Conduites a` risques et variation de l`estime de soi chez les

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Conduites a` risques et variation de l`estime de soi chez les
Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 875–881
Communication
Conduites à risques et variation de l’estime de soi chez les adolescents :
l’exemple du parkour
Risk-taking behaviour and self-esteem regulation among adolescents:
The parkour
N. Cazenave a,*, G. Michel a,b
a
EA 4139 « Santé et qualité de vie », laboratoire de psychologie, UFR sciences de l’Homme (bâtiment H), université Victor-Segalen Bordeaux 2,
3 ter, place de la Victoire, 33076 Bordeaux, France
b
Inserm U 675, « Analyse phénotypique, développementale et génétique des comportements addictifs »,
faculté Xavier-Bichat, 75018 Paris, France
Résumé
Le propos de cette recherche est d’étudier le rapport entre l’estime globale de soi, la valeur physique perçue, l’endurance, la compétence
sportive, l’apparence, la force et l’engagement dans un sport à risques : le parkour. Celui-ci peut s’apparenter à la gymnastique mais pratiquée en
extérieur et sans aucune protection. De multiples acrobaties sont effectuées selon des critères de fluidité, d’esthétisme et d’originalité au travers
d’une mise en scène spectaculaire du corps de type cascades. Dans la mesure où la perception du corps joue un rôle important dans la construction
de l’estime de soi, il nous a paru intéressant de travailler sur cette variable dans ce type de pratique extrême. Méthodologie : Les différents
paramètres de l’estime de soi ont été évalués grâce à l’inventaire du soi physique (ISP-6). Soixante-seize adolescents ont pris part à l’étude : Gr. 1 :
Parkour (n = 32) et Gr. 2 : gymnastique (n = 41). Tous ont rempli trois fois l’ISP-6. Le temps T1 satisfait la passation « avant la pratique » ; T2, la
passation « pendant la pratique » et T3, la passation « postpratique ». Résultats : Les résultats montrent que l’implication dans le parkour
permettrait une régulation effective de l’estime de soi chez les adolescents. Or, plus l’apparence et la valeur physique perçues sont positives et plus
le bien-être sera élevé, les rapports à autrui facilités et les comportements adaptés. Discussion : Ainsi, la pratique de ce sport à risques ne semble pas
inadaptée socialement. Bien au contraire, elle pourrait servir d’outil thérapeutique chez des jeunes en difficulté permettant l’expérimentation
d’éprouvés émotionnels intenses ainsi que la valorisation de soi.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract
The aim of this study was to explore the relationships between general self-esteem, physical self-worth, sport competence, physical
condition, an attractive body, physical strength and the involvement in a risk-taking sport: The parkour. This sport may be included in
gymnastics and acrobatics but it is practised outside of the gymnasium. Indeed, serious parkouristes are tremendous athletes who practice their
stunts in a controlled environment such as a gymnasium, with mats, pads and foam pits. Many of these participants have some gymnastics or
martial arts training, and they are also fully aware of the risks involved in practicing this sport. It consists of finding new and potentially
dangerous ways to traverse the city landscape. Parkour is said to be the art of moving fluidly from one part of the environment to another. It
may also be known as: the art of movement, free running, urban-running or obstacle coursing. This activity is a way of using obstacles in one’s
path in order to jump and perform acrobatics. It involves the scaling of walls, roof-running and leaping from building to building. These
multiple acrobatics are submitted to peers appreciation considering fluidity, aesthetics and originality. Self-perception is of great importance in
the construction of self-esteem. This concept has been identified as a state which evolved depending on spatiotemporal factors of the
environmental context. It can be measured with the Physical-Self Inventory (PSI). This is a six-item questionnaire especially developed for
repeated measurements. It measures six dimensions hierarchically organized Global Self-Esteem (GSE), Physical Self-Worth (PSW), Physical
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (N. Cazenave).
0003-4487/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.amp.2008.10.026
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N. Cazenave, G. Michel / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 875–881
Condition (PC), Sport Competence (SC), Attractive Body (AB), Physical Strength (PS). Seventy-six male participants were asked to take part
in the study: Group 1: Parkour (n = 32, Mage = 15.07 years, E.t. = 1.98) and Group 2: acrobatics (n = 41, Mage = 14.96 years, E.t. = 2.01). The
PSI-6 was taken at three different times: Time 1 (T1, pre-test before practicing parkour), Time 2 (T2, just after having stopped the parkour),
Time 3 (T3, two hours after T2). As expected, and with the exception of PC and PS, the data confirmed the prediction that, compared to
Group 2, Group 1 would score significantly higher on each subscale of the PSI, including GSE, PSW, SC, and AB. That is to say, skydiving
could de used as a way to regulate self-esteem, this confirms our assumption. Self-esteem has recurrently been invoked as a contributing or
explanatory factor for socially problematic behavioural outcomes (i.e., risk-taking behaviours such as restrictive or dysfunctional eating,
substance abuse, aggression). In relation to our results, sports could bring an extra dimension to studies on risk-taking especially among
adolescents. Indeed, risk-taking sports are usually perceived as an intrinsically gratifying practice that is socially adapted and accepted.
However, benefits in self-esteem regulation derived from an engagement in a risk-taking sport must be put into perspective. Although the
results indicated for Group 1: a lower level of self-esteem before practice and a higher level after, the retention test shows that these results do
not last more than two hours. This finding suggests that, even if the emotion regulation produced by parkour is positive, one session is not
enough for adolescents to experience positive rewards from their engagement in a risk-taking behavior. Thus, in order to recreate the positive
emotional state they were in, they may possibly put themselves in another risk-taking situation. However, the link with addiction cannot be
made directly as it implies several factors which have not been measured in this study. Future research should take this interesting point in
account and use a longitudinal methodology. This will authorize authors to draw out our assumptions and emphasize the possible link between
addiction and risk-taking sports.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Adolescence ; Parkour ; Prise de risque ; Régulation émotionnelle ; Sport
Keywords: Adolescence; Emotional Regulation; Risk-taking; Sport
1. Introduction
Le parkour ou art du déplacement, sport aujourd’hui répandu
dans le monde entier (e.g., free running, urban freeflow. . .), a
été créé en France par David Belle. Il est défini comme un art
permettant de passer n’importe quel obstacle pour aller d’un
point de l’espace vers un autre avec les possibilités offertes par
le corps humain. Il peut être considéré comme un sport, un art,
une philosophie, un état d’esprit, un art de vivre, et il a été porté
à l’écran dans des films tels que Yamakasi, Banlieue 13, James
Bond : Casino Royale, Les fils du vent. Techniquement, il peut
s’apparenter à la gymnastique mais pratiqué en extérieur et sans
aucune protection. Concrètement, cela consiste à s’approprier
la ville comme terrain de jeux et d’aventures en trouvant de
nouvelles et potentiellement dangereuses voies de circulation
pédestre. La pratique du parkour implique un risque de blessure
évident [11,18,22]. Les pratiquant(e)s ou « traceurs » s’adonnent à des courses, sauts, glissades, tractions. . . au gré des
possibilités offertes par l’aménagement urbain. Ces multiples
acrobaties (escalade de murs, course sur les toits d’immeubles,
saut de balcon à balcon. . .), bien que prohibées car n’étant pas
en adéquation avec les qualités d’efficacité et d’utilité de ce
sport, sont largement pratiquées par les traceurs. Elles sont
effectuées selon des critères de fluidité, d’esthétisme et
d’originalité, et partagent certaines similitudes avec les sports
de glisse [19]. Ce rapport à l’esthétique, au corporel, est
apprécié par les pairs. Or, la perception du corps joue un rôle
important dans la construction de l’estime de soi [6] et ce
particulièrement chez les adolescents [13].
L’estime de soi est un construit sociopsychologique qui
permet d’évaluer les conduites des individus et la perception de
leur propre valeur [25]. Ce concept est aujourd’hui identifié
comme un état [16,24] qui évolue donc en fonction des facteurs
spatiotemporels du contexte environnemental. Ainsi, plus la
perception de son corps sera positive et plus le bien-être sera
élevé, les rapports à autrui facilités [15] et les comportements
sociaux adaptés [2]. En effet, Hammond et Romney [14]
précisent que l’estime de soi est positivement corrélée à
l’intégration scolaire et professionnelle et à l’intégration sociale
en général. Inversement, plus le niveau d’estime de soi sera
faible, et plus d’autres dimensions autoévaluatives telles que la
valeur physique et les compétences physiques en seront
affectées, « ce qui pourra renforcer son sentiment d’incapacité,
sa faible estime de soi et induire une tendance au retrait social »
[13]. De plus, l’estime de soi a régulièrement été évoquée
comme pouvant contribuer ou comme étant un facteur
explicatif des problèmes sociaux du comportement (i.e.,
conduites à risques telles que les troubles du comportement
alimentaire, consommation de toxique, violence, agression)
[7,9]. Un faible niveau d’estime de soi est corrélé avec la colère,
l’agression, la difficulté à régler des problèmes, l’impulsivité
[26], la dépression et le suicide [28]. La propension à ressentir
des émotions négatives a été retrouvée comme facteur
favorisant la tendance à s’engager dans des comportements à
risques et conduites de mise en danger [3,4,5,8,20,21]. Une
recherche récente s’est intéressée à l’effet de la pratique d’un
sport extrême, le parachutisme, sur l’anxiété, et ce chez des
femmes présentant des troubles de la régulation émotionnelle
telle que l’alexithymie [29]. Cette étude a montré que
l’engagement dans une conduite à risques faciliterait la
régulation émotionnelle chez des femmes alexithymiques.
Au regard de ces résultats, le sport semble pouvoir apporter une
réelle contribution à la compréhension psychopathologique aux
études sur la prise de risques. En effet, les sports extrêmes sont
des pratiques gratifiantes intrinsèquement qui sont socialement
acceptées, voire même valorisées. Les personnes peuvent s’y
engager physiquement pour explorer et ressentir un feed-back
positif de l’expérience, et ce, tant dans le court terme que dans
le long terme (confiance en soi, connaissance et compréhension
de son corps) [20]. Finalement, ces comportements de
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confrontation à l’environnement physique et social permettraient au sujet de se rassurer continuellement sur sa propre
valeur, éloignant de ce fait les affects négatifs liés à ce
questionnement. Par exemple, dans le parkour, les pratiquants
sont en réaction à un environnement professionnel et social peu
gratifiant (cf. banlieues). La prise de risque serait possiblement
valorisante, puisque utilisée comme un moyen de s’affirmer et
de renforcer son pouvoir d’attraction et de puissance [1]. À
l’instar de l’anxiété [5], on peut donc se demander si l’estime de
soi serait soumise à des variations dans un contexte de mise en
danger de soi et dans quelles mesures.
Notre recherche a pour but d’explorer les fonctions
régulatrices que pourraient avoir l’engagement dans un sport
à risques, et plus particulièrement le parkour, sur l’estime de
soi. Du fait des caractéristiques intrinsèques et extrinsèques des
activités à risques, nous postulons que l’estime de soi des
adolescents pratiquant le parkour fluctuerait davantage que
celle des adolescents ne le pratiquant pas.
2. Méthodologie
2.1. Participants
Au total, 76 adolescents de sexe masculin, recrutés dans
différentes banlieues de Paris, ont pris part à l’étude. Le
groupe 1 (Gr. 1, n = 32, Mâge = 15,07 ans, E.t. = 1,98) est
composé de traceurs. Nous avions préalablement pris contact
avec eux sur des forums de discussion en ligne afin d’établir des
rendez-vous sur les lieux de leur pratique. Le groupe 2 (Gr. 2,
n = 41, Mâge = 14,96 ans, E.t. = 2,01) est composé de gymnastes (technique de base identique mais contrôle systématique du
risque du fait de l’environnement codifié, des éléments de
protection. . .) s’entraı̂nant dans des clubs correspondant aux
mêmes villes. Ces deux groupes ne présentent pas de différence
significative au niveau de l’âge, F(1,74) = 0,052, p < 0,71.
2.2. Inventaire du soi physique (ISP-6)
L’estime de soi a été mesurée à l’aide de l’ISP-6 [24]. L’ISP6 a spécialement été développé pour les mesures répétées. C’est
un questionnaire très court puisqu’il contient six items qui sont
le reflet direct des six échelles.
Chaque item est une simple déclaration à laquelle le sujet
répond en utilisant une échelle visuelle analogique marquée à
l’extrémité gauche par « pas du tout » et à l’extrémité droite par
« tout à fait ». L’utilisation d’une telle échelle de mesure plutôt
qu’une classique échelle de type Likert permet d’éviter les
effets d’apprentissage dépendants des mesures répétées et, de
plus, cela permet l’expression de la variabilité dans l’autoévaluation de soi [24]. Les scores sont cotés entre 0 à 10. Le
résultat sur lequel le sujet score correspond à la distance entre
son trait et l’extrémité gauche de l’échelle.
La première échelle correspond à l’estime de soi globale
(EG) et à l’item suivant : « Globalement j’ai une bonne opinion
de moi-même. » La deuxième échelle correspond à la valeur
physique perçue (VPP) et à l’item suivant : « Je suis content de
ce que je suis et de ce que je peux faire physiquement. » Les
877
quatre autres échelles correspondent à des sous-domaines de la
valeur physique perçue ; ainsi la troisième correspond à
endurance (E) et à l’item suivant : « Je serais bon dans une
épreuve d’endurance. » La quatrième échelle correspond à la
compétence sportive (CS) et à l’item suivant : « Je me
débrouille bien dans tous les sports. » La cinquième échelle
correspond à l’apparence (A) et à l’item suivant : « J’ai un corps
agréable à regarder. » La sixième échelle correspond à la force
(F) et à l’item suivant : « Face à des situations demandant de la
force, je suis le premier à proposer mes services. »
2.3. Procédure
Les questionnaires ont tous été donnés en main propre à la
suite d’une explication individuelle sur le protocole expérimental et sur le cadre contextuel de la recherche. Tous les
participants ont rempli trois fois l’ISP-6, qui demande cinq
minutes d’attention afin d’être complété. Le temps T1 satisfait
la passation « avant la pratique » ; T2, la passation « après la
pratique » et T3, la passation « deux heures après la pratique ».
Afin de contrôler pour les effets d’apprentissage ou la lassitude,
nous avions pris soin au préalable de mélanger les items lors des
différentes passations.
2.4. Traitement statistique des données
Nous avons analysé les réponses à l’aide du logiciel SPSS
14.0. Après avoir procédé à une analyse descriptive (moyennes
et écarts-types), nous avons effectué une Manova 2
(Groupes) 3 (Temps) avec mesure répétée sur le second
facteur, puis des Anova séparées sur chacune des six variables
dépendantes (échelles de l’ISP-6).
3. Résultats
Les moyennes et écart-types des échelles de l’ISP-6 pour
chacun des deux groupes aux différents temps de mesures
(avant la pratique, après la pratique, deux heures après la
pratique) sont présentés dans le Tableau 1.
Notre hypothèse principale était que l’estime de soi des
adolescents pratiquant le parkour fluctuerait plus que celle des
adolescents pratiquant de la gymnastique.
La Manova montre des effets significatifs principaux du
facteur Groupe : F(2,73) = 228,15 ; p < 0,001, et du facteur
Temps : F(4,71) = 62,11 ; p < 0,001, ainsi qu’un effet
d’interaction Groupe Temps : F(4,71) = 59,18 ; p < 0,001.
Les effets d’interactions Groupe Temps sont illustrés dans
la Fig. 1.
Les Anova réalisées sur chacune des variables dépendantes
donnent des résultats similaires sur quatre des six variables
étudiées. Toutes conditions confondues, le groupe 1 présente un
niveau d’estime de soi plus élevé (MGr.1 = 7,72, E.t. = 1,74 ;
MGr.2 = 4,9, E.t. = 1,64 ; F(1,31) = 42,1, p < 0,001) que le
groupe 2. D’une manière générale, on n’observe aucune
évolution significative de l’estime de soi chez le groupe 2, au fil
des trois temps de l’expérimentation. Les effets d’interaction
résultent d’une évolution significative de quatre des six échelles
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N. Cazenave, G. Michel / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 875–881
Tableau 1
Moyennes (M) et écarts-types (ET) des groupes 1 (parkour, n = 32) et 2
(gymnastique, n = 41) pour : l’âge, l’estime globale de soi (EG), la valeur
physique perçue (VPP), l’endurance (E), la compétence sportive (CS), l’apparence (A) et la force (F) avant la pratique (Temps 1), immédiatement après la
pratique (Temps 2) et 2 heures après la pratique (Temps 3).
Groupe 1
Âge
EG 1
EG 2
EG 3
VPP 1
VPP 2
VPP 3
E1
E2
E3
CS 1
CS 2
CS 3
A1
A2
A3
F1
F2
F3
Groupe 2
M
ET
M
ET
15,07
7,2***
8,1***
7,3**
7,1***
7,9***
7,2**
8,1***
8,2***
8,2***
7,1*
7,9*
7,2*
8,4***
9,6***
8,5***
6,9**
7,1**
7,1**
1,98
1,23
1,45
1,26
1,28
1,93
2,71
1,61
2,07
1,74
1,42
2,98
1,86
1,22
1,65
1,29
1,78
2,79
1,08
14,96
5,2***
5,4***
5,1***
5,7**
5,5***
5,5**
3,4***
3,6***
3,5***
6,2*
6,1*
6,1*
4,2***
4,3***
4,1***
4,8**
4,8**
4,7**
2,01
1,78
2,34
1,05
1,87
1,54
1,92
1,04
1,79
1,29
1,61
1,65
1,08
2,02
1,97
1,87
1,62
1,84
1,28
Différences entre les deux groupes : * p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p < 0,001.
Fig. 1. Évolutions significatives des échelles de l’inventaire du soi physique
entre T1, T2 et T3 pour les pratiquants du parkour en comparaison avec les
pratiquants de gymnastique.
de l’ISP-6 pour le groupe 1 : pour ce groupe on observe une
augmentation significative des scores de T1 à T2, leurs
diminutions significatives de T2 à T3 pour l’estime globale de
soi, F(2,62) = 72,3, p < 0,001 ; la valeur physique perçue
F(2,62) = 56,1, p < 0,001 ; la compétence sportive
F(2,62) = 64,1, p < 0,001 et l’apparence F(2,62) = 57,8,
p < 0,001. Aucun effet d’interaction n’apparaı̂t pour l’endurance et la force.
4. Discussion
Les résultats de cette étude montrent clairement que le
parkour joue un rôle majeur sur l’estime globale de soi et du soi
physique des adolescents. L’hypothèse selon laquelle l’implication dans une conduite à risques permettrait une régulation de
l’estime de soi chez les adolescents est donc confirmée. De
plus, il apparaı̂t que les effets émotionnels éprouvés sont plutôt
positifs. En effet, les adolescents pratiquant le parkour auraient
une estime de soi plus élevée après la pratique qu’avant la
pratique. Plus précisément, les niveaux de perception d’estime
globale de soi, de valeur physique, de compétence sportive et
d’apparence augmentent suite à la pratique du parkour.
Cependant, aucune évolution n’est observée sur la perception
de l’endurance et de la force.
Dans la mesure où l’estime de soi et la perception positive de
soi sont essentielles pour l’épanouissement et le bien-être
psychologique des individus [25], la pratique du parkour prend
donc une fonction renarcissisante pour ses pratiquants [4].
D’après Rosenberg [25], les individus avec une faible estime
d’eux-mêmes auraient une plus grande tendance à s’isoler et à
être dépressifs. Aussi, ce résultat est d’autant plus important
que le lien entre une faible estime de soi et la dépression est
surtout marqué [23] lorsque celle-ci subit des fluctuations au
cours du temps [12].
Par ailleurs, la relation entre l’estime de soi et l’apparence
physique déjà mise en évidence chez les adolescents [27] est
d’autant plus intéressante de par les particularités esthétiques
du parkour. Aussi, plus la valeur physique et l’apparence
perçues sont positives et plus le bien-être sera élevé, les rapports
à autrui facilités et les comportements adaptés face à une
situation complexe [2].
Aussi, la pratique du parkour ne semble pas inadaptée
socialement. Au contraire, et plus généralement, les sports
extrêmes et l’encadrement humain qu’ils suggèrent pourraient
agir comme un support psychologique et social permettant
d’augmenter l’estime de soi des adolescents et peut-être ainsi
prévenir certaines conduites antisociales [4,5,20,21].
D’après ces résultats, on pourrait en conclure que la pratique
d’un sport à risques tel que le parkour représente un moyen de
régulation émotionnelle efficace pouvant même servir d’outil
thérapeutique chez des jeunes en difficulté (i.e., faible estime de
soi. . .). D’autant plus que des recherches [4,5] montrent que les
individus présentant des troubles de la régulation émotionnelle
ont plus tendance à prendre des risques, et ce, pour les bénéfices
psychoaffectifs (e.g., diminution de l’anxiété, renforcement
narcissique) qu’ils procurent. Dans la présente étude, le
maintien ou le renforcement de l’estime de soi semble pouvoir
aussi être régulé par une pratique à risques. Pourtant, les effets
significatifs d’augmentation des échelles de l’ISP-6 ne sont que
temporaires. En effet, deux heures après l’arrêt de la pratique,
les différents niveaux rapportés pour l’estime globale de soi, la
valeur physique, la compétence sportive et l’apparence sont
revenus tels qu’ils étaient avant la pratique. Il est donc possible
que dans le but de retrouver cet état de bien-être émotionnel, ces
comportements à risques induisent la mise en place de
processus de répétition et de dépendance [10] pouvant
s’apparenter à des conduites addictives.
Cependant, le lien avec les addictions ne peut pas être
formulé directement du fait que celui-ci implique différents
facteurs qui n’ont pas fait l’objet de mesure dans notre
N. Cazenave, G. Michel / Annales Médico-Psychologiques 166 (2008) 875–881
recherche, et ce même si cette spéculation est fortement
supportée par l’hypothèse que les individus sont motivés par le
fait de ressentir des états positifs afin de lutter contre les affects
négatifs [17].
Ainsi, une recherche plus approfondie sur ce thème pourrait
être mise en place afin d’évaluer le niveau de dépendance que
les adolescents présentent auprès de ce type de conduites à
risques. En effet, poussée à l’extrême, la pratique d’un sport à
risques peut refléter l’expression d’un mécanisme servant à
cacher des conflits intrapsychiques [20,21]. Les futures
recherches devraient prendre en compte ce point et mettre
en place des études utilisant des méthodologies longitudinales
avec des mesures répétées afin de préciser les trajectoires
développementales du parkour notamment vis-à-vis des autres
conduites à risques (e.g., toxiques, risque sportif, etc.). Les
futurs travaux devront aussi discriminer précisément la nature
du risque dans les différents sports pratiqués par les adolescents
afin de déterminer quel type d’activité est le plus adapté à la
construction d’une estime de soi maturante pour l’individu.
Conflit d’intérêt
Aucun.
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Discussion
Mme L. Sala – Avez-vous analysé le profil de personnalité de
ces adolescents qui ont des conduites à risque ?
Pour les adolescents, le regard de l’autre est très important,
comme d’être accepté par le groupe de ses pairs ; mais pourquoi
l’utilisation d’un sport extrême ?
Avez-vous analysé le milieu d’origine de ces jeunes ?
Dr J. Charbit – Dans notre représentation du plaisir et dans
celle qu’en ont les adolescents, faudrait-il, à un axe de décharge
pulsionnelle, ajouter un axe d’estime de soi (voire de
« bouffées » d’estime de soi qui frôleraient la toute-puissance) ?
Dr P. Houillon – L’exposé de l’auteur me semble intéressant
à plus d’un titre et c’est sur un point particulier que je voudrais
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insister. Il s’agit de la plus grande incidence des conduites à
risques chez les alexithymiques en raison de la carence de
l’imaginaire et de leur inaptitude à saisir une représentation du
monde susceptible de se traduire par des écrits, des paroles, des
gestes ou une mimique. Ne serait-il pas intéressant d’opposer ce
comportement d’inhibition à celui de l’obsessionnel qui, à
l’inverse, se trouve paralysé par des représentations multiples
plus ou moins élaborées, en tout cas longuement entretenues,
qui l’empêchent d’agir ?
Dr A. Pelissolo – La comparaison avec un groupe de
gymnastes à l’entraı̂nement est-elle judicieuse dans la mesure
où l’enjeu physique et en termes de récompense sociale est très
différent de celui des « parkouristes », et quels seraient les
résultats si l’évaluation avant/après était effectuée lors d’une
compétition de gymnastique ?
Quelles sont les consommations de toxiques et les addictions
chez ces adolescents ?
Dr J. Birnbaum – Y a-t-il un contrôle de la dangerosité pour
soi-même et pour autrui ?
Pr Laxenaire – Vous avez dit que dans le parkour, il n’y avait
pas d’« inadaptation sociale » mais ce jeu consiste tout de
même à utiliser le domaine social pour des fins qui ne sont pas
les siennes. Cela dit, je voudrais vous demander si, à côté de
l’estime de soi, vous ne pensez pas qu’il y a aussi un sentiment
de toute-puissance fréquent chez tous les adolescents qui ont du
mal à concevoir la mort (surtout la leur). Par ailleurs, n’y a-t-il
pas également une attitude de défi vis-à-vis d’autres adolescents
faisant partie du groupe ou appartenant à un autre groupe ?
Réponse du rapporteur – À Mme L. Sala – L’analyse des
profils de personnalité des adolescents qui ont des conduites à
risques et, plus spécifiquement, qui pratiquent le parkour, a fait
l’objet d’une autre étude dans laquelle nous avons évalué la
recherche de sensation et la personnalité narcissique (Cazenave, 2007).
En effet, le regard de l’autre est primordial dans la
construction identitaire chez les adolescents. Le parkour et
les sports extrêmes en général ont cette particularité d’être
effectués selon des critères de fluidité, d’esthétisme et
d’originalité. Cette esthétisation facilite la prise de risque dans
la recherche d’une expérience extatique et transcendante, qui
implique une incarnation postmoderne du sublime qui déforme
l’évaluation rationnelle du risque. Ce rapport à l’esthétique, au
corporel, est apprécié par les pairs. Or, la perception du corps
joue un rôle important dans la construction de l’estime de soi et
ce particulièrement chez les adolescents. Mais cela est différent
en fonction du milieu social d’appartenance.
Il aurait été pertinent de s’intéresser plus en détail à
l’origine de ces jeunes ; évidemment en recherche de
reconnaissance, de la part des pairs mais aussi de la société,
ils pourraient se mettre dans des situations dangereuses en
réponse à une volonté de s’établir dans un statut social
particulier. Il est clair qu’aujourd’hui le risque est un produit
marketing pensé, réfléchit et esthétisé. . . et finalement
synonyme de réussite.
Au Dr J. Charbit – Selon Pedinielli et al. (2005), il est
indéniable que le risque produit un effet physique, sensoriel, à
trois niveaux temporels (l’attente, suprême tension, dans un
moment qui n’en finit pas, le moment de l’acte et son orgasme
d’angoisse voluptueuse, l’après-coup de l’acte et son sentiment
d’élation maniaque). La qualité de l’estime de soi dépendant du
jugement porté par l’idéal du moi (émergence du singulier à
partir du symbolique) sur le moi idéal (toute-puissance
imaginaire), on pourrait, comme vous le soulignez, rajouter
à notre représentation du plaisir un axe d’estime de soi.
Cela nous permet de nous questionner sur l’aboutissement
de certaines conduites à risques quand on sait que la dimension
sentiment de puissance/grandiosité, contenue dans la personnalité narcissique, est celle qui est de loin la plus reliée aux
comportements inadaptés et psychopathologiques.
Au Dr P. Houillon – En effet, c’est une remarque tout à fait
juste. Par exemple, en surface, les individus alexithymiques
semblent souvent bien adaptés et montrent un haut degré de
conformisme social, ce qui n’est pas tout à fait le cas des
obsessionnels. De plus, au travers du concept psychopathologique de l’alexithymie, la prise de risques serait un moyen de se
stimuler, de dépasser ses limites et donc de s’affirmer en tant
qu’individu « existant », mais elle pourrait aussi représenter un
moyen d’autorégulation émotionnelle, en tant que défense
temporairement efficace, mais évidemment dangereuse, contre
la dépression.
Chez l’obsessionnel, la pensée est investie comme toutepuissante. Et comme vous le dites, il se trouve paralysé par des
représentations multiples plus ou moins élaborées l’empêchant
d’agir. Mais malgré ce renforcement de la passivité, doit-on
pour autant dire qu’il n’y aura pas de tendance à la
confrontation au risque en tant que lutte anxieuse que l’on
pourrait retrouver dans l’agir compulsif ? Cela mériterait une
étude plus poussée.
Au Dr A. Pelissolo – Nous avons pris soin dans notre étude
de bien contrôler les situations d’évaluation. À savoir que dans
les deux cas on ne se trouve pas dans une situation compétitive,
mais bien à l’entraı̂nement. Si l’évaluation avant/après était
effectuée lors d’une compétition de gymnastique, il faudrait
évidemment en faire de même et faire nos mesures lors d’une
compétition de parkour. Cela pourrait être l’objet d’une autre
étude.
Pour ce qui est de la consommation de toxiques, rien n’a été
officiellement mesuré et donc nous ne pouvons pas donner de
conclusion à ce propos.
Au Dr J. Birnbaum – L’essence même du parkour est basée
sur le principe d’efficacité et d’utilité. Les multiples acrobaties
(escalade de murs, course sur les toits d’immeubles, saut de
balcon à balcon. . .) sont donc prohibées car n’étant pas en
adéquation avec ces qualités. Cependant, il est aussi très clair
que le parkour est un sport dangereux mettant directement en
jeu l’intégrité des individus qui le pratiquent et parfois même
des individus spectateurs. Bien qu’il semble que le contrôle de
la dangerosité soit constant, certaines dérives sont présentes et
occasionnent des risques évidents.
La définition du risque est multiple et mériterait plus
d’attention. En plus des dangers objectifs, il ne faut pas non plus
omettre l’aspect foncièrement subjectif du rapport au risque qui
est fonction du point de vue et de l’interprétation de l’individu
face à une situation. En effet, un facteur important attenant à la
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définition du risque est cette estimation et cette perception des
événements et des conditions comme étant porteurs de risques
ou non. Cette évaluation se fait sur deux plans : l’un étant
purement technique (comparaison du niveau des habiletés au
niveau de la tâche) et l’autre étant social (présence des pairs,
réputation d’un lieu. . .). C’est sur cette dernière que la
problématique du contrôle de la dangerosité peut se poser à
propos des pratiquants de parkour.
Au Pr Laxenaire – Le propre du parkour est de passer
n’importe quel obstacle pour aller d’un point de l’espace vers
un autre avec les possibilités offertes par le corps humain, tout
simplement, et cela demande clairement de déplacer certaines
normes, stéréotypes ou représentations utilitaires du mobilier
urbain. Le parkour ne cherche pas à détruire ni à dégrader le
domaine social, mais plutôt à le redéfinir et peut-être même à le
maı̂triser.
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Cela nous renvoie au sentiment de toute-puissance que l’on
retrouve fréquemment chez les adolescents. Nous faisons de
nouveau écho à l’étude sur la recherche de sensation et le
narcissisme chez les traceurs. Les pratiquants des sports à
risques, et notamment les traceurs, s’engageraient peut-être
dans ce genre de conduites à la recherche d’un objet à contrôler
ayant pour fonction d’empêcher le processus d’intériorisation
et donc de ne pas se confronter au vide narcissique. Confronté à
un vide de significations (la mort), la prise de risque se poserait
donc comme génératrice de sens et d’identité pour l’adolescent.
Elle renforcerait le sentiment de se sentir différent des autres,
original et unique.
Le risque finalement procure du plaisir par le défi et
l’incertitude ménageant le triomphe sur l’objet. Cela est
renforcé de par cette interaction, que vous soulevez à juste titre,
avec les pairs.
DOI of original article: 10.1016/j.amp.2008.10.026
0003-4487/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.amp.2008.10.027