiller du groupe suisse d'édition Ringier. Outre ce frein culturel, le cadre juridique français explique aussi la difficulté à développer une presse populaire à l'anglaise. "La protection de la vie privée est extrêmement forte en France, de même que le droit à l'image est très protecteur et le traitement des faits divers est très encadré", rappelle M. Charon. Un contexte qui n'a pas empêché le succès de la presse people magazine en France. Les lancements de titres hebdomadaires ou mensuels se sont succédés ces dernières années, avec des tirages record. Certains s'exportent même : Choc, lancé en 2005 par Hachette, s'apprête à être introduit aux Etats-Unis. ß 7- La publicité tarde à prendre en compte la diversité (Le Monde du 09/06) "Les minorités arabes, noires ou asiatiques sont sous-représentées dans les écrans publicitaires et, quand elles le sont, elles incarnent alors des rôles clichés récurrents", constate Amirouche Laïdi, président du Club Averroès, collectif qui oeuvre pour la diversité dans les médias. Un constat partagé par l'ensemble des associations présentes, à l'occasion d'un débat organisé conjointement, jeudi 8 juin, par le bureau de vérification de la publicité (BVP) et France Télévisions, sur le thème de la diversité ethnique dans la publicité. Après avoir scruté près de 100 000 publicités diffusées à la télévision, dans la presse et en affichage en 2005, le BVP arrive à la conclusion que 3,1 % de la production publicitaire met en scène des minorités visibles. Plus frappant encore, dans ce quota déjà faible, la représentation indifférenciée ne représente que 20 %. Dans les autres cas, la présence d'un Noir, d'un Arabe ou d'un Asiatique est liée à la mise en scène d'un stéréotype. "Dans le 6 domaine du sport ou de la musique, on voit des Noirs, mais ce n'est plus le cas lorsqu'il faut incarner le banquier ou le scientifique", souligne Boston Goke, président de l'association Drim (Diversité républicaine initiatives en mouvement). Dans le spot publicitaire présenté jeudi par Azouz Begag, ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances, pour promouvoir la diversité, deux jeunes noirs sont représentés en train de danser... "Lorsque l'on regarde les publicités, on voit de la diversité mais très faiblement, ajoute Patrick Lozes, du Centre d'action de la promotion de la diversité en France. Nos concitoyens n'ont pas l'impression que 20 % des Français sont issus des minorités visibles. Dès que le sujet devient sérieux, c'est forcément un homme blanc de plus de 50 ans qui est représenté." "Il y a un consensus sur le fait que la pub doit mieux rendre compte de la couleur de peau des Français", affirme pourtant Vincent Leclabart, patron de l'agence Australie. Pour Pierre Callegari, président de l'agence Callegari Berville Grey, les mentalités ne sont pas encore prêtes : "Si demain un yaourt nature est représenté par un Noir, cela donne un sens au message. Aujourd'hui c'est le Blanc qui fédère. Mais dès qu'il y a un groupe représenté dans une publicité, il peut y avoir mixité." Les blocages seraient plutôt le fait des annonceurs. "Ils sont très crispés sur leurs ventes. Les campagnes publicitaires sont pré-testées, testées et post-testées. Ils sont frileux, nous devons leur prouver qu'il n'y a pas de risque", explique Nicole Bristol, de l'agence BETC. "Tant qu'un casting ethnique sera considéré comme un acte de courage, une prise de risque, la situation évoluera peu", conclut Frank Tapiro, de l'agence Hémisphère Droit. ß 8- Eye on The Times (NYT du 18/06) IN my own career as a newspaper editor, I was never persuaded that an ombudsman was a good idea — well, I would say that, wouldn't I? I was at one with Machiavelli on the dangers of divided authority, especially in an organization given to endless argument — "the editor's indecision is final." Nor was I inclined to abdicate an essential part of the editor's job: to investigate complaints, publish retractions with prominence comparable to that of the original error, discipline transgressors and altogether uphold the standards for which an editor is legally and morally responsible. Reporters, columnists and editors who suffered the lash from Daniel Okrent, the first public editor at The New York Times, must have felt, in Lenin's phrase, that he supported the newspaper as a rope supports a hanging man. It is hardly inspirational to be identified in a column in one's own paper as variously "nasty," "arrogant," "unfair," "dysfunctional," "ideological," "credulous," "condescending." That's only a few epithets to share among a staff of 1,200, but nobody knew where he would sting next in his role as the readers' representative. Now his judgments are pickled for posterity between the hard covers of a book, supplemented by reflections on his 18 months of duty. Writing a review for this newspaper, my prejudice declared, I hope to be fair and accurate, etc., but it is a relief to know the combative Okrent is not breathing down my neck: his successor seems of milder disposition. Of course, Okrent and Bill Keller, the executive editor who recruited him in December 2003, regarded the bared-breast experiment as demonstrably supportive of the ideals of a great 7 newspaper. They saw it as a first step to restoring trust shaken by the fabrications of Jayson Blair and the staff insurrection that led to the forced resignation of Howell Raines in June 2003. In the few grave lapses in its long history, The Times had always taken the view that a renewal of trust would be won by a renewal of good editing rather than by what Keller has called "orgies of self-absorption." Keller took over in a perfect storm; it was brave of him to invite a critic on board and guarantee him independence. After all, the paper's worst lapse — the inadequate reporting of the weapons of mass delusion — was an ignominy shared by the rest of the news media, which relished the spectacle of The New York Times devouring its own but have hardly exhibited redemptive vigor themselves. Keller was not even in charge of the paper before the Iraq war; he was grazing as a columnist. On becoming public editor, Okrent decided he would not write about anything published or not published before his arrival, which meant he recoiled from an inquest on the paper's failure to shine a clear searchlight through the administration's fog of war. Surely there was no more important self-assignment — the lesser issues he dealt with in his first columns could have been put on the back burner. Not until the end of May 2004 did he realize that a question arising from the past lay heavily on the present: why had the paper failed to revisit its coverage? In the event, Keller beat him to it. Four days before Okrent's column, Keller published his own famous editor's admission that the coverage had not been as rigorous as it should have been. He placed his statement, under the headline "From the Editors: The Times and Iraq," within the paper, on Page 10. Keller did not publish a point-by-point inquest, but it was cheeky of Okrent to chastise him and his "key associates," saying they "made matters worse" by taking "so long." Okrent was on surer ground in writing that contrition would best be manifested by detailing "the misinformation, disinformation and suspect analysis" that led to war. That's true, but it would have been nice if Okrent had later noted that the penitent Times did exactly that on Oct. 3, 2004, when the paper documented at length the falsehood of Condoleezza Rice's statement to the world that the aluminum tubes acquired by Iraq were "only really suited for nuclear weapons programs." But Okrent was not in the business of being nice to anybody. He was there to demonstrate fearless independence, and that was an imperative if he was to have any effect on readers and staff members. He certainly succeeded in that. There was splendid journalism in the reigns of Max Frankel, Joseph Lelyveld and, yes, Howell Raines. The contumely heaped on Raines always struck me as excessive. Nothing anywhere matched the quality of the special sections beginning with A Nation Challenged, inspired and superintended by Raines and his associate Gerald M. Boyd, when they had barely time to log on after succeeding Lelyveld on Sept. 5, 2001. I emphasize the achievement because while Raines and Boyd were climbing Everest, Blair was making off with the bacon at base camp. It is quite likely that if the paper had then an executive dedicated to evaluating reader and staff complaints, he would have detected significant tremors before the earthquakes. The fault lines were there before Raines took over — in the intrusion of meanspirited gossip into news articles; the unwillingness to correct the misleading scoop on the Clinton-Whitewater land deal; the proliferation of dubious blind quotations, a slippery slope leading to the Blair-style fabrication of quotations; and the trivialization of some reporting on Al Gore in the 2000 presidential election. The catastrophe that swept away Raines built incrementally over years with the erosion of A. M. Rosenthal's tyrannical rigor. Okrent nails some of these ills, and he is easy to read. He assures us that the newspaper is incapable of organizing a vendetta because "the various departments are as carefully 8 coordinated as Manhattan traffic in a thunderstorm." I had misgivings during his tenure that he was sometimes seduced by his own fluency, forsaking the cool judicial role for that of "watch me write a column." Borrowing his old hat for a minute, I'd say the talent occasionally led him into unfairness and mischaracterization, certainly in his last column of May 2005. It contained a disturbingly undocumented attack on the Op-Ed columnist Paul Krugman that Okrent could not justify in later exchanges, and his postscript in the book is too grudging. Caesar's wife should be above suspicion. Still, substantively Okrent makes many points. He is especially good on the abuse of anonymous sources — the "anonymice," as Jack Shafer of Slate calls them — who nibble away everywhere at a paper's authority and a reader's comprehension of what is really going on. Anonymous quotations are entirely defensible for whistle-blowers, but not for manipulative officials and commercial rivals. The Times has improved its practices here. Okrent is also thought-provoking in his discussion of the Godzilla of journalism issues, the nature of objectivity, so often confused with impartiality. He recognizes that objectivity (in Matthew Arnold's lexicon, a reverence for truth) is not to be achieved by stenography, by the mere balancing of opposing statements: on the one hand, Hussein has nuclear weapons; on the other, he doesn't. So let me conclude without equivocation: Daniel Okrent in "Public Editor #1" represents a force for better journalism. I hope that somewhere he continues to scrutinize the wayward press. ß 9- La bonne formule du Figaro et du Monde (Stratégies du 01/06) Six mois après leur relance, les deux quotidiens affirment être parvenus à stabiliser leurs ventes en kiosques. L'heure du bilan a sonné pour les nouvelles formules du Figaro et du Monde, lancées respectivement le 3 octobre et le 7 novembre 2005. Les deux quotidiens n'ont pas réussi à inverser la baisse de leur diffusion payée en France (respectivement -1,35 %, à 325 289 exemplaires, et -3,04 %, à 320 704 exemplaires, en 2005). Mais ils n'en espéraient sans doute pas tant, leur priorité étant d'enrayer la chute de leurs ventes. Mission accomplie pour Le Figaro qui a stabilisé ses ventes au numéro au cours des quatre derniers mois, contre une baisse de 2 à 3 % sur la même période en 2005. « Si nous parvenons à maintenir ces résultats, je serai satisfait », affirme le directeur général du groupe, Francis Morel. D'autant que le taux de renouvellement des abonnements est encourageant, alors que l'équipe dirigeante s'attendait à ce que le nouveau quotidien soit boudé par ses lecteurs les plus âgés. « Fin avril, le portefeuille des abonnés a progressé de 8 % », se réjouit Francis Morel. Reste que le rajeunissement tant espéré du lectorat n'est pas encore au rendez-vous. Qu'à cela ne tienne ! Pour s'imposer auprès des plus jeunes, Le Figaro a lancé un cahier Sport début avril et promet de nouveaux suppléments dès la rentrée. « L’effet » Clearstream Du côté du Monde, l'optimisme est également de rigueur, malgré une baisse de 3,1 % des ventes au numéro depuis le début de l'année. Jean-Marie Colombani, président du directoire du Monde, a affirmé dans un entretien au Journal du dimanche du 21 mai que les ventes en kiosques ont progressé de 0,2 % depuis le lancement du nouveau Monde par rapport à novembre 2004-mai 2005, période durant laquelle la chute était de 14,5 %. Sans l'affaire Clearstream, qui a fait bondir de 25 % ses ventes au numéro, le chiffre n'aurait peut-être pas été aussi bon. « On a tous flambé grâce à Clearstream », admet aussi Francis Morel au Figaro. 9 ß 10- Une efficacité qui cherche à se mesurer (Stratégies du 15/06) La communication interne est la dernière grande fonction dont l'efficacité n'est pas systématiquement mesurée. De plus en plus d'entreprises ont pris conscience de cette carence. Enquêtes, baromètres, tableaux comparatifs et de bord... Les outils qui permettent aux entreprises d'évaluer l'efficacité de leur communication interne ne manquent pas. Encore fautil savoir comment les utiliser. L'enjeu est d'importance : comment, pour un responsable de communication interne, se faire entendre de la direction générale si cette fonction reste la seule de l'entreprise qui soit dispensée d'afficher ses résultats ? « Mesurer la communication interne, c'est lui donner la possibilité de devenir stratégique aux yeux de la direction générale », résume Thierry Garnier, responsable de la communication de Renault Trucks. Pourtant, seulement un tiers des entreprises évaluent leur communication, selon le cabinet Inergie Opinion. Certes, quelques grands groupes ont fait mieux qu'intégrer les tableaux de bord de la fonction dans les outils de pilotage de l'entreprise : PSA, Areva ou Renault ont créé des postes spécifiques consacrés à l'évaluation de leurs actions de communication interne. Mais la plupart des entreprises ayant opté pour cette évaluation choisissent une approche minimaliste, qui se borne à la satisfaction de leurs troupes sur les différents outils de communication. Des objectifs quantifiables Concrètement, les salariés sont invités par un questionnaire envoyé par téléphone, courrier, courriel ou intranet à se prononcer sur leurs usages des différents canaux de diffusion, la qualité des informations dispensées, leur forme, leur complémentarité, etc. Ce type d'évaluation ne vise alors qu'à s'assurer que la fonction communication agit comme elle le doit en vérifiant la régularité des outils, la transmission des messages, le respect des budgets, etc. « Même si trois-quarts des entreprises choisissent cette démarche d'évaluation, c'est une approche trop gestionnaire-comptable, considère Assaël Adary, coprésident du cabinet Occurrence, l'un des architectes des tableaux de bord de la fonction communication interne du Club Med, des AGF ou de la DCN. Plutôt que de demander aux salariés à quoi sert la communication interne, il est plus intéressant de savoir quels effets elle produit sur eux. » Ces effets sont-ils réellement mesurables ? Les entreprises en doutent. « Le but de toute communication interne est de susciter des changements dans l'esprit des publics cibles. Comment évaluer cela ? questionne le contrôleur de gestion d'un groupe pharmaceutique. Il est déjà compliqué d'avoir des indicateurs fiables en communication externe, alors avec un public de salariés... » Les experts de la communication sont d'un autre avis. « Si aucun chiffre ne pourra jamais exprimer pleinement des sentiments ou sensations subjectives, les objectifs de communication sont presque toujours quantifiables », assure André de Marco, ancien directeur de la communication de Bull, Rhône-Poulenc et de l'Institut Pasteur, coauteur du livre Les Tableaux de bord de la communication. À condition de bien savoir les définir ! Pour Assaël Adary, du cabinet Occurrence, un objectif de communication doit être « smart », à savoir « spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et défini dans le temps ». « Les entreprises ont tendance à assigner trop d'objectifs à la communication interne, et surtout à réfléchir en termes d'objectifs vagues : fédérer, décloisonner, améliorer l'image, etc., remarque-t-il. Pour qu'ils deviennent quantifiables, il faut découper ces objectifs en autant d'actions concrètes définissant précisément le résultat et l'échéance à atteindre. » Ainsi, quand le groupe AGF, qui dispose depuis juin 2005 d'un baromètre de mesure de sa communication interne, lui a demandé de traduire l'objectif de décloisonnement des équipes, il s'agissait de 10 mesurer le taux de salariés connaissant les noms des différentes « business units » ou ceux des membres de l'équipe de direction du groupe. Pour disposer de bons retours aux enquêtes internes et autres sondages, Assaël Adary préconise de mettre en place des « indicateurs vérités », en travaillant sur la formulation des questions. « Pour mesurer la fierté d'appartenance, plutôt que de demander aux salariés s'ils sont fiers de leur entreprise, il est plus judicieux de leur demander s'ils recommanderaient à un proche de venir y travailler », conclut-il. Chiffres clés - 37 % des entreprises mesurent l'efficacité de leur communication interne. - 23 % seulement des responsables de communication interne (RCI) sont membres du comité de direction. - 65 % des RCI pointent le manque d'implication des managers comme obstacle principal à l'évaluation de la communication interne. - 42 % des salariés ne reçoivent pas le journal interne de leur entreprise. Chez Areva, les baromètres sont des outils de management Chez Areva, chaque baromètre d'évaluation de la communication interne est soutenu par une lettre de la présidence et implique les managers, qui reçoivent un kit de présentation de l'opération avec, notamment, les actions entreprises à la suite de l'enquête précédente. Des affichettes et courriels annoncent le lancement de l'opération aux salariés et relancent les réponses. Les résultats de l'enquête sont ensuite restitués aux _comités de management des secteurs ou régions concernés. Les managers sont invités à répondre à quatre questions : « ce que je savais », « ce qui me surprend », « les questions que cela me pose » et « les idées que cela me donne ». Enfin, le bilan de l'enquête et des actions correctrices est retourné à tous les salariés via l'intranet ou sous la forme de plaquettes. Une formule qui semble satisfaire les collaborateurs de l'entreprise : lors du dernier baromètre, le taux de participation a été de 59 %. Méthodologie Les cinq règles d'or de l'évaluation Impliquer le management. « Le principal blocage de l'évaluation, ce n'est pas le budget ni les outils, mais les managers », estime Catherine Broyez, directrice de projets chez Inergie Opinion. Pour faire en sorte qu'ils s'impliquent, certaines entreprises intègrent la communication des managers dans les critères d'évaluation RH. Ainsi, depuis moins d'un an à La Poste et chez Airbus Industrie, ceux-ci sont évalués par les membres de leur équipe sur leur aptitude à bien communiquer. Le risque : que cet outil de progrès ne se transforme en outil de règlement de comptes. Informer le personnel et les partenaires sociaux. Si l'adhésion du top management est indispensable, tous les autres acteurs de l'entreprise doivent être informés des actions mises en place. « Cette information doit s'accompagner de trois engagements, insiste André de Marco. Garantir la confidentialité des réponses, s'engager à publier les résultats et informer sur les actions correctrices qui en découleront. » Soigner le contenu du questionnaire. Pour ne pas surcharger des salariés déjà très sollicités, les experts de l'évaluation conseillent de limiter le nombre de questions à une vingtaine. L'Association française de communication interne (AFCI) préconise d'éviter les questions « peu précises, compliquées, trop ouvertes ou redondantes », celles « dirigeant les réponses » ou encore la facilité de la case « ne sait pas ». Dans leur offre de questionnaire, les principaux 11 instituts de sondage proposent des questions faisant partie d'un tableau comparatif avec d'autres entreprises. De quoi mieux se situer par rapport à la concurrence. Diffuser l'enquête au bon moment. Rien de pire que de diffuser une enquête lors d'une période mouvementée, telle une fusion ou une restructuration. Sous le coup de l'inquiétude ou de la colère, les salariés auraient tendance à se défouler. « En revanche, avant qu'ils soient au courant des changements à venir, il est judicieux de lancer l'enquête, pour mieux anticiper leurs réactions », juge Catherine Broyez. Autres moments privilégiés : la refonte ou le lancement d'un support de communication. En octobre 2005, l'afficheur JCDecaux a ainsi distribué un questionnaire à la moitié de ses sept mille cinq cents collaborateurs pour évaluer leur ressenti sur le passage au tout-intranet du groupe. Jouer les synergies pour limiter les coûts. « Pour bien évaluer la communication interne, il faut y consacrer au minimum 5 % des ressources du service », indique Assaël Adary, d'Occurrence. Pas simple de convaincre les différentes parties prenantes. D'autant qu'un baromètre ne porte ses fruits qu'en année deux. Une solution : s'appuyer sur des indicateurs ressources humaines existants (entretiens individuels, évolution de l'absentéisme, du turnover, analyse des tracts syndicaux, etc.) ou profiter d'un baromètre social pour y intégrer son module de questions. Thomas Piettre, directeur de l'agence de communication Com On Light, évoque des synergies avec la communication externe : « La promotion interne d'une marque bénéficie de moins de 1 % des budgets de promotion externe. Ce potentiel pourrait être beaucoup mieux exploité. » En effet, Nike, IBM, Accor ou Club Med, qui font du « management par la marque » en interne, ne semblent pas s'en plaindre... ß 11- Les éditeurs yankees à la conquête du Web (Stratégies du 15/06) Pour suivre leurs lecteurs, qui émigrent vers Internet, les magazines professionnels américains investissent en force la Toile. Internet n'a pas été tendre pour les magazines professionnels américains. Les lecteurs multiplient les visites sur la Toile pour voir s'il n'y a pas mieux à lire. Du coup, les magazines B to B ont vu leurs recettes publicitaires s'effriter. Un problème d'autant plus crucial que la publicité est très souvent l'unique ressource de ces journaux, qui vivent sur le modèle de la diffusion gratuite qualifiée. Il y a six ans, les dirigeants de Vertical Net, l'une de ces sociétés high tech au profil de « pure player » du Net, prédisait même la disparition des magazinesdinosaures. « Ce qui fait la valeur de la presse B to B, c'est l'exclusivité de ses informations, explique Howard Finberg, du Poynter Institute, un centre d'analyse de la presse établi à SaintPetersburg, en Floride. Autrement dit, le lecteur ne peut pas trouver ailleurs les infos professionnelles dont il a besoin. Les annonceurs s'empressent alors d'acheter des encarts dans le journal car ils ont l'assurance de toucher un client captif. Mais si vous enlevez ce principe d'exclusivité, la donne change du tout au tout. » Nourris à l'interactivité et à l'immédiateté, les jeunes internautes préfèrent surfer sur Google plutôt que d'attendre que leur magazine arrive dans la boîte aux lettres. Et les annonceurs, séduits par les relations personnalisées qu'on peut établir avec un prospect sur le Net, délaissent les magazines. L'association new-yorkaise American Business Media, qui représente la profession (2 000 magazines, 2 500 sites Web, 1 000 salons), l'a bien senti. Entre 2000 et 2003, ses statistiques montrent un recul de 30 % des recettes publicitaires dans la presse professionnelle et spécialisée. Même ceux qui se croyaient à l'abri de tout danger sont touchés. Mike Reilly, PDG de Dan Tidwell Randall Publishing, un groupe de magazines spécialisés dans la construction, 12 l'équipement et les camions, pensait sa lucrative petite niche protégée. Et puis, il y a eu un hic : « Une société de transports a décidé de placer sur Internet ses petites annonces pour trouver de nouveaux _conducteurs. » _Convaincus que d'autres annonceurs allaient suivre l'exemple, Mike Reilly a organisé sa contre-attaque. Dan Tidwell Randall Publishing affiche aujourd'hui une forte présence sur Internet. Son portail permet de lire le magazine en ligne, donne accès à des newsletters et propose à ses fidèles des services associés. On peut par exemple consulter la météo, l'état du trafic, les offres de produits à transporter, les postes à pourvoir, etc. Le Net paraît si efficace qu'on se demande même parfois si la version papier est toujours nécessaire... « Oui, assure Adam Gross, de la banque Jordan Edmiston, spécialiste des investissements dans les médias. Le désir pour l'imprimé perdure. On lit un magazine ou un journal dans le métro, on le feuillette dans son lit. Mais, surtout, le papier reste gage de qualité. Les lecteurs font toujours plus confiance à l'écrit qu'à Internet. » Les temps sont donc à la convergence des systèmes d'information. Les grands groupes spécialisés, tels Hanley Wood, United Business Media, Reed Business Information (maison mère de Stratégies) ou International Data Group ont ainsi pris l'habitude d'offrir aux _annonceurs une plate-forme unique mélangeant écrit, Internet et salons professionnels. Relation d’exclusivité Lorsque Bob Carrigan, président d'IDG Communications (PC World, Infoworld, Computerworld, CIO magazine, CFO magazine, Game Pro, etc.) présente son groupe (2,68 milliards de dollars de chiffre d'affaires, soit 2 milliards d'euros), il souligne toujours la complémentarité entre l'imprimé, « fleuve régulier d'informations de qualité », et Internet, « générateur de prospects ». Les blogs, les clips vidéo, les podcasts, les informations sur mesure permettent de capturer des prospects très ciblés, dont les annonceurs sont friands. « Nous fournissons à l'internaute des informations pointues. En échange, il nous donne sa carte de visite et accepte que celle-ci soit transmise aux annonceurs », explique Bob Carrigan. Ainsi, grâce au Web, les magazines B to B retrouvent la relation d'exclusivité avec le lecteur qui séduit tant les investisseurs en publicité. ß 12- Dossier sur la presse professionnelle (Stratégies du 15/06) Les éditeurs de presse professionnelle réagissent à la baisse de la diffusion de leurs magazines en se diversifiant. À l'heure d'Internet se pose la question des nouveaux modèles économiques : gratuits ou payants ? On est certes loin de cette année 2001, de sinistre mémoire, où la diffusion des _titres de la presse technique et professionnelle avait chuté de 6,3 % en France. Et pourtant, pas de quoi pavoiser ! La diffusion continue de s'éroder (- 3,12 % en 2004-2005), l'OJD ne recense plus que 216publications professionnelles en 2005, contre 287 dix ans plus tôt. Le secteur est, il est vrai, victime d'une faiblesse intrinsèque : « La presse professionnelle est avant tout un marché d'offre, résume Philippe Clerget, président de l'Association pour la promotion de la presse professionnelle. Et comme toute activité économique, elle est liée à la démographie des actifs ». On ne peut pas reprocher aux éditeurs leur manque de réactivité. Face à la crise, cela fait belle lurette qu'ils se sont diversifiés dans l'édition de livres, d'annuaires, de guides, dans l'événementiel, dans les bases de données ou la formation. « Depuis dix ans, nous avons connu une accélération de notre développement », reconnaît Jacques Guy, PDG du groupe Moniteur, qui vient d'être repris par le fonds d'investissement Bridgepoint (lire en page 36). D'un journal, nous sommes passés à un groupe de presse, puis à un pôle d'information et de services. » 13 Diffusion qualifiée Aujourd'hui, pour ne pas laisser s'étioler le cœur du marché, il s'agit de trouver de nouvelles façons de valoriser l'information. En 2005, une expérience a été menée par le groupe S3G, filiale de presse gratuite du groupe Sud Ouest. Un bimensuel, Mag cultures, a été adressé gracieusement aux décideurs des 84 000 plus grandes exploitations françaises de grandes cultures. Avec un certain succès : une enquête de lecture réalisée en deux vagues auprès de plus de 1 012 agriculteurs destinataires du magazine montre que 83 % des répondants lisent le titre, et que 88 % le considèrent aussi bon, si ce n'est meilleur, que leurs magazines habituels. Coup de tonnerre dans le secteur. Doit-on s'attendre dans la presse professionnelle à la déferlante de gratuits qui a bouleversé la presse généraliste ? « Nos recettes de diffusion sont supérieures à nos recettes publicitaires, avec 150 000 abonnés payants, souligne Jean-Louis Dauphin, directeur du marketing et de la diffusion de La France agricole. Notre credo, c'est qu'une information n'a de valeur que si elle est achetée. C'est ce qui nous donne notre force économique et notre indépendance. » Pourtant, le modèle gratuit a fait ses preuves aux États-Unis, où la diffusion qualifiée est la règle (lire en page 40). Et selon Philippe Clerget, « l'exemple anglo-saxon pourrait faire partie des futurs débats de la presse professionnelle ». Le principe : les éditeurs américains envoient gratuitement leurs _publications à un lectorat professionnel déterminé, garantissant aux annonceurs une couverture optimale des cibles recherchées. « Pour moi, la diffusion gratuite équivaut à envoyer des paquets de cigarettes à des gens qui ne fument pas », lâche Marc Davisseau, directeur commercial et marketing de Gisi (L'Usine nouvelle). Contenu irréprochable Sauf qu'outre-Atlantique, la diffusion est non seulement qualifiée, mais demandée et contrôlée. Les lecteurs doivent régulièrement se rappeler au bon souvenir des éditeurs (au moins tous les trois ans) pour renouveler leur abonnement. Et les éditeurs dépensent de fortes sommes auprès de l'organisme de contrôle, le Business Publication Audit, pour s'assurer en permanence de la bonne qualification de leur cible. Question de culture : ce modèle économique n'est pas de saison en France. Même si, en presse professionnelle, la part de diffusion gratuite a toujours été importante. « En France, nous avons par exemple l'habitude d'envoyer des exemplaires à nos prospects commerciaux. Pour donner goût à nos magazines, nous passons également toujours par une phase de gratuité, qui se rapproche de la diffusion qualifiée puisque les envois sont ciblés », détaille Jean Weiss, PDG du Groupe Tests. Mais la période de gratuité ne dure jamais très longtemps... « Le modèle français est traditionnellement payant », complète Marc Davisseau. S'ils ne sont pas prêts à lâcher du lest sur leurs publications papier, les éditeurs sont un peu plus souples en ce qui concerne le Web. Les acteurs de la presse professionnelle l'ont bien compris : aujourd'hui, on est présent sur le Net ou on est mort. « Aucun éditeur de presse professionnelle ne peut se passer d'une réflexion sur sa stratégie Internet », estime Jean Weiss. Grande réussite du secteur : celle du site 01net, qui reçoit 4,7 millions de visiteurs uniques par mois. Or, sur le site, tout est en accès libre. « Je ne crois pas au Web payant, poursuit le PDG de Tests. Internet est par définition un modèle gratuit. Et sur notre secteur d'activité, l'informatique, les concurrents sont beaucoup plus nombreux sur la Toile : il s'agit donc d'être présent avec un contenu irréprochable. » 14 Mais il est vrai que les titres du groupe Tests sont à la frontière entre le B to B et le B to C... La plupart des autres éditeurs répugne davantage à tout laisser en accès libre. « Chez nous, tout est payant ! », lâche Jacques Guy, PDG du Moniteur. Deux modèles économiques prédominent d'ailleurs au sein du groupe : le « user pay », où il faut payer pour avoir accès à l'information recherchée (c'est le cas pour les archives ou les bases de données), et un modèle « provider », au sein duquel les industriels doivent mettre la main à la poche s'ils veulent figurer dans des bases gratuites pour les utilisateurs, qui en échange doivent se qualifier. Il faut également montrer patte blanche pour avoir accès aux sites Internet chez Wolters Kluwer, éditeur de Liaisons sociales ou encore d'Infirmière magazine. « Tout ce qui relève de l'e-commerce et des petites annonces ou tout ce qui ramène du trafic vers nos publications est gratuit. En revanche, dès qu'on entre dans le corps des textes, on passe au payant », résume Laurent Cheruy, directeur du pôle entreprises de Wolters Kluwer France. Migration des contenus Si la part d'Internet reste pour l'heure marginale dans le chiffre d'affaires des groupes de presse professionnelle, ne pourrait-on pas imaginer, dans un futur proche, un basculement des contenus _papier vers le Web ? « Lorsqu'on réalise des enquêtes auprès des lecteurs, ils nous supplient de ne pas leur enlever le papier ! Et nos sites Internet et autres newsletters sont conçus pour donner envie de lire nos publications », note Laurent Cheruy. « Les 15-25 ans ont l'habitude du feuilletage en ligne et des infos en " push " sur les téléphones mobiles, souligne de son côté Fabrice Deschamps, directeur du pôle santé de Wolters Kluwer France. La migration des contenus viendra de la montée en puissance des jeunes générations. » Il faudrait quand même faire attention à ne pas enterrer le papier trop vite. Un exemple édifiant : aux États-Unis, John Craven, président du portail professionnel consacré à l'univers de la boisson, BevNET, a racheté en 2004 la revue Beverage Spectrum, et ne cesse de s'en féliciter. On a même l'impression que l'éditeur vient de réinventer la roue : « Du point de vue du lecteur, il n'y a rien de plus crédible que la presse. Un magazine, on peut le tenir dans ses mains, on peut le lire dans le train. » Une preuve supplémentaire que le papier n'a pas dit son dernier mot. ß 13- N-Gen invente la taylorisation de la charte graphique (Stratégies du 01/06) Le logiciel rappelle à chaque étape de la création les règles graphiques en vigueur. Une jeune société, N-Generate, est en train de bouleverser le monde du design avec un nouvel outil d'optimisation de la charte graphique des marques. Un livre de recettes appliqué au design. C'est ce que la jeune société N-Generate propose avec son outil N-Gen. Créée en 2004 par deux designers, l'Américain Peter Spreenberg et le Canadien Samuel Lising, associés à un Français, Emmanuel Javal, ancien patron d'une société d'édition de logiciels à San Francisco, N-Generate a développé un logiciel permettant à des non-spécialistes de créer tous types de documents marketing ou commerciaux dans le parfait respect de la charte graphique d'une marque. Le principe consiste à numériser les règles graphiques conçues par l'agence de design (NGenerate appelle cela le « design module »), puis d'installer un logiciel d'application sur les postes des personnes devant produire des documents de communication de façon autonome. Il s'agit d'un outil complémentaire aux rares offres existantes - comme Brand Guard de Market Forward (Publicis), qui diffuse les chartes graphiques en ligne et facilite le travail en réseau, mais sans offrir comme N-Gen un outil de mise en page intégré. 15 « Ce système innovant apporte une solution à ce qui est d'habitude perçu comme une contrainte. C'est un excellent moyen de faire enfin respecter la charte graphique, parfois une somme de 200 pages que l'on a tendance à oublier dans un tiroir », lance Bruno Paillet, président du cabinet Conseils Annonceurs & Associés, qui compte bien promouvoir cet outil auprès des annonceurs. « Nous offrons à la fois aux entreprises le moyen de contrôler l'utilisation de leur charte, d'accroître leur flexibilité et leur réactivité, de simplifier et du coup d'élargir des applications jusqu'ici restreintes par facilité, et enfin de faire des économies », résume Emmanuel Javal. Adopter N-Gen revient en moyenne à 150 000 euros (15 000 à 30 000 euros pour le « design module » et 450 euros par poste pour la licence du logiciel). Sachant qu'une charte graphique et son application peuvent coûter jusqu'à 5 millions d'euros par an (1 euro dépensé pour la création d'une charte graphique égale 20 euros pour sa diffusion, son application et son contrôle), les annonceurs n'ont pas tardé à manifester leur intérêt pour cette nouvelle solution. Lancé voilà six mois, N-Gen est déjà adopté par Air liquide, Capgemini, Dassault Systems, Europ Assistance et Laurent Perrier. « C'est une petite révolution, en tout cas l'une des rares innovations que j'ai pu voir dans ce métier. Selon moi, elle concerne en priorité les entreprises ayant un gros volume d'édition, fonctionnant en réseau et dont la cohérence de marque est essentielle », déclare Philippe Granjeon, directeur de la communication de Capgemini, qui remarque : « Ce type d'application est redoutable pour les agences. » Suivre le client en permanence A priori, les grands réseaux de design comme Landor, Interbrand ou Future_Brand, qui gèrent souvent le « service après vente » des chartes graphiques de leurs grands comptes, devraient s'en inquiéter. Mais ce sont plutôt les studios, sous-traitants locaux de telle filiale, _concession ou agence de la marque commanditaire, qui risquent d'être touchés par le _développement de ce type de logiciel. « Pour les agences de design, ce système performant et utile donne la possibilité d'accompagner en permanence le client pour faire évoluer et actualiser l'outil », estime Christophe Fillâtre, directeur général de Carré noir. En revanche, N-Gen étant applicable pour des créations publicitaires, le sujet risque d'être sensible du point de vue des agences de publicité, qui ont coutume de ne pas laisser à d'autres la maîtrise - souvent juteusede la production et des déclinaisons de leurs créations. ß 14- Les kiosques à journaux s'ouvrent sur le Net (Stratégies du 08/06) On l'annonce depuis plusieurs mois : les maisons de la presse virtuelles vont bientôt pulluler. Même si leur viabilité se heurte encore à un certain scepticisme. Les kiosques numériques sont sur le point d'éclore. La très attendue plate-forme d'ecommerce de HDS Digital, filiale du groupe _Hachette Distribution Services (dont la maison mère Lagardère est l'opérateur des NMPP), annoncée en février, va se concrétiser en juillet. But de la manœuvre : séduire les lecteurs qui fréquentent peu ou pas les kiosques, les jeunes et les Français vivant à l'étranger. HDS Digital, qui a contacté près de quatre cents magazines ces six derniers mois, a adopté une stratégie de marque blanche : son lancement s'appuie sur deux enseignes, virginmega._fr, site de téléchargement de produits numériques, et relay.fr, site de vente de presse. Deux émanations de la galaxie Lagardère. Parmi les premiers signataires, des magazines comme Technikart, Point de vue, Art & Décoration, Vivre à l'étranger, etc. Les ambitions ne sont pas des moindres : en mars, Gérald de Roquemaurel, PDG d'Hachette Filipacchi Médias, estimait qu'« au niveau mondial, d'ici à dix ans, le groupe pourrait compter 20 % d'abonnés en ligne ». 16 Cyber Press Publishing, éditeur de Ciné live, Hard'n'Heavy et Rolling Stone, lancera également fin juin son kiosque numérique, pour reconquérir un lectorat qui va assouvir sa passion sur la Toile. Quant à Discount Presse, qui propose des abonnements à prix cassés, il s'apprête à lancer son portail, Digitale Presse, afin de « lutter contre un nouveau quasimonopole de la presse _digitale ». Suivez mon regard... Faciliter la pige Les magazines numériques sont-ils l'avenir de la presse ? Aux États-Unis, les secteurs vraiment porteurs en la matière sont surtout l'informatique, le jeu vidéo, la musique et le cinéma. Pour les autres types de presse, les avis sont partagés : tous les éditeurs ne sont pas prêts à investir dans la numérisation de leurs titres, relativement coûteuse, alors qu'on ne sait pas encore combien les kiosques virtuels vont rapporter. On peut également s'interroger sur l'intérêt de feuilleter un journal sur un écran d'ordinateur... Finalement, les premiers clients des magazines numériques pourraient bien être les cibles B to B, comme les agences de RP, qui pourront piger leurs retombées presse grâce aux moteurs de recherche, sans se noyer dans des tombereaux de papier. ß 15- Et maintenant, messieurs, innovez ! (Stratégies du 01/06) Sondage. Les annonceurs prennent la mesure des conséquences de la révolution numérique sur leur politique de communication et leur stratégie de moyens. C'est ce qui ressort du sondage annuel réalisé par TNS Sofres pour l'UDA sur l'innovation dans la communication. La convergence des médias n'est plus une perspective mais un phénomène majeur qui s'impose aux acteurs de la communication plus rapidement et plus massivement que prévu, soulignait récemment Gérard Noël, vice-PDG de l'Union des annonceurs (UDA), dans l'éditorial de la lettre mensuelle du syndicat professionnel. C'est un champ d'opportunités immense [...], une révolution qui constitue un véritable défi. » Une mutation dont sont pleinement conscients les directeurs du marketing et de la communication interrogés par TNS Sofres pour la deuxième enquête annuelle de l'UDA sur l'innovation dans la communication, qui se disent à 88 % convaincus que l'innovation est une condition de succès et d'efficacité en communication. Mais, dans le même temps, ils jugent à 63 % que la communication n'est pas ou peu innovante... « Les interviewés évaluent la communication en général, celle qu'ils produisent et celle qu'ils voient, précise Wandrille Riblier, directeur associé de TNS Sofres, en charge de l'étude. La question n'appelle pas de jugement de leur part sur le travail réalisé par les agences. » Précision de taille : les annonceurs _manifestent donc leur insatisfaction, tout en reconnaissant qu'ils disposent d'une marge de progression importante... La télévision détrônée Si les symptômes sont bien perçus, le diagnostic n'est pas le même pour tous les professionnels interrogés. Ainsi, pour 56 % des annonceurs, la convergence ne devrait être qu'une simple évolution, alors qu'elle sera une révolution appelant des changements radicaux dans les métiers du marketing et de la communication pour 29 % d'entre eux. « Certains ont bien vu cette rupture, observe Gérard Noël. Ils sentent que des changements structurels doivent être opérés s'ils veulent rester efficaces. Les premiers à avoir tiré parti de cette nouvelle ère, comme la SNCF, ont pris des risques, et on voit bien aujourd'hui que cela paie. » Les cas récents de Dodge (DaimlerChrysler) pour son lancement en France (lire en page 18), ou de Johnson & Johnson pour la mise sur le marché d'une nouvelle gamme de lentilles de contact Acuvue ciblant les CSP +, montrent eux aussi, parmi d'autres cas, le chemin à suivre. Les deux annonceurs, pourtant habitués aux médias classiques, ont osé faire d'Internet le fer de lance de leur stratégie de communication. 17 Ces exemples confirment ce que l'étude 2006 a voulu souligner en s'intéressant, pour mieux saisir la compréhension qu'ont les annonceurs des nouveaux enjeux de l'ère numérique, aux médias en tant que supports de publicité et d'information. Quoi de mieux en effet qu'une grille de lecture des différents médias pour saisir l'état d'esprit des annonceurs quand ils abordent la question cruciale de leur stratégie de moyens ? Les résultats de l'enquête sont édifiants. La télévision n'est plus en tête des supports de _publicité jugés « plutôt » et « très importants ». À 66 %, elle est derrière Internet (80 %), la presse magazine payante (79 %) et les lieux de vente (78 %). Certes, pour 44 %, le spot TV demeure « très important ». C'est mieux qu'Internet (41 %) ou que la presse magazine (26 %). Mais le renversement des priorités est perceptible. Le Web rafle la mise aujourd'hui, et plus encore dans dix ans, puisque pour 77 % des annonceurs, il sera, en 2016, un support de publicité « très important », contre 28 % qui pensent de même pour les chaînes généralistes. Même bouleversement anticipé pour la téléphonie mobile : si 18 % des annonceurs la considèrent comme un support de publicité important aujourd'hui, ils sont 65 % à penser que ce sera le cas dans dix ans. Soit un gain de 47 points (lire le graphique) ! Un phénomène est à l'origine de ce basculement attendu : la recherche d'une communication individualisée. Le consommateur privilégie, et donc sollicite, une publicité qui le valorise, le fait sortir de la masse. « Les annonceurs ont bien conscience des possibilités qui leur permettent aujourd'hui de répondre aux soucis de proximité et d'interactivité, explique Gérard Noël. À la montée en grade actuelle de la presse magazine payante en tant que support de publicité et d'information, correspond l'émergence des chaînes thématiques dans dix ans. » La presse magazine et les chaînes thématiques répondent très bien à l'approche « affinitaire » des cibles par les annonceurs. Celle-ci n'est pas nouvelle, mais elle se généralise à mesure qu'Internet et les médias mobiles convergent. Dans l'étude 2005, les annonceurs étaient déjà largement convaincus que de nouveaux outils de mesure d'efficacité allaient émerger dans les années à venir. Ils pronostiquaient aussi la prédominance de médias interactifs et le développement de communications s'adressant à des communautés restreintes. Ils voyaient le monde qui bougeait autour d'eux. Cette année, ils voient le moment où il faudra qu'ils bougent. Répondre à la défiance « Les annonceurs ont compris qu'ils doivent écouter les consommateurs et leur parler, poursuit Gérard Noël. Ils savent que ce n'est pas facile, qu'il y a des risques. Mais ceux qui vont gagner sont ceux qui auront saisi les opportunités et choisi les messages les mieux adaptés. » À ce niveau, la balle est dans le camp des agences. Les annonceurs ont décelé deux tendances principales : le recentrage sur le « basique », réponse à la défiance de consommateurs qui exigent des preuves et en veulent pour leur argent, et l'exigence de responsabilité sociale et environnementale face à la défiance consumériste. Pour l'instant, tout est fragmenté et doit encore se mettre en musique. Course technologique contre la montre, implications organisationnelles, accompagnement des agences... Les défis sont nombreux. L'enquête de l'UDA sur l'innovation dans la communication ne manquera pas de le rappeler encore l'année_ _prochaine. www.uda.fr www.tns-sofres.com 18 ß 16- Comment mieux travailler ensemble (La Tribune du 14/06) Selon le premier baromètre du travail collaboratif et de l’efficacité collective, on constate en France un fort décalage entre les pratiques des salariés et leurs attentes. Déficit d’autonomie, manque de responsabilisation, poids des process: le fonctionnement des organisations est mis en question. Quelle place tient le travail collaboratif dans les entreprises françaises, quels styles de travail sont en vogue? Le baromètre du travail collaboratif et de l’efficacité collective EC 2006 mené par Icce et Microsoft en partenariat notamment avec La Tribune dresse un premier état des lieux.«Les enjeux qui se trouvent à la clef sont importants,souligne Richard Collin,à la tête de Icce,initiateur du projet,car dans ce domaine la France affiche un retard qui pourrait être dommageable dans un contexte exigeant en matière d’innovation,où de nouvelles formes de création de valeur s’imposent.» Outils inadaptés. Or les premiers enseignements de ce baromètre montrent un réel décalage entre les pratiques des salariés et leurs aspirations individuelles, alors que 68% des répondants estiment que leur travail au quotidien s’exerce davantage de manière collaborative qu’individuelle. Décalage aussi avec les possibilités offertes par les nouvelles technologies en terme notamment d’organisation,de management,et ce qui est pratiqué aujourd’hui.Clairement,les salariés sont circonspects quant à la capacité des organisations auxquelles ils sont rattachés à évoluer. «La question est comment transformer les organisations;si la France est en retard sur le travail collaboratif, c’est l’héritage de notre culture d’ingénieur qui se traduit par une absence de mise en réseau»,commente Richard Collin. Pourtant,les nouveaux modes de travail collaboratif,et l’efficacité collective qui y est liée,sont perçus de façon très positive par les répondants.Ils y voient un accélérateur de performance,de résultat sur le plan personnel.Ainsi,deux répondants sur trois pensent qu’ils gagneront du temps,qu’ils amélioreront leur compétence métier si leur entreprise leur propose au quotidien des outils innovants de partage d’information ou de coopération avec leurs collègues. «Les salariés attendent des changement dans les méthodes de travail »,poursuit Richard Collin.Toutefois ces salariés ne sont pas dupes des éventuels inconvénients que cela soustend:60% pensent qu’ils seront plus contrôlés ou qu’on leur demandera plus de résultats.Mais plus important encore,un quart pense que cela ne peut fonctionner au regard de la culture en place dans leur entreprise. On bute bien sur une question managériale.La question de l’organisation hiérarchique,la verticalité, ne facilite pas la mise en œuvre d’outils de partage ou de travail collaboratif. Cela renvoie aussi à l’image que dégage l’entreprise: «Le problème de la confiance,du management intermédiaire,de la stratification hiérarchique de l’entreprise», convient Marc Devillard,chez Microsoft. Déficit d’autonomie,manque de responsabilisation,poids des process... sont autant de questions auxquelles les pratiques de travail collaboratif peuvent se heurter. «La génération qui a grandi avec l’Internet a complètement adopté ces modes de fonctionnement.Or nombre d’entreprises fonctionnent encore sur des process hérités de l’industrie, souligne Martin RoulleauxDugage,directeur du Knowledge Managementchez Schneider Electric,et présidentdewww. CoP-1 (communauté d’échanges sur le «knwoledge management» qui regroupe de grands groupes), ce qui peut créer des tensions entre les générations.Ce n’est pas que les managers sous estiment l’apport de la technologie,mais ils ne passent pas à l’acte, n’adoptent pas encore ce mode de pensée.» Si une majorité des répondants du baromètre considèrent le travail collaboratif comme important,on constate néanmoins l’existence de deux populations :les «avancés», et les «suiveurs».Ceux qui estiment que le travail collaboratif est très satisfaisant,et ceux dont l’opinion dépend du mode de travail dominant dans l’entreprise.Dans leurs pratiques quotidiennes ils n’y sont pas vraiment confrontés à en croire la description qu’ils font de leur utilisation des différents outils.Pour la majorité d’entre eux,la collaboration se réduit à l’usage de l’e-mail. La messagerie instantanée, les blogs,les forum ou réseaux 19 sociaux... restent peu utilisés,parfois quasi inexistants,voire même inconnus. Collaboration réduite. Malgré leur intérêt pour les nouvelles technologies,on note un déficit de vocabulaire sur les termes techniques, et sur ce qu’ils recouvrent.Ainsi dans l’analyse sémantique des commentaires faits par les répondants, l’expression collaboratif apparaît peu,mais les notions d’outils,de temps,de travail,d’organisation et d’informations ne cessent de se croiser.Globalement les salariés souhaitent avoir des pratiques plus avancées sur les réunions, le partage d’information... «Ce qui révèle d’autant un sentiment de frustration», analyse Richard Collin. Par exemple,la majorité des répondants estiment que trop d’informations de mauvaise qualité sont en circulation,53% préféreraient des informations plus faciles et plus rapide à obtenir, et de meilleure qualité,35% voudraient que cette information leur permettre de découvrir d’autres connaissances et 21% de renforcer leurs réseaux de collègues. Le manque de temps et la surinformation,le décalage entre pratiques managériales et les besoins opérationnels,le déficit de formation sur les possibilités offertes par ces nouveaux outils... sont autant d’items qui reviennent de façon récurrente et sur lesquels les entreprises doivent se pencher de favoriser l’efficacité collective. ß 17- L’incontournable intranet (La Tribune du 15/06) Pour les grandes entreprises françaises, les projets d’adoption d’outils informatiques les plus impactants sont ceux qui concernent la gestion de l’espace de travail. L’intranet, l’extranet, l’ERP et les logiciels collaboratifs permettent de fiabiliser les processus de gestion de l’entreprise. Avec l’e-learning, ils constituent les cinq outils les plus fréquemment cités par une quarantaine des plus importantes entreprises françaises interrogées par le cabinet MilleAlliance.Viennent ensuite les outils dédiés aux relations extérieures:sites Internet d’e-business, CRM (relation client), gestion des fournisseurs et de la chaîne fournisseurs (SCM et SRM). Extranet très prisé. Premier du classement, l’intranet, adopté par 100% des entreprises interrogées. «C’est aujourd’hui un passage obligé, même pour les entreprises les plus frileuses en matière d’adoption de technologies», souligne-ton. Il permet de travailler, de partager... En outre, son retour sur investissement se calcule en gains à la fois financiers et d’adhésion, indique l’étude. L’extranet talonne l’Internet, avec 89% d’adoption et 11% de «en projet». Ce taux important répond à la tendance actuelle de meilleure accessibilité de l’entreprise. C’est un moyen d’étendre l’entreprise, donc un outil clé du processus commercial. L’ERP (progiciel de gestion intégré) enregistre un taux d’adoption mitigé (82%) alors qu’on aurait pu s’attendre à le voir arriver en tête du classement. Les entreprises qui ne l’ont pas mis en place n’en voient aujourd’hui encore pas l’intérêt. Parmi celles qui l’utilisent déjà, 50% ont des projets d’augmentation du nombre d’utilisateurs ou du nombre de modules (e-procurement...). Le taux élevé d’adoption des logiciels collaboratifs comme les e-meeting, les agendas partagés est une surprise, selon Mille-Alliance. Les emeeting permettent de réduire les coûts humains et financiers de transport. «Beaucoup d’expériences sont en cours et certains projets arrivés à terme confirment l’intérêt de ces outils. Ils permettent de réaliser de réelles économies», souligne Mille-Alliance. Quant au elearning, il n’est pas une priorité, malgré son fort taux d’utilisation (61%). Près du tiers des entreprises qui ne l’ont pas encore adopté le considèrent toujours comme étant «vaguement en projet». Pourtant, il permet de donner plus de flexibilité à la dispense des formations et de réduire les coûts qui leur sont afférents. Les sites Internet de vente en ligne arrivent en 6è position (61%). Mais ils ne sont pas pleinement exploités. Seules 11% des entreprises ont développé des produits spécifiques à la vente en ligne. Les outils de CRM (relation client) n’ont pas encore fait leur preuve.Leur mise en œuvre est considérée comme chère et les retours devront compenser les coûts de mise en œuvre. Moins coûteuses. La gestion électronique de documents (GED), implantée dans 60% des entreprises interrogées,est adoptée à la demande des utilisateurs finaux,ce qui entraîne une multiplication des initiatives 20 et une grande hétérogénéité des outils mis en place. «Les nouvelles technologies qui arrivent aujourd’hui sur le marché sont moins structurantes pour l’entreprise et n’ont pas besoin d’autant d’infrastructures matérielles», conclut Lise Stiévenart, consultante chez MilleAlliance. ß 18- US : blogs et sites de journaux partagent la même part d'audience chez les 1824 ans (Médiacafé du 02/06) Lu sur news.com.com (CNET) via le blog de Dan Farber. Greg Sandoval nous apprend que selon une récente étude de Forrester Research, "les blogs et les sites de journaux [aux US] ont maintenant la même pénétration -- 17 % -- chez les internautes entre 18 et 24 ans". Je dois avouer que dans mon cas, je passe sans doute autant de temps sur les blogs que sur les sites des journaux. Et vous ? L'article fait surtout le point sur les différentes expériences de la presse quotidienne avec les blogs. Greg Sandoval pense que les résultats sont mitigés. Deux raisons principales : - les blogs ou les bloggers de certains journaux se sont retrouvés au centre de controverses (plagiat, par exemple), - le contenu est ennuyeux et n'est pas mis à jour régulièrement. Patrick Williams, managing editor of the Dallas Observer affirme, d'après l'article de Sandoval : "They're filled with all the news not fit for print. They're a place where writers go when reporting is just too hard." Dan Farber constate la même chose sur les blogs de son journal local Salt Lake Tribune : "They tend to be well written–when they're written at all. That's the problem. One of my favorites, Paul Rolly's blog, hasn't been updated for weeks. Clearly he sees this is a sidelight that gets dropped when he gets busy." Dan propose ses solutions pour améliorer les blogs des journaux. Solutions que je partage dans les grandes lignes : - "Dedicate resources, including systems and people to bloging. - Don't make the mistake of thinking of the blogging czar as an editor who has editorial control over the writing that appears on the blog. - Mix people from the established news organization with real, experienced bloggers - Work on building traffic. You have an established media engine; use it to drive traffic to the blogs. - Blogs need frequent posts to remain fresh." Et je rajouterais : ne bondissez pas sur le clavier pour remettre à sa place un internaute qui critique votre post ou votre journal. Acceptez les différences d'opinions. Acceptez les critiques. N'essayez pas de vous justifier. N'essayez pas de contrôler la conversation. Laissez la se dérouler. Ce sont vos lecteurs qui vous parlent. Écoutez les. Ils n'ont pas forcément tort. Ils vous font un retour d'image. Et pour une entreprise commerciale -- et oui ! -- il est bon de connaître l'image que l'on a. Non ? ß 19- Moscow 2006: 17 clefs pour l'avenir (Demain tous journalistes ? 08/06) Juste avant de reprendre l'avion, quelques idées force en vrac, retenues tout au long du Congrès mondial des journaux et du World Editors forum qui viennent de s'achever à Moscou. Faites votre marché... 1- La tendance générale : il y a unanimité pour faire d'Internet le coeur de la stratégie de développement des journaux. Très en vogue également : la prise en compte du citizen 21 journalism (participation des lecteurs à la production de l'information) et l'intégration des rédactions Web et "papier" dans un seul staff multi-média. 2- Pas d'idéologie, il faut garder l'esprit "pratique" façon Google : ne pas raisonner "Internet", "papier", "payant" ou "gratuit", mais aller chercher le lecteur là où il se trouve et lui apporter ce dont il a besoin, ce qui nécessitera sans doute de combiner gratuit, payant, web et print en fonction de l'usage. 3- Il faut être là quand le lecteur a besoin de nous. Et "être omniprésent tout au long du cycle de consommation du lecteur" (notamment en ligne). 4- Internet peut aider à augmenter l'audience d'un journal écrit s'il cible le bon lectorat (plutôt jeune et local) et s'il est capable d'organiser la conversation. 5- L'avenir est aux producteurs de contenu et aux portails internet agrégeant plusieurs producteurs de contenu. Les journaux doivent s'occuper de leur communauté. 6- Les quotidiens payants doivent se lancer dans les gratuits. Mais en ciblant clairement leur lectorat et en évitant de faire un "journal au rabais". 7- Une solution : un quotidien hyperlocal gratuit à lancer sur une commune de taille moyenne et associé à un site internet centré autour de la communauté. C'est aux quotidiens régionaux d'organiser cette production parce qu'ils sont les seuls à pouvoir les financer, les coûts étant marginaux pour eux. 8- Les petites annonces sont le coeur du modèle économique des journaux : il faut donc investir un maximum sur la stratégie dans ce domaine, et placer les meilleurs éléments à ces postes clefs. Ceux qui l'ont fait ont augmenté leur chiffre d'affaires, même sur le print. 9- "Le "print" a de l'avenir. Non seulement les journaux ne sont pas morts, mais ils peuvent encore renforcer leur diffusion. Une solution : augmenter l'audience et la portée de la marque en investissant sur les marchés segmentés, c'est à dire en allant chercher de nouvelles cibles de lectorat, comme par exemple les adolescents ou les minorités culturelles et leur proposer des publications (print et/ou web) spécifiques. 10- "Nous avons en plus une seconde chance avec Internet ! Le marché local en ligne est libre, la presse quotidienne peut s'en emparer." (Eugen Russ, patron du quotidien autrichien "Vorarlberger Nachrichten") 11- Il ne faut pas avoir peur de se réinventer, d'expérimenter sans cesse et essayer de savoir régulièrement ce que veulent les lecteurs. 12- Il faut se concentrer sur le contenu, pas la technologie. 13- Web/ Print : il y a peut-être aussi des solutions intermédiaires, comme une lecture adaptée sur le papier électronique. Peut-être. L'essentiel, encore une fois, est de faire tomber ce type de barrières pour répondre aux besoins réels des lecteurs. 14- Pas seulement augmenter la diffusion papier, mais augmenter l'audience globale. Cela peut passer par la création d'un journal gratuit, ou par celle de médias papier ou online spécifiques aux communautés culturelles. 15- Il y a bien deux cultures différentes, celle du papier (unidirectionnelle) et celle du Net (bidirectionnelle). Il faut embrasser la culture du Net et éviter le copier-coller. Il ne s'agit donc pas de vendre le journal en ligne. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir de couche payante. 16- Il faut aider le lecteur : sur le Net, il faut raisonner comme un portail plutôt que comme un diffuseur unique de contenu. Il faut donc offrir un maximum d'informations au lecteur, en multipliant par exemple les liens vers des articles d'autres médias à la fin de chaque news (Esten Saether, du quotidien norvégien Dagbladet). 17- Il ne faut pas raisonner en terme de "revenus", mais en "marge". Le CA du pionner de l'Internet Yahoo est 43% moins important que celui de Gannett l'un des groupes de presse les plus rentables, mais le pionnier de l'Internet gagne beaucoup plus d'argent (1,9 milliards de 22 dollars contre 1,2 milliards) ! Sa marge bénéficiaire est de 36% contre 16% pour Gannett (Innovation-mediaconsulting). ß 20- All Web sites are alike (Fortune du 09/06) Egalitarianism is the underappreciated watchword of new media. That will eventually cause wholesale changes across the industry. All Web sites are alike. Regardless of their owners, they can all do the same set of things. In that fact lies the profound crisis facing all aspects of the media industry. It doesn't matter whether a Web site's owner once focused on publishing newspapers or magazines, broadcasting television or radio, making music or producing movies, or even selling soft drinks. Any Web site can host text, audio and video, it can facilitate connections and communication between users, and it can enable those users to create and display their own text, audio or video. Coke (Research) can release music; ABC can publish articles; and Forbes or The New York Times can broadcast video. The Web is one big level playing field of competition for the customer's time and attention. The quality and relevance of the content will be what drives viewers to devote that attention not whether the host happens to be Coke.com, NYT.com or Disney.com. So should a magazine like Time, Rolling Stone or Fortune still think of itself as in the magazine business if a growing portion of its readers are seeing the content it produces online? Or should it produce content of all types under its brand there? This kind of existential question burdens - or should burden - anyone who creates or distributes branded information or entertainment. How should a sports fan decide, for instance, whether to go for his or her news fix to ESPN.com or SI.com? Most likely the decision will not have much to do with the fact that one organization was historically a TV network and the other a magazine. The sports fan seeks good sports content - which can now be distributed in all forms online. And indeed, SI.com has scored a hit with regular video segments on its Web site from columnist Rick Reilly. Why buy ads when you can control the content instead? But this new media egalitarianism strikes an even deeper blow against conventional thinking and existing business models. While it hasn't much happened yet, what if big consumer brands decide to take their audiences and become media brands as well? If Coke, for example, could in effect operate its own TV station online, would it still buy hundreds of millions of dollars worth of ads in other media? Or take a company like Clear Channel (Research). We are rapidly moving into an era in which you can get your streaming or downloadable audio content (whose predecessor forms we quaintly called "radio") from any site, be it MTV.com. Walmart.com, Fortune.com, or DavidKirkpatrick.com (which, sad to say, I do not own). This becomes more true as Internet access gets more ubiquitous and moves onto mobile devices like those in our cars. 23 I don't believe this inevitably means the demise of all old media. But it does require a conscious, open-minded, and sometimes painful re-evaluation of what business we are all in. I suspect that the successful magazines of the future, for instance, will be those thoughtfully tied to a much richer online experience. Ditto with TV stations, which will need to offer more than plain-vanilla broadcast. The new Web site egalitarianism may then lead to a wholesale restructuring of media around brands that exist in multiple media. ESPN is probably a bellwether here. Its brand now applies to successful TV networks, a magazine and a Web site. ESPN stands for quality sports content, regardless of the platform. Of course, content cannot fungibly migrate between mediums. Certain kinds of content are best suited to print - like thoughtful and detailed political analysis, or dissection of corporate strategies. Some kinds of video will work best on a big theater screen, others will be fine in a tiny Web site window. (The phenomenal recent success of YouTube suggests, though, that there is more of the latter than any prognosticator would have imagined.) If there's any consolation in all this for giant old-media companies, it may lie in the fact that new net-only businesses are not generally figuring it out much better. Today most of the dominant Web sites are only beginning themselves to take advantage of the rapidly-growing multimedia capabilities of the Web. Yahoo (Research), for instance, has its dollop of video and a good music site but remains mostly a textual experience, even though it's considered a paragon of new media excellence. Amazon (Research) and eBay (Research), too, barely include video. (On the other hand, eBay has taken a major step toward the unbounded future by starting to incorporate free phone calling from Skype into its retail experience.) Another consolation for old-media hand-wringers: For now, advertising spending may still be streaming online, but ultimately it will be proportionately calibrated to the amount of time consumers spend in various media. And people will surely continue to use many different kinds of media. (Today, the percent of consumer time spent online still far exceeds the percent of ad dollars invested there.) In the meantime, the day is approaching when your faithful "magazine" columnist speaks to you in moving pictures. 24