Mai 2012 - Confédération Paysanne de la Drôme
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Mai 2012 - Confédération Paysanne de la Drôme
I n f o r m at I o n S S y n d I c a l e S - La Mauvaise Herbe Journal des Paysans de la Drôme N° 114 - Mai 2012 - 3€ SOMMAIRE ÉDITO « Plus jamais les paysans ne seront des Versaillais* » AGENDA ET INFOS pages 2 et 3 Ce cri de libération lancé de sa voix rauque par Bernard Lambert dans les années 70 devant des milliers de personnes au Larzac résonne encore plus fort pour nous paysans en ce premier mai 2012, alors que partout dans les médias et la vie sociale, s'agitent les nostalgiques de l'ordre policier et des guerres coloniales. Les paysans ont compris que les baisses des prix payés aux producteurs, qui affectent la plupart des secteurs de la production agricole, ne sont pas liées à la présence des travailleurs y compris lorsqu'il y a des restructurations avec fermetures d'usines – c'est l’œuvre d'une politique d'optimisation des profits au détriment des producteurs et des salariés, au nom de la compétitivité des entreprises. Le secteur coopératif comme le « privé » est touché : productions laitière, viticole, de la viande ou des fruits et légumes, aucun secteur n'est épargné. Ce numéro de La Mauvaise Herbe nous en fournit des exemples, apporte des informations ou des éléments de réflexion à ce propos, et une belle leçon : seule la mobilisation et la lutte payent : mobilisation des éleveurs dans la Loire et le Rhône pour le prix du lait et en rejet de la politique de contractualisation ; mobilisation conjointe des éleveurs et des A salariés de l'union des coop Valcrest pour faire échec au plan de restructuration de plusieurs sites de production, avec en toile de fond la baisse du prix du lait de chèvre et de vache payé aux producteurs. C'est aussi une action contre l’opacité qui caractérise les méthodes de gestion de nombreuses coopératives et contre les méthodes de management qui veulent ignorer le pouvoir de décision des coopérateurs. En ce 1er mai 2012, alors même que des formations et des hommes politiques cherchent à discréditer le mouvement syndical pour le réprimer et le museler dans une attitude de résignation et de cogestion, nous avons à cœur de réaffirmer notre volonté de liberté et de combat contre le néolibéralisme, version modernisée du capitalisme qui cherche à ruiner les paysans et à mettre sur le tapis du chômage les travailleurs salariés. La Confédération paysanne, dans sa pratique et ses objectifs généraux réaffirme que les petits paysans ont des intérêts communs avec l'ensemble des travailleurs dans leur combat contre les capitalistes et en particulier au sein des entreprises coopératives du secteur agricole et agro-alimentaire. Nous, paysans, travailleurs de la terre, sommes solidaires avec tous les travailleurs, paysans ou salariés sans distinction de frontière ni discrimination de couleur. N°93 A JLM *Versaillais : En 1871, le gouvernement de Mr Thiers et l'Assemblée Nationale s'étaient réfugiés à Versailles tandis que Paris et quelques grandes villes connaissaient la Révolution de la Commune. Alors que la garde nationale était restée fidèle au peuple de Paris, le gouvernement de Thiers mobilisa en nombre une armée de paysans pour écraser la Commune. Depuis, le terme «Versaillais» désigne les assassins de ceux qui luttent pour la révolution sociale et, plus largement, ceux qui sont au service des réactionnaires, leurs complices. INFORMATIONS SYNDICALES LA VIE DU SYNDIACAT pages 4 à 11 AG de la Conf’ Régionale AG de la Conf’ Drôme AG de l’ARDEAR Justice : procès de Valence TVA Agricole Partage des richesses selon la Chambre 3 mai, mobilisation à St Etienne COMITÉ D’ACTION JURIDIQUE pages 12 et 13 AG du CAJ Régional AG du CAJ Drôme Répertoire du CAJ Drôme INSTALLATION pages 14 et 15 EARL La Grenouille Dynamique sur l’installation LA VIE DES ÉLEVEURS pages 16 à 21 Ratio de productivité ovine Puçage : témoignage d’un éleveur Soutien à Etienne Mabille Identification électronique Union des Coopératives Valcrest : “Pour une coopérative au service de ses adhérents” AGRICULTURE PAYSANNE pages 22 et 23 La PAC et les petites fermes Séminaire fruits et légumes à Romans QUESTIONS SOCIALES page 24 Sélection et eugénisme INTERNATIONAL pages 25 à 27 Soja : les conséquences de notre modèle agricole sur les paysanneries du Sud Les Grecs retournent à la terre PETITES ANNONCES page 28 - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 1 o Agenda et Infos 23 Mai à Crest 29 mai à Mirabel-et-Blacons Salle Archi'Jeux, à partir de 20h : Café installation sur le thème de l'accès au foncier, organisé par la Confédération paysanne de la Drôme, Solidarité Paysans, le Comité d'Action Juridique, Terre de Liens, AgriBioDrôme, Les Compagnons de la Terre, Microfac (voir ci-contre). Salle de la mairie à 20h30 : projection du film Mouton en présence du réalisateur Antoine Costa (voir cicontre). Un heureux événement et de nouveaux horaires 24 Mai à Bagnolet Nous vous annonçons que notre animatrice de la Conf Drôme, Margot, attend un heureux événement. Anaïs est arrivée le 2 avril pour la remplacer pendant son congé maternité et son congé parental. Anaïs est une habituée du syndicat car elle arrive de Bagnolet, où elle a travaillé 3 ans et demi à la Conf nationale. Ces changements et les décisions de l'AG occasionnent de nouveaux horaires d'ouverture de la Conf Drôme : Permanence téléphonique les lundis (9h-12h30 et 13h30-18h00) Permanences au local les mardis et jeudis (9h-12h30 et 13h30-18h00) Assemblée Générale de la FADEAR (Fédération des Associations pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural). 25 Mai à Lyon Débat co-organisé par Rés’OGM Info et la Région Rhône-Alpes : « Plantes mutées : une innovation pour qui ? Pour quoi ? » de 9h à 12h30, Salle Verrière du Conseil régional Rhône Alpes. (Voir ci-dessous) 25 Mai, à Vachères-en-Quint La Menuiserie à 19h : projection du film Mouton (voir ci-contre). DÉBAT Plantes mutées : une innovation pour qui ? Pour quoi ? Débat co-organisé par Rés’OGM Info et la Région Rhône-Alpes Vendredi 25 mai 2012 de 9h à 12h30, Salle Verrière du Conseil régional Rhône Alpes, 1 esplanade François Mitterrand, 69269 Lyon cedex 02. Des plantes tolérantes aux herbicides obtenues par mutagénèse se retrouvent dans les champs depuis 2011. Elles sont présentées comme une réponse ad hoc aux problèmes de gestion des adventices, notamment sur ambroisie. Cependant cette technique OGM est exclue de la réglementation. Il est utile de nous interroger sur les conséquences que peuvent impliquer cette stratégie, à l’heure du plan Ecophyto 2018 et du refus des OGM par 2 les consommateurs. L’ordre du jour proposé est le suivant (sous réserve de modification) : 9h00 Accueil 9h30 Introduction 9h45-12h30Interventions et échange avec la salle autour des questions suivantes : • Eléments de compréhension technique : la mutagenèse, c’est quoi ? par M Fabrice Laroche, biologiste moléculaire ; • Les innovations variétales sur tournesols pour lutter contre l’ambroisie – par M Fabien Lagarde, Directeur Technique du CETIOM et M Arnaud Rousseau, Vice-Président de la FOP (Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) ; • Lutter contre l’ambroisie : l’expérience d’un agriculteur bio en zone concernée par l’ambroisie – par M François Sausse, agriculteur en plaine de Valence et porte parole d’Agribiodrôme ; • Les questions éthiques que posent ces choix techniques – par M Léo Coutellec, philosophe des Sciences, INSA. Inscription par mail auprès de [email protected] au 04 75 40 85 11 (Rés'OGM Info) avant le 18 mai 2012 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô Agenda et Infos PROJECTION MOUTON 2.0 – la puce à l'oreille Un film d'Antoine Costa & Florian Pourchi La modernisation de l’agriculture d’après guerre portée au nom de la science et du progrès ne s’est pas imposée sans résistances. L’élevage ovin, jusque là épargné commence à ressentir les premiers soubresauts d’une volonté d’industrialisation. Depuis peu une nouvelle réglementation oblige les éleveurs ovins à puçer électroniquement leurs bêtes. Ils doivent désormais mettre une puce RFID, véritable petit mouchard électronique, pour identifier leurs animaux à la place de l’habituelle boucle d’oreille en matière plastique. Derrière la puce RFID, ses ordinateurs et ses machines il y a tout un monde qui se meurt, celui de la paysannerie. Dans le monde machine, l’animal n’est plus qu’une usine à viande et l’éleveur un simple exécutant au service de l’industrie. Pourtant certains d’entre eux s’opposent à tout cela … Projection le vendredi 25 mai 2012 à 19h à La Menuiserie, à Vachères en Quint et le mardi 29 mai à 20h à la salle municipale de Mirabel et Blacons, en présence d'Antoine Costa. Formations AgriBioDrome Contact : 04 75 25 99 75 • Conférence Jacques Caplat “L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité - démonstration” le jeudi 14 juin à 19h30 au lycée horticole de Romans. • Demi-journées techniques maraichage Ravageurs et auxiliaires : identification, techniques et aménagement - 15 mai (Salettes) et 27 juin (St hilaire du Rosier). Interventions de Dominique Berry et visites d'exploitations. • Formation en viticulture bio-dynamique Approfondissement, raisonnement et pratiques, 2ème journée le 26 juillet (sud Drôme). Intervention de Dominique Massenot. Offre de stage 4 mois ARDEAR Rhône-Alpes - Tel: 04 78 37 32 85 • Rédacteur web/assistant conception d’un centre de ressource en ligne “Réseau Agriculture Paysanne en Rhône-Alpes” (de fin mai à fin septembre 2012) Objectif de la mission : créer le contenu initial du futur site internet du réseau «Agriculture Paysanne » (AP) en Rhône-Alpes. Profil recherché : niveau Bac +3 à +5, IEP ou étudiant en journalisme ou communication. Capacité de synthèse, qualités rédactionnelle, connaissance des outils web. Envoyer CV + lettre à Romuald WACK, 04 78 37 32 85 – [email protected] INFORMATIONS SYNDICALES - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 3 La vie du Syndicat 19 AVRIL 2012 Assemblée Générale de la Conf Régionale L'assemblée générale de la Confédération paysanne Rhône-Alpes s'est tenue le 19 avril 2012 à la MFR de St Barthélémy (Isère). Ce fut l'occasion pour les militants et les salariés du syndicat des 8 départements de Rhône-Alpes de se retrouver et d'échanger sur nos pratiques syndicales et, au-delà de la grande diversité de nos petites régions, de saisir nos problématiques communes. Il fut beaucoup question de l'action en justice intentée contre 9 paysans par la Chambre d'Agriculture de la Loire, conjointement à d'autres OPA, à propos des dégradations de locaux commises lors des actions lait en 2009. Nos syndicats se sont mobilisés à St Etienne le 3 mai (voir page 10). Autre sujet amplement débattu : la préparation des prochaines Elections aux Chambres d'Agriculture (janvier 2013). C'est au niveau du département que la vie syndicale se développe mais il est important de faire vivre une structure syndicale régionale (avec l'appui d'une animatrice salariée) pour répondre à la fois aux besoins de coordination syndicale entre nos départements et pour assurer la représentation de la Confédération paysanne vers les institutions régionales (Conseil Régional, DRAAF, Préfecture, Commissions Régionales...). JLM 1er MARS 2012 À NYONS Assemblée Générale de la Conf Drôme C'était le 1er mars à Nyons. C'est loin aujourd'hui ! Mais pour celles et ceux qui n'y étaient pas, nous rendons compte de la diversité des actions et des préoccupations portées par tou-te-s les adhérent-e-s. Dans ce foisonnement, chacun et chacune a sa place et peut apporter sa contribution même si elle lui semble modeste. Rapport d'activité Après un long café agrémenté de petits gâteaux divers et variés cuits dans les fours paysans, Vincent lit le rapport d'activité sous l'écoute attentive de l'assemblée. Rapport finalement bien fourni alors que le Comité Départemental (CD), après la dernière AG partait pour une activité réduite... 4 Il serait trop long ici de le restituer en détail, ceux qui n'étaient pas à l'AG peuvent récupérer le document au local ou demander à Anaïs de leur envoyer par mail. - En résumé, malgré le nombre restreint de membres, le CD a maintenu ses engagements de représentation au sein des différentes instances afin de porter les valeurs de la Conf, ses positions et INFORMATIONS SYNDICALES propositions pour la défense du monde paysan (CDI, CDOA, SAFER, CDCEA, CFPPA, MSA, Chambre,...). - La commission « installation » a été particulièrement active, notamment en partenariat avec Microfac et Solidarité Paysans. - Les 4 numéros de La Mauvaise Herbe ont gardé la même densité, le format a changé (moins cher, moins long à plier !) et les volontaires sont toujours les bienvenus ! - Pour les éleveurs, sur le thème de la réglementation sanitaire appliquée aux petits élevages et celui du mode opératoire des contrôles, l'action chez Christian Beylon et .../... - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 La vie du Syndicat ses suites nous ont pas mal mobilisés et nous le restons aussi sur le bouclage électronique. - Les dossiers OGM et Semences ont amené les confédérés à bouger : Colmar pour le procès des Faucheurs, Lyon devant Monsanto, conférence/débat sur les plantes mutées à Livron. - Interpellation des élus et communiqués de presse pour tenter d'éviter le vote de la loi sur les semences de ferme, bourses d'échanges de semences (à renouveler !),... - La PAC avec un échange entre paysans roumains et français, fort intéressant, mené par l'association Trèfle et Vincent. - Bientôt un site internet conf 26, Cécile y travaille ! - Le Comité d'Action Juridique est toujours très sollicité et -pourtant sans animateur- d'une remarquable activité et efficacité ! (7 bénévoles assidus et 23 nouveaux dossiers pour 2011). - Et la joyeuse fête paysanne de septembre ! Quelques remarques et questions : Sur les représentations : Comité Paritaire des Baux Ruraux : bientôt les élections, réflexion sur la composition des commissions, il y a eu des cafouillages sur la constitution des listes (la CR guette...), à suivre de près (Bruno Cl.) Elevage : faire une réponse globale pour tous les soucis : bouclage électronique, sélection des mâles,... La Mauvaise Herbe : suite à l'augmentation des frais postaux, ferait-on nous-mêmes des tournées ? Non, pas le temps ! La MSA demande à communiquer par courriel : Gisèle propose de refuser car cela peut être préjudiciable en cas d'absence et accentuerait la diminution de personnel (de la MSA). La Conf est présente dans les CFPPA mais Pierre Veyrat souligne l'importance d'être présent aussi dans les lycées et autres établissements, ils forment les paysans de demain ! (Thierry est au CA du Valentin). Rapport moral Après lecture par Jeanlou, discussion sur les coopératives avec divers exemples sur le département : La cave coopérative de Die, Jaillance : Clarisse résume le contexte et les faits ; peu de viticulteurs ont réagi quand il y a eu problème avec la direction. Par contre, quand les salariés ont demandé un contre audit qui a coûté très cher, ils se sont mis à dos les membres du CA prêts à les soutenir. Les 3 directeurs précédents étant partis avec un pactole conséquent, la cave cherche à rétablir un équilibre et les relations CA/salariés restent tendues. Un plan de licenciement a été élaboré par la direction, contesté par les syndicats de salariés. S'agissant de la coop de Die, il était difficile pour la Conf de s'investir sans avoir toutes les infos. Il faut aussi laisser aux gens concernés la gestion de leur propre avenir, les laisser se prendre en charge et intervenir après si un appel lui est lancé. Coopérative laitière de Crest : Michel a été sollicité pour agir en solidarité avec les éleveurs et les salariés... Grosse baisse du prix du lait, vente de produits à la coop à des tarifs vraiment bas,... Mais beaucoup de gros éleveurs ; il faut un minimum de 200 chèvres pour être à la coop. Les éleveurs ont formé un collectif pour l'action (voir article dans la rubrique « vie des éleveurs »). Un débat s'engage : Pierre attire l'attention sur le fait de ne pas faire chuter la coop ! Soyons inventifs !... Souvent, on est coopérateurs mais on nous impose tout ! À présent, ce sont les unions de coop qui imposent les décisions, on ne maîtrise plus rien. Défendre l'outil coop est une action syndicale. Coop de grillon : le problème est venu du CA, ils ont viré le directeur mais avec les indemnités à verser, la coop a plongé... Il faut avoir une réflexion puis une position de la Conf sur ces problèmes de coopératives. Rapport financier Jérôme présente un rapport financier équilibré et un résultat très positif : - Pas de bénéfice exceptionnel mais pas de salarié au début de l'exercice et le contrat de Margot n'est que sur 16h (28h pour le précédent) . - Les frais de déplacements n'ont pas été totalement remboursés (les militants ne les ont pas encore envoyés !...). - Le nouveau format du journal ne nécessitant plus l'utilisation du matériel d'imprimerie coûte bien moins cher en impression. - Le contrat d'assurance a été modifié, il assurera systématiquement toutes les manifestations organisées par le syndicat et INFORMATIONS SYNDICALES les éventuels accidents de tout adhérent se rendant à une réunion. Prévisionnel : - Margot trouve que 16h sont trop justes pour gérer toutes les tâches, et avec les élections Chambre, on prévoit d'augmenter le temps salarié à 24h/semaine. - Une ligne est prévue pour le procès, on n'a pas encore les chiffres. - Le local est exigu, un changement est envisagé. Un débat s'engage sur la question du local, agrandir ou non ? à Crest ou ailleurs ? - trop étroit pour les réunions et difficile de gérer 2 rendez-vous lors des journées CAJ . - Margot : attention, peu de monde à l'AG, ne pas trop augmenter la taille des locaux, en Isère, les réunions se passent souvent chez les uns ou les autres. - Certains préféreraient augmenter le temps salarié que le loyer. - S'il y a le souhait d'agrandir les locaux, c'est qu'il y a le désir d'augmenter l'activité, que la conf ne veut pas se recroqueviller, c'est plein d'espoir ! - Si on crée un ADDEAR, il faudra s'agrandir. - Le CIVAM cherche un local, on pourrait les contacter. - Crest semble le plus central. L’Assemblée Générale décide de donner mandat au CD d'une part : - pour chercher un ou des partenaires pour partager des locaux - pour chercher un local plus grand, un peu plus cher, sachant que le CAJ propose d'augmenter sa participation au loyer . et d'autre part, pour augmenter le temps de travail salarié à 24h. Le rapport d'activité et le rapport moral sont votés à l'unanimité. Le rapport financier est voté, avec 1 abstention. Élection du Comité Départemental 3 démissions pour souci de santé, problème familial et gestion de l'installation, mais personne ne souhaite se présenter en remplacement... Réélection donc à l'unanimité des 6 membres restant : Vincent DELMAS, Cécile GRIGORYEV, Jean-louis MEUROT, Jérôme MOUGNOZ, - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 .../... 5 La vie du Syndicat Sébastien PELURSON, Christine RIBA VERNIER. Il va falloir aider à la constitution de groupes locaux et de commissions pour épauler un CD si réduit ! Celui de Chabeuil fonctionne, sans être réellement formalisé, avec aussi des nonconfédérés. Il suffit souvent d'un paysan ayant des qualités d'animateur pour qu'un groupe trouve une dynamique ! Quelques nouvelles : - Jeannot Gontard a été victime d'un AVC..., il va un peu mieux - Daniel Cortial, malade, reconnu inapte à 70%, doit cotiser plein pot à la MSA et rembourser ses prêts... Il faut d'une part étudier le dossier, aller peut-être à la MSA et en attendant, les soutenir avec Paule, sa femme, pour que la ferme tourne et que les rentrées se fassent. A organiser... S'ensuit un plantureux déjeuner avec toutes les spécialités apportées par chacun -et bien arrosé par certains-, dans le plaisir évident de partager ce moment annuel de convivialité ! Puis... : Colloque fruits et légumes : organisé par le national et la CPRA, la participation de Margot est la contribution de la Conf 26 : présentation par Pierre Veyrat (voir article page 23). Faucheurs volontaires - Stop OGM : suite à la pression des Faucheurs et des associations depuis plusieurs semaines, l'Etat a promis de prendre rapidement une clause de sauvegarde par rapport au maïs Monsanto. Mais cela fait 3 semaines, il fait beau, les semences sont prêtes... Il faut faire des actions publiques, ça marche... Elections chambre 2013 Nous avons été contactés par d'autres syndicats. Nous avons des positions communes, mais une vigilance s'impose, il y a des antécédents conflictuels. Un débat s'engage : - pourquoi aller aux élections ? Qu'a-ton envie de faire ? - il faut définir une plateforme d'idées de base. - on se retrouve sur des actions mais peu de similitudes sur le fond et la forme. -pourquoi pas s'allier avec le MODEF, on se retrouve sur pas mal d'idées - attention à la répartition des financements - chacun sa liste mais des plateformes communes sont possibles - une plateforme commune créerait la confusion... Après discussion animée ! Décision est prise : pas de liste d'union avec un autre syndicat qui affecterait notre représentativité. Création d'une commission « élections chambre 2013 » de confédérés motivés pour la préparation et la participation à ces élections : Clarisse, Martin, Grégoire, François Sausse, Pierre Veyrat et Jérôme, Jeanlou, Sébastien du CD. Fin de l'AG autour d'une Clairette, un peu fatigués par tant de concentration et de réflexion ! Il y avait peu de monde -trop beau temps, lieu moins central (peut-être mieux vaut rester sur la vallée de la Drôme ?), mais beaucoup de débats et d'intérêt. Christine ARDEAR : Association Régionale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural 1 Intervention de l'ARDEAR1 (François et Alex) : voir la rubrique « installation » de ce numéro de La Mauvaise Herbe. Le procès Pour l'avocat Me Tatiguian, Martin et Christian ont eu le minimum sans que personne perde la face. Le préfet peut faire appel et revenir sur tout... Si nous faisons appel, c'est pour la symbolique, on n'obtiendra pas mieux. Nous avons déjà un résultat, beaucoup de paysans sont révoltés qu'il y ait eu condamnation. Christian décide d'accepter et d'arrêter là. Martin est éprouvé par le procès et l'énergie qu'il y a passée... Décision collective d'accepter le jugement, le syndicat, avec le comité de soutien réglera les 600€ de dommage et intérêts et les frais de justice (400€) et d'avocat (env 2500€). (Voir les suites du procès : appel du parquet page 7) 6 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô La vie du Syndicat ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ARDEAR RhôNE-ALPES Avec les ADDEAR et l'ARDEAR Rhône-Alpes La Confédération paysanne est notre syndicat pour la défense des paysans et de l'agriculture paysanne. Sans attendre des lendemains meilleurs et en même temps qu'on se mobilise pour nos objectifs revendicatifs concrets, nous avons besoin de créer et développer nos installations et l'agriculture paysanne. C'est dans ce but que les syndicats Confédération paysanne ont constitué des associations départementales dites ADDEAR (Association Départementale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural), lesquelles sont fédérées régionalement en ARDEAR. L'assemblée générale de l'ARDEAR Rhône-Alpes a rassemblé une trentaine de militants le 23 mars au CFPPA de La Côte Saint André. Nous n'avons pas d'ADDEAR dans notre département ; aussi ce fut une rencontre fructueuse pour nous en prenant connaissance de ce que font nos collègues des départements voisins : - accompagnement de l'installation (accueil, renseignements, mise en relation avec des tuteurs) notamment compte-tenu des carences des points accueil-installation situés dans la chambre d'agriculture et gérés par le syndicat « Jeunes Agriculteurs » ; - travail sur la biodiversité selon 2 modalités : - dans nos champs : favoriser les échanges de semences, poursuivre la survie des diverses semences paysannes de céréales, mais aussi potagères et fourragères ; - dans nos troupeaux : retrouver les savoir-faire de la sélection paysanne qui préserve la diversité génétique tout en favorisant les qualités d'adaptation et de rusticité de nos bêtes, en plus de la production ; - favoriser la relocalisation des échanges : circuits-courts de vente, valorisation des liens entre le terroir et les produits de consommation, etc. Nous pouvons prendre connaissance des multiples aspects de cette action à l'occasion des fermes ouvertes que l'ARDEAR et les associations départementales organisent. L'agriculture paysanne se donne à voir : ce que nous faisons et vivons concrètement. C'est ainsi que la Confédération paysanne de la Drôme organisera avec l'ARDEAR une ferme ouverte à l'automne : occasion de nous rencontrer et pourquoi pas, avancer concrètement dans le projet évoqué à notre AG de création d'une ADDEAR dans la Drôme ! JLM JUSTICE Un an après : une condamnation, une relaxe... et un appel Rendu du tribunal sur le rassemblement du 27 mai 2011 lors du contrôle de la DSV sur l'élevage de volaille de Christian Beylon. Ce mardi 21 février, quelques paysans confédérés se retrouvent au tribunal de Valence pour entendre le jugement de l'affaire opposant Christian Beylon et Martin de Douhet à l'administration des services vétérinaires de la Drôme. A leur arrivée les forces de police sont en nombre, en effet une quinzaine de fonctionnaires se montrent (ainsi que 2 fourgons en dehors du tribunal) ; après vérification ils ne manifestaient pas contre les missions infâmes que leur imposait leur ministre, ni pour nous protéger contre les assauts incessants d'une administration tatillonne mais bien pour protéger le tribunal de notre légendaire agressivité. Nous pouvons comprendre ce dispositif puisque nous avions prévenus les RG une semaine avant que nous serions une trentaine en sachant très bien que nous ne serions qu'une poignée (cinq exactement), cela montre les fossés qui existent dans notre société peureuse, et nous a permis une franche rigolade. L'affaire est la première à passer et ne durera que 2 minutes ; 3000 euros d'amende avec sursis, 600 euros de dommages et intérêts, 400 euros de frais de justice pour Christian, relaxe pour Martin. Christian et Martin ressortent, assommés, accompagnés INFORMATIONS SYNDICALES par les policiers (puisque la justice a décidé de faire de Christian un délinquant), pour rendre compte à leurs camarades de l'incroyable jugement. Le tribunal a estimé que 40 paysans constituent une pression qui empêche la DSV de faire son travail et que Christian n'a rien fait pour éviter cela, de plus il aurait été à l'origine de ce guet-apens. Ce rendu du tribunal montre bien la pression exercée par la préfecture sur la justice pour casser les mouvements syndicaux et nous empêcher de nuire. Mais la pression ne s'arrête pas là, en effet le vice-procureur, sur ordre du préfet on s'en doute, a fait appel de la relaxe de Martin pour des raisons officielles inconnues, mais d'après Maître Tatiguian, l'Etat déteste perdre et serait « mauvais joueur ». Rappellons que Martin était absent au moment des faits et donc la raison officieuse serait plus politique, puisque Martin avait été porte-parole de la Confédération paysanne et peut-être toujours inscrit comme tel dans les dossiers de la préfecture, il s'agirait d'une cible de choix. A moins qu'ils n'aiment pas les barbus... ? En tout cas nous ferons de ce procès un procès politique et profiterons de cette tribune pour montrer à tous nos valeurs paysannes pour la défense de tous les paysans ! Rendez-vous cet hiver pour dire non à la pression anti-syndicale ! Mobilisons-nous ! Martin de Douhet, paysan à Besayes 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai 7 La vie du Syndicat Information relative aux taux de TVA applicables sur les produits d'origine agricole L'article 13 de la loi du 28 décembre 2011 de finances rectificative pour 2011 relève le taux réduit de la TVA de 5,5% à 7%, à l'exclusion des biens et services visés à l'article 278-0 bis du code général des impôts. Extrait du bulletin officiel des impôts 3C-1-12 n°14 du 10 février 2012 : Chapitre 2 : Les produits d'origine agricole, de la pêche, de la pisciculture et de l'aviculture n'ayant subi aucune transformation Les produits d'origine agricole, de la pêche, de la pisciculture et de l'aviculture n'ayant subi aucune transformation, visés au 3° de l'article 278 bis du CGI (exemple : cuir, laine, duvet, latex, fleur, etc.), sont soumis au taux réduit de 7%. Lorsqu'ils sont destinés à être consommés en l'état par l'homme, ils sont soumis au taux de 5,5% quelle que soit l'utilisation qui en est faite. Exemples : les betteraves rouges demeurent soumises au taux réduit de 5,5% ; les betteraves sucrières sont soumises au taux de 7%. Les pommes de terre consommées en l'état par l'homme sont soumises au taux réduit de 5,5% ; en revanche les semences des pommes de terre et la pomme de terre fécule, variété employée dans la fabrication de produits industriels, sont soumises au taux réduit de 7%. La vente des céréales comme le blé, l'orge, le colza, etc., qui ne peuvent être consommées par l'homme sans opération de transformation préalable, est soumise au taux réduit de 7%. Les variétés de raisin (ex. cabernet sauvignon) utilisées dans la viticulture sont soumises au taux réduit de 7%, les variétés dites de table (ex. chasselas) sont soumises au taux réduit de 5,5%. Les animaux de boucherie morts ou vifs sont soumis au taux réduit de 7% (cf. DB 3 C 2121, n02), en revanche la viande est soumise au taux réduit de 5,5%. Remarque : pour les opérations de façon agricoles, la doctrine administrative de base 3 I 1312, n°7 et ss. reste applicable. Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le bureau des impôts le plus proche de chez vous. JLM REPRÉSENTATION DE LA CP À LA ChAMBRE Le partage des richesses selon la Chambre d'Agriculture En 2008, une convention de partenariat concernant un réseau de correspondants territoriaux entre la Chambre d'Agriculture et le syndicat FDSEA fait du bruit. Nous avions alerté les pouvoirs publics sur le caractère douteux de l'action énoncée dans celle-ci. Au final, la convention se met en place et, en 2012, le bilan a été présenté lors de la session du 22 mars. Retour sur un épisode pas totalement clos. En 2008, la Chambre d'agriculture, lors de la session d'automne, porte à la connaissance des élus le projet d'une convention entre le syndicat dit « majoritaire » et la Chambre consulaire portant sur la mise en place d'un réseau de correspondants territoriaux. L'objectif étant de lutter contre le grignotage du foncier en s'appuyant sur les professionnels dans les différents territoires de la Drôme. Le but est honorable et remarquable mais il n'engage qu'une partie des représentants de la profession. Les syndicats dit « minoritaires » sont exclus de ce conventionnement. Ils sont exclus d'une enveloppe qui s'élève à 30.000€ pour un an ! Alors, bien entendu, en tant qu'élu, j'avais réagi fortement en m'élevant contre cette convention si celle-ci restait en l'état. La CR, 8 le MODEF ainsi que les syndicats de salariés en avaient fait de même. Pour toute réponse, il nous avait été rétorqué que seul le syndicat dit « majoritaire » était organisé en réseau et que la Chambre pouvait s'appuyer dessus. Le Président Aurias lui-même, pour corroborer ce point, avait proposé que nous fournissions des noms de personnes ainsi que leurs « compétences » (comme si nous devions, en plus d'être représentatif, prouver par la présentation d'un CV que nous étions apte à travailler sur le sujet du foncier !) et il s'engageait lui-même à faire en sorte que ces personnes soient associées aux travaux dès lors qu'ils concerneraient leur territoire. Bref, ce projet de conventionnement a fait du bruit ce jour-là en session. INFORMATIONS SYNDICALES Au final, j'avais alors demandé à ce que le vote de cette convention se fasse à bulletin secret car, comme on le sait, lorsque le scrutin est secret les votes sont différents puisque non identifiables. Résultats des courses, sur 39 votants, 25 étaient pour, 10 contre et 4 nuls. Alors qu'habituellement, lors des votes à mains levées, nous atteignons uniquement 9 contres ou abstentions. On s'aperçoit ici que certaines personnes ont soutenu nos désaccords. 2009 : Suite à cela, nous avons alerté les pouvoirs publics et la Préfecture sur le sujet, ce qui a fait ralentir la procédure de mise en place de cette convention. Nous avions fait remarquer que la convention, présentée en l'état, relevait de l'illégalité car elle affiche clairement le financement d'un syndicat via de l'argent public. C'est ainsi qu'en mars 2009, lors de la session chambre de printemps, nous revenions aux nouvelles auprès du Président Aurias. Il nous a informé que la convention allait être à nouveau rédigée, puisqu'elle comporte 2 objets : « 18.000€ concernant l'accompagnement du foncier et 12.000€ pour la contribution à un travail de .../... - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 La vie du Syndicat réflexion sur le territoire.(1) » Là encore, les réactions ont été vives, les revendications identiques, à savoir que seul le syndicat dit « majoritaire » était favorisé. Bref, ce jourlà, rien de plus n'a pu ressortir de cette discussion et surtout pas le fait de remettre en cause ce conventionnement afin d'espérer de voir « tous » les acteurs du monde agricoles y être associés (syndicats de salariés et de paysans). Cela nous conduit naturellement à la session d'automne 2009 où, une fois de plus, le sujet ressort. Malgré des interventions précises qui pointent du doigt le caractère illégitime de cette convention, celle-ci est validée avec l'appui des pouvoirs publics représentés par le directeur de la DDT de l'époque (encore DDA en 2009). 2010 : La convention devient donc effective à compter de 2010. En fin d'année 2010, je demande qu'il nous soit présenté le bilan des actions comme convenu suivant les termes de la convention. J'en obtiens l'assurance. 2011 : Nous voilà donc au printemps 2011. J'interviens une fois de plus sur le sujet afin que nous soit présenté comme prévu le bilan du travail effectué dans le cadre de cette convention. Le bilan n'étant pas prêt ou pas fait, il m'est assuré qu'il sera présenté lors de la prochaine session. Septembre 2011, session portant sur le budget modificatif, toujours pas de bilan des actions. Novembre 2011, je demande pourquoi nous n'avons pas la présentation du bilan comme convenu alors que j'avais fait la demande à la session de printemps. Il m'est alors assuré que cela sera fait au printemps prochain. 2012 : Et nous voilà au printemps 2012 où enfin le bilan du travail effectué dans le cadre de cette convention arrive ! C'est ainsi que le 22 mars 2012, il est présenté aux membres élus de la session Chambre le « bilan des actions foncières et territoriales. Mobilisation du réseau FDSEA »(2). Le contenu fait apparaître les missions que la chambre assure en matière de questions foncières et le besoin qu'elle a de s'appuyer sur un réseau de correspondants sur tous les territoires. De là, une énumération des actions est faite par une présentation de 8 diapositives. Le document est présenté par un salarié de la chambre qui insiste bien, à chaque passage de diapo, sur le fait que le travail n'a été possible que grâce à la participation des correspondants du syndicat majoritaire. Il avait bien retenu la consigne, lui, c'est même à se demander s'il ne faisait pas du zèle pour avoir une augmentation ou une promotion ? Le Président de la Chambre rajoute aussi à plusieurs reprises que ce travail n'a été possible que grâce à la participation de la profession. Oui parce que la « profession » à la Chambre d'Agriculture, c'est la fédé ! ! ! (Précision pour le cas où vous n'auriez pas saisi !). Et avant d'aller plus loin dans l'exposé, il est important de noter que le bilan financier des actions ne nous a pas été présenté, ni pour 2010, ni pour 2011. Pourtant, la convention précise que la subvention serait versée en 2 fois : « 50% lors du vote du budget et les 50% restant à la fin de l'année sur présentation des pièces justificatives » (3). La vice-présidente Anne-Claire Vial, en réponse à la question qui est de savoir pourquoi on n'est pas informé des réunions qui s'organisent, surenchérit que tous les représentants sont invités mais qu'il est important de noter que ce sont toujours les mêmes qui se déplacent, qui prennent du temps pour aller dans les réunions et ce , malgré l'envoi de plusieurs centaines de courriers pour inviter tous les représentants aux réunions. Donc, si les décisions prises ne sont pas satisfaisantes, il ne faut s'en prendre qu'à soit-même, arrêter de râler et venir aux réunions. Oui mais quand on est effectivement pas mis au courant des réunions, comment fait-on pour venir apporter sa contribution ? La question reste posée... au suivant ! ! ! Donc, à l'issue de ses premiers échanges, est arrivée à juste titre la question des finances. Comment les 30.000€ de 2010 et les 30.000€ de 2011 ont été utilisés ? À cela, c'est le vice-président Jean-Pierre Royannez qui répond. Il explique tout calmement que l'argent n'a pas servi à rémunérer les paysans qui se déplacent mais qu'il a été utilisé à rembourser leurs frais de déplacements et à indemniser le temps passé. Et puis aussi, il faut avoir conscience que la FDSEA a 6.5 ETP (Équivalent Temps Plein ou salariés) et qu'il faut bien les payer ces personnes. Le ton employé était très éloquent. Il laissait clairement entendre que seul ce syndicat dit « majoriataire » est le syndicat responsable empreint de supériorité comparé au reste des forces représentatives et qu'il est donc tout à fait normal de le doter de moyens de ce type. C'est là que je suis entré en action. J'ai relevé les propos du Président qui encensait la « profession » pour le travail réalisé sur le terrain. Je lui ai fait remarquer que ce n'est pas la profession qui est présente dans la convention mais un seul syndicat loin de représenter l'ensemble du monde agricole dromois. J'ai aussi fait remarquer que les propos de la vice-présidente relevaient de la INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES mauvaise foi car, comme tous le monde le sait, seuls les adhérents de la FDSEA sont invités dans les réunions et comités locaux où la question agricole est au centre des débats. J'ai aussi relevé les propos du vice-président qui a fini par avouer que la Chambre d'Agriculture finance, en partie du moins, les postes salariés du syndicat qu'il représente. J'ai bien insisté car il est scandaleux que de l'argent public soit ainsi utilisé, déguisé en subvention de partenariat via une convention qui ne profite qu'à un seul syndicat ne représentant pas plus le monde agricole que nous (46.23% en 2007 (liste d'union FDSEA/JA) contre 25.23% pour la conf). J'ai alors eu droit à une série de reproches portant sur notre participation aux sessions (j'ai souvent été seul à siéger, notre deuxième élue n'étant pas souvent là) ; des reproches quant à notre participation aux réunions institutionnelles et sur le terrain. Malgré le fait que j'ai fait remarquer que nous n'avons pas les mêmes moyens mais que nous étions là où il est important d'être (notamment à la SAFER et à la CDOA), la présente convention prouvant l'écart de moyens des uns et des autres, les propos de ce type ont continué. J'ai même entendu dire que ce n'était pas vrai ! Bin voyons, si le fait que la Fédé touche 30.000€ de la Chambre pour participer à des réunions thématiques et nous 15.000€ du Conseil Général pour fonctionner cela s'appelle être égaux, qu'estce que ce serait si c'était inégal ? Une fois de plus, j'ai perdu mon sang froid car devant une telle mauvaise foi et des attaques personnelles je ne pouvais rester sans rien dire. Puis, voyant qu'ils sont irrécupérables, je suis parti en claquant la porte tout en leur faisant remarquer qu'en 2 sessions il me font partir en me mettant dans une colère sans nom. Je sais bien qu'ils n’en ont rien à faire que je ne sois pas content mais il n'empêche qu'aujourd'hui nous avons les arguments pour faire quelque chose de cet incident. Je veillerai personnellement à ce que tous les propos tenus lors de cette session soient bien consignés dans le procès verbal et qu'ils soient transcrits tels qu'ils l'ont été. Assurément, l'affaire est à suivre... Jérôme Mougnoz (1) Extrait du PV de session du 25 mars 2009. Propos de Claude Aurias, Président de la Chambre d'Agriculture. (2) http://up.sur-la-toile.com/i12lb : document présenté à la session du 22 mars 2012 (3) http://up.sur-la-toile.com/i12lf : extrait de la convention de 2008 réécrite aujourd'hui. Le document final est consultable sur place à la Chambre d'agriculture à Bourgles-Valence. Mai 2010 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai Journal des Paysans de la Drôme 9 La vie du Syndicat Tract de l'appel à mobilisation de la Conf Paysanne de la Loire pour le 3 mai 2012 à St Etienne Neuf paysans sont cités en justice par la Chambre d'Agriculture, l'ADASEA, la MSA, et Groupama pour avoir répandu le lait de la colère lors d'une manif en septembre 2009. Début 2009, la conf' tire la sonnette d'alarme de la maitrise de la production. En avril le prix du lait avait chuté, collectivement les producteurs de lait ont mobilisé 6 mois, ont interpellé les OPA qui n'ont apporté aucun soutien. Un trop plein de cogestion désastreuse s'est déversé à la Cité de l'Agriculture de la Loire. A la répression, nous répondons solidarité Nous étions 300 le jour de l'action, il n'y a pas de raison que seuls 9 d'entre nous payent les pots cassés ! Soyons nombreux à les accompagner au tribunal correctionnel de St Étienne jeudi 3 Mai A 13h, marche silencieuse pacifiste des producteurs de lait qui veulent assurer la pérennité de leur métier - sans affichage syndical ou politique (dans l'éventualité où la marche serait stoppée par les autorités, nous ferons un sitting) Cette première audience doit fixer la consignation (frais de procédure) aux victimes et la date de la plaidoirie. LE 21 SEPTEMBRE 2009 Le combat de la dignité et de la vie ! Neuf paysans ont été au tribunal le 3 mai pour répondre des dégradations commises lors de l’action à la Chambre d agriculture de la Loire le 21 septembre 2009. Il est important de replacer cette action dans son contexte : Dès le début 2009, la Confédération paysanne tire la sonnette d’alarme : « Si l’on ne maîtrise pas la production laitière, nous allons au-devant d’une grande catastrophe ! ». En avril 2009, lors du congrès national du syndicat à St Etienne, une motion est votée par l’ensemble des congressistes (appuyée par Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire) pour réclamer une maîtrise européenne de la production. Courant mai, l’arrivée des paies d’avril 10 provoque un coup de tonnerre dans les campagnes : 216 euros les mille litres ! La stupeur fait rapidement place à la colère. Dès lors, les actions se multiplient afin de réclamer un prix du lait décent et correspondant au prix de revient des paysans ainsi qu’une véritable politique laitière. Les actions s'enchaînent à un rythme effréné : En mai, blocage de la préfecture de la Loire puis des usines Lactalis et Sodiaal. En juin, actions à la MSA1, blocages d'usines Sodiaal dans la Loire et l'Isère, nouveaux blocages chez Lactalis, nouvelle action à la préfecture. INFORMATIONS SYNDICALES Face à nous, un État silencieux plus prompt à envoyer la troupe plutôt qu’à négocier et des industriels laitiers qui ne veulent surtout pas remettre à plat la répartition des marges au sein de la filière laitière. Pendant ce temps, la contestation prend de l'ampleur, les rangs des manifs grossissent, les gens désespérés sont de plus en plus déterminés. Fin juin, nouvelle action à la MSA qui sera suivie d'une grande marche silencieuse à travers les rues de St Etienne. En juillet, nouvelle action pour tirer la sonnette d'alarme à la MSA et toujours pas de réponses à la hauteur des enjeux. Puis, c'est au tour du Crédit Agricole d'être visé, sans succès, le dialogue ne s’installe pas .../... - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 du Syndicat La vieLa duvie Syndicat .../... Arrive le mois d'août. Nous décidons alors collectivement de sensibiliser les citoyens et les élus en installant une ferme place Jean Jaurès à St Etienne. Dans l'Ouest, la Conf’ de Loire-Atlantique entre à son tour en action. Durant trois semaines, les paysans se relayent dans le centre de St Etienne. Des milliers, de citoyens viennent apporter leur soutien à la cause des producteurs de lait et signent la pétition. Pendant ce temps, le bras de fer avec l’administration et la direction de Sodiaal se poursuit. Gérard Budin refuse obstinément de venir au-devant des paysans, expliquer le système de contractualisation qui est dans les cartons et est censé prendre la suite des quotas laitiers. C'est le grand résumé de l’année 2009 : d'un coté, des paysans déses- pérés, désemparés, sans aucune confiance dans l’avenir et de l’autre l'arrogance de ceux qui sont censés nous représenter. Fin août, sous le kiosque place Jean Jaurès, la Conf’ invite l’ensemble des OPA2 à débattre et à échanger avec les paysans. Sous la pluie de très nombreux paysans débattent et échangent, sans les OPA dont le silence interpelle. Pendant ce temps, dans l'Ouest, les producteurs de lait indépendants structurés à l'APLI3 se préparent à lancer la grève du lait. Dès le lancement de celleci, dans la Loire et le Rhône, nous décidons d’accompagner symboliquement celle-ci en organisant une opération de dégonflage de pneus de camions de collecte de lait. Rapidement cependant, il nous apparaît insupportable de ne pas être solidaires de celles et ceux qui jettent leur lait. Un mot d'ordre cependant, il n’est pas question de laisser un paysan vider seul son tank ou comment replacer l'humain au centre du débat. Apres les moments forts que nous avions vécus tous ensemble à Jean Jaurès dans l’été, nous avions perçu plus que quiconque le malaise et le désespoir des paysans… Etre au plus près de ceux qui souffrent et qui galèrent, c’est ça aussi le rôle du syndicat. Le 16 septembre, le lait de la grève est épandu chez Sodiaal à La Talaudière et chez Lactalis à Andrézieux-Bouthéon puis à Sauvain. Le lendemain, c’est au tour des élus réunis autour des petits-fours et du champagne au centre de thalassothérapie de Montrond-les-Bains de recevoir la visite des producteurs de lait. Deux mondes se télescopent : des élus incompétents et qui se foutent royalement du désarroi grandissant des producteurs de lait. Dialogue de sourds : « Nous sommes assis sur un baril de poudre et personne n'en a conscience ». Le ton monte, les paysans semblent prêts à tout même au pire. Le désespoir n’est jamais de bon conseil ! Le 21 septembre 2009, 300 à 350 producteurs de lait de tous horizons syndicaux se réunissent au musée l’Art Moderne, tonnes à lisier remplies de lait. La cible du mécontentement… une crise qui n’en finit pas, des élus autistes, une administration qui applique avec zèle la politique d'élimination des paysans ini.../... INFORMATIONS INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES SYNDICALES Septembre 2008 2008 La-Mauvaise Mauvaise Herbe La Mauvaise Herbe -3 Mai 2012 -- La Herbe -- Septembre 11 .../... tiées par Mariann Fischer Boel et relayé par le gouvernement français. Alors, tout le monde se dirige vers la Cité de l'agriculture ou les paysans déversent le lait de leur colère... pas de cri de joie ou de victoire mais le sentiment de désespoir, d’épuisement, de refus de la fatalité... Le combat de la dignité et de la vie.... puisqu’à ce moment-la, c’est de bien de cela dont il est question... la dignité et la vie… Aujourd'hui, neuf paysans sont donc traduits en justice pour cette action. Il me semblait nécessaire de replacer celle-ci dans son contexte. La MSA, Groupama, l’ADASEA4, la Chambre d’agriculture ont donc fait le choix de désigner et de poursuivre neuf paysans, neuf hommes parmi 350 qui étaient présents ce jour-là. Je tiens à rappeler que dans le même temps où les paysans se serraient la ceinture, se grattaient la tête pour savoir comment assurer avec dignité la rentrée scolaire de leurs enfants, la MSA se permettait le luxe de voir partir son directeur avec 400 000 euros d’indemnité. Elle est où la violence ? ils sont ou les voyous dans ce cas-là ? Les sentiments d’abandon et d’injustice ont conduit à cette action… Nous l’assumons collectivement et nous ferons face le 3 mai. Depuis 2009, près de 20 000 producteurs de lait ont disparu. Tous les ans, près de 400 paysans se suicident et le silence assourdissant des OPA, leur indécence et leur indigence dans ce procès sont effarant !!! Le 3 mai, nous serons au tribunal correctionnel de St Etienne pour défendre une fois de plus les producteurs de lait… Inlassablement… Rien, même pas l’acharnement aveugle de certains ne nous détournera de cette volonté. A la répression, nous répondons solidarité. Au tribunal, nous exigerons la justice, celle qui doit protéger les personnes les plus exposées et les plus fragiles. A la convocation devant le tribunal, nous en appelons à la justice, celle qui doit permettre à chacun de vivre de son métier, simplement et dignement. Comme en 2009, nous refusons, nous, producteurs de lait, syndiqués ou non, d’être la variable d’ajustement des appétits voraces de profits de l’agro-industrie. Nous réaffirmons que nous lutterons, pied à pied contre les politiques d’éliminations des paysans mises en place tant au niveau européen qu’au niveau français. Résister, c’est exister !!! Mobilisonsnous, notre avenir est dans nos mains !!! Laurent Pinatel, paysan à St Genest Lerpt (42) Article écrit fin avril 2012 (1) Mutualité Sociale Agricole (2) Organisations Professionnelles Agricoles (3) Association des Producteurs de Lait Indépendants (4) Association Départementale pour l'Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles Comité d’Action Juridique 10 AVRIL 2012 Assemblée Générale du CAJ régional C'était mardi 10 avril 2012, au Lycée Agricole de la Cote Saint André en Isère. Tout d'abord un petit rappel sur le fonctionnement du Comité d'Action Juridique Rhône-Alpes. Le CAJ Rhône-Alpes est composé de deux représentants de chaque département ainsi que des animateurs-trices de ces mêmes départements. Depuis 2011, Quentin Hecquet est salarié à plein temps comme animateur et technicien juriste ; et depuis ce début d'année, Delphine Gavend est présente parmi nous pour un mi-temps comme juriste et pour assurer les formations. Ce collectif se réunit 6 à 7 fois par an, soit à la Tour du Pin, ou plus généralement à Lyon. Les missions du collectif sont la mise en commun des expériences, pratiques, de chaque CAJ départemental, la gestion financière des fonds attribués par la région Rhône-Alpes pour assurer en partie les salaires des animateurs-trices juristes, organiser les formations et mutualiser les outils juridiques au service des équipes départementales. Cette assemblée générale nous a permis, à l'occasion du rapport d'activité, de constater l'importance prise par le CAJ dans les différents départements. Les procédures sont en diminution et beaucoup de situations ont abouti par des conciliations. Les thèmes principalement rencontrés vont du statut du Fermage 12 aux problèmes d'acquisition du foncier (Safer, Contrôle des structures) sans oublier toutes les servitudes (eau, passages) ; et de plus en plus aujourd'hui des problèmes rencontrés avec les permis de construire et la mise en place des plans locaux d'urbanisme. Les thèmes des formations dispensées durant cette année correspondent à des problèmes quotidiens. Fermage, permis de construire, droits de passage, régimes matrimoniaux et successions ; avec bien sûr des bases nécessaires sur l'approche du droit et le statut du fermage. Les échanges de l'après-midi ont été particulièrement importants et riches. Il s'agissait de travailler sur le déroulement de nos rendez-vous juridiques. L'analyse point par point de nos façons de faire, de nos capacités à écouter les personnes en demande, a permis un regard critique sur nos pratiques. L'ensemble de ce travail s'est fait aussi en se rappelant les bases fondamentales qui nous lient avec la conception sociétale de la Confédération paysanne. Une assemblée générale pleine d'idées riches et nouvelles à faire vivre comme nous l'avons conclu. Bruno Clavel 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô Comité d’Action Juridique 12 MARS 2012 Assemblée generale du CAJ Drôme L’assemblée générale du Comité d’action Juridique de la Drôme a eu lieu le Lundi 12 Mars à Eurre. Une quinzaine de personnes étaient présentes autour des membres du collectif malgré l’heure décalée à 15h pour des raisons de planning de salle. L’assemblée générale du Comité d’action Juridique de la Drôme a eu lieu le Lundi 12 Mars à Eurre. Une quinzaine de personnes étaient présentes autour des membres du collectif malgré l’heure décalée à 15h pour des raisons de planning de salle. Autour d’un café nous avons commencé l’après-midi par le bilan d’activité. L’année 2011 a vu une baisse d’activité avec le nombre de nouveaux dossiers qui est passé de 30 à 24 . Malgré cela le rythme est soutenu tout au long de l’année car il y a en plus le suivi d'une vingtaine de dossiers débutés les années précédentes. Les thèmes abordés restent sensiblement les mêmes que les années précédentes avec des questions relatives au statut du fermage avec des préemptions, des droits de passage, des servitudes et des droits d’eau. Beaucoup de questions aussi sur les installations et les retraites. Nous avons réalisé aussi quelques évaluations de ferme. Très peu de procédures au tribunal ont été menées au cours de l’année mais les médiations ont été nombreuses. Il faut quand même parler d’un cas de contestation de prix de fermage pour cause de culture en agriculture biologique que nous suivons depuis de nombreuses années qui est passé en cassation, nous continuons à suivre ce dossier qui repart en jugement d’appel. Suite à ce bilan, un débat sur les baux avec clauses environnementales débute. Il en ressort qu’il faut être vigilant et toujours continuer le dialogue avec nos partenaires et les propriétaires. Pour ce qui est du bilan financier, il est positif cette année encore, ce qui a permis de commencer à indemniser Sandrine Mottet pour des travaux de secrétariat et d’archivage à hauteur de 10h par mois. Bruno Clavel, trésorier, présente un prévisionnel avec un lissage des indemnités kilométriques pour les déplacements aux collectifs et sur le terrain à 0.30 € et un montant des cotisations maintenu à 60€, celui-ci est adopté à l’unanimité. L’après-midi se poursuit avec la présentation du CAJ RhôneAlpes par Guy Perret et Quentin Hecquet et des dernières décisions qui y ont été prises comme l’embauche de Delphine Gavend à 60% pour 2012 et la réalisation du site internet qui sera bientôt opérationnel. Ensuite nous avons élu les membres du bureau qui se compose donc ainsi : Guy Perret Alain Guidici Bruno Clavel Rémy Laborde Guy Luneau Gisèle Duchateau Sandrine Mottet Bérangère Colomb Nous nous félicitons de l’arrivée de Bérangère qui vient rejoindre le collectif de bénévoles. Cette assemblée ne manque pas de se terminer par le verre de l’amitié et les discussions qui vont avec. La prochaine permanence du CAJ Drôme aura lieu la première quinzaine de juin au local à Crest. Sandrine MOTTET RÉPERTOIRE DU COMITÉ D'ACTION JURIDIQUE DE LA DRôME Si vous rencontrez des problèmes avec votre bail, avec l'administration, avec vos voisins ou si vous voulez simplement des renseignements vous pouvez contacter un bénévole de votre secteur qui prendra un rendez- vous avec le collectif. CAJ 26 : Tél. 04 75 25 10 50 - Fax 04 75 25 36 06 - 62, avenue Jean Rabot 26400 Crest CAJRA : Quentin Hecquet au 04 81 91 99 04 INFORMATIONS SYNDICALES 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai 13 Installation Longue vie a l'EARL la grenouille Vous rêvez d'en savoir plus sur l'activité professionnelle du porte-parole de la Confédération Paysanne Vincent Delmas ? Eh bien, lisez cet article qui ne vous parlera pas de lui (désolé !) mais de son associé Ludovic GIRARD. Ensemble et dans le cadre de l'installation de Ludovic, ils viennent de créer l' EARL la Grenouille car « la Bio, on y croa ! » . Bienvenue à Ludovic, nouveau paysan drômois et nous souhaitons de belles aventures à l'EARL la Grenouille. La Mauvaise Herbe : Peux tu brièvement nous présenter ton parcours vers l'installation ? Ludovic : Je suis originaire du Nord de la Drôme où j'ai grandi dans la ferme de ma grand-mère. J'ai effectué des études de commerce, ce qui m'a inévitablement amené à travailler dans ce secteur. Ainsi, j'ai travaillé cinq ans dans le monde des grandes entreprises, notamment chez Hewlett-Packard dans le commerce international. Assez rapidement, je m'aperçois que je ne suis pas fait pour être au service des grandes entreprises et que les règles du commerce international me rebutent. Pendant ces années de salariat, je prends une année sabbatique avec ma femme pour réaliser du bénévolat associatif en Amérique du sud. Un projet professionnel et de vie naît... Nous sommes à la recherche de simplicité volontaire, d'une qualité de vie meilleure, de plus d'humain dans nos vies… Autant d'éléments qui m'amènent à prendre la décision définitive de quitter HP en 2009. Il me faut donc me former : je réalise alors la formation BPREA au Valentin. LMH : Que t'as apporté cette formation pour adulte ? Ludovic : Cette formation diplômante me permettra de m'installer même si au niveau technique, elle est insuffisante. Avant toute chose, elle me permet de rencontrer Vincent. Au départ, ma femme a trouvé un emploi sur Dieulefit, ce qui m'a amené à rechercher un maître de stage dans ce coin du département ! J'apprécie sa ferme en polyculture élevage avec un petit troupeau de brebis et du maraîchage. J'effectue ainsi mes trois mois de stage du BPREA chez lui puis je deviens saisonnier et salarié. Ensuite, je réalise le stage de reprise d'exploitation pendant un an. 14 Voilà ! Nous avons donc travaillé pendant deux ans ensemble ! L'envie et le désir de s'associer sont bien ancrés pour lui comme pour moi. LMH : Concrètement, comment se passe ton installation ? Ludovic : Nous sommes tous les deux associés et cogérants de l'EARL, qui a été créée le 1er mars 2012. Chacun détient 50% du capital. Pour ce faire, j'ai eu la chance de rencontrer Roland FAURE, maraîcher à La-Bégude-de-Mazenc, qui arrêtait son activité. Il m'a vendu ses terres et l'ensemble de son matériel. J'ai aussi acheté une maison toute proche des terres de Vincent avec un peu de forêt. Ainsi chacun a apporté son matériel et ses terres pour les mutualiser. Bien sûr, je vais bénéficier du dispositif de la DJA. J'ai eu aussi la chance d'être membre fondateur de Champs Libres (Point de vente collectif de Dieulefit) bien que n'étant pas paysan à la création du PVC. J’apporte ainsi de nouveaux débouchés pour l'exploitation. Concrètement, j'ai réalisé l'ensemble des démarches juridiques, fiscales et sociales de création de la société ce qui nous a permis d’économiser de l'argent. Mais ces formalités sont d'une lourdeur et d'une complexité inqualifiables... LMH : Comment se passe l'organisation concrète du travail dans votre société ? Ludovic : Notre but est bien de travailler ensemble même s'il y a une répartition des postes de production. Ainsi, je serai plus présent sur le poste maraîchage et arboriculture, et Vincent aura plus de temps pour l'élevage avec une augmentation forte du INFORMATIONS SYNDICALES troupeau à très court terme et le projet d'un laboratoire de découpe et de transformation. De fait, mon installation signifie : - le passage de 1 ha à 1,5 ha de maraîchage (dont 3000 m² sous abris) - 0,5 ha de culture légumière - toujours 5000 m² de figuiers et 7000 m² de pêchers - le passage de dix à cinquante brebis, grâce notamment à la création d'un groupement pastoral sur La-Bégude-de-Mazenc avec trois troupeaux au total, ce qui nous apportera du pâturage pour l'été - il y aura une répartition équitable du temps de vente puisque j'effectuerai les permanences du PVC de Dieulefit et Vincent celles du PVC de La Laupie « Au plus pré ». Les marchés sont effectués par des salariés. LMH : Quels atouts et quelles limites peux-tu identifier dans ton projet ? Ludovic : S'installer en société est pour moi un atout qui me permet de placer mon travail au cœur des relations humaines. De plus, travailler en société permet de faire des breaks, d'avoir du temps libre et de se consacrer à sa famille. C'est important pour moi, puisque j'ai aujourd’hui trois enfants. Mon projet résulte aussi de la force du collectif et de la solidarité paysanne : Vincent me propose une installation en société, Roland me permet d'acquérir du foncier et du matériel, un groupe de paysans me permet de vendre dans un point de vente collectif, nous sommes en cours de création d'un groupement pastoral... Que chacun en soit ici remercié ! Je suis - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 .../... Installation .../... au cœur d'une vraie dynamique collective et surtout locale, mon rêve s'accomplit … J'ai malgré tout conscience que c'est un travail difficile physiquement et surtout qu'il n'est pas rétribué à sa juste valeur. LMH : Comment vis tu l'engagement de Vincent au sein de la confédération paysanne et dans ses différents engagements militants ? Ludovic : Je le soutiens à 200% dans ces engagements. Quand, il est à la Conf, il représente aussi la société La Grenouille et moi-même. A l'heure actuelle, je dispose de très peu de temps : je viens d'avoir un bébé, d'emménager à Salettes, de m'installer, c'est beaucoup !! Plus tard, j'aspire aussi à avoir un militantisme fort. Pour l'instant, c'est Vincent qui défend notre façon d'envisager l'agriculture et ses évolutions. Propos reccueillis par Sonia Tonnot 1er MARS 2012 À NYONS Intervention de l'ARDEAR lors de l'AG de la Conf ARDEAR : Association Régionale de Développement de l'Emploi Agricole et Rural ADDEAR : Association Départementale de Développement de l'Emploi Agricole et Rural Petits rappels: les ADDEAR ont été crées par la Conf, pour le développement de l'agriculture paysanne ; dans chaque structure, la Conf a 50% des voix au CA ; dans les départements, le salarié Conf est souvent aussi celui de l'ADDEAR ; les liens sont très étroits. Exemple de formations proposées : formation militantes, semences paysannes, traction animale,... ou accompagnement d'installations. Le but : être plus forts, plus unis, faire vivre l'agriculture paysanne. Avec une ADDEAR qui assure le volet formation, on peut avoir plus de financements pour l'action syndicale. Pourquoi ne pas profiter de l'ADDEAR en Drôme ? Un débat s'engage, peu de confédérés connaissent vraiment et la majorité est dubitative... : - Plus analyser ce que l'ADDEAR a déjà fait ailleurs. - une telle création demande beaucoup d'énergie... - on peut créer « une coquille vide » en attendant - contacter les ADDEAR voisines pour connaître les atouts et contraintes, leur fonctionnement. Position de l'assemblée : on garde ça au chaud en attendant que quelqu'un s'y attèle et soit convainquant... Christine 15 MARS 2012 Dynamique sur l'installation Le 15 mars, à Vienne, s'est tenue une réunion pour construire une parole régionale commune à la Conf et à l'ARDEAR (et les ADDEAR) sur la politique régionale à l'installation, notamment mettre à plat et organiser les revendications de porteurs de projets, paysans, ADDEAR et Conf de la région. Cette rencontre avait aussi pour but de se préparer à un rendez-vous avec des élus régionaux. Les différents dispositifs d'accompagnement ou d'aide à l'installation ont été présentés : le dispositif national dans le cadre du PPP (plan de professionnalisation personnalisé) et le dispositif du Conseil Régional (dans ou hors du PPP – avec un peu moins de contraintes en théorie). Puis les dysfonctionnements ont été énumérés. Ce qui en ressort, c'est que même si les départements ont des disparités, finalement le parcours à l'installation reste partout un parcours INFORMATIONS SYNDICALES d'obstacle, où il faudrait savoir lire entre les lignes pour se dépatouiller (l'information donnée dans les Points Info Installation n'est pas complète). Ce qui est particulièrement marquant, c'est que 95 % des subventions régionales vont aux chambres d'agriculture et CER pour leurs prestations pas toujours cohérentes. Les fonds de la région sont finalement mal gérés et peu efficaces pour soutenir vraiment l'installation, en particulier pour les installations hors DJA. Dans ce cadre difficile, les ADDEAR sont efficaces pour accompagner les porteurs de projets avec une information plus transparente, leur proposer des formations (ainsi qu'aux paysans installés), rechercher du foncier, suivre la phase post-installation, souvent délicate. La Drôme n'a pas d'ADDEAR à l'heure actuelle, et la constitution d'une association locale s’avérerait utile, en parallèle d'un réseau de tuteurs drômois... Cet article est l'occasion de solliciter les paysans qui seraient intéressés pour participer ! Cécile - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 15 La vie des éleveurs RATIO DE PRODUCTIVITÉ DANS LES ÉLEVAGES OVINS Mixture hallucinante de méconnaissance des réalités locales, refus de la diversité, volonté de concentration des élevages Encore quelques courriers pas bien clairs dans les boites aux lettres des éleveurs ovins ce printemps... Le Ministre et la DDT nous informent que le « ratio de productivité » minimum pour pouvoir prétendre à l'aide aux ovins est augmenté à 70% en 2012 ( sur les chiffres de 2011 ) , ce qui correspond aux demandes de la fno ( section ovine de la fnsea ). Un courrier signé par 2 élus de la Chambre d'agriculture de la Drôme s'inquiète du fait que, d’après les calculs sur le recensement annuel, un tiers des élevages ne respecteraient pas ce ratio , nous conseille de « bien noter l'ensemble des agneaux nés ( avortons, morts nés et vivants ) » et de « mettre en œuvre dans votre élevage les améliorations techniques afin d'atteindre le ratio de productivité exigé » C'est une curieuse idée, sur le plan technique et économique, de compter les agneaux morts dans la « productivité » , mais il est encore plus étonnant de calculer ce ratio en intégrant dans l'effectif de brebis les agnelles de 1 an. Avec les races rustiques aucun éleveur et aucun technicien ne songeraient à faire agneler à cet age . Avec 20% de taux de renouvellement , il faut un taux de 0,89 sur les brebis mises à la lutte pour atteindre les 0,7 demandés en 2012 sur 2011 , et il faudra un taux de 100% pour atteindre le taux de 0,8 annoncé pour 2013, sur les chiffres 2012 . De plus le ministère avait prévu la possibilité d'abaisser le coefficient fixé au niveau national de 0,1% dans les départements qui en feraient la demande, mais aucune demande en ce sens n'a été formulée pour la Drôme, notamment par les élus qui nous mettent aujourd'hui en garde et nous prodiguent leurs conseils. Plus fondamentalement , rien ne pourra jamais justifier qu'on écarte des aides certains producteurs. On l'a déjà vu avec la fixation d'un seuil minimum de 50 brebis pour cette aide aux ovins, et dans l'actualité récente avec la prime à l'engraissement des bovins réservée aux éleveurs engraissant plus de 50 bovins chaque année. Ces dispositions sont fortement injustes et discriminatoires vis à vis des petites fermes , des systèmes pastoraux extensifs comme ceux en polyculture élevage et/ou en circuits courts , en contradiction totale avec toutes les déclarations d'intention au niveau français ou européen . Elles ignorent notamment des pratiques pastorales sur les territoires à faibles ressources, où la seule solution est de limiter les intrants, ce qui demande autant sinon plus de technicité que d'autres voies plus intensives, qui peuvent bien sûr être économiquement pertinentes dans certains contextes . C'est aux éleveurs de définir quelle est la meilleure voie pour eux ou plutôt la moins mauvaise, en fonction de leur propre réalité agronomique, économique et sociale . Et pas du dogme de la fuite en avant dans la spécialisation et l'augmentation des troupeaux, chacun peut en constater la grande efficacité sur l'économie ovine et les outils coopératifs de notre région !! La Conf ne peut donc que s'opposer résolument à ces mesures , et à toutes celles du même esprit qui pourraient être introduites dans la nouvelle pac , ou étendues à d'autres domaines comme l'ichn ( resserrement de la plage de chargement optimale, en clair une vache ou une brebis recevraient plus d'aides si elles mangent sur des surfaces productives, et/ou largement complémentés par des concentrés produits ailleurs ..) La défense syndicale passe aussi dans l'immédiat : - par l'affirmation que le ratio doit être calculé avec les seules brebis mères ( écrit en toutes lettres dans le texte d'application ) et donc par la défense des éleveurs éventuellement inquiétés sur ce mode de calcul. - par la demande fin 2012 de l'abaissement de 0,1 points du ratio pour 2013, comme cela a été fait par plusieurs départements ces 2 dernières années. Jean-Marie Bompard PUÇAGE Témoignage d'un éleveur refusant de pucer J'ai côtoyé pendant plusieurs années des paysans indiens boliviens pour qui l'élevage détermine la gestion de leur territoire et de leurs ressources naturelles, leurs relations sociales et leur économie. Des milliers d'animaux se baladent dans la montagne, sans aucune clôture, et pas un ne porte une boucle à l'oreille. A voir ça, on se demande comment les paysans font pour reconnaître leurs bêtes, gérer les espaces de pâturage, maîtriser la reproduction... Et tout cela 16 sans DSV, sans EDE ni vétérinaire... Je crois que si ils y arrivent, c'est justement parce que ce sont des paysans, qui connaissent parfaitement leur territoire et leurs animaux et que personne ne s'est mis en tête de penser à leur place. Et surtout, ces éleveurs et bien d'autres dans le monde sont là pour nous rappeler qu'il existe autant de systèmes d’élevage que de contextes différents, et donc que l'élevage industriel n'est pas une fatalité. Si maintenant je me suis moi-même installé sur une ferme en polyculture élevage, avec des brebis, c'est entre autre 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô .../... La vie des éleveurs .../... pour la fascination que ces éleveurs ont exercé sur moi. C'est aussi parce que je crois que l'agriculture paysanne est la base d'une société plus libre et plus juste. Et pour plein d'autres raisons. Mais je ne suis certainement pas devenu paysan pour qu'on m'impose des pratiques qui n'obéissent qu'à une logique industrielle, comme c'est le cas avec l'obligation de pucer nos animaux. Je m'oppose donc à cette obligation, et ce pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'on prend les paysans pour des benêts. Oser avancer des arguments de traçabilité et de sécurité pour justifier une telle mesure semble aussi convaincant que de parler de sécurité nucléaire. Si on ne remet pas en cause l'élevage industriel et les logiques du marché, on pourra bien prendre les mesures que l'on veut, ça ne changera rien. Sauf peut-être pour les marchands de puces... Ensuite, je m'inquiète de l'idéologie qui sous-tend le puçage électronique. On considère que seules des solutions technologiques peuvent résoudre des problèmes engendrés par l'homme lui même. Vu l'état dans lequel on a mis la planète on peut certes douter de l'humanité mais de là à penser que remplacer l'homme par des machines améliorera la situation, on peut aussi en douter. Et comme il semble que nos libertés reculent en même temps que la technologie se substitue à l'homme, on a matière à s'inquiéter. Enfin, les méthodes employées pour imposer une mesure dont presque personne ne veut sont assez éloignées d'un esprit démocratique. Tout en cherchant à nous transmettre un sentiment de culpabilité (nous n'apporterions pas les garanties sanitaires suffisantes, comme pour la FCO), on profite de la dépendance quasi totale des éleveurs vis-à-vis des primes pour nous obliger à pucer nos bêtes. Et les contrôles qui iront de pair avec ce système autoritaire n’annoncent rien de bon. Menacer de couper les revenus des paysans s'ils n'obéissent pas gentiment est un système de pression inacceptable et avilissant. Il relève de la même logique que la dette imposée par quelques pays riches à la plupart des pays pauvres pour mieux les contraindre à se plier à des mesures libérales qui finissent de les ruiner. Bref, autant dire que ces puces électroniques et tout ce qu'elles véhiculent, on n'en veut pas. Et que mes brebis non plus. Christophe Morantin, paysan à Glandage REFUS DU BOUCLAGE ÉLECTRONIQUE DU TROUPEAU Premières menaces de sanctions économiques (suppression des primes PAC) dans les Baronnies Irène Bordel et Etienne Mabille, paysan(ne)s à Mévouillon, élèvent un petit troupeau ovin d'une soixantaine de têtes. Ils produisent aussi des céréales, notamment du petit épeautre (Etienne est vice-président du syndicat du petit épeautre). Toute l'exploitation est conduite en agriculture bio depuis de nombreuses années. Comme nombre d'éleveurs, ils ont de bonnes raisons pour refuser la pose de boucles électroniques sur leurs bêtes. Aussi, lorsque le représentant de l'Agence de Paiement est intervenu pour un contrôle sur les animaux, il n'a pu que constater l'absence d'identifiants électroniques réglementaires (pour les bêtes nées après juillet 2010). De même, il manquait le deuxième identifiant pour les bêtes nées après 2005. Le contrôleur l'avertit qu'il n'était pas en conformité avec la réglementation. A la requête de l'éleveur lui demandant la présentation des textes réglementaires sur lesquels il s'appuyait, le contrôleur lui répondit qu'il n'avait pas à les lui fournir ! Irène et Etienne risquent de subir des sanctions financières (écoconditionnalité des aides PAC). Ils ne souhaitent pas que des anomalies ou irrégularités constatées au troupeau entrainent des sanctions qui mettraient en péril l'ensemble de leur exploitation. Ils veulent pouvoir faire sereinement leur travail dans la liberté d'élever leurs bêtes comme ils le conçoivent, notamment en ce qui concerne l'identification, et en respectant les contrôles sanitaires. La Confédération paysanne soutient Irène Bordel et Etienne Mabille dans leur détermination. Les primes ne devraient pas être considérées comme une gratification dont bénéficieraient les éleveurs satisfaisant des règlements contestables. La prime à la brebis, qu'on appelait INFORMATIONS SYNDICALES « prime compensatrice ovine » (attribuée à tout éleveur détenant un minimum de 10 brebis avant 2011, 50 brebis aujourd'hui *), devait compenser la faiblesse du revenu ovin, compte-tenu du dumping sur les prix devant favoriser les importations des pays tiers. Les primes environnementales comme les ICHN et la prime à l'herbe ont été créées pour favoriser le rôle de maintien des milieux ouverts par les troupeaux et leur impact positif sur les paysages. Nous refusons le chantage au bénéfice de la prime qui est une atteinte directe à notre revenu d'éleveur pour nous obliger à nous conformer aux règles de l'élevage industriel, cela tout en ayant les soucis quotidiens de la protection de nos bêtes face aux attaques des loups. JLM * Lors d'une réunion au ministère de l'Agriculture à propos de la prime à la brebis, le représentant de la Fédération Nationale Ovine (affiliée à la FNSEA) demanda que l'effectif minimum pour pouvoir en bénéficier soit porté à 100 brebis. Le représentant de la Confédération paysanne demanda le maintien à 10 brebis, le ministère a tranché : 50 brebis 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai 17 La vie des éleveurs IDENTIFICATION ELECTRONIQUE Le point au printemps 2012 L’identification électronique est obligatoire pour les agneaux et les cabris depuis le 1er juillet 2010. La pose de ces boucles sur le « cheptel de souche » (les adultes) devra être réalisée au plus tard au mois de juillet 2013. Dans la Drôme comme dans d’autres départements, des éleveurs s’opposent à cette nouvelle réglementation. Les raisons sont diverses et ont déjà été développées dans les précédents numéros. Où en sommes nous aujourd’hui alors que nous sommes en pleine période de contrôles administratifs (période de détention obligatoire de 100 jours soit du 1er février au 10 mai) ? Les commandes de repères non électroniques ayant été refusées par la Chambre d’Agriculture, les éleveurs réfractaires se sont débrouillés comme ils le pouvaient pour identifier leurs nouveaux nés : - Vieilles boucles en stock. - Boucles vierges où on écrit le numéro de travail et le numéro de cheptel au feutre indélébile. - Commande de boucles classiques (chez Chevillot ou ailleurs mais ça semble le moins cher) avec nos numéros personnels. Les vendeurs peuvent imprimer ce que l’on veut sur les boucles (dans la limite de la place) excepté le sigle FR. Ces boucles ne sont donc pas des boucles officielles. Lors d’un éventuel contrôle, nous serons dans tous les cas dans l’illégalité car le 1er identifiant doit être électronique. Toutefois, la pose de ces boucles, en plus de nous permettre le suivi de nos animaux, pourrait nous servir à nous défendre devant un tribunal et à justifier que nous sommes contre l’identification électronique et non contre l’identification. Nous invitons les éleveurs, lors d’un contrôle, à se faire accompagner par un ou plusieurs voisins. Le but n’est pas de faire pression ou d’intimider le contrôleur. Toutefois, se faire accompagner peut présenter plusieurs avantages : - Présence de témoins en cas d’excès de zèle du contrôleur. - Calmer la situation au cas où la tension monte et éviter tout dérapage de la part de l’éleveur contrôlé. - Etre plus persuasif dans l’explication de 18 nos positions sur l’Identification Electronique lors de la discussion avec le contrôleur (même si celui-ci vient surtout pour appliquer des règles et non pour les discuter). Si les contrôleurs ont un tant soit peu de marge de manœuvre, il est important d’être convaincant et de défendre nos positions de la meilleure façon. - Enfin, même si le but n’est pas de faire pression, le comportement de la personne sera certainement différent s’il a affaire à 1 éleveur seul ou à 2 ou 3 personnes bien renseignées sur les questions agricoles et la problématique de l’identification électronique. Toutefois, nous ne pourrons éviter qu’il y ait des contrôles et des pénalités appliquées aux éleveurs résistants. Ceci doit nous permettre de rebondir et de continuer la lutte : en plus d’être solidaires des amendes (caisse coup dur, actions pour récolter des fonds et aider les personnes ayant eu des pénalités), il faudra contester judiciairement ces pénalités. De la même façon que la justice a permis, par la tenue de procès, de continuer la lutte contre les OGM (soutien de l’opinion publique au travers des médias), il nous faudra utiliser ces procès pour faire entendre notre discours et nos revendications pour l’élevage de demain. Nous avons vu ces derniers mois que nous ne ferons pas bouger les choses au sein du monde agricole. La FNSEA verrouille tout et n’est pas prête à revenir en arrière sur des réformes qu’elle a largement soutenues. La pression sur les hommes politiques est également un levier de manœuvre mais on sait tous que les promesses de ces gens là ne sont que…..des promesses. Contester les amendes pour non-conformité à l’identification électronique semble donc un moyen pour poursuivre le combat. Ceci nous permettra de contester plus largement une politique d’industrialisation de l’élevage, débutée avec l’obligation de vacciner contre la FCO et qui se poursuit avec la réforme de l’identification et l’utilisation de béliers certifiés pour 2015. On peut également rajouter dans ce triste tableau la télédéclaration obligatoire, le relèvement des taux de productivité par brebis (voir article de Jean-Marie Bompard page 16)…. Il est grand temps de se bouger et de refuser le caractère obligatoire de ces réformes. Il est temps que le Ministère de l’Agriculture reconnaisse le « droit à la différence », c'est-à-dire la diversité des pratiques et des méthodes d’élevage. Il en va de l’agriculture que l’on souhaite pratiquer demain, et de celle que l’on veut laisser à nos enfants….. LA REGLEMENTATION En décembre 2011, il a été annoncé dans la presse agricole que l’Europe repoussait à 2015 la réforme de l’identification des animaux. Suite aux pressions exercées par des pays comme l’Angleterre, l’Irlande et certains pays de l’Europe de l’Est, Bruxelles aurait laissé la possibilité aux Etats de reculer l’application de cette directive. Chez nous, l’annonce a suscité un espoir. Même si elle n’était que repoussée, cette modification de la réglementation nous laissait du temps pour nous organiser et nous mobiliser de la meilleure façon. Toutefois, après plusieurs recherches, nous ne trouvons aucun texte Européen officiel traduisant cette annonce. Il y a plusieurs explications possibles : - Le texte n’est pas encore sorti. - Le texte est sorti mais nous ne l’avons pas encore trouvé. Ce report à 2015 n’est peut être pas un texte réglementaire mais le résultat d’une négociation entre les différents Etats membres lors de discussions au sein d’une commission agricole ou autre commission européenne (j’ai un peu tendance à m’embrouiller avec le fonctionnement des différentes institutions européennes…). Ce cas de figure serait forcement moins intéressant pour nous car il serait plus difficile de s’appuyer sur ce report de 2 ans devant un tribunal, si ceci n’est pas traduit en terme réglementaire. Nous recherchons toujours des infos sur ce sujet et nous sommes preneurs de toute avancée. 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô .../... La vie des éleveurs .../... Règlement d’Exécution UE N° 147/2012 de la Commission du 20 février 2012 Cette modification du Règlement 65/2011 peut paraître intéressant au premier abord. Il explique, entre autre, qu’un bovin ayant perdu une boucle, voire ses 2 boucles, « est considéré comme appartenant aux animaux déterminés » (en clair aux animaux de la ferme donc primable) à condition qu’il soit « identifié clairement et individuellement à l’aide d’un autre système d’identification » et à condition que le détenteur « puisse apporter la preuve qu’il a déjà pris des mesures pour remédier à la situation avant l’annonce du contrôle sur place ». C’est à peu près la même chose pour les ovins ou les caprins : « un animal ayant perdu une marque auriculaire est considéré comme appartenant aux animaux déterminés pourvu que l’animal puisse encore être identifié par un premier moyen d’identification conformément à… ». Par contre, chez les ovins ou les caprins, un animal n’ayant plus de boucle (ayant donc perdu ses deux boucles) ne semble pas pouvoir être comptabilisé parmi l’effectif primable, alors qu'une vache ayant perdu ses deux boucles est encore primable, avec les conditions précitées. Ce texte aurait pu aider celles et ceux qui depuis juillet 2010, n’ont mis qu’une boucle (non électronique) à leurs animaux (jeunes et animaux de renouvellement). Toutefois, il est bien spécifié « les animaux ayant perdu » une marque auriculaire. Il doit donc y avoir la trace sur l’oreille (trou ou oreille déchirée). Ce règlement d’Exécution ne semble pas une avancée en terme de contestation juridique de l’identification électronique. C’est toutefois une bonne chose pour les éleveurs dont les animaux ont perdu des boucles. Sébastien Pelurson UNION DES COOPÉRATIVES VALCREST « Pour une coopérative au service de ses adhérents » Une crise qui couvait depuis plusieurs mois : quand les éleveurs et les salariés se mêlent de leur coop, ça fait des étincelles ! L’Assemblée Générale de la coopérative laitière de Crest réunie le 23 avril n'a pas pu conclure ses travaux : l'AG a refusé d'approuver les comptes et de donner quitus au Conseil d'Administration. Les membres du CA ont quitté la réunion ; le Président a prétendu annuler la réunion refusant ainsi le débat et la confrontation avec les producteurs adhérents, alors que seule l'AG, souveraine, peut prendre une telle décision. Nous reproduisons ci-après une lettre ouverte du collectif des éleveurs qui expose le contexte économique de la crise actuelle (baisse du prix du lait) et la façon dont la direction de la coopérative Valsud et de l'union de coopératives Valcrest se comporte envers les producteurs et les salariés. Lettre ouverte à Monsieur le Président de la coopérative de Crest et de l'union Valcrest « J'ai 59 ans et je n'ai jamais été aussi dégoûté d'être paysan qu'en ce moment », déclarait un producteur de lait de Tarare lors d'une récente réunion de l'union des coopératives Valcrest. Ce dégoût et cette colère animent aussi bon nombre de chevriers de Valsud, la coopérative laitière de Crest, membre de l'union Valcrest. Depuis le mois de mai 2009, nous avons dû accepter une baisse du prix du lait de chèvre de 28€ les 1000 litres en hiver et au printemps, et de 40€ les 1000 litres en été et en automne, puis une autre baisse surprise sur l'aide du contrôle laitier, le tout sans débat possible au sein de la coopérative. De plus, nous savions dès le mois de décembre 2011, avant que le conseil d'administration n'en ait débattu, qu'un poste de technicien serait supprimé au sein de la INFORMATIONS SYNDICALES coopérative, ce qui n'a pas manqué de se produire, alors même qu'aucun courrier n'en a seulement averti les adhérents. La disparition de ce poste technique fait d'ailleurs suite à sa réduction à un mi-temps qui s'était opérée à l'été 2010 au préjudice et à l'insu des éleveurs. Aujourd'hui, nous apprenons par la presse, que notre paie de lait va être ponctionnée dès ce mois de février d'une « contribution au redressement de Valcrest » et que les salariés de la coop seront sollicités. C'est le directeur général de Valcrest qui le déclare devant les éleveurs de Tarare en précisant que le trou –on pourrait dire le gouffre- à combler en 2012 serait de 4 à 8 millions d'euros, soit 9 à 18 % du chiffre d'affaire de Valcrest (45 millions d'euros). Les baisses du lait en 2009 et 2010 ont déjà provoqué la cessation d'activité de 14 % des coopérateurs de Crest. Ce « plan de redressement » annoncé qui ressemble plutôt à une restructuration brutale conduirait à coup sûr à la disparition d'un autre lot de chevriers drômois et ardéchois. Et les plus fragiles sont à nouveau les plus menacés : petits éleveurs, exploitants endettés, jeunes installés. C'est ce même directeur général qui pousse vers la sortie de Valcrest plus de 130 producteurs de lait de vache en s'adressant à eux comme un PDG arrogant le ferait à l'égard de ses employés. C'est lui encore qui va sacrifier les 80 salariés de l'usine de Tarare. C'est lui toujours, qui jouit au sein de notre coopérative d'un pouvoir sans limite, qui répond quand on interroge le président, qui dirige nos réunions, qui y admoneste au besoin les coopérateurs récalcitrants. Serait-ce quelqu'un d'autre, enfin, qui a conduit Valcrest à la situation catastrophique qu'il nous annonce ? Et tout cela seraitil possible sans la complaisance passive du conseil d'administration ? Il est grand temps de remettre les choses à leur bonne place. Notre coopérative laitière est l'outil de collecte, de transformation et de commercialisation du lait des coopérateurs. Le directeur est notre salarié, pas notre patron. La fonction du conseil d'administration ne doit plus se contenter d'être assimilé à celle d'une .../... 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai 19 La vie des éleveurs .../... chambre d'enregistrement. La rémunération des producteurs ne peut pas être la variable d'ajustement de l'équilibre financier de Valcrest. Si la situation financière est à ce point compromise, nous voulons savoir dans tous les détails comment on en est arrivé là, et, pour en tirer les conséquences, à qui en incombe la responsabilité. Et si nécessité de redressement il y a, c'est aux coopérateurs d'en décider les modalités, pas au directeur. Enfin, pour que les producteurs et les salariés retrouvent l'espoir en la coopérative, il faut remettre du dialogue en son sein, et cesser de procéder par diktats et par injonctions. En conséquence, nous tenons à exprimer notre détermination à nous engager activement dans une re-dynamisation de notre coopérative, pour qu'elle serve mieux les intérêts des tous les adhérents, et à la condition d'en rejeter clairement la logique suicidaire d'élimination des éleveurs et des salariés. Fait à Crest, le 06 février 2012 Cette lettre ouverte a été élaborée en tout début du mouvement par un petit groupe d'éleveurs qui avaient été informés du projet de plan de restructuration par quelques salariés. Elle a été présentée à l'ensemble des éleveurs au cours de trois réunions de secteur successives organisées par la direction suite à la pression des éleveurs, pour essayer de donner des explications sur ce plan. Au cours de ces réunions un nombre croissant d'éleveurs se sont informés et ont donné leur adhésion au contenu de cette lettre. L'union VALCREST : constituée de coopératives VALSUD (site de Crest) et de MONTS LAIT Sites de productions Productions annuelles Crest - 80 salariés (CDI et intérim) 1800 tonnes de fromage fabriqués VINAY (Isère) - 30 salariés 600 tonnes de fromages fabriqués La Chapelle St Laurent (Deux Sèvres) - 40 salariés 400 tonnes de fromages fabriqués TARARE (Rhône) - 80 salariés (CDI et intérim) 2150 tonnes de fromages GIVORS (Rhône) - 53 salariés pas de fabrication ; salariés du conditionnement et de la logistique, services administratifs, commercial et la direction. UNION DES COOPÉRATIVES VALCREST La fermeture du site de production de TARARE (Rhône) Confédération Paysanne) transmettait au collectif des éleveurs un document confidentiel émanant de l'union SODIAAL. Dans ce courrier, SODIAAL pose ses La direction prétend qu'il faut fermer le d'une certification nationale qui atteste du conditions à la reprise de la collecte de lait site de Tarare après que la collecte du lait respect des normes d'hygiène et des propar son union : de vache soit orientée vers l'union laitière cédures qualités pour le matériel et les - prix d'achat du lait de chèvre en 2013 SODIAAL*. Dans cette option, la collecte fabrications. D'autre part, l'argument de la au prix minimum payé par VALCREST à du lait de chèvre traitée par Monts Laits sedirection prétendant une perte imminente ses producteurs rait transformée par le site de Crest. La de la possibilité d'utiliser l'appellation St - collecte du lait de vache aux mêmes réalisation de ce projet est suspendue suite Marcellin ne tient pas : une fois le décret conditions que celles pratiquées par SOà l'action des salariés en liaison avec les signé, il reste un délai de 5 ans pour pouDIAAL vis à vis de ses coopérateurs éleveurs : voir s'y adapter ! - surtout entrée des représentants de SOles salariés du site de Tarare se sont mis Actuellement, l'action commune entre les DIAAL au conseil d'administration de en grève et ceux de Crest, de Vinay et la producteurs et les salariés a bloqué la réaVALCREST Chapelle Saint Laurent également en solilisation de ce plan de restructuration En fait il s'agit d'une main-mise du sedarité pour ne pas casser le mouvement. injustifié élaboré dans l'opacité et en cond groupe laitier français sur l'union de 100 % de grévistes sur une dizaine de jours contradiction avec les intérêts généraux coop VALCREST exprimé avec le souci de de grève à Tarare ! des éleveurs et des salariés. maintenir la confidentialité et de contrôler Le 29 mars à Mirabel et Blacons les L'intervention de SODIAAL : la révélala communication. salariés des différents sites se sont réunis tion d'un accord secret scélérat entre la Des objectifs qui nécessitent une forte avec les producteurs des coop Valsud et direction de VALCREST et SODIAAL. mobilisation des éleveurs et des salariés. Monts Laits. Les salariés ont défendu leur Fin avril, dans le cadre d'un travail d'enLes éleveurs et les salariés refusent la reoutil de travail : ils ont montré que loin quête sur la coopération, la rédaction de structuration de l'union de coop d'être vétuste, l'usine de Tarare bénéficie Campagnes Solidaires (mensuel de la VALCREST qui se traduirait par la ferme.../... 3 20 INFORMATIONS SYNDICALES - La Mauvaise Herbe - Mai 2012 Un objectif de la direction de l'union Valcrest compromis par l'action conjointe des éleveurs et des salariés. J d d Dô La vie des éleveurs .../... ture du site de Tarare et la main-mise de SODIAAL sur l'union. Cela signifierait aussi une politique de prix désastreuse. La première étape pour eux est d'obtenir la tenue d'une (nouvelle) Assemblée Générale qui se conclurait par l'élection d'un nouveau CA porteur de leurs revendications principales (voir à la fin du texte). Ce CA désignera des représentants au CA de l'union VALCREST. Il leur faut aussi obtenir le départ de Monsieur COURONNE, l'actuel directeur général dont ils remettent en cause les pouvoirs qu'il s'est arrogés (alors que ce sont les coopérateurs qui sont les patrons !) et les relations méprisantes établies envers les éleveurs et les salariés. Il faut observer à ce sujet que dans de nombreuses coopératives agricoles le directeur général bénéficie d'un statut, d'un niveau de salaire et de pouvoirs qui semblent excessifs sinon exorbitants. C'est la marque de l'union « Coop de France » créée sous l'égide de la FNSEA qui impose une restructuration managériale de la main d’œuvre (pardon, on dit maintenant des ressources humaines !). Quand le directeur est licencié il part avec un confortable parachute doré : une indemnité de plusieurs centaines de milliers d'euros. C'est une autre façon de ruiner la coopérative ! Seule l'union et la détermination des salariés et des paysans permet de trouver des solutions aux difficultés qui marquent les coops. Résumé des propositions du collectifs des éleveurs (22 mars 2012), 3 volets : 1) Structuration et fonctionnement - consulter les adhérents pour toute décision importante pour l'avenir de la coop - pratiquer un dialogue sincère avec les salariés. - annuler le plan de restructuration ; ne prévoir que les investissements pratiqués sans nouvelle baisse du prix du lait. 2) Production : - suppression de la baisse de 6 euros les mille litres (participation au redressement de VALCREST) - améliorer la qualité de rémunération du lait sans pénalité liée aux taux de cellules (pas d'impact financier et technique réel sur la fabrication des fromages) - rétablir le 2ième poste de technicien (mission de soutien aux producteurs) 3) Choix commerciaux : - réorienter la politique commerciale de VALCREST vers des produits de qualité et de terroir (mieux impliquer la coop dans l'AOC Picodon) - rechercher de nouveaux débouchés Position de la FDSEA : Monsieur ROYANNEZ, président de la FDSEA et de l'Etablissement Départemental de l'Elevage, dans un article paru dans l'Agriculture Drômoise, a prétendu que lors des réunions de secteur, les adhérents de VALSUD ont approuvé à l'unanimité le plan de restructuration ; or aucun éleveur ne s'est exprimé dans ce sens. Monsieur ROYANNEZ a refusé de publier un rectificatif dans l'A.D. à la suite des protestations des éleveurs. Position de la Confédération paysanne : La Confédération paysanne soutient les éleveurs de l'union de coopératives VALCREST dans leur lutte pour un prix du lait permettant de leur assurer un revenu correct, contre les restructurations avec fermetures d'usines et arrêt ou transfert de la collecte, ainsi que pour l'ensemble de leurs propositions énoncées en trois volets. Elle souligne l'importance de maintenir localement les sites de production pour l'emploi salarié et l'implication nécessaire des éleveurs coopérateurs dans l'orientation et la gestion de leurs coopératives. JLM *SODIAAL : 1er groupe laitier coopératif français ; 2ième entreprise française pour la collecte (après Lactalis) Conseil de lecture Agricultures singulières Eric MOLLARD, Annie WALTER. IRD éditions, 2008 La maîtrise de l'eau, qu'elle soit en excès ou trop rare, est un défi majeur de l'agriculture. Depuis des millénaires, les paysans du monde expérimentent, élaborent des techniques parfois complexes, toujours ingénieuses, pour adapter leurs pratiques agricoles aux milieux les plus extrêmes. On découvre ainsi dans cet ouvrage, présenté sous forme de fiches synthétiques bien illustrées, la culture de décrue à Madagascar ou dans la vallée du Sénégal, les jardins flottants de Birmanie et les « chinampas » mexicains, l'aménagement des étangs de la Dombes, les pratiques de collecte des pluies un peu partout dans le monde, voire même des techniques pour retenir l'eau des brouillards, freiner l'évaporation ou capter les eaux souterraines... Ces formes d'agriculture « singulières » ne se situent pas en marge des grandes évolutions de l'agriculture. Elles sont le témoignage bien vivant et toujours actuel de la créativité paysanne. Elle a su imaginer des conduites culturales aussi diverses qui sont autant de réponses à la sévérité des contraintes physiques et aux aléas de l'histoire. En somme, un joli livre à feuilleter et à lire doucement pour bien se rappeler qu'il existe des alternatives à ce qu'on nous présente comme le modèle dominant de l'agriculture. INFORMATIONS SYNDICALES Margot Jobbé duval 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai 21 Agriculture paysanne PAC Pour un soutien spécifique aux petites fermes Pour la première fois, le projet de réforme de la Pac inscrit une aide pour les petites fermes. Mais ridiculement petite. Proposition de la Confédération paysanne pour prendre en compte véritablement la valeur ajoutée qu’elles apportent au secteur agricole et à l’ensemble de la collectivité. Les résultats du Recensement général agricole le confirment tous les dix ans : les petites fermes disparaissent à un rythme plus élevé que les autres. Et pourtant, elles sont nombreuses à résister et à étonner par leur efficacité économique et attractivité auprès des jeunes… Pourtant, rien ne justifie qu’elles soient encore là : tout est en leur défaveur ! Tout est fait contre ces « petits paysans » ! Ainsi, quand ils achètent ce qui est nécessaire au fonctionnement de leur ferme, ils échappent aux remises accordées pour les grosses quantités, et donc, les paient plus chers. Quand ils vendent leurs produits, ne bénéficiant pas des primes de quantité plus ou moins déguisées, les prix qu’ils perçoivent sont plus bas. Quand ils paient leurs cotisations sociales, ils paient proportionnellement plus. Quand ils font leurs déclarations Pac, ils savent que la règle bête et méchante des aides indexées sur le nombre d’hectares et d’animaux, les condamnent à des sommes annuelles qui correspondent à celles perçues chaque mois par d’autres (sans parler des montants scandaleux attribués à certains.). Si un de leurs enfants ose s’installer, et demande la DJA (dotation jeune agriculteur), ça provoque quelques grincements ou ricanements autour de la table de la commission départementale d’orientation agricole qui, généralement, décide de lui accorder un taux inférieur à la moyenne puisqu’il « n’a pas d’ambition » ! Lorsque des mesures de soutien sont mises en place dans des situations de crise (sécheresse, marchés déprimés…), les petites fermes passent à travers, elles ne remplissent pas les conditions d’endettement ou de spécialisation exigées pour des aides ou des prises en charge diverses. Par contre, les petites fermes sont prioritaires pour tout ce qui concerne les primes de cessation d’activités ! Non, décidément, rien ne justifie qu’elles soient encore là… Et pourtant, tout justifie qu’elles continuent à être là, et que, pour cela, il y ait enfin un cadre politique qui les reconnaisse et reconnaisse toutes les formes de valeur ajoutée qu’elles apportent au secteur agricole et à l’ensemble de la collectivité. Pour mille hectares de petites fermes, il y a plus d’emplois paysans, de valeur ajoutée, de vie culturelle, de paysages, de biodiversité, d’entretien de territoire que pour mille hectares de grosses exploitations. Contrairement aux idées reçues, les petites exploitations ne sont pas moins performantes que les autres, bien au contraire ! Diverses études montrent que l’écart de revenu entre les grosses et les petites fermes est lié 22 au différentiel du montant des aides perçues par les unes et les autres. Ce qui signifie qu’à l’unité produite, l’efficacité économique est meilleure dans les petites fermes que dans les grosses, et ce, malgré tous les handicaps cités plus haut. Dans les petites fermes, il faut raisonner au plus près l’ensemble des facteurs de production. Dans les grandes fermes, l’importance des aides vient souvent corriger les erreurs de gestion… Pour la première fois, le projet de réforme de la Pac inscrit dans le premier pilier une aide pour les petites fermes. La brèche est peut-être ouverte, mais le contenu de la proposition est inacceptable : il s’agit de proposer un montant de 500 à 1 000 euros, solde de tout compte, aux petites fermes, avec l’argument de la simplification administrative ! Si cela peut avoir un sens en Roumanie, la copie est à revoir ailleurs. Les situations étant tellement différentes d’un Etat à l’autre, il faut obtenir de Bruxelles que chaque Etat membre puisse, en fonction de ses réalités, définir la petite ferme, et le niveau du soutien. Ensuite, le débat revient aux Etats membres. La France, en 2002, dans le cadre des Contrats territoriaux d’exploitation (CTE), avait défini la petite ferme : moins de 45 000 euros de chiffre d’affaires et moins de 12 000 euros d’aides du premier pilier. Aujourd’hui, cette base pourrait être reprise et adaptée jusqu’à deux actifs par ferme, pour attribuer 5 000 euros pour le premier actif plus 50% pour le deuxième actif: Il s’agit là, pour la collectivité, de reconnaître tout ce que les petites fermes lui apportent, tout en inscrivant la répartition des aides sur des bases un peu plus équitables qu’actuellement. Michel Berhocoirigoin, paysan dans le Pays-Basque Article extrait de Campagnes Solidaires n°270 - février 2012 En France, il y aurait 122 000 "petites fermes" de moins de 40 UDE (unité de dimensions économique), autrement dit de moins de 60 ha équivalents blé ou 34 vaches laitières. Elles représentent 1/3 des exploitations professionnelles. (Aubert, Perrier-Cornet, Inra 2010) 3 2012 - La Mauvaise Herbe - Mai INFORMATIONS SYNDICALES J d d Dô Agriculture La vie du Syndicat paysanne SÉMINAIRE Quel avenir pour les producteurs de fruits et légumes en Europe ? Le 21 et 22 mars s'est tenu le séminaire fruits et légumes au Lycée Horticole de Romans sur le thème : Quel avenir pour les producteurs de fruits et légume en Europe selon les différents mode de production et de commercialisation. Quelle PAC pour ces productions ? Deux journées ouvertes à un large public, jeune, avec des classes de BTS du lycée horticole, varié, avec des participants non paysans(nes) et d'origines géographiques diverses avec un bon maillage du territoire national. Merci aux paysans(nes) drômois de s'être déplacés en nombre, même si on peut toujours mieux faire. La première partie du séminaire a porté sur le diagnostic de la situation en Fruits et Légumes. Jean Pluvinage, ancien directeur de recherche et coordonnateur de ces deux journées, et Julie Barat de FranceAgriMer, ont débuté la journée sur le thème : Comment est structurée la filière. 50% de la production est « organisée », certains secteurs plus que d'autres, avec des Organisations de Producteurs (OP) sur des schémas d'organisation industrielle (gros volumes) à destination de la grande distribution ou de l'export et des particularismes comme les marques ou les clubs. Le reste de la production est assurée par des producteurs indépendants sur des exploitations de toutes tailles avec des systèmes de commercialisation basés sur des circuits courts (expéditions, ventes directes aux particuliers, aux détaillants, aux collectivités). Cette présentation a été assurée par Cécile Praly à partir d'une thèse réalisée avec l'ISARA. Les ateliers de réflexion qui suivirent avaient pour but de traiter des avantages et inconvénients de chaque mode de commercialisation, leur complémentarité selon les modes de production sans chercher systématiquement à les opposer. La seconde journée a été plus axée sur l'analyse et la compréhension des enjeux de la compétitivité pour l'accès au marché, en essayant de redéfinir cette notion. Les différentes interventions ont porté sur les coûts de production et les différents paramètres s'y rapportant (coût du travail, conditions de production et conséquences sur les conditions de travail et la rémunération des salariés agricoles et migrants). Puis s'est engagé un débat animé avec un représentant des producteurs espagnols. Les ateliers de réflexion ont insisté sur l'importance de l'alignement du prix de marché sur le prix de revient, ce qui passe aussi par l'intégration de la production de fruits et légumes dans la PAC, mais selon des critères d'ajustement des aides qui effacent les disparités entre productions et pays producteurs et en intégrant la quantité de travail et d'emplois par une revalorisation de l'aide de base sur les premiers hectares. En conclusion, grâce à la qualité des échanges, ces deux journées auront permis d'apprécier la justesse de nos revendications, mais aussi le besoin de les porter vers les producteurs. Pierre Veyrat, Thierry Perrot-Minot 3 INFORMATIONS 2012 INFORMATIONSSYNDICALES SYNDICALES - -La Mai 2012 LaMauvaise MauvaiseHerbe Herbe- - Février 23 Questions La vie du Syndicat sociales DE LA SÉLECTION À L'EUGÉNISME Regard croisé sur la médecine et l'élevage modernes Aujourd'hui, les progrès concernant la reproduction et la génétique humaine alimentent les recherches sur la génétique animale. Et demain on proposera aux éleveurs des reproducteurs sélectionnés à la carte... comme des enfants. Tels sont les enjeux de la génomique. Dans un article récent (cahier du Monde n°20906 daté du 7 avril 2012), le Dr Laurent Alexandre (chirurgien urologue, président de DNAVision) faisait brièvement le point des techniques médicales qui entourent la naissance de l'enfant. On peut dès à présent réaliser un diagnostic génomique du fœtus à partir d'une simple prise de sang chez la future maman. Grâce aux progrès techniques, le coût du séquençage de l'ADN du futur bébé a été divisé par 3 millions en 9 ans. C'est ainsi que les médecins vont pouvoir maîtriser la technique du dépistage systématique de milliers de maladies pendant la grossesse. En cas de risque avéré, ils pourront proposer un avortement thérapeutique (comme ils l'ont fait depuis quelques années à propos de la trisomie 21 après un dépistage très ciblé de cette maladie). Certains éleveurs, notamment en production laitière, pensent qu'on n'en est pas là : les développements de la génomique seraient trop coûteux et cela prendrait du temps avant que nous connaissions les applications en élevage. Cette objection ne tient pas. En effet, l'organisation et le fonctionnement actuels de la recherche sont sous-tendus par l'impératif de générer avec la plus grande efficacité les développements dans la production des biens et des services : ce qui veut dire augmenter la richesse produite à moindre coût pour pouvoir augmenter les profits au maximum (notion de compétitivité). Les patrons de la recherche sont soumis aux lois de l'économie capitaliste. Le monde des affaires est entré dans les laboratoires qu'il s'agisse de santé humaine ou d'élevage. Le propos du Dr Laurent Alexandre est de montrer la portée générale de ces progrès médicaux et les enjeux concernés. « De la prévention du pire à la sélection de l'enfant il n'y a qu'un pas qui sera allègrement franchi. On offrira bientôt aux parents le rêve d'un enfant configuré à la carte. » Il ne s'agit plus seulement de dépister des malformations et de les éliminer par un avortement provoqué. Il s'agit de sélectionner des êtres humains sur la base de la connaissance de leur génome. C'est de l'eugénisme : donner une orientation précise à l'évolution du patrimoine génétique dans un cadre social donné. Ce pourrait être une arme redoutable aux mains du pouvoir politique pour façonner la société en agissant sur les types humains reproduits. Sur un autre plan, on peut percevoir les conséquences de ces « progrès » de la biologie humaine dans le domaine de l'élevage. Si on assiste aujourd'hui aux préparatifs pour un développement rapide et massif de la génomique dans le monde de l'élevage, il ne s'agit pas pour autant d'eugénisme, lequel concerne l'action spécifique sur le patrimoine génétique humain, avec sa signification éthique et politique propre. En revanche, ce qui est commun à la société humaine et au monde de l'élevage, c'est la marchandisation de l'ensemble des processus : qu'il s'agisse de la naissance des enfants ou du renouvellement des troupeaux, des soins aux humains ou aux animaux, toutes ces actions doivent être source de profit pour les entreprises qui sont parties prenantes. Ces dernières s'installent au cœur des processus du vivant par le truchement de l'adoption de procédés conformes à la rationalité scientifique. C'est ainsi que le Dr Alexandre évoque de la « technomaternité » : la naissance n'est plus une affaire de femmes mais de spécialistes ! Certains éleveurs évoquent des calculs d'index ou la sélection génomique. Très largement dans la société, c'est le savoir technoscientifique qui se généralise à toutes les sphères de la production et de la vie sociale. Cela s'accompagne d'un pouvoir grandissant de ses agents, ceux qu'on appelle « les spécialistes ». C'est ainsi que nous, producteurs et bergers, sommes dépossédés de notre culture, de nos savoir-faire : forme ultime d'aliénation. L'élevage a souvent été le grand laboratoire où ont été mis en pratique des techniques dont certaines applications concernent la vie humaine. C'est ainsi que les recherches sur la physiologie de la reproduction animale ont été fortement stimulées par des motivations de mise au point des techniques de l'insémination artificielle utilisée massivement dans les élevages. En retour, les recherches sur la physiologie de la reproduction humaine ont bénéficié des connaissances et des pratiques mises en œuvre en élevage : insémination artificielle, fécondation in vitro, transfert d'embryon, etc. 24 Jean-Louis Meurot 3 Mai 2012 Journal Paysans dedelalaDrôme INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES 2010 Mauvaise Herbe -Setembre Journal Paysans Drôme INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES Décembre 2010 2011 - La-desdesLa Mauvaise Herbe - Septembre J d d Dô La vie du Syndicat International Dépendance protéique au Nord et monoculture de soja au Sud : les conséquences de notre modèle agricole sur les paysanneries du Sud Avec 34 millions de tonnes de soja (en équivalent tourteau) importées chaque année pour nourrir ses élevages, l'Europe est dépendante de l'extérieur pour près de 80% de ses besoins en protéines. L'essentiel de ce soja provient d'Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay), et est lié à des conditions de production qui ne sont pas sans poser de questions sur les plans environnementaux, sociaux et économiques. Comment est née la dépendance protéique de l'Europe ? Les importations européennes de soja ont été multipliées par cinq depuis le début des années 1970. Au moment de la mise en place de la PAC, les Etats-Unis, alors principal producteur mondial de soja, ont négocié avec l'Europe les accords du Dillon Round du GATT (1961-1962) : les Etats-Unis acceptaient ainsi la constitution de la « forteresse agricole » européenne, mais exigeaient qu'en retour aucun droit de douane ne soit appliqué aux importations de soja. Ces importations à bas prix rendent rapidement peu compétitives les productions de protéagineux par les agriculteurs européens, alors que par ailleurs se développent les activités d'élevage. Dans le modèle mis en place à partir des années 1960, ce développement se base sur une intensification des élevages, avec un recours de plus en plus important aux aliments concentrés, aux dépens des pâturages et des fourrages séchés. Les importations de soja augmentent ainsi rapidement au cours des années 1960 et 1970. Même si certains efforts ont été consentis par l'Europe à partir de 1978 pour soutenir la production locale de protéagineux, les réformes successives de la PAC, en ratifiant la libéralisation des marchés et l'alignement des prix intérieurs sur les cours mondiaux, ne font qu'entériner cette tendance à la dépendance protéique. L'Union européenne est longtemps restée le premier importateur de soja. Depuis quelques années, elle est devancée par la Chine, où l'augmentation générale du niveau de vie de la population s'est traduite notamment par une augmentation fulgurante de la consommation de viande, liée à un développement de l'élevage sur le même modèle qu'en Europe. En parallèle de l'évolution européenne, la production mondiale de soja ne cesse d'augmenter, elle est multipliée par huit entre 1960 et 2010, passant à plus de 212 millions de tonnes de soja grain aujourd'hui. A partir des années 1970 la production se délocalise progressivement en Amérique du Sud (principalement Brésil, Argentine et Paraguay). Pour les Etats-Unis, la rentabilité du « modèle soja » passe dorénavant par la mainmise sur le matériel de base (semences, notamment OGM, et intrants) et par la vente des services qui leur sont associés. Les quatre principaux exportateurs de soja sont donc le Brésil (32% des exportations), les Etats-Unis (31%), l'Argentine (25%) et le Paraguay (environ 10%). Mais c'est ce dernier pays qui occupe le premier rang mondial si on rapporte la production au nombre d'habitants. La mise en place du « modèle soja » dans les pays exportateurs Le Brésil et l'Argentine ont une grande tradition d'élevage. Une partie de la production de soja est ainsi écoulée en interne. Mais l'augmentation de la demande en Europe a provoqué l'extension de la culture de soja au-delà des zones de production traditionnelles (Sud du Brésil, pampa argentine), avec la colonisation de nouvelles régions occupées par des savanes et des forêts (dont notamment la forêt amazonienne). Une nouvelle impulsion est donnée à la fin des années 1990 avec l'apparition du soja OGM (appelé RR pour « Round-up Ready » du fait de sa résistance à l'herbicide « Round-up »). Dès 1997, Monsanto commence à racheter les compagnies semencières brésiliennes. En 2001, la firme ouvre sa plus grande usine de production de Round-up au Brésil. C'est d'abord de manière illégale, par le biais d'un marché noir de la semence, que Monsanto introduit le soja OGM RR au Brésil et au Paraguay, avec la complicité des grands sojeros argentins, réputés proches de la firme. Ainsi, si en 2007 le soja RR n'avait pas encore été autorisé officiellement au Paraguay, il représentait déjà la moitié de la production nationale. Les gouvernements, brésilien puis paraguayen, ont donc dû céder devant le fait accompli, et autoriser la culture du soja OGM. Le cas du Paraguay, laboratoire latino-américain de la libéralisation économique Le cas du Paraguay, qui sort de 35 ans de dictature militaire et de 54 ans d'hégémonie d'un même parti, est particulièrement révélateur de ce « modèle soja », avec les conséquences que celui-ci implique. Dans ce pays, où le secteur agricole représente un quart du PIB, le soja constitue pratiquement le seul revenu d'exportation. Les semences (et les principaux intrants) proviennent d'une source unique, Monsanto les fournissant à hauteur de 85%. L'économie actuelle du pays est donc fortement liée à ce modèle de production. Les inégalités foncières sont particulièrement fortes au Paraguay, où 2% de la population détient 70% des terres. Et parmi les 60 000 producteurs de soja, les trois quarts sont des investisseurs étrangers : Brésiliens et Argentins pour une grande part, mais aussi Allemands, Japonais... Il faut savoir que l'oligarchie foncière, principal groupe de pouvoir depuis l'indépendance, a largement soutenu les dictatures du XXème siècle, qui en retour lui ont permis de consolider son pouvoir. C'est donc tout « naturellement » que cette oligarchie s'est ralliée au modèle de développement basé sur le soja. Par ailleurs, il n'existe pas de cadastre national au Paraguay, et la plupart des paysans, issus pour une large part des communautés indiennes guaranis, n'ont pas de titre de propriété : .../... 3 2012 INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES La Mauvaise Herbe - Mai - La -Mauvaise Herbe - Septembre2011 25 La vie du Syndicat International .../... ils exploitent les terres selon des modalités ancestrales de droit coutumier. Ainsi, l'accaparement des terres paysannes par les entrepreneurs agro-industriels s'est faite sans trop de difficultés : après avoir négocié frauduleusement l'établissement de titres à leur profit, les nouveaux « propriétaires fonciers » peuvent exiger l'expulsion des petits paysans devenus « occupants illégaux ». Le grignotage progressif des terres engendre de nouveaux accaparements. Les paysans qui résistent à l'expropriation ou qui disposent de titres se voient cernés par les champs de soja et les épandages massifs de produits chimiques. Ceux-ci, facilement transportés par le vent jusqu'à 30 km à la ronde, viennent détruire les cultures vivrières. Harcelés, les paysans finissent par céder et vendre leurs terres pour une bouchée de pain. Ils viennent alors grossir le flux des migrants en ville ou à l'étranger (le Paraguay compte 200 000 immigrants pour une population de 6,5 millions d'habitants). Les conséquences environnementales de la culture de soja, qu'il soit OGM ou non, sont assez faciles à imaginer. Cette monoculture sur des surfaces considérables (les « petites » exploitations font rarement moins de 400 hectares, et certains grands domaines atteignent 30 000 hectares) s'accompagne d'un cocktail chimique mortifère. round-up, glyphosate, paraquat sont épandus sans précaution aucune vis-à-vis de la santé des habitants. La mort du jeune Silvino Talavera, empoisonné accidentellement alors qu'il passait à proximité d'une parcelle en cours de traitement, et l'absence de condamnation de l'entrepreneur criminel, sont emblématiques du niveau de contamination atteint et du mépris dans lequel sont tenues les population locales. Ce modèle est par ailleurs indissociable de l'ouverture d'un front pionnier, soit dans la forêt amazonienne soit dans le fragile écosystème du Chaco, pour renouveler le potentiel de terres arables rapidement dégradées par cette culture épuisante. Enfin, le remplacement des cultures vivrières par une monoculture d'exportation pose à très court terme la question de la souveraineté alimentaire du Paraguay. Quelles alternatives face à ce modèle de développement ? De plus en plus, des organisations paysannes ou de la société civile d'Amérique latine dénoncent le « modèle soja » et mettent en avant un modèle d'agriculture familiale respectueuse de l'environnement et destinée avant tout à nourrir les populations locales. Ces organisations rencontrent encore peu d'échos auprès des pays concernés, même avec le récent virage « à gauche » des gouvernements latino-américains. Leur combat est d'autant plus difficile que certains Etats n'hésitent pas à criminaliser la lutte « anti-soja » au nom des retombées économiques positives pour le pays (qui sont pourtant à relativiser fortement). Les alternatives sont aussi et avant tout à trouver en Europe : tant que nous n'aurons pas infléchi un réel changement dans le modèle agricole européen, les voix paysannes d'Amérique latine continueront à avoir du mal à se faire entendre. Margot Jobbé duval AGRICULTURE Les Grecs retournent à la terre En Grèce après deux ans de politiques d'austérité impitoyables, les priorités ont changé. Des milliers de personnes tentent le retour à la terre, pour des productions vivrières mais aussi comme véritable projet professionnel. Les Grecs ne font plus les magasins, ne partent plus en voyage à l'étranger, ne prennent plus la voiture. Avec leurs maigres salaires - pour ceux qui ont un emploi - ou les ridicules retraites et indemnités de chômage, les gens essayent de se loger, de se soigner mais surtout de se nourrir. Dans ce pays où les prix ne cessent d'augmenter (le carburant est à 2 euros le litre), des initiatives « citoyennes » voient le jour quotidiennement : covoiturages, coopératives et occupations de sites de production, banques du temps, troc ou tout récemment le « mouvement des patates » ! Tout est parti début 2012 d'une association d’habitants de Pieria, dans le nord du pays et de son constat : les pommes de terre pourrissent dans les caves des paysans pendant que de plus en plus de gens sont obligés d'aller aux soupes populaires. A réserver sur internet, les stocks ont été vendus en quelques heures. Les pommes de terre sont proposées à 25 centimes d'euro le kilo contre 70 au moins au supermarché, un prix également favorable aux agriculteurs auxquels les intermédiaires proposaient 10 à 15 centimes le kilo. Le mouvement s'est depuis étendu à d'autres produits : légumes secs, fruits, huile d'olive, vin, fromages, viandes et même poissons. Il concerne aussi de plus en plus de mairies, qui avec les associations amènent cette pratique dans les grandes villes. Une vraie alternative à la grande distribution émerge. Au même moment, les Athéniens quittent la ville(1). Certains s'installent en agriculture(2). Des communes et depuis peu le ministère de l'Agriculture, contraint par l'ampleur du phénomène, mettent à disposition des terres. L'agriculture devient, après cinquante ans d'exode rural, une piste de survie. Mais pendant que les jeunes assiègent les rares formations agricoles, les nouveaux paysans sont orientés - par l'Etat ou des investisseurs privés - vers des projets sans lendemain : escargots pour le marché français, goji ou myrtille pour d’autres destinations ou installations photovoltaïque sur des terres agricoles (toujours pour l'exportation, ici de l’électricité). Dans un pays où il y a peu de structuration paysanne en dehors des .../... 26 INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES 2011 - La- Mauvaise Herbe - Septembre La Mauvaise Herbe -3 Mai 2012 La vie du Syndicat International .../... coopératives(3), où l'agriculture est peu compétitive dans le marché mondial, où on a convaincu les gens depuis 1945 qu'il valait mieux aller travailler à l'usine en Allemagne, tout reste à faire. Mais qui va former les nouveaux paysans et surtout pour faire quoi ? Comment approvisionner les grandes villes, s'organiser entre paysans, et ensemble avec les consommateurs ? Mais aussi comment produire mieux et réussir à devenir autonome (quand on sait que toute la propriété des agriculteurs grecs est sous hypothèque au Crédit Agricole français) ? A La Via Campesina, on sait où mènent ces questionnements et ces pratiques alternatives : aujourd'hui, en Grèce, c'est la souveraineté alimentaire qu'il faut construire. Roxanne Mitralias, animatrice nationale de la Confédération paysanne Extrait de Campagnes Solidaires n°273 (1) Baisse de 3% de la population en 2011 selon la mairie d'Athènes et l'institut national des statistiques (2) La population agricole a augmenté de 7% en 2010 selon PASEGES (union des coopératives grecques) (3) Malgré le fait que les agriculteurs professionnels représentent 12% de la population, auxquels il faut rajouter de très nombreux pluriactifs. Vente directe de pommes de terre dans le Péloponnèse, début mars 2012 Témoignage d’un paysan Thodoris Arvanitis est paysan près d'Athènes depuis 18 ans. Il travaille avec quatre membres de sa famille et quelques salariés sur l’ancienne ferme familiale. Ils cultivent en bio sur 50 hectares (dont 3 sous serre) des légumes et élèvent 300 brebis pour le lait, le fromage et la viande. Les semences et races sont locales, les produits vendus en direct, sur des marchés de producteurs ou depuis peu à la ferme. Thodoris est porte-parole de la fédération grecque des producteurs bio. « La crise économique se voit tous les jours », témoigne-t-il. « Les agriculteurs sont surendettés à un moment où les banques ne prêtent plus ». Pour Théodoris, la vente directe est la seule manière pour que les paysans grecs aient des prix rémunérateurs, dégagés de l'emprise des intermédiaires. Pour les Grecs qui veulent s'installer, « l'Etat cède des terres à 50 euros/hectare. Il n'y a pas réellement de problème d'accès au foncier, mais ce qui va poser problème, c'est le manque de formation agro-écologique et surtout l'accès au marché. Il faudrait aussi construire de véritables coopératives pour assurer par exemple la vente d'huile d'olive en Europe, à des prix beaucoup plus bas pour les consommateurs. Sinon, les milliers de nouveaux agriculteurs vont se retrouver dans la même situation que la majorité de leurs prédécesseurs. » Conseil de lecture Surveiller et punir, la naissance des prisons Michel FOUCAULT. Gallimard, 1975 Autrefois, sous l'Ancien Régime, les exécutions avaient lieu sur la place publique. Le peuple était convié à se remplir d'épouvante face aux supplices atroces infligés aux condamnés. Et puis les choses ont changé, au début du XXème siècle. Celui qui a enfreint la loi n'est plus roué de coups, mais se voit désormais privé de liberté, et incarcéré dans des prisons où il est en permanence sous la surveillance d'un gardien. Le système carcéral, avec cette surveillance continuelle, cherche à créer la culpabilité dans la conscience de chacun. Il a pour mission (mais est-elle bien remplie?) de redresser moralement, par cette culpabilisation, les personnes incarcérées. Il s'agit en fait de « normaliser ». L'institution de la prison apparaît en effet en même temps que les usines, les internats ou les casernes militaires, dans ce grand mouvement d'uniformisation de la Révolution industrielle. Tout doit maintenant rentrer dans les normes érigées par la Loi, et il importe de corriger la moindre déviance. Ne voit-on pas là un parallèle saisissant avec ce qui cherche à être imposé à l'agriculture ? La croyance dans un progrès tout-puissant nous demande de rentrer dans des normes de productivité, de rendement, d'identification... Et ceux qui refusent, ou se rebellent ne sont pas seulement condamnés à rester des laissés-pourcompte du progrès, ils deviennent même de dangereux délinquants qu'il faut à tout prix punir... 3 2012 INFORMATIONS INFORMATIONS SYNDICALES SYNDICALES La Mauvaise Herbe - Mai - La -Mauvaise Herbe - Septembre2011 Margot Jobbé duval 27 Petites annonces Exploitation à vendre : exploitant cède son activité à la fin de l'année 2012 pour 130 000 € : 1 maison de 90 m² habitables, sur deux étages, située dans le village, 2ha et demi de terrain, 1 bergerie tunnel de 480 m², 1 hangar à matériel de 156 m², 1 hangar à foin de 240 m², 1 local annexe de 20,72 m². Il y a une petite vingtaine d'hectare en fermage en plus. Ces terres seraient disponibles au départ de l’exploitant. Coordonnées: Mr Malcles, Le Village, 26510 Chauvac - T. 06 78 75 02 10 Exploitations à vendre : Deux fermes sont ou seront prochainement disponibles dans la Drôme (vente ou location), l'une vers Saint Donat sur l'Herbasse, l'autre à Montmeyran. Il s'agit à chaque fois de structures disposant d'une petite surface (3 à 6 hectares), avec des terres plutôt indiquées pour du maraîchage ou de l'arboriculture. L'irrigation est en place au moins sur les terres de Saint-Donat. A Montmeyran, la ferme comporte une grande quantité de bâti, à rénover en grande partie. Si vous êtes intéressés, n'hésitez pas à me contacter, afin qu'on étudie le dossier. Des paysans sont référents sur place. Dans le cas d'un achat, il peut être envisageable de réfléchir avec Terre de Liens. Terres à vendre : Nous sommes maraichers à Réallon dans le 05 et nous sommes propriétaires de terres agricoles labellisées en bio (montagne, 1250m). Nous avons le projet de nous associer avec des amis dans le Trièves, et donc, nous souhaitons revendre les terres avec du matériel (serres, irrigation ...) et un circuit commercial développé en AMAP (sous réserve d'acceptation de l'amap pour un changement de producteur), bio coop et marché. Nous avons un peu plus de 10 hectares à proposer, tout n'est pas à l’irrigation et il y a des bois ou des parcelles un peu en pente. Pour le maraichage, nous avons à peu prés 3 hectares à l'arrosage, bien exposés. Il est urgent pour nous de trouver un candidat, car nous souhaitons vrai- ment installer quelqu'un en maraichage, les terres risquent sinon de partir à l'agrandissement d'autres fermes. Pour qu'un candidat soit prioritaire vis à vis de la SAFER, il serait judicieux de pouvoir accueillir un stagiaire PPP qui ferait la reprise, ou trouver à embaucher quelqu'un avec un contrat de reprise, nous devons nous renseigner sur ce point. Nous tenons à souligner que l'affaire tourne bien, qu'elle est encore à développer, et que nous partons pour un projet, pas à cause du lieu actuel. Merci de faire passer le message aux futurs installés en recherche de foncier et de stage. Coordonnées : Cécile et Laurent Saulnier, Les Rousses, 05160 Réallon 04 92 44 37 30 - [email protected] À vendre poêle à bois : de marque Jötul, de puissance 400 mètres cubes. Contact : Robert VOGE, Quartier Bressac, 26800 Portes-lès-Valence tel : 04 75 57 04 80 - email : [email protected] À vendre un extracteur radiaire : 16 cadres de hausse, cuve inox, cage support aluminium, motorisé 220 volts ; ainsi que deux maturateurs 200 kgs, un filtre, tout en inox, divers fûts, pour 40 et 20 kgs. Prix à débattre Contact : Robert VOGE - Quartier Bressac - 26800 Portes-lès-Valence tel : 04 75 57 04 80 - email : [email protected] Recherche d’emploi : Frédéric VAIR-PIOVA (du Rhône) recherche un emploi CDI en Agriculture (bio si possible), logé sur place si possible. Actuellement au RSA, célibataire sans enfants. Il est prêt à démarrer de suite, dans tout le département. Il a déjà travaillé en agriculture bio pendant un stage de 6 mois dans le Vercors (production de fromages de chèvres et brebis). Vous pouvez prendre contact directement avec lui au 06 65 74 14 33. Confédération Paysanne - 62, avenue Jean Rabot 26400 CREST Tél: 04 75 25 21 72 - Fax: 04 75 25 36 06 - [email protected] Commission Paritaire en cours de renouvellement. Directeur de publication: Jean-Louis Meurot - Imprimerie du Crestois, 52 rue Sadi Carnot, 26400 Crest Ont participé à ce numéro : Jean-Marie Bompard, Sonia Tonnot, Margot Jobbé Duval, Christine Riba, Pierre Veyrat, Thierry Perrot Minot, Jérôme Mougnoz, Martin de Douhet, Sandrine Mottet, Bruno Clavel, Sébastien Pelurson, Cécile Grigoryev, Anaïs Hammel, Roxanne Mitralias, Michel Berhocoirigoin, Christophe Morantin, Laurent Pinatel, Jean-Louis Meurot, merci à Campagnes Solidaires. Confédération paysanne de la Drôme Bulletin d’adhésion année 2012 ............................. NOM TEL ...................................................................................................................................................................... ................................................................................................................................................................................. Mail .............................................................................................................................................................................. € Prénom Fax ......................................................................................................................................................................... ................................................................................................................................................................................................. Mobile ............................................................................................................................................................................... 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C.P./Ville Bulletin d’abonnement La Mauvaise Herbe: Prix abonnement : 10 € les 4 numéros Périodicité de parution Trimestrielle Date d’abonnement: NOM……………………………………………………………………………………………………… ...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... * Montants adhésion: Petits budgets (retraités, agriculteurs inscrits dans le circuit d’installation, cotisants 35 € solidaires, autres) 75 € Exploitants individuels 75€ par associé GAEC, SCEA, EARL Prénom…………………………………………………………………………………………………….. SI VOUS NE SOUHAITEZ PAS RECEVOIR LE JOURNAL LA MAUVAISE HERBE, DEDUIRE 10 € DU MONTANT DE L’ADHESION ET COCHER LA CASE SUIVANTE No/ Rue…………………………………………………………………………………………………. ❏ NON, je ne souhaite pas recevoir La Mauvaise Herbe CP / VILLE…………………………………………………………………………………………….. .............................................................................................................................................................................................. ..................................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................................... Tél…………………………………………….. Fax………………………………………………. Mobile…………………………………………. Mail……………………………………………….. 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