LaSRIWetFlorinvestréclament 52millionsd

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LaSRIWetFlorinvestréclament 52millionsd
L’ECHO MERCREDI 12 JUIN 2013
19
Entreprises
Industrie
La SRIW et Florinvest réclament
52 millions d’euros au Canadien 5N Plus
EXPRESS
Après avoir échoué en arbitrage, un conflit entre les
acheteurs et les acquéreurs
de MCP, un producteur de métaux spéciaux, a rebondi devant le tribunal de commerce,
en référé.
Les demandeurs, dont Florinvest (Floridienne) et la SRIW,
réclament 52 millions d’euros au Canadien 5N Plus.
Une plainte pénale pour escroquerie pourrait être déposée par les Canadiens.
Lorsque le groupe Canadien 5N
Plus décide d’acheter MCP, il débourse 236 millions d’euros. Le
paiement d’une partie de la
somme pose problème. Les Canadiens évoquent la fraude.
NICOLAS KESZEI
La Société Régionale d’Investissement de Wallonie (SRIW) et Florinvest, une filiale de Floridienne, se
sont retrouvées hier matin en référé
au tribunal de commerce de
Bruxelles afin de réclamer près de 52
millions d’euros au groupe canadien 5N Plus, considéré comme le
premier producteur mondial de bismuth. Aux côtés des deux premières
citées, on retrouve Metals Corp SCRL
(MCP) et Heresford.
Pour mémoire, le holding Floridienne détenait 42,05% de MCP, anciennement dénommé Sidech.
Tranches non payées
L’affaire remonte au mois d’avril
2011, époque à laquelle 5N Plus a déboursé 236 millions d’euros pour
mettre la main sur MCP, un producteur de métaux spéciaux et de leurs
dérivés (bismuth, indium, gallium,
sélénium et tellure). Les vendeurs
étaient Floridienne (via sa filiale
Florinvest), la SRIW, MCP et Heresford.
Selon les termes de la vente, le
prix se décortiquait comme suit: 168
millions d’euros payés en cash et 68
millions d’euros en actions 5N Plus.
Il a été décidé que la partie cash de
l’opération s’échelonnerait dans le
temps. À la clôture de la vente, le 15
avril 2012, les actionnaires devaient
recevoir 105,8 millions d’euros. Le
reste du montant devant être payé
par tranches lors de chaque date anniversaire: 21 millions le 15 avril 2013
et 31 millions le 15 avril 2014. Toujours pour mémoire, cette opération, si elle avait totalement abouti,
aurait dû rapporter 93,3 millions
d’euros à Floridienne.
«Le conflit dont il est question porte
sur le paiement de la deuxième
tranche», a expliqué Xavier Dieux
(Willkie Farr & Gallagher), plaidant
pour le compte de la SRIW et de
Florinvest. «Le premier montant dû a
été payé en avril 2012 sans contestation, mais ensuite, on a monté une série
de choses en épingle pour invoquer le
non-paiement», a plaidé Xavier Dieux
avant d’ajouter que «l’idée (de 5N
Plus, NDLR) était de plaider la fraude
et donc de l’inventer si nécessaire».
Pour l’avocat de la SRIW et de
Florinvest, en refusant de payer ce
qui est dû, 5N Plus s’est livré à une
«véritable voie de fait». Et ce dernier
s’est demandé ce qu’il y avait de
contraire à l’ordre public dans la
convention de vente. «En cherchant
partout, je ne vois pas. Quand le débiteur est aux abois, il sort le concept de
fraude, c’est à la mode.»
Xavier Dieux s’est ensuite attaché
à démontrer que la partie adverse ne
fournissait pas de document probant lui permettant de prouver les
éléments de fraude qu’elle avance. Et
il fut question d’une enquête et d’un
rapport dirigé par un ancien procureur canadien, un rapport que les
avocats des demandeurs ont rejeté,
estimant qu’il était provisoire et subjectif.
Les quatre parties présentes à la
barre ont réclamé, en référé, le paiement des montants dus et, à titre
subsidiaire, le blocage de ces montants chez un notaire.
Escroquerie
«Les Canadiens sont victimes d’une très
grande escroquerie. Mes clients ont
payé en pensant qu’ils achetaient une
maison de trois étages alors qu’elle n’en
comptait que deux!», a plaidé Hugo
Keulers (Lydian), l’avocat de 5N Plus.
Pour lui, une des activités de MCP
portait sur l’exportation et la vente
de produits chimiques dangereux et
de déchets de produits chimiques.
«Ce n’est pas comme vendre des bonbons», a précisé l’avocat. Et selon lui,
cette activité permettait de dégager
Le holding Floridienne, présidé par Philippe Bodson, détenait 42,05% de la société MCP, vendue aux Canadiens. © PHOTO NEWS
236
millions€
Le prix de vente initial de MCP
au groupe canadien 5N Plus.
C’est ce prix de vente qui pose
problème aujourd’hui.
un chiffre d’affaires «qui ne résultait
pas d’une activité légale». En découvrant ce qu’ils estiment être des irrégularités, les Canadiens ont lancé
une enquête qui a débouché sur une
série de résultats. 50.000 mails ont
été passés à la loupe et il apparaît
que des déchets dangereux ont été
transportés sans être notifiés en tant
que tels. Il semble également que
des étiquettes de produits dangereux aient été masquées et ce afin de
tromper les autorités chinoises.
«Mon client a été choqué lorsqu’il a découvert cette activité». Qui a été interrompue et qui a entraîné une sérieuse baisse du chiffre d’affaires.
À L’AUDIENCE
DÉPÔT D’UNE PLAINTE PÉNALE ET INTERVENTION VOLONTAIRE
L’audience qui se tenait hier en
présence d’un grand nombre
d’avocats a été perturbée par
deux événements.
Le premier porte sur l’intention
de 5N Plus de déposer une
plainte pénale avec constitution
de partie civile dans les mains
d’un juge d’instruction à Nivelles
pour escroquerie. Pour résumer
la situation, Hugo Keulers (Lydian) a employé une métaphore.
«Ma cliente a payé en pensant
qu’elle achetait une maison de
trois étages alors qu’il n’y en
avait que deux», a-t-il déclaré
dès l’entame de sa plaidoirie.
Avant de continuer dans une
veine plus incisive. «5N Plus a été
victime d’une escroquerie, dans
le cadre d’une activité frauduleuse qui a généré un chiffre
d’affaires qui a poussé à une surévaluation du prix de la transaction», a plaidé l’avocat avant
d’ajouter qu’il était temps que le
parquet et un juge d’instruction
interviennent pour déterminer
dans quelle mesure 5N Plus a
été victime d’une escroquerie.
En cours d’audience, l’avocat
Laurent Arnauts est entré dans
la salle d’audience, pendant la
plaidoirie de Xavier Dieux, occupé à plaider au nom de la
SRIW et de Florinvest. Laurent
Arnauts voulait faire acte d’intervention volontaire au nom de sa
cliente, Florence Raskin, un des
membres de la famille qui détenait Sidech, conjointement avec
la Floridienne. Cependant, et
conformément au Code judiciaire, la requête a été rejetée
par la présidente du tribunal. N.K.
La pollution que 5N Plus
ne pouvait pas ignorer
NICOLAS KESZEI
Hier, une partie des plaidoiries a
porté sur la pollution des sols du site
de MCP, à Tilly, une commune qui se
situe à un jet de pierres de Villers-laVille.
Pollution historique
Sur place, la pollution du site est
connue et semble même… historique! C’est en tout cas l’impression
que nous a donnée Emmanuel Burton, le bourgmestre de Villers-laVille. «Le site est confronté à une pollution historique, ce sont les anciennes lagunes qui sont contaminées. Des
métaux lourds ont été retrouvés dans
les boues», nous a expliqué le bourgmestre.
Selon ce dernier, la pollution des
sols ne date pas d’hier. Avant d’être
repris par le groupe MCP puis par 5N
Plus, le site appartenait à la Société
industrielle d’études et d’exploitations chimiques (Sidech). Et avant
cela, le terrain a été occupé par une
faïencerie. C’est de cette époque que
datent les premières pollutions. Et la
transformation du site en usine chimique par la suite n’a rien arrangé.
En réalité, et d’après ce qui a été
plaidé hier, les Canadiens, en rache-
tant le site à MCP, étaient au courant
de la pollution, mais pas de son niveau. «Le terrain de la société à Tilly a
un niveau de pollution qui dépasse celui qui a été déclaré à ma cliente», a
plaidé Hugo Keulers, l’avocat de 5N
Plus.
De son côté, Olivier Caprasse, intervenant pour MCP, s’est posé des
questions sur le timing déployé par
5N Plus. «Au cours de la vente de MCP
à 5N Plus, un audit environnemental a
été réalisé et personne n’a rien détecté.
Et 18 mois plus tard, parce qu’on ne sait
pas payer ce qu’on doit, on ressort ce
dossier… Mais nous ne serons pas les
banquiers de 5N Plus», a-t-il plaidé en
guise de conclusion.
«Le site est confronté
à une pollution
historique, ce sont les
anciennes lagunes qui
sont contaminées.»
EMMANUEL BURTON
BOURGMESTRE
DE VILLERS-LA-VILLE
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