Habitation artistique de Johnny Lebigot plasticien
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Habitation artistique de Johnny Lebigot plasticien
LES HABITANTS DU BOIS - LA REVUE ÉCLAIR Habitation artistique de Johnny Lebigot plasticien solstice du 21 décembre 2014 > équinoxe du 21 mars 2015 LES HABITANTS DU BOIS Un projet d’exploration du bois de Vincennes conçu par La Revue Éclair - Corine Miret et Stéphane Olry François Rancillac nous a proposé de devenir artistes associés au Théâtre de l’Aquarium. Nous y avions joué en 2011 Les Arpenteurs et avions découvert à cette occasion le bois de Vincennes. Le désir de nous lancer dans une exploration au long cours de ce territoire insolite, fantasmatique, aux portes de la ville, nous turlupinait. La proposition de François Rancillac tombait à point ! Elle porte sur trois ans, ou trois saisons. Ce mot « saison » a résonné. Nous voulons nous couler dans ce rythme, nous faire bercer par les variations de la végétation, surprendre par les météores, découvrir les migrations des habitants du bois. Nous avons découvert que le Théâtre de l’Aquarium abritait un studio permettant concrètement à une personne d’habiter dans le bois. Nous avons donc décidé que quatre artistes y habiteraient, chacun une saison différente. L’hiver 2015, Johnny Lebigot, à qui nous sommes liés par une longue intimité artistique, glanera des graminées, des os, des feuilles, des écorces, et caetera, qu’il sèchera, fera pourrir, liera, tissera et disposera dans une installation plastique portant en germe la scénographie future de notre projet. Jean-Christophe Marti lui succèdera lors de l’été suivant. Musicien, colporteur de son, compositeur, il sera, lui, en quête des bruits et des chants qui résonnent dans le bois. Corine Miret, danseuse et chorégraphe, habitera le bois à l’automne. Elle tournera son attention vers les corps en mouvement dans le bois : sportifs, amoureux, oisifs, travailleurs. Enfin, vous pourrez rencontrer Stéphane Olry dans les bois au printemps 2016. Il tiendra le journal du bois et des rencontres qu’il y fera. Peut-être n’aura-t-il plus rien à écrire ? Peut-être le silence de ces objets, ces musiques, ces danses glanés ou inventés par ses prédécesseurs aura-t-il une éloquence bien suffisante ? En inauguration de son habitation, chaque artiste organise une Crémaillère à laquelle sont invités des spectateurs. Au terme de sa saison, il présente un Au revoir, le compte-rendu public de son exploration. Les solstices et les équinoxes sont ainsi salués par les habitants du bois et les spectateurs du Théâtre. Johnny Lebigot est notre premier habitant du bois. Du 21 décembre au 21 mars, il réside à l’Aquarium pour y réaliser son œuvre, sa «Table table, entable-toi !». Une création, Les habitants du bois, interviendra durant les beaux jours de 2017 et rendra compte de ces quatre saisons dans les bois. La Revue Éclair Prochains rendez-vous des Habitants du bois > Équinoxe de Printemps 21 mars 2015 de 14h à 19h30 Au Revoir de Johnny Lebigot > Solstice d’été 21 juin 2015 Crémaillère de Jean-Christophe Marti Par ailleurs, La Revue Éclair présentera durant ces trois ans deux spectacles en répertoire > Tu oublieras aussi Henriette de Stéphane Olry, Corine Miret, Jean-Christophe Marti du 7 au 19 avril 2015. > Une mariée à Dijon d’après l’œuvre de M.-F. Kennedy Fisher, mise en scène de Stéphane Olry en 2016. La Revue Éclair : Corine Miret - Stéphane Olry / www.larevueeclair.org / [email protected] Les Habitants du bois : production > La Revue Éclair, coproduction > Théâtre de l’Aquarium La Revue Éclair reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Île-de-France et de la Région Île-de-France TABLE TABLE, ENTABLE TOI ! Une heure à bon port efface 100 ans de tempête par Johnny Lebigot Quand Stéphane et Corine m’ont proposé de venir habiter le bois, j’ai d’abord pensé au loup qui m’a été donné de rencontrer plusieurs fois. Très rapidement, je me suis fait un récit enchâssé, à trousse chemise, j'ai chantonné les fraises au creux du jour, aimé le chaperon qui les cueille en se pourléchant les babines songeant aux pots de grand maman. Grand-Mé, face de bois, à laquelle aucun prince n'a jamais daigné s'intéresser, trop occupé à courir le bois pour la belle. Ces belles qui ne tardent jamais, une fois baisées, éveillées, une fois reines, à faire porter le bois à leurs maris, les rois, pour quelques bûcherons. Ces Hommes des bois, qui sous couvert d'aller chasser le cerf qui brame au fond, abandonnent leurs mioches à brailler loin de la maisonnée où gueules de bois et volées de bois verts faisaient bon ménage. À moins que, vagabonds, ils n'aient été chargés de perdre le dauphin bâtard à un taillis de la cabane où logent l'ogre, la sorcière et les ours et où la pomme attend toujours d'être croquée. Je semblais m'éloigner ainsi de mon sujet mais le propre du bois étant de s'y perdre pour mieux s'y retrouver, je m'approchais de mes sujets. À la façon du Petit Poucet, je pourrai ramasser puis semer, mais ayant retenu la leçon et me méfiant comme il se doit des autruches qui sont dans la vraie histoire, ça demandera un peu de temps. Il ne sera pas trop d'une saison, en l'occurrence d'un hiver - où je ne serai pas distrait par la gourmandise (les fraises des quatre-saisons n'étant pas de bois et je crois même une supercherie) - pour faire connaissance tant avec bois, baguettes, branches et florescences, communes ou exotiques, qu'avec la faune qui le peuple, sauvage ou zoologique, et le peuple qui l'habite, l'entretient, le traverse, le régit, y travaille, y drague, y court, s'y promène, s'y entraîne, s'y représente, y joue, s'y détend, s'y prostitue, s'y restaure... J'irai donc au détour des chemins, à la rencontre des bons plutôt que des mauvais génies. Je cueillerai au pied levé, la tête en l'air, le cul parfois par-dessus tête et peut-être trouveraije, si on ne me l'a pas déjà offerte, "À la sortie du bois, la corne de bœuf.". Je tisserai, assemblerai, suspendrai... Je concentrerai le bois dans l'Aquarium ou quelques-unes de ses essences. En somme, je tenterai d'habiter le mieux possible le bois et pour ce faire je commencerai par dresser dans le théâtre une table de bois de Vincennes pour les hôtes qui voudront bien nous y rejoindre. Et si je n'ai qu'un pois à ma table nous le planterons ensemble... JOHNNY LEBIGOT artiste plasticien Artiste plasticien et directeur de théâtre, Johnny Lebigot intègre à 7 ans la fanfare de son village comme trompettiste. Après dix ans de loyaux, quoique médiocres, services à la musique, bac scientifique en poche, la lecture - prose et poésie - le conduit à L’Université de Lettres Modernes de Caen sans qu’il ne soit jamais question pour lui de passer quelque diplôme que ce soit. Précieuses années d’apprentissage sous les bons auspices de Pierre Barberis et Monique Nemer. Là, il s’ouvre le goût, va de concert en théâtre, de bibliothèque en musée et autres expositions. En 1997, Il constitue sa première installation «végétale». Fin d’études, en 1999, lui est confiée une programmation musicale par la direction culturelle de la ville de Stains. Pendant quatre ans, il y développe un programme autour des musiques improvisées et contemporaines et consacre un lieu à des expositions d’art contemporain. Juin 2003 : il rejoint le projet du Théâtre L’Échangeur et y développe avec Régis Hebette une programmation de formes innovantes, singulières, tant théâtrales que musicales, à la croisée des autres disciplines artistiques, visuelles et chorégraphiques. Parallèlement à ces fonctions de co-direction (dès 2007), il présente diverses expositions (en galerie, musée, théâtre : 2005 - Galerie Beaurepaire Paris10 ; 2007 et 2008 - Anis Gras Arcueil ; 2008 - Le Forum Scène conventionnée de Blanc Mesnil ; 2012 - Galerie L’Usine Paris 19 ; 2013 - Scène Nationale de Vandœuvrelès-Nancy ; 2008-2014-2015 - Château de La Roche Guyon EPCC…) et aime à collaborer avec d’autres artistes (musiciens, auteurs, plasticiens, comédiens, danseurs, metteurs en scène, créateurs lumière, etc. : Didier Petit, Pascal Contet, Étienne Bultingaire, François Leperlier, Joël Gayraud, Noël Casale, Cécile Saint-Paul, Catherine Jabot, Marie-José Malis, Sandrine Buring, Marie Marfaing, Matthieu Ferry, Ondine Trager…). LA TABLE Dispositif à la fois scénique et sculptural, la « table » porte, elle rassemble un maximum d’éléments qui semblent toujours sur le point de se répandre, de se diffuser, de coloniser les abords et les lointains. Elle est à elle-même un principe d’engendrement illimité. À la fois un monde clos, autosuffisant, et un monde ouvert, en expansion irrépressible... Une écorce fait un paysage ou un masque, une bouche, un rire figé ; une pelure fait une peau, une langue, une volute de fumée ou une coquille ; une feuille renferme une tache de sang, une aile de papillon ; une racine pour une main, un hippocampe, un phallus, une tête de taureau... Ce sont des figures, ce sont aussi des couleurs, des lignes, des volumes, des reliefs, des surfaces... François Leperlier La voie sèche Février 2012 Théâtre de l’Aquarium - La Cartoucherie, route du champ de manœuvre - 75012 Paris theatredelaquarium.com / blog : theatredelaquarium.tumblr.com / Facebook / Twitter Le Théâtre de l’Aquarium est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication (Direction Générale de la Création Artistique), avec le soutien de la Ville de Paris et du Conseil Régional d’Île-de-France. Licences 1033612-1033613-1033614 Photos ci-dessus > détail de «Table table, entable toi ! #1 » - janvier 2015 © Marie Marfaing ; couverture > Crémaillère #1 - 21 décembre 2014 (installation et tables dressées pour une queue de bœuf) et page intérieure > deux « Habitants du bois » - janvier 2015 © Johnny Lebigot