Lettre de la concurrence Competition newsletter
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Financial institutions Energy Infrastructure, mining and commodities Transport Technology and innovation Life sciences and healthcare Lettre de la concurrence Competition newsletter Numéro 48 | Janvier–Février 2015 Issue 48 | January–February 2015 Sommaire / Contents Après les lessives, l’hygiène et l’entretien : à quand la fin du cycle ? 02 First laundry detergents, now personal and home care products: when will the cycle end? 03 Les effets secondaires de la décision Lundbeck : les règlements amiables peuvent-ils être des restrictions par objet ? 04 The side effects of the Lundbeck decision: should patent settlements constitute object restrictions? 05 Déclarations de clémence : une publication peut en cacher une autre06 Leniency statements: one publication can hide another 07 Dans ce numéro : In this issue: • Nous commentons la décision du 18 décembre 2014 dans laquelle l’Autorité de la concurrence condamne 13 fournisseurs à une amende globale de près d’un milliard d’euros pour s’être livrés à des échanges d’informations sur de nombreux paramètres de prix dans le cadre de leurs relations avec la grande distribution. • We comment the French Competition Authority’s decision dated December 18, 2014 by which it sentenced 13 suppliers to a total fine of nearly €1 billion for engaging in exchanges of information on several price parameters in the context of their relationships with retailers. • Nous commentons la récente publication par la Commission européenne de sa décision du 19 juin 2013 dans laquelle elle infligeait une amende de près de 93,8 millions d’euros à la société Lundbeck ainsi que des amendes d’un montant total de 52,2 millions d’euros à plusieurs producteurs de médicaments génériques pour violation de l’article 101 du Traité. • Nous commentons l’arrêt du 28 janvier 2015 par lequel le Tribunal autorise la Commission européenne à communiquer des informations fournies dans le cadre du programme de clémence, en approuvant la publication d’une nouvelle version plus détaillée de sa décision de sanction rendue dans le cartel du peroxyde d’hydrogène. • We comment the recent publication of the European Commission’s decision of June 19, 2013 which imposed a fine of nearly €93.8 million against Lundbeck, and a fine totalling €52.2 million against the generic companies for infringement of Article 101 of the Treaty. • We comment the judgment dated January 28, 2015 by which the General Court authorized the European Commission to communicate information submitted in support of its leniency program, through the publication of a new and more detailed version of its penalty decision in the hydrogen peroxide cartel. Lettre de la concurrence – No 48 Après les lessives, l’hygiène et l’entretien : à quand la fin du cycle ? En sanctionnant, le 18 décembre 2014, 13 fournisseurs de produits d’hygiène et d’entretien à près d’1 milliard d’euros pour échanges d’informations sur les prix (Décision), l’Autorité de la concurrence (ADLC) prononce une nouvelle amende record qui laisse une impression de déjà-vu. Moins de 4 ans après leur condamnation à près de 400 millions d’euros dans l’affaire des lessives en 2011, Colgate Palmolive, Henkel, Unilever et Procter & Gamble se voient de nouveau sanctionnées avec 9 autres fournisseurs de produits d’hygiène et d’entretien, pour avoir participé à des échanges d’informations anticoncurrentiels dans le cadre de leurs négociations avec la grande distribution. Un nouvel opus qui peut surprendre, sachant que ces deux affaires avaient notamment fait l’objet d’une même demande de clémence en 2008 (tant par Henkel que par Procter & Gamble), et que, après tout, les lessives ne sont autre que des produits d’entretien, ce qui aurait pu conduire l’ADLC à ne pas disjoindre ces affaires. Toutefois, outre l’intérêt non négligeable d’avoir accéléré la clôture de l’affaire des lessives, dont les sanctions totalisent pas moins de 88% des amendes prononcées en 2011, on relèvera que les quatre lessiviers représentaient cette fois moins d’un tiers des entreprises poursuivies. Par ailleurs, le périmètre des produits concernés par les pratiques était à l’évidence beaucoup plus large. Mais surtout, c’est par la nature des pratiques que les deux affaires semblent se distinguer, celle des lessives ayant concerné un véritable cartel de fixation des prix alors que cette fois, les fournisseurs étaient poursuivis pour de ‘simples’ échanges d’informations sensibles. On retiendra en particulier de cette Décision qu’elle fournit un guide relativement complet de ce qui peut constituer des informations sensibles dans le cadre des négociations avec la grande distribution, celles-ci intégrant une grande diversité de facteurs de détermination des prix. Ainsi, outre les évolutions tarifaires passées et à venir, l’ADLC sanctionne notamment les échanges ayant porté sur des taux de coopération commerciale, des chiffres d’affaires et objectifs plus ou moins individualisés par distributeurs, le déroulement de négociations avec ces derniers, des opérations promotionnelles, ou encore des conditions générales de vente (dont les grilles tarifaires et barèmes annexés), le tout permettant aux fournisseurs de connaître leurs prix futurs et de détecter les éventuelles déviations. 02 Norton Rose Fulbright – Janvier–Février 2015 Avec autant d’informations échangées, et un coefficient de gravité qui reste important (15% contre 20% dans l’affaire des lessives), les amendes imposées ne pouvaient être que significatives … Et ce sont bien des amendes records qui sont ici infligées, leur montant global atteignant près d’un milliard d’euros ! A tout le moins, on notera que l’ADLC semble avoir pris garde de ne pas sanctionner deux fois les lessiviers pour les mêmes pratiques, en excluant les lessives du calcul de leur amende. L’effet d’annonce suscité par de telles sanctions attirera sans aucun doute l’attention des associations de consommateurs, déjà éveillées par l’introduction récente de l’action de groupe en droit français, d’autant plus que la Décision mentionne expressément que les hausses de tarifs des fournisseurs étaient ‘nécessairement répercutées’ aux consommateurs. Ces derniers risquent toutefois de rencontrer des difficultés pour évaluer précisément leur préjudice, l’ADLC ayant jugé non-probantes les études économétriques présentées par les entreprises poursuivies aux fins de quantifier le surprix résultant des pratiques. Dans ces conditions, on peut s’interroger sur la faculté, pour des associations de consommateurs, de produire des éléments plus convaincants devant les juridictions civiles. Un écueil qui rappelle les limites de l’action de groupe, l’indemnisation d’un préjudice nécessitant de pouvoir le chiffrer dans son montant et non uniquement d’établir son existence de principe. Competition newsletter – No 48 First laundry detergents, now personal and home care products: when will the cycle end? By sanctioning on December 18, 2014, 13 suppliers of personal and home care products to a fine of nearly €1 billion (Decision), the French Competition Authority (FCA) imposes a new record fine that leaves a feeling of ‘déjà vu’. Less than four years after being subjected to a fine of nearly €400 million in the laundry detergents case in 2011, Colgate Palmolive, Henkel, Unilever and Procter & Gamble have again been penalized, together with nine other home and personal care products suppliers, for participating in anti-competitive exchanges of information in the context of their negotiations with retailers. This new development may appear surprising insofar as both Henkel and Procter & Gamble had applied for leniency, each by filing a single application covering both cases in 2008, and, as all things being considered, detergents are nothing but home care products, which could have led the FCA not to sever the two cases. However, in addition to the significant benefit of having accelerated the closing of the laundry detergents case, which represented no less than 88 per cent of the fines imposed in 2011, it should be noted that the four laundry detergents suppliers accounted this time for less than a third of the prosecuted undertakings. In addition, the scope of the products concerned by the practices was clearly much broader. But above all, the two cases appear to be distinguishable by the nature of the practices: the laundry detergents case involved a genuine pricing cartel, while in this case, suppliers were charged ‘merely’ with exchanges of sensitive information. What is of particular interest in this Decision is that it provides a relatively complete guide on what might constitute sensitive information in the context of negotiations with retailers, as such negotiations embed a variety of factors of determination of prices. For instance, in addition to past and future price changes, the FCA sanctions exchanges relating to commercial cooperation rates, turnovers and targets which were more or less detailed per retailers, the course of negotiations with the latter, promotions, or general sales conditions (including attached price grids and price scales), all such information enabling suppliers to know their future prices and to detect any deviations. detergents case), the fines could only have been large ... And the fines have, indeed, reached record levels, the overall amount being nearly a billion euros! The FCA at least seems to have refrained from sanctioning the detergent suppliers twice for the same practices, by excluding detergents from the calculation of the fine. The impact of such sanctions will undoubtedly attract the attention of consumer groups, already aroused by the recent introduction of class actions in French law, in particular because the Decision states that the prices increases were ‘necessarily passed on’ to consumers. However, consumers may find it difficult to assess damages precisely, since the FCA found the econometric studies submitted by the prosecuted undertakings (in order to quantify the overpricing resulting from the practices) unconvincing. In this context, speculation is permissible as to how consumer groups will be able to produce more convincing evidence in civil litigation: a pitfall that underscores the limits of class actions, since obtaining compensation will require the ability of ascertaining the amount of the damage actually incurred and not merely to show the existence thereof. With so much information being exchanged and a gravity factor which remains significant (15 per cent against 20 per cent in the laundry Norton Rose Fulbright – January–February 2015 03 Lettre de la concurrence – No 48 Les effets secondaires de la décision Lundbeck : les règlements amiables peuvent-ils être des restrictions par objet ? Le 19 janvier 2015, la Commission européenne (Commission) a publié sa décision du 19 juin 2013 dans laquelle elle inflige une amende de près de 93,8 millions d’euros à la société Lundbeck, et des amendes d’un montant total de 52,2 millions d’euros à plusieurs producteurs de médicaments génériques, au titre de la conclusion d’accords en violation de l’article 101 du Traité (TFUE). En 2002 et 2003, Lundbeck, une entreprise pharmaceutique danoise, a conclu six accords avec quatre génériqueurs (respectivement, Merck, Arrow, Alpharma et Ranbaxy) dans le cadre d’un litige en matière de brevet, dans le but d’empêcher la commercialisation du Citalopram. Dans chacun des accords, dits ‘pay-fordelay’, les génériqueurs ont accepté de retarder la commercialisation des génériques durant une période déterminée, en contrepartie d’un transfert de valeur (le montant négocié). L’étendue géographique de ces accords était soit limitée à un Etat Membre (le RoyaumeUni ou le Danemark), soit englobait tout l’espace économique européen (EEE). En effet, au visa de l’article 101 TFUE, la Commission conclut que l’entreprise innovante et les génériqueurs sont des ‘concurrents potentiels’ sur le marché du Citalopram. Selon la Commission, les chances concrètes des génériqueurs de pénétrer le marché dans au moins un des Etats Membres de l’EEE les rendent ‘concurrents potentiels’, qu’il existe ou non une infraction aux brevets relatifs aux procédés détenus par Lundbeck. Par ailleurs, la Commission fait une application stricte de l’article 101 TFUE et conclut qu’un règlement amiable entre entreprises innovantes et génériqueurs constitue une restriction de la concurrence par objet, compte tenu de la nature même de l’accord. Pour arriver à une telle conclusion, la Commission applique les critères suivants à chacun des accords : • la société innovante et les génériqueurs étaient des concurrents potentiels dans le secteur géographique concerné au moment de la conclusion de leurs accords ; • l’accord prévoit un transfert de valeur significatif par la société innovante au profit des génériqueurs ; • il y avait un lien direct entre ce transfert de valeur et l’acceptation par les génériqueurs de ne pas temporairement entrer sur le marché ; • le montant du transfert de valeur était approximativement égal au profit 04 Norton Rose Fulbright – Janvier–Février 2015 attendu par les génériqueurs en cas de pénétration sur le marché ; • la société innovante n’aurait pas pu obtenir les mêmes limitations en faisant simplement respecter l’application de ses brevets relatifs aux procédés ; et • les accords ne contenaient aucun engagement de la part de la société innovante de ne pas intenter de poursuites si les génériqueurs entraient sur le marché après expiration de l’accord. Il nous semble important de souligner que l’analyse de la Commission repose également sur les effets des règlements amiables lorsque ces derniers impliquent un important transfert de valeur, ce qui ne reflète pas nécessairement les critères juridiques sanctionnant les restrictions par objet. Si les principes ayant donné lieu à la décision de la Commission sont clairs, leur application à des faits différents le semble beaucoup moins. En particulier, anticiper plusieurs années à l’avance si la Commission conclura que le paiement du montant négocié reflète correctement l’appréciation individuelle des parties de l’étendue du brevet et de sa validité objective, peut s’avérer difficile. Par conséquent, l’appel formé par les parties devant le Tribunal de l’Union contre cette décision est le bienvenu, étant donnée la nécessité d’éclaircir la légitimité des critères juridiques dégagés par la Commission concernant les règlements amiables en matière de brevets. Competition newsletter – No 48 The side effects of the Lundbeck decision: should patent settlements constitute object restrictions? On January 19, 2015, the European Commission (Commission) published its decision of June 19, 2013 imposing a fine of nearly €93.8 million against Lundbeck, and a fine totalling €52.2 million against the generic companies for the conclusion of so-called pay-for-delay agreements in breach of Article 101 of the Treaty (TFEU). In 2002 and 2003, Lundbeck, a Danish originator company, concluded six agreements with four generic companies (respectively Merck, Arrow, Alpharma and Ranbaxy), in the context of a patent dispute with each of these companies over the marketing of Lundbeck’s branded-drug Citalopram. In each settlement agreement, the generic companies committed not to enter the market for a determined period of time in consideration for a value transfer (i.e. the settlement amount). The geographic scope of these agreements either concerned one European member state (i.e. the UK or Denmark) or was as wide as the European Economic Area (EEA). On the basis of Article 101 TFEU, the Commission first considers that the originator and the generic companies were ‘potential competitors’ on the market for Citalopram, under the assumption that generic companies had concrete possibilities of entering markets in one or more EEA member states, despite Lundbeck’s concerns over the infringement of its process patents. More importantly, the Commission makes a strict application of Article 101 TFEU and concludes that the agreement between the originator and the generic company concerned constitutes a restriction by object in light of the very nature of the agreement. For doing so, the Commission applies, for each of the six agreements, the same following criteria: • the originator and the generic companies were potential competitors in the geographic area concerned when concluding their agreement • there was evidence in the agreement of the existence of a significant value transfer from the originator to the generic company • there was a direct link between that value transfer and the acceptance by the generic company not to enter the market temporarily • the transferred value approximately corresponded to the profits that the generic company expected to make, had it successfully entered the market • the originator could not have obtained those limitations on entry through enforcement of its process patents • the agreement contained no commitment from the originator to refrain from infringement proceedings had the generic company entered the market after expiry of the agreement. Whilst the principles underlying the Commission’s decision are clear, anticipating how they would be applied in other cases with a different set of facts is much less so. In particular, considering whether the Commission will conclude in a few years’ time that the payment adequately reflects the settling parties’ individual assessment of the scope and objective strength of the patent may prove to be difficult. Consequently, the legal challenge brought by the parties before the General Court against the decision is welcome insofar as further clarification from the General Court on the appropriate legal standards applicable to patent settlements is necessary. Norton Rose Fulbright – January–February 2015 05 Lettre de la concurrence – No 48 Déclarations de clémence : une publication peut en cacher une autre Le 28 janvier 2015, le Tribunal de l’Union européenne (Tribunal) a autorisé la Commission européenne (Commission) à publier une nouvelle version plus détaillée d’une décision de sanction, comprenant des informations communiquées au titre du programme de clémence. Cette solution doit conduire les entreprises souhaitant faire une demande de clémence à prendre en compte la marge de manœuvre conférée à la Commission pour communiquer au public le contenu de ses décisions de sanction. A la suite de la publication en 2007 de sa décision dans l’affaire du cartel de peroxyde d’hydrogène (Décision), la Commission avait informé en 2011 les entreprises sanctionnées qu’elle entendait en publier une nouvelle version bien plus détaillée faisant notamment référence à l’implication des parties dans le fonctionnement de l’entente. La société Evonik, qui avait fourni de nombreuses informations à la Commission à l’appui de sa demande de clémence et bénéficié d’une immunité d’amende sur ce fondement, avait manifesté son opposition et saisi le conseiller-auditeur en ce sens. Celui-ci ayant rejeté sa demande, Evonik avait saisi le Tribunal, qui avait ordonné à la Commission de s’abstenir de publier la nouvelle version de la Décision dans l’attente de son jugement au fond. Le Tribunal rejette dans celui-ci les prétentions d’Evonik et vient ainsi conforter la marge de manœuvre significative de la Commission pour refléter dans ses décisions de sanction le contenu des déclarations de clémence. Sont, tout d’abord, écartés les arguments d’Evonik liés au caractère confidentiel des informations devant être publiées. Pour le Tribunal, les informations publiées ne peuvent être qualifiées de ‘secrets d’affaires’ quand bien même elles auraient trait aux relations d’affaires et à la politique de prix d’Evonik, dès lors qu’elles datent de cinq ans ou plus et qu’Evonik n’a pas prouvé qu’elles constituaient encore des éléments essentiels de sa position commerciale. Elles ne peuvent davantage bénéficier de la protection, plus large, des informations couvertes par le ‘secret professionnel’. En effet, cette protection ne peut être accordée que si notamment les informations sont ‘objectivement dignes de protection’. Or, cette condition n’est pas satisfaite en l’espèce. En effet, l’intérêt d’une entreprise à ce que les détails du comportement infractionnel qui lui est reproché ne soient pas divulgués ne mérite ‘aucune protection 06 Norton Rose Fulbright – Janvier–Février 2015 particulière’, compte tenu notamment de l’intérêt des personnes lésées par l’infraction à en connaître les détails afin de pouvoir faire valoir, le cas échéant, leurs droits à réparation et de la possibilité pour l’entreprise d’introduire un recours contre la décision. Enfin, le Tribunal rejette également les moyens d’Evonik tenant à la protection de la confiance légitime, soulignant à ce titre que la seule circonstance que la Commission a publié une première version non confidentielle de la Décision en 2007 sans la qualifier de ‘provisoire’ n’a pu fournir à la requérante aucune assurance précise qu’une nouvelle version non confidentielle plus détaillée de ladite décision ne serait pas publiée ultérieurement. En donnant une marge de discrétion considérable à la Commission pour dévoiler dans ses décisions la substance des informations communiquées dans le cadre de demandes de clémence, le Tribunal entend clairement faciliter l’introduction d’actions privées par des victimes de pratiques anticoncurrentielles. Il reste que cette solution est de nature à altérer l’effectivité des limites jurisprudentielles ou réglementaires (notamment à l’issue de la consultation lancée par la Commission en décembre dernier sur la refonte du Règlement n°773/2004) posées à l’accès au dossier de clémence de la Commission par des victimes de pratiques anticoncurrentielles... Surtout si, pour des raisons d’opportunité, la Commission est fondée à reconsidérer le contenu de ses décisions des années après leur première publication. Competition newsletter – No 48 Leniency statements: one publication can hide another On January 28, 2015, the General Court of the European Union (General Court) authorized the European Commission (Commission) to publish a new and more detailed version of a penalty decision, including information submitted pursuant to its leniency program. This solution should cause undertakings wishing to make a leniency application to take into account the margin of appreciation conferred to the Commission to communicate the content of its penalty decisions. Following the 2007 publication of its decision in the hydrogen peroxide cartel case (Decision), the Commission informed the fined undertakings in 2011 that it intended to publish a new and more detailed version with particular reference to the involvement of the parties in the operation of the cartel. The undertaking Evonik, which had provided extensive information to the Commission in support of its leniency application and had received immunity from fines on such basis, had expressed its opposition and had referred to the Hearing Officer in this regard. The Hearing Officer rejected the request and Evonik then brought an action before the General Court, which ordered the Commission to refrain from publishing the new version of the Decision pending judgment on the merits. The General Court, in its judgment on the merits, rejected Evonik’s claims and thereby further consolidated the significant margin of appreciation of the Commission to include the content of leniency statements in its sanction decisions. The General Court first rejected Evonik’s arguments regarding the confidentiality of the information required to be published. According to the General Court, the information published in the decision could not be qualified as ‘business secrets’, even if related to Evonik’s business relationships or pricing policy, since such information was five or more years old, and given that Evonik had not proven that it still provided decisive insights on its commercial position. Nor could the information benefit from the broader protection afforded to ‘professional confidentiality’. Indeed, such protection can only be granted if notably such information is ‘objectively worthy of protection’. In the present case, the General Court held that such condition was not satisfied. Actually, the undertaking’s interest in the nondisclosure of its detailed anticompetitive behaviour is not worthy of ‘any specific protection’, given the interest of the victims of the infringement in knowing the details thereof in order to claim damages and the possibility for the undertaking to lodge an appeal against the decision. Finally, the General Court dismissed all of the arguments put forward by Evonik related to the protection of legitimate expectation. In doing so, it emphasized that the mere fact that the Commission had first published a non-confidential version of the decision in 2007, without clearly pointing out that it was temporary, did not entitle the applicant to assume that a new more detailed and nonconfidential version would not be published afterwards. By giving to the Commission an extensive margin of appreciation to decide whether or not to disclose substantial information submitted in support of a leniency application, the General Court is clearly trying to facilitate the introduction of damages claims by victims of anticompetitive practices. However, this solution will impact the effectiveness of the limits set up by regulations and case law (especially following the consultation launched last December by the Commission on the recast of Regulation 773/2004) regarding access by the victims of anticompetitive practices to the Commission’s leniency file, especially if the Commission is justified in reconsidering the content of its decisions, years after their first publication. Norton Rose Fulbright – January–February 2015 07 nortonrosefulbright.com Contacts Mélanie Thill-Tayara Associée Droit de la concurrence et Réglementation économique Tél +33 1 56 59 52 82 [email protected] Marta Giner Asins Associée Droit de la concurrence et Réglementation économique Tél +33 1 56 59 52 72 [email protected] Lettre rédigée par des membres de l’équipe Droit de la concurrence et Réglementation économique, notamment : Mélanie Thill-Tayara Marta Giner Asins Yann Anselin Lolita Berthol Dylan Damaj Sophie Pelé Arnaud Sanz Coordonnées Norton Rose Fulbright ParisEight 40, rue de Courcelles 75008 Paris France Tél +33 1 56 59 00 00 Fax +33 1 56 59 50 01 Norton Rose Fulbright Norton Rose Fulbright is a global legal practice. We provide the world’s preeminent corporations and financial institutions with a full business law service. 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