Cardiopathies et grossesse

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Cardiopathies et grossesse
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Cardiopathies et grossesse
B. Iung, L. Iserin
La grossesse s’accompagne de modifications hémodynamiques qui s’accentuent lors de l’accouchement
et peuvent décompenser une cardiopathie sous-jacente. Dans le groupe hétérogène des cardiopathies
congénitales, le syndrome d’Eisenmenger est celle dont le risque justifie la contre-indication de la
grossesse, alors que les autres cardiopathies cyanogènes ont un meilleur pronostic. Certaines
cardiopathies congénitales, y compris opérées, nécessitent une surveillance spécifique. Les valvulopathies
sténosantes sont mal tolérées, en particulier le rétrécissement mitral. Une dilatation mitrale percutanée
doit être effectuée en cours de grossesse en cas de rétrécissement mitral serré demeurant symptomatique
sous traitement. Le pronostic de la maladie de Marfan est conditionné par le diamètre de l’aorte
thoracique ascendante. Les cardiomyopathies sont plus rares mais grevées d’une mortalité élevée en cas
de cardiomyopathie dilatée. La cardiomyopathie du péri-partum semble être une entité spécifique de la
grossesse en raison du lien chronologique avec celle-ci. Les coronaropathies sont rares chez la femme
jeune. Le pronostic des troubles du rythme dépend avant tout de l’existence d’une cardiopathie sousjacente. Les problèmes posés par les cardiopathies lors de la grossesse représentent donc un ensemble de
situations très diverses justifiant une prise en charge multidisciplinaire à tous les stades, débutant avant
la grossesse et se poursuivant durant le post-partum. Les modalités d’accouchement doivent être
discutées et planifiées en tenant compte du type de cardiopathie et de sa tolérance en fin de grossesse.
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Mots clés : Grossesse ; Accouchement ; Cardiopathies congénitales ; Valvulopathies ; Cardiomyopathies ;
Troubles du rythme
■ Introduction
Plan
¶ Introduction
1
¶ Modifications physiologiques de l’hémodynamique
et de l’hémostase au cours de la grossesse
1
¶ Cardiopathies congénitales
Problèmes communs aux cardiopathies congénitales
Cardiopathies à haut risque
Cardiopathies à faible risque
Situations justifiant une surveillance spécifique
2
2
2
3
3
¶ Hypertension artérielle pulmonaire
4
¶ Cardiopathies valvulaires acquises
Valvulopathies natives
Valvulopathies opérées
4
4
6
¶ Maladie de Marfan
8
¶ Cardiomyopathies
Cardiomyopathie du péri-partum
Cardiomyopathies préexistantes
8
8
9
¶ Insuffisance coronaire
Étiologies
Angor stable
Infarctus du myocarde
9
9
9
10
¶ Troubles du rythme
Tachycardies par rythme réciproque
Troubles du rythme auriculaire
Troubles du rythme ventriculaire
10
10
10
10
¶ Conclusion
10
Les modifications hémodynamiques qui surviennent lors de
la grossesse, par leur importance et leur durée, peuvent décompenser une cardiopathie sous-jacente, même bien tolérée
antérieurement. L’accouchement représente un stress hémodynamique supplémentaire et comporte donc un risque de
complications pouvant compromettre le pronostic fœtal ou
maternel. Plus rarement, certaines cardiopathies peuvent être
directement liées à la grossesse. Les cardiopathies rencontrées
durant la grossesse constituent un groupe particulièrement
hétérogène, justifiant une analyse spécifique en fonction de la
cardiopathie et de sa tolérance.
■ Modifications physiologiques
de l’hémodynamique
et de l’hémostase au cours
de la grossesse
La grossesse entraîne une augmentation de la volémie, une
tachycardie, une diminution des résistances artérielles systémiques et une augmentation du débit cardiaque. La diminution
des résistances artérielles systémiques est la conséquence du
shunt lié à la circulation utéroplacentaire ainsi que de la
diminution du tonus vasculaire en rapport avec l’imprégnation
hormonale. L’augmentation de la précharge et la diminution de
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la postcharge contribuent à l’augmentation du volume d’éjection systolique. La tachycardie, due notamment à une augmentation du tonus catécholergique, est l’autre mécanisme principal
à l’origine de l’augmentation du débit cardiaque, qui débute lors
du premier trimestre puis atteint 30 à 50 % du cinquième mois
jusqu’à la fin de la grossesse [1, 2]. L’accouchement par voie
basse représente un stress hémodynamique supplémentaire car
le débit cardiaque augmente jusqu’à 10 à 11 l/min lors des
contractions utérines, ce qui représente un doublement par
rapport au débit cardiaque en dehors de la grossesse [2]. Après
l’accouchement, les conditions hémodynamiques ne se normalisent qu’après 3 à 5 jours. La levée de la compression de la
veine cave inférieure par l’utérus ainsi que le transfert du sang
du placenta et de l’utérus dans la circulation veineuse concourent alors à une augmentation marquée de la précharge.
L’augmentation de la précharge, la diminution de la postcharge et l’augmentation du débit cardiaque sont bien compensées par un cœur normal [3]. La grossesse s’accompagne d’un
remodelage ventriculaire gauche transitoire caractérisé par une
augmentation de la masse ventriculaire gauche indexée d’environ 25 % avec une préservation de la fonction systolique [3]. En
présence d’une cardiopathie, la tolérance est souvent bonne
durant le premier trimestre et les signes de mauvaise tolérance
apparaissent ultérieurement. En cas d’obstacle sévère du cœur
gauche, l’augmentation du débit cardiaque associée à la vasodilatation artérielle peut être cause de défaillance cardiaque ou de
syncope. La vasodilatation artérielle explique aussi la majoration
de la désaturation artérielle dans les cardiopathies cyanogènes.
Enfin, dans la majorité des cardiopathies opérées comportant
des cicatrices sur les oreillettes et les ventricules, la surcharge
volumétrique induit un « stretch » supplémentaire des fibres et
une femme ayant une cardiopathie, même guérie, peut développer des troubles du rythme pendant la grossesse et
l’accouchement.
La grossesse s’accompagne de modifications de l’hémostase,
avec une augmentation des facteurs de la coagulation et du
complexe thrombine-antithrombine III, une diminution de la
protéine S et une altération de la fibrinolyse [4]. Comme le
risque de thrombose veineuse, le risque thromboembolique
artériel est accru dans les cardiopathies congénitales cyanogènes
ou en présence d’une prothèse valvulaire mécanique.
■ Cardiopathies congénitales
Problèmes communs aux cardiopathies
congénitales
L’incidence des cardiopathies congénitales est d’environ 5 à
8 pour 1 000 naissances vivantes. Avant l’avènement de la
chirurgie à cœur ouvert, 60 % des enfants atteints de cardiopathie congénitale décédaient. De nos jours, 70 à 80 % atteignent
l’adolescence et l’âge adulte. Leur nombre est estimé à plus de
500 000 patients aux États-Unis et leur prise en charge, parfois
complexe, a fait l’objet de recommandations [5]. La majorité des
patients ayant une cardiopathie congénitale bénéficie actuellement d’une cure chirurgicale dans la première année de vie.
Avec la raréfaction des cardiopathies rhumatismales, les cardiopathies congénitales sont devenues les cardiopathies les plus
fréquentes pendant la grossesse.
Évaluation initiale
L’évaluation pré-partum est fondamentale mais difficile pour
plusieurs raisons. Les symptômes sont souvent minimisés par la
femme ayant un désir de grossesse. L’échocardiographie ne
fournit souvent que des renseignements qualitatifs. L’évaluation
à l’effort donne cependant un bon reflet de la capacité d’augmentation du débit cardiaque. Lors de cette consultation,
idéalement, le traitement médical est à adapter. Les questions
auxquelles il faut répondre selon le type de cardiopathie
concernent le risque de troubles du rythme, de thrombose, de
dissection, d’insuffisance cardiaque, d’endocardite et de récurrence de la cardiopathie congénitale chez le fœtus [5, 6].
Situations à risque
Les études portant spécifiquement sur les cardiopathies
congénitales maternelles sont peu nombreuses car ces cardiopathies sont relativement rares et surtout très diverses. Ainsi dans
les études regroupant des cardiopathies congénitales, des
pathologies de gravité très variable sont rapportées, ce qui
donne plus de poids aux facteurs non cardiologiques. L’étude
multicentrique de Toronto [7, 8] a fait l’objet de plusieurs
publications : 276 grossesses chez 220 femmes ayant une
cardiopathie congénitale, valvulaire ou rythmique ont été
étudiées dans la première expérience. Les facteurs de risque
individualisés étaient la cyanose, une classe fonctionnelle II ou
plus de la New York Heart Association (NYHA) avant la grossesse, une dysfonction myocardique, la présence d’une obstruction du cœur gauche, et des antécédents d’arythmie et
d’événements cardiaques maternels. Le pourcentage d’événements maternels était de 3 % en l’absence de facteur de risque,
de 30 % en présence d’un facteur et de 60 % en présence de
deux facteurs ou plus. Les événements maternels étaient la
décompensation cardiaque, les troubles du rythme, ou un
accident ischémique transitoire. Les complications fœtales
étaient nombreuses. La classe fonctionnelle maternelle ou la
cyanose prédisaient la survenue de complications néonatales.
Dans une étude monocentrique comportant 90 grossesses
chez des femmes ayant des cardiopathies congénitales diverses,
le risque d’événement maternel était de 19,4 % [9]. Les facteurs
de risque identifiés étaient les mêmes que pour l’étude de Siu
auxquels s’ajoutaient la défaillance du ventricule souspulmonaire et la présence d’une fuite pulmonaire résiduelle
volumineuse. La récurrence des cardiopathies chez le fœtus était
de 7 %, ce qui est rapporté habituellement dans les données de
la littérature (autour de 4 % pour les tétralogies de Fallot et
autour de 10 % dans les obstructions du cœur gauche) [10].
Le suivi de la grossesse doit être multidisciplinaire et il est
souhaitable que les patientes à haut risque accouchent en
maternité de niveau 3, mais également en présence d’un
environnement cardiologique. Récemment il a été montré que
le déclenchement de ces patientes n’a pas d’effet adverse (pas
plus de césarienne ni de souffrance fœtale) ce qui permet de
planifier au mieux la prise en charge des femmes ayant des
cardiopathies complexes.
Cardiopathies à haut risque
Syndrome d’Eisenmenger
Il s’agit d’une situation où un shunt gauche-droite large a été
laissé en place entraînant une artériolite pulmonaire avec
augmentation des résistances artériolaires pulmonaires qui sont
supérieures aux résistances systémiques. À terme, le shunt
devient droite-gauche entraînant une cyanose, une polyglobulie
réactionnelle et une incapacité fonctionnelle d’effort. Le risque
vital maternel est majeur à toutes les étapes. L’inadaptation est
due au caractère fixé des résistances artérielles pulmonaires. La
cyanose se majore durant la grossesse et il existe un risque de
syncope lors du travail et de la délivrance. En post-partum, le
risque de décès par mécanisme thromboembolique persiste
jusqu’au huitième jour. Jusqu’à 50 % de décès sont rapportés
dans la littérature [11]. Parallèlement, le risque d’interruption
thérapeutique de grossesse est de 7 %, comme dans toute
chirurgie non cardiologique dans cette pathologie. Si la grossesse se poursuit, l’héparine est conseillée dès la 20e semaine et
une surveillance accrue de la croissance fœtale est nécessaire.
L’analgésie péridurale est contre-indiquée en raison de la
vasodilatation induite. Enfin, la césarienne augmente le risque
vital (75 % de décès) [12]. Le syndrome d’Eisenmenger constitue
donc une des rares contre-indications formelles à la grossesse.
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Cardiopathies et grossesse ¶ 5-044-A-10
Autres cardiopathies cyanogènes
Bien que la plupart des cardiopathies congénitales cyanogènes
soient opérées dans l’enfance, certaines n’ont pas de « réparation complète » car soit il s’agit d’une cyanose (souvent
modeste) par shunt auriculaire droite-gauche sur une maladie
d’Ebstein, soit une séparation des deux circulations est impossible car il manque un des deux ventricules (cardiopathies
univentriculaires), soit la circulation pulmonaire est incomplète
ou assurée non par de vraies branches pulmonaires, mais par
des collatérales venant de l’aorte descendante. Ce dernier cas
correspond aux atrésies pulmonaires à septum ouvert où il est
impossible au chirurgien de reconstituer une voie pulmonaire
complète en continuité avec le ventricule droit.
La grossesse est possible en l’absence d’hypertension artérielle
pulmonaire. L’étude de Presbitero et Somerville [13] précise que
si la saturation maternelle en début de grosssesse est < 85 %, il
n’y a que 12 % d’enfants nés vivants. Mais si la saturation est
> 90 %, 92 % des enfants sont nés vivants. La prématurité est
fréquente (37 %). L’hypotrophie néonatale est liée au degré de
désaturation et de polyglobulie réactionnelle. En moyenne, le
poids de naissance des enfants nés à terme de cette étude était
de 2 575 g. Pour la femme, il existe un risque d’accident
thromboembolique et de déstabilisation de la fonction ventriculaire, surtout dans les cardiopathies univentriculaires.
Aorte « fragile »
Le syndrome de Marfan est traité dans un chapitre différent.
Signalons que la bicuspidie aortique, longtemps considérée
comme bénigne, est souvent associée à une dilatation de l’aorte
ascendante, qui comporte un risque de dissection, probablement majoré pendant la grossesse. Ainsi un certain nombre de
patientes, en particulier celles ayant un syndrome de Turner
chez qui l’hypertension artérielle (HTA) est fréquente, doivent
être suivies de façon très rapprochée ou avoir un remplacement
de l’aorte ascendante avant une grossesse éventuelle.
Défaillance du ventricule systémique
Un certain nombre de cardiopathies multiopérées ont un
ventricule gauche défaillant et le problème est alors analogue à
celui des cardiopathies dilatées qui sont traitées séparément.
Plus spécifiquement, certaines cardiopathies ont un ventricule
droit en position systémique. Il s’agit des transpositions des gros
vaisseaux qui ont bénéficié d’une intervention de Mustard ou
Senning (switch à l’étage atrial) ou de doubles discordances [14].
Au problème du ventricule droit défaillant, concomitant d’une
fuite tricuspide, s’ajoute celui des troubles du rythme auriculaire
qui peuvent induire une défaillance cardiaque à eux seuls. La
grossesse est alors à haut risque en cas de défaillance
symptomatique [9].
Obstacles au cœur gauche
Il peut s’agir d’une sténose aortique ou sous-aortique, d’une
cardiomyopathie obstructive ou d’une coarctation de l’aorte.
Dans tous les cas, si l’obstacle est sévère, il existe une augmentation du gradient avec le débit et donc un risque de défaillance
cardiaque. La vasodilatation induite par la grossesse majore le
risque de syncope. Les efforts expulsifs sont contre-indiqués.
En cas de coarctation, la situation est théoriquement défavorable car il existe une HTA aux membres supérieurs et une
hypotension éventuelle de la partie inférieure du corps avec
risque d’hypoperfusion fœtale (Fig. 1). Cependant, la littérature
ne rapporte pas de morbimortalité importante chez le femmes
ayant des coarctations natives ou opérées.
Cardiopathies à faible risque
Il s’agit essentiellement des shunts gauche-droite pour
lesquels le risque de la grossesse est faible. Les patientes ayant
une communication interauriculaire (CIA) tolèrent en général
Figure 1. Coarctation de l’aorte (angio-imagerie par résonance magnétique). Coarctation isthmique et circulation collatérale intercostale développée.
bien la grossesse. Il existe un risque théorique d’embole
paradoxale. Les grossesses multiples augmenteraient la fréquence d’évolution vers une hypertension artérielle pulmonaire,
qui est toutefois rare (moins de 10 % des CIA). Le canal artériel
est rarement de gros calibre et symptomatique. Avant 40 ans, il
comporte seulement un risque d’endocardite. Les communications interventriculaires (CIV), à l’exclusion du syndrome
d’Eisenmenger, sont en général opérées ou de petite taille et ne
comportent qu’un risque d’endocardite. Ces cardiopathies
simples opérées ne posent en général pas de problèmes mais les
cicatrices de chirurgie exposent au risque de trouble du rythme
de novo pendant la grossesse [15].
Situations justifiant une surveillance
spécifique
Deux exemples sont détaillés ici : la tétralogie de Fallot et la
transposition des gros vaisseaux.
Tétralogie de Fallot opérée
Cette malformation comporte, outre une CIV haut située, des
sténoses étagées sur la voie pulmonaire. La réparation consiste
à fermer la CIV et à élargir la voie pulmonaire par un patch,
laissant souvent en place une fuite pulmonaire le plus souvent
bien tolérée. La grande majorité de ces patientes mène une vie
normale. Cependant, il faut signaler le risque de mort subite qui
est faible, mais dont la survenue est difficile à prévoir. Il semble
que ces troubles du rythme, liés le plus souvent à des troubles
du rythme ventriculaire sur une grande cicatrice de ventriculotomie, surviennent ou sont mal tolérés s’il existe une fuite
pulmonaire volumineuse, avec dilatation et éventuellement
dysfonction du ventricule droit. Les jeunes femmes peuvent
envisager une grossesse si la fonction ventriculaire droite est
conservée. L’étude la plus récente sur 82 grossesses menées à
terme rapporte une incidence faible de troubles du rythme
(2/82), et d’insuffisance cardiaque droite (3/82). En cas de fuite
pulmonaire importante asymptomatique, la décision de valver
la voie pulmonaire avant une grossesse pour protéger la fonction ventriculaire droite est encore discutée [16].
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Grossesse après « switch » atrial
Les adultes actuellement opérés pour une transposition
simple des gros vaisseaux ont été habituellement opérés par les
techniques de Mustard et Senning. Ces interventions, en créant
des chenaux intra-atriaux, dérivent le sang des veines caves au
ventricule gauche qui est connecté à l’artère pulmonaire, et
connectent le sang des veines pulmonaires au ventricule droit
et donc à l’aorte. Ces interventions posent trois types de
problèmes qui interagissent fortement.
Les arythmies auriculaires, surtout le flutter, sont parfois
conduites rapidement aux ventricules et à l’origine de syncopes.
Leur diagnostic est parfois difficile et, s’il est trop tardif, la
patiente est menacée de mort subite ou de dysfonction ventriculaire irréversible.
Une défaillance sinusale peut compromettre la tolérance des
thérapeutiques médicamenteuses, et nécessiter l’implantation
d’un pacemaker.
La fonction du ventricule droit, qui éjecte dans l’aorte, peut
se détériorer alors qu’apparaît une fuite de la valve tricuspide
laissée en position systémique.
Au total, environ 20 % des sujets sont symptomatiques après
20 ans. Deux études ont regroupé 26 patientes [17, 18]. Elles ne
concernaient que des patientes asymptomatiques avant la
grossesse. Deux détériorations ont été rapportées : une hémoptysie au septième mois et une défaillance cardiaque à 19 mois
post-partum entraînant le décès. Le suivi de ces patientes doit
être rigoureux et au besoin mensuel avec un Holter au sixième
mois de la grossesse pour détecter d’éventuels troubles du
rythme auriculaire asymptomatiques.
■ Hypertension artérielle
pulmonaire
De façon comparable au syndrome d’Eisenmenger, la mortalité des femmes ayant une hypertension artérielle pulmonaire
idiopathique ou secondaire est élevée durant la grossesse [19].
Une dégradation de l’état fonctionnel est également possible, la
pathologie progressant avec thrombose in situ des vaisseaux
pulmonaires et détérioration de la fonction ventriculaire droite.
Des cas d’amélioration clinique ou de grossesses de déroulement
normal ont été rapportés sous époprosténol associé à un
traitement anticoagulant. Il s’agit cependant de cas isolés et il
faut souligner que le pronostic vital reste en jeu dans cette
pathologie. Les nouvelles thérapeutiques (inhibiteurs des
récepteurs de l’endothéline) n’ont pas été utilisées pendant la
grossesse.
■ Cardiopathies valvulaires
acquises
Valvulopathies natives
Épidémiologie
Les cardiopathies valvulaires représentent la deuxième cause
de cardiopathies décompensées lors de la grossesse et la première parmi les cardiopathies acquises. Le rhumatisme articulaire aigu est la principale cause de valvulopathie chez la femme
jeune, et le rétrécissement mitral, qui est la valvulopathie
rhumatismale la plus fréquente, est particulièrement mal toléré
en cours de grossesse. La prévalence des valvulopathies rhumatismales a diminué dans les pays occidentaux depuis le milieu
du XX e siècle mais celles-ci représentent encore 27 % des
valvulopathies en Europe, notamment parmi les populations
immigrées dont l’accès aux soins est souvent précaire [20, 21].
Dans les pays en voie de développement, le rhumatisme
articulaire aigu demeure endémique et la prévalence des
valvulopathies rhumatismales est encore estimée entre 1 et
5 pour 1 000 [22].
Figure 2. Rétrécissement mitral serré. Échocardiographie en coupe
parasternale petit axe.
Les valvulopathies dégénératives, qui sont la principale cause
de valvulopathie dans les pays occidentaux, sont rarement
l’origine de valvulopathies sévères chez la femme jeune. En cas
d’insuffisance aortique, une atteinte associée de l’aorte ascendante a des implications pronostiques propres sur la grossesse,
souvent plus importantes que celles de la régurgitation valvulaire elle-même, en particulier en cas de maladie de Marfan (cf.
infra).
L’endocardite infectieuse est particulièrement de mauvais
pronostic en cours de grossesse car les régurgitations volumineuses sont mal tolérées et peuvent nécessiter une correction
chirurgicale urgente, avec ses risques pour la mère et le fœtus.
Physiopathologie
Les valvulopathies sténosantes sont mal tolérées en cours de
grossesse car l’augmentation du débit cardiaque entraîne une
augmentation marquée du gradient transvalvulaire et donc de
la pression dans la cavité cardiaque d’amont. Le rétrécissement
mitral est particulièrement mal toléré car la tachycardie raccourcit la diastole, ce qui contribue encore à majorer le gradient
mitral [23]. Dans la série de Siu, la présence d’une obstruction du
cœur gauche était un facteur prédictif de la survenue de
complications cardiaques durant la grossesse [7].
Dans les valvulopathies régurgitantes en revanche, l’augmentation du volume régurgité est compensée par la diminution des
résistances artérielles systémiques et la tachycardie. Leur
tolérance hémodynamique est généralement bonne, en particulier dans les régurgitations chroniques, car la dilatation ventriculaire gauche permet une augmentation du volume d’éjection
systolique, sous réserve que la contractilité soit conservée. Le
pronostic n’est péjoratif que lorsque les régurgitations ont
entraîné une dysfonction ventriculaire gauche et il se rapproche
alors de celui d’une cardiomyopathie.
Contrairement aux régurgitations chroniques pour lesquelles
la dilatation ventriculaire gauche permet de compenser en
partie le volume régurgité, l’endocardite infectieuse est à
l’origine de régurgitations aiguës mal tolérées en raison de
l’élévation importante des pressions de remplissage.
Rétrécissement mitral
Le rétrécissement mitral serré est presque toujours mal toléré
durant la grossesse, y compris chez des patientes antérieurement
asymptomatiques [24]. La dyspnée est souvent progressive à
partir du deuxième trimestre, mais un œdème pulmonaire peut
être révélateur, notamment lors d’un passage en fibrillation
auriculaire. Le diagnostic peut être méconnu car l’auscultation
du rétrécissement mitral est difficile, surtout en cas de
tachycardie.
L’échocardiographie-doppler est l’examen clé du diagnostic
positif, de la quantification de la sévérité et du retentissement
du rétrécissement mitral (Fig. 2). La mesure de référence de la
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Figure 3. Thrombus de l’oreillette gauche détecté en échocardiographie transœsophagienne.
surface valvulaire est la planimétrie bidimensionnelle. La
sténose mitrale est considérée serrée si la surface est < 1,5 cm2
ou 0,9 à 1 cm2/m2 de surface corporelle [25, 26]. Il est préférable
d’indexer les mesures à la surface corporelle afin de prendre en
compte les différences de stature des patientes. Le gradient
mitral moyen estimé par le doppler dépend de la surface mitrale
mais aussi du débit cardiaque. C’est donc un marqueur de la
tolérance du rétrécissement mitral, mais pas directement de sa
sévérité. La tolérance est également évaluée par l’estimation
doppler de la pression artérielle pulmonaire systolique. L’analyse
morphologique de la valve mitrale par l’échocardiographie
bidimensionnelle est un déterminant important de la faisabilité
d’une commissurotomie mitrale percutanée. Le degré d’épaississement et de calcification des feuillets valvulaires, leur mobilité
et l’importance du remaniement de l’appareil sous-valvulaire
sont combinés dans des scores anatomiques [27]. Il est rare que
l’anatomie soit suffisamment altérée chez une femme jeune
pour contre-indiquer une commissurotomie mitrale percutanée.
L’analyse échographique de l’anatomie mitrale permet d’identifier les rares cas de sténoses congénitales qui ne se prêtent pas
à un geste de commissurotomie. La principale indication de
l’échocardiographie transœsophagienne est de dépister un
thrombus de l’oreillette gauche qui contre-indique une commissurotomie percutanée (Fig. 3). Cet examen doit être évité en
première intention chez la femme enceinte et il est préférable
de le pratiquer sous anesthésie générale juste avant la procédure
de commissurotomie percutanée.
Le traitement d’un rétrécissement mitral mal toléré est
médical en première intention et repose sur les bêtabloquants [28] . La posologie doit être adaptée à la fréquence
cardiaque, à la dyspnée, au gradient mitral et à la pression
artérielle pulmonaire. La tolérance fœtale des bêtabloquants est
bonne, mais le risque de bradycardie néonatale nécessite une
information de l’équipe obstétricale. Si les symptômes persistent, il est possible d’associer des diurétiques. Les bêtabloquants
diminuent aussi le risque de passage en fibrillation auriculaire.
Le traitement de choix de la fibrillation auriculaire mal tolérée
est le choc électrique externe, qui doit être précédé d’une
anticoagulation efficace ou d’une échocardiographie
transœsophagienne.
Le traitement anticoagulant est formellement indiqué lorsque
le rétrécissement mitral s’accompagne d’une fibrillation auriculaire permanente. Les modalités doivent être déterminées en
fonction des risques inhérents aux différentes alternatives,
comme chez les patientes ayant une prothèse valvulaire mécanique. Chez les patientes en rythme sinusal, le traitement
anticoagulant n’est indiqué qu’en cas d’hyperexcitabilité
supraventriculaire importante ou d’antécédents thromboemboliques [26].
Lorsque la dyspnée persiste malgré le traitement médical et à
plus forte raison en cas d’insuffisance cardiaque congestive, le
risque de décompensation est élevé lors de l’accouchement et
met en jeu le pronostic vital maternel et fœtal [29, 30]. Une
intervention sur la valve mitrale est alors indiquée durant la
grossesse. La commissurotomie à cœur fermé a été longtemps
privilégiée car la chirurgie sous circulation extracorporelle est
grevée d’une létalité fœtale estimée entre 20 et 30 % [31]. La
commissurotomie à cœur fermé a été supplantée par la commissurotomie mitrale percutanée qui permet d’obtenir d’aussi
bons résultats en évitant un geste chirurgical [32-34]. L’absence de
geste chirurgical est particulièrement attractive durant la
grossesse, mais la commissurotomie mitrale percutanée pose le
problème de la tolérance fœtale des variations hémodynamiques
durant la procédure et surtout des radiations ionisantes car la
procédure est guidée en radioscopie. Des enregistrements du
rythme cardiaque fœtal et des dosimétries semi-quantitatives
durant les procédures de commissurotomie mitrale percutanée
ont montré que la tolérance fœtale était bonne et que l’irradiation était très inférieure à ce qui est toléré dans la réglementation de radioprotection des femmes enceintes [33]. La
commissurotomie mitrale percutanée doit être entourée de
précautions particulières chez la femme enceinte. Le cathétérisme et l’angiographie doivent être évités afin de raccourcir la
durée de la procédure, en particulier de l’irradiation, et l’abdomen doit être protégé par un tablier plombé [35]. La réalisation
de la procédure sous anesthésie générale en améliore la tolérance et permet d’effectuer dans un premier temps l’échocardiographie transœsophagienne. La procédure doit être effectuée
par un opérateur entraîné [30]. De nombreux cas de commissurotomie mitrale percutanée ont été rapportés chez des femmes
enceintes, permettant le plus souvent un accouchement par
voie basse sans complication maternelle ni fœtale. Son risque
n’est toutefois pas nul, le principal étant la survenue, dans
environ 5 % des cas, d’une insuffisance mitrale volumineuse par
déchirure valvulaire. Ces insuffisances mitrales aiguës volumineuses sont mal tolérées chez la femme enceinte en raison de
l’augmentation du débit cardiaque et elles peuvent nécessiter le
recours à un remplacement valvulaire durant la grossesse, ce qui
compromet le pronostic fœtal comme toute chirurgie sous
circulation extracorporelle. Ces risques justifient de restreindre
les indications de commissurotomie mitrale percutanée aux
femmes qui demeurent symptomatiques malgré le traitement
médical ou qui conservent une pression artérielle pulmonaire
systolique > 50 mmHg [30, 36]. L’indication doit être modulée
selon la probabilité de succès de la procédure, notamment en
fonction des conditions anatomiques. Pour des raisons économiques, la commissurotomie à cœur fermé demeure cependant
le traitement privilégié du rétrécissement mitral dans la plupart
des pays en voie de développement.
Rétrécissement aortique
La décompensation d’un rétrécissement aortique à l’occasion
d’une grossesse est rare car sa prévalence est moindre que celle
du rétrécissement mitral, et parce qu’il est plus rare qu’un
rétrécissement aortique antérieurement asymptomatique se
décompense au cours d’une grossesse [24]. Le souffle éjectionnel
est intense et le deuxième bruit peut être conservé car le
rétrécissement aortique est souvent peu calcifié.
L’évaluation de la sévérité fait appel à l’équation de continuité en échocardiographie-doppler. Le rétrécissement aortique
est considéré serré si la surface est < 1 cm2 ou, mieux, 0,5 à
0,6 cm2/m2 de surface corporelle [25, 26]. Le gradient aortique
moyen a une valeur pronostique car le risque de décompensation survient lorsqu’il est > 50 mmHg avant la grossesse [36, 37].
L’échocardiographie permet de préciser l’étiologie du rétrécissement aortique : rétrécissement aortique congénital en dôme,
souvent symptomatique dès l’enfance, bicuspidie ou rétrécissement aortique rhumatismal. L’étiologie n’a pas d’implication sur
le traitement de la valvulopathie. Toutefois, la bicuspidie
aortique s’accompagne fréquemment d’une dystrophie de l’aorte
ascendante qui a une valeur pronostique propre.
Lorsque le gradient aortique moyen est < 50 mmHg durant
la grossesse, une surveillance régulière est nécessaire tous les
mois durant les deux derniers trimestres mais le plus souvent,
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5-044-A-10 ¶ Cardiopathies et grossesse
aucun traitement médical n’est nécessaire. L’accouchement est
à risque et doit être étroitement surveillé, en évitant en
particulier toute hypovolémie secondaire à des pertes sanguines
ou à une vasodilatation lors d’une analgésie péridurale. Certaines équipes recommandent une césarienne afin d’éviter les
risques d’instabilité hémodynamique lors du travail.
Les patientes présentant un rétrécissement aortique serré
symptomatique doivent être traitées par des diurétiques.
Lorsqu’elles demeurent symptomatiques, le risque de décompensation peut conduire à une césarienne en milieu de réanimation ou à une intervention durant la grossesse. Une
intervention est nécessaire chez les patientes très symptomatiques, en classe III ou IV de la NYHA, ou présentant des signes
d’insuffisance cardiaque congestive. La chirurgie de remplacement valvulaire aortique doit être évitée en raison du risque
fœtal, ce qui conduit à privilégier la dilatation aortique percutanée [36, 38]. La dilatation aortique entraîne une amélioration
hémodynamique transitoire permettant un accouchement dans
de bonnes conditions, même si un remplacement valvulaire
aortique est souvent nécessaire à court terme. Elle doit être
effectuée par des opérateurs expérimentés et entourée des
mêmes précautions que la commissurotomie mitrale percutanée.
Insuffisance mitrale
La décompensation d’une insuffisance mitrale chronique est
rare durant la grossesse. Des troubles du rythme peuvent
s’aggraver en cas de maladie de Barlow.
La régurgitation mitrale doit être quantifiée par des mesures
du volume régurgité et surtout de la surface effective de l’orifice
régurgitant à l’aide de l’échocardiographie-doppler [39]. Ceci
évite de surestimer la sévérité de la régurgitation mitrale, ce qui
est fréquent avec les mesures semi-quantitatives en raison de
l’augmentation du débit cardiaque. L’analyse du retentissement
ventriculaire gauche, c’est-à-dire la dilatation et la fonction
contractile, sont particulièrement importantes car le pronostic
des valvulopathies régurgitantes en cours de grossesse n’est
compromis que lorsqu’il existe une dysfonction ventriculaire
gauche. L’analyse de l’anatomie mitrale permet d’évaluer les
possibilités de conservation lorsqu’une indication chirurgicale
est envisagée, généralement après l’accouchement [30].
Aucun traitement médical n’est nécessaire lorsque la tolérance est bonne. Ce n’est que dans les rares insuffisances
mitrales volumineuses responsables d’une dyspnée de classe III
ou IV de la NYHA qu’il faut recourir aux diurétiques [36]. Les
vasodilatateurs diminuent le volume régurgité mais leur intérêt
n’est validé qu’en cas de dysfonction ventriculaire gauche. Les
inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les inhibiteurs des
récepteurs à l’angiotensine étant contre-indiqués durant la
grossesse, les vasodilatateurs utilisables sont les dérivés nitrés, les
inhibiteurs calciques de la classe des dihydropyridines ou
l’hydralazine. Les bêtabloquants sont indiqués en cas de
maladie de Barlow avec hyperexcitabilité supraventriculaire ou
ventriculaire, à condition que la régurgitation mitrale soit
minime ou modérée. Ce n’est que dans les rares cas d’insuffisances mitrales volumineuses demeurant très symptomatiques
que peut être discutée une chirurgie cardiaque en cours de
grossesse. En pratique, ces situations sont exceptionnelles en
dehors des insuffisances mitrales aiguës, souvent secondaires à
une endocardite. La chirurgie cardiaque est presque toujours
différée après la grossesse et une chirurgie conservatrice est
privilégiée. En cas d’insuffisance mitrale chronique volumineuse
avec dysfonction ventriculaire gauche sévère (fraction d’éjection
< 40 %), une interruption médicale de grossesse peut être
discutée à un stade précoce. En présence d’une insuffisance
mitrale volumineuse bien tolérée avec une fonction ventriculaire gauche normale, l’accouchement peut être effectué par
voie basse.
Insuffisance aortique
Les insuffisances aortiques, même volumineuses, sont généralement bien tolérées durant la grossesse [30] . Les signes
périphériques doivent être interprétés avec prudence car
l’augmentation du débit cardiaque tend à les accentuer. L’examen clinique doit rechercher systématiquement des signes
dysmorphiques de maladie de Marfan.
L’échocardiographie-doppler doit privilégier les mesures
quantitatives pour évaluer la sévérité de la régurgitation [39].
Plus que la sévérité de la fuite aortique, le principal élément
pronostique est le retentissement ventriculaire gauche (dilatation et altération de la fraction d’éjection). Une dilatation de
l’aorte ascendante doit être recherchée en raison de ses implications pronostiques, même en l’absence de maladie de Marfan.
Le traitement médical n’est indiqué que si l’insuffisance
aortique est symptomatique et il repose essentiellement sur les
diurétiques [36, 40]. Le traitement vasodilatateur n’est pas indiqué
chez les patientes asymptomatiques. Le traitement bêtabloquant
est indiqué durant toute la grossesse en cas de maladie de
Marfan. Même en l’absence d’étude spécifique, il semble licite
de proposer un traitement bêtabloquant en cas de maladie
annuloectasiante ou de bicuspidie avec une dilatation de l’aorte
thoracique > 40 mm. La prise en charge des patientes présentant une dysfonction ventriculaire gauche sévère est identique
à celle de l’insuffisance mitrale. L’accouchement par voie basse
est privilégié, à l’exception de la maladie de Marfan s’accompagnant d’une dilatation de l’aorte > 40 mm.
Pronostic fœtal
Le pronostic fœtal dépend de la cardiopathie mais aussi des
facteurs de risque obstétricaux qui sont plus nombreux lorsque
la femme présente une cardiopathie [41]. Des taux relativement
élevés de retard de croissance intra-utérin, d’accouchements
prématurés et de faible poids de naissance ont été rapportés
dans des séries comprenant les femmes atteintes de valvulopathie [24, 42-45]. La tolérance fonctionnelle maternelle est un
élément important du pronostic fœtal, les complications étant
le plus souvent observées lorsque la mère était en classe III ou
IV de la NYHA lors de la grossesse [41, 42, 44].
Valvulopathies opérées
Risques liés aux prothèses valvulaires
et aux traitements anticoagulants
La grossesse chez une patiente opérée d’une valvulopathie a
généralement un bon pronostic hémodynamique. La principale
difficulté est celle du choix du traitement anticoagulant lorsque
l’intervention a consisté en un remplacement valvulaire par une
prothèse mécanique, ce qui est fréquent car ce type de prothèse
valvulaire est privilégié chez les sujets jeunes en raison de sa
durabilité. Le problème n’est pas tant le risque hémorragique
que le risque thromboembolique accru en raison des modifications de l’hémostase survenant durant la grossesse et des
inconvénients des différents traitements anticoagulants. L’héparine ne traverse pas le placenta et n’expose donc pas à un risque
d’embryopathie mais les doses doivent être augmentées et leur
effet anticoagulant est peu stable. Les héparines de bas poids
moléculaire ont un effet plus stable mais leur utilisation
demeure très controversée en cas de prothèse mécanique.
L’utilisation des héparines au long cours se heurte de plus à des
problèmes d’acceptabilité et à des effets secondaires comme
l’ostéoporose et la thrombopénie.
Les antivitamines K traversent le placenta et comportent un
risque d’embryopathie d’environ 5 %, surtout en cas d’exposition entre la sixième et la 12e semaine. Les malformations sont
surtout faciales avec une hypoplasie nasale. Des conséquences
sur le développement neurologique ont été évoquées, mais ne
semblent pas avoir de conséquences sur la croissance et le
développement cognitif ultérieur [46, 47]. Les antivitamines K ont
une demi-vie plus longue chez le fœtus que chez la mère et
exposent à des complications neurologiques hémorragiques
fœtales en cas d’accouchement par voie basse.
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Cardiopathies et grossesse ¶ 5-044-A-10
Tableau 1.
Complications maternelles et fœtales de la grossesse sous traitement anticoagulant à partir de 1 234 grossesses chez 976 femmes ayant une prothèse valvulaire
mécanique (d’après Chan et al. [51]).
Anticoagulation
Embryopathies (%)
Avortements
spontanés (%)
Accidents
thromboemboliques (%)
Décès maternels (%)
AVK durant toute la grossesse
6,4
25
3,9
1,8
Héparine durant toute la grossesse
0
24
33
15
- faible dose
0
20
60
40
- dose adaptée
0
25
25
6,7
Héparine au 1er trimestre puis AVK
3,4
25
9,2
4,2
Pas d’anticoagulant
3,3
10
24
4,7
AVK : antivitamine K.
L’évaluation du rapport risque-bénéfice des différents traitements anticoagulants ne repose que sur des études observationnelles, la plupart rétrospectives. Deux études britannique et
française publiées dans les années 1990 ont colligé respectivement 151 et 95 grossesses chez des femmes ayant une prothèse
mécanique, et 63 et 60 femmes ayant une bioprothèse [48, 49].
Ces deux études ne montraient pas de différence nette de
pronostic fœtal selon le type de prothèse. En revanche, le
pronostic maternel était nettement plus péjoratif en cas de
prothèse mécanique en raison d’une fréquence élevée de
complications thromboemboliques, en particulier de thromboses de prothèses qui survenaient dans 9 à 10 % des grossesses,
soit un taux linéarisé de 37 pour 100 années-patientes, alors
qu’il est < 1 pour 100 années-patients en population générale [49]. Le risque thromboembolique était 4 à 5 fois plus élevé
chez les femmes traitées par héparine que chez celles traitées par
les antivitamines K [49] . La thrombose de prothèse est une
complication redoutable car elle nécessite une chirurgie cardiaque en urgence ou une thrombolyse en cas d’impossibilité de la
chirurgie, ce qui s’associe à une mortalité maternelle de 30 %
durant la grossesse [50]. L’analyse de 1 234 grossesses montre que
la poursuite des antivitamines K durant toute la grossesse
jusqu’à la 36e semaine est la solution la plus sûre pour la mère
(Tableau 1) [51] . Seule l’héparinothérapie durant toute la
grossesse permet d’éviter tout risque d’embryopathie, mais au
prix d’un risque thromboembolique prohibitif. D’autres séries
monocentriques récentes suggèrent que les antivitamines K
durant toute la grossesse préviennent efficacement le risque
thromboembolique [52, 53]. La dose d’antivitamines K semble
conditionner le risque d’embryopathie et d’avortement spontané, qui sont moins fréquents lorsque la dose de warfarine est
≤ 5 mg/24 h [54].
Les héparines de bas poids moléculaire n’ont été évaluées que
dans un petit nombre de séries non contrôlées et elles ne sont
pas autorisées en présence de prothèses mécaniques, même si
elles sont fréquemment utilisées [55]. L’expérience est encore
plus limitée durant la grossesse. Une analyse de 81 grossesses a
rapporté 12,3 % d’accidents thromboemboliques, dont 8 % de
thromboses de prothèse, les complications étant plus rares
lorsque la posologie était adaptée à l’activité anti-Xa [56]. Même
si ses bases sont contestables, il est nécessaire de rappeler
l’avertissement de la Food and Drug Administration aux ÉtatsUnis qui a contre-indiqué, en 2002, l’utilisation de l’énoxaparine durant la grossesse en présence d’une prothèse mécanique.
Tableau 2.
Principales recommandations concernant le traitement anticoagulant
durant la grossesse en présence d’une prothèse valvulaire mécanique.
Recommandations
1er trimestre
2e trimestre
3e trimestre
avant
36 semaines
SFC 1998 [57]
HNF
AVK
AVK
HNF
AVK
AVK
AVK
HNF*
HNF*
HNF
AVK
AVK
HNF
HNF
HNF
HBPM
HBPM
HBPM
AVK
AVK
warfarine ≤
AVK
5 mg/24 h : AVK
AVK
AVK
ACC/AHA 1998 [58]
ESC grossesse
2003 [36]
ACCP 2004
[59]
ESC
valvulopathies [60]
AVK
warfarine >
5 mg/24 h : HNF
HNF : héparine non fractionnée ; HBPM : héparine de bas poids moléculaire ;
AVK : antivitamine K ; * : chez les patientes à faible risque thromboembolique ;
SFC : Société française de cardiologie ; ESC : European Society of Cardiology ;
ACCP : American College of Chest Physicians ; ACC/AHA : American College of
Cardiology/American Heart Association.
charge des valvulopathies opérées sont les premières à privilégier l’utilisation des antivitamines K durant le premier trimestre
lorsque la dose de warfarine est ≤ 5 mg/24 h [60]. La substitution
par l’héparine est nécessaire à la 36e semaine, voire plus tôt s’il
existe une menace d’accouchement prématuré, afin d’éviter les
complications hémorragiques à l’accouchement [61]. Le choix du
traitement anticoagulant lors du premier trimestre doit être
discuté avec la patiente en l’informant des risques des différentes alternatives et en prenant en compte la dose d’antivitamines
K, l’observance du traitement et l’issue éventuelle de grossesses
antérieures [36]. Un traitement prolongé par l’héparine ne peut
être envisagé que si l’adhésion au traitement est parfaite.
Il faut rappeler que la présence d’une prothèse valvulaire
mécanique ou biologique confère un risque élevé d’endocardite.
Bien que les recommandations ne soient pas unanimes, les
indications d’antibioprophylaxie doivent être larges lors de
l’accouchement [36].
Recommandations
Les principales recommandations d’anticoagulation des
prothèses mécaniques durant la grossesse sont résumées au
Tableau 2 [36, 57-60]. L’absence d’étude à haut niveau de preuve
explique l’absence de consensus. Les antivitamines K sont
généralement privilégiées durant les deuxième et troisième
trimestres jusqu’à la 36e semaine. Seules les recommandations
de l’American College of Chest Physicians mentionnent les
héparines de bas poids moléculaire avec un grade 2C, c’est-àdire un faible niveau de preuve [59]. Les récentes recommandations de la Société européenne de cardiologie sur la prise en
Choix du substitut valvulaire chez la femme jeune
Les risques d’une grossesse avec une prothèse mécanique,
quelles que soient les modalités du traitement anticoagulant,
soulignent la difficulté du choix du substitut valvulaire chez
la femme jeune. Bien que les substituts mécaniques soient
souvent préférés pour leur durabilité, la perspective de
grossesses ultérieures peut amener à choisir une bioprothèse.
La patiente doit alors être informée de la perspective d’une
réintervention dans environ 80 % des cas à 10 ans pour une
bioprothèse mitrale. Il n’y a pas d’argument en faveur d’une
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5-044-A-10 ¶ Cardiopathies et grossesse
dégénérescence plus rapide des bioprothèses lors de la
grossesse, mais la détérioration est d’autant plus rapide que la
patiente est jeune et que la bioprothèse est en position
mitrale [62]. Le risque d’une réintervention chez une patiente
qui a moins de 50 ans est faible et doit être mis en perspective avec le risque de grossesse sous anticoagulant avec une
prothèse mécanique.
■ Maladie de Marfan
La maladie de Marfan est due à une anomalie congénitale de
la fibrilline responsable d’une dystrophie généralisée du tissu
conjonctif dont les principales atteintes sont cardiovasculaires,
ostéoarticulaires et oculaires. Le diagnostic repose sur la
conjonction des différentes atteintes dans des critères validés [63]. Le pronostic est conditionné par l’atteinte cardiovasculaire, en particulier la dilatation de l’aorte thoracique
ascendante, dont le diamètre au niveau des sinus de Valsalva est
le principal facteur prédictif des complications pariétales
aortiques [64] (Fig. 4). L’imagerie de l’aorte peut faire appel à
l’échocardiographie ou à l’imagerie par résonance magnétique,
le scanner étant contre-indiqué durant la grossesse.
La grossesse comporte un risque particulier de dissection
aortique, surtout lors du dernier trimestre ou du postpartum [36]. Ceci est dû aux contraintes pariétales accrues en
raison de l’augmentation du débit cardiaque et probablement
aussi à des modifications structurelles de la paroi aortique
secondaires à l’imprégnation hormonale. Deux études rétrospectives et une étude prospective ont mis en évidence une
augmentation du risque de dissection aortique lorsque la
dilatation de l’aorte ascendante au niveau des sinus de Valsalva
dépasse 40 mm [65-67]. Le risque de dissection aortique est
< 1 % pour un diamètre inférieur à 40 mm alors qu’il est
d’environ 10 % pour un diamètre supérieur à 40 mm. Une
étude rétrospective récente n’a cependant pas mis en évidence
d’augmentation significative du diamètre aortique durant la
grossesse, y compris pour des diamètres compris entre 40 et
45 mm [68] . La progression de la dilatation aortique était
Figure 4. Maladie de Marfan avec anévrisme de l’aorte ascendante
prédominant au niveau des sinus de Valsalva (scanner thoracique).
toutefois plus rapide à distance de la grossesse lorsque le
diamètre maximal de l’aorte était supérieur à 40 mm lors de la
grossesse [68].
Une grossesse est possible chez une femme présentant une
maladie de Marfan avec un diamètre maximal de l’aorte
inférieur à 40 mm. La grossesse doit alors être conduite intégralement sous bêtabloquants et une surveillance échocardiographique régulière est nécessaire toutes les 6 à 8 semaines durant
la grossesse et les 6 mois suivant l’accouchement [36].
Si le diamètre maximal de l’aorte est supérieur à 40 mm, la
grossesse est déconseillée. Une chirurgie de remplacement de
l’aorte thoracique ascendante avec réimplantation des coronaires peut être envisagée, surtout si une conservation de la valve
native est possible. Un accouchement par voie basse est possible
lorsque la dilatation aortique est inférieure à 40 mm, en évitant
des efforts expulsifs prolongés. Une césarienne est indiquée si le
diamètre aortique est supérieur à 40 mm [36].
La dissection aortique est une urgence chirurgicale. Elle doit
être précédée d’une césarienne lorsque la viabilité fœtale le
permet [69].
Dans la mesure où il s’agit d’une maladie génétique à transmission autosomique dominante, l’enfant présente un risque de
50 % d’être atteint de la mutation. Le diamètre de l’aorte est
généralement normal à la naissance et se majore durant les
10 premières années, justifiant un suivi échocardiographique
annuel de l’enfant avec une analyse des diamètres aortiques en
fonction de l’âge [70].
■ Cardiomyopathies
Il existe deux grandes entités de cardiomyopathies durant la
grossesse. La plus fréquente est la cardiomyopathie du péripartum qui semble être une conséquence spécifique de la
grossesse. Les autres formes, plus rares, sont des cardiomyopathies préexistantes qui sont décompensées à l’occasion d’une
grossesse. Bien que relativement rares, les cardiomyopathies
contribuent de façon notable à la mortalité maternelle
gravidique [37].
Cardiomyopathie du péri-partum
Dans les recommandations nord-américaines du National
Institute of Health, la cardiomyopathie du péri-partum est
définie par la conjonction de la survenue d’une insuffisance
cardiaque durant le dernier mois de la grossesse ou les 5 mois
suivant l’accouchement, l’absence d’autre cause identifiable
d’insuffisance cardiaque et l’absence de cardiopathie identifiée
avant le dernier mois de la grossesse [71]. La documentation
d’une dysfonction systolique ventriculaire gauche à l’échocardiographie est un critère additionnel désormais requis. Le
tableau est celui d’une insuffisance cardiaque sur une cardiomyopathie dilatée, dont la seule spécificité est la chronologie de
survenue. Ce critère est le seul qui la différencie d’une cardiomyopathie dilatée préexistante, dont la décompensation est plus
précoce. Un autre élément en faveur d’une relation spécifique
avec la grossesse est la fréquente amélioration après l’accouchement, mais il n’est que rétrospectif.
Les circonstances de découverte de la cardiomyopathie du
péri-partum et sa fréquence, estimée entre 1 pour 3 000 à 4 000
naissances, laissent supposer qu’il s’agit d’une pathologie
spécifique à la grossesse car les cardiomyopathies dilatées sont
plus rares dans cette tranche d’âge. Aucun mécanisme physiopathologique n’a été démontré. Les hypothèses les plus fréquemment avancées sont une myocardite virale, une cause
immunologique, notamment par immunisation lors de grossesses antérieures, ou une réponse anormale au stress hémodynamique de la grossesse [71]. Le risque de cardiomyopathie du péripartum augmente avec l’âge maternel, la parité, l’existence de
grossesses multiples, la prééclampsie et l’HTA gravidique. Elle est
plus fréquente chez les patientes d’origine africaine [71].
La mortalité est inférieure à 10 % à 5 ans, ce qui représente
un meilleur pronostic que pour les autres cardiomyopathies,
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Cardiopathies et grossesse ¶ 5-044-A-10
notamment idiopathiques [72]. Il s’agit toutefois d’une pathologie grave, qui représente 70 % de l’ensemble des décès en
rapport avec les cardiomyopathies durant la grossesse. La
mortalité de la cardiomyopathie du péri-partum est estimée à
0,9 pour 100 000 naissances, avec des chiffres respectifs de
0,3 pour 100 000 chez les patientes caucasiennes et de 2,1 pour
100 000 chez les patientes de race noire [73]. La majorité des
décompensations cardiaques et des décès survient après
l’accouchement.
La fonction systolique ventriculaire gauche se normalise chez
environ la moitié des patientes dans les 6 mois suivant l’accouchement, avec un bon pronostic alors que l’évolution est
péjorative lorsque la dysfonction ventriculaire gauche persiste [71, 74]. Il existe un risque de récidive lors de grossesses
ultérieures, surtout en cas de dysfonction ventriculaire gauche
résiduelle. Le risque d’insuffisance cardiaque congestive est alors
de 44 % avec une mortalité de 19 % lors d’une nouvelle
grossesse [74]. Cependant, le risque de récidive existe même si la
fraction d’éjection ventriculaire gauche s’est normalisée [74]. Des
données récentes mais limitées suggèrent que l’échocardiographie de stress sous dobutamine permettrait de prédire la
récupération de la fonction ventriculaire gauche après
l’accouchement [75].
Le traitement de la cardiomyopathie du péri-partum est
identique au traitement de toute cardiomyopathie dilatée avec
dysfonction systolique [36]. Les seules restrictions concernent la
contre-indication des inhibiteurs de l’enzyme de conversion et
des inhibiteurs des récepteurs à l’angiotensine II. Les bêtabloquants peuvent être utilisés avec les précautions habituelles
dans l’insuffisance cardiaque. La posologie des diurétiques doit
être la plus faible possible pour ne pas compromettre la
perfusion fœtale. Les indications du traitement anticoagulant
doivent être larges en cas de fraction d’éjection ventriculaire
gauche < 35 % [71]. Les formes les plus sévères nécessitent des
inotropes par voie intraveineuse. En cas d’insuffisance cardiaque
réfractaire, la transplantation cardiaque doit être différée si
possible en raison de la possibilité de récupération de la
fonction ventriculaire gauche.
Les modalités de l’accouchement doivent être discutées de
façon collégiale selon la fraction d’éjection ventriculaire gauche
et la tolérance clinique [36]. La césarienne sous surveillance
hémodynamique peut être privilégiée dans les dysfonctions
ventriculaires gauches sévères. Il n’existe pas, a priori, de
surcroît de risque de cardiopathie fœtale.
Cardiomyopathies préexistantes
Cardiomyopathies dilatées
Les cardiomyopathies dilatées secondaires ou idiopathiques
préexistant à la grossesse sont rares. Leur prévalence est faible
chez les femmes jeunes et elles sont considérées comme une
contre-indication à la grossesse lorsque la fraction d’éjection
ventriculaire gauche est < 30 à 40 %. Elles deviennent symptomatiques plus précocement que la cardiomyopathie du péripartum, souvent dès le deuxième trimestre. Leur pronostic est
classiquement plus sévère car la dysfonction ventriculaire
gauche ne récupère pas après l’accouchement [72, 76]. Le dépistage doit être systématique dans les rares formes familiales [36].
Des données récentes suggèrent toutefois que les cardiomyopathies dilatées diagnostiquées précocement présentent de nombreux points communs avec la cardiomyopathie du péripartum et qu’il pourrait exister une continuité entre ces deux
entités [77].
Cardiomyopathies hypertrophiques
La grossesse est généralement bien tolérée chez les femmes
présentant une cardiomyopathie hypertrophique bien tolérée et
sans critère de gravité [36]. Une étude portant sur 100 grossesses
a montré une surmortalité chez les femmes présentant une
cardiomyopathie hypertrophique par rapport à la population
générale, avec deux morts subites (2 %) survenues dans des
formes à haut risque en raison d’une hypertrophie majeure très
obstructive ou d’antécédents familiaux de mort subite [78]. La
dyspnée se majorait dans 15 à 20 % des cas. L’insuffisance
cardiaque congestive, les douleurs thoraciques et les palpitations
sont observées chez moins de 10 % des patientes, qui avaient
souvent présenté les mêmes symptômes avant la grossesse [7880]. Dans les formes obstructives, les bêtabloquants doivent être
poursuivis durant la grossesse et les bêtamimétiques contreindiqués. Un accouchement par voie basse peut être pratiqué
dans la majorité des cas [79]. Une césarienne sous surveillance
hémodynamique peut être privilégiée en cas d’obstruction
sévère. Toute hypovolémie doit être évitée, en particulier dans
les formes obstructives. Il existe un risque de transmission au
nouveau-né dans les formes familiales, ce qui justifie des
examens échocardiographiques répétés jusqu’à l’adolescence car
la révélation d’une cardiomyopathie hypertrophique peut être
tardive.
■ Insuffisance coronaire
Étiologies
La prévalence de l’athérosclérose coronaire est faible chez la
femme jeune, bien qu’elle tende à augmenter avec l’âge de
procréation et la prévalence de certains facteurs de risque
comme le tabagisme et le diabète. L’athérosclérose est précoce
et sévère dans les rares hypercholestérolémies familiales.
L’athérosclérose coronaire n’est cependant présente que dans
environ la moitié des cas d’infarctus du myocarde lors de la
grossesse, les autres cas étant en rapport avec une occlusion
thrombotique sans évidence d’athérosclérose, un spasme ou une
dissection coronaire [81] . L’importance de la composante
thrombotique est rattachée à l’hypercoagulabilité de la grossesse.
Les coronaires sont souvent angiographiquement normales dans
les infarctus du post-partum. La dissection coronaire spontanée
semble être une cause spécifique d’infarctus durant la grossesse
ou le post-partum. Elle récidive souvent dans différents territoires, puis le processus s’interrompt après la fin de la grossesse. Il
s’agit d’une pathologie rare mais grave, la plupart des cas ayant
été documentés en post-mortem [82]. Le traitement peut faire
appel au pontage coronaire, à l’angioplastie ou au traitement
médical [82]. L’angioplastie avec mise en place d’endoprothèse
semble le traitement le plus approprié mais doit souvent être
associé à l’arrêt de la grossesse en fonction du terme et du
tableau clinique. Le mécanisme de ces dissections n’est pas
connu ; l’hypothèse la plus fréquente est un effet particulier de
l’imprégnation hormonale sur la paroi coronaire [81, 82].
Plus rarement sont en cause une vascularite inflammatoire
comme la maladie de Kawasaki, un syndrome des antiphospholipides ou une embolie coronaire [81]. En revanche, les pathologies congénitales comme les anomalies de naissance des
coronaires ou les fistules coronarocardiaques n’entraînent
généralement pas de complication [36].
Angor stable
Le stress hémodynamique de la grossesse peut déstabiliser
une coronaropathie préexistante. Le diagnostic doit être
évoqué, en particulier si le profil de risque vasculaire est élevé
ou s’il existe des antécédents pouvant prédisposer à une
pathologie coronaire. L’électrocardiogramme (ECG) d’effort
n’est pas contre-indiqué durant la grossesse et présente un
intérêt à la fois diagnostique et pronostique [36]. L’irradiation
de la scintigraphie est théoriquement minime mais les
examens isotopiques doivent être évités [81]. Le traitement
médical fait appel aux bêtabloquants, inhibiteurs calciques,
dérivés nitrés et à l’aspirine [36, 81]. Ce n’est que dans les
formes réfractaires que peut être envisagée une coronarographie en vue d’une éventuelle revascularisation par angioplastie. Cet examen doit s’accompagner d’une protection de
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5-044-A-10 ¶ Cardiopathies et grossesse
l’abdomen par un tablier de plomb et si possible évité durant
le premier trimestre [36]. En cas de coronaropathie connue, la
perspective d’une grossesse doit conduire à réévaluer la
fonction ventriculaire gauche et à rechercher une ischémie
myocardique.
Infarctus du myocarde
L’infarctus du myocarde est rare durant la grossesse (1 pour
36 000 naissances) [83]. Environ la moitié des infarctus surviennent avant l’accouchement, surtout au troisième trimestre, et
l’autre moitié durant le post-partum [81, 83]. Les facteurs de
risque sont l’âge maternel, la présence d’un diabète, d’une
hypertension ou d’une prééclampsie. Le diagnostic repose sur la
coexistence d’une douleur angineuse prolongée et de modifications électrocardiographiques, l’élévation des marqueurs biologiques (créatine kinase, troponine) étant plus tardive. Le
diagnostic ne doit pas être retardé afin de ne pas compromettre
une reperfusion coronaire précoce. Lorsque les conditions
locales le permettent, la reperfusion coronaire doit faire appel à
une coronarographie en urgence avec angioplastie coronaire
plutôt qu’à une thrombolyse. La thrombolyse doit être évitée
durant la grossesse, bien que le risque hémorragique maternel
et fœtal semble modéré [81]. En cas de dissection coronaire, la
thrombolyse est inefficace et la restauration d’un flux coronaire
ne peut faire appel qu’à l’angioplastie. La mortalité de l’infarctus
de la grossesse ou du post-partum a été estimée à 7,3 % dans
une série récente, moindre que dans des séries plus anciennes [81, 83]. La mortalité fœtale est faible et, souvent, dépend de
la gravité de l’état maternel.
Le travail est une période à haut risque, surtout en cas
d’infarctus récent. La césarienne est privilégiée en cas d’instabilité ischémique ou hémodynamique. En revanche, un accouchement par voie basse sous surveillance cardiologique, incluant
une surveillance continue de l’ECG, peut être envisagé lorsque
l’insuffisance coronaire est stable et ne s’accompagne pas d’une
altération de la fonction ventriculaire gauche [81].
■ Troubles du rythme
Les troubles du rythme cardiaque sont plus fréquents lors de
la grossesse, notamment en raison de l’augmentation du tonus
catécholergique et de la tendance à l’hypokaliémie. Le pronostic
est surtout conditionné par l’existence ou non d’une cardiopathie sous-jacente.
Tachycardies par rythme réciproque
Ces tachycardies sont assez fréquentes chez la femme jeune
et surviennent généralement sur un cœur sain. Elles se
traduisent cliniquement par des tachycardies régulières à
début et fin brusques (tachycardies dites de Bouveret).
L’aspect à l’ECG est celui d’une tachycardie régulière à
complexes fins. Il s’agit souvent de la recrudescence de crises
préexistantes, qu’elles soient en rapport avec une réentrée
intranodale ou une voie accessoire comme dans le syndrome
de Wolff-Parkinson-White [84, 85]. Lorsque les accès sont rares
et peu invalidants, seul le traitement de la crise est nécessaire,
soit par des manœuvres vagales idéalement effectuées par la
patiente elle-même, soit par injection intraveineuse d’adénosine, qui a l’avantage d’une demi-vie brève, de bêtabloquants
ou de vérapamil [86] . Lorsqu’un traitement de fond est
nécessaire en raison de la fréquence des crises, les bêtabloquants sont privilégiés.
Troubles du rythme auriculaire
Les troubles du rythme auriculaire sur cœur sain sont rares
chez la femme jeune et ce sont le plus souvent des extrasystoles
isolées bénignes. Les tachycardies soutenues à type de fibrilla-
tion ou de flutter auriculaire doivent faire rechercher une
hyperthyroïdie et surtout une cardiopathie sous-jacente, en
particulier une valvulopathie qui conditionne alors le pronostic [85]. Les médicaments antiarythmiques, notamment de classe
I, doivent être utilisés avec précaution car leur pharmacocinétique est modifiée durant la grossesse et parce qu’ils traversent
tous le placenta [86]. L’expérience durant la grossesse est plus
importante avec les classes IA qu’avec les classes IC. L’amiodarone doit être évitée [36, 86]. Les bêtabloquants et les digitaliques
peuvent être utilisés pour ralentir la cadence ventriculaire d’une
fibrillation auriculaire [86]. La régularisation par choc électrique
externe est sûre pour la mère et le fœtus ; elle est indiquée
lorsque le trouble du rythme est mal toléré [85, 86]. Le choc
électrique doit être précédé d’une anticoagulation efficace
durant au moins 1 mois ou d’une échocardiographie transœsophagienne pour rechercher un trouble de l’oreillette gauche, car
le risque thromboembolique de fibrillation auriculaire est accru
durant la grossesse. Lorsqu’un traitement anticoagulant est
nécessaire, l’héparine est généralement préférée lors du premier
trimestre car le risque thromboembolique est moindre qu’avec
les prothèses mécaniques.
Troubles du rythme ventriculaire
La survenue de troubles du rythme ventriculaire durant la
grossesse doit faire rechercher en premier lieu une cardiopathie
sous-jacente, en particulier une cardiomyopathie. Lorsque les
troubles du rythme ventriculaire surviennent sur cœur sain, il
peut s’agir de l’exacerbation de troubles du rythme préexistants
qui sont le plus souvent bénins, en particulier lorsqu’ils
disparaissent à l’effort. Un traitement bêtabloquant peut être
nécessaire s’ils sont fréquents. Certaines tachycardies ventriculaires sur cœur sain surviennent électivement durant la grossesse
et disparaissent ultérieurement. Elles se caractérisent par des
extrasystoles ou des salves de tachycardie le plus souvent
monomorphes avec retard gauche et axe droit, qui peuvent être
très fréquentes à l’ECG. Elles sont généralement sensibles aux
bêtabloquants et de bon pronostic [87].
Les troubles du rythme ventriculaire en rapport avec un
syndrome du QT long surviennent surtout en post-partum et
justifient un traitement bêtabloquant [88].
La présence d’un défibrillateur automatique implantable ne
contre-indique pas la grossesse sous réserve que ce ne soit pas
le cas de la cardiopathie sous-jacente [89].
■ Conclusion
Les cardiopathies en cours de grossesse représentent un
groupe de pathologies extrêmement hétérogène, parmi
lesquelles il existe peu de situations à très haut risque. Les
cardiopathies exposant à un risque élevé de complications
lors de la grossesse sont essentiellement le syndrome d’Eisenmenger et l’hypertension artérielle pulmonaire primitive, la
maladie de Marfan associée à un anévrisme de l’aorte ascendante, les sténoses valvulaires serrées, les cardiomyopathies
dilatées et les prothèses mécaniques. Chez une femme jeune,
même asymptomatique, il est nécessaire d’évaluer complètement toute cardiopathie, notamment afin d’envisager un
traitement préventif en cas de désir de grossesse, en particulier en cas de sténose valvulaire serrée ou d’anévrisme de
l’aorte ascendante. Les contre-indications formelles restantes
sont essentiellement le syndrome d’Eisenmenger, l’hypertension artérielle pulmonaire primitive et les cardiomyopathies
dilatées avec dysfonction ventriculaire gauche sévère. Toutes
les patientes atteintes d’une cardiopathie doivent bénéficier
d’une prise en charge multidisciplinaire impliquant obstétriciens, anesthésistes et cardiologues : avant la grossesse afin
d’en estimer le risque et de discuter un traitement préventif
le cas échéant, durant la grossesse afin d’en évaluer la
tolérance, en fin de grossesse afin de planifier la date et les
modalités d’accouchement, et durant le post-partum afin de
dépister une éventuelle aggravation de la cardiopathie sousjacente.
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Cardiopathies et grossesse ¶ 5-044-A-10
“
Points forts
• La réalisation d’une échocardiographie est nécessaire
devant toute dyspnée inexpliquée durant la grossesse ou
en cas de souffle ou d’antécédent cardiaque.
• Les cardiopathies congénitales constituent un groupe
hétérogène pour lequel des facteurs de risque sont
identifiés : défaillance du ventricule systémique, cyanose,
fuite pulmonaire ; obstruction du cœur gauche non
corrigée et antécédents de troubles du rythme cardiaque
avant la grossesse.
• La cardiopathie congénitale maternelle peut mettre en
jeu le pronostic maternel et fœtal par le retentissement
hémodynamique, les traitements administrés et une
éventuelle récurrence de la cardiopathie.
• Les valvulopathies sténosantes sont mal tolérées au
cours de la grossesse, ce qui justifie une surveillance étroite
et un traitement préventif des sténoses aortiques ou
mitrales serrées.
• La chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle
comporte un risque fœtal élevé et ne doit être considérée
que quand le pronostic vital maternel est compromis.
• La cardiomyopathie du péri-partum est une pathologie
spécifique de la grossesse, qui a un potentiel de récidive
ultérieure, même après récupération.
• Les troubles du rythme sévères sont rares en l’absence
de cardiopathie sous-jacente. Le traitement médical doit
toujours prendre en compte la tolérance fœtale.
• L’accouchement doit être planifié par une collaboration
étroite entre obstétriciens, anesthésistes et cardiologues,
sur la base d’une évaluation récente de la tolérance de la
cardiopathie.
.
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Gynécologie/Obstétrique
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Pour en savoir plus
Site de la Société européenne de cardiologie. http://www.escardio.
org/knowledge/guidelines.
B. Iung ([email protected]).
Département de cardiologie (Pr Vahanian), Hôpital Bichat, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France.
L. Iserin.
Service de cardiologie pédiatrique (professeur Sidi), Hôpital Necker-Enfants Malades, 149-161, rue de Sèvres, 75015 Paris, France. Service de cardiologie
adulte (professeur Desnos), Hôpital Européen Georges Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Iung B., Iserin L. Cardiopathies et grossesse. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Gynécologie/Obstétrique,
5-044-A-10, 2007.
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